Dansun climat #MeToo d’accusations médiatiques 2 en roue libre, lancées comme des fatwas sur tel ou tel personnage public – y compris parfois des femmes, mises en cause par d’autres femmes, au risque d’un bug dans le logiciel « violences-sexuelles-et-sexistes 3 » –, il est intéressant de réfléchir à quelques ressorts des techniques de persuasion mobilisées au

Réponse du Département Arts vivants réactualisée le 22/06/2018 Bonjour, Nous avons effectué une recherche sur Mascarille, base de connaissance sur le théâtre consultable en ligne à Bibliothèque municipale de n’avons pas trouvé de pièce remplissant tous vos nous avons trouvé plusieurs pièces jeune public pour 4 personnages, dont la distribution pourra éventuellement être adaptée Même les chevaliers tombent dans l'oubli / AKAKPO Gustave / 2014Conte théâtral Durée 0045 “Parle-nous de ta culture” demande la maîtresse à Mamadou. Mais Mamadou n’a qu’une seule envie se fondre dans la masse, passer aussi inaperçu que les autres enfants de Seine-Saint-Denis. Tandis que George, elle, aurait adoré que la maîtresse lui pose la question, car elle est blanche mais se sent africaine. Théâtre pour le jeune public à partir de 9 ans Distribution 1 homme + 3 femmes Le crocodile de Paris / ANNE CatherineComédie psychologiqueSéraphine et Fatoumata ont une dizaine d’années, elles sont jumelles. Or, ce matin là, Fatoumata se réveille métamorphosée sa peau est devenue blanche. Que faire ? Leurs parents sont partis. Mr Simplon, leur instituteur poète, surgit hors d’haleine. seule dans la ville, errantes, elles cherchent une solution, se cachent dans le zoo, et trouvent le réconfort auprès des animaux… Aborde avec humour le racisme au fil des aventures de ces deux sœurs jumelles. Distribution 2 hommes + 2 femmesPetit / ANNE CatherineInspiré du conte "Le Petit Poucet". Pour jeune public, jusqu'à 11 et sa sœur vivent seuls pendant que leur maman est hospitalisée. Décalage entre ce que voit l'enfant avec son univers de sorcières et de fées et ce que voit sa grande sœur...L'Enfant va se mettre à rapetisser sans doute à cause de la malédiction d'une vieille femme...Distribution 2 hommes + 2 femmesLoulous / BERNANOCE Marie / 2018Comédie intime Loulou Un et son grand frère Loulou Deux ont un étrange pouvoir grâce à leur amour immodéré pour les livres, ils entendent des voix issues de ces objets. Ces voix leur parlent de la Terre qui ne tourne pas rond, des hommes qui marchent sur la tête et des pays-du-soleil qui ne sont pas ceux des cartes postales…Les deux frères, de page en page, d’histoire en histoire, apprennent à vivre cette autre réalité comme un jeu et à grandir les yeux fermés mais le cœur ouvert sur le monde pièce polyphonique à la distribution modulable invite à aimer les livres et leurs histoires et à découvrir leur pouvoir de transformer la vie. Distribution 1 homme + 1 femme + 2 enfants Théâtre pour le jeune public à partir de 9 ansLes larmes de Barbe-Bleue / BOULAN Gilles / 2017Comédie dramatique Toutes l'affirment elles vivent dans l'ombre de la peur. Pourtant La Petite a poussé la porte de la chambre interdite. Elle a découvert l'horreur et devient, contre son gré, l'instrument d'une vengeance de celles qui l'ont précédée. Mais le monstre qu'elle doit terrasser est-il vraiment aussi dangereux que les autres femmes le prétendent ? Une approche originale et ambiguë de la cruauté du célèbre conte popularisé par Charles 4 femmesNeige écarlate / CASTAN BrunoComédie inspirée de jeune public à partir de 10 paysage sous la neige, un ciel de neige. La forêt, une fontaine, un château, la campagne, une caverne, une ville, Rome. Tous les chemins mènent à Rome. Du sang, du sang sur la neige, naissance, blessure symbolique, mutation, le sang... Trois contes sous la neige marqués d' 2 hommes + 2 femmes 25 personnages différentsLa profondeur des forêts/ COTTON Stanislas / 2018Comédie dramatique inspiré d'un fait divers Les nuits de Sirius sont hantées par un rêve singulier qui l'arrache au sommeil. Lors de ses insomnies, il tient d'étranges dialogues avec le fantôme de Tommy. Pourtant, chaque matin, il doit se lever comme si de rien n'était une nouvelle vie commence pour lui. Il vient en effet de décrocher un boulot ; ce n'est pas facile de s'y mettre, mais il serre les nos sociétés, nos systèmes judiciaires laissent-ils une place à la rédemption, au rachat ?Pour le jeune public à partir de 15 ansDistribution 3 hommes + 1 femme Ils se marièrent et eurent beaucoup / DORIN PhilippePour jeune public à partir de 7 personnage principal s’appelle l’Amour, ou plutôt la romance, c’est-à-dire toutes ces histoires qu’on se raconte en attendant le prince jeune homme pleure sa fiancée partie à l'autre bout du monde. Une jeune fille lui dit que comme la Terre est ronde, ça veut dire qu'elle est juste derrière lui. Le jeune homme veut se retourner. Surtout pas ! Car comme le soleil ne se lève et ne se couche que dans un seul sens, il risque de tout 2 hommes + 2 femmesNoircisse / GALÉA Claudine / 2018Comédie dramatique Hiver a dix ans. Elle veut noircisser tout ce qui est moche et transporte partout avec elle des photocopies de tableaux de maîtres pour avoir de la beauté à regarder. Avec son amie June, elles sont inséparables lorsqu’elles se retrouvent l’été au bord de l’ année, deux garçons viennent troubler leurs jeux. L’un, Mayo, est arrivé par la mer, l’autre, Le Petit, est un gamin du village. Alors que la grande marée approche, conflits et amitiés nouvelles font des vagues dans la petite jouant du suspense, et dans une tonalité vive et joyeuse, la pièce aborde le champ politique - nouveaux arrivants, environnement, solidarité, racismes - et des thèmes propres à la pré-adolescence - amour, courage, jalousie, exclusion, relation aux pour le jeune public à partir de 9 ansDistribution 2 hommes + 2 femmes ou 3 femmes + 1 hommeRimbaud-Verlaine éclipse totale / HAMPTON Christopher / 2018Évocation historique Paris, septembre 1871. Paul Verlaine, écrivain reconnu, accueille chez lui Arthur Rimbaud après avoir découvert ses premiers poèmes. Il cherche à aider ce jeune homme d’à peine 17 ans dont il pressent le talent exceptionnel. Mais face à cet astre incandescent et ce trublion imprévisible, la tranquillité bourgeoise du couple qu’il forme avec Mathilde se fissure, pour bientôt voler en éclats. Entre Verlaine et Rimbaud va naître une des liaisons les plus passionnées et sulfureuses de l’histoire de la littérature, jusqu’à l’ pièce prend le contrepied de la vision habituelle des deux le jeune public à partir de 16 2 hommes + 2 femmes L’Odeur des arbres et autres pièces / KWAHULÉ Koffi / 2016Drame intime Ces trois pièces aux distributions modulables sont unies par la perte d’un père ou d’un fils, mais également par la langue charnelle empreinte d’une grande virtuosité et d’une précision romanesque, révélatrice, une nouvelle fois, du théâtre de Koffi L’Odeur des arbres, voir notre coup de pour le jeune public à partir de 15 ansDistribution 2 hommes + 2 femmes Papa est dans l'Atlantide / MALPICA Javier / 2017Comédie dramatique Pour émigrer aux USA, à Atlanta,l’Atlantide, donc, un père laisse ses deux jeunes fils à sa mère, redoutable grand-mère qui frappe à grands coups de Bible.. Quand leur univers devient trop hostile, ils décident de retrouver leur père dans le paradis» américain. Eux qui n’ont rien partent sans rien, sans prévoir qu’il y a un désert à traverser.... C’est une tragédie impressionnante par son dépouillement. Ne restent que les paroles des enfants devenus symboles du drame des le jeune public à partir de 12 2 hommes + 2 enfants Isabelle 100 visages / NAMUR Aurélie / 2015Comédie dramatique Il y a des vies qui sont des romans... qu'aucun romancier n'oserait écrire par crainte d'être taxé d'invraisemblance. Isabelle Eberhardt fut l'un de ces êtres hors du commun. Elle vient d'un autre siècle. Née en 1877, elle fut aventurière, sans papiers, première Européenne soufie, journaliste... Elle arpenta le désert algérien vêtue en homme et laissa de nombreux écrits au style singulier qui prouvent la parfaite compréhension de sa culture d'adoption. En quelques scènes cruciales, Isabelle 100 visages évoque ce destin exceptionnel. On suit la quête spirituelle de cette femme énigmatique, ses excès en tous genres, ses amours hors norme. Jusqu'au plus profond du désert algérien, jusqu'au plus grand dénuement. Entre Orient et Occident, masculin et féminin, scandale et incandescence, ce parcours atypique résonne étonnamment avec les préjugés et les quêtes de notre partir de 12 2 hommes + 2 femmes Et le ciel est par terre / POIX Guillaume / 2017Comédie dramatique Dans un quartier voué la démolition, une famille affronte la perte d'$êtres chers. Les saisons passent, il faut vivre et se reconstruire ensemble quand tout autour s'apprête à disparaître, les secrets aussi s'effritent, les êtres ploient mais leurs mots s'aiguisent. Avec Et le ciel est par terre, on est pris de vertige devant l’immensité du vide qui se creuse peu à peu entre les quatre membres d’une même famille — la mère, son fils et ses deux filles. Tandis que devant eux les tours de la cité sont détruites et tombent une à une, les secrets restent bien gardés, emmurés comme ceux qui les portent. Dans ce huis-clos où l’amour ne se vit plus qu’en luttant, on s’échappe par le déni, le silence — ou l’ partir de 14 ansDistribution 1 homme + 3 femmes Le petit chaperon rouge / POMMERAT JoëlDans le célèbre conte populaire, il n’y a pas de père. Ce n’est pas un oubli. Il y a une petite fille, une mère, une grand-mère et le loup, bien sûr. Joël Pommerat laisse aux enfants la liberté d’extrapoler, de dessiner dans les marges de cette histoire celle d’une petite fille qui devient 1 hommes + 3 femmesBuggation / RENGADE Claire / 2014C'est la naissance du monde, depuis Cro-Magnon ou Geppetto jusqu’à celui qui est en nous ou dans lequel on vit. C’est aussi le monde virtuel qui parait parfois plus que le soleil se lève et se couche, et se lève et se couche, que la nature a la tête à l’envers, comment grandir ? comment ensemble créer la 3 hommes + 1 femme 7 personnages secondaires ; à partir de 5 acteurs jusqu’à 12.La nuit carnivore / SERRES KarinPour jeune public à partir de 8 est un petit garçon de dix ans, qui passe des heures dans sa chambre, "scotché" à sa game boy et râle quand ses parents éteignent d'office la lumière. Une nuit, il reçoit la visite du loup - dont il n'a plus peur - et de deux extra-terrestres Grr et Glu. Ceux-ci sont fort intéressés par son jeu électronique et s'évertuent à le terroriser. Une pièce pleine d'invention, de fantaisies et d'humour qui, dans un langage libre et efficace, raconte une nuit d'enfer entre rêve et réalité, entre enfance et 2 hommes + 2 femmes + de zèbres / SMADJA BrigittePour 4 jeunes comédiens à partir de 8 et Charles adorent les animaux. Ils en veulent à la maison... Problème maman déteste les animaux !Distribution 2 hommes + 2 femmesMadame Placard à l'hôpital / TARTAR Luc / 2016Comédie dramatique Dans le local à poubelles de l'hôpital, Madame Placard, femme de ménage, tombe nez à nez avec un enfant des rues, qui partage avec elle le fait d'être insensible à la douleur. L'enfant s'enfuit, elle le poursuit dans les couloirs. La nuit, l'hôpital est un monde étrange, un dédale aux portes secrètes, derrière lesquelles on rencontre des phénomènes La femme-corset, L'homme malade comme un chien, Le greffon… C'est dans la chambre stérile, au chevet de L'enfant-bulle, que Madame Placard retrouve L'enfant-poubelle. Derrière la paroi infranchissable, L'enfant-bulle possède un bien précieux une règle graduée qui mesure la douleur...Pour le jeune public à partir de 12 2 hommes + 2 femmes Macaroni ! / ZABUS Vincent - RICHARDS Pierre / 2014Comédie psychologique Distribution 3 hommes + 1 femme François, dix ans, se voit obligé par sa mère de passer quelques jours de vacances chez son grand-père, un vieux bougon qu'il connaît à peine. Dès son arrivée dans la petite maison grise d'ancien mineur immigré, c'est l'horreur il doit travailler dur au jardin et manger des légumes à toutes les sauces. Bref, tout sépare ces deux-là et la semaine risque d'être explosive. Pourtant François est vite fasciné par ce vieil homme fatigué et malade qui se dévoile peu à peu, allant jusqu'à lui confier un secret que même sa propre mère ne connaît avec tact et humour des sujets de société jeune public à partir de 10 ansA consulter également Recherche de pièces de théâtre en fonction du nombre de personnagesBibliographies thématiques de pièces pour adultesRecherche de pièces de théâtre enfant en fonction du nombre de personnagesNous espérons vous avoir aidé dans vos recherches et vous remercions pour votre Arts vivants

Introduction11 But de l'ouvrage Questions de méthode — La langue et le groupe. 1. Dans les pages qui suivent, on a essayé de ramener la caractéristique du français moderne
See other formats ..t^ ... -r-'^m,- ^^mé ^^^' i^r v^^ ^i*tfvf .^ * ' vK- *,^' *-,vr?r ^ ^.p* ^ ^.y c^ ^Hf ''i^f qu'elle avait encore pour lui ; et qu'après lui avoir donné » toute sa jeunesse, ce n'était pas trop du reste de sa vie pour » son salut 3. » Sans doute, il se passait alors des choses nouvelles dans le cœur de la duchesse de La Vallière ; le monde assistait au prélude de la transformation d'une vie qu'il devait admirer plus tard. Mais ce n'étaient encore, en elle, que des velléités*. La Visitation de Sainte-Marie de Chaillot, couvent fondé en 16ol, par Henriette de France, veuve de Cliarles 1" d'Angleterre, se trouvait entre les anciennes barrières de Franklin et de Sainte-Marie. Dulaure pense qu'il était situé à remplacement où, en d8lO, on jeta les fondements du palais du roi le Rome. Toutefois on voyait, dans la partie aujourd'hui démolie de la rue de Chaillot ancien numéro lii, des vestiges d'une ancienne maison reli^'ieuse. * C'est alors que M""» de La Vallière dit ;ï propos du roi Autrefois, il venait me chercher lui-même. » Ku elTet, neuf ans auparavant, Louis XIV s'était rendu au couvent de Saint-Cloud, en menaçant de faire enfoncer les portes si on ne rendait pas M"» de La Vallière. 3 Lettre de M°" de Sévigné, du 12 février 1671. * C'est vers celte époque qu'un contemporain de M"'^ de La Vallière lit un sonnet où elle reproche au roi son inconstance. Ce sonnet, qui circula alors en manuscrit, paraît avoir été imprime pour la première fois dans la Vie de la Duchesse de La Vallière, par"', Cologne, Hido; in-12, p. 299. En voici quelques vers Tout se flétrit, tout passe cl le cœur le plus tciuiie Ne peut d'un même objet se contenter toujours. Le passé n'a point eu d'éternelles amours, Et les siècles futurs n'en doivent point at'endre. Amour, b qui je dois tout mou ni;il cl mm bien, Ouc ne lui donuiez-vous un Cdur cunirne If mien, Uu jue ne l'aisiez-vous le mien comme les autres ? CHAPITRE SEPTIEME 48"> Elle se résignait languissamment, depuis trois ans, à tenir un rôle de subalterne vis-à-vis l'altière fille des Mortemart. En définitive, on ne remuait, avec cela, que de la tristesse et de la honte; au vue de la jeune reine, M"^ de La Vallière était tombée dans l'ombre et elle s'y traînait. Grandeur déchue, pour elle le chantre futur d'Athalie venait murmurer de doux vers et charmer sa mélancolie ; il lui composait son chant du cygne Je vivrai; je suivrai vos ordres absolus. Adieu, seigneur! régnez je ne vous verrai plus. Je l'aime, je le fuis '. Ce fut tout un événement. M""^ de La Vallière n'avait pas encore de grand parti pris ; et, comme elle hésitait, les so- ciétés et les cercles qui ont toujours un fond de raillerie, plaisantèrent de ses tergiversations, en arguant des anciennes mobilités, au temps de sa première fuite au couvent de Saint-Cloud. En définitive, l'odieux de ces évolutions fémi- nines rejaillissait sur Marie-Thérèse d'Autriche, puisque ' Donnons la suite des vers de Racine. Jugez de ma douleur, moi dont l'ardeur extrême, Je vous l'ai dit cent fois, n'aime en lui que lui-même; Moi qui loin des grandeurs dont il est revêtu, Aurais choisi son cœur et cherché sa vertu ! Ah! cruel! est-il temps de me le déclarer? Qu'avez-vous fait? Hélas! je me suis crue aimée Ignoriez -vous vos lois, Quand je vous l'avouai pour la première fois? A quel excès d'amour m'avez-vous amenée? Que ne me disiez-vous Princesse infortunée. Où vas-tu rengager, et quel est ton espoir? Ne donne point un cœur qu'on ne peut recevoir! Eh bien! régnez, cruel, conteniez votre gloire; Je ne dispute plus. J'attendais, pour vous croire, Que cette même bouche, après mille sermens D'un amour qui devait unir tous nos momens. Cette bouche à mes yeux, s'avouant infidèle. M'ordonnât elle-même une absence éternelle. Moi-même j'ai voulu vous attendre en ce lieu. Je n'écoute plus rien Et, pour jamais, Adieu! {Bérénice, de Racine. 486 MADAME DE LA VALLIEIIE après tout, c'était la dignité et le repos de son royal ménage dont on faisait Lon marché. Louis XIV chargea Golbert de ramener la duchesse de La Vallière à Versailles. Golbert y réussit * mieux que le maréchal de Bellefonds, mais à la condition que ce retour donnerait lieu à mille malins commentaires, dont M"" de Sévigné se ht l'écho. Ce que devait et pouvait dire Marie- Thérèse d'Autriche de ces allées et venues, on l'imagine. La duchesse de La Vallière, ramenée à Versailles par Gol- bert, le roi causait une heure avec elle et pleurait fort ; M""" de Montespan allait au-devant d'elle les bras ouverts et les larmes aux yeux ^. M™^ de La Vallière était do nouveau toute rétablie à la cour, disait-on ^, beaucoup mieux qu'elle n'y avait été de- puis longtemps. Le roi l'avait reçue avec des larmes de joie, M""* de Montespan avec des larmes devinez de quoi *, comme parle M""" de Sévigné. La reine pouvait-elle être très-satis- faite, de penser qu'on avait eu avec l'une et l'autre La Val- lière et Montespan des conversations tendres ^ ? » Il était triste de s'apercevoir que l'unique préoccupation ' • Le 11 février, dit d'Ormesson, M"" de La Vallière se relira à Chaillot, liez les reii^'ieuses de Sainle-Marie, et laissa une lettre pour le roy, où elle lui annonf-oit sa retraite et qu'elle n'emportoit que son habit gris, laissant le surplus comme estant au roy. Le roy lui envoya M. de Bellefonds et ensuite M. de Golbert, avec ordre de la mener à Versailles, où il allait; ce qu'il fit, et la dame y alla sur la parole que le roy trouveroit bon qu'elle se retirast si elle persévéroit. » {Journal, t. II, p. 610. C'est probablement à cette sortie du couvent de Chaillot, qu'elle dit aux religieuses qu'elle embrassa en pleurant Lettre du 18 février 1671, de M™" de Sévigné. — . A l'égard de M"" de La Vallière, nous sommes au désespoir, continue M™» de Sévigné, de ne pouvoir vous la remettre à Chaillot; mais elle est à la cour beaucoup mieu.\ qu'elle n'a été depuis longtemps; il faut se résoudre a l'y laisser. » CHIAPITRE SEPTIÈME 4S7 du grand monde en 1671, était de savoir si M""'^ de La Val- lière resterait ou ne resterait pas à la cour. Gomment ne déclarai t-on pas à la recluse momentanée de Cliaillot, que si elle voulait rentrer dans l'ordre, dans le repos, et dans la dignité, l'honneur et le devoir lui prescrivaient de ne plus paraître à la cour? Et de qui érftinait ce bizarre cérémonial, que l'abhé de Maucroix, un des spirituels' compagnons de La Fontaine, constata à Fontainebleau où il se trouva en septembre 1671 ? Il vit le roi monter en voiture; on partait pour la chasse ; et quelles personnes s'y trouvaient-elles avec le roi ? La reine ? non — M. Barrois et moi, dit Maucroix, ayant vu les carrosses de Sa Majesté, nous attendîmes près d'une heure ; et enfin, nous vîmes le roi monter en calèche, M"^*' de La Vallière placée la première, le roi après, et en- suite M""*^ de Montespan, tous trois sur un même siège * . » Tromperies sur tromperies I Marie-Thérèse d'Autriche était bafouée, mais M""^ de La Vallière était jouée en même temps, pendant qu'on l'endormait avec une menteuse éti- quette, et qu'on lui réservait la place d'honneur dans les voitures. C'est qu'on ne pouvait pas avoir en cette circon- stance un sentiment différent de celui des amis de la reine. M"° de Montpensier convenait elle-même, avec discrétion, qu'il y avait ici une comédie lamentable. Nous allâmes à Versailles, dit-elle ; tout le chemin se passa en pleurs, le roi,. M""^ de Montespan et moi ; je pleurois de compagnie ; les deux autres pleuroient M""' de La Vallière, qui les con- • Mémoires de Maucroix, chap. xx, publiés par la Société des hibliopliiles do Reims. De iMaucroix avait été député par le chapitre de Reims pour com- plimenter Le Tellier, qui, de coadjuteur, avait été nommé archevêque. De Maucroix se rendit pour cet objet en août 1671, avec trois autres chanoines, ses collègues, à Fontainebleau, où la cour était alors. Le roi, poursuit Maucroix, était fort bien vôtu, d'une étoffe brune, avec beaucoup de passe- ments d'or; son chapeau en élait bordé, il avait le visage assez rouge. La Vallière me parut fort jolie e*; avec plus d'embonpoint qu'on ne me l'avait figurée. Je trouvai M"" de Montespan fort belle; surtout elle avait le teint admirable. Tout disparut en un moment. Le roi étant assis, dit au cocher Marche; » ils allaient à lâchasse au sangher. Mémoires, ch^i. xx. 488 MADA5IF- DK sola bientôt. Elle revint; tout le monde dit qu'elle en avoit usé fort sottement, ou qu'elle devoit demeurer, ou faire ses conditions, et elle revint comme une sotte *. » M"* de Mont- pensier ajoute Quoique le roi eût pleuré, il auroit été très-aise de s'en défaire dès ce temps-Là. L'on parla bien différemment de cette retraiffe, des motifs et des gens qu'on accusoit de la lui avoir conseillée. Cette affaire m'étoit in- différente je ne m'attachai point à en vouloir apprendre les particularités, outre que dans ces sortes d'affaires chacun dit son sentiment et fait son raisonnement à sa mode, sans presque jamais dire ni trouver les véritables raisons. » Cependant l'heure approchait, où la situation établie de- puis dix ans entre la reine et M""*^ de La Vallière allait enfin recevoir une modification considérablement et nettement accusée. Si le chemin suivi par chacune de ces deux femmes n'avait fait jusque-là que les éloigner l'une de l'autre, le temps était venu, en l'année 1673, où la reine pourrait se rencontrer sur un terrain commun avec la duchesse de La Vallière. Elle va se trouver en des circonstances qui lui permettront de pardonner les délires des trop longues années écoulées depuis 166'2. Mais ce moment du rapprochement entre M""^ de La Vallière et Marie-Thérèse d'Autriche, étant un des épisodœ les plus considérables de la vie de ces deux femmes, mérite d'être raconté avec quelque détail. Comment M""^ de La Vallière en était-elle arrivée à pren- dre l'attitude qu'elle eut? Y avait-il dans ses antécédents, dans son caractère, dans son éducation, des indices de la défaillance qui devait faire écrouler ^on honneur de femme ? S'était-elle annoncée comme personne faite pour la lutte? » Un auteur parle d'un tableau du temps de la régence, qui repre'sente M"" de Vallière renouant une guirlande de rose? à la jupe de M°" de Mon- tespan. La scène est dans le parc de Versailles, le roi tient sous son poing la main de la marquise et regarde La Vallière d'un air distrait. Pour le voir, la pauvre ddiaissèe lève les yeux à la dérobée et semble oublier ce qu'elle fait. M""> de Montespan la regarde à rrmvre, comme .si c'était la chose du monde la plus simple. Voy. dans M"' de La Vallière, par Arsène Houssaye, p. 244. CflAPITRE SEPTIÈME 489 OU bien n'y avait-il pas pluLôt en elle une nature helle, délicate , généreuse , essentiellement poétique ? N'est-elle pas la plus intéressante des victimes de l'entraînement de Louis XIV, et, dans la fatalité des circonstances où elle fut jetée, bien qu'elle n'ait pas fait plier en définitive le sentiment devant les arrêts de la conscience, n'avait-elle pas eu cependant à lutter entre l'amour humain et sincère au- quel elle consentit et les scrupules d'une conscience qu'elle finit par endormir, au moins en apparence? Telles sont les questions que soulève la situation de M" de La Vallière vis-à-vis de Marie -Thérèse d'Autriche, à la date des années 1672 et 1673 ; l'histoire de ce qui a été exjDOsé et de ce qui reste à dire, répond de manière à ne pas diminuer le sym- pathique intérêt que M""" de La Vallière a su exciter auprès de la postérité. Il eût fallu à M"^ de La Vallière une mère autre que M"^ la baronne de Saint-Remi ; il lui eût fallu une maré- chale d'Albret. Celle-ci ne voulut pas, en 1661, laisser à la cour M"^ de Pons ^, sa parente ; elle vit quels dangers courait une jeune personne, avec des gens aussi entreprenants que le comte de Guiche '^, le marquis de Vardes, Fouquet et tous les autres, et le roi lui-même. Louis XIV balança un instant entre M"* de Pons et M"^ de La Vallière. C'est alors que la maréchale d'Albret donna la seule preuve d'éclatant courage ' M" de Pons épousa le marquis d'Heudicourt ; elle fut l'amie de M""» de Montespan et de Maintenon. 2 On n'a pas oublié le complot de la lettre, écrite en espagnol à la reine, dans lequel le comte de Guiche était entré pour perdre M"* de La Vallière, dont il croyait avoir à se plaindre. Le comte de Guiche avoua dans la suite à Louis XIV la part qu'il avait prise à cette intrigue. La proposition de la . lettre m'a esté faite, disait-il, par M. de Vardes, a qui M""" la comtesse de » Soissons avoil donné le dessus du paquet du roy d'Espagne. Il désira m'en » donner part, parce qu'il ne pouvoit s'en passer, et que la Reine ne savoit » pas encore assez bien lire le francois. . . Je me laissay aller à une complai- » sance très condamnable... L'une des raisons estoit de perdre W'^de La » Vallière, et si j'ose dire, la seule qui m'y ail fait entrer... > Escrit donné au Roy par M. le comte de Guiche. Bibl. Imp., Mss. Baluze, vol. 215. Papiers des armoires, paquetS; fol. 133 et suivants. iOO MADAME DE Là VALLŒllE qu'on puisse" donner en de telles rencontres la aile. Si l\}^' de Saint-Remi avait exigé de M""^ de La Vallière un acte de semblable vaillance, celle-ci ne serait probablement pas sortie de la voie de la vertu. Mais il ne paraît pas que M'"^ de Saint-Remi ait rien demandé de pareil à sa fille ; on l'a re- présentée, d'après les mémoires du temps, comme une femme intrigante et ambitieuse, qui ne vit dans la faiblesse de sa tille qu'un moyen d'assurer l'élévation de sa famille et l'agrandissement deea maison i. Quoi qu'il en soit, après la faute, vint le mouvement de retour au bien ; et il faut redire l'itinéraire de cette femme remontant à la lumière et au devoir. La nouvelle duchesse n'avait guère eu le temps de réfléchir sur sa vie, depuis qu'elle avait accepté, après la mort de Mazarin, les dégra- dantes laveurs de la cour. Dans le premier moment de sa nouvelle et éclatante situation, en 1667, elle ne semblait pas mieux disposée à réfléchir encore. Le public, avec sa finesse instinctive, soupçonna, dans cet acte de Louis XIV, le pré- lude d'une disgrâce prochaine. Les dignités et les biens, venant d'une manière tardive en 1667, semblaient un adieu du roi prenant congé de celle qu'il n'aimait plus, de passion du moins. C'était le sens d'une lettre supposée écrite par M'"*^ de La Vallière à M""' de Montausier, et qui circula à cette époque. La lettre n'émanait point de la nouvelle du? chesse ; les malins du temps en chuchotèrent dans les salons. Le duc de Lauzun élait-il incapa]le d'avoir inspiré ce fac- tum? on ne l'affirmera pas. L'autorité poursuivit cette pré- tendue lettre, et le gouvernement français dut demander aux bourgmestres de la Hollande d'en interdire l'impression. Mais les pressentiments que cette lettre apocryphe exprimait, étaient parfaitement dans la logique d'un cœur qui s'écoute. Nous connaissons tous la défiance qu'inspire une prospérité * Louis XIV euipùoliait M"» de La Valliùre devoir sa mère qu'il n'eslimait pas el dont il se dcliail. M'"'' de Geiilis, après M"'^ deMontpensier, a accrcdilo la tradition peu favorable sur le compte de la marquise de Saint-Kcmi. CHAPITRE SEPTIÈME 491 trop constante, et rien n'est plus voisin des pleurs que le rire. Voici cette lettre qai faisait parler M"»-' de La Valliôre de la manière suivante A madame de Montausier, Le 24 mai 1667. » » Madame, les inquiétudes nouvelles causées par ma nou- velle grandeur me tiennent si fort éloignée de l'état tran- quille que je pense me préparer par cette élévation, que m'estant impossible de la cacher plus longtemps, j'ay recours a vostre confidence et veux vous communiquer, a la des- cbarge de mon cœur, les réflexions que j'y ai faites. C'est une coutume, parmy les gens raisonables, aux changements qu'ils font de leurs domestiques, d'en prévenir le congé par le payement de leurs gages, ou par des recon- naissances de leurs services. J'ay peur qu'il ne m'en ar- rive de mesme, et que le roy, par un honneur si grand, ne prétende m'apprivoiser a la retraite, et me jetter tant de vanité dans l'esprit que, l'ambition l'emportant sur mon amour, je soufTre les mespris avec plus de modération. » Je sçays encore que la fortune a un terme d'élévation limité, au-dessus duquel on ne monte point, et que le degré où je me vois assise estant le plus haut où puisse monter une personne de ma naissance, il est difficile d'y subsister long- temps sans quelques traverses, qui ne peuvent être autres que la froideur .du roy i. » Or, soit que ce mal m'advienne par l'un ou l'autre de ces moyens, je le prévois inévita"ble. Mais le roy se trom- pera, s'il croit que l'ambition effacera mon amour. Elle n'en * Le bruit courut bien à cette époque que la faveur dont M™» de La Val- liôre venait d'être l'objet annonçait une disgrâce prochaine. Mais si cette crainte attrista en effet l'esprit de la nouvelle duchesse, ce fut pour peu de temps. Notice par .M . Pierre Clément, p . lxxxiv. 492 .MADAME DE LA a pas esté la mère ; elle n'en sera pas le tyran ; et ce brillant de nouvelle grandeur ne commettra pas un par- ricide. Tout le royaume de France, et je peux dire toute l'Eu- rope, n'ignore point combien mes amitiés, et dans leur naissance et dans leur progrès, ont été désintéressées, et qu'en considérant le Roy, sa couronne, parmi ses autres qualités, m'a paru la moins aimable. » J'ay reçu beaucoup de bien de ses mains libérales. Je nepouvois les refuser sans crime, comme j'ay toujours cru ne pouvoir les demander sans importunité, une grande pré- venance ayant a mon égard légitimé tous ses bienfaits. » Les nouvelles amertumes que l'on m'a faites du ma- riage du marquis de Vuardes avec moi i, justifient mon ap- préhension et mes soupçons l'accueil et le bon visage que j'ay de la reine me paraît une prière tacite d'y consentir. Mais elle ne sait pas que mon cœur y a des répugnances plus grandes que celles de l'antipathie, et que je suis inca- pable de manquer au serment que j'ay fait, de ne jamais clianger d'amour et de ne prendre point de mary. Permettez-moy, madame, de faire une petite digression sur le subject de ce mariage. J'enchaisneray mon amour pour quelque temps, et feray parler ma raison suivant les lumières médiocres que la nature m'a données. Je porte maintenant la qualité de duchesse de Vaujours. Je jouis de toutes les prérogatives attribuées à la duché. J'ay le tabouret chez la reyne. Je marche au rang des duchesses. J'ay cessé d'être La Valliere. Le roy a reconnu le fruit de nos embrassemens ; ma iille est légitimée. Il ne me reste qu'à choisir un mary pour en ûiire un grand du rovaume. ' On répandit le bruit qu'on allait marier M™ de La Vallière à Fran- çois-René du Bec, marquis de Vardes, capitaine des Cent-Suisses, qui fut marié à Callierine de Nicolai, et qui avait trempé, on l'a dit, avec la comtesse de Soissons et le comte de de Guiclie, dans le complot de la lettre l'ontre .M"' La Vallière. CHAPITRE SEPTIÈME 493 » Non, madame, je me trompe, je ne suis point duchesse. La duché est un présent royal fait à ma fille reconnue et légitimée par le roy son père mon administration et la jouissance des prérogatives de sa duché n'est qu'un estât trompeur et ruyneux a mes affaires, si je les appuyois sur ce fondement. Il faudra tout rendre, quand elle sera en âge, et je ne demeureray que La Valliere. » Où est le gentilhomme assez sot qui voudroit épouser une duchesse, sans devenir duc ; estre beau-pere d'une fille naturelle du roy, sans avoir de qualité qui y corresponde?.. . Il y a tant de contraires a assembler pour reunir a la fois ce qui regarde les intérêts du roy, de ma fille, de celui que j'epouserois et les miens, qu'il ne faut que conclure avec vous, que la chose est impossible, et qu'il y a du ridicule a en faire des propositions. » Je m'en resjotiis, et remettant mon amour en liberté, je m'inspire [me persuadé] que tout ce qui s'est fait en cecy est une marque plus assurée de la constance de mon amant, qui a voulu donner, sous ce faux jour, au monde, quelque témoi- gnage de son désintéressement, en estreignant plus fort, par cette politique amoureuse, les liens de notre bonne intelli- gence et les nœutls d'un commerce que la seule mort peut dissoudre. » Vous voyez mon faible, et vous le pouvez accuser; je l'ay commun avec les autres amans, dont l'ordinaire est de se flatter et de sentir plutost leurs disgrâces que de les pré- venir. » Cependant, si vous prenez la peine de considérer avec moi l'état de mes affaires, vous me regarderez comme un exemple de compassion et plaindrez par advance les incon- véniens où je suis exposée. » Leroy est mortel, il va faire la guerre. S'il luy arrivoit quelque chose de funeste, ou si, par des exercices violens, il contractoit une maladie mortelle qui nous le ravisL, que deviendrois-je, madame, alors? llu'yauroit point de millieu Mi MADAME DR LA VALUKRR a prendre. 11 faudroit s'acheminer a Vanjours, et en prove- nir l'ordre infaillible, pour me conliner dans une province éloignée, fixer ma demeure dans une maison champêtre, et passer le reste de mes jours auprès de la duchesse ma iille, en regrets et en larmes, sans consolation de personnes et sans aucun support. Helas! je sens Lien en moy mesme, qu'après un pareil accident je n'àurois ny force ny confiance pour survivre, et mesme qu'il y auroit de la générosité a mourir. » Mais que deviendroit le sang royal que je sens depuis cinq mois se mouvoir dans mes flancs?.... Le roi s'est pro- mis un garçon de ma grossesse, sans avoir rien fait pour l'enfant ni pour la mère. Ah! que cette pensée est mortelle a tous mes plaisirs ! Quelle différence de frère et de sœur ! Celle-cy duchesse légitime, l'autre Lastard sans reconnais- sance. » Je ne me prépare pas à ce coup, qui ne se peut adoucir par la prévoyance, et dont la moindre pensée redouble mes inquiétudes, mais j'ay trop de confiance au Dieu des.... *. que non-seulement je reverray mon Roy sain et glorieux, mais avec autant d'amour qu'il en ait jamais eu. » Avec tout cela, les événemens sont incertains et mes ennuis inévitables. Je n'auray point de courrier à l'avenir qui ne me fasse trembler, et mon imagination oi^i déjà la crainte a établi son empire, ne me représente que les images fascheuses de tout ce que je peux encourir de disgrâces. Le sommeil, qui a le don de charmer les peines, n'a de la vertu que pour m'en faire; et si je ne trouvois véritables à mon réveil, les illusions fausses de mes songes, j'en tirerois des conséquences contraires à bon sens, et d'une peine imaginaire je me ferois un véritable supplice. Tantost je vois la Reyne me faire des reproches et m'imputer les indillérenceidu Roy, tantost commander que j'aye à monter ' Le mot manque dans le volume de M. Matter. CHAPITRE SEPTIEME 403 sur le champ en carosse et me retirer à Vaujours, avec deffenses de ne jamais revenir à la cour, tantost ordonner qu'on me jette dans un monastère; et enfin mille autres choses dont le sommeil a accousLumé de travailler les esprits inquiets et appréhensifs. » Le. mien est de ce nombre, madame, et je voudrois pouvoir me reprocher qu'il fust moins éclairé et ne vist pas de si loiiig les désordres qui peuvent arriwr à ma fortune. Je ne me rendrois pas malheureuse devant le temps, et me confierois en- la bonté du Roy ; je demeurerois dans la croyance que, quoiqu'il survînt, il auroit du temps suffi- samment pour assurer l'establissement des maisons de ses enfans et de la mienne. J'ay tous les besoins du monde de votre assistance et de votre sage conseil, et je m'en suis si bien trouvée que je vous conjure de m'ayder à sortir de ce mauvais pas. 11 y va quelque chose de vostre intérest, vous n'en doutez pas, puisque je procureray sans cesse votre avancement, et que vous avez et aurez toujours occasion de reconnoistre que je suis, madame ma très-chère, vostre trè^-fidèle amie et servante. » La duchesse de Vau jours *. » Cette lettre curieuse provient, quant à sa composition, • On voit, dans les Lettres et pièces rares et inédites^ publiées par M. Maltor, p. 320 et suivantes, cette lettre supposée que la duchesse de La Yallicre au- rait écrite à 11"= de Montausier, au sujet de l'érection de Vauxjours en du- ché-pairie. Le manuscrit sur lequel M. Matler a copié cette lettre se trouve à la bibliothèque de Munich; Cod. Gallic, 307, in-4». On lit sur le premier feuillet de la copie, ces mois Paraphé lé 21 novembre 1670. De la Reynie. Thubeuf, » preuve officielle que la pièce avait été poursuivie. Elle est intiln- lée Lettre de j¥°>e la duchesse de Vauxjours à M"'" de Montausier sur le sujet dn don qui Iwy a esté fait par le roy de la dtiché de Vaujours. — W. P. Clément, à qui nous empruntons ces ryiseignements sa Noiice sur M""' de La Vallière , à la lin du t. 11, fait remarquer que celle lettre est citée dans le volume CLVllI des Mélanges CUrambauU, Mbs. de la Bibl. imp., p. 3201. 496 MADAME DE LA VALLIÈRE d'un personnage du temps. M""^ de La Vallière n'aurait pas, ainsi, jeté elle-même, au gré du vent, les craintes qui op- pressaient son âme, à l'heure même de sa plus grande élé- vation. Mais la lettre supposée, rédigée avec les éléments pris dans la situation, permet, à distance, d'interpréter, d'après les préoccupations publiques, les sentiments qui ani- maient la nouvelle duchesse. Le serpent de la méfiance venait la piquer, lorsqu'elle semblait atteindre le sommet de la félicité. On voit tout dans cette lettre révélatrice la crainte, l'attente, la honte, un remords mal étouffé; on dé- couvre les tortures de ce nouveau paradis de délices, la lame froide et cruelle du soupçon qui traverse le cœur, ces coups d'oeil jetés sur un avenir qui effraye, ces éventualités peu rassurantes, cet aveu que l'on commence à se faire à soi- même, qu'on est perdu ici-bas aux yeux des hommes ; que tout dépend d'un fil, d'une vie fragile, d'un boulet lancé de quelque ilace, de Lille ou de Tournay. Étranges joies, celles de M"^ de La Vallière, dans sa promotion à de nouveaux honneurs, elle qui avait rêvé de s'épanouir dans un amour sans ombre, de posséder, selon l'expression de Dante, Senza brama, sicura ricchezza '. La poésie des belles années de Blois s'était, hélas ! enfuie bien loin. Enfin, M"' de La Vallière, parvenue à être du- chesse, mesure le chemin parcouru. C'était l'heure des aperçus rétrospectifs, des regrets, des remords. Heure de mélancolie immense. Elle était toute battante d'or, comme s'exprimait iM"^ de Maintenon, sous ces toilettes magnifiques de duchesse. Enfin, la réalité se fait jour et la conscience parle. C'est que le bonheur n'est pas long dans une situation illogique et mauvaise. 1 J^osséJcr sans crainlo les ri^•lles^es qui ne piuvfiU t'-tre CHAPITRE SIfFflÉME 497 M""' de La Vallière était arrivée de province avec ses idées chevaleresques sur les filles d'honneur, telles qu'elles étaient sous Catherine de Médicis, sous les Valois, sous Henri IV. Elle savait que la reine et les princesses s'oc- cupaient des filles d'honneur comme de leurs enfants ou de leurs sœurs ; les reines choisissaient, pour elles, comme mari, un nohle et beau gentilhomme, parmi tous ceux qui s'étaient distingués aux combats, dans les carrousels, en por- tant les couleurs de la demoiselle aimée discrètement der- nier vestige des temps de chevalerie, dont Cervantes avait chanté, en les précipitant, les funérailles 1 M™^ de La Val- lière avait espéré donc une vie régulière, modeste et ho- norée , sous l'empire des lois conjugales. Un homme d'un grand égoïsme et d'un grand prestige, qui avait dans les veines du sang autrichien et espagnol, qui s'était nourri de romans, en décida autrement, et M""* de La Vallière vit bientôt à terre l'échafaudage de ses premières espérances, et les ruines entassées par le dono infelice di bellezza. Elle avait connu, en son temps, le mot delà reine à M"" de Montausier ^k Je sais plus qu'on ne croit ; » déclaration de clairvoyance et de douleur cachée dans son âme, que Marie-Thérèse avait jetée à M""^ de Montausier, à l'occasion delà décadence commencée, de l'abandon relatif de M°"^ de La Vallière, et de la prise de possession du cœur de Louis XIV par M""^ de Montespan. Toutefois, ne semble-t- on pas pouvoir compter encore sur le présent? Le 2 octobre 1667, la duchesse de la Vallière donnait le jour au comte de Vermandois. Cela se passa, dit M"^ de Montpensier, avec les mêmes précautions que pour la fille ; tout le monde soupçonna ses couches ; on le sut, et elle voulait qu'on n'eût rien appris. Après tous ces mystères, il fut légitimé au par- lement de Paris, sous le nom de comte de Ver'mandois, et la fille sous le nom de W^^ de Blois. Ils furent mis entre les mains de M"^ Colbert, où ils ont été élevés. » Mais aux jours de prétendu bonheur et de confiance avaient 32 498 MADAME DE LA VALLIEHE succédé des jours de doute et de crainte, remplacés enfin par la plus terrible des certitudes. M™*' de La Vallière n'était plus aimée. Elle put être trompée quelque temps; mais il était impossible de prolonger l'illusion. La nouvelle incli- nation du roi eut bientôt trop de publicité ; et les forfante- ries du marquis de Montespan, furieux de la conduite d sa femme, un trop grand éclat. D'ailleurs la nouvelle du- chesse s'en était expliquée avec le roi; elle s'était plainte, avec un accent passionné ; et Louis XIV lui avait répondu, avec toute la sécheresse de la absolue, ce mot impi- toyable, qu'il avait déjà dit à sa mère Qu'il ne voulait pas être gêné et qu'il n'aimuil pas pi'on le contrariât. » Il y a une lumière dans le désenchantement. Quatre ou cinq faits étaient venus dans les dernières années, pré- parer le réveil de M""-' de La Vallière. Anne d'Autriche avait fait entendre à son fils un langage qui ne fut pas écouté au moment môme, mais dont la portée se fait sentir, lorsque la raison retrouve son empire et il est à penser que la jeune duchesse dutprendre sa part des pieuses remon- trances de la reine mère affligée. Lorsi^ue la reine mère mourut, il était également inévitable que cet événement ne donnât des idées sérieuses à M™'' de La Vallière. Les funérailles d'Anne d'Autriche ne furent pas les seules en 16GG ; une autre sainte existence s'était éteinte. M'°'^ la du- chesse de Montmorency mourut le 5 juin, à Moulins. Le peuple, en regardant sa dépouille mortelle à travers les grilles du couvent, criait que c'était la sainte qu'ils voyaient *. Il est plus émouvant qu'on ne veut le dire, de voir partir de ce monde ces nobles femmes, doflt la vie a été un tissu de pureté, de charité et de patience. Et, dans cet ordre d'émo- tions, la seule attitude digne et fière, résignée et souffrante 1 Voir une Vie de ta duchesse, imprimée i'i Taris en lC8i. M"" de Monlmo- rency avait vécu dans le mariage; elle mourut dans le cloître; elle avait été un modèle pour les jeunes filles, pour les femmes mariées et pour les reli- gieuses. Elle porta dans les dillVrents étals, un esprit convenable et une con- duite juste. CHAPITRE SEPTIEME 499 do Mario -Thérèse, ajoiiLait aux impressions de M'"e de La Vallière. L'opinion publique avait également fait entendre ses ré- clamations, d'abord d'une manière timide, plus tard avec amertume*. On imprima en Angleterre et en Hollande de nombreux pamphlets, qui, à travers les mensonges et le persillage, ne laissaient pas de révéler un état, une situation intolérable. La plume mordante • de Bussy-Rabutin sus- citée par la justice populaire, vint flageller le monarque et sa complice. Moins exagéré, plus respectueux de la dé- cence, il aurait peut-être moins amusé cette partie de la nation qui a soif d'anecdotes scandaleuses ; mais il eût, à coup sûr, plus touché ceux qu'il raillait avec la viru- lence moqueuse de Juvénal. M""*^ de La Vallière était traînée dans la boue, réduite presque au vil rôle des courtisanes de l'antiquité. Comment ne pas sentir douloureusement ces coups de l'opinion 2 ? Il y avait une chose plus grave ; le mauvais effet des in- trigues amoureuses de la cour commençait à affecter les classes moyennes des provinces. Un bourgeois de Reims, qui a laissé des Mémoires, raconte les caquetages que l'hu- miliante élévation de M™"^ de La Vallière produisait hors de Paris. Il disait, à la date du mois d'août 1665, que les per- sonnes qui avaient été exilées de la cour, à cause de la dame Vallière, venaient d'y être rappelées, pour ôter le scandale, qui courait parmi le peuple pour telle chose frivolle. » — ' • Il est constant, disait un pamphlétaire inspiré par l'envie, que M""^ de La Vallière n'étoit pas d'une extraction fort noble. Ses ennemis avoient ac- coutumé de dire, après que le roi l'eut fait duchesse, qu'il n'y avoit que quelques mois qu'elle ëloit roturière; et Madame qui avoit été jouée par le roi à son occasion, ne l'appeloit jamais que la petite bourgeoise de Tours. » * Quoi de plus triste pour une nature au fond vertueuse, que de savoir, qu'on est regardé au dehors comme une femme de mauvaises mœurs, comme une prêtresse du désordre. — Un jeune homme disait à son camarade, au sortir du tliéàtre Vois-tu, mon bon..., les comtesses. . . elles sont toutes comme cela. » — La pièce mettait en scène une mauvaise femme. La Vallière avait à redouter d'être enveloppée ainsi dans un mépris universel. 300 MADAME DE LA VALLIKHI- Cette dame Vallière, ajoulail-il, osl accorLe, ••omplaisante, et belle et gaillarde ^ » Lorsque M""' de La Vallière se vit l'objet des satires du public, elle fut obligée do s'avouer qu'elle méritait, jusqu'à un certain point, ce supplice. Et, dès cette époque, comme s'il s'agissait d'un être abstrait, elle chercbait dans sa fierté Idessée quel avait été le premier principe de ses dévia- lions. Claude Lequeulx rapporte qu'elle rapprocha deux faits qui se trouvent, par concomitance, dans les lois mys- térieuses de l'économie morale orgueil et défaillance des mœurs. Dans sa jeunesse, ou plutôt dans sa tendre adoles- cence, le démon de la vanité avait par^é, un instant, à son âme, c'en était assez pour la duchesse. Elle voyait, dans l'accueil fait par elle au témoignage éclatant que Gaston d'Orléans avait rendu à la régularité de sa conduite, et qu'elle avait savouré avec orgueil, l'origine mystérieuse d'où étaient nés tous ses désordres. Elle se redisait le raffine- ment de complaisance vaniteuse avec lequel elle avait ac- cueilli ces compliments; elle pensait retrouver dans cette secrète présomption, à laquelle elle s'était livrée, l'explica- tion des jugements providentiels. Parce qu'elle avait voulu monter haut dans sa propre estime. Dieu avait permis, se disait-elle, qu'elle descendit si bas ^. Au fond, l'histoire de M"" de La Vallière est proprement l'histoire d'une âme, et l'on se demande si le cœur d'une femme aimée illégitimement ne doit pas se lasser à la longue, * Bcmensiana, in-32, Reims, 1840, p. 289, 2 Elle a avoué depuis, dit Claude Lequeulx, que ce témoignage éclatant rendu à la régularité de sa conduite fut pour elle une blessure mortelle. Elle était persuadée }ue par une terrible punition oe Dieu, les sentiments de com- plaisance en elle-même qu'elle en conçut, furent la cause funeste de ses malheurs et de sa cliute. — En effet, voici ce que disait M"° de La Vallière après sa conversion Si dés mes premières années, je m'tilais consacrée au service de Dieu, j'aurais acijuis la douce habitude de glorifier son saint nom sans qu'aucun objet eût pu me distraire de mon Seigneur et de mon Dieu; mais loin d'écouter sa voi\ ]ui se faisait entendre à mon cœur, j'ai mis ma cunliaiice eu iiioi-mcme et, les richesses de sa grâce ont fondu dans mes mains. • CHAPITRE SEPTIÈME 501 ne serait-ce qu'en vertu de cette justice lente, à l'état latent, que le ciel a mise jusque dans un cœur troublé, et qui finit par rendre à chacun selon ses œuvres. Molière a beau dire Et serail-ce un bonheur de respirer le jour. Si d'entre les mortels on bannissait l'amour ! Non, non, tous les plaisirs se goûtent à le suivre Et vivre sans aimer, n'est-ce pas ne pas vivre ? » Cette rhétorique de Molière, impuissante et usée, n'em- pêcha pas Ce portrait, que l'on conservait au château de Versailles, a été gravé par Nanteuil. * Ainsi passe la gloire du monde. 504 MADAME DE LA VALLIÈIU- chir ; el il fallut bien que cette femme se posât enlin la juestion de conscience. Qu'en disait M'"*-' de La Vallière, avec son primo amor del cor mio ? Qui ne conviendrait que dans ces quatre ou cinq années de rivalité nouvelle, non plus avec la reine, mais avec M""" de Montespan, rivalité tantôt ouverte, tantôt dissimulée, M""" de La Vallière manqua de dignité ? Sa faiblesse de caractère l'entraîna à un rôle étrange. Mais elle se réveille en 1671, elle disparaît, quitte la cour et se transporte, comme il a été dit, au couvent de Ghaillot, dont elle fut ramenée. C'était un mouvement de conversion, un instant interrompu, mais qui devait se^ développer et grandir ^ Bossuet allait offrir son concours à la reine et à la duchesse de La Vallière. C'était la deuxième année que l'évêque de Condom était précepteur du dauphin. N'avait-il, comme évoque catholique, aucun devoir envers la compagne de Louis XIV, dont la condition d'épouse était si triste? Quand un prélat ne se montre qu'environné des maximes et des lumières du christianisme, il est sûr d'entraîner et de subjuguer les esprits. Il était digne de la reine d'avoir un pareil avocat. Et quel homme, au xvn siècle, pouvait avoir un sentiment plus élevé de la dignité chrétienne du ma- riage et comprendre la portée sociale de l'échec queLouisXIV lui faisait subir? N'était-il pas, en France, un des plus pénétrants interprètes des doctrines de saint Paul ? Qui clait plus convaincu que Bossuet que le mariage est d'ordre sacré; et que s'il était d'ordre purement civil, il perdrait toutes ses splendeurs? Bossuet n'avait-il pas maintes fois, à la suite de saint Paul, représenté l'amour du céleste chef pour son corps mystique ou l'Église, comme le modèle du mariage terrestre et du pur amour avec lequel l'homme et la femme doivent se donner l'un à l'autre? N'avait-il pas expliqué comment ' Depuis le retour de Cliaillut, la duchesse de La Vallière vivait plus reti- rée qu'à l'ordinaire et l'on remarquait qu'elle s'habillait Irès-modestement. [Mémoires de i>i" de Monlpensier. CHAPITRE SKPÏIEMK 305 le mariage chrétien produit dans l'homme le sentiment de sa valeur et de sa dignité ? Le mariage est comme une Kgiise en petit, il forme le germe d'où sortira d'aLord et se JL'veloppera l'Église domestique. Les diverses Églises domes- iques constituent une chrétienté, et l'ensemble des chré- tientés foi-me le grand édifice de l'Église chrétienne univer- selle, l'épouse, le corps du Christ. Le mariage donne donc à l'homme la conviction que l'individu, dans la société con- jugale, est quelque chose de meilleur que l'individu isolé ; qu'il fait partie d'un tout plus saint et plus élevé, d'une alliance dont le modèle n'est autre que l'union de l'Église avec son Sauveur. Voilà la doctrine de Bossuet. Mais on pourrait se demander et on a demandé depuis, si Bossuet, inconséquent avec lui-même, ne demeurait pas l'indifférent et inerte spectateur des attentats continuels qu'on commettait sous ses yeux contre la loi du mariage. On a même demandé, en thèse générale, comment des évê- ques d'une grande piété et de grandes lumières, tels que Bos- suet, Fléchier, Fénelon, pouvaient demeurer au milieu de cette cour où régnaient l'adultère et la concupiscence, les mauvais désirs et de si tristes scandales*. Mais les grands évêques restaient à la cour, malgré ces scandales, parce qu'ils s'y donnaient une mission à remplir-, ils savaient que dans l'âme de tous ces hommes passionnés et de toutes ces femmes pécheresses, il y avait deux parts bien distinctes, celle de l'entraînement et de la fougue des passions ; puis la croyance, l'aiguillon du remords, la foi et la crainte que les récompenses et les châtiments de l'autre vie inspiraient à tous. Ils ne désespéraient jamais de la conversion du pécheur, dit un historien, de ce besoin du salut qui était dans toutes les ' Lamartine, après avoir flétri avec amertume, les de'sordres de la cour de Louis XIV, ajoute avec une visible exagération, que les ministres, môme les plus sévères de l'Église, vivaient dans cette atmosphère de faiblesse qu'ils se voilaient seulement le visage pour ne pas voir ces inconvenances contre leur habit. 506 MADAME DI- LA VALLlERli âmes ; et les dogmes catholiques avaient pour cela des grâces infinies. Il y avait pour préparer ces solennelles conversions et ces repentirs, le Carême, les Pâques, l'Avent, les fêtes de Noël, sans compter les époques extraordinaires, telles que le jubilé; les confesseurs reprenaient leur ascendant. Si l'Avent était prêché par Bourdaloue devant le roi et la cour, si le Carême était fourni par Bossuet, des paroles graves re- tentissaient jusqu'au fond des entrailles de l'auditoire. Elles obtenaient presque toujours de bons résultats, un hommage à la morale parla cessation au moins momentanée des scan- dales. Si les passions mauvaises l'emportaient encore, les •coupables se souvenaient de leur salut; plus tard l'Église re- [irendrait ces âmes égarées ; elle ne désespérait pas d'elles. Nulle occasion n'était perdue pour les évêques ; une oraison funèbre racontait la vie tout entière de celui qui était là, étendu dans le sépulcre, et du sein de la mort s'élevait le can- tique du repentir; le cadavre secouant son linceul venait dire les vanités de la chair. Fléchier, Bossuet surtout, étaient admirables dans ces oraisons funèbres qui osaient châtier ces coupables, grands et petits. Une prise dévoile était encore l'occasion d'un de ces admirables tableaux des plaisirs impuissants du monde pour produire le bonheur, et de ces raille voix célestes de la vertu qui entraînaient l'innocence vers les joies infinies de la solitude et de la piété, ou pro- clamaient le bonheur de la pénitence * . On attendait donc que Bossuet, sortant de ses grandes synthèses, vhit dénouer la querelle pendante entre les deux femmes qui nous occupent. Sans doute, il ne pouvait que prononcer discrètement le nom de la reine , dans ces dé- bats orageux de la conscience ; mais on voit par un de ses discours, comment il appréciait la position et sa complexité. Il a dit son sentiment sous une forme générale, alors qu'il caractérisait la femme prudente des livres sacrés, à l'occasion ' M. Caji-'llgiu', Vie de M'"'' de La l'dllière. CHAPITRE SEPTIEME 507 lo Marie-Thérèse. Il ne faut pour l'entendre, dit-il, que considérer ce que peut dans les maisons la prudence tem- i rée d'une femme sage pour les soutenir, pour y faire fleu- rir dans la piété la véritable sagesse, et pour calmer des ons violentes qn'une résistance emportée ne ferait qu'ai- On a émis, sur le compte de Marie-Thérèse, jiiLiements contradictoires. La reine mère, Anne d'Autriche, iiouvait que Marie-Thérèse n'était pas assez tolérante pour les faiblesses de Louis XIV ^; beaucoup de modernes disent m contraire, qu'elle endurait avec une grande facilité les !ii-ences du monarque ^, sauf à ajouter qu'elle pleurait t'njours, sans expliquer l'origine de ses pleurs. Ne faut-il [is s'en rapporter au sentiment de Bossuet prenant un mi- liLMi, et nous affirmant que Marie-Thérèse faisait tout ce pTelle pouvait humainement, pour ôter tout prétexte il iloignement à Louis XIV, puisqu'elle avait cette pru- il Mice patiente et vertueuse » qui calmait des passions vio- qu'une résistance plus emportée n'eût fait qu'aigrir l;ivautage? Mais il était temps que Bossuet intervînt d'une manière l'Ilicace, et prêtât son ministère à M"" de La Vallière elle- inôine; il était temps de voir la duchesse, dont le cœur rencontra quelqu'un qui ne la valait pas , sortir d'une vie non définie, mettre la main à l'œuvre et travailler à se I 'lever de sa chute. Trois questions se dressèrent devant l'Ile, en l'année 1673 la question de situation temporelle; 1 'lie de la justice divine à satisfaire ; la question de réhabi- litation sociale. L'évêque de Gondom l'aida puissamment ilans la solution de toutes trois, et contribua au dénoûment. La question de situation, parce que dans un changement lo vie, tel que l'impliquait le désir de M""^ de La Vallière, l'âme se posait avec anxiété le problème de savoir que devenir. • Orais. funôb. de iMarie-Thérèse. = Mémoires de M""= de Motteville. ' M. Hippolyle Babou, dans les amoureux de M"'- de Sévigné, et autres. 5i»8 MADAME DK LA VALLIERE On iisail qu'elle pouvait être aimée encore; on parla de plu- sieurs propositions de mariage * ; mais ou ignorait, avec ces combinaisons vulgaires, ce jui lermentait dans cette âme exquise. Elle n'en était plus à rêver d'être aimée; elle n'avait plus la niaiserie de croire à une éternité terrestre de sourires, de ces sourires qui éclairent la nature, disent les romans. La juestion de justice divine se réveillait surtout, parce qu'elle avait dans l'àme de M'"^ de La Valliôre des échos retentissants. 11 ne manquait pas, autour de cette femme, de personnages qui n'eussent voulu, dans le mouvement de re- traite delà duchesse, que des proportions mesquines et hour- gooises. On lui aurait conseillé de porter sa tente ailleurs, et de jouir d'une façon épicurienne, de la fortune qu'elle avait acquise. Bossuet ne pouvait abonder dans ce sens ; et M"'' de La Vallière, avec le tact des choses religieuses, n'oubliait pas que par delà les préoccupations temporelles, nous portons, à l'égard de la justice divine, le poids redou- table de la responsabilité de nos méfaits, 11 y avait à expier ces fêtes de Fontainebleau, de Ghambord, de Ver- sailles, de Saint-Germain ^^, ces échanges devers, ces préé- ' On parla du duc de Lauzun, du duc de Longueville, qui, disait-on, au- raient irigud d'épouser M"» de La Vallière. Les plus dévots de la cour, à la tète desquels était le duc de Beauvilliers, exhortaient M°"= de La Val- lière à donner un grand exemple. D'autres moins sévères, lui con,-cillaient de se retirer simplement dans une communauté, comme M"" de la Motte, pour y vivre religieusement, mais sans engagement. La mère de M"» de La Vallière aurait désiré qu'elle tînt son rang et sa maison avec elle, et qu'elle élevât ses enfants sous ses yeux ; mais le roi, qui ne l'estimait pas, ne la croyait point propre à sauver la réputation de sa fille des dangers d'un pareil état, et celle-ci pensait elle-mèni,' qu'il lui fallait des liens qui l'attachassent irrévocablement à la vertu. On lui proposa donc de choisir, en prenant le voile, un ordre où elle pourrait parvenir aux dignités que le cloître n'exclut pas. Elle répondit modestement que n'ayant pas su se conduire elle-même, elle ne devait pas songer à conduire les autres. » 11 se présenta des mariages, comme il a été dit; mais le duc de Saint-Simon soupçonne à Louis XIV cette pensée orgueilleuse » qu'après avoir été à lui. M"»" de La Vallière ne devait plus être à personne qu'à Dieu. • — Voyez Anquetil, Louis XIV, sa cour, etc., t. i, p. 128. ^ Reconnaissons que M" de La Vallière porta à la cour ce cœur extrême- ment tendre et sensible, dont elle parle si souvent dans ses lettres. Celte CHAPITRE SEPTIÈME JJ09 m inences obtenues au détriment de la reine, ces violations ili's lois morales. Mais comment acquitter cette dette, et sous quelle forme? La question de réhabilitation sociale pesait aussi dans la Le monde a des bizarreries dont on a droit de se l»laindre, mais avec lesquelles il faut compter pourtant. Tour à tour tolérant et difficile, il est le premier à passer l'é- [•onge sur bien des infamies, et à se montrer sévère à l'excès i];ingereuse sensibilité, si utile cependant et si favorable quand elle se porte Ylifs des objets dignes de l'affection d'une âmeimmortelle faitepour posséder Dieu, la séduisit et la trahit. Elle plut à Louis XIV. Elle-même osa concevoir pour son roi des sentiments que les belles qualités de ce prince firent naître 'lafis son âme, que le respect et le devoir auraient dû lui interdire, qu'elle aurait voulu pouvoir se cacher à elle-même, et qu'elle n'eut pas la force et la prudence de dissimuler. » Vie pénitente de AP^' delà Valliére, par l'abbé Claude Lequeulx. Les violences, les combats que M" de La Vallière sup- jiurta au dedans d'elle-même, dans les premières atteintes de son cœur, sont altistes par le même écrivain ; il est constant qu'elle eut plus d'une année il lésislance et de combat entre son devoir et sa faiblesse. Si cette malheu- !• victime de sa propre sensibilité se laissa aller à ces funestes engage- inints qui allaient porter tant de troubles dans l'intérieur de la cour, il faut iliie que» c'est sans art et sans étude • qu'elle avaitsubjugué Louis XIV. Ibid. iornme la manie d'écrire en vers était répandue à cette époque, Louis XIV el M" de La Vaflière a; employé cette forme, au temps du règne de la lille d'honneur de Henriette, alors que l'un et l'autre se promettaient ce que lu poéie raille avec une amertume immense Se promettre de rendre une autre vie heureuse ! Une seule est si douloureuse ! > Tantôt le roi envoyait une chanson, avec un bouquet de fleurs V. chap. IV, Tantôt M" de La Vallière répondait par une épître versifiée dans laquelle elle disait avec vivacité qu'elle pensait à Louis XIV avec un plaisir extrême, » et qu'elle regardait comme bien amoindris Les plaisirs sans ce qu'on aime. " D'autres fois, cette muse de mélancolie affectueuse adressait au roi, des tirades d'un grand charme de pensée et d'un sentiment exquis ; comme par exemple, ces vers cités dans un chapitre précédent, quand, après une ilia^se à Fontainebleau, ou Saint-Germain, s'étant trouvés l'un l'autre sépa- ra s par accident, le roi lui avait écrit sur le blanc d'une carte à jouer, qui élait un deux de carreau. M"" de La Vallière, se servant d'un deux de cœur lui envoya sur-le-champ la réponse qu'on a déjà citée au chapitre quatrième, où l'on trouve à la fois la grâce et l'esprit. Voyez le chapitre IV. Un raconte également, d'après une tradition locale, qu'à Ghambord, M"'' de La Vallière demanda le sacrifice des vers si connus de François I"'. Voyez le ohap. V'-. olO MAOAMK Di- LA VALLIKHI' envers des êtres plus faibles que niécliauts, plus entraînés jue provoca'teurs. On opta pour les moyens héroïques de réhabilitation. Une lois l'idée d'entrer au cloître et de se vouer à une vie austère entrée dans l'esprit de M"'*' de La Vallière, elle ne devait plus en sortir. L'exécution pourra présenter des lenteurs; mais la rupture complète avec le monde, la rupture totale, éternelle avec la société temporelle pour se vouer à une vie de repentir, telle fut la satisfaction que la jeune duchesse, dans la splendeur de ses vingt-neuf ans, crut devoir offrir à la société humaine dont elle avait offensé les convenances et les lois. Les écrivains de l'école moderne ne tiennent pas toujours compte de ces trois éléments qui expliquent la révolution accomplie chez M'"'^ de La Vallière. Soit' distraction , soit faute du milieu intellectuel qui nous est fait, des cri- tiques et des historiens, d'ailleurs judicieux, ne compran- nent en aucune sorte le sentiment qui tenait le plus de place dans les esprits aux siècles de foi religieuse", savoir la justice de Dieu. On a déclaré de nos jours, avec bonne foi , qu'on ne pouvait pas s'expliquer que le couvent eût une raison d'être quelconque dans la société ancienne '. D'autres, sans être aussi radicaux, et sans rester étrangers au cercle des idées catholiques, assignent, à l'existence du cloître, dans ses rapports avec le cœur humain, un rôfe tan- tôt mesquin, tantôt très-incomplet. On voudrait laisser aux femmes, dit un écrivain considérable de ce temps-ci, les pardonnables défaillances de la passion irrésistible à l'homme, digne de ce nom, on demande une lutte plus vi- rile et d'autres exemples. i\lais la Vénus païenne, celle qui s'attache tout entière à sa proie, comme l'a dit le poète, ne fait pas ces différences; et l'expérience nous apprend qu'il ^ Quelqu'un, en 1819, faisant dans un journal une réclame en faveur de l'eau de me lisse des Cannes, ajoutait, quel aveu dans un siècle éclairé! qu'il ne comprenait pas quelle place les ordres religieux pouvaient avoir dans la société ancienne. CHAPITHE SEPTIÈME - 511 n'est de guérisoa à ces maladies ou tout au moins de dénoû- ment à ces romans de l'amour désespéré, que dans les murs d'un cloître. Le roman de Manon Lescaut ne finit pas Des Grieux reste. — Mourir à Gondokoro, comme le héros d'un roman de M. Du Camp, ce n'est pas une vraie fin, c'est un coup de théâtre. Avouons-le, la sœur de René finit mieux, et, d'une façon plus tragique, dans sa sainteté même. Le comte de Comminges, sous son capuchon, avec son cilice, a meilleur air. Je ne demande pas à M. Du Camp, et pour cause, de mener ses personnages au couvent. Mais voilà les vrais martyrs de l'amour désespéré ! Ils ont mis Dieu entre leur désir et leur idole i. » De tels points de vue, ré- pétons-le, sont historiquement et philosophiquement défec- tueux. Le cloître n'était pas seulement l'ancien refuge des cœurs blessés ; la détermination à la vie claustrale n'était pas une démarche purement négative; elle était quelque chose de positif; par un aspect, elle était la guéri- son du cœur malade, et par un autre, elle était dans l'homme la grande préoccupation de la justice de Dieu. Et voilà bien la lacune de l'esprit moderne. Quand l'homme s'est égaré, quand il a été plus ou moins inique en ce monde, on oublie, par une distraction déplorable, qu'il y a quelque chose à faire envers la justice éternelle. — M™^ de La Vallière ne l'oublia pas. ' Réflexions de M. Cavillier-Fleury, de l'Académie française, à propos d'un roman de M. iMaxime du Camp. — Il ajoute, au même endroit De not, jours, je le sais, on ne conseille le cloître à personne. Un homme dans la force de l'âge, n'entre plus en religion, comme Rancé, pour y pleurer M"e d' Monlbazon. Oratoriens, Dominicains, Jé-uites, les Lacordaire, les Ravignan, les Gratry, ne se vouent à la vie cloîtrée que pour retrouver dans une forle discipline, l'action énergiijue qui est le devoir de tous les membres de la société humaine. Personne n'a plus le droit d'échapper à cette loi. Le suicide de l'esprit est presque plus coupable que celui du corps. L'un prend à Dieu plus que l'autre. Gomme refuge de la douleur ou de l'impuissance morale, les cloîtres ont fait leur temps pour les hommes. Ils étaient autrefois, dans les romans d'amour, les plus beaux des dénoùments. Où le stoïcisme lui-même est sans force, où la massue d'Hercule se change en quenouille, le christia- nisme Iriompbait par le renoncement, par le sacrifice. » rjl2 MADAMl* lF. \A 11 y a également malentendu sur la question de réhabili- tation sociale que se posa M"" de La Vallière, et l'illustre auteur du livre sur la duchesse de Longueville est une frappante preuve dos préoccupations exclusives auxquelles peuvent s'abandonner des esprits éminents. Une nuance fondamentale séparait, on le sait, les premiers protestants d'avec les catholiques, sur la question théologique de la jus- tification, ou réconciliation de l'âme pécheresse avec Dieu. Selon le protestant, il suffisait que l'homme, pour la répa- ration de sa conscience, ^ cessât, interrompît ses désordres ; selon le catholique, il fallait, outre la cessation du désordre, une expiation, une réaction énergique contre le passé, une punition personnelle. Or il est arrivé à M. Cousin, par suite de son engouement historique, de comparer M" de Longueville à M" de La Vallière, et de se montrer protes- tant dans sa manière de comprendre la réhabilitation. Ne nous laissons pas abuser par ces fausses et sophistiques exposi- tions des choses, qui altéreraient la vraie grandeur de M"^de La Vallière. Elle eut un sentiment vif et profond de la justice divine ; et voilà pourquoi ses longues expiations, ses longs renoncements font sa réhabilitation et sa gloire. Lisons cependant le parallèle de M^^^ de Longueville et de M""" de La VaUière, tracé par cette belle plume de M. Cousin; d'au- tant plus que la comparaison est prise à la ibis dans la vie séculière et dans la vie pénitente de ces deux femmes, qui, toutes deux, ne vécurent, après leur conversion, que pour le devoir et le repentir, s'efforcant de mourir à tout ce qui naguère avait rempli leur vie, les soins de leur beauté, les tendresses du cœur, les gracieuses occupations de l'esprit, et gardant, néanmoins, ce que jamais elles ne pouvaient perdre, un angélique visage, et une grande délicatesse d'âme et de caractère. Nous ne croyons pas rabaisser M"'- de La Vallière, en comparant avec elle M'"'' de Longueville. Il est certain que les amours de M"'' de La Vallière sont bien au- trement touchantes que celles que nous aurons à raconter. CHAPITRE SEr'TIfMl M"' de Montpensier ne consigna pas, dans ses Mémoires, de grands détails sur cette affaire voici ce qu'elle en dit Comme M'° de La Vallière n'a jamais été autant de mes amies que M™" de Monlespan, j'ai oublié plus volontiers ce qui la regarde. Depuis qu'elle était revenue à la cour, du cou- vent de Chailiot où elle n'avait été que douze heures, elle avait mené une vie plus retirée qu'à l'ordinaire; elle faisait comme une personne qui se vou- lait retirer tout à fait ; elle s'iiabillait plus modestement. Je devais avoir dit qu'elle avait eu deux garçons, dont un était mort de la peur qu'elle avait eue d'un coup de tonnerre... Je crois que l'on s'en consola, aussi Lien que du dessein que la mère avait pris de se retirer tout à fait. • On disait que la lettre qu'elle avait écrite au roi lorsqu'elle s'en alla ;'i Sainte-Marie, était de la façon de M. de Lauzun, qui la lui avait faite, et qui croyait rallumer l'amour du roi par cette retraite. Le maréchal de Belle- fonds, qui est fort dévot, s'attacha fort à la voir; on croyait même qu'il lui avait indiqué le /ère Cazar pour la conduire, qui lui conseillait de se faire carmélite. » On disait que son dessein avait été de demeurer dans une maison où elle put vivre avec beaucoup de régularité et y faire élever ses enfants; on la trouva trop jeune pour cela, le roi n'en fut pas d'avis — On disait que c'était sa mère, qui y trouvait son intérêt, qui lui avait inspiré ce dessein. » M"" de La Vallière jouissait d'un gros bien, avec beaucoup de pierreries et de meubles. Depuis que le roi ne l'aimait plus, il avait couru un bruit que M. de Longueville en était amoureux; on le fit cesser bientôt. {Mémoires, 4* partie, Montpensier. 2 L'ordre des Carmélites est un des ordres religieux de femmes les plus sévères. C'est là qu'on mortifie le corps par une vie dure, les privations, les veilles, les longues prières, les cilices, les chaînes de fer. On sait que sainte Thérèse est la fondatrice ou réformatrice de l'ordre. S20 DE LA VALLIÈRE chasse la chasse de Fouquet par ses ennemis , pour le faire tomber au filef; la chasse de La Vallière, pour la livrer au roi ; les complaisants y travaillaient '. » M"'p de La Vallière fut prise ; et la seule différence entre 1G73 et 1G62, est que, d'abord, c'était l'étourdissement avec l'impuis- sance de penser ; tandis qu'à douze ans de distance, on pouvait penser etréflécbir. Et, à cette heure, la malheureuse duchesse proteste, avec sa nature, au Ibnd vertueuse, contre les séductions qui l'entraînèrent. Elle avait abjuré, depuis l'âge de dix-sept ans jusqu'à l'âge de vingt-neuf, les idées et les puretés de son adolescence. Mais elle trouvait en- îore, dans les ressources de son âme naturellement pudique, l'énergie de s'inscrire contre sa propre révolte et contre sa chute. Combien tout était changé pour M""" de la Vallière 1 Elle se souvenait des premiers sentiments de son cœur ; elle revoyait en imagination le château de Blois avec ses habitants, avec tous les souvenirs gracieux de la pre- mière jeunesse ; elle rêvait de son modeste château de La Vallière, avec sa belle foret qui le défendait des vents du midi, avec ses douces et tutélaires figures de parents. Toute- fois elle n'osait plus dire avec Dante Il bel ovile ov'io dormii agneîlo ? Ni avec Pétrarque Oie nutrido fui si dolfemcido. Pourquoi avait-olle quitté la province et le pays natal? Le meilleur sera toujours de vivre dans son propre milieu, terrain naturel des bonnes affections, qui n'auront pas à re- • Voici un excellent témoin, Mulicre, adressant aux résistances de M'i" de La Vallière, ces reproches de Montespan, s'acharnaient encore à prétendre que M'"" La Vallière n'annonçait une si étrange résolution que pour attendrir le roi, beaucoup d'autres s'en alarmaient; et Benserade vint dire à la duchesse, que sans prendre un semblable engagement, elle pouvait vivre partout avec autant de régularité que dans un couvent, et qu'elle devait rester dans le monde pour l'édifier. M"'^ Scarron, elle-même, la femme de haute raison, désapprouvait complètement le chois du couvent 522 MADAME DE LA VALLII^HE biographe a oljscrvé avec justesse que les humiliations et les douleurs du délaissement ne lui donnèrent jamais l'idée d'emJH-asser la vie religieuse. Mais lorsque commença à se faire sentir le besoin d'oll'rir un grand exemple, de faire à Dieu un sacrifice volontaire et réiléchi, et de ne point se donner à lui par désespoir, c'est qu'un autre ordre de con- sidérations était intervenu. Tant que son cœur l'ut souillé par une passion criminelle, la duchesse n'éprouva que le désir de se retirer dans la solitude. Mais quelle est la vision qui lui était apparue, quand elle se crut détachée des coupables attachements? La Palatine, lui demandant un jour l'explication de sa patience à supporter les humiliations de la cour Je fai- sais pénitence , dit-elle. — Ainsi, déjà, la duchesse de La Vallière, dont l'idéal terrestre était si tristement brisé, in- capable de vivre de la vie banale des femmes délaissées , avait cherché, au milieu même de sa passion et de ses éga- rements, l'idéal nouveau auquel elle demanderait de ne pas la tromper. Son sacrifice commença longtemps avant sa re- traite ; elle fit alors de toutes ses pensées, de tous ses actes, de sa vie entière, une sorte d'antithèse absolue, dirigée contre les souvenirs qui la poursuivaient. Ah! la mémoire! s'écriait-elle, la mémoire impor- tune! » p]t elle courbait son beau front, elle abaissait dans la poussière sa tête charmante, elle devenait la servante de sa rivale; mais son âme p'était point re]Osée; elle res- semblait aujourd'hui à la souriante Ophélia, le lendemain à la Madeleine en pleurs *. On a voulu savoir à quel moment précis l'idée de prendre des Carmélites. Mais la reine Marie-Thérèse n'était pas de l'avis de la future reine M"" de Maintenon. — Comment pourrez-vous vous acioutumer à de telles austérités, dit M°" de Maintenon à M"" de La Vallière ? » La reine au- rait pu suggérer la réponse, si, comme on l'a vu plus haut, Louise de La Vallière ne l'eût instantanément trouvée de Genlis, la cause occa- sionnelle de cette vocation serait assez dramatique. Quand la cour eut aban- donné le séjour de Saint-Germain, la douce et intéressante La Vallière vint y chercher la paix dont avait besoin son cœur si cruellement agité. Elle vou- lait racheter ses fautes à force de bienfaisance, et tâchait d'oublier, dit-on, ses malheurs en soulageant ceux des autres. Elle apprend un jour qu'un vil- lage, près de Saint-Germain, vient d'être en partie consumé par les flammes; elle fait prier le pasteur de ce lieu de se rendre auprès d'elle, pour lui re- mettre les secours qu'elle destine à ses malheureux paroissiens. Le curé se pré- l'ecclésiastique qui lui adonné les premiers principes rejigieux, et lui a tracé une ligne qu'elle a si mal suivie ? Ce qu'elle était autrefois, pendant sa pieuse adolescence, ce qu'elle fut depuis,' ce qu'elle est en ce moment, son innocence, ses erreurs, son repentir, tout frappe à la fois son esprit. Elle tombe aux pieds du curé, verse d'abondantes larmes, lui peint ses remords, ses tourments, et lui demande des conseils et des prières. Le pasteur ne voit d'asile pour elle que le sein d'un Dieu qui pardonne. La Vallière l'entend; sa résolution est prise; c'est au couvent des Carmélites, à Paris, que s'écouleront, dans la pénitence et les larmes, les jours qui lui seront encore réservés. Un artiste, M. H. Baron, a peint cette scène, que, Abel Goujon Histoire de Saint-Germain en Laye, Uulaure, dans son Histoire des environs de Paris, M" de Genlis, dans sa Vie de AP^" de La Vallière, sem- blent accréditer, malgré la petite invraisemblance qui s'y trouve. 524 MADAMI- DK LA VALLIKUE Strasbourg. Cependant, M™^' de La Valliôre, qui était re- mise de sa maladie et avait pu suivre la cour, écrivait de Tournay au maréchal de Bellel'onds, une lettre, datée du 9 juin 1673. Déjà cette tête et celte âme avaient fermenté, à l'issue de la grave maladie qu'elle avait eue dans les pre- miers mois de cette année, et les spectacles de Flandre ne durentqu'accélérer l'éclosion du projetde se retirer au désert. La duchesse vit la jeune reine, toujours négligée, toujours trahie. Elle vit les scandales de M™" de ]\Iontespan, contre la- quelle on eut de nouvelles preuves relatives aux sanglants outrages laits à Marie-Thérèse. Et M""** de La Vallière se voyait forcée de convenir que l'initiative de ces tristesses lui appartenait. Gela acheva- t-il de porter à maturité l'idée des Carmélites? On ne sait. Une lettre du 4 novembre 1G73, vient enfin tout éclairer, et nous renseigner sur ce qui se passa dans l'intervalle entre le mois de juin et le mois de novembre. La duchesse nous apprend positivement qu'à cette date elle est à peu près dé- cidée à se faire religieuse au couvent des Carmélites. Vous me donnez une grande joie de m'assurer que je serai reçue, quand j'aurai la force de me tirer d'ici, » écrivait-elle au ma- réchal de Bellefonds. Une lettre de Bossnet, du 25 décem- bre 1673, traite aussi ce chapitre delà vocation de M^^de La Vallière; il a vu plusieurs fois la duchesse, dit M. de Con- dom, et il la trouve dans les meilleures dispositions, qui, espère-t-il, auront leur effet. » Cette décision de la duchesse était un grand événement, et, à peine formée, la nouvelle s'en répandit avec la rapidité de la foudre. M""" de La Vallière écrit, en effet, le 21 no- vembre de cette même année, à son grand ami, le maréchal de Bellefonds J'ai vu, depuis votre départ, les personnes auxquelles j'espère aller bientôt me joindre pour toujours... J'ai vu M. de Condom et lui ai ouvert mon cœur; il admire la grande miséricorde de Dieu sur moi, et me presse d'exé- cuter sur-le-chami sa sainte volonté... Depuis les deux jours CHAPITRE SEPTIÈMK 525 que je ne l'ai vu, le bruit de ma retraite s'est si fort répandu, que tous mes amis et mes proches m'en ont parlé. » Elle écrit encore, le 6 décembre 1673 ic Vous serez surpris d'ap- prendre par d'autres que par moi les bruits qui courent dans le monde sur ma retraite aux Carmélites ; cela s'est publié depuis dix à douze jours, sans que j'aie rien fait que ce que vous avez vu avant votre départ. » ^ La jeune reine, étant partie intéressée dans ce débat in- time, n'avait aucun conseil à donner. Abandonnée à elle- même, on peut présumer de quel côté elle aurait penché , avec ses habitudes et ses doctrines sur les grandeurs mon- daines. Retirée dans la majesté de sa réserve, elle devait se borner à suivre avec sympathie et amour la crise régénéra- trice que traversait M""^ de La Vallière. Mais la reine et M""" de La Vallière étaient si bien faites pour s'entendre, sans cette lamentable passion, qui s'était jetée à la traverse. Dès le début, Marie-Thérèse reçut, par la faute de M""" de La Vallière, les plus terribles coups qu'un cœur de femme puisse recevoir ; €t cela dura sept ou huit ans. Autrement, ces deux femmes avaient une nature assez identique ; même naïveté d'âme, même droiture; cœur également chaud; même fond de foi et de tendresse religieuse. Aussi, quand on eut bruit à la cour de la détermination de M""^ de La Vallière de se retirer pour toujours derrière les grilles d'un couvent, la reine, qui avait ses assiduités à la rue du Bouloi, ne fut pas la dernière à entendre cette grave nouvelle. Son âme touchée s'inclina, se rapprocha; la réconciliation, sans être exprimée en formules extérieures, était consommée dans son cœur royal. Cette jeune duchesse de trente ans veut mourir, mais non mourir par le prompt suicide, arme des esprits malades, qui ne savent ce qu'ils font, ou des lâches qui ne veulent pas expier leur passé. Elle veut mourir d'une mort toujours vivante, d'une agonie sans fin ; elle veut la mort avec la lente souffrance , elle veut mourir au monde, à la cour, aux 826 MADAME DE LA palais somptueux, aux sociétés aristocratiques et brillantes, aux choses qui l'avaient enchantée; aux caresses, aux ap- plaudissements profanes. Comment la jeune reine n'aurait- elle pas été attendrie de tant d'héroïsme? Sa dignité la re- tint à l'écart ; mais elle pria pour celle qui, repentante de ses torts, songeait à se choisir une Thébaïde. fl fut décidé qu'après toutes dispositions prises, M" de La Valliôre se retirerait de la cour et ferait son entrée au couvent des Carmélites do la rue Saint- Jacques, dans le mois d'avril 1674. Un véritable intérêt s'attache aux derniers moments que M™^ de La Vallière passa avec la reine, quand elle dut prendre congé d'elle. On a trop oublié l'ensemble des éléments qui concoururent, au xvii'-' siècle, à nous donner M'"" de La Vallière avec son type de pénitente aimée et bénie ; on a trop oublié que la reine Marie-Thérèse a réagi sur M""*^ de La Vallière, sur sa détermination d'embrasser la vie du cloître ; et qu'ainsi nous devons à son intluence indirecte la Madeleine de l'Occident. L'histoire doit ici bien rattacher les eUets aux causes et faire la part de tous et de chacun. Si la duchesse de La Vallière sentit enfin un vent nouveau se lever, enfler ses voiles, si elle doubla son cap des tempêtes pour rentrer brisée et meurtrie dans l'Océan pacilique, on doit tenir compte du visage attristé de Marie- Thérèse pour comprendre ces résolutions finales de la du- chesse. Par conséquent, quand il s'agit des premiers actes que nécessitèrent sa conversion et la réalisation de ses idées nouvelles, il est indispensable de raconter sa dernière en- trevue avec la reine, alors que la future carmélite allait prendre congé de la société humaine; entrevue qui fut un de ces moments dramatiques et touchants, rares dans l'his- toire. La Vallière avait ]esoin de voireniin cette femme auguste, et d'entendre une parole do pardon et de pitié sortir de cette bouche qui avait exprimé longtemps contre elle de trop justes plaintes. Elle demanda en secret une au- dience particulière à Marie-Thérèse, à Versailles, selon les CHAPITRIi SEPTIÈME 327 uns, à Saint-Germain, selon d'autres ; elle reçut la permis- sion de se rendre au château, au déclin du jour. La peinture moderne a reproduit la cérémonie de réception aux Carmé- lites, et ce sujet a inspiré un artiste de mérite en lui four- nissant une belle page. Il serait désirable qu'un autre Lesueur eût célébré, dans une immortelle toile, les adieux de M°"^ de La Vallière à la reine Marie-Thérèse. On voit dans Marthe et Marie, tableau de Lesueur dont Toriginal est à Munich, une belle tête de femme, dont le regard suppliant implore le Christ. Cette figure a une magnifique expression de tristesse et de repentir aimant*. C'est ainsi que devait paraître M"''' de La Vallière devant la reine. M'^e cle La Vallière voulut cette audience, parce que c'était un devoir et un besoin de cœur pour elle. Elle était fragile, mais elle n'était pas vicieuse. Les deux choses dont nous nous occupons le moins, et qui devraient nous pénétrer le plus, selon Leibnitz, la vertu et la, santé, la duchesse voulait enfin les prendre en grande considération, du moins, et surtout, la santé de son âme. Elle qui n'en voulait à per- sonne, et ne prétendait se venger de qui que ce fût, elle qui, dans le temps, déplora la disgrâce des Navailles, du comte de Guiche, du marquis de Vardes, elle qui avait donné des larmes sincères aux chagrins de Madame, et s'était accusée d'être la première cause de tous ses malheurs, semblait pouvoir compter sur la clémence de Marie-Thérèse. L'expédition de Franche -Comté était décidée. Déjà le maréchal de Navailles opérait avec un corps d'armée depuis le milieu de l'hiver et prenait diverses places aux Espa- gnols. Il avait été résolu que Louis XIV se rendrait lui- même, au printemps, sur le théâtre de la guerre, avec la reine. On était vers le milieu du mois d'avril, et la reine allait partir. C'est le 18 avril 1^074, très-probablement, ou le 19, que la duchesse de La Vallière fut introduite chez ' On en trouve, au Louvre, la copie gravue par Calamalta, directeur de 1';.- cadëmid de Bruxelles. 528 MADAMf- DK LA VALLIERK Marié-Thérèse. Elle Lioiiva la princesse seule dans sou ca- binet. Quelle entrevue 1 Une estampe représente la reine assise dans son fauteuil; elle était là, avec cette dignité et cette hauteur naturelle que lui donnait le sang de Charles- Quint '. » On voit La Yallière vêtue d'une robe de bure noire, le visage couvert d'un voile, se précipitant aux genoux de la reine -. La reine la relève avec bonté. La duchesse en entrant avait relevé son voile, et découvert un visage inondé de pleurs ^. Un historien du xvn*^ siècle nous apprend que la reine i'ondit en larmes *, qu'elle ne put s'en empêcher en voyant M"""-' de La Yallière lui demander pardon 5. » Ce que M"'» de MoUeville disait d'Anne d'Autriciie. '" Un jour que le roi parlait pour un voyage, elle La Vallière entendit la messe du roi, demanda pardon à la reine, humblement prosternée à ses pieds, » {Mémoires de M" de Montpensier. 3 Quelles paroles furent échangées, dans ce moment solennel ? Les Mémoires du temps ne sont pas très-explicites à cet égard. Le silence ému est toujours la grande éloquence de ces heures paliiéliques. L'émotion remplace les dis- cours. On repasse l'espace de temps parcouru depuis 1661 jusqu'en 1674; on voit les débuts et le dénoùment. On ne sait qui fut la plus grande, dans cette circonstance importante, ou de M"* de La Vallière, qui s'humilie et pleure dans la spontanéité d'un cœur brisé par le repentir, ou de Marie-Thérèse qui, oubliant complètement ses longues douleurs, pardonne, plaint et aime la belle et douce La Vallière. Cette charmante repentie s'avance en chancelant et joignant les mains, et se jetant à genoux devant Marie-Thérèse • Je viens, dit-elle, implorer un gé- néreux pardon... Ohl Madame, ne me repoussez pas. .. , dans quelques heures, je serai pour jamais renfermée dans le couvent des Carmélites. » — A ces mois, la reine profondément attendrie, relève la duchesse et l'embrasse étroitement. — avril 1074, peignant à vif les sentiments du beau monde de Versailles. CHAPITRE SEPTIÈME 529 Quand le moment de la séparation fut arrivée pour ces deux femmes, on raconte que M'"'^ de La Vallière, appuyant sa bouche sur la main de la reine, et serrant fortement cette main contre son cœur, lui dit d'un ton touchant et ferme à la fois — Adieu, Madame; — qu'elle s'inclina profondé- ment, et qu'elle sortit avec précipitation. Ce qui est cerlain, c'est que Marie-Thérèse, en la regardant partir, voyait se réaliser, sous ses propres yeux, la définition que saint Gré- goire de Nysse a donnée de l'homme ; savoir — que l'homme est un être qui a la faculté de se repentir. — M""^ de La Val- lière, ayant la résolution de mettre entre elle et le monde une barrière insurmontable, n'était pas de nature à chercher le derni-jour douteux entre le boudoir et le sanctuaire, » ni cette mélancolie des âmes tendres et vertueuses, station entre deux mondes, comme a dit une dame célèbre ^, où l'on sent encore ce que cette terre a d'attachant, mais où l'on est plus près d'une félicité plus durable. » M""" de La Vallière était cause que tout était mort pour Marie-Thérèse en affec- tion conjugale ; aussi estima-t-elle que c'était justice de de- venir une morte à son tour. Quand elle sera entrée chez les Carmélites, et qu'à la fin de son noviciat, elle aura prononcé ses vœux, elle sera morte au monde pour toujours ^. Celle lellre commence ainsi La duchesse de Vaiijours, impatientée de ce qu'on ne s'occupoit plus d'elle, et peu satisfaite de la considération dont elle jouissoitàla courdepuisqu'elle avoit sacrifié sa réputation à la gloire d'être mai- tresse du roi, vient de donner unecomédiefortplaisanteà la der- nier, aviint de se rendre aux Carmélites de la rue Saint-Jacques, elle fit ses adieux à la reine en pleurant et lui demanda pardon publiquement des cha- grins qu'elle lui avoit donnés et du tort qu'elle lui avoit fait. La maréchale de La Mothe lui fit observer, qu'elle ne devoit pas s'exprimer ainsi devant tout le monde; elle lui répondit que comme ses crimes avoient été publics, il falloit que la pénitence le fût aussi. La reine la baisa au front, et l'assura qu'elle lui pardonnoit. Satisfaite d'avoir obtenu le pardon qu'elle avoit l'or- gueil de demander publiquement, elle sortit de chez la reine, appuyée sur le bras de M'" de La iMothe » M. Arsène Houssaye qui cite celle lettre, dit qu'elle n'est pas signée, ni d'une écriture connue. iH"e de La Vallière et M"'^ de Moniespan, p. 228. * M"» de Kriidner. 2 Aussi Gregorio Leti, disait-il, dans son Teatro G, illico La duchessa de La Valiera morta ai mondo per sempre. » t. II, p. 112. 34 530 ' MADAME DK LA VALLIÈUE M**^ de La Valliore se rendit aux Carmélites le 20 avril 1674. C'était un événement en quelque sorte national; aussi les plus grands personnages de la cour y assistèrent. Lorsque la duchesse de La Vallière baisa pour la dernière fois, dans un embrassement inénarrable, les deux enfants de ses entrailles, M"" de Blois et le comte de Vermandois*, qui ne comprenaient rien à la retraite de leur belle-maman ^ et que M'"" Colbert attendait pour les ramener, lorsque restée seule, après le départ des dames et des cavaliers qui l'avaient accompagnée, elle eut passé le seuil du cloître pur se jeter aux pieds de la prieure, et pour lui dire Ma mère, je viens remettre entre vos mains, pour ne la plus reprendre, ma volonté dont j'ai fait un si mauvais usage toute ma rie 3, » il y avait un hommage public, rendu devant la France entière, à des institutions qu'on avait méconnues *. La première action de. M"e de La Vallière, en pénétrant dans l'intérieur du couvent de la rue Saint-Jacques, avait été de s'aller prosterner au pied des autels, de s'y dépouiller d'une parure superbe dont elle s'était vêtue à dessein pour la dernière fois, et de la donner à l'église ^. La pécheresse repentante y offrait sa vie à Dieu; le sacrifice était entier. Tout ce qut avait rempli la période de 1661 à 1667 était désavoue. En tout temps une réception de carmélite est un acte grave, mémorable et austère. Ces maisons étranges dont toutes les ouvertures, sauf une porte blanche, sont murées, dont fenêtres du rez-de-chaussée, fenêtres du premier étage, 1 Li 20 aprile nel convenlo del Garmelitane seaize, accompagnata dal suo figlivolo e dalla figlivola. — Tealro gnlluo, t. II, p. 89. LeUre do M""= de Sévigu*; du 12 janvier 1674. 3 Lettre circulaire de la sœur Mideleiae du Suint-Esprit, prieure des Car- mélites de Paris en 1710. * Passata dal Duca di Montosior, governatore di questo Delfino dopo es- potogli il suo pensiere licbbe in ritposta Madama, queslo c un' Esempio délia maggiore edificalione clie putra farsi nel inonda, e mi maraviglio che iina Dama di cosi graa spirilo hab'tia tanlo ritardalo a iigliar lai santa risolutione. Tealro gai lico, t. II, p. 90. ' Gregorio Leti, Tealro Gallico, t. I, p. 89. CHAPITRE SEPTIEME 331 lucarnes du grenier, soupiraux des caves, tout a été fermé par la main du maçon *, •» ces maisons ne paraissent avoir rien d'attirant ; et c'est grand événement quand une femme, qui sacrifie quelquefois beauté, jeuneese, jjrillant avenir, fortune, haute naissance, s'en va habiter ces lugubres de- meures, ce tombeau de vivantes. L'entrée de M""^ de La Vallière aux Carmélites avait, outre celle-là, une autre signification. Non-seulement elle venait prendre place parmi ces héroïques femmes, membres d'honneur de la fa- mille humaine, qui portent dans leurs mains pures le dra- peau du spiritualisme chrétien ; son admission parmi les carmélites était aussi une protestation contre sa gloire anté- rieure. Elle déclarait qu'elle venait chercher la vraie vie après avoir vécu de 1^ vie fausse les honneurs dont elle avait joui pendant douze années n'étaient que boue et crime ; elle en faisait son med culpd devant le monde entier. Il y a deux jours que je suis ici, écrivait-elle à un ami, le 22 avril 1674, de sa cellule de la rue Saint-Jacques ; j'y goûte une tranquillité si pure et si parfaite que je suis dans une admiration des bontés de Dieu qui tient de l'en- » thousiasme. Mes liens sont rompus par sa grâce ; et je vais » travailler sans cesse à lui rendre toute ma vie agréable, » pour lui marquer ma reconnaissance. Je n'entrerai dans aucun détail aujourd'hui ; il vous suffira de me savoir en ' Un moderne traçait ainsi le tableau de ces maisons Nul ne pénètre dans ce tombeau, sinon le médecin. Seule une chapelle est ouverte à la piété ou plutôl à la curiosité et à la pitié publique; cette chapelle ne laisse rien voir de l'intérieur mystérieux et redoutable de l'étrange demeure; on n'a- perçoit que des grilles derrière lesquelles passent dans le lointain des ombres, des grilles dunt les losanges étroites sont armées de pointes; un siège duquel le confesseur communique avec les recluses par une sorte de crible dont les ouverture,*, calculées pour laisser passer la voix, le sont aussi pour empêcher de voir les traits du visage. La communion se donne par un guichet qui laisse paraître à peine une bouche qui s'ouvre et une langue qui s'avanoe pour recevoir l'hostie. Et quel régime? jamais de viande, jamais de vin, jamais de bas ni de souliers; en toutes saisons, elles vont nu-jambes et nu-pieds sur les dalles froides; point de lit, car on ne peut guère donner ce nom à ces instruments en bois... 332 MADAME DE LA VALLIÈRE » sûroté ; remerciez Notre-Seigneur pour moi , je le prierai » avec ardeur pour vous. Faites quelques compliments à M. de Grenoble, de la demi-penitcnte *. » Que de cœurs attendris, que de larmes coulèrent lorsqu'on vit M'"'' de La Vallière à la cérémonie de la véture, prendre le voile ordinaire de la novice sous le nom de sœur Louise de la Miséricorde ! En présence d'une grande multitude, dit un écrivain du temps, elle reçut l'habit bénit par l'archevcque de Paris. Ensuite elle se retira avec les reli- gieuses, prit le cilice, mit l'habit blanc de laine grossière sur la chair, et, nus pieds, avec des sandales, elle retourna devant l'autel-. » Au moment où ses cheveux blouds, si ad- mirés, tomljèrent sur les dalles, une pitié douloureuse s'était x^einle sur le visage de tous les assistants ^. » Je fus bien touchée, dit la princesse Palatine, de voir cette char- mante créature prendre une pareille résolution, et, lors- qu'on la mit sous le drap mortuaire, je me mis à pleurer si amèrement que je ne pus me laisser voir davantage ^. Toutefois, lorsque M" de La Vallière eut franchi le seuil du cloître, les premières impressions du public furent très- diverses. Quant aux religieuses de la rue Saint- Jacques, elle les étonna par le peu de ménagement qu'elle avait pour elle-même, comme elle avait déjà surpris étrangement ceux qui l'avaient vue dans le monde. Tout accoutumées qu'elles étaient à de pareils sacrifices, elles ne pouvaient s'empêcher > Lettre au maréchal de Bellefonds. 2 lu preseriza d'una moltitudino i>en grande di popolo, riceve l'abito ma rilirata'/â poi da parte con le sole iiionache preso il cilicio, spogliata délia camicia islessa vesti l'abito bianco di panne rozzo a carne nuda, e nudi piedi con sandali, e ritornatainnanzi l'altare. » {Tealro Gallico de Gregorio Leti, t. II, p. 88-89. 3 La duchesse de La Vallière, par R. Clément, de l'Institut, p. cxx. ^ Sans attendre la fin de son noviciat, et le jour même de son entrée dans le cloître, elle lit couper ses cheveux autrefois l'admiration do tous ceux qui ont parlé de sa personne. L'arbre cliarmant ne voulut pas attendre le ferme de la saison sacrée, et il avait lu'ite de se dépouilkT de sa dernière couronne. • {Saillie- Beuve. ' Correspondance compirle, t. Il, p. ll'J. CHAPITRE SEPTIÈME 533 de l'admirer, et il n'y en eut aucune qui ne jugeât que des commencemeats si fervents et une correspondance si fidèle aux premières grâces dont Dieu avait Lien voulu la favo- riser, seraien£ suivis d'une persévérance à l'épreuve de tout ce qui pourrait s'y opposer. • Les gens du monde en jugeaient d'une manière bien .différente; ils la regardaient comme la victime d'une mo- rale outrée qui ne ménageait rien, et qui exigeait de la fai- blesse des hommes ce que Dieu lui-même n'en demandait pas. D'autres ne pouvaient s'empêcher de craindre que sa santé et la délicatesse de son tempérament ne fussent pas à l'épreuve des austérités qu'elle allait embrasser. Quelques- uns même lui prédisaient des repentirs, des dégoûts, de tristes retours vers le monde qui troubleraient la tranquillité de sa vie. Pour M°"^ de La Yallière, elle-même, elle était persuadée que l'unique moyen d'apaiser la colère de Dieu était de s'engager dans une pénitence qui ne finît qu'avec sa vie, et qu'il n'y avait que la profession qu'elle embrassait qui con- vint aux sentiments que Dieu lui avait inspirés. C'est ce qui lui faisait dire Je ne sais si ma vie pourra plaire à Dieu, et si la satisfaction publique que je veux lui faire trouvera grâce devant lui; mais je sais bien que j'ai frappé à la seule porte qui m'était ouverte, et que je ne pouvais rentrer que jarlà dans la paix de Jésus-Christ i. » Mais il faut se hâter d'arriver à la célébration de la cérémonie qui devait, l'année suivante, d'après les statuts, consacrer à jamais la réconciliation et l'embrassement de Marie-Thérèse et de M""^ de La Yallière. 11 faut raconter cette scène mémorable de la rue du Faubourg-^aint- Jacques, où la jeune duchesse devint définitivemefit l'idole des généi-ations sensibles, et comme la statue de la pudeur repentante. » Franchissons ' Voir le Récit abrégé de la vie pénitente de M'^' de La Vallière, Paris, clicz Savoie, 1754 , page 20. S34 MADAME DI'] LA VALLIEHK ces retarJeinents *, ces plaisanteries moqueuses -, ces règle- ments de fortune^, ces oppositions sysLématiquesde la cour^ 1 Bossuet écrivait de Saint-Germain-cn-Layc , le 25 décembre 1G73 M"" la duchesse de La Vallière m'a oblige de traiter le chapitre de sa vo- cation avec M'"°de Montespan. J'ai dit ce que je devais, et j'ai, autant que j'ai pu, fait connaître le tort qu'on aurait de la troubler dans ses bons des- seins. On ne se soucie pas bi aucoup de la retraite, mais il semble que les Carmélites font peur. On a couvert, autant qu'on a pu, cette résolution d'un grand ridicule. J'espère que la suite en fera connaître d'autres idées. {Lelire au maréchal de Bellefonds. * M"> de Sévigné raillait la pécheresse repentante • M^^ de La Vallière ne parle plus d'aucune retraite; c'est assez de l'avoir dit. Sa femme de chambre s'est jettée à ses pieds pour l'en empêcher; comment résister à cela? . {Lettre du lo octobre 1673. — Ce qui faisait naître la défiance de M™» de Sévigné, sur les femmes qui restaient dans le monde après leur con- version, et qui semblaient aspirer à la gloire de lui servir d'exemple et de modèle, c'est, dit M. Walckenaër, la comparaison qu'elle faisait d'elle avec ces grandes pécheresses, dont la subite transformation, opérée par une grâce toute divine, excitait à la fois sa surprise et son admiration. Les railleries de M^e de Sévigné font voir qu'elle croyait peu à la sincérité de certaines con- versions, malice était excitée par ces femmes, qui, après avoir été célèbres par leurs aventures galantes, se faisaient remarquer par leur grande dévotion, mais c'était de cette dévotion fastueuse qui s'ajinonçait à tous par l'absence du rouge, par de grandes manches, et une mise particu- lière, par une affectation de pratiques rigoureuses, par un grand renfort de directeurs et de confesseurs. V. Mémoires sur 31""' de Sévigné, par Walcke- naër. 4" partie, p. 216 » D'après M. de Condom et d'après Gregorio Leli, Colbert, qui avait sans doute des ordres, créait dans le principe des difficultés pour les affaires tem- porelles de la duchesse. Sa fortune passait pour être considérable. Elle avait possédé notamment à Versailles, un terrain où elle avait fait élever un pavil- lon donnant sur la rue de la Fompe. Louis XIV racheta ce terrain en 1672 pour y faire construire les écuries de la reine. Le pavillon dont il s'agit sert aujourd'hui de magasin pour les grains de la guerre. Histoire anecdolique des rues de Versailles, par M. Le Roi. J'ai eu communication, par M. le duc d'Uzès, de deux pièces écrites de la main de Louis XIV ; le roi y donne ordre à. l'intendant du comte de Verman- dois, à la date de 1674, de remettre livres pour la liquidation des affaires de M""= de La Vallière, ïe rendant aux Carmélites. Toujours est-il que Colbert, qui était alors tout dans les intérêts de M™» de Montespan, ne lirait d'affaire M"'" de La Vallière que fort lentement, au rap- port de Bossuet. On voit par les É\als du comptant de l'année 1673 Archives de l'Empire, K. 119 que Louis XIV donnait, pour " l'entrételiement de la maison du comte de Vermandois et de M"'^ de Blois » 80,000 livres, soit, en monnaie d'aujourd'hui, environ 320,000 tr. par an. Il avait donné dans la même année pour achat de vaisselle d'argent, chevaux, carrosses et meubles pour l'éta- blissement de leur maison, 30,000 livres Notice sur M"'" de La Vallière, par M. P. Clément, de l'Inslilut. * S'il fallait s'en rapiiorler à une interprétation qui est contredite par les CIIAPITRI;; SKPriÈME 533 qui regardait la fuite de M""^ de La Vallièro au cloître comme un éclatant reproche jeté à la licence de Versailles *. Franchissons ce jour d'entrée aux Carmélites, en 1674, jour navrant pour tous, excepté pour notre héroïne 2, jour de déchirement, puisque d'après Gregorio Leti, M" de La Val- lière était généralement aimée de tout le monde, à cause de son désintéressement et de sa Lonne nature V^aliera amala generalmente da tutti 3. Le 4 juin 1675, l'église des Carmélites de la rue Saint- Jacques était trop petite au gré des fidèles et des curieux que la cérémonie du jour y avait attirés. On venait voir com- ment une femme délicate, nourrie dans la mollesse des cours, allait se vouer à toutes les mortifications, comment elle savait se punir, comment elle savait se sacrifier et des- faits indiques dans la note suivante, cette retraite de M""' de La Vallière satisfit également le roi et M™" de Wontespan, p'arce qu'après tout, la présence d'une maîtresse abandonnée reprochoit à tous momens au roi son inconstance, et les protestations qu'il lui avoit faites de l'aimer toujours; parce que, d'un autre côté, M""= de Montespan appréhendoit que xM"^ de La Vallière, dont l'esprit lui étoit connu, ne rentra dans les bonnes grâces du roi. » {Les In- trigues de la cour de France, t. II, p. 60,- Cologne, 1693. 1 M™ de La Valliôre écrivait, le 6 décembre 1673, les contrariétés qu'elle éprouvait Je ne sais pas encore quand je sortirai dici. On me fait mille difficultés pour le temps... Vous serez surpris d'apprendre les bruits qui courent dans le monde de ma retraite aux Carmélites. » Lettre au maréchal de Bellefonds. On s'explique pourquoi la cour, notamment M"^ de Montespan et le roi, voyait de mauvais œil cette entrée aux Caruiéliles. Le clioix d'un ordre aussi austère, constituait en quelque sorte un reproche qui retombait en plein sur M"» de Montespan, bien plus coupable à raison du double adultère. M, P. Clément. Étude sur M'^" de Montespan, dans la Revue des questions histo- riques, l" avril 186!^, p. 468. La nouvelle favorite, dit Lamartine, se refu- sait à consentira l'ensevelissement trop rigoureux de l'ancienne; elle trou- vait l'exemple trop auslère et trop périlleux pour elle-même. De là, les perplexités douloureuses exprimées par la duchesse de la Val- lière elle-même dans ses lettres au maréchal de Bellefonds, peu de temps avant son entrée en religion il faut que j'importune le maître et vous savez ce que c'est pour moi. .. il faut que je parle au roi, et voilà toute ma peine » 8 février 1674. Ainsi, M° de La Vallière ajoutait à ses tristesses l'ennui d'avoir à solliciter l'agrémeat du roi, qu'il n'était pas commode, à ce moment, d'obtenir. 2 L'abbé de Fromentières, depuis évéque d'Air, prononça le discours à la cérémonie dite de la vèture. ' Teatro Gallico, t. Il, p. 133. 536 MADAMF. DE LA VALLIERE cendre vivante dans le toniJjean. Cotait comme le dernier acte d'nn drame intime, qui, commencé dans les renonce- ments les plus terriLles pour une femme, dans les conditions surtout où se trouvait M"'" de La Yallière, s'achevait dans les vœux solennels, dans ces serments irrévocables qui met- tent le sceau à une séparation éternelle et consacrent une décision humaine de tout le poids irrévocaljle de l'immua- hilité de la tomjje ^ D'abord M"'"' de La Vallière avait dû, le cœur tout saignant, aviser à ces préliminaires pénibles, que supposent toujours les démarches importantes, et qui, simples avenues du sacrifice, sont souvent plus déchirants que le sacrifice lui-môme. M""^ de Montpensier, qui vit tous ces apprêts, ces adieux, ces adoptions de vie nouvelle, ces transplantations de la cour de Versailles dans le cloître, n'a pas l'air de soup- çonner à travers quelles sensations émouvantes se produisit alors le déchirement des fibres. Voici avec quel sang-froid elle raconte ce qui se passa, comme si on ne sentait que ce qui est exclusivement personnel Enfin M^'^ de La Vallière se mit auxCarmélites, et s'y retira un jour que le roi partait jour un voyage. Elle entendit la messe du roi, monta dans son carrosse, alla aux Carmélites ; j'allai lui dire adieu le soir chez M'-"° de Montespan, où elle soupait. Elle prit l'ha- bit pendant que la cour était dehors, et, au bout de l'an, elle fit profession où la reine alla, et j'eus l'honneur de l'y accompagner. Depuis ce temps-là on n'a plus parlé d'elle ^.w C'était, de la part de M"e de Montpensier, parler d'une ma- ' Ce n'était iilus le temps des facéties du duc de Roquelaure. On avait plaisanté de la première fuite de I\l" de La Vallière au couvent de Saint- Cloud, et dans laquelle il y avait eu des larmes de part cl d'autre. Louis XIV, accouru à la grille du monastère, avait pleuré. M"'-' de La Vallière, interpellée par le roi, avait voulu répondre; mais ses pleurs répondirent pour elle. Quelques religieuses présentes à celte tendre scène, n'avaient pu aussi s'em- pêcher de tirer leur mouchoir. es effrayées de ce qu'on viole leur refuge, M™» de La Vallière échevelée, qui se jette aux pieds de la croix, tout cela fit eflet. Ce tableau fut gravé par Gudin et Chaponnier, d'après un dessin du peintre. M™" de La Vallière toute noyée dans sa chevelure, dit M. Arsène Houssaye, est une figure charmante qui rappelle les créations de Lawrence. •• Elle ne sera plus mèliie aux événements du dehors; elle ne fournira plus d'aliment aux nouvellistes comme en 1607 • Nouvelles vinrent, dit d'Ormesson en 1607, que la reync; estoit mandée d'aller à Avesnes, où le roy se rcndoil... chacun fait des commentaires sur ce voyage; on dit que c'est pour recevoir des places qui veulent reconnoistre la reyne. M''" de La Yal- lière y a esté aussi, et l'on a prétendu qu'elle n'estoit pas mandée. — Jour- nal d'Ormesson, t, II, p. 507.; CHAPITRE SEPTIÈME oi9 gue se turent ; la belle église de la rue Saint-Jacques rede- vint silencieuse, la communauté s'en retourna en deux lignes; le voile impénétrable s'abaissa sur la grille, derrière laquelle disparaissent les religieuses. C'en était fait, la reine regagna son palais, partagée entre l'admiration et les pleurs. .M™'^ de La Vallière, la timide fille d'honneur, chantait son Super flumina Babijlonis, elle venait de ceindre sa couronne d'é- pines. Elle abdiquait sa propre vie, parce qu'elle avait jugé que la mort seule opérerait sa religieuse et sociale réhabi- litation. Elle avait marché par des chemins semés de fleurs, traînant l'or et la soie; elle voulut gravir les âpres sentiers du Carmel. M"*^ de La Vallière retrouvait dans ces déserts des com- pagnes de pénitence et d'austérité Judith de Bellefonds, la prieure; M"'' d'Épernon, qui avait refusé d'être reine de Pologne. D'autres viendront bientôt l'y joindre M""^ Stuart, M'' du Janet, etc. La reine surtout viendra visiter sœur Louise de la Miséricorde et passer des heures entières avec elle. Les luttes sont finies ; les deux rivales se rapprochent; Après leurs destinées brisées, la reine et la duchesse ne pouvaient retrouver le calme qu'en Dieu. Ce qu'allait devenir sœur Louise de la Miséricorde, et que l'histoire va redire, touche et attendrit. Elle marchera à pas de géant dans sa nouvelle carrière, priant, souffrant, aimant, se purifiant, se perfectionnant ; elle édifiera tous ceux qui la verront ou l'entendront; et cela pendant trente- cinq années. En un mot, elle ^dvra et elle mourra comme une sainte ; c'est pourquoi M" de La Vallière va grandir dans l'estime des honnêtes gens et dans l'imagination populaire. Bossuet fit d'avance son oraison funèbre, le jour de sa pro- fession. L'illustre prélat avait écrit à la mère Agnès de Jé- sus-Maria la joie sensible qu'il éprouvait de pouvoir porter à cette âme d'élite une bonne parole *. * Lettre du 19 mars 1673. Bossuet dit encore dans cette lettre , de .M""» de La Yallière, qu'il n'avait pas vue depuis quatre mois - Selon ce qu'on peut oSO MADAME DE LA VALLIl-RE C'est de M"'*' de La Vallière, considérée à ce moment de sa vie, qu'un écrivain moderne a dit Dans quel généreux esprit, M"*^ de La Vallière, au moment où elle renonce au monde, prie Dieu d'enchaîner sa vaine gloire et son ambi- tion, qui, comme des chevaux furieux, dit-elle, entraînent son âme dans un précipice. Terrible attelage, en ellet, que celui de nos passions! Gomme elles nous emportent malgré nous ! On voudrait ar- rêter, enrayer, dételer non ! non ! jamais on ne dételle, — que pour changer de passions ! — Une passion chasse l'autre, » disait l'abbé de Ghoisy. — Ce sont des relais éche- lonnés sur toute la route de la vie. Chaque poste, chaque âge a les siennes à la jeunesse, l'amour, la jalousie; à l'âge mûr, l'ambition, la haine; à la vieillesse, l'envie ou l'ava- rice, la gourmandise ou la luxure; oh! les indomptables coursiers ! Que Platon a raison de les nommer farouches ! Mais Platon ne parle que de deux coursiers dans l'attelage de notre âme; nous en avons bien plus, tantôt trois, tantôt quatre, qui nous précipitent, nous rouent, nous brisent le corps et le cœur ! Plus l'attelage est nombreux et rapide , plus vite on touche au but, qui est la mort. Combien il se- rait préféralle d'aller à pied tranquillement, entre l'étude et l'amitié I Mais si par hasard on met pied à terre, ce n'est que pour quelques minutes, — le temps de changer de chevaux. » M'"" de La Vallière, cependant, avec le secours de son ami le maréchal de Bellefonds et de son directeur Bossuet, mit pied à terre et se tint à la croix. Après sept années de bonheur coupable, et après sept autres années de jalousie, de tourments, d'humiliations sous les pieds de sa triomphante rivale, M""*-* de Montespan, elle trouva enfin la paix dans trente-six années de réclusion juger, cetto âme sera un miracle de la grâce... Dieu a jeté dans ce cœur le fondement de grandes choses. » ClIAPITRR SEPTIÈME 531 austère, de dure pénitence et d'élévations mystiques. Elle eut d'abord quelque peine à mourir au monde entrée au cloître lorsqu'elle n'avait pas trente ans, dix ans après encore, le 1 1 juillet 1684, elle écrivait ces énergiques paroles Je me sens toute vivante dans le cercueil de la pénitence. » Mais à la fin les derniers flots de la passion humaine s'apai- sèrent au fond de son cœur, et dans l'austérité elle goûtera le repos jusques à la béatitude *. On ne peut, toutefois, s'arracher à cet'e dernière scène qui sépara M™^ de La Vallière du monde, en la réconciliant avec Marie-Thérèse d'Autriche, sans établir un rapproche- ment entre la femme de Louis XIV et la princesse danoise qui épousa Philippe-Auguste en 1193, 11 y avait, dans la princesse espagnole, bien des similitudes de nature et ^e destinée avec la belle et infortunée Ligeburge de Danemark '^. Il est vrai que Louis XIY ne demanda pas le divorce, comme Philippe-Auguste. A Versailles, c'eût été non au roi, mais à la reine, à demander la séparation. On sait les tristes points de ressemblance. Si, au xu siècle, la cour de France avait vu simultanément deux reines; si la sœur du roi de Danemark eut la douleur d'apprendre que son royal mari, malgré la sentence de Rome, n'avait pas craint de contrac- ter, de son vivant, un autre mariage, et d'épouser Agnès de Méranie, fille de Berthod, duc de Méranie, descendante de l'empereur Gharlemagne, à quels spectacles, à son tour, à quelles simultanéités la fille de Philippe IV n'avait- elle pas été contrainte d'assister , depuis qu'elle avait épousé son cousin ? Pour se borner à M"" de La Vallière, Louis XIV n'avait-il pas agi comme s'il y avait eu deux reines en France, ou comme si un autre oncle du roi, et archevêque de Reims, eût prononcé, dans une autre as- ' M. ÉmWeDeschaine], Réflexions criliqurs. ' Voy. le beau mémoire de M. Hercule Géraud sur Ingeburge {Bibliothèque de l'école des Chartes, t. J, 2" série, p. 8, — el les Femmes célèbres de l'ancienne France, par M. le Roux de Lincy, p. 236. ooî MADAME DE LA VALLIKIU' semblée de barons et de prélals à Gompiègne, ce que Guil- laume prononça dans cette ville, le 5 novembre 1 193, quand il lâchait la bride à son royal neveu, en cassant son mariage, pour une prétendue raison de parenté entre les deux con- joints, raison cherchée après coup et que l'on crut avoir trouvée. Le sort de ces deux princesses intéresse également. Toutes les deux souffrirent, pour conserver intacts les droits du mariage * ; n toutes les deux éprouvèrent la brutalité et l'inconstance de leur mari l'une, par la répudiation et par la prison; l'autre, par son abandonnement relatif et par l'é- clat donné aux infidélités de son époux. Un drame moderne '^, voulant approfondir la situation respective d'Ingeburge et d'Agnès de Méranie, met ces deux femmes en présence, après les agitations de cœur les plus vives de part et d'autre. — Que voulez-vous? » demande Ingehurge. — Agnès répond Vous demander pardon 1 Pardon de vos douleurs et de voire abandon. > Je sais tout à celte heure Et devant vous, ô reine, Agnès s'incline et pleure ! • Et comme Ingeburge, appelée i^eine, se récrie, et répond qu'elles sont deux rivales Non, reine, mais deux vic- times, » ajoute Agnès de Méranie. M™ de La Vallière en disait autant, en 1674, à-la reine de France. M""*^ de La Vallière et Marie-Thérèse se réconcilièrent, comme le porte fait se réconcilier Ingeburge et Agnès. La princesse espagnole disait aussi à l'aspirante carmélite du XYii*^ siècle • 0 ma sœur d'infortune, en mes bras! en mes bras! > Ingeburge et Marie-Thérèse d'Autriche, en acceptant leurs douleurs, furent toutes deux la royale rançon des épouses futures. » M"' de La Vallière pouvait tenir, devant • Expression d'Ingeburge, dans sa lettre au pape Innocent III. Les deux Heines de France, drame en quatre actes de M. Ernest Legouvé, de l'Acadi'mie française musiijue de Cii. Gounod. CHAPITRE SEPTIEME 553 la jeune reine du xvii" siècle, le langage que le comte de Landresse adresse à la princesse danoise Oui! vous représentez le lien conjugail Du divin sacrement votre nom est l'égal! De votre sexe entier, vous défendez la cause! Et vous ne pouvez pas, quoi que sur vous l'on ose. Déserter votre droit, car il n'est pas à vous Déserter vos malheurs, car c'est le bien de tous *. ! L'histoire se doit à elle-même de bien définir, à cet en- droit, le personnage de M™" de La Vallière. Elle avait tou- ché jusqu'ici à la célébrité par des triomphes pleins de scandales; mais, dans la nouvelle phase de sa vie, elle arrive à la grandeur, et les proportions de l'héroïsme viennent s'appliquer à ses actes et à ses déterminations. Quand on voit une femme qui, dans un jour de faiblesse et d'entraî- nement, avait oublié la sainte loi du devoir, se soumettre volontairement, par sa propre et libre initiative, au régime d'une sévère pénitence, s'assujettir, pour se punir d'une faute commise, à d'incroyables expiations ; quand on reflé- chit surtout qu'on a devant soi les austérités, les pleurs, les mortifications d'une créature qui traînait avec elle la sensi- bilité d'une enveloppe corporelle exceptionnellement tendre, délicate et frêle, et qui néanmoins accabla la nature sous d'inimaginables renoncements, n'est-ce pas le devoir de l'historien d'égaler par la grandeur des appréciations la grandeur des choses? Il y a plus qu'une femme dans M'"*' de La Vallière, après qu'elle eut montré au monde comment elle entendait le repentir, qu'elle eut adopté les pénitences de sa vie nouvelle; il y a une héroïne, il y a une sainte. C'est pourquoi l'historien consignera ici et répétera un hommage rendu par lui à M™** de La Vallière, en une autre circonstance, dans un de ces cercles de création récente "^. • Les Deux Ueines, 4' acte, scène xi. * On sait la nouvelle création de ces conférences publiques, salle Valentino, Vauxhall, etc., où l'on a entendu MM. Jules Favre, de Broglie, Laboulaye, Saint-Marc Giranlin, Jules Simon, F. Passy.... Dès 1842, il existait des cercles, où péroraient Lacordaire, Ozanam, l'abbé Bautain, etc. g54 MADAMIÎ DI- I A VALLIÈRI' On permettra, par conséquent, à la parole écrite de prendre le ton d'animation qui est propre à la parole parlée. Si c'était simple justice, en 1851, de célébrer, devant un public ému et pénétré, la sublimité de décision par laquelle M'"^' de La Vallière se jeta vaillamment de la cour dans le cloître, pour noyer et effacer sa culpabilité dans les macérations et les larmes, pourquoi ne pas redire, dans un li^Te, ce commen- cement des choses de 1671 et 1G75, où une duchesse se résolut à supporter, en privalions et angoisses, tout ce qu'une force mortelle peut supporter ? Nous nous écriâmes donc, dans une conférence tenue en 1851, à propos des beaux types du repentir chrétien M Au xvn'' siècle, la duchesse célèbre que nous avons sur- nommée la Madeleine moderne, la duchesse de la Vallière. s'honora par sa pénitence. Il faut plaindre Louise-Françoise de La Beaume-le-BIanc, duchesse de La Vallière, d'avoir été lancée, jeune et belle, dans le périlleux torrent de la première cour du monde; il faut la plaindre d'avoir laissé sa vertu faire un scandaleux naufrage devant le prestige de Louis XIV. Il faut la plaindre ; mais il faut l'admirer de s'être faite carmélite, d'être devenue la sœur Louise de la Miséricorde. Est-ce que trente-six années d'expiation, aussi pleines que les autres avaient été vides, ne donnent pas droit au pardon des hommes? L'égarement expié par le repentir ne doit-il pas trouver grâce devant nous, quand il s'est effacé devant la miséricorde divine? Quel siècle que ce dix-septième siècle ! Si l'observation des éternels devoirs venait à vaciller momentanément, le sentiment de la responsabilité morale engagée ne s'éteignait pas pour cela ; le jour de la pitié di- vine brillait enfin, l'on poussait son cri de résurrection ; des passions trop caressées étaient brisées sous le cilice , et les souvenirs d'un passé pénible venaient s'évanouir et dispa- raître dans les splendeurs d'une vie nouvelle, remplie de saints et d'héroïques exemples. 0 femme, qu'il dut vous en coûter pour rompre le charme qui vous retenait captive de CHAPITRE SEPTIEME 5c5 la magie de Versailles I Quels combats terribles durent se li- vrer dans votre cœur le monde et l'attrait divin I On ne rompt pas facilement des habitudes où la nature et la vanité ont une si large part, et, quand une fois elles ont pris ra- cine dans notre existence, on ne saurait les en arracher sans faire une immense blessure. Oui, sainte carmélite, vous avez remis à votre front^l'auréole divine, que les périls de votre jeunesse en avaient fait tomber. Les grandes clartés de la foi vous désabusèrent, et ce sera votre éternel honneur d'avoir supporté, dans un corps délicat de femme, habitué aux molles délices des cours, l'austérité, la mauvaise nourriture et l'isolement absolu du cloître. Qui n'éprouverait une émo- tion profondément religieuse, en contemplant cette vie de la duchesse de La Vallière, vie de sublime repentir, atten- drissante invocation][adressée, durant trente-six années de pénitence terrible, à la jpitié céleste? Ce spectacle d'une femme délicate et mondaine, dont les yeux ont pu contenir , tant de larmes pour pleurer] ses péchés, doit nous remuer dans le sanctuaire le plus intime de notre âme. » On va rapporter, dans le chapitre suivant, les progrès de M°'^ de La Vallière dans sa vie nouvelle, et la continuité de ses communications avec la reine. CHAPITRE IIUITIÈMl- Nouveauté de vie adoptée par la duchesse de La Vallière. — Concours de curieux à la rue Saint-Jacques. — Visites reçues par M"' de La Vallière. — Visites de la reine Marie-Thérèse. — Fusion et intimité de ces deux femmes, depuis la réconciliation de 167o. — Plusieurs points de ressem- hiance entre elles. — L'amour de la légalité. — Communauté de la souf- france. — Vie réglée et charitable de — Création de l'hô- pital de Saint-Germain en Laye. — Retour sur les circonstances de la conversion de M'"* de La Vallière. — Elle était de la vieille tradition fran- çaise, — Le maréchal de Bellefonds. — Certaines amitiés légitimes d'hommes et de femmes. — Étonnante énergie de M"' de La Vallière dans la pénitence. L'antagonisme primitif, entre la reine et M"'' de La Vallière, se changea en une sainte amitié, vive de part et d'autre. Un moderne, retraçant, d'après les Mémoires, la parure qu'avait choisie M"" de La Vallière pour la fameuse journée chez Fouquet en 1661, la dépeint ainsi à l'âge de dix-sept ans Sa robe était Llanclie, étoilée et feuillée d'or, à point de perse, arrêtée par une ceinture bleu tendre, nouée en touffe épanouie au-dessous du sein. Épars en cascades ondoyantes, sur son cou et ses épaules, ses cheveux blonds étaient mêlés de fleurs et de perles sans confusion, grosses émeraudes rayonnaient à ses oreilles. Ses bras étaient nus ; pour en rompre la coupe trop frêle, ils étaient cernés au-dessus du coude d'un cercle d'or ciselé à jour; les jours étaient des opales. Un peu blanc-jaunes, comme il était riche alors de les porter, ses gants étaient en dentelle de Bruges, mais d'un travail si fin, pie sa peau n'en paraissait CHAPITRE HUITIÈME S57 que jjIus rose sous la transparence *. » Il s'en fallait que, dans la nouvelle^ période du règne, M""^ de La Vallière se présentât avec de telles toilettes. Bien des tempêtes étaient passées sur cette destinée fémi- nine ; enfin elle avait trouvé un port. Que les temps et les parures étaient changés 1 M™"^ de La Vallière portait alors l'habit entier des Carmélites; sans compter le cilice, elle avait ce qu'on appelle guimpe en France et toque en Espagne, qui couvre la gorge et la poitrine; la robe brune; le scapulaire, autre habit brun; une ceinture de cuir très- commun ; le chapelet pendant à la ceinture; puis le manteau blanc, pour les offices du chœur, retenu par iine agrafe ou petite bobine de bois blanc. M™e de La Vallière avait de- mandé à Dieu un cœur nouveau ^ ; » des dégoûts parti- culiers ^ l'avaient déterminée à vivre en Dieu, à se condamner à la solitude et à la pénitence. Elle avait abandonné tout; ce qu'elle aimait, dit Bossuet, elle ne se réserva que Dieu seul, » et elle retrouva la paix, l'ordre et le repos*. Femme héroïque, elle avait brisé tous ses liens; femme coupable, elle se réhabilita ;' cœur brisé, elle fut consolée. M"*" de La Vallière était entrée, d'une manière sérieuse, * Les Châteaux de France, par Léon Gozlan, in-12, 2» série, p. 217. * Voy. Réflexions sur la miséricorde, par M™ de La Vallière. ^ Ibidem. * D'après l'abbé Lequeulx, M^^ de La Vallière, longtemps avant d'èlre Car- mélite, aurait eu un songe relatif aux Carmélites • Quelques années avant qu'elle quittât la cour, dit-il, et dans le temps môme qu'elle était le plus for- tement attachée au monde, elle rêva une nuit qu'étant dans une église qu'elle ne connaissait pas, elle voyait dans une espèce de tribune fort élevée plusieurs religieuses vêtues de blanc qui allaient à la communion avec des cierges allumés, et que tout ce lieu était éclairé d'une grande lumière. Quoique endormie, elle s'occupait du bonheur de celles qu'elle croyait voir, et demeura à son réveil fort frappée de ce spectacle qui s'était passé dans son imagination. iMais elle fut encore plus surprise lorsque la première fois qu'elle entra aux Carmélites à la suite de la reine, elle reconnut ce même lieu qu'elle avait vu en songe. » Il est inutile de discuter ici la théorie des songes; est-ce l'auteur Lequeulx qui a rêvé? est-ce M'" de La Vallière? Toutefois, il ne serait pas impossible qu'il y ait des circonstances vraies dans ce qui est dit de ce songe. ^iS MADAME DE LA VALLIERE aux Carmélites ; et dès les premiers jours, elle mena rude- meat sa vie de pénitence pour la continuer jusqu'à son dernier soupir. M"'' de Montpensier, occupée d'autres soucis, y fit peu d'attention. Elle prit l'habit pendant que la cour » était dehors, dit-elle, et au bout de l'an, elle fit profession, » où la reine alla, et j'eus l'honneur de l'y accompagner. De- » puis ce temps-là, on n'a plus parlé d'elle. Elle est uue fort » bonne religieuse et passe présentement pour avoir beaucoup » d'esprit la grâce fait plus que la nature, et les eflets de » l'une lui ont été plus avantageux que ceux de l'autre. Il est » difficile que les chagrins ne fassent pas avoir des retours à » Dieu. Comme j'ai toujours beaucoup aimé les Carmélites et que j'y ai été souvent, je me mis à y aller encore plus qu'à » l'ordinaire*. » Toutefois, tout le monde n'avait pas la dis- traction de M"'' de Montpensier, et cette nouveauté de vie de la duchesse de La Vallière, tranchant si fort avec les habi- tudes sensuelles des cours, ne pouvait manquer de devenir célèbre. On vint donc, avec grand concours, rue Saint- Jacques pour être témoin de la transformation , des sévères expiations et de la joie de notre illustre pénitente 2. Il paraît par les Mémoires, que les personnes les plus distinguées dans tous les États avaient un vif et religieux empressement de voir de leurs yeux cet admirable chef- d'œuvre de la grâce, cette femme objet de tant et de si con- sidérables changements. Les nonces qui vinrent en France lui donnèrent des témoignages singuliers d'estime et de vé- nération. Les cardinaux, archevêques et évêques, voulaient connaître par. eux-mêmes un si grand prodige. On rapporte même que l'ambassadeur de Venise ne souhaitait de lui survivre, que pour aller à Rome solliciter en personne la canonisation d'une si excellente rehgieuse ^. Le célèbre abbé de Rancé fut un des visiteurs de la sœur Louise de la ' Mémoires ie M" de Montpensier, édit. Michaud, p. 486. * Abrégé de la viepénitenle de M"» de La Vallière, par Claude Lequ-^ulx. ' Abrégé par Claude Lecjueulx. CHAPITRE HUITIÈME 359 Miséricorde. L'illustre réformateur de la Trappe, qui avait, pour ainsi parler, l'habitude de voir des convertis revenir de bien loiii , et qui était lui-même la merveille de son siècle, trouvait grand intérêt à voir ce qui se passait dans l'âme de la duchesse de La Vallière. Celle-ci, de son côté, ne pouvait que s'animei' à persister dans sa nouvelle ligne de conduite, en considérant l'homme, aux vicissitudes si étranges, qui terminait sa vie dans les austérités et la so- litude 1-. Parmi les visiteurs empressés de la duchesse de La Val- lière, il faut distinguer surtout la reine de France 2, puis- que, d'après un historien, la pieuse Marie-Thérèse d'Au- triche ne punissait la convertie des chagrins que sa con- duite précédente lui avait causés, qu'en lui témoignant une affection singulière, et en venant s'édifier avec elle ^, dans son silencieux séjour. Il faut s'entendre cependant sur les visites reçues par sœur Louise de la Miséricorde. En ce qui la regardait, elle avait fait son entier sacrihce de la ' Chateaubriand a rappelé ces entrevues de l'abbé de Rancé et de la du- chesse de La Vallière. On citera le passage de Chateaubriand, malgré les bizarreries d'idée et de style que le grand écrivain se permettait dans les derniers temps Rancé était mandé par le maréchal de Bellefonds pour voir M"" de La Vallière; il se connaissait dans le mal dont elle était atta- quée Vivez cachée, dit Bossuet à M™^ de La Vallière, dans son discours sur la profession, prenez un si noble essor que vous ne trouviez le repos que dans l'essence éternelle. » • Enfin, je quitte le monde, > écrit M""= de La Vallière elle même; c'est sans_ regret mais non sans peine. Je crois, j'es- père et j'aime. » A^'esl-ce pas, Éinilie? Ce devait être une belle société que celle à qui ce beau langage était naturel Bellefonds, aidé de Rancé et de la lassitude de Louis, appuyait la résolution de la fugitive. Le monde voyait une de ses victimes sous le froc, Rancé, encourager au ciiice une autre de ses victimes. Les Carméiiies étaient remplies d'une population de femmes. On y vivait dans un air qu'avait aspiré et expiré le sein de belles et jeunes com- pagnes » Vie de Rance, liv. m. La reine et la duchesse d'Orléans allaient visiter souvent M"» de La Val- lière au couvent. .M'"" de Sévigné y allait aussi. La marquise parle des visites de la reine La reine a été deux fois aux Carmélites avec Quanlo M"" de Jlontespan.; {Leitre du 29 avril 1676 ' Vie abrégée de -lf'°= de La Vallière, par Claude Lequeulx. — La reine aUait souvent la M""= de La Vallière voir, dit Crawfurd; elle aimait à s'en- tretenir avec elle, et, comme elle disait, à s'édifier par sa conversation. » Notice, p. 33. Paris, 1818. 560 MADAMi DK La VALLlÉi'.E terre entière ; par conséquent, laissée à elle-même, elle aurait voulu rompre sur-le-champ tout commerce avec une créature vivante quelconque; elle se regardait comme morte au monde et ensevelie. Toutefois, ses supérieurs jugèrent sage de lui permettre quelques communications avec le dehors, quelques visites dans les conditions où elles se font au Carrael. Gela pouvait être utile à différents égards au monde, à l'église, aux visiteurs. Pour la duchesse, ce serait une mortification à ajouter à tant d'autres. Lorsque la sœur Louise de la Miséricorde recevait la visite de la reine \ tout un monde de pensées d'autrefois devait se lever dans son cœur de Carmélite, mais pour l'exciter à se punir des fautes qui niar]uèrent ces années heureuses et néfastes de 1G62 à 16G7. Quant à la reine, c'était un autre monde d'émotions qu'elle ressentait dans son âme, en voyant dans son costume de religieuse celle dont, en d'autres temps, la toilette était toute battante d'or, » qui aujourd'hui se châtiait elle-même d'une si rude façon pour avoir offensé jadis l'épouse de Louis XIV -. Il ne se pouvait rencontrer des visites d'ailleurs mieux Sainl-Simon parle aussi des visiles de la reine Marie-Thérèse à M"> M»"= de La Vallière ? Des auteurs pensent que c'était probablement la reine Marie-Thérèse. Voyez Uomain-Curnut, \i;s Confesaiuns de M""' de La Vallière, p. vi. CHAPITRE IIUITIKMF. 3G1 assorties; l'une était la candeur jointe au repentir, et l'autre la femme du devoir, la femme qui se dévoue et s'immole aux nécessités sacrées du foyer domestique. L'une mar- chait au ciel par tous les renoncements à la terre, l'autre en sa qualité d'épouse donnait l'exemple à la France, et en sa qualité de reine pieuse , priait et intercédait pour la France. Il convenait donc parfaitement à ces deux per- sonnes de se rencontrer rue Saint-Jacques. Cela convenait surtout à la magnanimité d'âme de la jeune reine. A elle, qui avait été la femme offensée, et longtemps vouée au mar- tyre des affections trahies, à elle qui savait pardonner et ou- blier, il seyait de venir assidûment auprès de l'illustre et chère recluse qu'elle aimait après avoir souffert par elle. Il appartenait à sa grande bonté, de donner à M"^*^ de La Val- lière des preuves palpables et réitérées de la réalité de la réconciliation. Et si l'on veut demander à une étude attentive et minu- tieuse des faits intimes, dans la période de 1670 à 1680, la révélation des habitudes et des manières d'être de la royale visiteuse de la rue Saint- Jacques, on s'aperçoit que Marie-Thérèse s'était créé une existence, ayant de hautes et nombreuses analogies avec l'existence nouvelle de M™'' de La Vallière. Les rôles se dessinèrent parfaitement pour les deux têtes de la royale famille. A Louis XIV le rôle militant, celui de la conquête et de l'illustration de la France par la gloire militaire ; à Marie- Thérèse, de l'assentiment de tous, un rôle de prière et de piété, un rôle d'intervention tutélaire au pied des autels, de sauvegarde au milieu des grandes aventures, dans lesquelles le hasard de la guerre précipitait la fortune de la France *. ' Un personnage, attaché à la maison du roi, exprimait le sentiment pu- blic ; il faut le dire hardiment, depuis que Louis le conquérant l'a dit, la pluspart de ses succez etonnanz ses victoires estoient dus aux prières d'une reine qui levoit au ciel ses mains puissantes, quand son invincible époux appesanlissoit son bras victorieux sur ses ennemis. Ouy, ces forts imprena- bles, ces villes superbes estoient forcées par ses oraisons du matin si ardentes, .%^2 MAnAMK DE LA VALLIÈRK Ce qu'on voulut bien dire de la reine, pendant la campagne de 1G77, qui fut si sanglante Le roi combat, la reine prie ' » devint la devise populaire. Marie-Thérèse ajoutait à sa ma- jesté de reine la majesté pieuse d'une âme suppliante, que la nation regardait comme puissante auprès du ciel ^. Ce que l'on doit demander à une femme sur le trône, elle le réunissait dans sa personne le bon sens, le caractère, l'u- nité de vie, la sollicitude de la moralité publique, le bon exemple par la réserve dans ses actes et ses haljitudes, l'ex- périence de la peine et des souffrances morales, des vertus conjugales irréprochables, la sensibilité, l'esprit d'économie et de libéralité, enfin ces croyances fortes en la vie future, incarnées dans la vie pratique d'une souveraine, et qui élè- vent l'âme d'une nation toute entière. Ce qui est remarquable dans cette vie si troublée par les orages du cœur et par les déceptions domestiques, c'est et qui esloieat l'aurore des jourm'es de Senef, de Casse! et de tant d'autres. Lesoleitqui voyoit cette reine humiliée, ne ] ouvoil éclairer que nos vic- toires. » ,Orais. funèb. de Marie-Thérèse, par Denise, clerc de la cliapelle et oratoire du roy, p. 12, l'aris, 1683. ' La reine envoya au roi et à Monsieur, M. le vicomte de Nantiac, pour leur témoigner la joie qu'elle ressentait de l'importante victoire remportée à la fameuse journée de Casselen 1677. Voici les vers qu'on fit sur la campagne du roi et sur le jubilé de la reine France, ne vous pas Du sort incertain des combats; Mal h propos on se récrie Que lout est changeant ici-bas; Le roi combat, la reine prie. On redoute peu la furie Des rodomonts des Pays-Bas; Le feu, lo snng et la tuerie Ne sont pas toujours leurs ébas; Et, pour les mettre tout h bas Le roi combat, la reine prie. {Mercure galant, t. XIV, année 1677. ^ Aussi un orateur de la chaire, s'adressant à Louis XIV, lui disait » Vostre Majesté vainquoit d'un cùté, et vostre épouse prioit de l'austre. La meilleure garde de vos frontières, grand monarque, estoit voire pieuse épouse. ' Félix Geuillens, discours à Toulouie, en 1G83. CHAPITRE nCITlÈMK î;G3 que la reine unissait parfaitement, dans l'emploi et l'ordre de ses journées, ces deux choses la règle et la spontanéité. Chaque heure de la journée avait son emploi. Les journées de Marie-Thérèse gravitaient autour de quatre ou cinq fonctions principales la prière à son ora- toire ou dans les chapelles de la rue du Bouloi, des Récollets, de Saint-Germain, etc. *, ainsi que la lecture des livres saints, auxquels elle joignait les grands mystiques sainte Thérèse, saint Pierre d'Alcantara, saint François de Sales ^; -^ ses devoirs de femme , d'épouse , de mère et de reine ^; — les exercices aimés de charité, qui l'appe- * Son biographe, Bonaventure de Soria, et les mémoires français du xvn" siècle, racontent de belles choses sur le goût et l'exactitude de la reine, quant à ses pratiques religieuses. En voyage avec Louis XIV, elle se levait de grand matin, afin de pouvoir satisfaire sa piété, sans manquer aux actes de bienséance royale. Elle fut exacte toute sa vie à donner à l'oraison les premières et les dernières heures du jour. Les occupations de la royauté, les veilles le la cour, les fatigues des voyages, ne furent jamais un prétexte pour l'interrompre. Il y avait longtemps qu'en France, la piété, l'humilité, l'orai- son n'avaient fait la matière de la louange d'une reine. 2 Vie de Marie-Thérèse, par B. de Soria, p. 43. — G'estde cette reinequ'on a pu lire que les impressions même d'un chrétien restent loin de celles que peuvent recevoir le cœur et les sentiments délicats d'une femme, Les femmes vivent avec Dieu plus que nous, le reflet de sa présence les frappe plus promptement. • — Elle conservait en France les pieuses habitudes de son enfance; elle suivait la messe suivant l'usage espagnol, en se signant du pouce à plusieurs reprises. Elle priait avec une ferveur qui resplendissait sur ses traits et lui donnait une ressemblance frappante avec certains types où l'école de Séville a su fixer la ferveur extatique des saintes transfigu- rées. ' Un contemporain de la reine fait observer une pénible particularité du mariage des princesses, c'est que la politique seule souvent fait le mariage des souverains; que les intérêts de l'Etat unissent des personnes que l'incli- nation et la sympathie n'auraient jamais liées j que des princesses immolées aux besoins de l'Empire apportent leur dignité plutôt que leur cœur en dot à des époux qu'elles n'ont jamais vus, qu'elles n'aimeront jamais peut-être que par devoir. 11 n'en fut pas ainsi de Marie-Thérèse d'Autriche. Elle aima Louis XIV, autant qu'il méritait d'être aimé, » dit un dignitaire de l'Église de Troyes au xvn' siècle, en ajoutant que la jeune reine n'aima que le roy pendant qu'elle pouvait aimer tant de choses qui étaient de la royauté. » Il parle aussi de » son inviolable attachement de la reinej, de sa complaisance sans affectation, de sa fidélité sans réserve envers le monarque, son époux. » {Orals. funèbre de Marie-Thérèse, par JM. Denise, de l'Église de Troyes, Paris, 1684, p. 13-13. — Un autre personnage de la même époque s'exprime ainsi t Jamais épouse n'a mieux sçu le devoir, et ne l'a mieux 864 MADAME DE LA VALLII^JU- laient à ses œuvres de Lienlaisance * ; — certains travaux manuels, travaux delapisserie, qui n'étaient pas interdits à ses mains de reine, et qu'elle destinait à subvenir aux besoins de ses œuvres; — enfin, les bonnôtes récréations de la cour '•^, les visites, les réceptions oflicielles. On rencontre, à l'honneur de l'humanité, beaucoup de personnes d'ordre et qui saviMit l'appliquer aux détails de leur existence; mais, trop souvent, on s'amoindrit dans une sorte de mécanique de la vie. Un contemporain de la reine, un de ces hommes qui eurent l'honneur de ses confidences 3, atteste comment, dans cette vie, la lettre et l'esprit étaient réunis *. Elle ne se bornait pas à créer des hôpitaux, elle aimait à y soigner elle-même les malades; d'ailleurs, faisant le bien pour le bien, évitant ces formes d'ostentation qui font qu'on se trouve plus soi-même qu'on ne cherche les autres. N'y aurait-il pas à relever une particularité de son atti- tude à l'hôpital de Saint-Germain en Laye? On raconte que cet hôpital fut pour elle une école, qu'elle y allait fréquem- ]r;itiqui' que la première du royaume, fjui estant la plus libre, semble estre la plus privilégiée. Tous ses soins et toute son élude, tous ses empresse- ments et son unique aiïaire estoient de plaire au roy, et d'avoir de douces complaisances pour tout ce qu'il aimoit. ^ {Orais. funèbre de la princesse, par Félix Ceuillens, p. 19, Toulouse, 1683. > On se souvient encore de nos jours, à Fontainebleau, h. Saint-Germain, à Poissy, à Versailles, à Compiègne, à Paris, avenue de Saxe, des bonnes œuvres et de la bienfaisance de la reine Marie-Thérèse d'Autriche. - Si la reine aimait à jouer, si c'était son amusement de prédilection, il faut rappeler qu'elle n'avait qiie 1,000 écus par mois pour épingles. Or, quand on avait prélevé sur cette somme, de quoi faire honneur à tant de dépenses et de largesses obligées pour une reine, et surtout à ses œuvres, ce qu'elle pouvait consacrer au jeu devenait minime. 5 Bonaventure de Soria. * Bonaventure de Soria, qui fut le dernier directeur spirituel de la reine, et qui a été son biographe, était tenu au secret absolu qui est d'obligation pour le confesseur. Il fut obli^'é, dit-il, de taire bien des choses que cette âme, si chrétienne, lui avait confiées, et qui relèveraient merveil- leusement l'éclat de sa vie, si elles venaient à la connaissance du public. » Il n'appartient qu'à Dieu de manifester, comme il l'entend, la gloire des gens de bien; lui, Bonaventure de Soria, doit garder un discret silence. 11 ne peut parler que des actions de la princesse, que d'autres purent voir et remarquer comme lui. Ce qu'on ignore, ajoute-t-il, c'est de quel esprit excellent cetie vertueuse princesse animait ses actions. . CIIAPITIIE HUITIEME 50S ment, pour y apprendre, aa sein des plus tristes misères de notre nature, à mépriser les grandeurs apparentes de la vie et la vanité des pompes humaines *. On la voyait aller de lit en lit, servir les pauvres malades de ses mains royales, et leur rendre les assistances qu'ils ne recevaient ordinaire- ment que des servantes. La reine se ceignait d'un tablier ou d'une nappe, et portait ensuite la nourriture aux malades , comme une simple infirmière; et quand les médecins, préoc- cupés de sa santé, lui faisaient de respectueuses observa- tions, elle répondait par une de ces grandes réponses que le christianisme sait donner, elle rappelait la gloire qu'il y a à servir un pauvre ^. Une telle femme n'était-elle pas digne de faire des visites régulières à l'une des saintes filles du Garmel? Quant aux honnêtes récréations de la cour, que Marie- Thérèse aimait à goûter, avec son caractère gai et rieur, il faut noter ce qui, avec une des coutumes de ce temps-là, constituait peut-être un défaut. On a dit la reine pres- que passionnée pour \ejeu; elle aimait à passer des heures à jouer aux cartes. Pourquoi l'historien voudrait-il taire ce qui est, et ne pas avouer, dans son héroïne, les imperfections et les taches qui s'y rencontrèrent? La reine elle-même ne se cachait jas de ce goût. On a prétendu que les seules diffé- rences sociales de civilisation et d'individualité consistent en ce que l'homme se cache, se dissimule avec plus ou moins d'habileté; qu'en tout temps et en tout pays, l'homme est l'homme, traînant le cortège éternel des mêmes passions. Sans contester qu'il n'y ait, au fond de tous, le germe des mêmes passions, il serait déplorable de croire qu'il n'y a de différence entre les hommes que l'habileté à se cacher. Ce serait nier le sacrifice, le mérite, la vertu, l'énergie indivi- duelle et l'assistance divine ; ce serait, en abolissant la mo- • Vie de Marie-Thérèse, par B. do Soria. Paris, 1683. » Elle ne pouvait plus glorieusement employer sa santé, disait-elle, qu'à servir Jésus-Christ» dans les pauvre?, ses membres d'iionnenr. 365 MADAME DE LA VALLIÈRE raie, proclamer l'égalité dans le fatalisme. Pour Marie-Thé- rèse, qui avait bien des qualités, assez lonne tête, un savoir convenable à son rang, de la beauté, de l'esprit naturel, et qui résumait en elle-même le spiritualisme de Port-Royal, la dignité de la cour, les solidités d'un jugement droit, les habitudes et les concessions de la piété espagnole, l'éloigne- ment de ce qui l'écartait du bon sens général, la sensibilité pieuse et l'amour mystique d'une sœur de sainte Thérèse, il paraît qu'elle n'alliait pas le mensonge avec la dévotion , comme on l'a dit d'Anne d'Autriche ^ Elle portait la sincé- rité de la vie assez haut, pour convenir qu'elle avait des fai- lle'Sses, comme un simple mortel; sa dignité et sa réservé n'étaiôiit niun calcul, ni une diploniatie des convenances. C'est pourquoi, elle crut pouvoir se distraire dans le jeu ; elle jouait, sans aucune affectation de déguisement. On sait que Louis XIV avait établi ce qu'on appelait les appartements, » c'est-à-dire la réunion de toute la coui-, de- puis sept heures du soir jusqu'à dix, où le roi se mettait à table, dans le grand appartement, depuis un des salons du bout de la grande galerie, jusque vers la tribune de la cha- pelle ^. Le lundi, le mercredi, le jeudi de chaque semaine étaient nommés jours d'appartement, c'est-à-dire que le i-oi permettait l'entrée de son grand appartement de Versailles, pour y jouera toutes sortes de jeux. On avait d'abord choisi la salle des gardes pour la réunion dès joueurs. Le roi^ îâ reine, et toute la maison royale descendaient de leur gran- deur, comme parlait le Mercure 3, pour jouer avec plusieurs de l'assemblée. Marie-Thérèse se faisait distinguer autour des tables de velours vert, où l'on jouait à plusieurs sortes de jeiix de cartes, ainsi qu'à divers jeux de hasard *. ' MM. Cousin cl Aniciloc Ren'c. - Mémoires de Saint-Simon. ^ Le Mercure de décembre 1C82. * Il osl à croire que, dans son pamphlet .sur le siècle de Louis XIV, inli- tulé Décadence de la monarchie française, M. Eugène Pelletan ne fait qu'une figure de rhétorique, lorsqu'il écrit, à propos des jeux de Versailles • La CHAPITRli HUITIÈME 567 La vie de Marie-Thérèse n'était pas une vie oisive et inoc • cupée. Si elle aima à jouer dans ces réunions périodiques de la cour, ce n'est pas qu'elle se plaignît que son esprit se dé- vorait faute d'aliment, ce n'est pas qu'elle s'ennuyât et qu'elle eût à souffrir sous le lourd poids des loisirs sans dignité, otitim sine dignitate, comme si une reine n'avait pas à s'intéresser aux affaires publiques. Tout au contraire. Elle aimait deux maisons d'un amour spécial la maison de Dieu et la maison du pauvre. Que de particularités l'his- toire n'aurait-elle pas à enregistrer, en se bornant à la seule localité de Saint-Germain en Laye? La chapelle du vieux château de Saint-Germain était aimée et fréquentée par la jeune reine. De construction improprement dite gothique, elle est d'une rare délicatesse de structure. La voûte en ogive, ornée de fines arêtes, est soutenue par des piliers, décorés de fuseaux du même style que le reste du bâtiment et qui se croisent dans tous les sens. La coupole du choeur se distingue par sa légèreté. Des rosaces en pierre, délicate- ment sculptées et laissant apercevoir une tête couronnée au centre de leur assemblement, servent de clefs aux différents arcs de la voûte. L'intérieur de la chapelle est éclairé par des ouvertures garnies de trèfles en pierre et surmontées d'o- gives en fuseau *. reine aimait particulièrement la bassetle ; mais elle avait la main novice elle perdait toujours. A sa mort, elle devait sur parole un million de noire monnaie. Louis XIV acquitta religieusement la dette de sa femme, et la bassette reprit son cours comme par le passé. » Un autre auteur moderne , après avoir it-peint le salon de la Paix du château de Versailles, qui était le salon de jeu de la reine, ajoute, d'après les mémoires du temps On jouait beaucoup à la cour de Louis XIV; c'était à la fois une manie et une rage. C'était aussi le passe-temps de prédilection de Marie-Thérèse, femme de Louis XIV ; mais comme elle ne touchait que mille écus par mois pour ses épingles, elle ne pouvait pas perdre beaucoup, c'est-à-dire s'amuser beau- coup. » 1 La chapell-e, réparée par François 1", date de l'époque de Charles V. Elle resta telle qu'elle était, lorsque la cour de Louis XIV se transporta à Versailles; elle fut soigneusement entretenue jusqu'en 93. Lors de la tour- mente révolutionnaire, l'autel fut démoli, les colonnes renversées, les boi- series du chœur brisées, les grilles vendues, les parquets arrachés, les car- reaux en marbre de la nef mutilés et détruits. 868 MADAME DK LA VALLIÈBK Là, Marie-Thérèse venait passer des heures hénies. Elle priait dans ce pieux asile où tant d'autres grandes damés, où plusieurs reines avaient répandu, avant elle, leur âme et leur prière. C'est le doux privilège des résidences princières d'ohtenir une chapelle, à côté des autres habitations, en sorte que de plain-piedon va des appartements profanes au lieu du recueillement et des divines expansions du cœur *. La cha- pelle de Saint-Germain fuit partie de la masse du château ^. Les peintures de la voûte échappèrent au désastre. La voûte a quarante pieds d'élévation sous clef, sa longueur est de soixante-dix pieds ou douze toises, et sa largeur de trente pieds ou cinq toises. Louis XIII fil suspendre à la voûte, devant le tabernacle de l'autel, une lampe de vermeil de la valeur de trois mille livres. Un chapelain fut dès lors chargé d'y dire tous les jours une messe basse; charge quia subsisté jusqu'en 1789. ' Plusieurs écrivains assurent que la forme d'un pentagone irrégulier a été donnée à la cour du château vieux de Saint-Germain et au château lui-même par une galanterie de François l", parce que cette forme se rapprochait du D gothique, et que la lettre D était la première du nom de Diane de Poitiers. Mais la poésie ne supplée pas l'histoire; le premier étage existait avant François I"; il n'y a ajouté que les étages supérieurs. Il est plus vraisem- blable de supposer qu'on multiplia les faces du château, soit dans un but stratégique, soit pour multiplier les points de vue qui sont de tous côtés ad- mirables. Les appartements de Marie-Thérèse étaient à la façade du nord, au pre- mier étage; elle avait vue sur le parterre, sur la forêt et voyait le couvent des Loges, à une demi-heure; elle communiquait de plain-pied au beau balcon qui règne tout autour du château. On a la coutume d'appeler le pavillon de l'est le pavillon de madame de La Vallière. On n'est pas d'accord sur cette tradition. On voit dans cette chainbre-La-Vallière quatre niches vides de leurs statuettes. On va dans cet appartement de M™ de La Vallière par un escalier tournant, en pierre, et dérobé; cet escalier, dont on ne soupçonne pas, au premier abord, l'exis- tence, règne du haut en bas du pavillon de l'est. Nous avons remarqué, dans la chambre-La-Val lière, les restes d'une abondante ornementation dorée. Nous avons cherché à nous rendre compte des fameuses fenêtres que fit griller la duchesse de Navailles. On voit, sur le toit de la façade de la ter- rasse, une petite fenêtre mansard;e et grillée. Mais il nous paraît difflcile , dans l'état actuel du château, de s'expliquer les grilles posées par M"""^ de Navaillcs. Comment Louis XIV se ïcrait-il risqué là où les chats seuls se hasarderaient? Il n'y a qu'un toit du pavillon sud-est où nous ayons vu la possibilité de supposer ce que les mémoires du temps nous racontent. Un petit chemin règne sur ce toit, avec une balustrade; on pouvait venir devant une fenêtre qui est du temps, et grillée aussi hauteur de 1 mètre 20 centi- mètres, et où l'on était de plain-pied avec les chambres. * Saint-Germain en Laye était une des résidences les plus prolongées de Marie-Thérèse; on lit dans les Jieghlres de la jmroisse Le cardinal Mazarin avait rapporté d'Italie un grand crucifix d'ivoire, qu'on disait à tort être de Miciiel Ange ; un Corrége, représentant la Vierge allailant le divin enfant, et un Annibal Carrache, qui était une Mère de pitié, tenant le Christ mort sur ses genoux, tous trois placés dans la chapelle de Saint-Germain. Les sujets de peintures à fresque exécutées à la voûte par Vouët, Le- sueur et Lebrun, étaient tirés de {'Ancien Testament. Ceux de la coupole étaient un Père Éternel, la Création de l'homme et de la femme, la désobéissance d'Adam et d'Eve et leur renvoi du paradis. Les sept de la nef représentaient les sacrifices de Catn et d'Abel, la cons- truction de l'arche sainte, Mom recevant de Dieu les tables de la loi, le pontife Jonaihas présageant les destinées de Moïse, l'explication des tables de la loi, le sacrifice d'Abraham, Jonas sortant du ventre de la baleine. Le côté de la voûte sur la rue était décoré des quatre suivants lamoft d'Abel, la Manne, le Veau d'or, Daiila coupant les cheveux de Samson. De l'autre côté et sur la cour du château, quatre tableaux représentaient Moïse invoquant le Seigneur, l'eau sortie du rocher, l'arrivée du peuple juif dans la terre promise, David revenant vainqrieur du géami Goliath. — Hisl. de Saint-Germain, par Abel Goujon. * Ce tableau est classé sous le n» 428, galerie de l'école française, au musée; sa hauteur est de 3 mètres 25 centimètres; sa largeur de 2 mètres 50 centimètres. Poussin écrivait, en 1641, à Freart de Chanteloii, secrétaire de M. de Noyers, surintendant des bâtiments Je suis extrêmement joyeux de ce que Monseigneur Mazarin a choisi le sujet de la Sainte iCucharistie en la manière que vous me l'écrivez. > Louis XIII avait commandé ce tableau à Poussin pour la chapelle de Saint-Germain. Poussin écrivait au même individu, le 23 août de la même année, après l'achèvement du tableau Puisqu'il plaît à Monseigneur de savoir ce que je désire pour le tableau de la chapelle do Saint-Germain, je vous supplie, après que je l'aurai dit, d'en retranclu r co qui semblera de trop. Si l'on ne veut m'en donner huit cents écus, je me contenterai de six ou de cinq, cax je serai toujours satisfait. CHAPITRE HUITIÈME 57i heureuses; aussi la tradition populaire affirmait que la lampe^ qui est suspendue au milieu du cénacle, brillait même pen^ dant là n'ait. Les douze apôtres y sont bien groupés dans une magnifique ordonnance; sur la figure de plusieurs brille un ton de piété qui révèle la foi du Poussin. Jésus qu'entourent ses disciples est tourné à gauche, placé en avant de la sainte Table, tenant dans une patène le pain rompu qu'il va distri* buer. Après la maison de Dieu, Marie-Thérèse aima la maison du pauvre. L'amour du prochain, la sympathie pour ceux qui sont déshérités des biens de ce monde, une affection spéciale pour les petits, un véritable dévouement à servir ceux qui souffi'ent, tels furent les sentiments qui animèrent cette âme et qui lui inspirèrent, de 1670 à 1680, des actes et des démarches, dignes d'orner les annales du bien, et qui ne sont que le rayonnement extérieur des vertus de cette reine modeste et aimable. On peut deviner à quel foyer la jeune épouse de Louis XIV, en pieuse Espagnole, allait refaire les énergies de son âme, comment elle tournait les diffi- cultés et les déceptions de la vie conjugale. Toutefois, l'idée de religion ne pouvait rester à l'état de simple forme élevée de l'esprit ou de sentiment décent. Il faut une source inté* rieùre et habituelle jaillissant du cœur, en expansions fra^ ternelles , en sacrifices faits aux autres , en améliorations apportées au peines publiques. On est unanime sur l'attrait puissant qui portait cette femme émineiite vers lés pauvres. La preuve s'en renouvela^ de fréquentes foisj dans ces voyages si fameux, et par les conquestes de notre grand monarque, et par la piété de notre grande reyne ; à l'exemple du fils de Dieu, elle faisoit du bien partout où elle passoit ; partout elle laissoit des marques de ses libéralités royales ; arrivée dans une ville, elle alloit adorer Jésus-Christ dans les nuages et dans les ténèbres des autels ; et ensuite elle alloit se soulager dans la misère et dans l'infirmité de^ pauvres. On l'a veu donner elle-même a 572 iMADAME DE VALLIEUE manger aux pauvres qu'elle liouoroit comme les amis de Dieu, servir les malades couchés dans le lit de leur douleur, mais les servir avec le même respect qu'elle auroit pour Jesus-Ghrist assis sur le trône de sa gloire *. » Les contemporains allèrent jusqu'à dire que la reine Marie-Thérèse avait la passion de soulager les pauvres 2 ; » c'est pourquoi elle alloit les chercher dans les hôpitaux et leur servoit de ses mains royales les alimens qui estoient les fruits de ses charitez. Elle les faisoit prévenir dans les fa- milles honteuses par ses aumônes secrettes et ahondantes, ne leur épargnant rien que la honte de recevoir, et lorsque ses revenus estoient épuisez elle avoit recours aux emprunts, ou a des questes qu'elle faisoit elle-même a la cour. » On cite par exemple la quête que Marie-Thérèse fit elle-même à Bellegarde, dans l'intérêt d'une œuvre, ou d'une maison dépourvue de ressources, et qui néanmoins se consacrait à venir en aide à l'infortune ^. S'il est permis d'employer dans un sujet grave une ex- pression empruntée d'un dictionnaire frivole, il est juste de dire que l'épouse de Louis XIV mit à la mode, et la visite des hôpitaux par les grandes dames, et la nécessité pour les gens de la cour et pour les grands seigneurs d'aller cà la recherche des gens malheureux. Ne peut-on pas dire, mes- dames, s'écriait, le 4 septembre 1683, un docteur de Sor- honne, AL Masson, en présence de M'"'' de Chaulnes et des autres dames de Saint-Louis de Poissy, ne peut-on pas dire, que par l'effet de l'exemple de ALarie-Thérèse, la charité endormie se réveilla, l'avarice la plus infâme commença à devenir libérale? Ne fut-ce pas son exemple qui invita tant d'illustres dames de lier à la cour cette association, dans ' Orais. funèbre de Mane-Tlihrse, pirM. de*", p. 21. Paris, 10S3, chez Dczallier, in-V". - Orais. funèbre de Marie-Thérèse, ^^T le Y{. P. David, cordelier, deffini- leur delà praride province de France, p. 26. Paris, Coulerot, rue Saint- Jacques, 1683. 2 Orais. funèbre, par le R. P. David, i. 20. * CHAPITRE HUITIÈME S7J laquelle on contribue unanimement au soulagement du mi- sérable, à la consolation de l'affligé, à la nourriture, à la visite et au soin exact des pauvres malades? On voyait que la pourpre royale de l'auguste Marie-Thérèse ne l'empes- choit pas, au péril mesme de sa vie, de s'exposer a fréquenter les hospitaux. Combien de dames a son imitation, sans avoir égard ny a leur qualité ny aux ornemens de leur sexe, ny aux mouvemens craintifs qui l'accompagnent, taschoient de marcher sur les traces, et de suivre les vestiges de cette reyne incomparable ^ > Mais, Saint-Germain en Laye ^ était, entre toutes, la • Orais. funeb. prononcée au monastère rojal de Saint-Louis de Poissy, par M. Masson, docteur en théologie, p. 14. * La reine était attachée à la ville de Saint-Germain, non-seulement par la résidence du château, mais encore par les Loges, par les Récollels de Saint- Germain, et par le voisinage de l'abbaye de Poissy. Les Récollets éiaient éta- blis à Saint-Germain, depuis 1619. Les autorités de Saint-Germain leur offri- rent des terrains. Louis XlV leur accorda par lettres patentes, de prélever sur les coupes de la forêt une certaine quantité de bois, ou la somme de 167 livres 10 sols. Le couvent et l'église des Récollels étaient dans la rue de ce nom. Les Loges, dans la forêt de Saint-Germain, étaient primitivement un ren- dez-vous de chasse pour les rois, puis un ermitage, puis une chapelle à Saint-Fiacre, avant ou après le roi Robert. René-Puissant qui avait été atta- ché à la maison de Henri IV, obtint de se loger dans les débris du château, et y vécut comme ermite. La petite chapelle de Saint-Fiacre, autrefois en vénération, fut remise en crédit par la vie du pénitent qui en était voisin. On y accourait en foule. Les Augustins déchaussés obtinrent par un accord de s'établir dans les décombres que leur cédait l'ermite. Il fut de bon ton à la cour, dit l'historien de Saint-Germain L. Goujon, de visiter les Augus- tins des Loges. Avec les libéralités de la famille royale et des princes, ils bâtirent une église et un couvent. Anne d'Autriche en fut la fondatrice. On posa en 1644 la première pierre d'une église qui a disparu vers 18oo. Marie- Thérèse allait souvent assister aux offices religieux dans l'église des Loges; elle y fit plusieurs donations. Les Loges étaient célèbres par le pèlerinage de Saint-Fiacre au 30 août. A une lieue de Saint-Germain, Marie-Thérèse trouvait Poissy, situé dans un vallon baigné par la Seine. La maison royale où naquit saint Louis fut plus tard l'emplacement où s'éleva un monastère royal, sous Philippe le Bel. La reine venait y voir les religieuses qui étaient de l'ordre de saint Domi- nique. Le monastère était gouverné par des prieures d'une grande distinc- tion, parmi lesquelles on compta plusieurs princesses du sang royal. L'abbaye dominait la vallée de la Seine. Il ne reste de l'abbaye royale de Poissy que la porte d'entrée flanquée de deux tours, ainsi que ce que l'on appelait la galerie de Madame, là oùl'abbesse recevait Marie-Thérèse. Le réfectoire, longue et belle salle cintrée, où eut lieu le fameux colloque de Poissy, n'existe plus. S74 MADAME DE LA VALLIÈRE bonne ville » de Marie-Thérèse d'Autriche. Si plus d'une fois les habitants la voyaient passer à cheval pour se rendre aux chasses dans la foret, on la voyait plus souvent encore marcher à pied, pour se rendre au logis des nécessiteux et des malades. Ce nom de bonne reine, » qui était à son sujet, sans aucune ironie, sur toutes les lèvres, pouvait lui paraître plus flatteur que l'appellation de nymphe des bois » qui eut pu lui être décernée, quand elle gagnait la profondeur des campagnes en amazone, vêtue de bleu ou de rose. Un enthousiaste de cette époque, s'en allait répétant • — Qui ne se souvient de la rigueur de cet hiver en 1678, qui se tlt si vivement sentir il y a cinq années? On trouvait dans les rues et des morts et des mourants. Notre pieuse Marie-Thérèse ne fit-elle pas faire des feux publics dans toutes les places et les carrefours de Saint-Germain en Laye, afin que les pauvres pussent défendre leurs vies contre la dureté d'une saison fâcheuse qui les eût infailliblement fait périr. Je l'ay vue notre auguste princesse dans l'hôpital des malades de la même ville, portant sur ses habits royaux un tablier de grosse toile, et comme une sœur destinée a cet office par sa profession, quittant les bras de ses ecuyers pour s'appuyer sur ceux de ces innocentes et charitables filles; tenant elle-même les plats ou etoient les alimens pour ces pauvres affligez, leur portant a la bouche d'une main de quoy les soulager dans leurs misères présentes, et de l'autre leur donnant l'aumône pour entretenir une vie nou- velle. Je l'ay vui'^ cette reyne sans pareille passer de salle en salle, d'un lit a un autre ^ La ville de Saint-Germain en Laye posséilait depuis le commencement du xiii*^ siècle, un petit hôpital, ou maison de charité pour les malades *. Mais, au xvu"^ siècle, de nou- * Discours sur la reine, Roncn, 1684, imprimerie Virot, rue aux Juifs. * Un officier de la maison tic Pliilippe-Auguste avait fonde ;i Saint-Germain un petit hôpital, dont il fournit l'emplacement et qu'il dota de ses deniers. H portait, en 1207, le nom d'Hùtel-Dieu, et i^tait administre par des dames CHAPITUE HUITIÈMR §75 veaux et de plus grands besoins nécessitaient de nouveaux et de considérables accroissements. Ces accroissements se firent en 1670 par les dons de la reine Marie-Thérèse. On fit acquisition, sur la rue de Poissy et la rue aux Vaches, de terrains et de bâtiments, parmi lesquels étaient l'ancien Hôtel de Navarre, et on parvint à y placer soixante-dix lits; et plus tard, en juillet 169G, Louis XIV sanctionnait, par lettres patentes, l'établissement à perpétuité de Y Hôpital de la Charité, construit par notre reine Marie-Thérèse ^. Si la charité est cosmopolite par son essence ^, les cir- constances firent cependant que Saint-Germain en Laye fut un centre principal des œuvres charitables de Marie-Thé- rèse. Bossuet a proclamé, dans son grand langage, tout ce qui se passa dans cette ville et à Poissy ^. Après avoir dit c les bontés de la reine, tant de fois é^Drouvées par ses do- mestiques, » le grand évêque raconte que les seuls indivi- dus pour lesquels Marie-Thérèse ne pouvait endurer qu'on lui dît que ses trésors étaient épuisés, c'étaient les pauvres. » Il entre ensuite dans l'énumération des divers pauvres de la qualifiées du nom de sœurs. Au commencement du xv siècle, il était gou- verné par de? administrateurs. On l'agrandit en 1649, et il fut appelé maison de charité pour les malades, ' Voir l'Appendice. 2 []n contemporain de Marie-Thérèse énonce les provinces qui ressentirent particulièrement la bienveillance secourable et efficace de la bonne reine, telles que la Flandre, l'Alsace, la Franche-Comté, la Lorraine, la Cham- pagne. » 0 Églises tombant en ruines, familles tombées dans la misère, » elle envoyait des secours en tout lieu.'Elle donnait à ceux-cy de qnoy avoir des vetemens, à ceux-là de quoy arrester les poursuites de leurs créanciers. » Partout on recueillait les libéralités de sa bienfaisance. On cite aussi les prisonniers pour dettes, » qu'elle a délivrés de l'obscurité des prisons. Orai- son funèbre de très-haute Marie-Thérèse, par Héron, docteur de Sorbonne, p. 48, 49, 31, Paris, Angot, rue Saint-Jacques, 1683. ^ Le soin qu'elle avait des nationaux ne l'empêchait point de porter intérêt aux étrangers. Une colonie d'Espagnols, arrivés en France au commencement de cot hiver, périssait de misère, de froid, de pauvreté, et une maladie terrible les enlevait. Marie-Thérèse vint à leur secours. Elle loua dans Poissy une grande maison, qu'on meubla convenablement, et la nine y fit recueillir ces Esfiagnols pour les garantir du froid, de la faim et de la nudité. De semblables actes envers d autres étrangers furent réitérés plusieurs fois. {Ibidem, Héron, p. 43, 46. è;7 - MADAME DE reine pauvres connus, pauvres honteux, malades impo- tents, estropiés, restes d'hommes; » et il conclut par la joie si recherchée de la reine de France, heureuse, dit-il, de se dépouiller d'une majesté empruntée, pour visiter l'infor- tune; humhle, non-seulement parmi toutes les grandeurs, mais encore parmi toutes les vertus. » Fléchier, qui est plus explicite, rappelle les deux causes qui endurcissent or- dinairement le cœur des riches et des puissants, à l'égard des pauvres, et qui sont, selon lui, l'orgueil de la condition et la délicatesse de la personne. C'était une manière juste, solide, péremptoire, de vanter cette nature de femme, qui était toute compassion, toute charité sur le trône. Toute mi- sère avait droit de l'aborder et de monter jusqu'à elle, parce qu'elle ne refusait de descendre jusqu'à aucune infortune. Lettre. * Lettre du 7 novembre 1673. ' 4 mars 1674. 594 MADAME DE LA VALLiftRE lui écril-elle un jour, qui m'avez remise entre les mains du Seigneur *. » Une autre fois, elle écrit Vous qui m'avez arrachée de la ville de perdition -. » Je ne cesse de remer- cier Dieu de m'avoir donné un ami tel que vous, qui, comme un de ces anges qu'il a établis pour notre garde, soutiendra mes pas ^. » Un autre jour, elle félicite le maréchal de ce qu'il a repris l'autorité qu'elle lui a donnée depuis si long- temps. Gardez-la jusqu'à la mort, lui dit-elle Voyez- vous comme je suis docile? Je ne change pas facilement , quand une ibis j'ai donné ma confiance ''. » L'amitié et l'influence du maréchal avaient une nuance religieuse que la reine déduisait des liaisons de M. de Belle- fonds avec les solitaires de Port-Royal. 11 faut ajouter que la vocation exceptionnelle d'une tante du maréchal donne aussi la clef de la tournure que prirent les événements. Le père du maréchal avait une sœur, nommée Judith de Bei- lefonds, née en IGll, et aussi jolie que spirituelle. Judith de Bellefonds, après avoir eu les plus grands succès à la cour de Marie de Médicis , se décida , à l'exemple de M™" de Bréauté, à renoncer au monde et à se faire Carmé- lite. Elle était entrée au couvent en 1G29, à l'âge de dix- sept ans, sous le nom à' Agnès de Jésus-Maria. A trente- trois ans, elle fut élue prieure, à cause de ses grandes qua- lités d'esprit, d'administration et de vertu ; plusieurs ibis réélue supérieure, recherchée des gens du dehors pour le charme de ses entretiens, visitée par la reine d'Angleterre, qui venait se consoler auprès de la mère Agnès ; consultée par le chancelier Letellier ; admirée de Bossuet et de M'"*^ de Sévigné, Judith de Bellefonds, à l'époque où nous sommes, était l'oracle naturel de son neveu le maréchal. Et, si peu que le maréchal eût mis la duchesse en rapport avecriUus- 13 juillet 1G74. s 10 avril 1377. ' Sans date. ^ Sans date. CHAPITRE HUITIÈME 59o tre prieure, il y avait eu, dans ces conversations du parloir au faubourg Saint-Jacques, des impressions reçues, qui devaient, tôt ou tard, aider à une solution. Aussi Marie- Thérèse d'Autriche ne mettait pas en doute la grande part du maréchal à la marche de M'"'' de La Vallière vers la cité de la paix et de la réhabilitation. La reine admirait comment une sagesse inconnue conduit nos destinées individuelles. Il était évident qu'au milieu de la faveur mondaine, la duchesse de La Vallière avait mêlé à ses fautes un reste d'honnêteté; qu'elle ne tomba jamais dans le plus profond de l'ahime, et que, dans son égarement, un de ses remords permanents était d'affliger la malheureuse reine. Ceux qui ne voient qu'un mouvement et un dépit de la passion humaine dans les conversions du xvii'^ siècle, qui 3etèient tant de femmes au cloître, confondent ce qui ne doit pas être confondu. Qui savait mieux que Marie-Thérèse que, dans ces hautes affaires d'âme, la créature peut être l'occasion d'un changement de vie, mais le Créateur en être le motif? Sans doute, il y eut des années de lutte, de ter- giversation dans le cœur de M™^ de La Vallière ; la reine n'ignorait pas que la duchesse aurait voulu régner et régner encore dans le cœur de Louis XIV qui, après 1667, lui échappait irrémissiblement; et qu'enfin ce fut de guerre lasse, qu'elle quitta le camp du roi pour passer dans le camp de Dieu. On cesse de pécher, parce que l'occasion de pé- cher nous quitte et non parce que nous quittons l'occasion du péché ^ » Mais entre M"" de La Vallière trônant à Ver- sailles, adulée par le plus grand des rois, et M""^ de La Val- lière, enfoncée aux Carmélites, demandant et obtenant de s'occuper comme une simple sœur converse, portant du linge sur ses épaules et l'étendant dans les greniers, ne de- mandant qu'à être rassassiée d'opprobres et de souffrances, qu'on trouvait souvent presque évanouie de froid dans sa Serm. de Bourdaloue, soi; madame de la vallieuk cellule, pendant l'hiver ; entre ces deux La Vallière se pla- çaient plusieurs degrés intermédiaires, plusieurs nuances de dispositions d'âme qu'elle avait franchies graduellement ^ La reine voyait la faiblesse changée en force, la mollesse en énergie pour se flageller soi-même avec une persévérance implacable. Ne fallait-il pas {u'olle tirât la conclusion? Un jour, au moment même où la reine vint au monastère de la rue Saint-Jacques, pour voir sœur Louise de la Miséricorde, il arriva c'est la tradition du monastère qui le raconte 2, que la duchesse était en ce même instant, occupée aux hum- bles soins d'une ordinaire blanchisseuse. L'illustre pénitente ne cessa point son travail ; la reine put voir en s'édifiant la tière duchesse, qui ne défilait plus cette fois avec insolence devant son carrosse, comme elle l'avait fait en 16C7, .lors- qu'elle osa, aux portes d'Avesnes, aborder le roi avant elle. SuHir Louise de la Miséricorde passa tranquillement et sans atrectation dm-ant Marie-Thérèse d'Autriche, une hotte sur le dos, dans son modeste attirail d'ouvrière et de sœur converse. Quelle ditl'érence totale? Et, était-ce tout dire, en rappelant que la duchesse s'était détachée de Louis XIV parce qu'elle était abreuvée de ses dégoûts, parce qu'elle avait découvert sa perfidie et son infidélité? De telles expli- cations seraient insuffisantes pour rendre compte du phéno- ' Nos mères, disait sœur Magcloloine du Saint-Esprit, prieure des Gar- miUites, nos mores à qui elle avait ouvert son cœur, ne pouvaiil douter de sa vocation, lui promirent en 1073-1674 de la recevoir; elle entra avec beau- coup de pureté. Elle demanda comme une jiràce de porter notre iiabit avant qui! de le prendre en cérémonie. La sainte pénitente de l'Évangile devint son modèle, elle aima, elle pleura comme elle aux pieds de Jésus-Christ. On la trouvait souvent le visage tout baigné de larmes. La vue de ses péchés passés l'humiliait sins la décourager. Son progrès dans 1 amour et dans l'humilité faisait notre étonnement. Elle souhaitait d'être rassasiée d'ojjprobres. • Letire circulaire de 1710, signée somr Mngdeleine de Saint-Esprit, religieuse carmelile indigne. » Nous tenons cette tridition des Carmélites de la rue d'Enfer, chez les- quelles le -souvenir de sœur Louise de la .Miséricorde est toujours vivant et en vénération. CHAPITRE HUITIEME 597 mène; si la conversion de M'^Me La Vallière n'eût été qu'un dépit secret, elle n'avait qu'à s'éloigner du roi et de la cour; mais qu'y avait-il de commun entre un dépit et le besoin de se tortui-er par un genre de vie qui fait frémir la nature? On peut s'en rapporter à Bossuet, qui était, on en con- viendra, assez bon juge en semblable matière. Il vit les dé- buts, les accroissements et les pbases diverses de cette con- version, et, dès le 19 mars 1675, il ne pouvait retenir son admiration. Depuis notre dernière conversation et l'en- tretien que j'ai eu avec ma sœur Louise de la Miséricorde, écrivait Bossuet à M™^ de Bellefonds, il me semble qu'il faudrait à chaque moment s'épancher pour elle en actions de grâces. 11 y avait quatre mois que je ne l'avais vue, et je la trouvai de nouveau enfoncée dans les voies de Dieu avec des lumières si pures et des sentiments si forts et si vifs, qu'on reconnaît à tout cela le Saint-Esprit. Selon ce que l'on peut juger, cette âme sera un miracle de la grâce. Dieu a jeté dans ce cœur le fondement de grandes choses. Vrai- ment tout y est nouveau *. » Que n'apprenait-elle pas, la reine, dans ses visites rue Saint-Jacques ? Il y avait de quoi marcher d'étonnement en étonnement. Le sens humain lui-même serait heurté, choqué, froissé profondément, si, par delà une manière naturelle de voir les choses, on n'admettait pas que les âmes peuvent avoir des points de vue exceptionnels, qui, les plaçant au- dessus de certains sentiments de la nature, leur font consi- dérer les mêmes objets sous des aspects que nous n'apercevons pas à l'état ordinaire. M" de La Vallière, en s'arrachant au charme et aux délices de Versailles, n'avait pas entendu retrouver, dans un faubourg de Paris, les délices sen- suelles. S'étant faite Carmélite, elle ne voulut, sous nu * Lettre de Bossuet, restée inédite jusqu'au commencement de notrtf" siècle, et retrouvée dans les papiers des Carmélites, emportés et conserves lors de la dispersion des religieuses, par suite do la révolution. Kdg MADAME DF LA VALLIEHE prétexte, aucun adoucissement *. Porter la serge comme tout le monde, coucher sur la dure comme tout le monde, être assujettie à la règle, comme tout le monde, c'était son bonheur. Elle s'y croyait môme plus obligée que tout le monde. Il est vrai qu'elle ne pouvait s'accoutumer à la chaussure des Carmélites ^ ; ce ne fut pas cependant une raison pour elle de se dispenser du droit commun ;. elle ré- solut la dillicuité en soutirant de sa chaussure tous les jours de sa vie jusqu'cà sa mort ^. Une autre de ses gènes péni- bles et librement acceptées, fut de se condamner à tenir les yeux presque toujours baissés. Comme on savait qu'elle était sujette à de grands maux de tête, et qu'on lui demandait un jour si elle ne trouvait point pénible de baisser toujours les yeux Point du tout, répondit-elle, cela me les repose, je suis si lasse de voir les choses de la terre, que je trouve même du plaisir à ne les pas regarder. Déjà, pour ainsi parler, la légende commençait. Dès 1680, il venait jusqu'au dehors, que sœur Louise de la Miséricorde demandait sans cesse à jeûner au pain et à l'eau, à porter la haire et le cilice, qu'elle réclamait les ceintures et les bracelets de fer. Insa- tiable de pénitences et souvent refusée dans les permissions qu'elle demandait, sœur Louise trouvait à regret qu'on l'é- pargnait trop, ajoutant que Dieu y suppléerait. Toujours animée d'une sainte haine d'elle-même, dit un de ses bio- graphes, on eût dit qu'elle voulait détruire entièrement ce corps de péché, pour le punir d'avoir servi d'instrument à ses passions '». » Peu à peu elle se dégageait tellement des impressions terrestres, que les choses qui nous touchent le l^lusprès, la santé et certains biens, luip devenaient compléte- * Osera-t-ello touclier, ilemandail Hossuet, — Ce serait, d'après M. Arsène Houssaye, le fait que M"» de La Vallière se reprochait et qu'elle voulait expier. — Ce n'est pas de cette façon que Claude Lequeux a raconté cette histoire. 3 Lettre circulaire de la sœur Madeleine. — Via abrégée par l'abbé Le- queux. — Notice, par M. Pierre Clément, de l'Institut. — On découvrit, dit Saint-Simon, qu'elle l'avait la sincère âpreté de sa pénitence de corps jusqu'à s'être entièrement abstenue de boire pendant toute une année, dont elle tomba malade. » * Il faut savoir que les Carmélites font maigre toute l'année. En carême, elles ne mangent ni œufs, ni laitage; rien n'est apprêté au beurre, tout à l'htfile. M" de La Vallière avait donc pour toute boisson un demi-verre d'eau par jour! — Le dîner des Carmélites est à dix heures, c'est en dehors des temps de carême et de jeûne, un plat de poisson et un de légumes. Le souper ou collation, se fait à six heures du soir; il consiste en trois onces de pain, avec pruneaux ou choses analogues. Depuis l'Exaltation de la Sainte Croix jusqu'à Pâques, ce n'est toujours qu'une simple collation. 600 MADAME DE LA VALLIÈRE permission et de son propre mouvement; fai agi sans réflexion, répondit-elle, je nai été occupée que du désir de satisfaire à la justice de Dieu... Quelle que fût la rij^^ueur des hivers, sœur Louise était toujours levée deux heures avant les autres religieuses, c'est-à-dire à trois heures du matin ; elle passait ces deux heures à s'aLsorher dans la prière, et à s'ahreuver de l'humiliation de ses lautes passées * . Était-elle vivante, était-elle morte, cette femme qu'on a cependant appelée une sensitive, une douce violette? Lorsque le marquis de La Vallière, son frèro, vint à décéder, elle sut refouler dans son cœur ce que la nature y souleva; elle se regardait comme mise au Lan de la création, et n'ayant plus le droit de verser, comme tous, de justes pleurs. Bien qu'elle aimât ce frère tendrement, elle se soumit en appre- nant cette triste nouvelle, avec une si parfaite résignation, qu'elle ne donna extérieurement aucune marque de sa dou- leur, quelque vive qu'elle fût dans un cœur si sensible ^, Il y avait peu d'années que la sœur Louise de la Miséricorde était entrée aux Carmélites, quand elle apprit cette perte. Jean François de La Baume Le Blanc, gouverneur et grand sénéchal de la province de Bourhonnais, auquel Anne d'Au- triche avait décerné autrefois un prix, dans le Carrousel de 1664, et que sa sœur aimait beaucoup, était mort le 13 oc- tobre 1676, à peine âgé de trente-cinq ans; et M""" de Sévi- gné nous apprend que sœur Louise de la Miséricorde fit ' Voy. lettre circulaire de la sœur Madeleine du Saint-Esprit. — On se lève à cinq heures aux Carmélites, et on se couche à onze heures. Il y a srpt heures de chœur par jour, c'est-à-dire de prière, y compris les deux heures d'oraison. Le reste du temps, on travaille des mains dans les cellules, et seules; on raccommode le linge, etc., on fabrique des instruments de péni^ tence. 11 y a deux heures de récréation par jour; mais on travaille en se récréant. Voici l'expression de sainte Tiiérose, dans les constitutions Qu'elles aient toutes là leur quenouille ou ouvrage. » On obtient de se coucher plus lard. M""> de La Vallière avait obtenu de la révérende mère Judith de Hellefonds. de se lever tous les jours deux heures avant la communaut'. * Vie abrégée de la duchesse, par Loqueux, p. GS. CHAPITHK HUITIÈME 601 supplier le roi de conserver le gouvernement de son frère dans la famille pour acquitter les dettes; ce que le roi lui accorda en lui mandant que s'il était assez homme de bien pour voir une Carmélite aussi sainte qu'elle, il irait lui dire lui-même la part qu'il prenait à la perte qu'elle avait faite K » La duchesse d'Orléans et les religieuses de la rue Saint- Jacques racontèrent à Marie-Thérèse, quelque chose qu'un biographe appelle plus héroïque^. M'"' de La Vallière, en quit- tant le siècle, avait laissé à la porte du cloître ce qu'elle avait de plus cher au monde, les enfants de ses entrailles, non sans éprouver une de ces peines sans nom, que les mères seules peuvent comprendre, alors qu'elles s'arrachent pour toujours à leurs enfants. Or, M"" la duchesse d'Orléans, venant rendre un jour visite à la Carmélite, avait imaginé, par un bon et louable sentiment, de donner la main au jeune comte de Vermandois, afin qu'il eût le plaisir de voir et d'embrasser sa mère, se persuadant que celle-ci ne ferait pas difficulté de laisser entrer un enfant qui n'avait que sept à huit ans, et que la sensibilité même de la mère la rendrait plus traitable. C'était dans une journée de 1675 ; le cœur de la mère était tout saignant encore des blessures de la sépa- ration. Chose surprenante ! la duchesse eut la force d'ache- ver de broyer elle-même son propre cœur; elle se refusa cette satisfaction si légitime de revoir son enfant; elle se mit hors ou au-dessus de la nature. Ni les vives instances de la duchesse, ni les larmes touchantes de l'enfant ne purent vaincre la fermeté de la religieuse ; elle demeura inflexible. Et Madame ne pouvant rien obtenir, fut si touchée et de la douleur de l'enfant qui fondait en pleurs et de la constance surnaturelle d'une mère si détachée d'elle-même, qu'elle s'attendrit, et ne put retenir ses larmes ^. » Lettre du 16 octobre 1667. - Claude Lequeux, dans la vie abrégée, in-18. ' Vie abrégée de la duchesse, par l'abbé Lequeux, p. 65. 602 MADAME DE LA VALLIÈRE Toutefois, personne n'était aussi capable que la reine, d'apprécier le mobile de M™'' de La Vallière, et de deviner le foyer de force où elle puisait l'énergie de soutenir une conduite qui, au premier abord, paraîtrait antinaturelle. Elle comprenait que sœur Louise de la Miséricorde ne se proposait pas seulementïle montrer son respect pour la clô- ture, et sa fidélité aux rigides règlements des cloîtres que la défaillance et la lâcheté tendaient à affaiblir. Ces généreux sentiments avaient aux yeux de Marie-Thérèse d'Autriche des racines encore plus profondes, parce qu'ils étaient la suite et l'effet du sacrilice plein et entier que sœur Louise avait fait, en quittant le monde, de tout ce qui pouvait l'y attacher le plus légitimement i. » N'avait-elle pas même pris la résolution de se priver pour toujours du plaisir de voir le comte de Vermandois et M"^ de Blois, sa sœ^ur, ce qu'elle aurait exécuté, parait-il, si le roi ne s'était opposé formellement et absolument à ce dessein d'immolation et de sacrifice? Cependant le but de mortification n'était pas le seul que poursuivait dans cette cruelle circonstance le cœur délicat et ferme de cette tendre mère. En se proposant de renoncer pour toujours à revoir ses enfants, de se borner à leur écrire, et à correspondre avec eux, la Carmélite obéissait sans doute à un sentiment élevé des convenances envers les autres reli- gieuses. Elle pensa probablement, que à cause de l'habit qu'elle portait, et au milieu des chastes compagnes qui avaient daigné l'admettre dans leur société, et parmi lesquelles il s'en trouvait de si jeunes, elle ne pourrait, sans blesser la dé- cence, recevoir ses enfants; il lui semblait que c'était don- ner, dans un si saint asile, un spectacle aussi scandaleux que nouveau -. Plus elle désirait revoir des enfants si * Vie abrégée, p. 67. ^ Lorsque M'°de La Vallière, encore ù la cour, à entrer dans un couvent, elle fit avec une dame de ses amies, une visite aux Carmélites, et reçut une espèce de morlilicaliou qui » bien loin de la rebuter ou de la décou- CHAPITRE HUITIEME 603 chers, plus elle se représentait vivement tout le charme d'un moment si doux, moins elle crut qu'il lui fût permis de jouir d'un honheur qui n'était le fruit que de la faiblesse criminelle qu'elle voulait expier i. Mais le roi s'opposa for- mellement à cette résolution ; il fit donner l'ordre positif à M""* de La Vallière de recevoir ses enfants 2 ; il lui demanda, comme une faneur, qu'elle abandonnât ce dessein, en disant que le bonheur de ses enfants, dans ce monde et après sa mort, demandait d'elle de les aider de ses conseils ^. Il eut même le soin d'envoyer lui-même souvent ses enfants à sœur Louise de la Miséricorde. Ces étonnantes merveilles qui ravissaient les esprits reli- gieux du xvn" siècle, confondraient notre génération ac- tuelle, élevée en partie en d'autres idées. On n'en voudrait d'autre preuve que ces réflexions, mesurées d'ailleurs, d'un célèbre critique Toute entière aux douceurs et aux con- solations de la vie cachée. M"'' de La Vallière ne croyait pas trop les acheter par les austérités et les mortifications qu'elle s'imposait avec ardeur et avec une sorte de raffine- ment. Ceux qui ont écrit le récit de sa vie pénitente se sont plu à en citer des exemples singuliers, qui nous toucheraient trop peu * aujourd'hui] mais le principe qui les lui inspi- rager, ne servit qu'à l'affectionner davantage à ces religieuses, et à l'affermir de plus en plus dans son pieux dessein. Après quelques moments d'entre- tien, la dame ayant dit qu'elle avait avec elle M"» la duchesse de La Vallière, ces saintes filles qui n'avaient pas encore connaissance du changement qui s'était opéré dans cette belle âme, mais qui ne pouvaient ignorer la position dans laquelle elle avait été à la cour et dont l'éclat retentissait partout, pri- rent tout d'un coup un air plus froid et plus sérieux. L'humble pénitente n'avait pas manqué de remarquer cette réserve, mais cela lui avait donne' un nouvel attrait pour ce monastère. N'est-ce pas aussi ce qui lui suggérait de ménager la sainte et pieuse sus- ceptibilité de ces vierges consacrées à Dieu ? • M™* de Geniis devina, avec son tact exquis, ce motif de M'"^ de La Vallière. ^ Cette circonstance et celle de la mort du marquis de La Vallière, furent les deux seules fois que M""» de La Vallière entendit parler le roi dans sa retraite. » Crawfurd, Notice sur La Vallière. * Ou n'a pas ici à diECUler dans sa matérialité et dans son économie tout 604 -MADAME DE LA VALLIEHE rait, et le but dont elle s'approchait par ces moyens, sont à jamais dignes de respect dans tous les temps, et de quelque point de vue qu'on les envisage La reine Marie-Thérèse fut emportée en JJB83, par une mort prématurée et inattendue, et, après elle. M"" de la Vallière était destinée à passer encore sur la terre deux fois" l'espace de temps que Tacite appelle un long espace de la vie humaine, quindecim annos, grande mortalis œvi spatium; et ces trente années que M""*^ de La Vallière vécut sur la terre après la mort de Marie-Thérèse, seraient presque inintelligibles, si on oubliait de compter les phases de ce duel féminin, où la demoiselle d'honneur de Henriette d'Angleterre avait jeté le gant en 1662 à Marie-Thérèse d'Autriche. Sans doute, en 1683, après avoir été souvent ' JI. Sainte-Beuve fait justement remarquer que M" de La Vallière ré- pondit avec un tact que l'esprit emprunte au cœur t Je ne suis point aise, je suis contente. •> Content est bien, en effet, le mot chrétien, celui qui ex- prime la tranquillité, la paix, la soumission, une joie sans dissipation, quelque chose de contenu. * Lettre du 29 avril 167G. C08 MADAMK DE LA VALLIKHE meurtrie dans ce combat singulier, la reine de France succombait à une de ces blessures qui sont le résumé ou la condensation de toutes celles qu'on a reçues antérieure- ment. Lorsqu'on n'a aucune solidarité dans une lutte dont l'issue a été désastreuse, on prend vite son parti des coups donnés ou reçus, on oublie vite le comlat et les combat- tants. Il était peut-être permis aux contemporains de M"'' de La Vallière, de ne plus se souvenir, après la mort de la reine, des tortures morales et imméritées qui avaient précédé cette mort. M™" de La Vallière avait des raisons personnelles pour ne pas l'oublier. C'est un instinct universel , aussi bien qu'une donnée de l'idée religieuse que, lorsque nous sommes sortis de l'ordre, de la régie, qui constitue la moralité et le bien vivre, nous ne pouvons y rentrer que par une souffrance consentie, mé- ritoire. Lorsqu'un cœur naturellement droit, lorsqu'une âme délicate est sortie de sa voie, ne serait-ce qu'un jour, on la verra, à ses heures de rentrée en elle-même, se remettre dans le bon chemin pour ne plus le quitter. Elle ne s'épargnera plus, faudrait-il s'exterminer et mourir à la peine; mais elle aura à subir, ce qui ne sera pas le moindre supplice, les conséquences qui naissent d'un faux pas ; il y aura des cir- constances dans lesquelles elle sentira amèrement, qu'en dé- viant elle s'est mise dans le faux. Telles furent les trente années que vécut M"**^ de La Vallière après la mort de Marie- Thérèse d'Autriche. Quand M""* de La Vallière n'était encore qu'à la sixième année de ses austérités et de sa pénitence derrière les grilles du monastère de la rue Saint- Jacques, le roi donnait la main à un mariage qui ne pouvait rester indifférent à la sœur Louise de la Miséricorde. On unissait M"'' de Blois à M. le prince de Conti, et rien de plus naturel que de venir complimenter la mère de la jeune femme, chez les Carmélites ; mais la situation n'en était pas moins fausse et bizarre. On félicitait la sœur Louise de la Miséricorde sur la prospérité de ce qu'elle OIIAPITRE IIUITU'MË 605 expiait dans la pénitence. Que l'on se précipitât au parloir du couvent, que M'"^ de Sévigné écrivit à sa façon spirituelle et originale sur l'invasion de la maison de la retraite et du silence par les personnes de la cour, l'événement le moti- vait. On mariait celle dont, deux ans auparavant, Louis XIV avait fait offrir la main, par forme d'insinuation, au prince d'Orange *, et qui était, par conséquent, la concurrente de l'héritière présomptive du trône d'Angleterre, c'est-à-dire de la princesse Marie, fille du duc d'York, nièce de Charles II, pour laquelle se décida le prince d'Orange. II n'en était pas moins embarrassant pour la sainte Carmélite de recevoir des compliments. N'était-ce pas être ramené à un passé qu'on aurait voulu détruire jusqu'à la dei*nière trace? Quelle difficulté pour accommoder et concilier ce qu'au témoignage de M"" de Sévigné la sœur Louise sut accommoder fort bien, son style et son voile noir, » sa tendresse de mère et celle d'épouse de Jésus-Christ -l La pauvre recluse n'avait entendu que des éloges sur la beauté de sa fille que M""^ de Sévigné ^ et La Fontaine * avaient célébrée, et dont M" de Caylus s'est exprimée plus tard avec enthousiasme ^. Mais ces qualités brillantes et par cela môme dangereuses, ces préliminaires et cette splendide noce qui se préparait à Ver- * Guillaume d'Orange refusa avec une juste fierté cette proposition; il ré- pondit qu'une fille légitime de Louis XIV ne serait pas trop pour lui. Guil- laume se retourna vers une union qui fut fatale aux Bourbons et aux Stuarts. •' Lettre du 29 décembre 1679. 3 On avait été dans le principe ébloui de la beauté de M" de Blois M"' d» Blois est un chef-d'œuvre, écrivait en 1674 M"" de Sévigné; le roi et tout monde en est ravi; c'est un prodige d'agrément et de bonne grâce. » * La Fontaine avait chanté iM" de Blois dans ses vers Conti me parut lors mille fois plus légère Que ne dansent au bois la nymphe et la bergère ; L'herbe l'aurait portée; une leur n'aurait pas Reçu l'empreinte de ses pas. OEuvres diverses leSonge. 5 Cette amie de Monseigneur le dauphin, dit M"» de Caylus, était belle comme M"^ de Fontanges, agréable comme sa mère, avec la taille et l'air du roi son père, et auprès d'elle les plus belles et les mieiLX faites n'étaient pas rogir dées Souvenirs de M""* de Caylus. 39 610 MADAME DE LA VALLIÈRE sailles, pouvaient-ils complètement rassurer la tendre mère qui continuait d'expier dans l'ombre du cloître la naissance de la fiancée? Une naufragée pouvait-elle sourire de bon cœur à l'entreprise des nouveaux passagers qui allaient tenter la mer avec l'ignorance du péril ? D'ailleurs en rece- vant des compliments sur le mariage de sa fille avec un prince de Gonti, elle soutenait un dernier hommage du monde, qui lui était bien plutôt une humiliation. » Il est d'ailleurs impossible d'échapper un jour ou l'autre à des interrogations personnelles de la conscience, sur cer- taines élévations étranges. Être appelée au parloir du cou- vent, par son propre gendre, entendre désigner ce gendre du nom de Louis Armand, prince de'Conti, fils aîné d'Ar- mand de Bourbon, frère du grand Condé, provoquait des demandes d'explication sur une si haute alliance; et ces explications devenaient fort pénibles quand on avait été at- tachée à Blois comme humble fille d'honneur de la du- chesse, épouse de Gaston d'Orléans. Sœur Louise de la Mi- séricorde rencontrait, au désert, des noms illustres ; mais la plupart n'avaient point porté au cloître des illustrations extorquées par des voies irrégulières. La liste des Carmélites de la rue Saint-Jacques offrait, au xvii'' siècle, des noms assez sonores M"" de Fontaines dont le père avait été am- bassadeur en Flandre, cl dont la mère était sœur du chan- celier de Sillery ; la marquise de Bréauté, fille de Nicolas Harlay sieur de Saiicy, ambassadeur, surintendant des finances, colonel des Suisses, et elle-même, un des orne- ments de la cour de Henri IV; M"'" de Lancri, fille d'hon- neur de Marie de Médicis; M"'' de Bellefonds, nièce du ma- réchal de Saint-Géran et sœur de la marquise de Villars ; M"" de Brissac, fille du duc ; M™'' veuve de Bérulle, fille du président Séguier et mère du cardinal de Bérulle ; Marie de Larochefoucauld, sœur du cardinal, veuve du marquis de Chandenier, capitaine des gardes ; M""' de Gontaut-Biron ; M"*^ de CHAPITRE HUITIÈME 611 Bouillon, fille du duc, sœur du cardinal et nièce de Tu- renne; M""^ d'Arpajon, fille du duc de Ce nom; M" d'Uzès; M"" de Bélhune, fille du duc de Gharost et de Marie Fou- quet, fille du surintendant ; Catherine de Bouflcrs ; M""" de Séguier d'Autry, mère du chancelier Séguier; M"" de Brienne; la comtesse de Bury, restée veuve à dix-neuf ans; M""^ d'Épernon, sœur du duc de Caudale et destinée un instant au trône de Pologne; M"'' de Gourgues ; M"z l'Histoire de Bossuet, pac le cardinal de Beausset, livre v; les notes de l'abbé Ledieu. — Le livre de M. Floquet, sur Bossuet précepiewr, page 492 à 513. — Saint-Simon, dans ses Mémoires, d'après le- quel Bossuet porta, dans cette périlleuse occurrence, tous les coup*, agit en pontife des premiers temps, avec une liberté dfgne des premiers siècles et des premiers évêques de l'EgUse -{Mémoires, édition de M, Cheruel, t. XIII, p. 30 — Le nioi de M° de Maintenon, à savoir que Bossuet, dans la négo- ciation de 1673, fut dupe de la cour, .se comprend et n'implique aucunement que Boisuet n'ait pas vaillamment travaillé à séparer Louis XIV de M""» de Montespan . OOO MADAME DE LA VALLIEKE répondit pas, comme succès, aux espérances et aux efforts du prélat. On n'a pas à raconter ici les emportements et les apaisements de M'"'' de Montespan, une première séparation d'avec Louis XIV, oltenue, mais éphémère. Toutefois, la tentative de Bossuet portera plus lard ses fruits. Il avait ra- vivé, dans Louis XIV, les scrupules de la conscience ; il avait bien mérité de la reine, en essayant de briser le joug que portait le monarque. Du reste, un puissant auxiliaire arrivait à Bossuet et à la reine; un autre homme devait en- trer en lice, dans les intérêts de la reine ; un homme qui était la théologie incarnée et qui en avait l'inflexibilité c'est Bourdaloue, qui avait prêché à la cour en 1670, et qui fut redemandé pour le carême des années 1672, 1674, 1675, 1680 et 10S2. Cet homme, dont nulle considération ne fut capable d'allérer la franchise et la .sincérité, ne pouvait s'abstenir de proclamer vers quel abîme il voyait s'en aller le mariage chrétien, avec les exemples partis de Versailles et de Saint-Germain. Une satisfaction éclatante avait été accordée momentané- ment à la morale et à la religion, lorsque M™'' de La Val- lière alla ensevelir dans le cloître ses déceptions et son re- pentir. Toutefois, la position de la reine de France ne s'était pas améliorée, le scandale n'avait pas cessé, il n'y avait qu'un changement de figures; M'"'' de Montespan, sous- traite à l'autorité de son mari par un abus de la puissance souveraine, n'eu régnait pas moins sur le cœur du monar- que, n'en savourait pas moins chaque jour les hommages et l'encens des courtisans. Il est vrai, néanmoins, que des honnues à la vertu rigide commençaient à se fatiguer de cet empire et prenaient en pilié l'abandonnement de la reine; ,des protcslalions sourdes s'élevaient dans le clergé; on parlait de refuser l'absoluliou à l'allière M"'^ de Montes- pan. Enfin, celui qu'on appelait le roi des prédicateurs et le prédicateur des rois, crut devoir prendre la parole, et se joindre à Bossuet, pour ébranler l'ascendanl deM'"=de Mon- CFiAl'ÎTftlî MîUVlKMl^ G21 tespan. Le père Bourdaloue, prêchant le carême à Versailles, en 1G75, ne craignit pas de proclamer, du haut de la chaire, en présence de M'"'' de Montespan et du roi, les lois outra- gées de la morale et de la religion. C'est que l'exemple donné de haut était déplorahle, au point de vue national, et ne tendait à rien moins qu'à la dissolution de la famille. De nos jours, de l'autre côté de l'océan Atlantique, des fa- natiques du mariage ont poussé jusqu'à l'exagération la plus criante l'accomplissement de cette loi naturelle qui appelle et veut l'association légitime de l'homme et de la femme. Il n'est personne qui, parvenu à la complète possession de ses facultés physiques et morales, et prenant sa place dans la société générale, ne sente le hesoin de donner un sens à sa vie, et d'attacher à ses actes un intérêt que la paternité cen- tuple. Quelque chose parle et commande de continuer les traditions de famille que nous a transmises le foyer paternel. Le Mormonisme n'a pas voulu compren- dre qu'il y eût un ordre à ohserver dans la satisfaction de cette aspiration. Mettant le pur sophisme au service de la passion, on l'a entendu exposer, sous prétexte de morale, des raisonnements singulièrement immoraux. Partant de l'idée que le mariage est une chose souverainement mo- rale, les Mormons ont conclu que plus on se mariait, mieux on faisait. Enfin, appliquant à leur idéal de mariage la notion d'intensité et de quantité, ils ont eu l'impudeur de demander pourquoi les seconds et les troisièmes mariages successifs étant autorisés chez les civilisés, il n'était pas aussi légitime de faire simultanément ce qu'on peut faire suc- cessivement, et de contracter plusieurs mariages à la fois *. N'en était-on pas là presque à Versailles? Bourdaloue se crut, en conscience, ohligé- de plaider pour la grande cause du mariage; et une dame célèbre du xvn'' siècle atteste à la postérité les efforts de Bourdaloue dans cette rencontre; c'est ' Lectures de la rue de la Paix, M. Simonin, — cité par M. Évariste Thé- venin. 62-2 MADAME DE LA YALLIÈRE M'"'' de Sévigné, qui était une des ferventes admiratrices de ce solide talent. Son sermon du jour de la Purification , écrivait cette femme célèbre, en 1674, transporta fout le monde ; il était d'une force à faire trembler les courtisans.» Toutesles foisqu'il reparaissait à la chapelle royale, de nou- veaux applaudissements couronnaient de nouveaux succès; mais l'apôtre de la moralité française ne se départissait pas de sa thèse ; il frappait toujours, disait M'"'' de Sévigné, comme un sourd, disant des vérités à brideabattue, par- lant à tort et à travers contre l'adultère Sauve qui peut, il allait toujours son chemin *. » Le remords renaissait à cha- que fois dans la conscience agitée du roi ; comment aurait-il résisté à cette logique formidable de l'orateur? Un jour, le dimanche de la troisième semaine de carême, Bourdaloue exposait devant le monarque, que le péché d'immoralité ou d'impureté est la cause la plus eflicace de la rupture éter- nelle de l'homme avec Dieu ; il établissait cette vérité de fait par les raisons les plus fortes ; parce qu'il n'y a point de faute qui rende l'homme délinquant plus sujet à la rechute; il démontrait ensuite que les manquements contre les mœurs sont de ces actes qui exposent le plus à la tentation du dé- sespoir ; enfin il montrait avec une terrassante raison qu'il n'est point de péché qui lie plus étroitement par la tyrannie de l'habitude et qui enchaîne l'homme sous le joug d'une servitude plus indestructible ^. On travaillait donc ardemment aux alïaires de la reine, tout en travaillant à l'édification morale de la France, et en démêlant, avec Pic de la Mirandole, la part considérable qui, 'dans un certain athéisme, revient aux passions char- nelles; puisque, d'après la remarque de ce savant, que Bourdaloue répétait devant Louis XIV, ce n'est pas tou- jours tout athéisme qui produit l'impudicité; mais c'est l'impudicité qui produit certaines sortes d'athéisme. » On ' Lettres de M™ de Sévigné, du 20 mars 1680. » Sermon pour la troisième scmame de cart^me. CHAPITRE NEUVIEME 623 ne rend pas, en France, assez justice au caractère comme au talent de Bourdaloue * ; el il est équitable de lui payer ici un tribut d'éloge pour la manière chaleureuse dont il plaida, devant Louis XIV, la cause de la reine et des mœurs. Le monarque éprouvait un plaisir spécial à écouter parler Bourdaloue, il voulait l'entendre tous les ans, ou tous les deux ans ; et de son côté, le docte orateur serrait de plus en plus le cercle de son irrésistible argumentation autour du monarque. Tantôt il faisait devant lui, avec une fière indé- pendance, des jeux de mots, pleins de sens ; que, par exem- ple, après des mariages contractés sans attachement, on faisait ailleurs des attachements sans mariage ^. » Tantôt, il abordait brutalement la question du scandale^ et il ne crai- gnait pas de s'écrier devant le roi Si, au préjudice de ces devoirs, le scandale vient de la même source d'où l'édifi- cation et le ]on exemple auraient dû venir; si celui qui dans l'ordre de Dieu a une obligation spéciale d'édifier les autres, est le premier à scandaliser, c'est ce qui met le comble à la malédiction du Fils de Dieu, et c'est alors qu'il faut double- ment s'écrier avec lui Malheur à cet homme ^! » Quelque- fois, Bourdaloue envoyait la vérité à Louis XIV, sous une forme indirecte, mais fort explicite; en semblant s'adresser aux sujets, il atteignait le monarque Il y en a parmi vous, s'écriait-il devant Louis XIV, et Dieu veuille que ce ne soit pas le plus grand nombre, qui se trouvent, an moment où je parle, dans des engagements de péché si étroits, à les en croire, et si forts, qu'ils désespèrent de pouvoir jamais briser leurs liens. Leur demander que pour le salut de leur âme, ils s'éloignent de telle personne, c'est, disent-ils, leur de- mander l'impossible ^; » et là-dessus, l'impitoyable argumen- ' On est surpris, dit justement M. P. Clément de l'Institut, que la vie de Bourdaloue, son caractère, son talent, n'aient pas été l'objet d'une étude dé- veloppée. * Sermon pour le deuxième dimanche après l'Epiphanie. ' Sermon pour le deuxième dimanche de l'Avent. ♦ Sermon pour le premier dimanche de carême, sur les tentations. ii-ii . dk la VALLii-i{i' tat!ur le renverser celte olye'ctioii de l'impossibilité préten- due de la séparation. Lorsque, pour la défeuse de la patrie menacée, il faut prendre les armes et marcher aux fron- tières, point de liaison alors, dit-il, qui retienne, point d'absence qui coule. Or, est-il besoin de dire, que s'il faut suivre ce qu'exige la loi du monde, il convient aussi d'obéir à la loi de Dieu qui commande ? Le plus souveut, Bourdaloue allait droit au but et retournait le fer dans la plaie N'a- vez-vous plus revu cette personne écueil de votre fermeté et de votre constance ? N'avez-vous plus recherché des occasions si dangereuses pour vous? Un autre jour, il s'écriait à brûle-pourpoint Ah ! chrétiens, combien de conversions votre seul exemple ne produirait-il pas? Quel attrait ne serait-ce pas pour certains pécheurs découragés et lombes dans le désespoir, lorsqu'ils se diraient à eux-mêmes Voilà cet homme que nous avoas vu dans les mêmes déhanches que nous, le voilà converti et soumis à Dieu, » — Ce qui sauve les rois, disait-il, dans le môme sermon, c'est la vé- rité; et Votre Majesté la cherche, et elle aime mieux ceux qui la lui font connaître, et elle n'aura que du mépris pour quiconque la lui déguiserait; et bien loin de lui résister, elle se fait gloire d'en être vaincue ^.. > N'est-ce pas à la suite d'une de ces stations de carême que Louis XIV, tourmenté par ses remords, honteux de vivre dans un double adultère, et touché des discours de l'élo- quent et franc religieux, aurait eu de nouvelles velléités de rompre son coupable commerce avec la marquise de Mon- tespan et de l'éloigner du cbâteau? On assure qu'il la fit partir pour Clagny, château dont il lui avait abandonné la jouissance -. On raconte aussi que le père Bourdaloue étant allé, suivant l'usage, prendre congé du roi à la fin du ca- * Sermon sur la persiivérance chrétienne et sur la résurrection de Jésus- Clirist ce dernier prêché au jour de Pâques. — Voir aussi, lettres de M™" de Sévigné, du 25 novembre 1071, 9 mars 1680, 28 mars 1689. " Château qui est compris aujourd'hui dans l'enceinte de la ville de Ver- sailles, non loin de l'avenue de Saint-Cloud. CHAPITRE NEUVIÈME fe28 rême, Louis XIV lui aurait dit Mon père, Vous serez content de moi; j'ai renvoyé M"'" de Montespan à Glagny. » Sire, répondit Bourdaloue, Dieu serait bien plus con- tent, si Glagny était à quarante lieues de Versailles *. » On a dit Nulle part le christianisme n'est plus grand aux yeux de la raison que dans Bourdaloue ^ — Ne pourrait-on pas ajouter que nulle part, Bourdaloue ne s'est montré aussi grand, que lorsqu'il a pris en main la cause de Marie-Thé- rèse d'Autriche, pour lutter contre les influences féminines qui s'agitèrent autour de Louis XIV? S'il est vrai que le mariage met chacun dans son ordre, selon la pensée d'un contemporain et ami de Bourdaloue ^, Bourdaloue disait avec non moins de raison que chacun doit mettre l'ordre dans son mariage, et maintenir une étroite unité entre deux individualités. Gomment le zèle indigné de Bourdaloue et celui de tous les honnêtes gens ne se serait-il pas prononcé *? Que n'ac- cordait-on pas au triomphe insolent de M"""'' de Montespan, sous les yeux de la reine? Revues données en divertissement à la hautaine marquise ^ , promenades en calèche, le roi, ' Mémoires sur M'^^ de Mainienon, par Languet de Gergy. Mémoires, etc., dans la famille d'Aubigne, par M. Lavallée, p. 163. — 11™= de Montespan, pariM. P. Clémt-nt, dans la Revue des questions historiques, livraison d'avril 1868. — J. Labouderie, notice sur Bourdaloue. - Laliarpe. ^ La Bruyère. "* Bourdaloue ne put se taire devant le scandale des promenades royales à Versailles, à Paris, à la tète des armées avec la reine, avec M°"^ de Montespan. Surtout la légitimation éclatante des enfants naturels ne produisait-elle pas des elîets pernicieux, en pervertissant les mœurs? Si Louis XIV crut de bonne foi que l'assimilation de ses enfants" naturels à ses enfants légitimes serait sans inconvénients politiques, l'histoire prouve combien il se trompa. A peine eut-il disparu, que plusieurs coups d'Etat restés célèbres vinrent re- dresser des situations arbitrairement faussées, et non-seulement le parlement mais la nation entière, se prononcèrent pour le régent contre les enfants de M""= de Montespan P. Clément, M"'^ de Montespan, Revue des questions his- toriques, avril 18t8, p. 438. Le duc du Maine, le comte de Vexin et M" de Nantes, furent d'abord légitimés anciennes lois 'françaises, par Isambert et de Crusy, t. XIX, p. 124. — M"' de Blois, de Tours, et le comte de Tou- louse furent légitimés par des lettres-patentes postérieures. 5 La Palatine, Corresp. complèle, p. 249. 40 m MADAME DE LA VALLIEHR M""' do .Moiitespan, Monsieur, etc., dans une voiture, la reine dans une autre voiture avec les princesses * ; ordre donné aux architectes, pendant qu'on habitait le château de Saint-Germain, d'obéir à tous les caprices de M'"^ de Mon- tespan, d'élever comme elle l'entendrait au milieu des jar- dins, des jets d'eau {u'elle put voir des balcDns de sa cham- bre 2; Lien plus, quand Versailles était terminé en 1676, la prééminence accordée à M'"*' de Montespan sur la reine elle-même, pour la distribution des appartements, puisqu'on ailectait vingt pièces au premier étage à M""* de Montespan, tandis que la reine n'avait que onze pièces au deuxième ^; surtout les sommes fabuleuses englouties pour élever les splendeurs de Glagny, palais à l'usage de M"" de Montes- pan ^; toute la cour se tournant vers cette planète ardente, jusqu'à la reine elle-même, allant voir bonté en eflet nul- lement indispensable dans le château de M'"^ de Montespan le jeune comte du Vexin, un peu malade ^ enfin l'objet éternel des conversations, étant de savoir si le roi quitterait délinitivement M"'" de Montespan, ou s'il ne la verrait que chez la reine , telle était la profondeur de l'abîme creusé par la situation. Ne fallait-il pas des accents énergiques et forts pour en retirer ceux qui y étaient descendus ^? Le règne de M'"" de Montespan eut une fin ^; mais, la ' Lettre de M""^ de Scvignô, du 27 juillet 1676. ^ Biblioth. impér. Mss. Mélanges Colbcrt, foL ii'd bis, fol. f2D. ^' V. nn plan du palais, dressé par Le .Nôtre, Bibliollièque iinp., cabinet des estampes. — I'. Cleiri'înt, M'"" de Montespan. p. 463. * La terre et la seigneurie de Clagny, aux portes de Versailles, apparle- naienl précc'deinirKuit à l'hospice des Jneurablei de Paris. envoyait au roi, le 22 ni li 1074, le du palais de Clagny, qui avait été commandé à MansMrt. .M'"'"d Léon Gozltin. 7 L'élévation quasi olïïcielle do la marquise de Maintenon n'eut lieu qu'a- CHAPITRE NEUVIKMK 627 responsabilité de M""^ de La Vallière n'était point dégagée pour cela. Sa poitrine fut bien oppressée en apprenant l'in- tervention de la duchesse de Richelieu *, dame d'honneur de la reine, une de ces aristocratiques rouées, qui, avec ses grands airs et ses détestables perfidies, empêcha peut-être une ère nouvelle de se lever pour la reine Marie-Thérèse. Après qu'un prêtre eut refusé l'aljsolution à M""' de Mon- tespan en 1675, il sembla un moment que la marquise al- lait débarrasser la famille royale de sa scandaleuse présence. Du moins, un rapprochement bien inattendu s'était opéré entre Marie-Thérèse et cette femme, déplorable cause, pour sa souveraine, des plus douloureuses humiliaiions. L'umitié rendue par la reine à M"'*' de Montespan n'indiquait-elle pas une révolution radicale dans les dispositions de cette der- nière ? Ne devait-on pas eu conclure que Louis XIV, débar- rassé d'Athénaïs de Rochechouart, allait rentrer dans une voie meilleure, et se souvenir qu'il y avait à son foyer une femme légitime, des princes légitimes, une reine, fille de Philippe IV, d'Espagne? La correspondance de M""^ de Sé- vigné donne des lumières à cet égard ; elle écrivait à sa fille, le 29 mai 1675 La reine et M""^ de Montespan furent lundi aux Carmélites de la ^ rue du Bouloi plus de deux près la morl de Marie-Thérèse. Mais il paraîlniit que déjà, vers 1678, elle avait supplanté la marquise de Montt-span; toutefois, tant que \écul la rfine, elle ne s'empressa poiiitde paraîlre à la cour. L'amour du roi pour M™^ de Montespan s'usait de jour en jour, ei le comte de Toulouse, qui en fut le der- nier fruit, vint au monde le 6 juin 1678. La marqu se de Montespan, dont les emportements devant le roi, au sujt-t de M" de Fontanges, ne purent Cure tolérés, fut éloignée de la cour vers 1683, bien que le Mercure historique et poUiiqne dise qu'elle ne s'en retira tout à fait qu'en 1691. Il était temps que finît le double adultère dans leq lel elle avait engagé Louis XIV. * Anne Poussart, fille puînée de François Poussari, marquis de Pons, baron du Vigan, et d'Anne de Neubourg, fut mariée d abord à François Alexandre d'Albret, sire de Pons. Elle épousa ensuite Armand-Jfan de Vignerot du Plessis, duc de Richelieu, petit-neveu du cardinal de Richelieu. Elle était sœur de cette belle M"" du Vigan, qui avait été courtisée par le prince de Gondé. C'est le prince de Condé qui poussa le duc de Richelieu à épouser M'"^ de Pons, qui jeune était toute à M'" de Longueville. * C'est là que, douze ans auparavant, la comtesse de Soissons avait eu aussi avec Marie-Thérèse, une conférence, où fut révélée à la reine l'in- trigue commençante de M" de La Vallière. m .VlAbAMK DE LA VALLIËRË heures en conférence; elles en parurent également contentes; elles étaient venues chacune de leur côté, et s'en retournè- rent le soir à leurs châteaux. » Le roi, écrivait-elle le 7 juin suivant, a fait ses dévotions à la Pentecôte en Flan- dre; M""" de Montespan les a faites de son côté. » M"" de Sévigné n'en resta pas là; elle insistait, dans ses lettres du 12 et du 14 juin 1G75, sur l'amitié de M""^ de Montespan et de la reine qui venait d3 se déclarer au grand étonnement de tout le monde, et elle laisse percer quelque déliance, La reine fut voir M"'" de Montespan à Glagny, le jour que je vous avais dit qu'elle l'avait prise en passant; elle monta dans sa chambre où elle fut une demi-heure; elle alla dans celle de M. du qui était un peu malade, et puis amena M"'*^ de Montespan à Trianon... La reine a dîné au- jourd'hui aux Carmélites du Bouloy avec M'"'' de Montespan et W'^ de Fontevrauld vous verrez de quelle manière se tonrnera celte amitié. » Quoi qu'il en soit des soupçons de M""' de Sévigné, il est sûr que ces fréquentes visites que se firent la reine et la marquise, leurs longues promenades, leurs intimes repas, tète à tète,' touchaient au cœur les personnes vertueuses aifectionnées à la famille royale, et qu'avait contristées un scandale public et si ancien déjà*. Les habiles, éwivait de la cour Antoine de Feuuières, les habiles préiendent que la chose la séparation de Louis XIV et de M'" de Montespan est faite sans retour -. Bayle, lui- même, d'ordinaire peu enclin à la ci'édnlité, mais jui se méprenait ici, demanda que, en réjouissance d'un événe- ment si heureux, uni lete allégori]ue fût instituée » iOur célébrer arec soloiuité^ le retour du soleil, éclipsé si long- temps -'. » M'"^ de Sévigné désigne une duchesse, que M'"*^ de Mon- 1 M. Floquet. liossuel, précopieur liu dauphin, p. 504. - Lellre d'Anloino de Fouiiuières, 19 auùl 1075 lellres inédites des Feu- quières, publ. par M. K. Gallois, t. 111, p. 2^4. ' '> Bayle, lellre à Minutoli, i" mai 1075. CHAPITRE NEUVIÈME 629 tespan avait réussi à faire placer auprès de la reine, en qua- lité de dame d'honneur, au commencement de 1672 ; c'était la duchesse de Richelieu. Elle ajoute que cette duchesse témoignait tous les jours sa reconnaissance par les pas qu'elle faisait faire ^. » Le prétendu rapprochement de la reine et de M"^ de Montespan était l'équivoque combinaison de M"" de Richelieu. Quelles conditions furent débattues rue du Bouloi ? Que promit M""^ de Montespan ? Il importe peu de le savoir. Elle promit tout, pour ne rien tenir. Elle trompait. Elle jouait la comédie avec M'"*' de Richelieu, Il s'agissait de ne pas laisser Louis XIV à celle qui ne vivait que pour lui. L'officieuse duchesse de Richelieu, devenue dame d'honneur de la reine en 1672, par la protection de M"" de Montespan, s'était employée, aussitôt que cette dernière eut quitté Ver- sailles, en 1675, à lui ménager un prochain et triomphant retour. C'est à elle surtout, à M"'"' de Richelieu, qu'était dû le rapprochement si subit, si inattendu, et en même temps si trompeur entre la marquise de Montespan et la reine abu- sée. Aussi était-il bientôt venu, de Flandre, à cette conci- liante duchesse, des lettres du roi, si excessivement tendres, qu'elle se trouva plus que payée de tout ce qu'elle avait fait -, » au dire de M°"' de Sévigné. On exploita donc la faiblesse de Louis XIV, toujours subsistante envers M"^*^ de Montespan ; et les promesses faites récemment à la reine, rue du Bouloi, s'en allèrent en fumée. On dira Pourquoi la reine ne se défia-t-elle point de M""" de Montespan? La stratégie du cœur n'aurait-elle pas dû lui révéler le piège que lui tendait la diplomatie féminine, dont M"" de Riche- lieu était l'âme? Hélas! quand on a une nature délicate et droite, on ne soupçonne pas facilement la noirceur dans les autres; et l'on a de la peine à imaginer que la personne qui vous ' Lettre du 3 juillet 1673. . 2 Lettre de .M""= de Sévigné, o juillet 1673. 080 .MADAME DE LA VALLIÈRE parle n'emploie la parole humaine que pour induire traî- treusement en erreur. Et comment ensuite, n'être pas pris au filet, juand AP^" de Montespan avait, dans la duchesse de Richelieu, une comparse qui jouait la comédie de rattache- ment à la reine, et allectait les allures de la fausse bonne femme et de la fausse franchise ? M""-' de Richelieu n'était- elle pas mêlée tous les jours, avec la plus grande notoriété, aux œuvres de religion et de charité, de conversions, d'abju- rations, de démarches, de correspondances, de conférences pour la réunion des réformés i? Il y a des gens qui se font arme de tout, frappent à plusieurs portes à la fois, et cul- tivent plusieurs intérêts simultanés. Il fallait se concilier à jamais la faveur du monarque ; et voilà pourquoi la duchesse n'avait si adroitement ménagé entre Marie-Thérèse et Athé- n'aïs de Rochechouard cet équivoque rapprochement, ces rencontres, ces publiques et précaires démonstrations d'ami- tié et de familiarité, que pour mieux colorer, par l'assenti- ment surpris de la reine abusée, la prochaine rentrée de la marquise dans les résidences royales où elle eût dû ne plus reparaître. Il fallait d'autre part se faire valoir auprès de la reine en la berçant d'espérance; et pour cela, la remuante duchesse de Richelieu s'en allait déclarant en tous lieux que c'en était fait sans retour des anciens désordres ; ju'il ne se passerait plus rien désormais jue d'irréprochable entre Louis XIV et Athénaïs de Rochechouart, le roi à l'avenir ne la devant plus voir qu'en public. Ne serai-je pas /à, s'écriait- elle fièrement. Du reste, la reine, avec la pénétration que donne la droi- ture, avait fini par percer le masque de la duchesse de Riche- lieu, et sut bientôt à juoi s'en tenir. M'"*' de Gréqui devint dame d'honneur de la reine, à la place de M'"'" de Richelieu. La reine ne perdit pas au change; M"^de Créqui étoit la ' OEiivres le Louis XIV, t. V, p. i'J't. — Gazelti^ de France, 3 septembre li7"2. — Menure, gâtant. — Orais. funèbre de la duchesse de Kiolielieu 1684. CHAPITRE NEUVIEME 631 pins aimable et la plus sage femme du monde, sans intrigue ; M""^ de Richelieu avoit Taii' bourgeois et tracassière qui ne savoit pas vivre. Depuis sa mort, la reine s'expliquaut à son sujet, disoit qu'elle n'étoit pas bonne; qu'elle rendoit de mauvais offices à tout le monde i. » Telle était la navrante série des faits, devant lesquels, la reine, seule contre tous, avait dû se résigner à abdiquer sa vie d'épouse et à se consoler du trône au pied de l'autel. Quand on lui venait 'apprendre que le roi était en galanterie avec quelque dame de la cour, dit un historien-poëte, elle répondait d'un air détaché pour cacher les épines de son cœur Cela regarde M" de Montespan 2. » Ne devait-elle pas dire bientôt Gela regarde M"'*' de Maintenon? » Mais le calice n'est pas épuisé; et l'on doit enregistrer d'autres tromperies, pratiquées par d'autres femmes à l'endroit de Marie-Thérèse d'Autriche, et qui s'intercalèrent entre M'^e Je Montespan et M""" de Main-tenon. Il faut citer M^^de Soubise 3 qui voulut aussi se faire servir à manger dans cette grande auberge de la monarchie ; M"" de Soubise, nature peu chevaleresque, et dont il s'en faut que la mémoire soit arrivée honorée et pure à la postérité; son ambition, et les moyens mis en œuvre pour servir cette ambition, inspirèrent aux contemporains peu de sympathie. M'"*' de Soubise osa venir après M'"'' de La Vallière ; M" de Soubise, une de ces dames qui exploitèrent systématiquement les apparences d'une fausse amitié pour la reine, afin de se frayer un chemin au cœur de Louis XIV. On a donné à M'"*' de Soubise, écrivait M"" de Sévigné, les mêmes appoin- tements et les mêmes entrées qu'à la dame d'honneur, sans en avoir le titre ^ cela s'appelle de l'ai'gent. C'est avec les deux ' Mémoin-s de M^^^ de Montpevsler, 4 partie, édit. Michaud, p. 491. ^ Arsène Hou-saye, M" de La Vallièr', p. 269. 3 Anne de Rohnn Chabot, princesse de Soubise, fille aînée d'Henri Chabot, duc de Hohan, pair de France, née en 1618, et mariée en l-63 à François de Kohan, prince de Soubise, seigneur de Fontenay et de Poughes, lieutenant général des arme'es du roi. ' • Ou allait faire des compliments à .M"»* de Koliau sur ce que sa fille avoit 632 MADAMIi DP. LA mille écLis de la dame de la reine, qu'on lui conserve toujours vingt et un mille livres de rente qu'elle aura tous les ans *. Quand on a voulu Taire des compliments à M. de Souhise Hélas ! cela rient par ma femme, je ncn dois point recevoir les compliments. Et M'"*' de Rocheiort Voilà ce que c'est que de s'être bien attachée à la reine. Le monde est toujours bon à sou ordinaire -. » M™" de Soubise pratifuait le rôle d'une hypo- crite détestable auprès de Marie-Thérèse avec une telle téna- cité ^, elle protestait de son dévouement aux intérêts de la reine, avec un ton si pénétré, que celle-ci avait été comme touchée de pouvoir recueillir cette épave de fidélité au milieu de son grand naufrage; ce qui explique ce passage d'un per- sonnage du temps Jevous mandai avant-hier, par un petit guenillon de billet à la suite d'une grosse lettre, que M""^ de Souhise était exilée. Cela devient faux. Il nous paraît qu'elle a parlé *, qu'elle a un peu murmuré de n'avoir pas été dame d'honneur, comme la reine le voulait, peut-être méprisé la pension auprès de cette belle place; et sur cela, la reine lui aurait conseillé de venir passer soiT chagrin à Paris. Elle y est, et même on dit qu'elle a la rougeole. On ne la voit point, mais on est persuadé qu'elle retournera comme si de rien n'était '\ » les entrées et des prérogatives pareilles à celles de la dame d'honneur. » M" de iMontpensier, Mémoires, 'i' pailie, p. 491. 1 Le roi lui accorda en 1679, vinj;t mille livres de pension pour soutenir la dépense qu'elle était obligée de faire a la suite de la reine en qualité de dame du palais. * Lettre de i\l""= de Sévigné à M""" de Grignan, du 23 décembre 1679. ' M"> de Sévigné disait en 1674, le !•' janvier On a fait cinq dames du palais M™" de Soubise, de Chevreuse, la princesse d'Harcourt, M"" d'.Al- bret et M'" de Rochefort. > Lettre de M"* de Sévigné du 29 déc-'uibre 1679. CHAPITRE NEUVIEME 633 Enfin, le drame de trahison envers la reine devait avoir son dénoûment. Les Mémoires de 3i"'^ Mon^/jens'er rapportent que M"'** de SouLise prétendait que le roi lui avait promis la place de dame d'honneur, et qu'elle s'emporta même à ce sujet; ce qui donna de l'humeur au roi malgré son goût secret pour elle *. Dans son dépit, Louis XIV découvrit à la reine, dont M™'' de Soubise avait surpris l'amitié, combien elle en était dupe 2. Cette tracasserie causa son absence, dont la cour alors ne connaissait qu'à demi les causes. Mais la lumière était faite pour Marie-Thérèse, l'outefois, le public voulait approfondir ces demi-obscurités, et l'on peut remarquer que M"'' de Sévigné insistant sur l'affaire de M""** de Soubise, y revient dans une lettre du 3 janvier 1680 M"'" de Soubise est toujours enfermée chez elle, di- sant qu'elle. a la rougeole; on croit que cette maladie durera" quelque temps la rougeole étant le prétexte pour voiler sa disgrâce. Elle a prétendu avoir les entrées de dame d'hon- neur; les Majestés ne l'entendaient pas ainsi. Elle dit que la pension n'était pas une chose qui pût l'apaiser; il faut qu'elle ait dit plusieurs autres choses encore. » Le jour complet se fit, comme le rapporte la duchesse d'Orléans; il s'agissait d'une nouvelle et perfide trahison infligée à Marie-Thérèse M"^ de Soubise, dit la Palatine, était rusée, dissimulée et très-méchante; elle a cruellement trompé la bonne reine ; mais celle-ci l'a payée de retour en mettant au jour toute sa fausseté et en la démasquant pour ainsi dire devant tout le monde. Aussitôt que le roi eut dé- sabusé la reine sur cette femme, son histoire est devenue ' Cela peut-être fit dire "à un pamphlet du temps M" la duchesse de Soubise, dont les yeux vont tous les jours à la petite guerre, n'y réussit pas mieux que la princesse Palatine et M^^ de Soissnns, Olympe Mancini, laquelle avait épousé Eugène-Maurice de Savoie, comte de Soissons. » ^ Un soir, on ne sut ce que le roi était devenu. La reine avait envoyé vaine- ment savoir où il était, enfin on le sut. On dit que le roi, dans un chagrin qu'il avoit eu contre elle M"" de Soubise le dit à la reine » qu'il était chez M™ de Soubise le soir qu'on le cherchait. M"= de Monlpensier, Mémoires, 4° partie, p. 492. 634 MADAME DR LA VALLIÈUIÎ notoire; la reine s'en est divertie en contant son triomphe, comme elle disait à toutes les personnes *. » Mais il fallait Lien qu'à la longue, une bonne âme comme la reine fît taire ses plus légitimes ressentiments. M""-' de Soubise, éci'ivait M""* de Sévigné le 29 mars 1G80, rentrait à la cour au bout de ses trois mois, jour pour jour. Elle venait de la campa- gne; elle a été dans une [arfaite retraite pendant son exil ; elle n'a vécu que du jour Qu'elle est revenue. La reine et tout le monde la reçut fort bien. Le roi lui fit une très- grande révérence ^. » Il faut clore cette siuistre statistique des tristesses infligées à la reine par l'inconstance incurable du royal mari. L'avé- nement de M""*^ de Maintenon viut y mettre un terme, tandis que M"" de Fontanges, fugitif météore, ne fit que se jeter un instant à la traverse. La faveur de M"'"^ de Maintenon augmente tous les jours, disait-on en 1680. Ce sont des conversations infinies avec Sa Majesté, qui donne à M"'^ la dauphine le temps qu'il donnait à M""^ de Montespan ; jugez de reflet que peut faire un tel retranchement ^. Le char gris M'^^ de Fontanges est * Mémoires, sur la cour do Louis XIV, par Eliz. Cliarl., duchesse d'Or- léans, p. 47, in-8, Paris, 18^3. 2 Lettre du 29 mars 1680. — Toutefois, M"-^ de Montpensier attribuait la rentrée en faveur de M'° de Soubise à l'ir fluence d'un personnage modsste, faisant partie des officiers de la maison de la reine, à M"" de Visé, espagnole qu'elle avait mariée à son porte-manteau 636 MADAMK DE LA VALLIKUI' gulier pour une reine de devoir le retour d'une partie de son bonheur conjugal à celle qui avait élevé les enlanls de M'"'' de Montespan i. On s'est trompé en assurant que Ma- rie-Thérèse se faisait illusion, ou qu'elle n'apercevait pas le côté incomplet du nouvel état des choses. La candeur, l'hon- nêteté et la clairvoyance ne sont pas incompatihles. Qu'on n'oublie pas ce mot do la reine Je sais, je vois plus de choses qu'on ne croit, que je n'en dis -. » Ce qui paraît se déduire des probabilités de la situation, c'est qno la reine fit l'application de cette maxime — entre deux maux, il faut choisir le moindre. — 11 est vrai que, tandis que les at- tentions, les égards, les démonstrations publiques étaient désormais pour la reine, l'iniluence i;éelle était pour M"'' de Maintenon. Le moindre mal, en 1G80, 1681, était de régner et de laisser régner à côté de soi M™'' de Maintenon, qui , introduite dans l'intérieur de la royale famille, savait tout ménager et ne faisait point de fracas. Un moderne a dit Que de femmes, à la place de Marie-Thérèse, auraient été jalouses de ce partage, auraient senti amèrement l'infério- ' On Jit des premiers temps de M""' de Maintenon Le roi avait alors pour son épouse des attentions, des égards, des manières tendres aux- quelles elle n'était pas accoutumée, et qui la rendaient plus heureuse qu'elle n'avait jamais été. Elle en fut touchée jusqu'aux larmes, et elle di- sait avec une e>pèce de transport Dieu a suscili M™» de Maintenon pour nie rendre le cœur du roi. Elle lui en témoigna sa reconnaissance, et marqua ouvertement à toute la cour l'estime qu'elle faisait d'elle. » Lettres hislari- ques et édifiantes, t. I, p. 10. — Note tirée des mémoires de M" d'Auinale et des manuscrits de Languet de Gergy. — Lavallée. — Le duc de Noailles, Jlist. de M""> de Maintenon, t. IV, p. 47. J'arrivai à la cour au mois de janvier 1681. dit M""" de Caylus. La reine vivait, et M"" de Maintenon dans une faveur dc'clarée, paraissait aussi bien avec la reine qu'avec le roi. Cette princesse allribuaii à la nouvelle favorite les bons procédés que le roi avait pour elle depuis quelque temps et elle la regardait avec raison sur un pied bien différent des autres. » Souvenirs de M™» de Caylus. 11 est sûr que M""" de Maintenon travailla à convertir Louis XIV à la morale et aux affections de famille. " Sa bonté, dit une feuille du temps, l'empesclioit de. laisser paroistre tout son esprit, et elle ne vouloit pas faire voir qu'elle connoissoit à fonds beaucoup de gens qui en auroient été fâchez. Il est certain quelle n'a jamais cherché à nuire à personne. » Mercure galant, août 1683, p. 71. CHAPlThE NEUVIEME 63? ritô dé celte position * ! » Mais quel document historique autoriserait à affirmer que, dans des circonstances autres, la reine n'aurait pas désiré davantage? Là n'était pas la ques- tion en France, en 1680. Il s'agissait uniquement de re- cueillir d'une situation àjamais bouleversée quelques débris. 11 était impossible que Marie-Thérèse pût recouvrer entière- ment, comme il eût été à désirer, les droits de son cœur d'é- poiise. 11 est des blessures de la vie conjugale qui peuvent s'a- doucir avec le temps, mais que des siècles ne parviendraient jamais à cicatriser complètement. Toute l'exigence, en 1680, était donc simplement que Marie-Thérèse pût continuer passablement sa vie d'épouse. Elle avait, n'en déplaise à ceux qui ne connaissent pas encore cette lemme, fort incom- prise 2, assez d'esprit pour vouloir cela, et elle lobtenait par M™° de Maintenon, qui, tout en lui prenant une part des sentiments de Louis XIV, n'en faisait pas cependant un total monopole, observant assez les proportions, pour que sa vie d'épouse, de mère et de reine fût possible. La mar- quise avait, comme nous l'apprend Saint-Simon, . un air de retenue et de respect, un langage doux, juste, en bons termes ; » c'est tout ce qu'il fallait à la reine, avec les anté- cédents et l'organisation d'un Louis XIV. Un moderne ressuscite des doutes sur les rôles respectifs, doutes qu'on eut au xvii'' siècle, et que nous avons encore aujourd'hui. Après le jubilé, pendant lequel Bossuet avait réussi à obtenir la séparation du roi et de M™^ de Montes- pan, et -lorsque cette tentative eut de nouveau échoué, il est certain que M™'' de Maintenon, désappointée, mais non découragée, ne s'en proposa pas moins de prendre sa re- vanche de cette partie perdue; et il est manifeste, par les lettres de M'"'^ de Maintenon, comme par d'autres docu- • Gustave Héquet, dans Madame de Maintenon, p.' 162. * JN'ous regrctlons de rencontrer MM. de Isoailles, Gustave Héquet, parmi ceux qui ne se rendent pas compte de toute la finesse de cette reine inoffen- sive, qui sentait plus que personne l'étrangeté de sa position. 638 MADAME DE LA VALLIKRE ments, que, dès ce moment, la séparation du roi et de la marquise devint la grande aiï'aire de la veuve Scarron et son désir le plus vif '. Mais ce zèle était-il pur de tout alliage? La veuve Scarron n'avait-elle en vue que les intérêts du ciel, l'honneur du mariage, la dignité de Marie-Thérèse, la gloire de Louis XIV, sans aucun retour sur son intérêt propre? On en a douté, et il csl permis d'en douter encore^. Pouvait-elle ne pas voir que, M'"^ de Montespan écartée, la domination de la reine serait fort bénigne, et que son in- iluence, à elle, M'"*^' de Maintenon, grandirait et resterait sans rivale à la cour ^ ? Toutefois, on aime mieux faire observer ici que, depuis 1G80, deux politiques de femme, ainsi que deux sincérités, avaient été amenées par la force des choses à conclure taci- tement une transaction. Tandis que Marie-Thérèse avait intérêt à ne pas aliéner 1 M"'° le Maintenon écrit à. M""^ de Saint-Goran •• Avec tout son zèle l'évùqne de Condom , il voulait les convertir et il les a raccommodés. C'est une choie inutile, madame, que tous ces projets. 11 n'y a que le Fera de La Chaise qui puisse les faire réussir. Il a déploré vingt fois avec moi les égare- miMits du roi; mais pourquoi ne lui interdit-il pas absolument l'usage des sacrements? il se contente d'une demi-conversion. » -Madame de Malnteintn, par Gustave Héquet, Paris, 1833, p. 138. ' Nous ne saurions aimer les réticences que gardait M°>» de Maintenon, et cet air de protection qu'elle affecta quelquefois. Tandis que d'un côté elle se réjouit des attentions de Ljuis XIV pour la reine, aux pieiies celle-ci n'était pas accoulumée, s'applaudissant que le roi voyait plussouvent Marie-Thérèse, commençait à passer les soirées avec elle et mettait son application à l'amu- ser, on peut remarquer que d'un autre côlé M""" de Maintenon se réservait des correctifs et des restrictions dans ses lettres Si la ruine avait un direc- teur comme l'abbé Gobelin, écrit-elle, il n'y a point de bien qu'on ne dût espérer de la famille royale. » Letire de M'°' de Maintenon, du 2 juin 1682. La nine n'ayant pas ce directeur, on devine la conclusion qu'en tire M'"^ de Maintenon, — donc les choses ne vont qu'à moitié — c'est la faute de la reine — elle marche plutôt en Carmélite qu'en reine... Toutcela ne fai- sait-il pas humblement- enieiidre que si elle. M"" de Maintenon, était k la place de Marie-Thérèse, elle remplirait mieux le rôle de reine? M""" de Main- tenon n'aurait pas dû oublier que, dés les premières anni'es, Marie-Thérèse avait fait spontanément le sncritice de ses dévotions, pour assister au média- tioche du samedi. Ce ne fut qu'à la longue que la reine crut pouvoir se sous- traire aux exigences du mèdianoche, lorsque l'expérience lui prouva que ce sacrifice était parfaitement inutile et ne remédiinit à rien. Voir \ai relation des CanneUles de la rue du Bouloi, aujourd'hui avenue de Saxe. CHAPITRE NEUVll^ME 639 M'"" de Mainteiion qui aidait à fixer et à retenir le roi dans sa voie nouvelle, en ajoutant son charme person- nel aux éléments d'agrément qu'offrait déjà l'ensemble de la famille royale, M"^^ de Maintenon avait intérêt aussi à ce que le roi, en recommençant à aimer la reine, ne portât point les choses à ce degré exigeant et exclusif qui aurait fait éloigner toute femme et tout ami des abords du domicile conjugal. C'était donc la nécessité de la situation qui créait ici une double diplomatie féminine; et chacune de ces deux femmes devait trouver alternativement que l'une était justement dans les conditions qu'il fallait à l'autre. Marie Thérèse, quoique plus jeune que M""' de Maintenon, ne faisait que reprendre un sceptre branlant, toujours' mal assuré et qui n'empêcherait pas l'ex-gouver- nante de faire son chemin; elle ne lui était donc pas un épouvantail. M™" de Maintenon, à son tour, n'alarmait pas la reine, parce qu'elle laissait entrevoir qu'elle se trou- vait fort heureuse, comme sujette, que la reine daignât lui faire l'honneur de lui demander delà seconder. M""^ de Mainteiion, observe un pénétrant critique, se ser- vit de son 'ascendant sur le roi pour le ramener vers la reine. Une femme qui n'aurait eu que de l'habileté et de l'ambi- tion aurait trouvé plus sûr de posséder seule l'esprit et le cœur du roi. M™ de Maintenon n'hésita pas à le partager avec la reine ; elle ne voulait qu'un pouvoir honnête, et c'^st le mérite des pouvoirs honnêtes de pouvoir être parta- gés sans souffrir de diminution. M'"*' de Maintenon sentait que le penchant qui attirait Louis XIV vers elle, étant pur et devant le rester, le roi pouvait, sans danger pour elle, recommencer à aimer la reine. » Voilà jusleraent le pivot du traité politique tacitement conclu entre la reine et M"^ de Maintenon, et qu'un moderne penseur, à la fois sagace et spirituel, a mis en lumière sans le vouloir ^ Tout le pro- ' M. Saint-Marc GirarJin, de l'Académie française, dans le Journal des Débats, octobre 1856. 640. Madame bE la vallièiœ ]lème, entre ces deux lemmes, était que Louis XIV recom- mençât à aimer la reine, assez pour être sincère envers celle-ci, pas trop, afin que ce lut sans danger pour celle-là. Du moment qu'on accorde à M'"'' de Maintenon une grande supériorité de raison, de jugement, du tact, d'autres disent une habileté consommée, elle eut probablement cet éclair tle génie, de vouloir procéder par la concentra- tion, là où ses devancières avaient pratiqué l'isolement et la séparation. Si M"*-' de La Vallière et M'"*' de Montes- pan avaient régné,, n'était-ce pas en établissant une bar- rière entre le roi et la reine? Mais n'était-ce pas, dans le nou- veau système, la suprême habileté de régner en inaugurant la réconciliation, et de consolider sa propre influence par le rapprochement de Louis XIV et de Marie Thérèse"? Que de chances M™ de Maintenon ne se ménageait-elle pas de la sorte, dans la nation et dans l'opinion? C'était beau de le tenter, habile de l'avoir imaginé, politique d'y travailler. Visait-elle, ne visait-elle pas à la souveraineté ? Du moins, ne voyait-elle pas que Louis XIV, lui-même, l'y portait? Mais, au fond, son meilleur triomphe, à ses propres yeux, ne devait-il pas être de se voir porter à la souveraineté d'influence, par la reine elle-même, et de régner avec elle et par elle? Ainsi se firent sans doute les conventions muettes, entre ces deux femmes, dont l'une était M™'-' de Maintenon, et l'autre Marie-Thérèse, ayant acheté par vingt années de douleur, l'expérience du cœur du roi. La situation était délicate pour M""^ de Maintenon, La fierté de la reine se serait refusée, à accepter d'une inférieure, l'aumône d'une amélioration dans sa destinée d'épouse ^. Mais, quoi 1 Un hislorien fait remarquer que Marie-Tliérèse, soit que Louis XIV l'exi- geât, soit qu'elle crût devoir se sacrifier pour lui plaire, se résigna à vivre avec mesdames de La Vallière, de Montespan ; elle poussa la complaisance jusqu'à caresser des enfants qui n'étaient pas les siens; mais elle ne s'a- baissa jamais jusqu'à montrer de la considération pour leurs mères tant que dura leur désordre. La beaumelle, qui n'indique pas ses sources, prétend CHAPITRE NEUVIÈME 641 qu'il en soit, politique de prévision, ou sentiment du devoir, M""^ de Maintenon sut prouver par des actes patents et réitérés, qu'elle était loin de vouloir empiéter sur un ter- rain qui n'était pas le sien. Elle sut le prouver en s'effacant devant la reine, dans la mesure où l'effacement était prati- cable et la plupart des historiens du xviii^ siècle ou hostiles ou sympathiques, mais indépendants, qui ont relaté cet épisode du grand règne, laissent bien entendre que telle fut, en effet, l'attitude de 11'°^ de Maintenon. M""*^ de Maintenon avait un ensemble de facultés, d'ail- leurs nécessaires, pour éclaircir une situation comme celle qu'elle débrouilla. Elle n'avait cessé, depuis qu'elle avait paru à la cour vers 1674, de croître en faveur et en crédit. Celle qui avait su tenir son rôle, si étrange et si difïicile, pendant quatre années, entre le roi et M"'" de Montespan, celle qui était parvenue à prendre une position excellente entre les transports de celle-ci et l'irritation de celui-là, dut suivre les conseils de la plus élémentaire sagesse. Il y avait une reine, dont on devait sauvegarder les droits, lors- qu'on avait une conscience. La première politique n'était- elle pas d'étudier de quoi se plaignait Marie-Thérèse, et de luiôter le sujet de ses légitimes plaintes *. que Marie-Thérèse, ayant à cet égard distingué M"»* de Maintenon, voulut en mourant, lui montrer son estime, en tirant sa iague de son doigt et en la lui donnant. Peut-être avait-elle un secret pressentiment de ce qui devait arriver. 1 M. de Lamartine, ne s'arrêlant qu'aux grandes lignes de cette destinée ex- traordinaire, part de cette belle organisation féminine, pour expliquer com- ment M""» de Maintenon était prédestinée à tout éclipser et à dominer Louis XIV Une femme, dit-il, une femme dont le caractère est resté une énigme, tant il y a d'intérêt visible dans sa vertu et de piété réelle dans son ambition, M™» de Maintenon s'insinuait par les artifices les plus féminins, dans les yeux, dans l'esprit, dans les balsitudes du roi. Cette femme d'esprit portait encore dans son nom de veuve Scarron et d'amie de la courtisane IS'inon, les stigmates de son obscurité et de sa mauvaise fortune récentes. M"^ de Moniespan, sans soupçon de l'arabiiion de cette protégée, mais char- mée de son esprit et touchée de sa misère, l'avait rapprochée d'elle et du roi en lui confiant ses enfants. De confidente, M™' Scarron était devenue rivale. Sa beauté mûre, sa raison calme, ses grâces voilées, ses séductions en appa- rence involontaires, sa piété alfichée, quoique indulgente aux faiblesses de 41 642 MADAME DE LA VALLIKRE A peine l'épisode de M"'" de Fou langes était-il terminé, à peine l'astre sérieux de M""^ de Maintenon se montrait-il à la cour, à peine enfin l'arrière-saison d'un bonheur conjugal un peu tardif commençait-elle à briller pour la reine, que cette épouse, si longtemps abreuvée de chagrins , quittait brusquement la vie au moment où Louis XIV redevenait ce qu'il eùtdû toujours être. Grand sujet d'amères réflexions à la rue Saint-Jacques. Une femme vertueuse, distinguée de naissance, une reine quinevcut que pour le devoir, n'avait traversé la vie que, pour endurer pendant vingt ans, les plus intolérables souffrances qui pussent atteindre un cœur d'épouse 1 Et M™'' de La Vallière était forcée de se souvenir, dans sa solitude du Carmel, que c'était elle qui la première, avait coupablement entamé cette existence, et son maître et de sa protectrice, enfin on ne sait quel caprice des sens qui surprend les hommes dans la satiété de l'amour heureux, et qui leur fait trouver des charmes inattendus dans les découvertes et dans les élonne* ments d'une beauté jusque-là invisible aux autres et à eux-mêmes, tout cela commença à remuer dans le cœur du roi des inclinations vagues pour celte femme si éloignée du trùne. M"'^ de Maintenon lui apparaissait comme un dé- licieux repos du cœur après le tumulte de ses passions passées; sa sévérité même lui plaisait. 11 aimait à être respectueusement réprimandé par elle sur le désordre de son cœur. Elle s'appuyait sur sa piété pour lui conseiller, a l'insu de M"" de Montespan, de rompre à jamais un lien criminel devant Dieu, usé devant les hommes; elle empiétait sur son cœur par sa conscience; retenue à la cour par le soin des enfants du roi, pendant les éloignements forcés de la mère, la gouvernante aval', l'oreille du prince à toute heure; elle connaissait les dégoûts et les amertumes de ce commerce orageux de M™' de Montespan et du roi; elle s'unissait au clergé pour encourager ce prince à se jeter dans la dévotion. La dévotion devait lui livrer un roi sans rivale • Cependant la nature, le temps, la satiété, les orages dans la passion, et, pàr-dessus tout, le travail lent, assidu, souterrain de M""" de Maintenon, épiant à toute heure le co;ur et les retours du roi, faisaient ce que la piété seule n'avait pu faire. M"» de Montespan fut vaincue cb éloignée par celle qui lui devait tout, même l'occasion de la vaincre. EU* f^. l'apparence de n'être remplacée que par Dieu dans l'âme du roi; m. ^ file ne s'y trompait pas; elle était remplacée par la nouvelle favorite. M"" ïe Montespan mourut d'humiliation cl de tristesse. M""-" de Maintenon alluma de plus en plus la passion muette du roi pour elle. En lui opposant une inflexible vertu, elle exalta cette passion jusqu'au délire. La veuve de Scarron devint l'épouse de Louis XI V. L'adresse et la piété la placèrent de leurs mains unies, sur le trône; son esprit supérieur l'y maintint. Lamartine, le Civihsaleiir, 1854, p. 216. CHAPITRE NEUVIÈME 643 Li'isd cette carrière dès son début. Voilà de quel côté surtout se tournèrent les gémissements et les regards attristés de sœur Louise de la Miséricorde. Rien de pins cruel en effet, de plus déconcertant pour la pensée humaine, que certains événements inattendus qui viennent brusquement, donner à des carrières agitées des dénoûments inintelligibles I Tout ne semblait-il pas être rentré dans l'ordre, dans la régularité ; et la famille royale de France ne recommençait- elle pas la vie sur un plan complètement neuf? Marie-Thé- rèse n'était-elle pas récompensée de sa longanimité héroïque, de sa victorieuse patience? Un jour, devant elle, un chant redisait les impertinentes prétentions d'une épouse délais- sée ; M"*' de Montausier semblait demander à la reine, si elle pensait comme l'héroïne de la romance, et Sa Majesté faisait une réponse digne de sa magnanimité; elle ne ferait toujours que la volonté du roi; loin de proclamer l'insurrection" de son cœur d'épouse trahie, elle enchaînerait toujours la passion de son cœur aimant au char de Louis XIV 1. ! Alais en 1C83, ne recueillait-elle pas le bé- néfice de tant de fidélité? L'année 1683 s'était annoncée, pour Marie -Thérèse, comme une année heureuse à tous les points de vue les puissances étrangères continuaient de la complimenter, par leurs ambassadeurs, sur la naissance de son petit-fils, le duc de Bourgogne. Si Louis XIV voyait avec un indicible plaisir la perpétuité de sa famille, si le royaume en conçut aussi de grandes espérances, la reine ne se réjouissait pas moins d'être grand'mère, et de pouvoir reporter sur un jeune en- fant une portion de son aSéction. * ... Gia nna simil canzoïie havea fatio cantare alla regina dalla stessa Montausier, la quale hebbe in riposta ne! far tali proposte, faro quanto vuole l'auUorità del re mio signove e marito, e pronietto d incatenare la passione del mio cuore, a suo voleri. Riposta degna d'una regina di gran bontà. Teatro Gallico, di Gregorio Leti, t. I, p. 5ii3. Amsierdamo, 1691. 644 MADAME DE LA VALLIÈRE Il est dans le domaine de la politique, deux questions distinctes, celle des personnes et celle des principes; il y a les dynasties et il y a les institutions. On conçoit la sépa- ration de ces deux choses, mais il est évident aussi que l'état le plus normal d'un peuple est de s'appuyer à la fois sur l'institution et sur la dynastie. La France à la fin du xvii" siècle se reposait sur l'institution monarchique, et Louis XIV la représentait singulièrement dans l'ahso- lutisme le plus crû. Cette constitution monarchique avait- elle besoin d'être libéralisée? La France voyait-elle la néces- sité d'une réforme politique et administrative? C'étaient de ces problèmes que les esprits n'avaient pas le temps d'exa- miner. On était tout entier aux questions de guerre et de gloire. D'ailleurs, la dynastie française était florissante, et pour le moment, on ne regardait pas plus loin *. On avait mis, sous un tableau représentant la famille royale, les vers suivants Ilic agnosce tuos Ventura in sœcula reges Gallia quondam orbis senliel esse ticos. Traduits ainsi Dans ces jeunes héros dont l'auguste naissance • Promet cent miracles divers » Tu vois tes rois, heureuse France ! rouvant, sans être endommagé, qu'il avait été lu. Sa hauteur est 0,196; et sa largeur, 0,12^. Le titre du livre est L'oflice de la semaine sainte selon le messel et bréviaire romain; avec la concordance du messel et bréviaire de l'aris. De la traduction de M. de Marolles, abbé de Villeloin. Ensemble l'explication CHAPITRE NEUVIÈME 647 elle gémissait avec Jérémie et Isaïe sur les inexprimables douleurs du Sauveur des hommes. Le 18, jour de Pâque*, on la vit communier à la paroisse de Versailles, et l'après- dînée entendre, dans la chapelle du château, le sermon du P. Hubert, de l'Oratoire. Le 2G et le 27 avril, le sieur Heinsius, envoyé extraordinaire des États-Généraux des Pro- vinces-Unies, et le sieur Haxthausen, envoyé du duc de Holstein, étaient reçus en audience par le roi et par la reine. Cependant le printemps reparaissait avec ses merveilles, avec ses parfums et ses fleurs, dont Versailles était embaumé. La reine, qui jouissait du bonheur de la vie de fa- mille, se prêtait aux joies des autres. Elle assistait, le 17 mai, dans le cabinet du roi, à Versailles, aux fiançailles de Don Joseph Rodrigo de Gamara, fiancé à Gonstance- Émilie de Rohan, fille du prince de Soubise. Cependant les plénipotentiaires réunis à Piatisbonne pas- sèrent plus de quatre mois, sans rien avancer; ils travail- laient avec la même lenteur et la même tranquillité que si la France eût été obligée d'attendre leur commodité, et qu'elle n'eût pas fixé un terme, au delà duquel il n'y avait plus d'accommodement à espérer. Toutefois, Louis XIV fit proposer une trêve de trente ans, pendant laquelle on pour- rait à l'amiable terminer les difficultés, ce qui ne fut point des sacrez mystères représentez par les. cérémonies de cet ordre. Par Fr. Daniel de Cicongne, de l'ordre de Saint-François. A Paris, par la compagnie des libraires associez au livre de la semaine sainte. Avec une épître à monseigneur MoIé, garde des sceaux de France. » Le livre renferme quatre gravures en taille douce 1» pour la messe du jour des Rameaux ; 2" pour l'office du soir du Mercredi-Saint; 3° pour l'oflice du soir du jeudi-saint; 4» pour le dimanche de la Résurrection. La couverture, de maroquin ronge, est ornée de fers dorés! Sur les plats; qui sont semés de fleurs de lys alternant avec le ch'ifîre' de la reine', que sur- monte la couronne royale, sont frappées les ariùes de France et d'Autriche. Le chiffre de la reine, composé des lettres M, T, A, se retrouve, avec la cou- ronne, répété six fois sur le dos du livre. La Semaine sainte de Marie-Thérèse d'Autriche a été donnée au musée des souverain^ du Louvfe, en 1861, par M. Révillion. Voyez Notice desantiquités, objets du moyen âge, de la renaissance, etc., composant le musée des souve- rains, par M. Barbet de Jouy, p. 173. 648 MADAME DE LA VALLIÈRE accepté. C'est alors que Marie-Thérèse fut prévenue de s'ap- prêter pour un voyage que la cour de France allait entre- prendre en Bourgogne et en Alsace. Ce voyage était tout politique; mais le bonheur de la reine était d'aller, malgré la fatigue, où allait Louis XIV *. Le roi, la reine, le duc d'Orléans, Madame, partirent de Versailles le 26 mai. On meurt, même quand on est prince ; on allait le voir, dans cette brillante année 1683, si triomphalement paci- fique. Qu'il y a peu de certitude dans les choses humaines, et peu de distance de la joie et des plaisirs au deuil et à la tristesse! A peine Leurs Majestés sont-elles de retour d'un voyage de divertissement, que la reine tombe malade, d'une maladie qui doit la coucher au tombeau, quatre jours après. Se peut-il une plus grande ironie de la fortune? Toutefois, un historien, qui ne manque pas d'observer la cruauté des coïncidences, fait une remarque digne d'attention. Il est ' Louis XIV était d'une exigence terrible pour les voyages, à l'égard des dam?s. Rien n'y faisait, ni les rudes hivers, ni les chemins impraticables, comme le raconte Saint-Simon, qui parle avec sévérité de ces fantaisies royales. On voit par une lettre de Colbert de Saint-Pouangp, agent de Lou- vois, les détails du voyage de février 1678, quand le roi quitta Versailles avec la reine et une partie de la cour, pour se diriger sur la Lorraine, mais au fond en se proposant pour but de la campagne le siège de Courtrai. Les équipages de la cour avaient beaucoup de peine à arriver, les carrosses des dames du palais s'embourbaient à chaque instant. La reine avait, certains jours, dans son carrosse, M^e de Montespan, enceinte de cmq mois, et qui devait suivre bon gré mal gré. A Vilry-le-Français, où l'on était le 18 fé- vrier, les échevins de la ville offrirent au roi quatre bouteilles de vin de Reims, à la reine vingt-six livres de confitures sèches et huit cents poires tapées, etàM"de Montespan une corbeille de poires tapées, ornée d'une guir- lande de rubans. Passrt/!de LouisXIVâ Vitry-le-Fraiçais en 1678,1680-1681, parle docteur Valentin. Vitry, 1867. Cependant, la diversion que Louis XIV avait voulu produire ayant eu son effet, il volait vers la Flandre, et arrivait le 2 mars à Valenciennes. Cette pointe sur la Lorraine avait trompé les alliés et procuré lu prise de Gand. Pendant ce temps, la reine, M"" de Mon- tespan et les dames gagnaient Lille à petites journées. Le premier maîire d'hôtel de la reine, Colbert de Villacerf, écrit de Cambrai à Louvois, sous la date du 10 mars, que la reine a logé ;i rarciievèché avec M'"» de Montespan, et qu'il les a iveillées pour leur annoncer la prise de Gand. Histoire de Louvois, par M. llousset. — 3/"" de Montespan. par M. P. Clément, in-12, p. 98. Les voyages de la cour aux armées étaient loin d'tHre finis; nous retrou- vons la reine, par lescliemins, en 1080, au mois de novembre. Il y avait le CHAPITRE NEUVIEME 649 vrai que tout nuage avait disparu du toit conjugal rede- venu serein, et que Marie-Thérèse semblait pouvoir comptei désormais sur l'afïection de Louis XIV. Il est vrai aussi que, sous le rapport de la santé, la reine était douée d'un excel- lent tempérament; mais, néanmoins, elle sentait elle- même, depuis quelque temps déjà, que cette santé fon- cièrement solide était un peu ébranlée * ; et, si elle suc- combe, la plupart des biographes sont d'accord sur la cause véritable de cette mort précipitée, qu'ils trouvent dans le poids de ses chagrins antérieurs et dans l'effort qu'elle fît, toute sa vie, pour les dissimuler '^, Aujourd'hui elle se j'éjouissait, dans la certitude que le roi, son époux, était complètement à elle. Mais en avait-il été ainsi toujours? roi, Marie-Thérèse, le dauphin, îa dauphine, M""" de Monlespan, les dames de service et l'abbé Fléchier qui a raconté les détails de celte expédition. Partis de Versailles au mois d'août, on y revenait par l'Alsace et la Lorraine, après une excursion sur les frontières de la Hollande. Un jour de novembre, sur la route de Longwy à Longuyon, Louis XIV, qui s'était détourné de la route pour visiter des fortifications, fut égaré par ses guides. La nuit était venue. Percé par la pluie, crotté par un postillon, dit Fléchier, il errait au milieu d'un bois, à quelques lieues de Luxembourg, où les Espagnols avaient une forte garnison. Faudrait-il donc coucher dans la forêt sur un sol dé- trempé? continue un moderne historien. On le craignit un instant. Quel- ques gardes trouvèrent enfin le chemin de son logement, où il arriva à neuf heures du soir. Pour comble de malheur, la reine était restée en route avec les princesses et les dames. Le roi remonta à cheval pour la chercher, et, grâce aux paysans, qui éclairaient les chemins avec de la paille, il la trouva embourbée, à deux lieues de là. Ses oiTiciers eux-mêmes n'avaient pu la suivre. Fléchier racontant le lendemain à M"= Deshoulières cette singulière campagne, ajoutait La reine pleuroit, et pleure encore aujourd'hui. Vous jugez bien qu'on fut mal couché. Les seigneurs et les dames dormirent sur de la paille et M""=de Montespan eut bien de la peine à trouver un méchant matelas pour M" de Nantes qu'elle avait amenée avec elle. » {M"' de Montes- pan, par M. P. Clément, ch. v, p. 100. Vint ensuite ce dernier voyage de 1683. * Gia era qualche tempo che la regina, d'ottima amplessione par altro, si sentiva mal diposta Poiche non haveva mai havuto più giusto sogetto di rallegrarsi che in questa volta, potendo gloriarsi d'havere il rè suo marito in- tieramente a lei, e sicura che non godra aliri abbracciamenli che li suoi; in fatti sua maestà le dava segni di tenero amore. Teatro GalHco di Gregorio Leti, t. H, p. 299. ^ Dreux du Radier, Mémoires historiq. el critiq. des reines et régentes, t. VI, p. 330. 6S0 MADAME DE LA VALLIEUE Si quelque chose devait retentir douloureusement dans le cœur de sœur Louise de la Miséricorde, c'était de découvrir, dans le brusque trépas de Marie-Thérèse d'Autriche, trois ironies dans une seule 1'' moui'ir Jeune ; 2" perdre la vie , quand la monarchie de Louis XH' aUi'iL,4iait à une prospé- rité et à une puissance qu'on n'avait pas vue depuis Charle- magne; 3"^ eniin, se retirer de la royale famille, alors que Louis XIV, longtemps transfuge, y rentrait en mari amendé, convaincu et soumis. Tout, à cette époque, ainsi que l'avoue un historien étranger, favorisait les projets de Louis XIV, et ils étaient gigantesques; ils devaient tenir l'Europe en fermentation constante pendant quarante ans. Le monarque' était en train d'humilter les Provinces-Unies, de s'agrandir vers le Rhin et l'Allemagne, en s'annexant la Belgique, la ' Lorraine et la Franche-Comté. Bien plus, il était évident que le roi d'Espagne, dont Marie-Thérèse était la sœur aînée, mourrait sans postérité. Un jour pouvait venir bien- tôt où la maison de Bourbon aurait à faire valoir des dïoits sur ce vaste empire où le soleil ne se couchait jamais *. Une coalition continentale s'opposerait, sans doute, à l'union de ces deux grandes monarchies sous un même sceptre. Mais la France pouvait, à elle seule, tenir tête à toute coalition continentale, si l'Angleterre ne faisait point pencher la ba- lance. Et, pour le moment, en 1683, Louis XIV n'avait rien à craindre, pour ses projets, de l'Empire germanique, qui luttait alors sur le Danube contre les Turcs. La Hollande ne pouvait se hasarder, sans alliés, à lui résister. Il pou- vait donc, en toute liberté, donner carrière à ce que l'historien anglais appelle son ambition et son insolence. » La puissance de la France, ajoute-t-il, atteignait, à cette époque, le point le plus élevé qu'elle ait jamais atteint avant ou depuis, pendant les dix siècles qui séparent le règne de ' Dans les notes qu'on a trouvées de Louis XIV, il y avait ce putit para- graphe, jelc d'une main négligente partage de l'Espagne. » CHAPITRE NEUVIÈME 631 Charlemagne du règne de Napoléon *. » C'était alors pour- tant que la reine allait se séparer à jamais de son royal et glorieux époux ; et, devant cette effrayante rapidité de vicis- situdes, on ne trouve que ce mot du poëte moderne Que peu de temps suffit pour changer toutes choses! Nature au fcont sprein, comme vous oubliez! Et comme vous brisez dans vos métamorphoses Les Gis mystérieux où nos cœurs sont liés! Quelle heure! quelle interruption brusque des pensées ordinaires! Gomme il fallait, en quelques instants, changer de fond en comble un ordre d'idées suivi depuis vingt- trois ans ! Louis XIV n'avait que quarante-cinq ans; il était dans la plénitude de ses facultés, et son règne brillant tou- jours dans la période ascendante. Voilà où pouvaient être, pour une épouse, les cruels désappointements de la destinée terrestre. On n'était encore qu'à moitié chemin de la course, d'après le terme moyen de la vie humaine. Après vingt ans d'infidélités, le roi se rangeait et revenait aux habitudes normales d'un époux qui place sou bonheur dans la vie privée. Et en de telles conditions , avoir la conscience qu'on est irrémédiablement atteint dans le principe de sa propre vie, sentir que la fièvre dévorante a pris sur vous un définitif empire, avoir la possession de toutes ses facultés perceptives, de l'entendement et de la sensibilité, et s'aper- cevoir qu'on est forcé de quitter la terre, de laisser tout ce qu'on aime, et au moment où ce que l'on aime vous revient après d'affligeants égarements, quelle pensée, quelle acca- blante perspective à l'heure d'une maladie dernière! Mais c'est, paraît-il, ce qui fut épargné à Marie-Thérèse , qui ne comprit, qu'à de rares et courts intervalles, la sépa- ration à laquelle elle touchait. Qui eût dit, c'est un journal de l'époque qui parle, qu'un • Histoire d'Angleterre, par M. Macaulay, traduit de l'anglais, t. j, ch. 2^ p, 228, 302, édition Charpentier. 653 IM-. LA VALLIÈUIÎ voyage qu'aucun accident n'avait troublé dust estre suivy d'un malheur qui coûtera long-temps des pleurs à la France? Leurs Majestez estant arrivées à \'ersailles dans une santé parfaite le mardy 20 du dernier mois, la revue qui ne se sentoit aucune incommodité, y prit le plaisir de la prome- nade dans les jardins, tout le reste de la semaine, et se di- vertit à en voir joiior les eaux. Si cette princesse eût donné, en arrivant, le moindre indice d'une indisposition à préve- nir, ceux que regardaient ces sortes desoins, n'auroient pas manqué à l'obliger de se servir des précautions qu'ils eussent crû nécessaires, mais son visage ne parut jamais meilleur ; son teint estoit frais et vif, et tous ceux qui la voyoient , estoient étonnez de son enbon point ^ » Désolant pour tout le monde 2, cet événement de la mort de la reine réveillait des sentiments particuliers continant à l'âpre remords, dans deux cœurs surpris et consternés, dans le cœur de Louis XIV et dans l'âme repentante de l'illustre carmélite. Il reste à raconter les dernières années de M""^ de La Vallière. Toutefois, après avoir rap- pelé ce qui faisait matière, chez les Carmélites, à d'ardents regrets, à l'égard de la reine, il convient de relever le mé- rite personnel de Marie-Thérèse d'Autriche, mérite assez saillant pour constituer un des éléments de son originalité individuelle dans l'histoire. M™^ de La Vallière venait de conquérir sa propre réhabilitation sociale par le cloître. Ne rendra-t-on pas également justice à l'épouse de Louis XIV"? C'est un accord qui frappe, quand on daigne s'en inquié- ter auprès des contemporaine de Marie-Thérèse, que cette qualification de bonne re'me^ » qui lui était invariablement • Mercure galant, août 1683, p. 16-17. * Michclon île S. Sorlin, prii-ur de Rocliofort, mentionne • les regrets de toute l'Europe à la mort de Marie-TliLTÙse, ces pompes funèbres qu'on voit partout, ce deuil qui s'explique en tant de manières dilL-reutes, la voix de tant de prédicateurs qui parlent sur le même sujet et dans les mêmes senti- ments. » Il déclare que le roi, l'Etat et la religion ont fait une perte irrépa- rable dans cette mort. {Orais. funcb,, p. 6. CHAPITRE NEUVIÈME 633 adressée * ; ce qui signifiait, en considérant la princesse du côté de sa vie conjugale, une femme résignée et douce dans sa tristesse, héroïquement indulgente envers son royal et in- grat mari. Nous faisons de cette femme une personne pétrifiée dans son abandon monotone, une de ces reines gothiques, sculptées sur les monuments de nos anciennes abbayes. » Nous la voyons une mantille noire jetée sur sa tête; elle tient d'une main cette mantille croisée et fermée comme une guimpe au-dessous de son menton, une duègne accompagne ses pas, un page porte devant elle son livre d'église. Laissons ces descriptions fictives. La r-éalité, c'est que Marie-Thérèse fut patiente jusqu'au bout, parce qu'elle avait cette énergie éminente, angélique de l'âme, la bonté. C'est que la patience nous paraît la force morale par excellence; et, si la force physique se manifeste ordinairement par l'impétuosité, la soudaineté des mouve- ments, les manifestations de la force morale ne sont-elles pas dans, cette indulgente souplesse de l'âme, qui plie sans rompre, qui pardonne, oublie et attend? N'y a-t-il point là une imitation du divin, puisque Dieu lui-même, d'après un mot célèbre, n'est pas brutal, et qu'il ne brise pas d'un coup la frêle créature qui peut avoir des torts. Avoir vu ce qu'avait vu Marie-Thérèse, avoir assisté aux honneurs successivement accordés à M"'" de La Vallière et à M'"^ de Montespan, et, cependant, demeurer douce, aimante, attentive à Versailles et au Louvre, savoir toujours aimer son époux, quand la nature égoïste de Louis XIV ne savait plus aimer; garder toujours, quoique avec un cœur brisé, son regard de feu; et, quand cet insolent violateur des droits de l'épouse venait à elle, savoir toujours l'ac- cueillir avec ce sourire qui est la franchise du visage... ' Voyez Bossuet dans l'Oraison funèbre do cette reine, édition Ruzand, in- 12, Paris, 1823, t. X, p. 104 Parlerai-je des bontés do la reine tant de fois éprouvées... » — Flécliier, Orais. funèb., in-4% Paris, 1084, p. 37. — David, le P. Geuillens, dans ses Orais. funèb., etc. 634 MADAME DE LA VALLIÈRE comment l'histoire, eu enregistrant ces faits, peut-elle uc pas prononcer ces noms glorieux qui relèvent et agrau- dissent uu mortel honte, sacrifice, dévouement, patience, héroïsme, énergie surhumaine? Paris éleva, à la porte Saint- Martin et à la porte Saint-Denis, des arcs de triomphe à Louis XIV; la postérité doit tenir compte à la reine de cette faculté morale et vertueuse de la bouté patiente qu'elle eut à un degré-émiuent. Sans doute, après 1670, ellepr?iiait cette teinte plus sombre que les révolutions accomplies ver- sent sur les esprits, comme le temps sur les toiles des maitres. Toutefois, elle demeurait relativement aimante et sereine. Si c'est un signe très-mauvais pour un temps quand les hommes ne sentent plus la beauté de la bont'^' temps odieux, » a-t-cn dit *, ce n'est pas un signe moins pénible que de voir les rapprochements les plus naturels et les plus nécessaires échapper aux yeux distraits des moralistes et des critiques. On a parfaitement dépeint, dans trois poèmes ou dans trois écrits poétiques, les dilîérents types des femmes délaissées, les différentes manières dont une femme peut souffrir l'a- bandon de son époux ^ ; mais la déplorable distraction, c'est qu'on n'a point daigné s'apercevoir comment, au xvii'' siècle, Marie-Thérèse était la haute réalisation d'un de ces types. Virgile nous a montré, dans son Enéide, Didon, qui, à la douleur de son abandonnement, ne sait opposer que son dé- sespoir; elle ne se venge pas, mais elle maudit l'époux qui l'a trahie. Marie-Thérèse sut trouver en son âme assez d'é- nergie pour ne pas maudire; elle connut le supplice d'aimer Louis XIV, et de ne pas trouver au foyer la réciprocité, ce droit sacré et imprescriptible ; elle ne reprocha pas ses mé- • Michelot. * 11 y a trois maniùres de souiïrir l'abandon d'un époux 1» s'en plaindre 2» s'en venger; 3" le supporter avec ferinelé et dignité. M. Saint-Marc Girar- din fait remarquer que la iJidon de Virgile personnifie la première manière, Médi'c dans Euripide et Corneille la deuxième. Knlin Giiselidis, dans les au- teurs du moyen âge et dans un Allemand, M. Munck Bellengliauscn, Pa- lombe, dans Camus, personnifient la troisième. CHAPITRE NEUVIÈME Cjo comptes à son mari; elle resta discrète, quoique offensée ; elle ne troubla pas les détestables plaisirs de son royal époux par l'ostentation de ses souffrances et par d'âpres reproches. Mais l'antiquité, comme les temps modernes, a conçu un autre type de femme délaissée ; celle-ci, furieuse et impla- cable; c'est Médée. Elle est affreuse et sublime dans Euri- pide; on frémit d'horreur en la voyant égorger elle-m,ême ses propres enfants , mais on se dit qu'on est dans la logique de la haine. Médée se venge. Marie-Thérèse ne se vengera pas ; elle n'adoptera pas ces méthodes sommaires du poignard. Elle ne cherche ]3as à désespérer l'infidèle Louis XIV, ainsi que la femme antique rêvait, pour suprême jouissance, de dé- sespérer Jason. Tout au plus, la douce reine de France, outragée dans son amour, répéterait-elle avec Médée Je t'aime encore, Jason, malgré ta lâcheté. Mais Ma- rie-Thérèse ne se plaignit qu'à Dieu; et son crucifix seul pouvait raconter de combien de ruisseaux de larmes elle avait baigné ses pieds sacrés. Il est probable qu'après 1670, on ne lisait plus les ro- mans parus plus de trente ans auparavant, et dont Jean- Pierre Camus, évêque de Belley et voisin de saint François de Sales, était l'auteur *. Mais si Palombe ou la femme ho- norable, eût été en vogue, il eût été impossible aux lecteurs français de ne pas admirer en action, en pratique, en héroïsme vivant, dans la personne de la femme de Louis XIV, ce que l'auteur de Pa/owfte présentait comme un idéaL Palombe n'était que le pendant de la Griselidis du moyen âge ^. Ghaucer , Boccace , Perrault , ont travaillé sur 1 Jean-Pierre Camus, né à Paris, en 1382, eut des appuis à la cour sous Henri IV et Louis XllI; il fut protégé par Hiciielieu. Il devint évêque de Beiley étant fort jeune. 11 écrivit des livres de polémique religieuse et des romans pieux. Il vécut dans une douce intimité de voisinage avec son ami, saint François de Sales. Il mourut à Paris, en 1632, et fut enterré à l'église des Incurables. 2 MM. Saint-Marc Girardin, H. Rigault et Sainte-Beuve, ont vanté cette 6bG MADAME DE LA VALLIÈRE ce thème, devenu la légende populaire du dévouement et de l'abnégation conjugale. Paloniho et Griselidis sont deux femmes créées par l'imagination; délaissées parleurs ma- ris, elles ne se vengent pas comme Médée, elles ne se tuent pas comme Didon ; elles montrent en elles un type nou- veau, celui de la douceur et de la patience conjugale; elles supiortent avec fermeté, avec dignité, ra]andon de leur époux. 11 n'est pas à croire que Marie-Thérèse fût de force à écrire à Louis XIV, les lettres que le romancier chrétien fait écrire par Palombe au comte Fulgent, son mari. Cette bonhomie niaise retomberait trop dans l'invraisemblance qu'on a reprochée à un drame moderne qui embellit le rôle de la femme d'aventure aux dépens de la femme légitime. Palombe ne mande t-elle pas à Fulgent qu'elle va se faire religieuse pour lui laisser la faculté d'aimer celle qui a pris son cœur? Tant s'en faut que je la haïsse comme rivale, qu'au contraire je la chérirais comme aimée de celui que j'aime plus que moi-mémo. » Marie-Thérèse n'aurait jamais écrit d'aussi gauches fadaises pour complaire à M™'" de La Yalliôre ou à M''"* de Montespan. Elle était reine, et ne pou- vait abdiquer sa dignité royale. Nulle nuance ne doit être omise pour apprécier la bonté déployée par Marie- Thérèse dans ses rapports avec Louis XIV. Qu'on se rappelle dans la question du ma- riage et du divorce l'iulloxibilité des catholiques, et sur- tout d'une princesse espagnole, élevée comme la reine. Tout ce qu'on a dit de lamentable sur le malheureux sort des époux antipathiques, rivés l'un à l'autre, pesait ici connue une masse de plomb. Ceux qui, de nos jours, ne production. Camus, dit M. Rigault, met dans la bouclie d'un de ses per- sonnages, tous les arguments des mauvais maris de récole moderne. Qui croi- rait que Camus avait [irtivu la théorie des àmcs di-pareilléos, qui se clurciient dans le monde et qui meurent de langueur tant qu'elles ne te sont pas ren- contrées, si bien que le jour où elles se rencontrent, il n'y a pas de barrière possible entre elles, pas même le sacrement. - CHAPITRE NEUVIÈME GS7 veulent pas entendre parler de divorce , sans toutefois croire aux sacrements, possèdent probablement des moyens pratiques ou diplomatiques pour tourner la difficulté et pour endormir la douleur des deux conjoints qu'on a appelés ces forçats accouplés du bagne de la vie *. » Rien n'allé- geait,, pour Marie-Thérèse, la fatalité du désastre qui en- gloutissait sa vie entière d'épouse. Elle ne voulait point, dans ses scrupules religieux, porter ses espérances vers une séparation de corps ; quant aux expédients des gens immo- raux, jamais sa pensée n'eût pu s'y arrêter un seul instant. Elle n'était pas de ceux qui se fient aux mœurs pour cor- riger les lois, comme on dit; c'est-à-dire, elle ne comptait pas sur l'adultère pour se dérober aux maux de sa situation, ni sur aucun de ces stratagèmes des civilisés, en vertu des- quels on dénoue aisément, devers soi, des liens qui ne gê- nent que les gens qui veulent bien se croire attachés, » Ces conditions rappelées, on aperçoit mieux dans son vé- ritable jour cette victime du mariage royal au xvii^ siècle, cette Griselidis du moyen âge, cette Palombe des temps mo- dernes. Les passions illégales de Louis XIV , loin d'être cachées dans l'ombre, étaient étalées comme une insolence devant la France et devant la reine. Et cependant la reine ne désespéra pas de ce mari ; elle ne s'emporta pas en vio- lents transports ; elle n'opposa à l'indifTérence et aux ou- trages que la patience, la résignation, la dignité, la douceur et l'espérance. Où est donc la force, l'énergie, la grandeur du caractère, si on ne la trouve pas dans l'infatigable pa- tience que Marie-Thérèse montra comme épouse? La cri- tique moderne déclare, par des organes fort accrédités, que Camus, dans quelques parties de son roman, avait de- vancé Corneille, et rassemblé dans Palombe quelques traits M. co regretté el érainent critique, n'en disconvient pas dans son étude liticraire sur Palombe de Camus, CHAPITRE NEUVIÈME 639 voulu peindre l'épouse de Louis XIV Ne point se con- soler, dil-il, et ne point se venger, supporter l'injure et le malheur avec une plainte modeste et soumise, s'humilier sous une main qui reste chère toute injuste qu'elle est, et s'anéantir devant la volonté d'un époux comme devant la volonté de Dieu, quel est ce genre de vertu où se mêlent ensemble l'amour conjugal et l'humilité chrétienne? L'an- tiquité ne semble pas avoir connu ce genre de dévouement, le cœur humain s'est élevé depuis le christianisme. Le cœur de la femme s'est élevé en voyant quel rang lui faisait le mariage chrétien. Cette élévation pouvait ne profiter qu'à l'orgueil ; un sentiment plus chrétien a fait que le cœur, sûr de son droite a été en même temps disposé à l'abdiquer, tempérant ainsi la dignité civile par l'humilité *. » Telle est l'héroïne de la cour de Louis XIV. Marie-Thérèse donnait jusqu'à la dernière tieure des preuves éclatantes de cette bonté. N'était-elle pas généreuse envers Louis XIV jusqu'à lui rendre le bien pour le mal, et souffrit-elle jamais une conversation qui eût porté la plus légère atteinte à la réputation du roi? C'était, dans ces an- nées 1682, 1683, quand l'approche des Turcs créait un grand danger pour l'Allemagne, et que les princes chré- tiens avaient à se prépaunir contre les suites d'une invasion. Un homme grave disait à cette époque Nous avons ap- pris qu'un ambassadeur comprenant bien ce que pouvoii le roy dans une conjoncture si dangereuse, et ce que'pouvoit le reyne auprès du roy, pour lui faire embrasser les intérests de la religion, il avait pris la liberté de luy recommander la cause commune quelques jours avant sa mort. Mais comme les gens de ce caractère ne manquent jamais de prétextes spécieux pour couvrir la faiblesse ou la mauvaise conduite de leurs maîtres, celuy-là s'échappa jusqu'à marquer que la terreur du roy rendoit l'empire trop faible, pour se défendre 1 M. Saint-Marc Girardin, Cours de liUéralure dramatique, 660 MADAME DE LA VALLIÈRE; de l'ennemi; et qu'après tout ce scroit moins les armes du Grand Seigneur que le bruit du nom de Louis le Grand, qui causeroit la désolation de l'Allemagne. Celte princesse en fut tellement indignée, qu'elle neputsouifrirplus longtemps ce discours. Elle ramassa ses forces, et haussa sa voix, que les approches de la mort avoient beaucoup affaiblie, et elle protesta, en luy commandant de se retirer, qu'elle étoit très- sure des sages et des généreuses intentions de Sa Majesté pour la religion ; qu'elle voudroit donner sa vie pour rendre ce témoignage public de la vérité à toute la terre, et que quand elle n'auroit pas l'honneur d'être sa femme, elle ne scauroit endurer qu'on parlât peu avantageusement en sa présence, non-seulement du plus zélé, du plus grand et du plus chrétien roy de l'Europe, mais encore du plus honnête homme du monde *. Nous pensons avoir indiqué ce qui grandit réellement la figure de Marie-Thérèse d'Autriche, comme personnage historique, c'est sa bonté vivifiée, fortifiée par sa foi reli- gieuse ^. Les grandes dames du xvn*^ siècle sont beaucoup vantées. Mais telle, qui est encore très-populaire pour son sémillant esprit, admirait des scélérats ! C'est une femme qui a dit Il faut beaucoup d'esprit pour être parfaitement bon 3. » Que Marie-Thérèse se contente d'un semblable pié- destal. Nul n'avait plus qu'elle la grâce de la bonté, une » Micbelon de Saint-Sorlin, Orais. funéb. pron. ;i Saint-Louis de Roche- fort, 1" septembre 1683, p. ÎM. - On a reproclic au théâtre de Vicier Hugo d'avoir syslémaliquement cher- ché à avilir le type de la reine, ce type intéressant, qui. dans les monarchies, représentait la douceur auprès de hi force et la grâce tempérant la majesté. M. Alfred iNeltemcnt fut un des critiques qui signalèrent avec le plus d'indi- gnation et de v;iiémence, sous Louis-i'hilippe, cette tendance du théâtre de Victor Hugo, visible dans Marie Tudur et Ruy Blas. Vous voyez bien, là- bas, au-dessus de vos tètes, criait Victor Hugo aux jalousies qui fermentaient dans les derniers rangs de la société, vous voyez bien cette femme assise sur la pourpre, qui, le sceptre en main et la couronne en tète, a jusqu'ici obtenu vos hommages, en un mot, la reine. Kh bien, je vais la prendre par la main, et la faire descendre jusqu'à ce qu'elle soit fOus vos pieds. » — Mais Victor Hugo aurait-il jamais osé s'en prendre à Marie-Thérèse d'Autriche? » Mot de M"" Swetchine. CHAPITRE NEUVIÈME 66i indulgence foncière alliée à une tendre compassion. » Son fond de vraie et noljle humanité sanctifiait sa foi, comme sa foi sanctifiait sa bonté et son humanité; puisque tout à la fois, la religion d'un homme prend la forme de son âme, tout autant que cette âme prend la forme de sa religion *. » Aussi, les contemporains qui virent de près et souvent cette charmante et bonne reine, constatèrent le reflet gracieux et touchant de la bonté délicate et intérieure de cette personne sur son visage lui-même Pour la bonté de son cœur, a écrit un homme grave du xvu^ siècle, elle estoit si sensible qu'elle se repandoit sur toute sa personne, mais d'une ma- nière si douce et si engageante, que tous ceux qui avoient l'honneur de l'approcher ne pouvoient en retirer leurs regards ; ce n'estoit pas la beauté extérieure qui faisoit cet attachement, car il n'est pas rare de voir de belles personnes sur le trône; mais c' estoit la bonté de ce riche na- turel qui rejaillissant sur son visage luy acquerroit tous les cœurs ^. » L'histoire ne se rabaisse pas, elle s'honore en rele- vant cette glorieuse qualité de l'épouse de Louis XIV, son exquise bonté sans aucun levain, sans aucune bigoterie. On parle des grands caractères, et des personnes qui ont joué un grand rôle, fait de belles actions dans une monarchie; mais tenons pour certain que, sans la prédominance de la bonté, la société humaine n'offrirait que des caractères fort mélan- gés où l'on trouverait tantôt le pédantisme solennel, l'amour de la pose, tantôt l'affectation de l'austérité, tantôt la du- reté de la supériorité sèche et nullement attendrie. La force n'est pas toujours dans les grands airs. Il est de ferventes fidélités à d' devoirs, qui supposent une -somme d'énergie, une ténacité et une intensité de volonté, dont peu d'âmes, parmi les âmes frivoles ou philosophiques, seraient capables. Oh ! je donnerais volontiers tous les génies de la * M. Ed. Schœrer, réflexions sur M° Swetcliine. * Le P. David, premier déûniteur de la grande province des Cordeliers de France. 661 MADAME DE LA VALLIERK terre entière, s'écrie quelqu'un, pour une bonne âme! Que nous fait l'esprit? C'est la bonté qu'il nous faut M On connaît ce qu'on appelle, au palais de Versailles, la chambre à coucher de la reine qui a vue sur l'Orangerie, sur la pièce d'eau des Suisses, et qu'éclaire le soleil couchant; cet appartement de la reine avait la magnificence convenable à son rang "^. Une balustrade d'argent, sembla]le à celle de la chambre du roi 3, fermait alors l'ab^ôve *. Le plafond, décoré par Gilbert de Sève, représentait le Soleil, accompagné des Heures du jour et éclairant les quatre parties du monde; les quatre voussures, peintes par le môme artiste, avaient pour sujet le festin d'Antoine et de Cléopâtre, — Didon faisant bâtir la ville de Carthage, — Rhodope, reine d'Egypte, élevant une des pyramides, — Nitocris, reine d'Assyrie, fai- sant construire un pont sur l'Euphrate ^. Les angles étaient ornés de bas-reliefs dorés, représentant les armes de France et de Navarre, et l'aigle à deux têtes de la maison d'Au- triche, entourés de figures d'enfants, de lions, de sphinx et de trépieds ^ La chambre de la reine avait vue sur la pièce d'eau des Suisses et le coteau de Satory. C'était sa chambre à coucher ; elle servit, après Marie-Thérèse, à deux autres reines aussi et plus malheureuses qu'elle '. C'est dans cet * Il ne faudrait donc pas reprocher à Marie-Tliérèse sa piété, ses passages fréquents du salon à la chapelle, de la chapelle au salon, ces visites au bon Dieu faites entre les conversations humaines. Ce n'est pas là ce que M. Ed. Schœrer a appelé la discordance de la vie dévole; • c'en est Vîuiité; c'était le foyer conservateur de la boulé dans l'âme de la reine. * Cette pièce porte le numéro 113 dans la iVo^àc de M. Soulié, sur le Musée de Versailles. 3 Voy. Salle de Mercure, n" 109. * Celte balustrade fut fondue dans l'hiver de 1689-90. ' Les peintures, qui n'existent jjIus, sont reproduites en partie dans Versailles immurlalisé, par J. -13. de Monicart, t. H, fig. 1, 2, 3. 8 Ces bas-reliefs, qui remontent à l'époque de Marie-Thérèse, existent en- core. L'aiiile à deux tètes qui s"y lrou\e a fait croire, à ton, que ces trophées avaient été ajoutés lors de • l'in^tallalion de Marie-Antoinette, femme de Louis XVI. ' Marie Leckinska et Marie-Antoinelle. C'est dans celte pièce que iMarie- Antoinette fut réveillée, dans la nuit du 6 octobre 1792, par le peuple insurgé qui accourait de Paris. CHAPITRE xXEUVIEME 663 appartement que Marie-Thérèse s'éteignit vers les trois heures de l'après-midi, le vendredi 30 juillet 1683, à l'âge de quarante-cinq ans. Marie-Thérèse mourut en catholique. A côté des siens, à côté de ceux qui lui étaient les plus chers, on distinguait son directeur spirituel, Bonaventure de Soria *, entre les mains duquel Marie-Thérèse rendit son âme innocente et loyale, éprouvée et pure. Cec homme de Dieu était là présent, attristé et confiant, au moment où la reine passa des réalités éphémères de ce monde au monde qui nous est promis. Le catholique ne veut pas rester isolé dans les grands mo- ments de la vie. Mourir seul, sans aucune assistance mo- rale , sans aucun visage sympathique et compatissant , mourir sans aucune affection à côté de soi, et le sentir, ce doit être triste au delà de toute expression. Ce n'est pas la mort qui est douloureuse, disait autrefois Montaigne, c'est le mou- rir. Mourir, 'qua^nd on pourrait vivre encore, quand on est jeune, quand on voudrait vivre, ce serait affreux, si ce mou- rir ne s'effectuait dans des conditions qui l'adoucissent ; autre- ment, on répéterait le cri de Michel- Ange Celui qui, pour son bonheur aie meilleur sort, est*celui dont la mort suit de près la naissance. » Marie-Thérèse fut accompagnée et sou- tenue de la force religieuse. Son esprit de soumission, cette soumission qui avait été son éducation première, ne l'aban- donna pas dans cette crise suprême. ' Marie-Thérèse eut d'abord pour directeur, en Espagne, le Père Jean de Palme, qui avait été confesseur de sa more, la reine Isabelle de Bourbon. Elle eut ensuite le P. André de Guadaloupe, commissaire général des Indes, homme capable et distingué, qui enseignait à la princesse à vivre au milieu du grand monde, sans j vivre selon l'esprit du monde. Après la mort de Guadaloupe, cette fonction de confesseur était échue au Père Alphonse Vas- quez ou Velasquez, qui accompagna la princesse en France. Mais on rendit bientôt à l'Espagne cet homme d'une haute capacité, que Philippe IV fit élever à l'évêché de Cadix. Marie-Thérèse le remplaça, par un homme connu à la cour de France, aussi bien qu'en Espagne, par Michel de Soria. Celui-ci étant venu à mourir après quatre ans de service, la reine prit, pour le même emploi, un frère du précédent, le Père Bonaventure de Soria, lequel la dirigea jusqu'à sa mort, puisque c'est entre ses mains qu'elle rendit le dernier soupir. 661 MAD\ME DE LA VALLIÈRE Quoi qu'il en soit, Marie-Thérèse mourut, avec ses an- ciennes et bonnes idées espagnoles. Elle avait été initiée autre- fois à cette doctrine à la fois obscure et lumineuse qui, seule, donne un sens et une signification acceptable à la douleur humaine. Elle étaitminéepar la fatigue et par la fièvre, mais elle ne pleura ni ne murmura devant la douleur, malgré son intensité. Un témoin oculaire l'atteste. 11 rappelle que l'hôpital de Saint-Germain en Laye, qu'elle fréquentait sou- vent, lui devint une école. Non-seulement la reine appre- nait dans ce théâtre de la faiblesse si misérable de la nature humaine, le mépris qu'elle faisait de nos prétendus biens, plaisirs ou grandeurs ; elle y apprit aussi la patience pour son propre compte, dans celle qu'elle remarqua en quelques pauvres malades, agités par la violence de leurs maladies ; elle y apprit la constance qu'elle devait avoir, quand il plairait à la Providence de la visiter de la même manière. > Lisons, en effet, le récit du témoin oculaire de l'agonie de Marie-Thérèse H a bien paru, dit-il, que cette divine leçon de l'hôpital etoit vivement imprimée dans son cœur, puisqu'elle l'a si merveilleusement prati- quée dans sa dernière maladie. Quoique sa douleur fust extrêmement aigûe, et qu'elle ne luy donnast aucun repos ni la nuit ni le jour, elle la supportoit avec une patience si admirable, que les médecins qui en connaissoient la vio- lence, en etoient surpris. On ne luy a jamais ouï faire la moindre plainte de son mal, ni témoigner le désir du re- couvrement de sa santé, et de la continuation de sa vie, qu'autant qu'il plairoit a Dieu ^ » Son cœur était tourne vers cet amour divin qui, comme s'exprime le premier des sculpteurs et des peintres, ouvrit ses bras sur la croix pour nous recevoir 2, Enfin, Marie-Thérèse mourut. — Et, quand on porta cette ' Vie abrégée de très-haute princesse Marie- Thérèse, etc., par Bonavcnture de Soria. In-1-2, Paris, 1583. » Sonnets de iMicliel-Ango, qu'il composa dans ses derniers jours. CHAPITRE NEUVIÈME 66S nouvelle rue Saint-Jacques, au grand couvent des Carmé- lites, il y eut là, derrière les grilles, quelqu'un qui gémit profondément, qui pria, qui évoqua cette âme-sœur, qui la suivit avec amour, avec larmes, dans son essor vers le monde meilleur, après l'avoir contristée autrefois par des égarements personnels. Si l'on se borne au côté du deuil ressenti, on ne peut nier que Louis XIV n'ait donné à la mort de Marie-Thérèse des regrets sincères. A cette heure, il reconnaissait en elle un mérite et des vertus qu'il n'avait pas assez appréciés; et il dit, les larmes aux yeux, quand elle expira Voilà le premier chagrin qu'elle m'ait causé * j paroles dont, tour à tour, on a fait à Louis XIV des éloges sans réserve, et des compliments mêlés d'allusions mordantes. La douleur ne fut pas assez profonde, dit l'un 2, pour empêcher le roi d'avoir de l'esprit à une heureoù l'on n'a que du cœur; — Mot un peu froid, ajoute un autre, mais cependant éloge qui avait son prix ^; — Il fut très-touchô, dit un troisième *, en la voyant mourir la reine, mais la vieille Maintenon fît tant par son Labil qu'en quatre joursilfut consolé. — Toutefois, il est con- stant, par les feuilles publiques de l'époque, que Louis XIV éprouva une douleur véritable. A la première atteinte du coup, dit une de ces feuilles, le roi a donné toutes les mar- ques possibles de l'afïlictiôn la plus violente, et rappelant sa ' Maynard avait dit La morie que tu plains fut exempte de blâme ; Et le triste acciiieiit qui termina ses jours Est le seul déplaisir qu'elle ait mis dans ton âme. Mais, selon un historien, Louis XIV parlait du cœur, et le sentiment lui inspirait ce que l'esprit avait dicté à Maynard. " Gustaveilequet, dans le livre Madame de Maintenon. ' Les Annales du monastère de Grenelle. * La duchesse d'Orléans, dite la Palatine. — Faut-il rattacher à ce propos de la duchesse, ce mot de iM"" de Caylus M"» de Maintenon la suivait la dauphine que sa grossesse avait retenue à Versailles et parut aux yeux du roi dans un si grand deuil, avec un air si affligé, que lui, dont la douleur était passée, ne put s'empêcher de lui en faire quelques jlaisanteries . » 666 MADAME DE LA VALLIÈUE raison, sans cesser d'estre toujours également affligé, il a fait paroitre une douleur sage. Il résolut aussitôt de quitter Versailles, et il eu partit a l'heure mesme pour se rendre a Saint-GIoud. Son visage tout couvert do larmes estoit caché d'un mouchoir, et l'état où il estoit no luy laissant pas la force do marcher, ou le soutint jusqu'à son carrosse. Ce monarque, estant arrivé a Saiut-Gloud, ne voulut y voir per- sonne. La perte qu'il venoit de faire l'accabloit si fort, qu'il fut obligé de se mettre au lit... Son excessive douleur, dont il ne put d'abord se rendre le maistre, est une preuve con- vaincante combien il est tendre époux. Qtioy f il n'y a plus de reine en France! s'écria- t-il après la mort de cette prin- cesse. — Quoy! jesuis veuf! je ne le sçaurais croire, et cepen- dant il est vrayque je le suis, et de la princesse du plus grand mérite. Il répéta plusieurs fois ces paroles en les adressant a Monsieur *. » Une gazette de l'époque atteste combien la consternation publique fut spontanée , générale ^ ; elle redit celle de Monsieur, de Madame qui fut violemment touchée, des offi- ciers de l'auguste défunte, des soldats eux-mêmes qui étaient de garde. A Paris, le bruit de cette terrible nouvelle arriva au théâtre de l'Opéra, où l'on était près de commencer Phaéton; on jouait déjà l'ouverture; on ne continua pas; M. de Lulli fit rendre l'argent. A la Comédie, les comédiens avaient déjà commencé, devant un nombreux public, la Toison d'or; .une dame, ayant appris, dans sa loge, le grand mal- heur, poussa un cri affreux; tous les assistants apprirent bientôt la fatale nouvelle ^ ; nue des devises que M. de l'Étang de Reims avait composées à l'occasion de Marie- Thérèse, portait ces mots C'est au milieu des pleurs que » Mercure galant, août 1G83, p. 4?, 43. * On ne s'explique pas l'historien Unizon de la Marlinière qui, plein de sympathie pour la reine, a la Hslraclion d'c'crire qu'elle fut peu rCfirct- tée. • Hisl. de Louis XIV, t. IV, p 260. — Veul-il dire que le roise consola bientôt? D'accord l'égoisme s»j console vite. 3 Mercure galant, p. o7, 58. CHAPITRE NEUVIÈME 667 je quitte la terre ^ » C'est pourquoi un historien du xvui*' siècle a pu dire Tout le royaume regretta cette mort, et se plaignit d'avoir perdu la meilleure reine du monde. Le roi en fut plus affligé que personne ^. » Un his- torien antérieur avait écrit, dans les dernières années du xvii" siècle, sur la mort de Marie-Thérèse C'était une princesse d'une grande vertu ; le roi parut fort touché de cette mort; et tout le monde la regretta ^. » Gregorio Leti écrivait, un peu auparavant, que depuis longtemps la France n'avait pas eu une reine aussi regrettée de toute la nation, pour sa grande piété, son infatigable charité envers les pauvres, pour la force du penchant qui la portait au bien, son affabilité dans l'accueil qu'elle faisait à tout le monde, enfin pour son amour et sa respectueuse dé- férence envers le roi *. •>•> Leti ajoute que Marie-Thérèse ne se laissa aller jamais à manifester, par la colère, la peine que lui faisaient ressentir les scandaleux adultères du roi, son époux; toutes choses qui avaient rendu cette reine, si douce et si clémente, bien chère à la France. L'impression que fit la mort de la reine sur le cœur de la nation, est fort intéressante à constater notre époque démo- cratique verra volontiers les nombreuses racines que cette humble et douce reine avait dans l'afïection des petits ; Ton aime à s'arrêter à la sympathique tristesse des dames de la rue du Bouloi, celles peut-être qui connurent le mieux ce qu'il y eut d'héroïque dans cette femme si simple et si ' La mort de la princesse inspira trois sonnets à M. Ma^rnin, conseiller au Présidial de Màcon, et cimi devises à M. de la Salle de l'Etang, de Reims. — On peut les lire d§ns le Mercure galant, août 1683, p. 157 et 163. De Larrey, Hisl. de Louis XIV, t. V, p. 1-20. ' Le coroie de Bussy-Rabutin, Histoire abrégée de Louis le Grand, p. 260. Paris, 1689. * Da longo tempo non hebbe la Francia Regina più di questa lagrimatn da tutti per la^lla gran piela, per la sua instancabile carita verso li poveri, per la sua grande inclinaiione portata al bene, per la sua buraanita ne! conver- sare con luUi, per il suo amore e per il sue rispetto verso il Rè, senza mai mostrargli minime sdegno d'un suo cosi scandaloso adulterio. Teatro gallico, di Gregorio Leti, t. II, p. 299. 608 MADAME DK LA VALLIÈIŒ ignorée i. Il faut remarquer l'expression des regrets que pro- voqua la mort si imprévue et si rapide de la reine, dans cette humble maison, parce que là, du moins, ce ne furent pas des honneurs purement olliciels qu'on lui rendit, de ces honneurs où manquent, non-seulement celui à qui on les rend, mais même ceux qui les rendent, puisque s'ils sont présents de corps, leur cœur et leur attention sont souvent ailleurs. Aussitôt la triste nouvelle eut été répandue dans Paris, les Carmélites de la rue du Bouloi tirent tendre leur église en velours armorié. Un service solennel fut oflert par monseigneur l'archevêque d'Auxerre. A l'otl'ertoii'e, se présentèrent, un cierge à la main, vingt-quatre pauvres que la maison avait habillés, et l'oraison funèbre de la reine lut prononcée dans la chapelle par l'abbé des AUeurs, aumônier de la dau- phine. L'église resta tendue de noir toute l'année, et chaque jour, à l'issue des vêpres, la cloche renouvelant le souvenir de cette perte irréparable, annonçait les prières publiques qui se faisaient pour cette illustre défunte 2. » On pouvait, à la mort de la reine, rappeler des vers qu'on avait composés sur la cruauté et la jalousie du sort, à l'en- droit de nos bonheurs terrestres. La joie est toujours près des 1 Marie-Thérèse, non contente des bienfaits dont elle avaitcomblé le Carmel, pendant qu'elle vivait, voulut encore y ajouter, après elle, le don de son cœur; et, pour assurer autant que possible l'accomplissement de ce dernier désir, elle avait écrit de sa main en espagnol Quand il plaira à Dieu de me retirer de ce monde, je veux que mon cœur soit apporté ici à raison de la dévotion que je porte à sainte Thérèse. Signé MARIE-THÉRÈSE. Notice sur le monastère de Grenelle, p. LVIII. Les Carmélites ont été frustrées de ce dépôt si cher ;ijeur reconnaissance, puisque le cœur de la reine fut porté au Val-de-Grâce; mais la mémoire de cette reine, dit un moilerne, s'est perpétuée jusiju'a nos jours dans le monas- tère qui lui doit sa fondation, et qu'a relevé M"" de Soyecourt. Ce monastère, transféré, au wW siècle, rue de Grenelle, au xix^, au sortir de la Révolu- tion, rue de Vaugirard, se trouve aujourd'hui avenue de Saxe, près l'École Militaire, à Paris. * Les Carmélites de la rue du Bouloi firent à Marie-Thérèse une longue épitaphe où se trouvaient résumées les illustrations, les vertus et les bienfai- sances de la reine. Voy. le Mi^rcurc çidUint, août 1083, p. 77. CHAPITRE NEUVIEME 669 larmes, et comme un précurseur de la tristesse. Lorsque Marie-Thérèse semblait atteindre au repos , elle arriva au trépas. On avait fait, à l'occasion de la mort d'une de ses filles, la princesse Anne-Elisabeth de France, ou Marie- Anne de France, le distique suivant Pone modum, vates, tôt laudibua. Audiet œlher. Audiit, invidit ; rapta puella fuit. C'est-à-dire Ne célèbre point ses ayeux Ni son destin, ni ses beaux yeux. - Si le ciel entend tes louanges, Tu nous feras un envieux, Qui la voudra parmi ses anges. Mais tu la vantes, il l'entend, Il devient jaloux et la prend. Le sort fut jaloux en 1683, d'un retour de fortune qui semblait raviver les jours de la reine. Un point qui ne laisse aucun doute sur l'opinion qu'on avait de la reine en France , c'est l'élan des regrets, c'est l'unanimité des sympathies douloureuses, qui se traduisit par une étonnante multiplicité de discours, d'oraisons funèbres, de panégyriques prononcés sur tous les points du territoire français. On n'a jamais vu une semblable manifestation aux funérailles d'aucune reine en France *. Nous avons pu re- trouver plus de vingt de ces oraisons funèbres que chacun des orateurs fi t imprimer dans l'année même 1 683, ou l'année suivante 2. — Y avait-il une santé et une vie sur laquelle ' A la mort de Marie Leczinska, les grandes dames de France se parta- gèrent tous les objets venant delà reine, comme de précieuses reliques. Mais il n'y eut rien, en 1768, de comparable avec le deuil de 1683. Pour Marie- Antoinette, on sait que sa dernière lieure fut abreuvée des cruautés détestables, odieuses, d'une multitude" égarée. Que si on remonte par delà Marie-Tberèse d'Autriche, on retrouve Anne d'Autriche, Marie de Médicis, Catherine de Médicis, etc.; leurs funérailles, après leur vie si discutée, ne pouvaient être qu'officielles. On peut trouver d'autres des reines qui furent chrétiennes ; mais elles excédèrent dans un sens ou dans un autre. Quand vit-on une austère chrétienne, comme Marie-Thérèse d'Autriche, ayant en même temps les modestes et délicates élégances de son rang ? * Nous énumérerons ici quelques-unes de ces oraisons funèbres 1. Oraison funèbre de Marie-Thérèse d'Autriche, reyne de France, pronon- cée dans l'église de Tours, le 27 août i6b3, par M. Bouvier de la Mothe, doc- 670 MADAME DE LA VALLIÈRE OU dût raisonnablement l'aire plus de fond , dit une de ces oraisons funèbres? Cependant cette solidité, cette plénitude et celte durée ont été renversées en quatre jours. » Le docteur Bobé, chanoine de Meaux, prêchait devant Rossuet, le 5 oc- tobre 1683. Ce même orateur , toujours en présence de Bossuet, par qui il avait appris des particularités sur la reine, vantait cette prudence judicieuse de Marie-Thérèse, cette souplesse de caractère qui lui enseignait à vivre avec les gens les plus difficiles. Il vante la conduite qu'elle tint à Madrid, pendant qu'elle n'était encore qu'infante, à l'égard de sa belle-mère, alors reine-mère d'Espagne. Qu'il est difficile, dit Bo]->é, à une belle-fîUe qui se voit destinée au trône, de bien vivre , et de bien vivre longtemps avec une belle- mère qui vient dans l'esprit et le dessein de le lui enlever? Cependant il n'est pas imaginable avec quelle intelligence et quelle amitié elles ont vécu ensemble. La reine avait coutume de dire qu'elle n'avait pas de meilleure amie au monde que l'infante; elle la consultait en toutes choses, elles étaient toujours ensemble; combien leur séparation fut leur en ihéologi», conseiller aumônier du roy et curé de l'église de Saint' Saturnin, de la même ville où M'" de La Vallière fui baptisée. — Tours, chez imprimeur-libraire, in-4'' de 2 i pages. 2. Oraison funèbre..., par messire Bossuet, evesque de Meatix, cy- devani précepteur du daupbin, premier aumônier de M"* la daupliine, pro- noncée à Saint-Denis, 1" teplembre 1683. — In-i" de 61 pages; Paris, chez Cramoisy, rue Saint-Jacques. Paris, 1863. 3. Oraison funèbre de..., prononcée dans l'église paroissiale de Saint-Louis, de Rocliefort, le 1" septembre 1683, par le sieur Michelon de S. Sorlin, prieur de Hocliefort. — ln-4° de 37 pages; Paris, chez de Laizé-de-Bresche. 4. Discours janèjyrique à la mort de la reyne M. -T., prononcé par Hieronie Lopes, chanoine théologal ds l'Eglise de Bordeaux, le 2 septembre 1683. — In-4''de26 pages; Bordeaux, 1863. 5. Oraison funèbre prononcée dans l'église métropolitaine de Toulouse, par messire Cosme Roger, évêqiie et seigneur de Lombez. — ln-4» de 27 p. Toulouse, 1683. 6. Oraison funèbre, par le P. David, procureur général de la province de France, Cordeiiers. — ^1-4» de 31 pages; Paris, 1684. 7. Oraison funèbre prononcée ù Langres, par messire Jules de Boliogne, de Sorbonne, abbé de Saint-Clément, de Metz. — 10-40 jg 33 pages; Paris, 1683. 8. Oraison funèbre prononcée dans l'église cathédrale du Puy, par mes* CHAPITRE NEUVIKME 671 tendre et douloureuse, quand l'inlante fut oldigée, pour son mariage, de quitter l'Espagne. » {Oraison funèbre, p. 21. — Un autre ajoute Avec un mérite universellement approuvé, la reyne n'en fit jamais paraître ni plus de vanité, ni plus d'amour-propre; la beauté fut son ornement et ne fut point son, étude; son esprit eut Leaucoup de solidité et point du tout de présomption. » {Oraison funèbre, par M. des Alleurs. L'un fait remarquer la pénétration d'esprit, l'habileté, la sagacité » que Marie-Thérèse montra pendant sa courte régence, et dont furent étonnés ceux qui firent partie du sire Armand de Bcthune, évi'que et seigneur du Puy. — In-i» de 32 pages; auFuy, 1861 9. Oraison funèbre prononcée à Saint-Rocli, par l'aljbé — In-â» de 43 pages. 10. Oraison funèbre prononce'e à Meaux, par M. Bobé, chanoine de cette église. — ln-i° de 31 pages; Paris, 1864. il. Oraison funèbre prononcée à Saint-Eustache, par M. Denise. — In-4" de 33 pages Paris, 1684. 12. Oraison funèbre prononcée en l'église des Fiiles-Xouvelles-Calholiques, par M. Héron, aumônier de la reine. — In-4° de 57 pages; Paris, 1684. 13. Oraison funèbre prononcée au Val-de-Gràce, le 23 novembre 1683, par Flécbier, aumônier de la dauphine. — Paris, 1684. — ln-4 Irrité à juste titre des débauches honteuses qui étaient imputées au comte de Vermandois, Louis XIV refusa, pendant quelque temps, de l'admettre en sa présence. Il était à Versailles, dit M"*^ de Montpensier, sans voir personne, n'allant qu'à l'Aca- démie, et le matin à la messe ; ceux qui avaient été dans ses débauches n'étaient pas agréables au roi. Ce sont de ces choses que l'on ne sait point et que l'on ne voudrait pas savoir. Cela donna beaucoup de chagrin à M"'^ de La Vallière. On le fit prêcher, il fit une confession générale, et on croyait qu'il se fût fait un fort honnête homme 3. » La princesse Palatine, qui aimait beaucoup la duchesse de La Vallière, fut priée sans doute aux Carmélites d'intervenir auprès de Louis XIV; ce qu'elle fit. Le roi pardonna, etcon- sentit à voir le jeune prince ^. Mais sa mère n'était pas au bout de ses peines. Le siège de Courtrai eut lieu peu de temps après, au mois de novembre 1683. Le jeune prince y fit sa première campagne, s'y distingua et y mourut le 18 novembre; c'est Bossuet qui fut chargé de porter cette nouvelle rue Saint-Jacques. Toutefois, il existe des versions différentes sur la manière dont ce malheur fut communiqué Souvenirs, p. 168. * Correspondance complète, t. I, p. 302. 3 Mémoires, t. IV, p. 504. * Correspondance complète la Palatine, t. II, p. 17. 682 MADAME DE LA VALLIERE à la célèbre pénitente. Lequeux le raconte ainsi Quelques années après sa profession , elle perdit son frère qu'elle aimait tendrement. Mais apprenant cette triste nouvelle, elle se soumit aux ordres de Dieu avec une si paisible résigna- tion, qu'elle ne donna même aucune marque de sa douleur. Elle lit dans la suite une autre perte , dont les personnes même les plus assurées de la solidité de sa vertu, craignirent qu'elle ne fût accablée. On lui écrivit, en 1683, que le comte de* Vermandois était malade; mais on lui donnait en même temps l'espérance d'une prompte guérison. Dieu en disposa autrement, et les premières nouvelles qui sui- virent furent celles de sa mort ^ La mère de Bellefonds, su- périeure, qui se demandait avec inquiétude comment elle l'annoncerait à cette tendre mère, la rencontra au moment où elle sortait du chœur, et lui dit d'un air fort triste qu'elle avait des nouvelles, sans rien ajouter. J'entends bien, reprit sur-le-champ la sœur Louise de la Miséricorde. Elle rentra aussitôt dans le chœur ; et après avoir demeuré assez long- temps prosternée devant le Saint-Sacrement, elle reparut avec la même sérénité de visage, que si son cœur n'eût pas été dans l'afiliction. Elle ne parla pas même de ce qu'elle venait d'apprendre, et on ne lui vit pas verser une seule larme. Voilà comment M'^^de La Vallière, d'après un récit, aurait fait accueil à la nouvelle de la mort de son fils, le comte de Vermandois ^. Mais, malgré le stoïcisme chrétien dont ce cœur déchiré de mère aurait donné le spectacle en cette circonstance, où la grâce aurait soulevé la nature, on est bien plus dans la probabilité en s'en rapportant à d'au- tres mémoires, d'après lesquels ce fut Bossuet qui eut la mis- sion d'informer la malheureuse mère. Selon cette narration, ' Il mourut d'une fièvre maligne à Courtrai, le .18 novembre el fut enterré le 2ij du nit^nio mois dans le chœur de l'église catLédrale d'Arras, où son corps avait été transporté. Histoire généalog. de la maison de Franre, par le F. Anselme, t. I. * L'abbé rapporte cc'te vor-'^n. fians son Histoire de il/"" de La Valliéve, p. 08-10. CHAPITKE DIXIÈME 683 les larmes coulèrent, et il y a des larmes et une sensibilité, que la religion approuve, consacre et bénit. Des mémoires * disent qu'une personne amie, touchée de l'eiïort que faisait sœur Louise de la Miséricorde pour con- tenir sa douleur, lui fit comprendre que quelques larmes soulageraient son pauvre cœur, et que Dieu ne les défen- dait pas, pourvu qu'elles fussent sanctifiées par la soumis- sion que nous lui devons et dont rien ne peut nous dispen- ser. C'est alors qu'elle aurait répondu avec courage Il faut tout sacrifier, c'est sur moi seule que je dois pleu- rer, » ou encore qu'elle n'avait pas trop de larmes pour elle^ même, et que c^était sur elle qu'elle devait pleurer 2. » Si c'est Bossuet qui alla porter cette triste nouvelle, sa discrétion épargna effectivement les détails donnés par M'^" de Mont- pensier, et par Bussy-Rabutin ; savoir que le jeune prince était tombé malade d'avoir bu trop d'eau-de-vie 3, » et qu'il avait caché trois jours de fièvre pour assister au siège '^. » D'après M"" de Caylus, sœur Louise, après avoir répandu beaucoup de larmes , aurait dit une parole qui a été recueillie . et répétée par plusieurs écrivains, et dans laquelle , si la pénitente reprend le dessus sur la mère quant au fond, l'expression et la nuance sont tou- tefois beaucoup moins d'une sainte religieuse C'est trop pleurer la mort d'un fils dont je n'ai pas encore assez pleuré la naissance 5; » ou encore Il faut que je pleure la naissance de ce fils encore plus que sa mort ^. » * Lettre circulaire de sœur Madeleine du Saint-Esprit, et l'abbé Lequeulx, Uist. de M^o de La Vallière, p. 70. 2 L'abbé Lequeulx, p. 70. — Lettre circulaire. 3 Mémoires, t. IV, p. 504. ♦.Correspondance, t. V, p. 191. 5 Souvenirs. L'abbé Lequeulx, p. 70. — Pendant tout le temps que Bossuet lui parla, elle ne poussa pas un soupir, elle ne répandit pas une larme, mais elle devint pâle et tremblante. M. Bossuet alarmé, appela du secours, et la supérieure M^'de Bellefonds, qui avait succédé à M" de Jarnae arriva accompagnée de quelques relitiieuses. M"» de La Vallière dit d'une voix faible et presque éteinte Faul'il que déjà je pleure sa mort avant d'avoi iditcé de pleurer sa 68i MADAME DE LA YALLIÈRE Un critique de ce temps repousse raulhenticité de cette réponse de M'"*^ de La Vallière ; il la déclare contraire à toutes les vraisemblances, opposée aux sentiments inhérents au cœur de toute mère. Voltaire a dit, et l'on a souvent ré- pété après lui, qu'elle se serait écriée en apprenant la fu- neste nouvelle Ce n'est pas sa mort que je dois pleurer, mais sa naissance, v Ce mot n'est pas vrai ; il n'est pas d'une mère. Que la pieuse Carmélite ait offert en sacrifice ce nouveau coup qui la frappait, qu'elle l'ait accepté comme une expiation de plus pour ses fautes, on peut l'admettre. Mais que ses pleurs aient seulement coulé parce qu'elle avait mis Vermandois au monde, qu'à l'annonce de la plus poignante des douleurs, elle en ait été assez peu accablée pour pronon- cer une telle parole, c'est ce qu'aucune mère ne croira. Com- bien plus véritable est ce témoignage que lui rend M" de Sévigné, disant qu'elle assaisonnait parfaitement sa ten- dresse maternelle avec celle d'épouse de Jésus-Christ, w — M"^ de La Vallière est tout le jour aux pieds du crucifix, » dit d'elle, le 22 décembre, la présidente d'Osembrai *. Voilà le vrai langage de deux mères, parlant d'une autre mère qui vient de perdre son fils-. Le lecteur adoptera l'une ou l'autre des deux interpréta- tions. Dans le premier cas, M"" de La Vallière se plaçait au- naismnce. Rassemblant toutes ses forces, elle demanda d'aller au chœur; là, se prosternant devant le Saint-Siicreraent, elle adressa à Dieu des prières pour le repos de son âme. Un la reconduisit à sa chambre. M. Bossuet lui paria encore, et chercha à la consoler et à fortifier son esprit. Je suis, disait- elle, la pécheresse qui l'a produit dans ie monde ; c'est moi seule qui devrais souffrir mais sa sœur!... » et, en articulant le nom de sa 011c, elle fondit en larmes. • M""» la présidente d'Osembrai dit dans une lettre à M. de Bussy-Rabutin On vient de perdre M. de Vermandois. Il laisse de lui des regrets infinis... Vous n'aurez pas de peine à croire que le rd a été très-touché de sa mort, M°"= la princesse de Conti, sa sœur, en est inconsolable. ]M°""de La Vallière est tout le jour au pied de son crucifix. On partage cette douleur à l'hôtel de Condé, car le mariage de ce prince avec .Sl" de Bourbon était presque as- suré. » Nolke, par M. Oawfurd, Paris, 1818, p. 39. * M. Marius ïopin, article sur VHoinmc au masque de fer, dans le CorrcS' pondant du 10 avril 180y, p. lo. CIIAPITHE DIXIEME 685 dessus de la iiatare, quoique avec un cœur plein de ten- dresse. Dans le second, si elle était chrétienne, elle n'en était pas moins femme, l'un n'est pas incompatible avec l'autre, la soumission du cœur à Dieu n'empêchant pas nos larmes de couler. Ce qui est admirable, c'est le rude courage de cette femme, pour malmener son corps , elle qui avait été habituée aux molles délices des cours, et à tous ces rafïinements sensuels auxquels il est si facile de s'abandonner dans un monde opulent. Ce qu'on ne remarque pas avec une moindre admiration dans la duchesse de La Vallière, c'est sa soli- dité dans son nouvel état. Nul retour, nul ennui dans sa nouvelle carrière d'austérité ; nul dégoût, nul repentir de son sacrifice volontaire * ; toujours la même aspiration , calme, uniforme, sereine, vers la perfection de la vie chré- tienne. C'était, dit un historien parlant de cette qualité de la conversion et de la retraite de M""^ de La Vallière, l'ad- miration des personnes qui ont eu le bonheur d'être témoins de sa pénitence qualité qui est représentée si naïvement dans les lettres au maréchal de Bellefonds , que de voir la sœur Louise de la Miséricorde entrer et marcher toujours d'un pas égal dans les voies de la justice, sans le moindre regret ou le plus léger retour vers le monde enchanteur qu'elle avait quitté, sans aucun ennui, sans aucun dé- goût de la vie qu'elle avait embrassée , si différente néan- moins de celle où elle avait passé une partie de sa jeu- nesse. Toujours animée, dirigée et soutenue par un amour reconnaissant pour son Dieu qui l'avait tirée du milieu de • La nostalgie de Versailles et de Paris n'alla pas la reprendre au milieu de sa solitude et dans son paisible cloître. Elle ne regretta pas le bruit, la vie hâlive, le tourbillon tievreux, fangeux, ïhumus social nécessaire peut- être aux lloraisons précipitées. » Elle ne regretta pas les exhalaisons mor- bides de ce que Balzac, dans son énergique langage, appelle ce grand chancre fumeux, étalé sur les deux rives de la Seine. » M"'^ de La Vallière ne se rassasia pas des privations, elle ne se dégoûta pas de son obscure, lente et continuelle immolation. 086 MADAME DR LA VALLIÈRE Babylûiie, elle ne l'ut plus occupée qu'à réparer ses infidé- lités , qu'à purifier son esprit et son cœuv de toutes les images qui auraient pu lui rester, qu'à remplir l'horrible vide et la faim cruelle qu'elle avait éprouvés dans la société de l'enfant prodigue ; et à réunir en Dieu toute la puissance et les affections de son âme. On n'aperçut pas en elle ces combats, ces efforts, ces inégalités même, qui sont ordinaires aux personnes qui sortent du grand monde, après avoir été tyrannisées par de violentes passions. » Le même historien ajoute Rien ne troublait ou altérait la paix intérieure dont ellejouissait dans la solitude, où Dieu parla à son cœur. Les plus sensibles événements ne furent pour elle que la matière qui devait nourrir sans cesse le sa- crifice qu'elle avait fait à Dieu sans retour et sans réserve de tout ce qui n'était pas lui ^ » C'est ce qui explique l'attitude de M""*^ de La Vallière, quand on lui annonça les malheurs de famille qu'elle éprouva comme tous les mortels '^. Si Ton veut bien comprendre cette Madeleine du xvii" siè- cle, on doit se rendre compte de sa vie nouvelle. Point de rapports avec la société de son temps, une absolue régularité, un dialogue sans fin entre son âme et Dieu; voilà la sœur Louise de la Miséricorde. Quelque chagrin, quelque peine que nous éprouvions, nous avons une ressource toujours prête qui ne peut nous manquer, parce qu'il nous est permis d'invoquer le nom du Seigneur ; » c'est ce qu'elle écrivit, à la date probablement de 1683, certainement l'une des jour- nées entre Noël et le l""" janvier 1684 ^. On y voit l'allu- sion directe aux pertes de famille qu'elle avait faites person- nellement. En ce qui la regardait elle-même, dans son être propre, les affaires du temps avaient beau l'arracher de la méditation des choses éternelles, rien cependant ne la faisait * Uisl. de M'^' de La Vallière, par Lequeux, p. 94, 9o, 97. * Sa mère, la baronne de Saint-Hemi, mourut ver» lOSλ. 3 V. ses lettres au maréchal de Bellefonds, lettre XLil, CHAPITRE DIXIEME 087 se relâcher de son grand objet aux Carmélites. Pour moi, écrivait-elle le 1 1 juillet 1084, pour moi qui me sens encore toute vivante dans le cercueil de la pénitence, je ne dois plus penser au monde que pour me plaindre amèrement d'y avoir été, et ne songer à la vie que pour déplorer le mauvais usage que j'en ai lait *. » Et que l'on daigne comprendre que cet art délicat de se punir de ses écarts, de se supplicier soi-même , de monter à la réhabilitation par ses pro- pres douleurs, ce n'est pas s'abrutir et s'annuler ; ce n'est pas entrer dans le peuple paisible des êtres qui ne pensent pas ni dans l'assemblée silencieuse des grandes formes ^. » ^pe ^Q L^ Vallière pensait excellemment ; sa vie n'était qu'une contemplation continue , dont l'objet était tour à tour de chanter Dieu, et de regretter les désordres de son passé. Jamais toutefois en ce monde on ne fait complètement ce que l'on veut, et l'on ne peut mener la vie d'une manière absolument conforme à ce que l'on a rêvé. M'"^ dej^a, Val- lière, qui s'était retirée aux Carmélites, et avait placé, entre le monde et elle une barrière éternelle pour rompre absolu- ment avec lui, était sans cesse appelée à intervenir dans quelque affaire qui la forçait- momentanément à re- prendre relation avec les personnes du dehors '. Elle fut I Lettre XLIV au maréchal de Bellefonds. ^ On reconnaît le parler vague de quelques panthéistes de notre temps. ' On a, outre les lettres au maréchal de Bellefonds, que pubha d'abord l'abbé Lequeux, trois lettres de M"'^ de La Vallière, à monseigneur Huet, évèqiie de Soissons, puis d'Avranches, entre liiSo et 1086. 11 s'agit soit d'af- faires concernant des personnes religieuses, soit d'une mistion relative à de saintes reliques Bibl. impér. Mss. suppl. français., n" S273. Correspondance de Huet, t. 1, — cité par M. P. Clément.^ L'original de cette lettre appartient à M. Solar. II y a une lettre de^M""^ de La Vallière à M"» Anne de Choiseul-Praslin, abbesse de Notre-Dame aux Nonnains, de Troyes, écrite en 1688, Voir ['An- nuaire de l'Aube, ll partie, p. 33. La bibliothèque de l'Arsenal possède une lettre de M™" de La Vallière à la marquise d'Uxelles. Voir Alss. belles-lettres; 369, in-i», copie de lettres adressées à la marquise d Uxelles. La bibliothèque du Louvre correspondance de Noailles, lettres autographes 688 MADAMK DE LA VALLIÈRE chargée plusieurs fois d'écrire au ministre Colbert pour des atiaires temporelles relatives au monastère *; c'est lui qu'elle avait dû importuner pour régler des questions d'intérêt, avant son entrée aux Carmélites. On trouve aussi, en 1684, une lettre qu'elle adressait à un avocat de Tours, concer- nant un hôpital fondé dans le duché de Vaujour -, mais on entrevoit, par là même, pour quelle raison la sainte re- cluse consentait à conserver un reste de relations avec le monde. Elle ne trouvait pas sans doute que les inconvé- nients -, dont ses goûts personnels avaient à souffrir, pus- sent être mis en balance avec les avantages qu'elle retirait de ses communications extérieures, pour servir plus effica- cement la cause de Dieu et des pauvres. Les contemporains ne manquèrent pas de porter leurs réflexions sur les consé- quences des visites qu'on faisait à sœur Louise de la Miséri- corde, et un historien voisin de l'époque de l'illustre péni- tente confirme le point de vue émis ici. Il est. vrai que la duchesse de La Vallière était devenue une personne d'un mérite réel, d'une vertu sérieuse, pro- fonde, et que, sans le vouloir, son austère vie avait de l'é- clat, et excitait les personnes les plus distinguées à l'aller de Louio XiV, F. 323. l. Vi, fol. 3i8 a une lettre écrite par M"» de La Val- lière au niarëchal de Noailles, pour le féliciter de la nomination de son frère à l'archevèihé de Paris, en lG9o. Cette lettre a été publiée dans le Bul- leliii de la société de l'Hisluire de France, ;innée 1832, p. 32i. On voit aussi une letire de la niûnie dame à M. d'Apremont bibliothèque de Troyes, une autreàdom iMabillon bibliothèque de M. le comte de l'Es- calopier. — .M. Arsène Huussaye cite une lettre de notre Carmélite à iM"" Bouvin de la Haye, à Orléans la religieuse ne peut se mêler, dit-elle, de ce qu on lui demande. — M. A. Moussaye cite encore une lettre de M°"= de La ValUère à M. de Verneuil, pour recommander Souvant, écrivain du roi, placé déjà par .M. de Seigneulay, et une autre adressée à M. Desmarets,pour des affaires d'intérêt concernant M""" la princesse de Conti. 1 Cette lettre, signée sœur LouiS''. de la Miséricorde, relicieuse carmélite 171- îijne, est dans le Voyage aux cnv irons de /'ac/s, par Delort, t. H, p. 211; elle est citée aussi par Ai F. Clément, de l'Institut. 2 iM""^ de La Valhere avait eu la vigile de la marquise de Sepeville, dame de soixante ans, qui était une Giifaull de Uellelonds; elle en écrit au maré- chal, son parent, le o février 1678, et lui dit, dans sa lettre Les entretiens des hommes sont vains ; la parole du Seigneur est seule digne d'être écou- tée. • Lettre XL au maréchal. CHAPITRE DIXIÈME 689 voir. Il y avait toutefois pour la sainte pénitente, un danger à entendre les applaudissements qu'on donnait à sa nouvelle vie; et l'on se demandait où elle trouverait le secret de tourner la difficulté elle le puisa dans le sein de son hu- milité même. Comme il lui fallait parler d'elle-même, dans les conversations qu'on recherchait avec l'ancienne duchesse devenue carmélite, elle consentait en effet à s'entretenir d'elle-même avec les autres, mais elle ramenait tout entre- tien à relever la magnificence des miséricordes de Dieu à son égard *; » elle se plaisait à dire de quel profond abîme d'abaissement elle avait été retirée ^; elle anéantissait sa propre personnalité qui n'était, disait-elle sans afféterie, que bassesse et indignité, et quand elle avait creusé son néant , elle faisait resplendir la plénitude de la grâce toute-puissante de Dieu qui opérait le bien en elle. Tou- chant artifice de l'humble La Vallière, auquel un histo- rien rend justice, et dont il faut reproduire le témoignage! Toujours anéantie à ses propres yeux, la sœur Louise de la Miséricorde auroit voulu être entièrement morte à la terre, toute cachée en Dieu avec Jésus-Christ, tout à fait ensevelie dans l'oubli et le mépris de toutes les créatures. Aussi le parloir lui devenoit de jour en jour plus insupportable. On ne lui voyoit l'air peiné, que quand il s'agissoit d'y aller; et l'obéissance seule pouvoit l'y déterminer. Cependant elle se faisoit un devoir de ne pas trop s'y refuser ; parce que, comme elle le marque dans une lettre au maréchal, elle se croyait obligée de publier à toute la terre les mhéricordes infi- nies du Seigneur qu elle éprouvait, dit-elle, sensiblement; et quoiqu'elle craignît' aussi de négliger le dedans, en se ré- * Hisl. abrégée de la duchesse, par Lequeux, Liège et Paris, 1767, p. 83. M™" de La Vallière se comparait à Madeleine. A une des visiles de M°"de Monte^pan, comme la gaie et bruyante marquise trouvait la religieuse trop pensive, elle lui demanda ce qui la préoccupait si profondement t Je songeais à Madeleine pécheresse et à Madeleine pénitente. • Quelqu'un ajoute que M"" de Montespan dit à sa sœur Et mui je songerai à la Sama- ritaine quand j'aurai soif. » Elle eut soif un jour, et ne trouva pas, comme Ja Samaritaine, l'eau vive de l'amour divin. 44 ',90 MADAME DE LA VALLIÈRE paiidant si aisément au dehors, ;> ne laisse pas, dit-elle, de m' abandonner au plaisir d'exalter la bonté infinie du souverain maître que je sers. La sœur Louise de La Miséricorde scavoit bien d'ail- leurs se dédommager de ce que son recueillement et sa pé- nitence pouvoient souffrir de ces communications extérieures, par le profit que sa charité pour les pauvres sçavoit en tirer. Comme c'éloit en elle un caractère naturel d'être sensible et compatissante, la pauvreté volontaire qu'elle avoit choisie pour son partage, ue lui avoit pas fait perdre la tendre affec- tion qu'elle avoit pour les misérables et les indigens. Ainsi, le désir de les soulager en la seule manière qu'elle le pou- voit, l'emportoit sans peine sur la répugnance qu'elle avoit a se produire. Elle ne craignoit pas même de se rendre pres- sante et importune à ses amis, pour procurer du secours aux membres souffrans de Jésus-Christ; et s'etant mise parles vœux de religion hors d'état de les servir par ses propres libéralités, elle a quelquefois obtenu des aumônes tres-con- sidérables des princes et princesses, et autres personnes de considération qui venoieut la visiter, et avec qui elle entre- tenoit quelque liaison. Elle étoit encore plus libre avec M"" la princesse de Conti, sa fille ; aussi employoit-elle avec plaisir le crédit qu'elle pouvoit avoir sur son esprit et sur son cœur *, » pour l'engager à concourir à des œuvres ayant pour objet de secourir les misères des autres. Peut être la sainte carmélite, en mêlant sa fille, la prin- cesse de Conti, aux bonnes œuvres, poursuivait-elle à la fois l'intérêt des malheureux en général et l'intérêt de la jeune princesse elle-même; on va dire pourquoi. Le commence- ment du mariage avait semblé promettre des merveilles. Le prince de Conti, et tout le monde, dans sa famille, avait été ravi de cette alliance. M"" de Sévigné y avait applaudi ; ils s'aiment comme dans un roman, écrivait-elle à sa fille, > L'abbé Lequeux, Hist, de la duchesse, p. 85. CHAPITRE DIXIEME 691 et le roi s'est fait un grand jeu de leur inclination. » Du reste, Louis XIV donna à sa fille un million de dot, cent mille livres de pension, quarante mille écus de bijoux. De son côté, M"* de Blois faisait présent à son mari de cent cinquante mille livres, argent comptant, et de soixante- quinze mille livres de pension, outre ses charges *. Et, quand mourut le comte de Vermandois, c'est aussi à la princesse de Gonti que le roi donna le bien du frère. Mais l'attente des débuts avait été bientôt trompée. Qu'il y eût faute des deux côtés, il n'en était pas moins triste pour la mère de voir le bonheur conjugal de sa fille sitôt éclipsé. On a dit le prince de Gonti, malgré son esprit et son ins- truction, fort gauche dans toutes ses actions, et ne plaisant à personne pour vouloir paraître ce qu'il n'était pas ^. Il avait beaucoup d'esprit, suivant M"" de Montpensier, mais un esprit savant, contraint, distrait, qui convenait mieux à la dévotion qu'à la galanterie ^. Quoi qu'il en soit, il pa- raît que, trois mois après son mariage, la jeune princesse était déjà dégoûtée de son mari et inconsolable. Vous avez ouï dire, écrivait Bussy Rabutin le 25 mars 1680, la passion de M"^ de Blois pour M. le prince de Gonti, quand elle l'é- pousa. Gela est, dit-on, fort changé; la petite personne mariée à quinze ans ne le peut plus souffrir *. » Trois ans plus tard, quand le prince de Gonti revint de la campagne contre les Turcs, à laquelle il avait pris une noble part, il en rapporta un peu de prestige ; mais l'inconstante et diffi- cile ^ princesse n'avait pas retrouvé, dit-on, sa première tendresse envers son époux. » Gregorio Leti, Tealro Gallico, t. Il, p. 225. * Souvenirs de M™' de Caylus, p. 124. 3 Mémoires, t. IV-, p. 4d3. •* Correspondance, t. V, p. 94. '" Quand le prince de ConUse battait en Hongrie contre les Turcs, sa jeune épouse lui écrivit des noirceurs contre le roi et contre M'»^ de Maintenon. Ces lettres tombèrent entre les mains de Louis XIV. Qu'on juge de l'éclat que fit celte affaire, et combien le cœur du roi fut profondément blessé. 692 MADAME DE LA VALLIERE M™" de La Vallière, ayant eu le duché de Vaujour in- clus aujourd'hui dans le département d'Indre-et-Loire, et sur la frontière de l'Anjou, désira qu'il se fit du bien dans la contrée ^ et comprit qu'il fallait intéresser sa lille au projet de la fondation d'un hospice à Lublé, localité dépen- dante du duché de Vaujour-La-Vallière. Ne serait-ce pas, en assurant le succès d'une bonne œuvre, calmer le cœur aigri de la jeune princesse, et lui mériter le sourire céleste en considération du bien qu'elle ferait aux malheureux? L'acte d'établissement de cet hôpital qui existe encore 2, porte la date du 6 octobre 1683. L'objet de cette fondation était, suivant l'intention de M"* de La Vallière, 1° de soigner les malades pauvres de sept communes relevant du duché; 2° d'élever les enfants pauvres de ces mêmes sept communes. M'"*' de La Vallière voulut qu'on laissât des fermes, jusqu'à concurrence de 6,000 livres de rente, pour l'entretien de l'hôpital, et dé- cida la famille de Gonti, à faire pour cet effet, des échanges. * La sœur Madeleine, disait, dans sa Lettre circulaire, de M"» de La Vallière, que, • touchée jusqu'au fond du cœur de la misère des pauvres qu'elle ne pouvait plus secourir, elle demandait à Dieu de les secourir par d'autres mains que les siennes, et de leur donner la patience. • » L'hôpital fondé à Lublé par M"» de La Vallière, fut transféré, à la fin du xviii" siècle, hChàteau La Vallière Indre-et-Loire, où il est encore aujour- d'hui. Voici l'acte donné en septembre 1783, pour la translation de l'hôpital, de Lublé à Château La Vallière Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre Notre très- chère et bien-aimée cousine, la duchesse de Chùtillon, nous a fait représenter qu'il existe dans le duché de La Vallière, un hôpital, dont l'établissement est dû il la piété de feue notre très-chère et bien aimée cousine, la duchesse de La Vallière, depuis Carmélite, qui l'avait fondé, pour être flié à Château La Vallière, chef-lieu et centre des paroisses auxquelles il était destiné La paroisse de Lublé étant à l'une des extrémités du duchi-, et les chemins en hiver étant impraticables, les curés des paroisses du duché délibérèrent dès le xvii siècle, en 1692, pour faire transférer l'hôpital à Château La Val- lière » Suivent les dispositions arrêtées par le roi. — Voir le traité et l'acte aux registres de l'hôpital lui-môme, à Château-La- Vallière. Le préfet d'Indre-et-Loire fit réclamer pour le musée de Tours le portrait de M°" de La Vallière, que possédait rhô[ital de Lublé. L'hôpital transféré de- puis le xviii siècle, à Château-la-Valliére, possède 1" un portrait de la jirin- cesse de Conti, qui venait souvent à Vaujour; 2" un petit portrait de M» de La Vallière, en carmélite, qui n'est qu'une médiocre copie . CHAPITRE DIXIÈME 69S S'élevait-il des difficultés d'affaires, surtout avec les compli- cations de l'ancien droit français? On peut le croire d'après la lettre écrite par sœur Louise de La Miséricorde, le 3 avril 1684, à un homme de lois à Tours. Il nous parait, écrit- elle, tant de sagesse et de circonspection dans votre procédé, monsieur, que nous ne doutons pas que, par les soins que nous espérons que vous voudrez bien encore prendre, nous nous verrons enfin en repos par la paix que vous mettrez en un lieu où je me crois obligé de la procurer Quand il faudra quelque ordre de M. le prince de Gonti, on l'aura promptement... rien ne me pouvant donner plus de consO" lation que de voir la paix établie où le désordre règne il y a longtemps. Pour notre hôpital, voyez et entrez en matière et confiance avec les bonnes Sœurs *. Si mon nom peut vous être utile à quelque chose, servez- vous-en avec liberté ; quel- que effacé que je désire qu'il soit du monde, s'il peut faire quelque bien, encore une fois, servez-vous-en; c'est l'in- tention de M. le prince de Gonti... Sœur Louise de la Miséricorde R. Gar^e i^^e 2^ „ Vers 1694, les choses étaient bien modifiées; on a dit que Louis XIV avait bien vite oublié M""* de La Vallière, même du vivant de la reine ^, Mais à cette époque, tout souvenir * D'abord dirigé par des religieuses de Saint-Thomas de Villeneuve maison de Paris l'hôpilal de M™» de La Vallière a été confié aux Sœurs de la Présen- tation maison de Tours, depuis 1802. - Bibl. imp. du Louvre, Lettres autographes de Louis XIV, etc. F. 323; F" 127, R°. — Citée par M. P. Clément, dans Réflexions sur la miséricorde, t. Il, p. 4, 5. Lettres à diverses personnes. ' Le roi n'alla jamais aux Carmélites de la rue Saint-Jacques. Le roi, dit le duc de Saint-Simon, avait conservé pour M™» de La Vallière une es- time et une considération dont il s'expliquait même rarement et courtement. Elle est morte pour lui du jour de son entiée aux Carmélites. » Mémoires, édit. Delloye, t. XVI, p. 4. Un moderne historien adopte cette opinion de Saint-Simon, et semble croire à l'oubli de Louis XIV • HélasI la sœur Louise de la Miséricorde le savait trop que le roi l'avait oubliée, et sa peine plus amère dut être, au moins pendant les premières années de sa retraite, que le roi jadis tant aime, le père de M" de Elois et du comte de Verman- 694 MADAME DE LA VALU ÈRE du roi était bien mort aussi dans la mémoire de la duchesse. Le temps, après un espace de vingt ans, ellace les sentiments les plus vils, ceux surtout qu'on se figurait éternels sur la terre. Gomment expliijuer physiologiquement et psycho- logiquement la dégénérescence de la mémoire, et la dôiail- lance progressive du sentiment sous l'action du- temps? 11 est inutile de le rechercher ici. Mais il est sûr que, en 1694, le nom de Louis XIV, quand une occasion imprévue le faisait passer devant le souvenir de M°*^ de La Vallière, était un mot vide et creux qui ne soulevait plus rien dans l'âme de la Carmélite. La duchesse de La Vallière se rattachait pourtant encore à Louis XIV par le lien de la prière. Les annales des Car- mélites rapportent que la soeur Louise de la Miséricorde était sans cesse en prière pour les besoins de rÉglise et de l'État *. » Jamais la monarchie de Louis XIV eut-elle plus besoin qu'on priât le ciel, si ce n'est à partir de 1704? dois, n'eut pas une seule fois la bonne pensée de venir la voir. Qui peut dire si ces déceptions intimes, si ces vagues espérances trompées, n'éveillaient pas dans les profondeurs de son âme, des plaintes imérieures dont elle se punis- sait par de nouvelles mactirations ? > M. P. Clément, Notice sur if""' de La Vallière. Le baron Walckenaër est d'une opinion contraire; il pense que M"» de La Vallière occupe plus de place, dans la vie de Louis XIV, par son repentir que par son amour. Cttte belle victime, dit-il, offerte à Dieu en expiation des désorlres de ce roi, fit sur lui une impression profonde, que ni les autres maîtresses, ni les distractions de la guerre ou de li politique ne purent t-ffaier. I a Valhére ne fut jamais plus présente à la pensée de Louis XIV que depuis qu elle eut abandonné sa cour; jamais elle ne lui ap- parut sous des traits plus divins que lorsqu'il se fut interdit sa vue. Il saisis- sait avec joie les occasions de lui coniiimer ses bienfaits dans ses parents, dans ses enfanis. Aux occasions solennelles de mort ou de mariage, il était satisfait d'apprendre que la reine et toute la cour donnaient à La Vallière des témoignages d'intérêt et de vénération. {Cny\\is, Souvenirs, édition Knouard, 1806, in-12, p. 89. — Ibid., colleclion Pelitot, t. LXVI, p. 384. C' son cloître, au pied des autels, que La Vallirre a préparé, à son insu, la chute de Monlespan el le long règne de Alainienon. Si Louis XIV, par sa comluite réservée envers Louise de la Miséricorde, a été taxé d'ingratitude et d'oubli, c'est qne le mouile ne connaît d'autre passion que celle qu'inspirent les enclianteinenls de la voluplé, de l'esprit ou des talents, ot qu'il ignore la force d'un attachement où l'àme et le cœur ont la principale part. Louis XiV y était sensible. . {Mémoires sur jV""» de Sévi- gné, a" partie, p. 110. ' Ce qu'atteste la saur Madeleine, dans la lettre circulaire de 1710. CHAPITRE DIXIÈME 693 L'installafion de Philippe V, petit-fils de Louis XIV, sur le trône d'Espagne, avait irrité et effrayé les grandes puissan- ces, en altérant effectivement en Occident l'éiuiliire euro- péen ; on ne sortait pas depuis 1701, de ce qn'on appelle la guerre de la succession d'Espagne, que commença l'Autriche, et où entrèrent l'Angleterre et la Hollande. L'année 1709 avait été néfaste par le froid, la famine et les désastres de nos armées. Marlboroug, chef des forces anglaises, et le prince Eugène avaient fait essuyer aux Français des échecs désastreux. Le maréchal de Villars, qui leur fut opposé, ne put sauver ni Tournai, ni Mons en Belgique ; et il avait vainement livré la bataille de Malplaquet, cette bataille si longue, si meurtrière et si funeste. Enfin, au commence- ment de 1710, on ouvrit les fameuses conférences de Ger- truydemberg, près de Breda, dans le Brabant hollandais. Le maréchal d'Uxelles et l'abbé de Polignac sollicitèrent la paix à des conditions fort onéreuses pour Louis XIV, et toutefois avec un ton de dignité peu commune ; mais les opérations militaires continuaient à s'aggraver, et les prétentions des plénipotentiaires ennemis à Ger- truydemberg devenaient de plus en plus exorbitantes. Il n'y avait, ce semble, d'autre remède que celui indiqué par Georges III d'Angleterre, à quelques années de là, au roi de Pologne Stanislas Auguste Je crains que ces mal- heurs ne soient arrivés au point de ne pouvoir être redressés que par le Tout-Puissant, et je ne vois pas d'autre interven- tion qui puisse y remédier *. » Mais les conférences se rom- paient en juillet ; et les alliés ne demandaient-ils pas bientôt audacieusement que Louis XIV combattît lui-même Phi- lippe V et s'engageât à le chasser d'Espagne en deux mois? Françoise-Louise de La Beaume Le Blanc, duchesse de La Vallière, ne devait pas voir de telles extrémités. Elle pria. Malgré les prières individuelles, certains décrets sur les • Leure de Georges III, datée de Saint-James, le 17 novembre i77J. 690 MADAME DE LA VALLIÈRE destinées des empires s'accomplissent. 11 y avait trente-six ans que sœur Louise de la Miséricorde était entrée aux Car- mélites; elle ne vivra plus, an mois de juillet 1710, qui de- vait encore être si triste pour la France. Un écrivain, constatant d'après les monuments du temps, que M"^*"' de La Vallière, de plus en plus désireuse de se faire oublier et d'oublier elle-même tout ce qui ne la ramenait pas cl Tamour divin, s'isola de jour en jour davantage du monde extérieur, et cessa peu à peu d'écrire, remarque en même temps que les lettres qui restent d'elles, vers les derniers temps de sa vie, ne donnent plus aucune idée du charme et de la grâce passionnée qu'elle mettait dans les choses de l'esprit. Ensuite rappelant, ainsi qu'il en fut fait mention par la supérieure des Carmélites en 1710, que la duchesse était sans cesse prosternée au pied des autels où elle priait pour les besoins de l'Église et de l'État^ le même écrivain tire de cette circonstance l'induction que, l'angé- lique créature enveloppait ainsi dans ses oraisons, à son insu peut-être, celui par qui elle avait tant souiïert ^. On n'a aucune raison en effet de contredire cette conjecture. M"'' de La Vallière avait trop de patriotisme pour ne pas prier pour la France, dans un moment où la nation éprouvait des re- vers; elle était assez généreuse, au cas qu'elle eût mêlé le roi à ses prières, pour ne pas se souvenir de l'oubli et des sécheresses dernières de Louis XIY. Son gendre, le prince de Conti, était mort en 1685- par un triste accident; la baronne de Saint-Remi sa mère, n'était plus depuis 1686. Son oncle, évêque démissionnaire de Nantes, mourut à Tulle en 1709. Il ne restait que sa fille-, la princeiise de Conti, qui n'avait pas voulu se remarier, et ' M. P. Ckimonf, i> l'Institut. /?' piirnphnne, 1860, et Notice, dans les lii'flexioiis sur la Miséricorde de Dieu, éiiit. p. ^ Le prince de Conti mourut le 9 novembre iOS", à de la petite vérole qu'il avait ^jagnée en soignant sa femme, et dont celle-ci guérit. ] ne laissa point d'enfunis; il fut transporté et enterré à Valéry, avec les princes de sa raaJSQn. CHAPITRE DIXIEME 697 que, sur la vue seule de son portrait, l'empereur du Maroc avait fait demander en mariage * ; mais nulle consolation ne venait de ce côté, M""^ de Gonti ayant adopté des ha- bitudes étranges 2. Tous les fils étaient rompus par consé- quent ; elle n'aspirait plus qu'à un entier isolement, à une rupture totale avec les personnages de Paris et de la cour, afin de ne s'occuper que de Dieu seul, et de n'être connue que de lui. C'est pourquoi elle demanda à être envoyée dans un des couvents de l'Ordre les plus pauvres et les plus éloi- gnés, où elle put s'enfermer tout à fait dans le tombeau de Jésus-Christ jusqu'à ce qu'il lui plût de l'appeler à la gloire céleste. Mais la communauté dont elle était l'édification, et pour qui sa conduite journalière était une leçon vivante des vertus chrétiennes, ne voulut point consentira l'éloignement d'une personne qui lui était si chère et si utile. Sœur Louise ' La politique avait mis Louis XIV en rapport avec le Maroc. Abdala-Ben- Aïssa, amiral de l'empereur Muley-Ismaëi, vint en France le 11 novembre 1698, portant de riches présents ; il écrivit à Fez toutes les merveilles de Paris et de Versailles. Wuley-lsmaël, frappé par tous les récits d'Abdala- Ben-Aïssa, sur la cour et le pays de France, conçut un dessein plus ambitieux encore que le siège de Ceuta contre les Espagnols avec l'aide des fleurs de lys; il demanda à Louis XIV la main de la princesse de Conti, assurant qu'elle resterait dans sa religion, intrution et manière de vivre ordinaire. Louis XiV répondit sans sourire que le Dieu qu'adorait la princesse de Conti, ne lui per- mettait pas de satisfaire aux désirs de Muley Ismaë! Voir le Maroc et ses ca- ravanes, ou relations de la Franco avec cet empire,, par M. Thomassy, 3 édi- tion, Paris, 1839. Il est bien vrai, dit la Palatine, que sur la vue de son portrait, un prince du Maroc l'avait demandée en mariage. On se figure les éclats de rire, ajoute M. P. Clément, par lesquels cette demande dut être ac- cueillie à Versailles. — Il existe, du reste, plusieurs livres sur cette étrange proposition faite à une fille du roi très-chréiien d'épouser l'empereur du .Maroc 1° Le Triomphe de la déesse Monas, ou histoire du portrait de M'"" la princesse de Conti, Amsterdam, 1698, in-1-2; 2" Relation historique de l'a- mour de l'empereur du Maroc pour jI/"» la princesse de Conti, Cologne, 1700 ou 1707, in-12. Voyez à l'Appendice ^ M"'^ de Conti ne se remaria point, elle voulut rester libre. Le dauphin était constamment chez elle. 11 y avait là une société jeune. Le dauphin y rencontra M"'= Choin, nièce de la comtesse de Bury; cette demoiselle Choin devint une célébrité. La Fontaine était de la société de la princesse de Conti. En 1694, eurent lieu des intrigues. Louis XiV montra à sa fille des lettres de M"" Choin; M. de Clermont, officier des gardes, s'était introduit chez la princesse de Conti, et on était convenu de se jouer de la princesse. Le roi renvoya M" Choin. 608 MADAME DE LA VALLIÉUE le la Miséricorde fut obligée d'offrir à Dieu ce nouveau sa- crifice. Cependant, le monde, pour qui elle était un signe et un prodige dont il n'était pas digne, respecta dans la suite le goût de la sœur Louise de la Miséricorde pour la solitude; on la négligea davantage ; et quelques années avant sa mort, elle fut beaucoup moins visitée i. M"*^ de La Vallière n'avait pas épargné son corps; ce n'é- taient plus les sensualités de Saint-Germain et de Versailles; elle pratiquait des austérités comme celles d'un saint Jé- rôme. Le citoyen de la Rome païenne, Varron, vieillissant entouré de tout ce qu'il aimait, de sa femme Fundania, de ses livres précieux, de ses belles statues, sans oublier cette belle volière qu'il a complaisamment décrite, parlait sans amertume, à quatre-vingts ans, de sa fin prochaine, comme il paraît par le début de son De Re Rusticd L'homme n'est qu'une bulle d'air, dit-il ; encore plus le vieillard ; aussi faut-il que je me presse et que je songe à faire mon paquet sarcinas colligans avant de quitter la vie. » M"" de La Vallière ne se préoccupa pas, en 1710, de garennes, de volières et de viviers. Rien de cet attirail pour satisfaire une sensualité exigeante et fatiguée. Son corps était exténué par des privations et des macérations volontaires ; mais elle ne définissait la vie humaine, ni l'homme une bulle d'air ; n elle aurait dit plutôt avec le poète, que l'homme est un dieu tombé qui se souvient du ciel. Mais à, coup sûr, elle n'avait point, chez les Carmélites, une salle à manger, comme colle du citoyen Varron, située au sein même d'une vo- lière, entre deux rangs de colonnes, où la table et les lits des convives étaient entourés d'une eau courante, en sorte qu'en mangeant les mets les plus délicats, les Horlensius et les Lucullus de l'endroit pouvaient voir à leurs pieds les poissons les plus rares et entendre autour de soi chanter les rossignols. » ' Lettre circul/iire. — Histoire ilc M"' de La Vallière, par Lequeax, p. 87. CHAPITRE DIXIÈME 699 Les forces physiques s'affaiblissaient tout à fait. C'est que sœur Louise s'était rudement châtiée, en sincère pénitente qu'elle était. On peut bien juger qu'une pénitente si sévère pour son cœur, n'était pas plus indulgente pour son corps, celui-ci ne lui paraissant plus propre à aucun usage qu'à être mortifié et crucifié en toute manière. La vie dure des Carmélites, comme il a été dit au chapitre précédent, ne suffisait pas à son zèle pour la pénitence. Sitôt qu'elle avait été reçue professe, elle s'était mise à li- vrer une guerre plus décidée à tous ses sens ; elle demandait sans cesse à jeûner au pain et à l'eau, et à user de toutes les macérations capables de faire souffrir une chair criminelle ^ Elle se levait tous les jours deux heures avant la communauté, dit la prieure des Carmélites, et passait ce temps à prier devant le Saint-Sacrement, sans que les plus rudes hivers lui fissent rien relâcher d'une pratique si pé- nible. Elle endurait le froid, à tel point qu'on la trouvait souvent saisie et évanouie, soit dans l'église, soit dans les greniers où elle étendait le linge. Plus soigneuse de souffrir, que d'autres à éviter tout ennui, et à se procurer toutes sortes de commodités , la sœur Louise de la Miséricorde accueillait, pour ainsi dire , les mala- dies et les douleurs avec un calme, une tranquillité et une satisfaction qui tenaient du prodige 2. Jn grand éré- sipèle qui s'était jeté sur sa jambe l'incommodait beaucoup, sans qu'elle en voulût rien dire ; mais le mal était devenu si considérable qu'on s'en aperçut enfin, et qu'on l'obligea d'aller à l'infirmerie. Elle n'eut pas d'autre réponse aux reproches que la Mère crut devoir lui faire de cette espèce d'excès, sinon celle-ci Je ne savais ce que c'était, je nij avais » Sa délicatesse naturelle, dit le duc de Saint-Simon, avait infiniment soufTerl de la sincère âpreté de sa pénitence de c^rps et d'esprit, et d'un cœur fort sensible, dont elle cachait tout ce qu'elle pouvait. Mais on découvrit qu'elle l'avait portée jusqu à s'être entièrement abstenue de boire pendant toute une année, dont elle tomba malade à la dernière extréaùté. » {Mémoires. ' Histoire de In duchesse de La ValUère, par Lequeux . 700 MADAME DE LA VALLIÈRE pas regardé. Entendons un témoin des dernières années de la duchesse, puisqu'elle vivait avec elle sous le même toit Ma sœur Louise de la Miséricorde, disait en 1710, la mère prieure des Carmélites de la rue Saint- Jacques, ayant épuisé ses forces par ses grandes austérités, était devenue fort in- firme ; un mal de tête habituel, une sciatique douloureuse, un rhumatisme universel, et un grand nombre d'autres maux exercèrent longtemps sa patience; elle n'en laissa voir que ce qu'elle ne put cacher. Jamais aucune plainte ne sor- toit de sa bouche, et quand on l'exhortoit à prendre quelque repos il 7i'y en peut avoir pour moi sur la terre, nous repon- doit-elle. Son désir de posséder Dieu, sa crainte de le per- dre, lui faisoient désirer la mort avec ardeur. Que mon exil est long! disait-elle souvent avec le prophète *. Ses maux, redoublant tous les jours nous firent craindre qu'elle ne fût bientôt exaucée. Nous la suppliâmes avec instance de pren- dre quelque soulagement et de faire quelques remèdes ; elle y consentit, mais elle ne s'en trouva pas mieux. Ses souf- frances augmentèrent toujours, et ses souffrances faisoient sa joie Que celui qui a commencé achève de me réduire en poudre, disait-elle avec Job ^. C'est ici que l'histoire doit faire une halte, afin de laisser la place à la réQexion. Il y avait près de trente ans que M"'^ de La Vallière menait une vie singuliè- rement rude, sans avoir jamais manifesté un regret ou une fatigue de sa pénitence. Avant que M"^ de La Vallière et Marie-Thérèse d'Autriche se rejoignent dans la mort et dans la vie future, il est à propos de mesurer une dernière fois le temps parcouru, de regardera quel moment etàquelsigne se fit le rapprochement de ces deux femmes sur la terre; il est nécessaire surtout d'apprécier le degré de conversion de M"" de La Vallière, et jusqu'à quel point cette conversion était réelle, sérieuse et surnaturelle. C'est que dans les » Psaume GXIX, 5. 2 Job. VI, 9. CHAPITRK DIXIEME 701 grandes métamorphoses historiques , où l'on voit un person- nage changer fondamentalement sa ligne de conduite, on doit tenir compte de ce que l'on appelle les cmises occasion- nelles. Ainsi, dans l'histoire de la conversion de M""^ de La Vallière, on doit faire et l'on a fait, dans les chapitres pré- cédents , la part qu'eut Marie-Thérèse d'Autriche à cette conversion célèbre, part qui fut considérable. Faute de bien analyser le phénomène du repentir chrétien, avec ses élé- ments constituants, avec ses moments chronologiques, avec les circonstances qui y jouent soit le rôle d'agent formateur, soit celui de simple occasion déterminante, on risquerait de qualifier à faux l'évolution de l'ancienne fille d'honneur de Henriette d'Angleterre. On a déjà dit que les cinq années qui s'écoulèrent de 1668 à 1673, furent un temps de transition pour la duchesse; mais il n'y avait pas encore conversion proprement dite. Nous ne voyons apparaître le phénomène du repentir chré- tien qu'après la maladie grave dont les Réflexions font men- tion ; c'est pourquoi on ne doit dater l'ère nouvelle de M"" de La Vallière que de l'année 1673. Mais il faut ana- lyser ce phénomène du repentir chrétien , afin de mieux suivre la marche ascensionnelle de cette femme célèbre, dans le nouveau genre de vie qu'elle adopta. Il y avait 1° dans ce repentir, lavue calme et sentiedeDieu, de sa justice, et par voie de projection ou d'application, il y avait une claire et nette perception de la personne de Marie- Thérèse d'Autriche, en tant qu'offensée; perception qui avait jusque-là manqué de fixité et de lumière. L'amour de Dieu, source de toute justice, amenait nécessairement l'intelligence de l'énorme injustice commise envers la reine malheureuse et outragée. 2° A la suite de cette vue , vint la nécessité profondé- ment sentie de faire cesser cet état de choses et de le réparer autant qu'il dépendait des forces individuelles. M™"* de Sablé, M'"^ de Sévigné, M'"^ de Lafayette, M"^ de Longue- 70-2 MADAME DE LA VALLIÈRE ville , s'étaient rapprochées de Port-Royal , par désir de réforme ou peur de la mort; une illumination soudaine, produisit dans M™'' de La Vallière des besoins solennels qu'elle n'avait pas jusqu'alors éprouvés. Elle avait eu beau gémir de marcher dans des voies maudites, et dévorer sans issue ses angoisses secrètes. Ces phénomènes n'étaient pas le repentir chrétien. La duchesse fuyait le monde, parce qu'elle était possédée du besoin de pleurer ; mais elle n'avait plus de larmes, parce qu'elle n'avait plus d'amour; de même qu'elle n'avait plus d'amour, parce qu'elle n'avait plus de Dieu. Il lui survenait des crises atTreuses, dont le dénoûment se bornait à des agitations fébriles ou à des mé- lancolies immenses et inutiles. Enfin en 1673, avait eu lieu le repentir proprement dit, qui, dans la pensée des chré- tiens, est une œuvre collective de l'être supérieuret de l'être humain, les initiatives mystérieuses étant eu haut, les coopé- rations généreuses, obéissantes, étant dans la créature. On s'explique alors l'état stationnaire de la duchesse pen- dant les trop longues années de 1662 à 1673 ; il n'y avait ni répulsion sincère pour le passé, ni amour surnaturel et nouveau. Ni l'otl'ense envers Dieu n'était sentie, ni l'ou- trage envers la reine n'était apprécié; il fallait une aug- mentation providentielle de lumières et de forces. Enfin, l'heure du réveil sonna. Les souffrances perpétuelles de l'âme, la fierté toujours blessée, le cœur -cent fois brisé, la coupe de l'humiliation qui ne cessait d'être pleine, des nuits qui n'étaient que de longs cauchemars, les promesses de 1662 évanouies en fumée, le mensonge et la moquerie, les sensations déchirantes obligeant de descendre chaque jour dans le gouii're sans fond d'une situation impossible, la nécessité de dévorer les idées les plus accablantes, comme celle de passer pour une vile courtisane , quand au fond elle avait conservé une âme candide , toutes ces conspi- rations de la réalité portèrent atteinte à la santé de M""^ de La Vallière. Une maladie était inévitable ; son corps ne CHAPITRE DIXIÈME 703 pouvait toujours se tordre, sans se briser sous ces affreuses émotions. Elle y succomba. Et quand la maladie, après ses étreintes, après qu'elle l'eut suspendue sur le gouffre béant, la rendit à elle-même, à la libre et calme réflexion, la jeune duchesse éprouva ce qu'elle n'avait jamais senti depuis les orages de 1662, la sensation personnelle et souve- raine de dépendance absolue vis-à-vis de Dieu. Elle se de- manda ce qui la séparait du tribunal de la justice suprême, elle ne vit, entre elle et les jugements divins, qu'une imper- ceptible distance, l'épaisseur d'un cheveu, le mince fil qui s'appelle la santé, la fraîcheur veloutée et passagère des lèvres qui sourient, l'humide éclat des yeux qui réfléchissent le ciel, la vulnérable sérénité de la physionomie que le moindre nuage vient troubler. Sans doute le coup d'en haut, le coup transformateur passa à travers ces sensations. Ce qui était vulgaire, devint et s'appela le repentir. 3° A dater de cette année, il y a rupture dans l'existence de M" de La Vallière ; un abime de distance sépare le pré- sent du passé. Les idées, le langage, les préoccupations, rien ne se ressemble, c'est une vie qui recommence sur des éléments complètement nouveaux ; jusque-là elle n'était qu'une jo/je païenne ^. Prenez M'^'^de La Vallière à partir de ses Réflexions sur la miséricorde de Dieu, précieux manuscrit où elle épanchait son cœur, sans soupçonner qu'elle traçait pour la postérité les mémoires de sa régénération, lisez ces pages, pleines de mélange et de trouble, sous le rapport litté- raire, vous y verrez dans l'ordre des mœurs et des actes, reparaître la chrétienne, celle qui se repent, qui désavoue son passé, qui veut confier à de nouveaux astres la direc- tion de sa vie , et égaler ses réparations à sa splendeur perdue. Que vous rendrai-je, nion Dieu, pour m'avoir rendu la santé et la vie, pour m'avoir retirée des portes de l'enfer, » C'est ainsi qu'Arnaud d'Andilly appelait M"» de Sévigné. 70i MADAME DE LA VALLIÈRE pour avoir conservé mon âme, enliii pour tant de grâces et de miséricordes dont vous avez usé envers votre pauvre ser- vante. » Est-ce trop, mon Dieu, pour reconnaître tant de bien- faits? est-ce trop que de vous les rendre? est-ce trop, pour réparer les scandales d'une vie où je n'ai fait que vous offen- ser que de l'employer tout entière à vous servir et à vous honorer? Est-ce trop pour satisfaire à votre justice et vous faire oublier tant de plaisirs profanes auxquels je me suis abandonnée ? Est-ce trop que de m'en priver?... Que l'image de cette fin dernière, de ce moment affreux où vous jugerez nos justices, et où mon âme toute couverte de crimes et sans contusion, s'est vue toute prête de rece- voir le dernier coup de mort, ne s'ellâce jamais de ma mé- moire, non plus de mon cœur, ces infinies miséricordes qui ont arrêté vos foudres et vos vengeances. » Ces lignes lais- sent assez entrevoir, combien la maladie de M""^ de La Val- lière secoua son âme jusqu'en ses dernières profondeurs. 11 s'agit enfin pour elle de préoccupations spirituelles et reli- gieuses le commencement du deuxième chapitre l'atteste. Ce corps, dont elle sent refleurir, avec la santé, les séduc- tions et les charmes, l'eûraye. M'"'^ de La Vallière se hâte de demander comme préservatif, la santé de l'âme. Rendez-iuoi, ô mon Dieu, la santé de mon âme, et faites que je vous demande, par-dessus toutes choses, cette joie sainte que la vicissitude de tout ce qui passe ici-bas ne saurait ébranler ; je veux dire la joie de me voir délivrée de l'esclavage du péché et de me voir dans l'ordre de votre divine providence et dans le chemin de mon salut » Une lettre de M""' de La Vallière au maréchal de Belle- fonds, la première en date, de celles que nous possédons de cette femme, confirme les dispositions personnelles dont le deuxième chapitre des Réflexions nous donne l'idée ; cette lettre est datée de Tournay, où M""^ de La Vallière avait suivi la reine, pendant le siège de Maèstricht. CHAPITRE DIXIÈME 703 Je veux vous remercier moi-même de votre souvenir, et me réjouir avec vous de l'état tranquille où vous êtes. Vous avez la paix du cœur, et vous eu goûtez les délices sans au- cun obstacle. J'envie fort le même bonheur ; mais je n'y suis pas encore parvenue, et j'ai besoin des conseils de mes amis, pour ne me pas laisser aller souvent à ces troubles que vous connaissez. Cependant, je vous assure que je me souviens fort bien de mes dernières conversations; et j'ai la vanité de vous dire que j'en ai profité, et que je fais, ce me semble, des merveilles. Je voudrais que vous en puissiez juger ; car souvent on se flatte sans s'en apercevoir Ne m'ou- bliez pas, je vous prie, et soyez persuadé qu'on ne peut être plus sincèrement que je le suis, Votre humble servante, La duchesse de La Vallière. » Cette lettre est datée du 9 juin 1673. On y voit que la duchesse est convalescente, elle veut enfin , elle-même^ de sa propre main, écrire et remercier le maréchal, elle est en état détenir la plume. Elle a profité de ses dernières conversations avec lui; elle ambitionne la paix du cœur, la sérénité de l'âme ; elle y tend , elle y aspire. C'est assez dire qu'au dedans d'elle-même, un monde s'est écroulé, un monde ancien ; un monde nouveau est en train d'éclore ; il y a révolution complète dans son être moral. 4° Les transformations dont le repentir chrétien est le point de départ, ne se laissent pas mesurer au compas de l'esprit humain, mystérieuses dans leur marche de lenteur ou de soudaineté, incompréhensibles dans leur combinaison d'éléments naturels et de conséquences surhumaines. C'est ainsi que la conversion de M"'' de La Vallière a besoin de s'éclairer des données fournies par les grands psychologues chrétiens du moyen âge, sur les évolutions de l'âme en général ; et, quelques critiques du xviii et du xix^ siècle, 4o 706 MADAME DE LA VALLIÊRE auraient mieux compris la traiislormation de M™^ de La Vallière, s'ils se fussent inspirés de cette psychologie. Le premier principe que nous croyons reconnaître, et qui appartient à cette psychologie théologique, c'est que l'ordre naturel et purement humain est l'image de l'ordre sur- naturel. Ue même qu'il faut du temps à la guérison des plaies et des blessures du corps, ainsi les blessures de l'âme ne guérissent pas en un jour , il faut du temps pour que l'âme se convertisse pleinement et purement à Dieu. De là des oscillations entre la passion dominante jusque-là et le nouvel amour qu'il faut contracter. Et les psychologues chrétiens ont une philosophie assez motivée pour expliquer ces lenteurs de l'âme qui fait effort pour remonter à la dignité d'autrefois. Si une pécheresse n'avait aucune difficulté à se convertir, si M'^'^ de La Vallière avait su prendre son parti et renoncer en un instant à sa coupable passion pour Louis XIV, si elle eût pu, aussitôt qu'elle l'eût voulu, briser avecson passé, sans ressentir la résistance de ses passions, ily aurait eu pour elle un danger évident, celui d'attribuer uniquement à ses propres forces personnelles l'initiative et l'accomplissement de sa ré- novation. Quand on croit avoir puissance en soi-même, il n'y a aucune raison de confesser les miséricordes de Dieu. Les lenteurs transformatrices s'expliquent aussi par une autre raison si la Providence veut qu'on recouvre, peu à peu, ce que l'on a perdu tout d'un coup, c'est que si l'âme égarée revenait en peu de temps, à sa béatitude primitive, ce lui deviendrait un jeu de se précipiter dans les hasards de la vie et dans le labyrinthe des passions mondaines. Notre nature est telle qu'elle n'a pas soin d'éviter les maux qui se guéris- sent très-facilement ; mais la difficulté des guérisons mora- les fait qu'une fois converti, on conserve avec pluii de soin la santé après l'avoir recouvrée. Deuxième principe loin de s'étonner de retrouver dans la personne convertie le même fond qu'autrefois, on doit se sou- CHAPITRE DIXIÈME 707 venir que la grâce ne détruit pas la nature, mais la perfec- tionne ; ainsi, il devait se rencontrer en M""^ de La Vallière, persistance du même caractère, du même tempérament, des mêmes passions en tant que tendances. Les conversions les plus éclatantes et les plus hautes j cette persis- tance. Saint Paul, après l'accident du chemin de Damas, était resté, comme auparavant , l'homme de l'affirmation, ayant la passion du dogmatisme. Augustin, après le fameux Toile, lege , demeura tendre- et affectueux. François Xaxier, l'universitaire, après l'évangélique Quid prodest t fut ce qu'il avait été, un ambitieux. Seulement les passions de ces hommes avaient changé d'objet des appétits immor- tels avaient été substitués à une faim mortelle €t pro- fane ; ainsi le gentilhomme de Navarre devint l'apôtre des Indes, et l'Alexandre des temps chrétiens. Faute de bien rappeler les principes de la psychologie chrétienne, les moralistes des trois derniers siècles ont mis en suspicion plusieurs conversions de femmes , et en particulier celle de M™'' de La Vallière, si nous en croyons Claude le Queux, c La conversion de cette dame, dit ce biographe, et sa longue pénitence a été une merveille si écla- tante dans tout l'univers, qu'il est juste et nécessaire de n'en pas laisser perdre le souvenir, mais d'en faire revivre le spec- tacle, autant qu'il est possible, aux yeux des chrétiens, sur- tout dans un siècle tel' que celui où nous vivons Nous nous proposons singulièrement ici de peindre ce que la grâce de Dieu a fait en elle pour y retracer son image, que le dé- mon avait si étrangement défigurée. Heureux si cet échantillon des sentiments de notre illustre pénitente peut servir à confondre les téméraires écri- vains, qui, ennemis de Dieu et de la vertu, ont voulu comme travestir un si grand événement, en donnant de fausses couleurs à cette œuvre de la grâce, et iaire passer pour des mouvements tout humains, et même criminels, de dépit et de jalousie, des résolutions si généreuses et si bien soutenues. » 708 MADAME DE LA VALLIÈRE Ceux qui ont professé le scepticisme touchant la conver- sion de M^^de La Vallière, auraient voulu sans doute qu'en foulant aux pieds ce qu'elle avait primitivement aimé, elle abdiquât sa nature et sa sensibilité; ils ont dit qu'elle avait l'air de se convertir, tandis qu'elle ne faisait que se retourner ; et, qu'à la bien suivre, la même nature, aux di- vers âges, et dans les divers emplois, se retrouvait au fond jusque sous le déguisement. Mais d'autres moins négatifs ont fait des restrictions seulement sur les commencements de la conversion de M'^^'de La Vallière ; ces restrictions tiennent aune confusion d'idées, qui, pour être dissipée, exige renonciation d'un principe complémentaire. Troisième principe il importe peu que la Providence, dans la réforme progressive des âmes, se serve d'éléments naturels, et mette à profit des circonstances qui, pour un œil d'homme, n'ont aucune proportion avec la grandeur des ré- sultats ! Le caractère humain des premières origines d'un changement, n'empêche pas que le mystérieux artisan des métamorphoses intellectuelles et morales ne vienne mettre son empreinte au renouvellement individuel. Ces changements arrivent-ils par la voie de la sensibilité, par le libre travail de l'esprit, par une émotion naturelle, par une voie surnaturelle, par la grâce divine ? C'est ce qu'il ne s'agit pas de décider. Mais il est sûr, par le résultat , qu'il y a dans ces bienheureuses transformations un élément divin. Pour s'inscrire en faux, il faudrait savoir quelle puis- sance préside à la vie de l'âme, comment la vérité se révèle à l'homme, qui ne peut la saisir ni la repousser selon sa vo- lonté ; » il faudrait pouvoir dire d'où nous vient, si ce n'est du grand foyer, cette lumière de désillusionnement dont le foyer est hors de nous ; ou bien il faudrait nier cette action du dehors, cette influence d'en haut que l'orgueil ou la légèreté de l'esprit humain essaye vainement de mécon- naître. CHAPITRE DIXIEME 709 Pour M""" de La Vallière, la lecture rapide des quinze premiers chapitres de ses Réflexions ne laisse pas subsister l'ombre d'un doute sur le caractère profond, radical et reli- gieux de sa conversion ; il y a des phases encore sans doute. Elle est cependant arrivée à la réalité de la conversion, mal- gré quelques hésitations de surface. Il y a eu du naturel et de l'humain dans ce drame; mais en allant d'acte en acte, de péripétie en péripétie, la Providence faisait son œuvre, et la pièce nous mène au surnaturel par le naturel. M'"^ de La Vallière dit, dans le i" chapitre des Ré- flexions, que la lumière maintenant éclaire sa raison, et que la grâce pénètre son cœur elle est troublée du souvenir de Vétat pitoyable dont Dieu l'a tirée. Le chapitre n^ rap- pelle la date de ce grand moment où la duchesse enfin a détaché son cœur des idoles et compris sa détestable situation au point de vue de la conscience; elle dit à Dieu Que de- viendront les promesses que je vous ai faites dans \Q,peur et le danger, si votre miséricorde ne les fixe et ne les soutient dans mon âme ; » la maladie a donc décidé sa conversion jusque-là flottante. Au chapitre m^, elle se complaît à re- vendiquer pour elle les noms et les sentiments des humbles femmes de l'Évangile, des pécheresses, de la Cananée, de Madeleine. Une phrase du chapitre iv, coupe court aux prétentions de ceux qui ne voudraient voir dans la conver- sion de M"" de La Vallière que des mouvements humains de dépit et de jalousie ; elle dit à Dieu Faites que jo ne me contente pas d'être dégoûtée de ce monde et de m'en voir éloignée, peut-être plus par un esprit d'orgueil et un effet de ma raison, que par un pur motif de votre grâce. » Assurément la philosophie du xvni siècle avait tort de disputer à la religion ce retour d'une sincérité si parfaite, et nous pensons avec un judicieux criiiijue, qu'il y a ici un malentendu. Que la conversion de M™ de La Vallière n'ait point eu, au point de départ, le mérite de l'initiative spon- tanée ; que le dépit et la jalousie, joints à toutes sortes d'hu- 710 MADAME DE LA VALLIÈRE miliations et de soufîrances, aient été chez elle l'impression dominante pendant longtemps; c'est ce qu'il est impossible de contester, après tout ce qui a été raconté dans cette his- toire ; il suffit de rappeler lescinq ou six années qu'elle passa à la cour, depuis 1668, luttant tristement contre sa rivale triomphante, oubliant ce qu'ellese devait mêmeaux yeux du monde. Mais il n'en est pas moins certain qu'à ces morne' ments purement humains succédèrent des pensées meilleures et les motifs du plus pur christianisme. Ne vit-on pas ensuite M""' de La Vallière prendre une assiette d'âme fixe et invin- cible, une attitude héroïque, d'où elle s'élança pendant de longues années pour exécuter de nouvelles et de méritoires choses? Il faut donc comprendre que les cinq ou six dernières années de la cour furent cette combinaison providentielle d'éléments naturels, dont Dieu s'est servi pour convertir à la fin la duchesse d'une manière sérieuse. Du reste, le duc de Saint-Simon et Voltaire, si portés ù médire en pareil cas, ont parlé l'un et l'autre, dans les meilleurs termes, de la conversion de M"'^ de La Vallière. Le chapitre v*' est curieux. Un mot trahit la duchesse ; on sent qu'elle traverse cette première période des conver- sions lentes et disputées, dans lesquelles on veut se persua- der à soi-même qu'on ne cherche plus que des plaisirs innocents, » où l'on renonce à ce qu'elle appelle la gros- sièreté du péché » pour en garder toutes les délicatesses; » où l'on échange, comme elle dit quelques lignes après, les péchés 4es sens, contre ceux de l'esprit; » où le nom d'a- mitié, » api'ès avoir dissimulé les premiers désirs de l'amour, vient abuser encore ses dernières espérances. M™'^ de La Val- lière prend plaisir à dire ce mot mon amitié, — son ami- tié; » mais elle se trahit tout à coup, en déclarant qu'elle sent revivre sa passion plus fortement que jamais dans ce qu'elle aime plus qu'elle-même. » Il faut se souvenir ici. et avoir présent à l'esprit que le livre de M"'' de La Vallière était écrit, jour par jour, dans l'espace de cettô dernière an- CHAPITRE DIXIÈME 711 née 1673, qu'elle passa à la cour. Sensible, comme elle l'écrit elle-même au maréchal de Bellerouds, aiix ti-aitements différents qu'elle y éprouvait, » elle laisse tomber à son insu sur le papier son impression du moment, et l'on peut suivre de l'œil les successions rapides d'ombre et de soleil qui se font dans son âme. Louis XIV y rayonnait à l'heure où elle écrivait les lignes que nous analysons. Le chapitre vi'^ et le xn*' donnent aussi de la lumière sur l'état d'âme de M""^ de La Vallière. Elle rappelle les humi- liations et les dégoûts que Dieu répand dans toutes ses voies, » elle dit que Dieu lui a fait sentir dans le cœur des dégoûts tout particuliers. » L'objet de ces dégoûts était évidemment Louis XIV, avec la promiscuité de ses attachements et ce fond d'égoïsme qui desséchait promptement ses plus vives affections. Une explication nous est donnée du singulier personnage qu'elle faisait à la cour, et dont on était étonné et affligé. La duchesse d'Orléans achève de dire le mot de l'énigme ; après avoir causé avec M""^ de La Vallière des traitements qu'elle subissait de la part du roi et de M""^ de Montespan, la Palatine dit La pauvre créature s'imaginait qu'elle ne pouvait faire un plus grand sacrifice à Dieu qu'en lui sacri- fiant la cause même de ses torts, et croyait faire d'autant mieux, que la pénitence viendrait de l'endroit où elle avait péché. Aussi restait-elle par pénitence chez la Montespan. » Du reste, dans le chapitre vi, M""*^ de La Vallière conti- nue à s'alarmer de l'état de pénitence douteuse où elle vit, partagée entre le monde et Dieu. Cette alarme même est une preuve qu'un christianisme mou et selon la prudence de la chair ne safifit plus à sa loi, de jour en jour plus ardente; qu'avec la réforme de sa vie extérieure, elle veut convertir en même temps ses inclinations et son cœur. Les autres chapitres renchérissent sur ce même point; on voit, au vii% les scrupules de M"'^ de La Vallière sur ce qu'elle appelle sa fausse conversion. On sent ses terreurs 712 MADAME DE LA VALLIERE augmenter de chapitre eu chapitre, et le désir de frapper un grand coup devenir de plus eu plus ardent. Il faut qa'elle prenne un parti grand, radical. Au chapitre vni% elle craint que son confesseur ne soit de ceux qui ajus- tent l'Évangile à sa mode. Au chapitre x, elle dit que l'amour de Dieu a plus de part que la crainte dans son sacri- fice. Enfin, au chapitre xni, elle pousse son paratum cor meum, mon cœur est prêt. Le 4 novembre et le 21 novembre de cette même année 1673, M™^ de La Vallière écrivit au maréchal de Bellefonds deux lettres où elle annonce, pour la première fois, le dessein d'aller aux Carmélites. Et de la sorte, il est positif qu'il y eut conversion réelle en 1673. C'était pendant l'été et l'au- tomne de cette année que cette femme débattait la question de rupture avec la cour et Louis XIV, et en même temps le moyen d'adopter une vie nouvelle. Mais on doit bien dis- tinguer et bien séparer, pour ne pas les confondre, trois élé- ments dans cette conversion 1° la grâce de Dieu ou la cause surnaturelle qui amène des résultats imprévus, au moyen de mystérieuses initiatives et d'efficacités puissantes dont nous n'avons pas le secret ; 2'^ l'une des causes occasionnelles de la conversion qui fut la reine Marie-Thérèse d'Autriche ; et 3° les incidents préparateurs et déterminants, c'est-à-dire les deux maladies de 1673. Voltaire raconte, avec ses idées profanes, le sacrifice de M"* de La Vallière. Enfin, en 1675, dit-il, La Vallière embrassa la ressource des âmes tendres, auxquelles il faut des sentiments vifs et profonds qui les subjuguent. Elle crut que Dieu seul pouvait succéder dans son cœur à son amant. Sa conversion fut aussi célèbre que sa tendresse. Elle se fit carmélite à Paris et persévéra. Se couvrir d'un cilice, marcher pieds nus, jeûner rigoureusement, chanter la nuit, au cbœur, dans une langue inconnue ; tout cela ne rebuta point la délicatesse d'une femme accou- tumée à tant de gloire, de mollesse et de plaisirs. Elle vécut CHAPITRE DIXIÈME 713 dans ces austérités depuis 1675 jusques en 1710, sous le nom seul de sœur Louise de la Miséricorde. Un roi qui pu- nirait ainsi une femme coupable serait un tyran ; et c'est ainsi que tant de femmes se sont punies d'avoir aimé. Il n'y a presque point d'exemples de politiques qui aient pris ce parti rigoureux. Les crimes d,e la politique sembleraient ce- pendant exiger plus d'expiation que les faiblesses de l'a- mour ; mais ceux qui gouvernent les âmes n'ont guère d'em- pire que sur les faibles. » L'on sent trop percer dans ce langage , la théorie de Voltaire sur la vocation religieuse des femmes. On peut soupçonner qu'il partageait les idées de Saint-Evremond sur cette matière, et un écrivain considérable de notre temps nous semble y avoir incliné un peu en les mitigeant *, ' On veut toujours expliquer les vocations religieuses des femmes par des causes romanesques, et pur des dépits d'un établissement manqué, d'une affection incomprise et d'un sentiment trahi. Des exceptions ne peuvent être une règle générale. M. Cousin parle de cœurs qui, aux premières impres- sions de la passion ou du malheur, coururent ciierclier un asile dans la sainte solitude. 0 {Jeunesse de M Je pense que M. Cousin se trompe plutôt que l'abbé Montis; ces événements inlimes qu'il mentionne apportèrent leur contingent dans l'iti- néraire de celte âme vers le couvent; mais ce n'est pas ce qui, directement et précisément. In dérida ; ce n'est pas ce qui lui fit préférer une couronne d'épines à la couronne de Pologne ; pas plus que l'accident de ce danseur qui fut tué par la foudre, à un bal à Spa, ne décida la marquise de Bréaulé, témoin de cet événement, et veuve à 21 ans, à se faire également carmélite, Il y en a qui, après des fautes, veulent une vie de pénitence et d'expiation. D'autres femmes cherchent une retraite assurée contre les orages de leur propre cœur. Il en est qui détestent le monde, qui ont besoin de fuir une société, si habile à tourmenter les âmes, et où régnent l'intrigue, l'hypocrisie, l'injustice et la bassesse. Ces âmes pures, jeunes et droites. 7i4 MADAME DE LA VALLIERE Saint-Evremond, en ellet, disait que les femmes galantes qui SB donnent à Dieu, lui apportent ordinairement une âme inutile qui cherche de l'occupation; et il aurait vo- lontiers nommé leur dévotion une passion nouvelle, dans la]uelle un cœur teiidre qui croit être repentant, ne tait que changer d'ohjet. Mais Voltaire, comme Saint-Evremond, confondait les éléments humains avec l'action providentielle, sans vouloir reconnaître la trace de l'une au milieu des autres. Il est arrivé à bien des femmes du xvn" sièci-e de commencer leur mouvement de retraite, parce que les tendres besoins de leur cœur n'étaient pas humaine- ment satisfaits, et de le finir parce que des aspirations posi- tives et directes vers Dieu venaient s'emparer de leur âme ont besoin de fuir un milieu où l'on se fait un jeu de les tromper. Pourquoi M. Cousin ne rappelle-t-ii pas ces éléments d'incitation? Toutes enfin, quand elles ont décidément tourné le regard vers le cloître, veulent travailler à une vie de perfection, par un progrès continu, sous le triple vœu de chasteté, de pauvreté et d'obéissance, Dieu les exciiant par sa grâce. Nous nous rappelons un entretien avec la supérieure des Carmélites, qui, je crois, a fourni à M. Cousin les documents sur le couvent de la rue Saint- Jacques. Elle protestait, avec une véhémence pieuse, contre les interprétstions naturalistes données par M. Cousin à des vocations du xvu» siècle. • Vivre 30 ans, 40 ans, d'une manière convenable, selon les règles austères du C^ir- mel, cela est impossible, nous disait-elle, avec une vocation née d'un roman. • Qu'en 1693, on ne fût pas arrivé encore à une appréciation impartiale et calme du changement de M"* de La Vallière, cela se conçoit ju-qu'à un cer- tain point. Ainsi un écrivain racont nt la retraite àe. la duchesse aux e du grand Dieu, D' que jetais du plus grand roi du monde. > V. les Intrigues de la cour de France, t. II, p. 00; Cologne, chez P. Mar- teau, XCV. Ce langage se. tolère en 1093 Mais qu'anjourd'liui, après que les années ont apaisé les passions, M. Cousin laisse dominer sa raison et sim jugement par des passiiins et des préjugés d'un autre âge, c'est ce que l'on comprend plus diâLciiement. CHAPITRE DIXIEME 718 régénérée. Si Voltaire avait eu plus de lyrisme, et un ins- tinct plus vif de certaines beautés de la vie morale, il aurait apprécié d'une manière plus orthodoxe le sentiment qui nous a donné l'admirable sœur Louise de la Miséri- corde, il en aurait fait hommage à la pieuse influence de Marie-Thérèse, Au milieu de nos sociétés si avancées dans la civilisation matérielle, il aurait aimé, ne fût-ce qu'à titre de contre poids, cette carmélite de vingt-neuf ans, autrefois duchesse adulée, devenue une protestation héroïque contre l'absorption de la matière , il aurait béni cette jeune femme courageuse, qui se leva, pendant trente-cinq ans, à trois heures du matin, malgré les rigueurs des hivers, pour prier, et qui ne vécut plus désormais pour son corps ; profession éloquente de spiritualisme et de foi à l'immortalité! Mais une maladie grave, sérieuse, fut l'instrument déter- minant de la conversion, et termina la phase de transition, commencée en 1668. Un historien, assez voisin des événe- ments, nous fait connaître le degré du mal, et les consé- quences rénovatrices que le mal physique eut sur le moral de M""" de la Vallière. Une violente et dangereuse maladie qui la conduisit aux portes de la mort quelque temps avant de s'arracher tout à fait de la cour, dit l'abbé Claude Le- queux , acheva par la grâce de Dieu de l'afTermir dans le dessein qu'il lui avait déjà inspiré de réparer sa vie passée par les travaux d'une sérieuse pénitence, et de faire servir comme d'instrument à la justice tout ce qui en elle avait été employé à l'iniquité. » Jusque-là, les amis de M""^ de La Vallière avaient été, la plupart, les amis des beaux jours du succès, ils étaient de cette société mitoyenne où, en évi- tant toutes les exagérations, on tombe dans la neutralité, n'ayant aucune doctrine religieuse bien arrêtée, mais chez qui le respect des convenances sociales devient une religion. Que pouvaient de tels amis, auprès de la duchesse en proie au mal violent, à la fièvre perfide ? D'ailleurs , toute ami- 7i6 MADAME DE LA VALLIÈRE tié, même la meilleure , est impuissante devant la mala- die fatale, inexorable. On ne combat pas avec les vents de la mer, avec les vagues courroucées, on les subit. La mala- die est un messager irrésistible ; elle représente dans le monde une force qui n'est pas du monde; elle est la déli- vrance du passé ; elle coupe en deux les drames de la vie ; elle est le ministre divin des changements et des métamor- phoses individuelles. L'espérance, la dernière espérance qui a tant de peine à finir, étant morte enfin, dans ce cœur lentement broyé pen- dant tant d'années, la victime abattue sembla n'avoir pas la force de survivre à l'illusion détruite. Ce fut pour elle comme une éclipse de la vie; elle sembla vouloir mourir, comme pour aller poursuivre ailleurs son rêve perdu. Ce corps si tendre, dont parle Bossuet, tléchit et se fana comme une fleur que le suc abandonne, mais un esprit nouveau souffla alors pour ranimer la nature défaillante, et du lit de mort, la pécheresse, comme parle un élégant écri- vain *, se releva marquée au front de ce rayon doux et triste qui se nomme le repentir. Cette âme , long- temps chargée des vapeurs lourdes et desséchantes de la jalousie, se fondit tout à coup eu une douce pluie de lar- mes et de prières. Une fraîcheur vivifiante la pénétra. Ses regards se levèrent doucement vers le ciel, d'où elle sentait la vie lui revenir avec un nouvel amour ; et ses lè- vres en s'ouvrant entonnèrent d'elle-même le cantique de la délivrance et de la reconnaissance Que vous rendrai-je, mon Dieu, pour m'avoir rendu la santé et la vie, pour m'a- voir retiré des portes de l'enfer ? etc. » Cette violente et dangereuse maladie, qui conduisit M""^ de La Vallière aux portes de la mort, et qui détermina sa conversion, jusque-là flottante, est du commencement de 1673. La demi-pénitente, » comme l'appelait le cardinal ' M. Romain-Cornut. CHAPITRE DIXIÈME 717 Le Camus, passa encore une année à la cour, pour divers motifs qui ont été indiqués, et en partie à cause de sa timi- dité naturelle. C'est pendant saconvalescence, et dans le cours decetteannée, qu'elle écrivit ses réflexions sur les effets de sa maladie, réflexions qui nous sont parvenues sous le nom de Réflexions sur la miséricorde de Dieu. Ce livre écrit jour par jour pendant les cinq ou six mois qui suivirent immédia- tement la maladie, fixe d'une manière certaine la date de la conversion de M""* de La Vallière , à l'année 1673; il révèle en même temps qu'avant cette maladie, il n'y avait que de faibles essais de changement, toujours neutralisés par les accès d'une jalousie renaissante. Mais, plus de vingt années étaient passées sur ces com- mencements ; et comment oser, après tout ce qu'on avait vu, élever un doute sur la réalité de la conversion, sur la trans- formation si admirable de cette femme célèbre ? On l'enten- dait elle-même s'écrier, dans une journée de 1677 Je vous avouerai qu'il est des moments où la grâce agit si puissam- ment en moi, que je suis comme transportée hors de moi- même, que je ne me connais plus. Faut-il que mon esprit soit enfermé dans un corps si fragile et si plein d'imperfec- tions ^ ? » Elle disait encore Je renonce à toutes les con- solations du monde, et je ne connais plus dans cette vie d'autre peine que la crainte d'offenser Dieu ^. » Mais elle s'en exprimait plus nettement en 1686 Revenue de mon égarement et plongée dans l'amertume, j'ai élevé mes yeux au ciel, et celui qui a fait le ciel et la terre est venu à mon secours; mais je ne dois que m'en humilier davantage. L'abus que j'ai fait de ses dons ne me permet plus de re- garder la terre que comme l'image de mon tombeau ^. » Aussi , un homme impartial , dans la présente circons- ' Lettre au maréchal de Bellefonds, du 4 mars 1677. * Au même, lettre du 12 février même année. ' Au même, lettre du 6 septembre 1686. — Je l'ai vue dans les dernières années de sa vie et je l'ai entendue, avec un son de voix qui allait jusqu'au cœur, dire des choses admirables de son état. • Paroles de la mère Agnès. 918 MADAME DE VALLIÈRE tance, le duc de Saiiit-Sirnoa, qui se sentait révolté du scandale que le roi avait donné en étalant, jusque sous les yeux de la reine, ses amours doublement adultères, et qui, dans le sentiment de sa pudeur blessée , ne pouvait contenir son indignation devant la déclaration qui assimilait les bâtards au sang royal , même pour la succession éventuelle à la couronne, ce même duc de Saint-Simon change aussi de ton quand il s'agit de la duchesse de La Vallière. 11 n'avait pas été le témoin des singularités re- tentissantes qui avaient marqué les débuts de M"" de La Vallière à Saint-Germain, puisqu'il ne commença à écrire ses' Mémoires qu'en 1694, étant alors à peine âgé de dix-neuf ans; toutefois, il devient respectueux et grave, quand il raconte cf cet adieu si touchant de M"*' La Val- lière à la reine qu'elle avait toujours respectée et ménagée, et ce pardon si humble qu'elle lui demanda prosternée à ses pieds devant toute la cour, en partant pour les Carmélites, la pénitence si soutenue tous les jours de sa vie, fort au- dessus des austérités de sa règle, cette fuite exacte des em- plois de la maison, ce souvenir si continuel de son péché, cet éloignement constant de tout commerce et de se mêler de quoi que ce fût i. » Mais le moment était venu, où M™'^ de La Vallière allait quitter la terre. Ce que fut cette douce et sainte femme, aux derniers jours de sa vie, et dans ses dernières heures, attendrit jusqu'aux larmes, en manifestant dans sa per- sonne, la plus étonnante des nouveautés, et la plus divine énergie dans une enveloppe de chair. La princesse dé Gonti, qui devait naturellement rester sur la terre, après sa mère, était depuis longtemps le seul lien qui gênât les aspirations de M"" de La Vallière vers la vie future. Tant que l'âme est unie au corps, disait-elle, nous tenons toujours par quelque endroit à la terre ; nous * Mémoire». CHAPITRE DIXIÈME 7i9 trouvons qu'il y a des choses qui nous font plus de peine ou plus de plaisir *. » Mourir, n'était qu'une délivrance, et une perspective sincèrement agréable pour celte coura- geuse femme; mais M™^ de Gonti restait sur la terre, il y avait sa vie, hélas ! trop accidentée, et ce qu'on a appelé le cauchemar de l'incertitude. » Aussi la Carmélite remerciait- elle ceux qui pouvaient jeter quelque lumière sur laroute de sa fille, ou s'y intéresser par la sympathie. Je vous remercie, écrivait sœur Louise à son vieil ami, de la manière dont vous tenez toujours pour M'""' la princesse deConti; prions pour elle, et désirons-lui le royaume de Dieu ^. » L'on s'explique très- bien du reste la sollicitude tendre et inquiète de la sœur Louise de la Miséricorde, à l'endroit de la princesse sa fille. Elle n'avait pas été heureuse, dans son mariage avec le prince de Gonti; elle ne l'était pas davantage depuis qu'elle était veuve. M"^ de Caylus dit que, veuve à dix-huit ans, prin- cesse du sang, aussi riche que belle, la princesse de Gonti eut de quoi se consoler; qu'elle avait beaucoup plu à M. le duc, son beau-père, et que, comme il était fort aimable, il est vraisemblable qu'il lui avait plu aussi. Elle aurait pu épouser le fils de Monsieur, qui devint plus tard le régent. Elle répondit à Monsieur qu'elle préférait la liberté à tout. Ce n'était pas , on le voit , pour en faire un excellent usage. Bonne amie pourtant' et généreuse, d'une coquetterie extrême, d'un esprit médiocre c'est toujours M*"*^ de Caylus qui la juge ; elle avait une humeur capable de gûtei les meilleures qualités et rendait la reconnaissance impossible. Aussi, M"^ de La Vallière exhalait-elle les inquiétudes de sa sollicitude maternelle, dans une lettre qui a été conservée, qui est sans doute de 1693' ou de 1694. Elle- écrivait au doc- teur Dodart, probablement son médecin et celui de sa fille J'ai une véritable joie que M'"'^la princesse de Gonti entre > Lettre au maréchal de Beilefonds, du 6 septembre i686. * An même, mêmes mois et année. 720 MADAME DE LA VALLIÈRE dans la vérité sur tout ceci. Plaise à la ]onlé du Tout-Puissant de lui en donner toute l'intelligence ! J'espère beaucoup, par votre attention, pour l'âme aussi bien que pour le corps de cette pauvre femme *. » Un historien moderne reconnaît la légitimité des préoc- cupations de la mère, à cause du bizarre assemblage d'heu- reux dons et de défauts dans la fille. On'comprend, dit-il, les regrets et les souhaits de la sœur Louise de la Miséri- corde. Souhaits inutiles ! Il y a de certaines humeurs que la mort seule est capable de soumettre. La princesse de Conti fut jusqu'à la fin ^ ce que ses contemporains des jeunes années nous l'ont montrée ^. » A part la princesse de Conti, d'ailleurs, la mort qui avait fait de sa famille un vrai désert, multipliait aussi les vides tout près d'elle et autour d'elle. La mère Agnès de Jésus- Marie M"8 Judith de Bellefonds, n'existait plus depuis 1691 ; on avait perdu en elle une âme pleine d'élévation et de modestie. Bossuet n'était pas le dernier à sentir cette perte, comme une de ses lettres, fort touchantes, l'atteste encore; mais qu'élait-ce de la duchesse de La Vallière ? M"*^ Judith de Bellefonds avait joué un si grand rôle dans sa vie ! Tant d'autres religieuses avaient disparu, depuis que M""" de La Vallière s'était enfermée rue Saint-Jacques, telles que la mère Marie-Madeleine" de Jésus M"" Lancry de Bains *, W' de Thon ^ M" de La Yarrie 6, M"^' de Gour- gués \ M"*-' d'Anglure, fille du baron d'Anglure, premier gentilhomme de la chambre du duc de Lorraine *^, M"^ de » L'original de cette lettre apparlieist à la bibliothèque de Troyes. Elle a été publlce dans ['Annuaire de l'Aube pour 1849, 2 partie, p. 34 et suivantes. M. Denis Uodarl, docteur en médecine, conseiller médecin de Louis XIV, était un homme dévoué aux pauvres et plein de zèle pour toutes les œuvres cha- ritables. La lettre citée ci-dessus n'a pas de suscription; mais comme il y en a une autre, à Troyes, de M™ En 1690. — ' En 1677. — En 1679. CHAPiTHE DIXIÈME 721 Chabert *, M"^ de Stainville^, M"" d'Épernon, sœur du duc de Caudale, qui avait préféré la couronne d'épines à celle de Pologne 3, M" de La Thuillerie ^ Al»*^ de La Tour d'Au- vergne de Bouillon ^, M"'' d'Égremont ^, M"^ d'Arpajon 7, M"^ Gharost de Bétliune ^, etc., toutes carmélites, ayant vécu dans le même monastère rue Saint- Jacques. Il arrivait à M™'' de La Vallière ce qui arrive à tous. Quand on a passé l'âge de quarante-cinq ans, on voit chaque jour la vie se dépeupler par la disparition effroyablement rapide des parents , des amis, et de tous ceux qui furent les compagnons de notre existence. Pas une année ne s'écoule sans qu'on apprenne une perte. Bossuet, qui avait contribué à frayer le chemin du Carmel, ainsi que M. Le Camus, s'était éteint aussi en 1704 ; Bourdaloue était mort la même année que Bossuet; Colbert n'était plus depuis longtemps»; Racine ^^^, La Fontaine **, Miguard i^, Benserade i3^ ces chantres immortels des premiers jours, l'avaient précédé ou suivi ; la spirituelle marquise qui avait tour à tour raillé ou célébré M™*^ de La Vallière, M™^ de Sévigné n'était plus de ce monde *^. Avaient également disparu M""= de Mon- tespan *^, Henriette d'Angleterre ^^, Pélisson*', M"^ de Mont- pensier ^^, M""*^ de La Fayette ^^, le comte de Guiche 2", le marquis de Vardes -^, la comtesse de Soissons -^, le duc de Roquelaure -'^, le duc de Saint-Aignan 2'^, ces derniers si mê- lés aux intrigues de la cour à l'aube du règne. Gondé ^^, Tu- renne -'^, Louvois^', et l'ami de la dernière heure, le maréchal de Bellefonds ^^, étaient couchés dans le tombeau. A peine Louis XIV survivait-il comme la grande ombre du xvii siè- cle. Quand le désert s'est établi de la sorte autour de vous, quand il ne subsiste plus aucun témoin de ce que vous Morte en 1695. — » Ea 1695. — ^ En 1701. — * En 1703. — ^ En 1690. — 8 En 1683. — ' En 1693. — En 17U9. » Mort en 1683. — »» En 1699. — » En 1693. — »^ En 1693. — '^ En 1691. — " En 1696. — »^ En 1707. — "• lin 160. — " En 1693. — " En 1693.— »» En 1693. — " Eu 1673. — . ^' En 1688. — " En 1708. — '' En 1683. — ** En 1687. — " tn 1686. — ^ 73i MADAMIÎ M LA S^\LLIl>HE viduels, ne veut pas dire Croisez vos bras ; laissez vos mains pendantes; ne faites rien; donnez lihre carrière à toutes les attaques du dehors, » Nullement. Ce qui est positif, dans la doctrine historique des lois providentielles, c'est que sou- vent ce qui nous semble un mal dans les détails de notre destinée personnelle prend un autre nom dans le plan mystérieux; et, en toute hypothèse, rien n'autorise ici-bas la plus minime des créatures à s'endormir dans l'inertie. Tout être qui a l'honneur d'être admis dans l'enipire des existen- ces, doit réagir selon sa mesure, contre le mal. Dire — à quoi bon lutter contre le mal, s'il doit produire le bien, — serait un blasphème ! Mais irons-nous jusqu'à soutenir que cette succession de tant de femmes intrigantes ou audacieuses que vit naître le règne de Louis XIV, et qui eurent l'inso- lence de porter leur regard sur les marches du trône, avait été suscitée par la volonté expresse de Dieu, pour mûrir et sauver l'âme de Marie-Thérèse d'Autriche ^ ? Non ; l'histo- rien n'a pas à s'engager dans ces problèmes ardus. Une • Nous pensons qu'on s'est mépris sur une phrase de Bossuet, dans l'Orai- son funèbre de Henrielle d' dire parfailement, que tout en poursuivant des plans d'ensemble. Dieu tire, pour les individus, le bien du mai. Mais le prélat soutient-il que, pour enrichir un homme, la Provi- dence doive ruiner toute la masse d'une nation? Nullement. ]Nu! besoin d'en- trer dans les classifications et les comparaisons que la théologie établit pour démontrer jue le bien spirituel, iiiiuiorlel d'une âme libre, vaut plus que l'existence matérielle, incoascicnle et brute d"une inimlagne, d'un globe, d'un univers. Néanmoins, un journal les Debals n'a-t-il pas donné une portée sophistique à un développement purement oratoire de Bossuet dans l'oraison funèbre en question? Citons • JNotre grand Bassuet que M. Thacke- ray eût appelé ce jour-là un Snob, et non sans quelque raison, n'a pas craint de dire que la Révolution d'Angleterre avait été accomplie par la vo- lonté expresse de Dieu pour sauver Tàme de Madame. Henriette d'Angleterre eût en effet été prolestante sans la chute des qui la précipita en même temps dans le catiiolicisme et dans l'exil. Pour la donnera 1 Eglise, dit ^imperturbable et éloquent évoque, il a fallu renverser tout un grand royaume; si les lois de l'htat s'opposent à son salut éternel. Dieu ébranlera tout l'Etat pour l'aiïranchir de ces lois. » Si cette façon de juger les événe- ments humains n'était point sujette à de nombreuses objections et si, de plus, elle n'était pas tout à fait passée de mode, nous serions tenté de nous deman- der si ce n'est point pour convertir M. Esquiros à des idées vraiment libé- rales, pour l'arracher a la superstition révolutionnaire, pour lui inspirer enfin les excellents écrits qu'il nous donne deiiuis une dizaine d'années, que GIIAPITHE DIXIÈME 73u sage philosophie de l'histoire évitera de trancher des questions qui ne nous regardentrpas ; elle n'aura garde de présenter la Providence comme une sorte de bizarre collec- teur de bourreaux. Quelle étrange conclusion, s'il fallait per- suader aux victimes qu'elles ne doivent pas trop regretter leurs supplices, puisque de leur sang a germé leur récom- pense. Et quelle intolérable ironie , si l'on avait demandé à. la reine Marie-Thérèse de remercier M""* de La Val- lière et M""' de Montespan, du mal qu'elles lui faisaient? Toutefois, il existe une doctrine morale, fondée sur les données évangéliques, et qu'il est opportun de présenter aux vaincus de la terre d'exil. Elle ne dit pas laissez-vous tuer, multipliez autour de vous les femmes spirituelles, aimables et légères dans le but et avec l'intention qu'elles portent le trouble dans votre ménage. Elle dit étant donnée la situation qui vous est faite, les trahisons que vous avez à subir, les rudes chemins où vos genoux se traînent, saignants et meurtris, ayez l'énergie et le soin de vous souvenir que, par la croix, on arrive plus heureifsement à l'autre vie. Croyez-vous que celui qui aura été comblé ici-bas de jouissances, et qui, en violant toute barrière, se sera pro- curé les voluptueuses satisfactions, sera aussi assuré devant le souverain rémunérateur des êtres libres, que pourra l'être celui qui aura marché dans les privations et dans les le Ciel a permis la chute du gouvernement parlementaire en France et les événements imprévus qui ont jeté M. Esquiros dans la tortillante épreuve et dans les salutaires méditations d'un long exil. » Evidemment, Bossuet n'entend pas que tout un royaume a été bouleversé pour une seule personne. Mais il constate seulement, après coup, que dans beaucoup d'événements désastreux, dont nous ignorons le dernier mot, telle et leile individualité spéciale ont recueilli en fait tel ou tel profit. Le grand évèque ne va pas plus loin que la constatation d'un fait expérimentai, savoir que certains phénomènes historiiiues, qui semblent tout mal, de- viennent pour beaucoup tout bien. Ce vaillant esprit n'a pas voulu due autre chose, et quand il emploie cette formule pour la donnera l'Eglise Henriette d'Anghterre, il a fallu renverser tout un grand royaume; • il entend simplement que du fait d'une révolution politique, Henriette recueillit pour sa part un bienfait de l'ordre spirituel. Hors de là, le reste n'est que forme oratoire. 736 MADAME DE LA VA LU • RE mécomptes de la vie morale * ? Telle était la doctrine qui brillait aux yeux de la reine de France, et l'éclairait comme une lampe devant ses pas, à travers ses durs sentiers. Ce ne lui fut pas un découragement, mais une consolation. Pour M"''' de La Vallière, on pouvait dire, quand elle eut rendu ledernier soupir, quec'étaitunesainte et une martyre. Sa vie et sa mort ne produisent pas seulement l'émotion poétique qui tient à ses aventures, mais encore une impres- sion d'ordre moral » qui est un très-grand enseignement. Elle prouve qu'après ses fautes, il reste, à l'homme, un des plus nobles ressorts de la vie, le repentir; elle prouve que quiconque continue, après avoir sombré, de croire à la justice et à la miséricorde de Dieu, il peut encore, dans son naufrage, racheter son passé et remonter honnêtement au sommet escarpé de la réhabililatiou. Lorsqu'on a vu M"^^ de La Vallière se punir elle-même pendant trente-cinq ans, pour avoir offensé Marie-Thérèse d'Autriche, on oublie la période de 1661 à 1673 pour ne voir que celle de 1673 à 1710. • La légende de M'"" de La Vallière commença, pour ainsi parler, à se former aussitôt après que cette tombe se fut fer- mée, rue Saint-Jacques. Et lorsque, en 1767, Claude Le- queux, publia ^ pour la première fois, les lettres de M"^ de La Vallière, à Liège et à Paris, cette publication témoigna, par son succès considérable, des sympathies immortelles que cette femme avait fait naître dans la postériié. Anté- rieurement à la circulation des lettres de M""*^ de La Vallière, ' Lorsque révêqiie de Charlres Gadet des Marais écrivait à M"" de Main- tenon • H est vrai que vous éles conduite {uelquefois par un chemin assez rude, et que ni du côlé du monde, ni du côlti de la santé, ni môme du côté de ce que vous entreprenez pour Dieu, vous n'avez pas toute la consolation qu'on imagine, mais c'est un Lonlieur inestimable jue les soient ainsi... » lettre du ^0 mars Itt'Jl, il ne faisait qu'exposer la doctrine re- latée dans cette page. Ijetlres de M"" la duchesse de La Vallière, morte religieuse carmèlile, avec un abrégé de sa vie pénitente; — à Liège et se trouve à Paris, chez Antoine Boudet, MUCCLXVll, vol. in-12, de lUO pages. CHAPITRE DIXIÈME 73? que le public se disputa avec une ardeur digne de remarque, et plus de soixante ans auparavant, on se plaisait à lire les liéfUxions sur la miséricorde de Dieu. On se souvient que M'"" de La Vallière avait écrit ces réflexions à la veille d'en- trer au cloître, et quand elle était encore à la cour. Le xv!!!*^ siècle goûta, comme le nôtre, les sentiments si tou- chants qui répandent sur cet ouvrage un charme si doux. » M™ de La Vallière avait communiqué cet écrit à une amie qui en prit une copie, et qui, lorsque la duchesse fut aux Carmélites, fit imprimer ce précieux manuscrit sans désigner l'auteur. Mais on ne s'y trompa pas en France. Aussitôt après la mort de la duchesse, des éditions des Réflexions parurent sous son nom. Tel était Tambour po- pulaire pour M""^ de La Vallière, que la spéculation le prit, dès le commencement du xvni^ siècle, comme un pavillon qui protégeait la marchandise. On avait publié, même avant l'année 1 705, et pendant que M'^'^de La Vallière vivait encore, trois petits ouvrages de piété, ayant pour litre, le premier Sentiments d'une âme pénitente sur le Miserere, le second Re- tour d'une âme à Dieu, le troisième Réflexions chrétiennes. On ne tarda pas, dans le public français, après la mort de la sainte carmélite, à lui attribuer ces trois petits ou- vrages *. Mais les éditeurs du livre des Réflexions sur la miséricorde de Dieu s'empressèrent de réclamer et de donner avis que c'était M'"'^ Du Noyer qui était l'auteur des Senti- ments d'une âme pénitente, et que M"^ de La Vallière n'avait jamais composé que les Réflexions sur la miséricorde de Dieu 2. L'une des éditions de 1744 et de 1754, où est insç- ' L'édition, que nous possédons Sentiments d'une âme pèniter,h, etc. par M»* D***, Paris, au Palais, en la boutique de Gosselin, MDUCXLVl, porte cette note ajoutée à la main • Ce livre a pour auteur M"" de La Vsi- lière. • * Voir dans Réflexions sur la miséricorde de Dieu, Paris, chez Savoye, libraire, rue Saint- Jacques, 1744, l'avis du libraire à la deuxième page. 47 738 MADAME DE LA VALLIÈRE rée la réclamation, renferme un portrait d'elle en carmélite avec cette inscription S'ennuyant d'tHre la victime Du monde et de la vanité. Cette incomparable beauté Quitta par un effort sullime Tous les biens que la terre estime Pour acquérir l'éternité. D'ailleurs, comment confondre des livres de piété n'ayant rien de caractéristique et de Lien accuté, avec l'ouvrage de M" de La Vallière, qu'on a comparé pour l'onction et la simplicité à ïlmitalion de Jésus-Christ *, où l'on retrouve un précieux document d'histoire intime, écrite à l'heure même de l'émotion ^, » l'histoire d'une âme faible et géné- reuse qui se débat dans les suprêmes angoisses d'une con- version longtemps disputée, et accomplie enfin avec un mé- lancolique mais inébranlable courage ^. Ne peut-on pas même découvrir dans le livre de M"^'' de La Vallière, à tra- vers la transparence des allusions, et sous l'enveloppe des généralités, comme une traînée de feux lumineux qui jet- tent du jour sur le fond du théâtre, à demi éclairé pour le public, où se déroula ce drame douloureux, et sur les per- sonnages qui s'y trouvèrent mêlés, à des litres divers, comme obstacles ou comme secours, amis ou ennemis ^? Le xviii^ siècle ne pouvait se méprendre à ce passage de la cinquième Réflexion Que je ne me flatte pas d'être morte à mes passions, pendant que je les sens plus fortement que jamais dans ce que j'aime x>lns que moi-même, et d'au- tant plus dangereusement, que mon amitié, qui semblait vouloir me les justifier, m'empêche de vous écouter et^ de suivre les saintes inspirations de votre grâce. » Le xvni'' siè- cle se passionna pour cette tendre mémoire, pour cette ten- ' Ce que l'on disait au xviii sii^cle. Voy, M"" de Gonlis, Abrège de la rie pénilente de 3/™= de La Vallière. * M. Homain Cornut, dans Confessions de M^^' de La Vallière. ' Ibid. * Ibid. CHAPITRE DIXIÈME 739 dre nature, et pour son attachement. Combien ne s'atten- drit-on pas alors, sur le sort de cetteinfortunée, lorsqu'on la vit, affranchie d'une passion criminelle, aimer encore plus quelle-même celui qui ïdivait sacrifiée! Vers la fin du xviii Calendrier de l'an 1811, cliez Le Fuel. * Nommons Crawfurd, dans iVo^ices sur M™» de La Vallière, Montespan, etc. Paris, 1818, in-8. — M. Walkenaër, dans ses Mémoires sur M"" de Sévigné, passhn. — M. Pierre élément, de l'insiilut, dans la bi'lle édition qu'il a donnée des Ht^fluxions sur la Miséricorde, avec une notice historique savante, et des notes et appendices fort curieux. Paris, 18G0, 2 vol. in-i2. Techener. — M. Komain-t^ornut, dans son \iv te Confessions de M'^' de La Vallière re- pentante, 1 volume in-12, de 360 pages, Paris, 18jj. chez Didier. — M. Ar- sène lloussaye, dans Ai"» de La Vallière et M"-' de Montespan, un beau vol. in-8, Paris, 1860, chez Henri Pion. —M. Taschereau, directeur de la Biblio- CHAPITRE DIXIÈME 743 losophes *, peintres 2, poëtes 3, critiques *, amateurs s, tous ont porté leur pierre au monument à ériger en l'honneur de M""^ de La Vallière. Et, de nos nouvelles investigations historiques, le type de M""*" de La Vallière a pu se dégager thèque impériale, dans la Revue rétrospective. — M. Gapefigue, dans 3/"» de La Vallière et les favorilei des Lrois âges de Louis XIV, un vol. in-12, Paris, 1859,' chez Amyot. — M. Feuillet deConches^ dans ses Causeries d'un curieux, tome II, in-8, Paris, 1862, chez H. Pion. 1 Notre philosophe historien, M. Cousin, malgré son enthousiasme pour M" de Longueviile, n'a pu méconnaître M"» de La Vallière. Il a été heu- reux pour être admis à voir et à lire la première lettre adressée à M"" de La Vallière par Louis XIV, dont le possesseur ne semble pas se décider encore à donner connaissance au public. Vojez à l'Appendice. * On a cilé dans le cours de cet ouvrage les peintres modernes qui ont re- produit la figure de iM"" de La Vallière, M Horace Vernel, M. Caro, etc. " M. Arsèn.^ Houssaye n'a seulement pas raconté M"»" de La Vallière, il l'a chantée. Nous savons les diverses critiquas adressées à son œuvre, qui manque de gravité dans la manière et dans le ton, ^'ous croyons qu'on l'accuse à tort de n'avoir pas étudié son sujet et de n'avoir pas procédé en historien. Mais il a un peu forcé les couleurs; sa plume abonde de nuances éblouissantes; on aurait voulu, à bon droit, plus d'austérité. M. Adolphe Mony est l'auteur d'une pièce de théâtre en vers, sur sœur Louise de la Miséricorde. On a déjà dit dans le cours du livre les mérites el le talent de cette tentative du jeune auteur. Un critique, plus compétent que nous, M. Louis Reybaud , a déjà reconnu l'art éprouvé et l'inspiration vi- goureuse » que révèle cette élude dramatique, et les belles perspectives qu'elle ouvre devant l'auteur. * M. Damas-Hinard, le savant traducteur des grands dramatistes espagnols, Calderon, Lope de Vega, etc., du Romancero, de don Quichotte, faisait, il y a quelques années, une découverte qu'il annonçait ainsi Parmi les raretés que possède la Bibliothèque du Louvre, il existe un livre qui est, selon nous, le p\\is précieux joyau de son trésor. C'est un petit volume in-18, d'as- sez pauvre apparence, intitulé Réflexions sur la miséricorde de Dieu, par une dame pénitente. — Cinquième édition augmentée, 16S8. Feuilletiz ce petit volume; toutes les marges, sur le côté, en haut, en bas, sont couvertes de corrections tracées à la main, d'une écriture du xvii» siècle, ferme, énergique, rapide. L'auteur de ce livre qui a voulu se cacher sous le voile d'une dame pénitente, c'est M"* de La Vallière; l'auteur des corrections marginales, c'est Bossuet. > M. Damas-Hinard estimait sa découverte grande, à cause des deux noms de Bossuet et de M" de La Vallière. Une discussion s'engagea aussitôt pour décider si les corrections étaient vraiment de Bossuet; on entendit, pour ou contre, Sainte-Beuve, Romain-Cornut, M. de Sacy, Arsène Houssaye, M. Ga- pefigue. Ou a tour à tour affirmé et nié que les corrections fussent vraiment de l'écriture connue de Bossuet. On a aussi prétendu, qu'entre l'expression première et l'expression corrigée, celle de M"» de La Vallière était la plus éloquente. Voyez à V Appendice. 5 Rien de rare comme les autographes de M"»* de La. Vallière. Ceux de Marie-Thérèse d'Autriche le sont autant. On peut voir, par le catalogue 744- MADAME DK LA YALLIÈRE avec plus de netteté, parce que notre époque abonde en chercheurs qui ont la passion de l'exactitude en toutes choses; ce type est resté identique à lui-même, toujours éclatant et pur, toujours digne d'éveiller dans les générations successives l'écho sympathique des âmes sensibles. Mais il est nécessaire, dans le chapitre suivant, qui va clore notre récit historique, de jeter encore un dernier regard sur les deux tombes qui se sont fermées, sur celle de M""^ de La Vallière et sur celle de Marie-Thérèse d'Autriche. 11 reste des préventions à dissiper et des leçons à dégager. des ventes publiques, quel prix on attache en France à la moindre relique de M"» de La Vallière. Le 8 avril 18ii, on vendait loO francs une de ses let- tres autographes, de deux pages in-8 vente du cabinet de M. L..., cata- logue Charon. — Le 8 décembre ISia, on vendait, au prix de 23» francs, une lettre signée Louise de la Miséricorde, à l'évêque d'Avranches même catalogue. — Le 5 février 1844, on donna 300 francs d'une lettre de trois pages in-8, à l'évêque de Soissons même catalogue. D'autres catalogues indiquent des sommes de 78 fr., 196 fr., 132 fr., 162 f r. , pour d'autres let- tres autographes. Voirie livre de M. Arsène Houssaye, page 431. La question de l'aulhenticiié des porlrdits de -M°" de La Vallière est tou- jours sans solution. M. P. Clément donne la liste des gravures et portraits de M"" de La Vallière, indiqués par le père Lelong ; il énumère les portraits gra- vés de la duchesse, qui se trouvent aux estampes de la Bibliothèque impé- riale. M. Sou lié, conservateur du musée de Versailles, n'a pu arriver à une solution de la question. Cependant, nous avons assisté à des ventes publiques de portraits et d'é- maux de la duchesse; la plupart ont été emportés en Angleterre. CHAPITRE ONZIÈME Pourqucfi la célébrité qui suivit 1^ tombe de M°" de La Valli^re, et l'obscu- rité ouest restée Marie-Thérèse. — Difïrrents types de grandeur humaine discutés. — Phénomène historique des personnages oubliés. — Comment Bossuet est cause de l'effacement de Marie-Thérèse, dans la mémoire de la postérité. — M"" de Maintenon, cause plus directe de l'oubli de la reine. — Figure politique de M'" de Maintenon. — Si Marie-Thérèse aurait signé la révocation de Tédit de Niintes. — Opposée par ses instincts au terro- risme exercé sur les consciences. — Mission respective de Marie-Thérèse et de M""" de La Vallière. — Grandeur de leur personnalité réelle. — Un souvenir de M"' de La Vallière, à Glichy-la-Garenne. — Refuge de Sainte- Anne. — Partialité de M. le duc de Noailles, historien, en faveur de M"= de Maintenon au détriment de Marie-Thérèse. — Quelles leçons se déga- gent de la vie et de la mort de M"" de La Vallière et de celle de Marie- Thérèse d'Autriche. On ne doit pas s'éloigner de la tombe de ces deux fem- mes, sans indiquer deux points qui ont une réelle im- portance 1° pourquoi la mort consacra à jamais la. célé- brité de M™^ de la Vallière, tandis que celle de Marie- Thérèse d'Autriche n'a été suivie que d'obscurité et d'ou- bli ; 2" quelle fut la mission respective de ces deux femmes, dont la double existence fut si souvent entremêlée par la force des événements? Quelle est la grandeur réelle de leur personnalité ? enfin quelles leçons se dégagent de leur vie et de leur trépas? C'est surtout du côté de Marie-Thérèse qu'on doit insister, parce que, de ce côté -là principale- ment, doit être renouée la chaîne interrompue des sou- venirs. Du fond du monastère des Carmélites de Saint- Jacques, comme de la chambre à coucher de la reine de France à 746 MADAME DE LA VALLIÈRE Versailles, on peut voir naître, comme on les verra ensuite grossir, dans le cours des âges, deux courants d'opinion, d'où nous verrons éclore, à son lour, celle de la postérité sur ces deux femmes. Examinons le jugement que porte d'elles l'histoire, et demandous-nous s'il y a rien à y ré- viser, si Marie-Thérèse et M°> de La Vallière sont appré- ciées avec justice et selon leur valeur réelle, si chacune est à sa légitime place, et s'il vaut la peine de leur conserver à toutes deux un souvenir impérissable. 11 est inutile de tenter des efforts en faveur de M"^ de La ValUère, puisque depuis sa mort, les générations succes- sives se sont attachées à sa mémoire, et l'ont déclarée inté- ressante. 11 s'en faut qu'on ait traité de la même façon l'épouse de Louis XIV ; et c'est cette anomalie qui demande seule à être expliquée. M"^ de la Vallière a pu être quelquefois mal jugée ; on a pu ne pas faire en elle assez équitablement la part pro- fane et la part chrétienne ; cependant en général on ne s'est pas trompé envers cette intéressante figure historique, et nous lui gardons la mémoire du cœur. L'amour et la pé- nitence de la duchesse de'La Vallière, dit un de nos écrivains actuels ^ tiennent une place considérable parmi les souve- nirs du grand siècle, qui ont tant de vogue de nos jours. Cette belle et touchante figure s'imposait, en quelque sorte malgré elle, à l'attention de ses contemporains. La postérité a encore enchéri sur leurs sympathies, ou plutôt la du- chesse de la Vallière demeure à jamais la contemporaine de tous les cœurs nobles et sensibles. Ses taches même sont celles d'un astre, et l'on pourrait presque dire heureuse la faute atténuée, d'abord par une affection si profonde, si dé- sintéressée, puis expiée, par une si radieuse transformation de l'amour profane en amour divin. t ' Le b;iron Ernouf, réflexions criliques sur le livre de M. P. Clément iUèflexio}is sur la miséricorde. CHAPITRE ONZIÈME 747 Ce souvenir, à la fois austère et gracieux, semble em- prunter un nouveau charme au contraste saisissant qu'il présente avec les mœurs du jour. Les égarements de l'a- mour ont rarement aujourd'hui l'excuse de la sincérité et du désintéressement. La passion germe difficilement, le re- pentir plus difficilement encore dans des cœurs desséchés par le scepticisme religieux et moral. » Pourquoi en a-t-il été autrement pour la reine Marie-Thé- rèse d'Autriche, 'pourquoi la mémoire de la nation a-t-elle subi ici quelques défaillances ? Ce n'est pas la première fois, sans doute, qu'on trouve de ces lacunes dans le tissu de la tradition nationale, et de ces desiderata, dans la mémoire défectueuse des hommes. Si tant de personnages vrai- ment méritants sont, par des circonstances diverses, tombés au rang de personnages oubliés, effacés, inconnus, on doit, dans le cas actuel, signaler un des faibles du monde, qui, la plupart du temps ne se passionne guère pour les vaincus, et garde souvent, des siècles durant, des opinions bizarres, nées du hasard, et continuées par la routine. L'on peut accuser Bossuet d'une part, et M""^ Maintenon de l'autre, d'avoir contribué sans le savoir sans doute, mais comme cause efficace, à la répartition inégale de la célébrité que le temps a soustraite à la tombe de Marie- Thérèse d'Autriche, pour la reporter sur celle de M""^ de La Vallière.. C'est ce qui va être déduit des faits. Tout a quelquefois dépendu de la maladresse ou de la dis- traction des contemporains. On comprend, lorsqu'on a sem- blé dédaigner la société de son temps, que celle société se venge à son tour par le dédain. Que fera-t-elle plus tard, si les contemporains ont adopté la conspiration du silence, s'ils ont eflacé toule trace du héros ou de l'honnête homme, s'ils ont amoindri ou détruit les témoignages de son excel- lence morale? Or, l'histoire peut accuser ici Bossuet d'une complicité, bien indirecte sans doute, même bien incons- ciente. Elle peut reprocher à ce grand homme chargé de 748 DE LA VALLIliHE redire officiellement devant la France attentive les qualités et la vie de la reine, de n'avoir pas assez mis en lumière l'éducation morale et les mérites personnels de Marie-Thé- rèse*. Quand on est un Bossuet, on peut contribuer, parles jugements restrictifs qu'on émet, à la distribution de la re- nommée et à l'opinion que la postérité s'est formée touchant certains personnages du xvii'^ siècle. Il y a lieu de s'étonner qu'on n'ait entrevu, pas plus dans notre époque libérale qu'au temps de la Bruyère et de Féne- Ion, ce que le siècle de Louis XIV, vu du côté de la reine, pouvait offrir de réflexions instructives. Qui n'aime le genre solennel, puisque le solennel tient à la magnificence, et que la magnificence est l'ordinaire expression de la grandeur terrestre? Le solennel est la forme même de la majesté, et le majestueux équivaut au divin pour l'humanité. Cepen- dant nous osons n'aimer que médiocrement le solennel, par la raison qu'il est trop voisin, chez l'homme, de V affectation. Que d'individualités, pompeuses en apparence, sont quel- quefois réellement mesquines, odieuses même ! Quelle épo- que plus solennelle que celle de Louis XIV? mais la cor- ruption n'en occupa moins une place immense dans les mœurs de cette société et de ce règne ; en sorte qu'on eut le spectacle dégoûtant de la solennité dans l'ignominie. Que préférer, de la honte qui cache sa confusion dans les ténè- bres ou de la laideur morale, qui chaussant le cothurne et s'affublant d'un pédantesque manteau, joue à la pompe et à l'austérité ! ' Bossuel fut, au xwi' siècle, le Parinide Marie-Thérèse. Au xviii» siècle, Guiseppe Parini, le poëte d'7/ Giorno, la plus grande renommée de l'Italie autricliienne, s'était illusiré dans une controverse littéraire; il défendit la cause des littératures municipales et de la poésie populaire contre les défen- seurs exclusifs de la langue toscane. On songea à lui, à cause de son talent et de sa renommée, pour faire l'éloge de Marie-Thérèse, impératrice de Hon- grie. Bossuet était aussi grand poète que Parini. On le chargea ofRcieliament de l'éloge de la reine de France, à cause de son talent exceptionnel, et parce qu'il était le roi de l'éloquence française. Bossuet eut un mois pour chercher son projet, le méditer, en établir les assises; il prononça son discours le i" septembre 1683, et la reine était morte le 30 juillet. CHAPITRE ONZIKMR 740 Qu'en observant la vie de la reine Marie-Thérèse, on dise que cette noble descendante des Habsbourg a pris rang dans ce groupe des glorieuses oubliées, dont la trace s'efiace et disparaît à la la longue, nul ne verra la nécessité de contre- dire cette assertion. La femme de Louis XIV produisit une sensation relative comme en produisit six cents ans aupara- vant, Matbilde de Flandre, à une époque de conquête et de barbarie ; mais disparue de la scène, elle n'est pasplusl'objet des entretiens des généralions, que la femme elle-même de Guillaume le Conquérant, couronnée cependant avec tant de pompe, reine d'Angleterre, à Londres en 1068. Ce n'est pas un phénomène rare en histoire, que ce voile d'oubli jeté sur des personnalités méritantes; Marie-Thérèse d'Autriche n'a fait que partager la fortune de mille autres existences éteintes, qui eussent dû occuper une autre place dans la mémoire et dans les traditions du genre humain. Une femme, celle de Guillaume le Conquérant, avait été mêlée aux grands événements du xi siècle, à tous ces grands ftiits qui se nomment l'invasion de l'Angleterre, la réunion de la couronne d'Angleterre à celle de Normandie, la vic- toire de Hastings sur le roi Harold, le couronnement à Lon- dres, la compression et la révolte des Anglo-Saxons, la ré- bellion de son fils Richard, dont la mort dans la Forêt- Noire fut si tragique, les dévastations commises par son mari, depuis Rouen jusqu'à Nantes, pour venger un mot de Philippe P"" roi de France. L'histoire prononce à peine le nom de cette femme du célèbre duc de Normandie, qui disparait effacée sous la grande figure de Guillaume. Pour- quoi les récits de ces vieux temps ne nous ont -ils pas laissé de plus longs détails sur Matbilde de France, si douce et si portée à la clémence, » disent les seuls récits qui parlent d'elle, plus grande que les conquérants par ses vertus et par son beau et noble rôle de femme, tantôt s'interposant entre les colères de son époux et les intérêts de son fils Richard coupable et révolté, tantôt obtenant par 750 MADAME DE LA VALLIÈRE ses prières et par ses larmes un peu d'indulgence pour les malheureux Saxons, adoucissant, si elle ne les désarma point, les terribles vengeances auxquelles Guillaume se porta autant par caractère que par politique ? Le frère puîné de Gharles-Quint, Ferdinand P', est un autre exemple des jeux de la destinée. Ni les contem- porains, ni la postérité n'ont été justes à son égard. Et cependant, à côté du brillant et universel Gharles-Quint, apparaissant de contrée en contrée pour y dérouler par la guerre ou par la diplomatie ses profondes conceptions de domination européenne, quel rôle que celui de ce frère confiné en Allemagne, simple lieutenant, bien qu'il fût souverain et spécialement chargé des besognes ingrates! Et pourtant, il y avait mieux qu'un comparse dans cet élève d'Erasme, lettré, délicat dans ses mœurs, qui se tacha de sang, comme les autres rois de son époque, mais non par plaisir ou indifférence ainsi qu'eux, et seulement quand l'exigeait la raison d'État , admise en ce temps odieux comme une suffisante excuse. L'homme qui, dans des cir- constances pareilles, sut garder sa politique propre; dont l'habileté accrut de la Hongrie, de la Bohême, de l'Empire, ses États héréditaires ; qui osa soutenir à Rome un système de réforme et de conciliation, eût mérité que les historiens attachassent sur l'œuvre de sa vie un regard moins dé- daigneux *. » Sans discuter la grandeur du rôle attribué à Ferdinand P"', par qui se reliait la chaîne dans la succès- . sion des Habsbourgs allemands, on doit remarquer que c'est le rayonnement de Gharles-Quint, qui éteignit dans sa splendeur l'éclat de son frère Ferdinand, de même que ce fut le renom de Louis XIV qui absorba l'obscurité de sa modeste femme. Mais on retrouverait surtout au xv^ siècle, le plus complet exemple de l'ingratitude de l'histoire, dans une femme pleine » H. Rolland, dans son Histoire ah irgèe de l'Autriche. CHAPITRE ONZIÈME 751 de mérites entre toutes, dans la personne de Jeanne de France, femme si supérieure à son sexe, et cependant de- meurée pour ainsi dire inconnue. Un des derniers hiogra- phes de la fille de Louis XI *, s'étonne que cette vie sublime de Jeanne de Valois soit si ignorée dans ses détails les plus intéressants. Il se plaint' que l'histoire et la biographie n'aient connu ni le jour, ni le mois, ni même le lieu de sa naissance; il trouve étrange qu'on ait laissé dans l'oubli une femme qui, sur le trône, fut une expression parfaite de l'épouse chrétienne; il estime enfin, comme un devoir, l'obligation de faire revivre une existence que pas une souil- lure morale, pas un acte en opposition avec les dogmes reli- gieux, pas une goutte de sang versée, n'ont jamais flétrie. C'est ainsi qu'apparaît, dans l'histoire, le phénomène de l'obscurité et de l'oubli imposés à quelques noms , pour lesquels ne s'obtient qu'à la longue une justice tardive. Ce n'est pas toutefois une raison d'absoudre l'aigle de Meaux. Sa robuste main ne sut pas écarter ce qui est l'écueil du souvenir; et Marie-Thérèse a passé comme un météore, en s'éclipsant dans le rayonnement du grand siècle, Bossuet et Fléchier ne pouvaient sans, doute aborder cer- tains côtés de la question. Bossuet ne touche que fort dis- crètement et par allusion indirecte aux chagrins de la reine. Fléchier n'a que cette phrase Ne sondons pas ce qui se passait entre Dieu et elle. Les gémissements de la colombe doivent être laissés à la solitude et au silence à qui elle les a confiés. Il y a des croix dont le sort est de demeurer cachées^. ^ Assurément un grand évêque, à qui son caractère imposait la retenue, ne pouvait se livrer aux philippiques de la dé- mocratie moderne, qui ne -se fait pas faute de représenter la société de Louis XIV, comme une brillante orgie, où la consigne universelle était d'aimer, oi^i on lisait ce mot 1 M. Pierquin de Gembloux. * Oraison funèbre prononcée au Val-de-Grâce, le 24 novembre 1683. Paris, Mabre-Cramoisy, in-^", p. 29. 752 MADAME DF-. LA VALLlKRE d'ordre écrit sur tous les murs de Versailles, sur toutes les portos du palais; où, Tètes, chasses, promenades, bals, galas, feux d'artifices, grands appartements, opéras, comédies, farces , arlequinades, ne faisaient résonner que ce mot — aimez-vous. Toutefois, si l'on ne pouvait exiger du grand orateur des sorties indignes de son caractère, on aurait pu s'attendre à autre chose dans le cercle même de ses convenances. Quand on ouvre le recueil des Oraisons funèbres pronon- cées par Bossuet, sur les personnages de son temps, on y trouve celle de Marie-Thérèse d'Autriche, reine de France et de Navarre, et l'on doit se hâter de reconnaître que, malgré la hauteur qui n'abandonne jamais l'aigle de Meaux, son discours fut relalivement pâle ; il ne tira point de son sujet le parti qu'on aurait voulue Et, en parlant ainsi, il faut prendre garde de dire que Bossuet n'a pas été éloquent ; ce serait méconnaître les touches pleines de finesse qu'avait ce "-rand homme, en dépeignant la délicate conscience de la reine, relativement aux fautes et aux manquements journa- liers ; ce serait ne pas comprendre la grande et originale manière avec laquelle l'orateur dit tour à tour les illustra- tions de la maison d'Autriche et de la maison de France, réunies dans la personne de Marie-Thérèse. Qu'on prenne f^arde aussi , en critiquant Bossuet dans son Oraison funèbre de Marie-Thérèse d'Autriche, d'insinuer qu'il manqua ce jour-là de grandes idées et de profonds aperçus. On se mon- trerait déplorablement étourdi. Le seul exposé de l'inter- vention de la Providence dans les choses humaines, qu'il ne borne pas à des vues générales et confuses , mais dont il retrouve les desseins dans les choses particulières, dans le choix des familles qui forment les nations, dans celui des individus qui jouent un rôle dans les lamilles et dans les nations , ce seul exposé nous montre ici comme partout, ' Le même reproche porte sur Fléchier, qui fit également un éloge funèbre le 24 novembre 1683, avec la JiUrrenoe qu'il n'avait pas le génie de Bossuet. CHAPITRE ONZIÈME Tfjiî dans Bossuet, cette élévation du regard, cett^e haute portée d'esprit qui ne pouvait jamais l'abandonner. On a cependant dit que Bossuet n'eut pas l'occasion devant les restes mortels de Marie - Thérèse d'Autriche d'être éloquent. » Nous citerons les pages d'une commisération un peu dédai- gneuse, émanées, à cet égard, d'un écrivain de ce temps; elles sont assez réfutées, il nous semble, par tous les chapi- tres de la présente histoire qui ont tâché de faire connaître une femme, que l'on s'habitue trop à juger sans l'avoir étu- diée. Il nous est impossible, dit cet écrivain élégant et d'ail- leurs réfléchi, de nous séparer de Marie-Thérèse sans atten- drissement. Pauvre reine inutile, et plus misérable dans son palais qu'une sujette ! Nous l'avons prise sur les bords de la Bidassoa, si gracieuse dans sa timidité, puis si glorieuse de son bonheur I Anne d'Autriche s'empara de l'infante et ne lui laissa même pas les séductions de la jeunesse. Cette fille d'Espagne vieillit et s'aigrit avant l'âge, par la faute d'une tutrice déjà vieille et sombre. Elle n'a pas même , dans ses ennuis, le courage d'une noble résignation. Sa vertu naturelle et sans éclat n'avait point d'action à la cour ; avec de plus grands dehors, une contenance plus ferme, elle eût été contagieuse dans de certaines limites , et les âmes hon- nêtes, éparses çà et là, auraient bientôt formé groupe autour du trône. Quand Marie-Thérèse abandonna la terre, on la vit au ciel ; personne ne pleura *. Son panégyriste sacré, si terrible dans l'oraison funèbre de Madame, n'eut pas même dans celle-ci ï occasion d'être éloquent. La parole tonnante du prédicateur s'apaise et coule doucement, sans aucun de ces sur- sauts qui bouleversent. Ce sont des louanges sereines comme on en adresse aux élus; les textes les plus consolants de l'Ecriture sainte viennent s'enchaîner l'un à l'autre dans ce calme discours Sine macula ante thronuïjx Dei.., Ambu- • M. Babou se trompe ici du tout au tout, — voyez à Y Appendice, la note sur la mort de Marie-Thérèse. 48 784 MADAME DE LA VALLIÈRE labimt mecumin albis... Virgines enim simt... Hi sequuntur Agnum... Elle était de ces âmes blanches, virginales, imma- culées, qui brillent devant le trône de Dieu et suivent l'A- gneau,.» Puis le sublime orateur place ces humbles mots dans la bouche de Marie-Thérèse Neque ambulavi in magnis, non est exaltatum cor meum, neque elati sunt oculi mei. Je n'ai point marché parmi les grands, mon cœur ne s'est point élevé, et mes yeux sont restés baissés. » C'est là justement sa faute ou plutôt son malheur dans le rang suprême où Dieu l'avait mise. On a déploré souvent, avec des éclats de voix pathétiques et toutes les exagérations d'une sensibilité théâtrale, le sort des grandes âmes incomprises, retenues par la fatalité dans des conditions misérables, a quel- que chose de plus triste au monde; c'est la destinée d'un esprit modeste enclavé dans les gênes do la grandeur hu- maine *. Ce n'est pas l'historien de M"" de La Vallière qui repro- chera [à Bossuet de n'avoir pas été éloquent , ou de n'avoir pas eu l'occasion de l'être dans son discours sur Marie- Thérèse. Et ne l'est-on pas déjà, lorsqu'on apporte une âme profondément émue, lorsqu'on parle devant un roi qui perd la meilleure des épouses, devant un fils qui pleure une mère si parfaite? Écoutons Bossuet, le 1" septembre 1683, dans l'église de Saint-Denis, en présence même des restes de la ' M. liippolyte Babon, ilSin' Amoureux de M'^^ de Sévigné, p. 162. — » On voit que M. Babou s'est contenté d'un à-peu-près sur Marie-Thérèse d'Au- triche; ce qui l'a conduit à se faire simplement l'écho de la routine et du préjugé, dans sa manière de juger la reine. Nous savons bien assez que la vie de Marie-Thérèse a été très-effacée; mais l'intérêt historique était de re- chercher la nature de cet effacement, ses causes, ses origines, sa signification. M. Babou, qui nous représente Mario-Thérèse, sous la tutelle absorbante d'Anne d'Autriche, devrait d'abord se mettre d'accord avec un témoin de la cour de Louis XIV, avec M""» de Motteville. Cette dernière, racontant les bruits de son temps à la mort d'Anne d'Autriche, nous apiircnd que, d'après l'opi- nion publique, Marie-Thérèse ne fut pas exces-^ivement désolée de la mort de sa tante. Et la raison qu'on en donne, c'est que la jeune reine était impatiente de saisir une influence que, par égard, elle avait consenti k partager avec sa royale belle-mère. CHAnTlU manière de piHé et d'humilité » très-accentuée, avec les convenances et les pompes oflicielles et ce mélange de la cordiale bonhomie d'une simple femme chrétienne et de la dignité silencieuse d'une reine mé- connue et résignée. CHAPITRE ONZIÈME 7o7 reconnu, est peu commode pour dire la vérité historique et la vérité tout entière. Les historiens seuls peuvent discuter si ce sont seulement les méchantes qualités qui sont péril- leuses, dans ceux que la Providence a placés au rang su- prême, et si les plus nobles vertus développées hors de propos ne jettent pas quelquefois dans des précipices- pro- fonds. Nous ne dirons pas de Marie-Thérèse, comme Cha- teaubriand de Henriette-Marie de France, veuve de l'infor- tuné Charles P"", qu'elle serait morte oubliée si Bossuet ne s'était emparé de ce grand débris de la fortune pour l'illus- trer de tout son génie. Néanmoins si Bossuet avait rendu à chacun ce qui lui revenait, il aurait dû. faire le procès à ces courtisans toujours les mêmes, si peu empressés autour de cette reine, dont ils sentaient les mains vides de toute l'in- fluence que Louis XIV retirait à lui. Un vieux petit livre de politique, imprimé à Cologne en 1665, assure qu'oîi estime peu ceux dont on n'a pas besoin Histoire du Traité des Pyré- nées. Il eût convenu peut-être à la sainte indépendance de la chaire chrétienne, de dire cette vérité à la misérable hu- manité. Le père Bonaventure de Soria, espagnol d'origine, pu- blia en 1683, le lendemain de la mort de la princesse, une notice très-abrégée de sa vie, dans le genre des vies édifiantes qu'on aimait au xvii^ siècle. On en trouve quel- ques exemplaires dans les bibliothèques de Paris ; Madrid en possède aussi, en langue espagnole. Cette incomplète biographie, rédigée à un point de vue exclusif, ne nous fait pas connaître la femme de Louis XIV. Bonaventure de Soria était le dernier des directeurs spirituels de la reine de France et de Navarre. Au lieu de supputer uniquement combien de couvents la très-auguste et très-vertueuse princesse avait fon- dés en France, on aurait aimé que cette nature espagnole fût mieux étudiée et plus approfondie, et que son premier biographe, nourrissant son récit de documents et de faits, nous eût donné une de ces relations animées et vivantes, qui 788 ' MADAME DE LA VALLIÈRE aurait allié cette importante bienveillance et cette douce ironie, qui sont les conditions delà véritable histoire, d'après l'éniinent historien des ducs de Bourgogne. Nous posséde- rions une biographie développée et entière, qui eût fait revivre Marie-Thérèse à nos yeux; nous aurions vu cette reine digne et grande de majesté, sinon de taille, passant à travers la réunion de ce juc l'esprit français eut jamais de plus étincelant, respectée à la cour, saintement résignée au milieu de ses incessantes peines, reconnaissante de l'affection natio- nale qui honora aux heures sérieuses ses mérites et ses ver- tus. Tel n'est pas le programme qu'a suivi Bonaventure de Soria. Ses cinquante pages ne nous donnent qu'une vie de recluse, écrite à la hâte au fond d'une cellule. On necon- naissait pas, de son temps, cet art nouveau de recomposer la vie quotidienne et les sentiments intimes des siècles qui ont disparu, et qui est la psychologie importée dans l'histoire. » Une vie d'Isabelle de Bourbon avait paru en langue espagnole, à Saragosse, en lGi4i. On se serait attendu à y » Vita de Isabel de Borbon, por Michelli ; en Saragoca, 1644, 22 pages. Nous possédons une Vie de Philippe IV, imprimée en espagnol, à Barce- lone. Mais, comme son auteur, Cespedes y Menesses, la publia en 1634, elle est non avenue pour la femme de Louis XIV, qui ne naquit que quatre ans après. Il est curieux de voir combien Henrique Florez, écrivain espagnol du \\m' siècle, est pâle, incolore, stérile de renseignements sérieux dans un flot abondant de détails puérils. Ses Memorias de las Retjnas cntholicas, historia genealugica de la casa real de Castilla, y de Léon, imprimés à Madrid, en 1761, ressemblent singulièrement à de» registres d'hôtel de ville, pour l'inscription des naissances et des décès. Cet auteur consacre plus de quarante grandes pages in-4'', à raconter la vie et les faits de Dona Isahel de Boibon, pri» mera muger del Hey D. Phelipe IV et de Dona Mariana de Auslria, segunda muger del Rey. Il s'étend sur les diverses naissances des princes et princesses que Philippe IV eut de ses deux femmes; il raconte en détail, à chaque bap- tême, la cérémonie qui toujours se hizo solemnissimamente con un acompana- mienlo, galas, y joyas, etc., etc.; il constate avec une ponctualité somptueuse que ia pompa de la corte fue quanta puilo ser. 11 tient note, avec une égale exactitude, de tous les déiès des enfants d'Isabelle de Bourbon, et nous fait assistera une procession peu souriante de convois qui se dirigent aux sépul- tures royales de l'Kscurial. Il ne mantiue jamais à sa formule Trageron su cverpo al Escorial con indecible sentimiento del Rey, etc. Ou se serait attendu. CHAPITRE ONZIÈME 769 rencontrer quelques révélations sur la première enfance de Marie - Thérèse, Son auteur se borne à nous apprendre qu'elle était, avec le prince Balthasar Carlos, son frère, aux côtés de sa mère mourante, et n'ajoute pas d'autres par- ticularités sur la fille d'Isabelle de France Yasi murio Isabel de Borbon, teniendo à su lado dos higos el principe D. Balthasar Carlos y D* MaiiaTeresa, infanta de Espana. » Mais en France, lorsque l'histoire commençait pour le xvn* siècle presque tout entier disparuavec ses acteurs ; quand, au xvni, Saint-Simon et Voltaire, prenant la plume, se mirent à peindre les figures du siècle qui les avaient pré- cédés, une large étude physiologique et historique de Bos- suet sur Marie-Thérèse d'Autriche, n'aurait-elle pas, en pesant dans la balance, fixé les principaux linéaments de cette figure, et appelé l'attention et l'investigation? Sans être un idéal complet, il résulte des faits que Marie-Thérèse est une chaste figure, douce et intrépide aussi, que rehaus- saient aux yeux des peuples la beauté physique et la sainteté de l'âme. Si son esprit, son organisation et son temps l'eus- sent portée aux entreprises héroïques, son cœur l'aurait ra- menée aux douces et tendres préoccupations de son sexe. Tandis qu'en Espagne , Isabelle la Catholique, paraissant sur les remparts de Grenade, pendant les horreurs du siège, avait bravé les périls pour encourager les soldats et les ex- citer à la victoire, Marie-Thérèse adopta en France un rôle aussi intéressant et plus conforme à la nature de la femme. Nous la trouvons dans les hôpitaux, aidant les sœurs de à voir ce bizarre chroniqueur si bien placé aux sources, en profiler lar- gement dans l'intérêt de la biogrHplue de notre princesse. Or, ce n'est ni à l'enfance, ni aux années de jeunesse de Marie-ïhérèse que llenrique Florez songe à nous initier. Voici tout ce qu'il nous apprend Maria Teresa nacida en 20 de setiembre del 1638. Cuyo baulismo fue en el 7 de octubre. Esta Infanta casa en el 1660 con el Rey de Francia Luis XIV. De cuyo tronco salià la flor de Lis, paire de nuestro calhoUco monarca D. Carlos, que Oios guarde. L'est tout ce qu'un moine espagnol de l'ordre de Saint-Augustin a jugé à propos de nous révéler des années premières de l'infante, reine de France. 760 MADAME DE LA VALLIÈRE charité, soignant les malades, souriant aux affligés et aux petits, pleurant avec les mourants. Elle passait quelquefois à cheval ou en carrosse devant le front des troupes. Retirée dans son oratoire, ou bien assistant aux cérémonies saintes, elle fut un type éminent des natures dévouées à leur foi religieuse. Au foyer de la famille, nous devons la proclamer un des rares modèles de l'épouse et de la mère, sachant s'abdiquer, souffrir et se taire, se préservant au milieu des difficultés des cours, de la corruption qu'on y respire , comme de l'entraînement des passions politiques. Enfin, il est impossible de parcourir sans attendrissement le récit de sa vie qu'anima toujours une pensée de patriotisme , de patience et de piété. L'objet de ses plus légitimes amours, de son unique affec- tion, lui fut, hélas! vivement disputé par de redoutables rivales. Une s'était distinguée entre toutes les autres, femme triomphante et douce, celle-là même qui a occupé le pre- mier plan de cette histoire, et qu'on ne peut jdIus séparer de Marie-Thérèse. L'une de ces deux femmes avait com- mencé par l'amour profane et fini par la religion ; l'autre n'eut pas à changer de chemin dans sa vie. Si elle a marché invariablement dans le devoir sans se laisser séduire par les frivolités pompeuses de la plus brillante cour du monde, si la monotonie de l'existence n'a été rompue, dans Marie- Thérèse, par aucun grand contraste , si sa vie commencée sur les marches d'un trône a fini sur un autre trône; elle n'en a pas moins connu, senti, sous le velours et sous l'éclat de la couronne, la loi d'égalité dans la douleur et les iro- nies de la destinée. Par conséquent, si Bossuet avait ainsi pris les choses, il est possible que Saint-Simon et Voltaire nous eussent donné à sa suite un portrait historique de la reine Marie-Thérèse, avec ces analyses pénétrantes dont ils avaient le secret. D'ordinaire, mondains et satiriques, ils se sont exprimés à l'égard de la reine sur le ton d'une véné- ration et d'une sympathie marquée, et on déplore qu'ils CHAPITRE ONZIEME 761 n'aient regardé qu'en passant cette figure historique. Après avoir dit que les historiens se sont fatigués à ne rien dire de cetle princesse, » Voltaire a eu le tort de les imiter; et Marie-Thérèse a eu celui d'être grande et modeste , comme dans les Leaux âges des vieilles républiques, surtout comme dans les siècles héroïques du christianisme. La beauté mo- rale d'une conscience intacte ne sauve pas toujours une mé- moire. Après Bossuet, dont la responsabilité n'était engagée que fort indirectement dans cette question, on doit nommer sur- tout M""^ de Maintenon, qui a pris, elle, une tout autre part dans l'effacement de Marie -Thérèse d'Autriche. Elle eut le tort de succéder à la jeune reine, comme épouse légitime de Louis XIV. M™ de Maintenon se présente dans l'histoire comme une femme politique. Elle avait de hautes facultés» une raison éminente, un caractère très-accentué ; son voisinage a incontestablement nui à la première femme de Louis XIV. Il nous plaît, dans nos temps démocratiques, de voir une simple sujette s'élever au rang suprême par son mérite et son habileté. On peut, en admirant la raison de M" de Maintenon, n'avoir de sympathie ni pour sa nature, ni pour son caractère, ni pour son rôle à la cour, ni pour ses diverses manières d'agir ; il nea est pas moins vrai que son éclat et sa destinée extraordinaire ont fait oublier Marie- Thérèse. Il est un danger qu'on n'a pas su éviter, en cherchant selon quelle mesure il faut apprécier et comparer les supé- riorités historiques. Lorsqu'on est en présence de Marie- Thérèse d'Autriche, on se demande si c'est l'élément de la force qui doit l'emporter dans l'estime publique; ne serait-ce pas plutôt celui de la bonté intime qui devrait déterminer la plus grande popularité ? M""^ de Maintenon ayant brillé à côté de Marie-Thérèse et après elle, on a cherché le secret de l'élévation étonnante de cette femme, et on a voulu expliquer l'ascendant qu'elle prit sur le roi, par des raisons qui font 762 M^DAMK DE LA VALLIÈRE tort à la princesse espagnole. C'est là le danger auquel on n'a pas su échapper. Donner la palme à M™'" de Maintenon, dire que c'est là la vraie reine, c'est sacrer par cela même l'habileté en toute chose, c'est élever au-dessus de tout l'art de se proportionner aux hommes et aux choses, c'est enfin prendre pour idéal ce qui brille", ce qui reluit, ce qui est apprêté, ce qui réussit , c'est adorer le succès, le fait. Si l'on sait au contraire, malgré les apparences, interroger la vie de Marie-Thérèse, se demander pourquoi l'empire ne revient pas à cette femme, et s'il est légitime de dédaigner la valeur et le mérite d'un personnage, par cela seul qu'il ne se jette pas à votre tête, pour mendier les suffrages, c'est faire un grand acte de discernement viril ; c'est écarter la fantasmagorie, et reconnaître que la supériorité, dans nos époques plus éclai- rées, doit revenir non à la force brute, mais à l'élément mo- ral, dans l'humanité. La seconde phase de la vie de Marie-Thérèse d'Autriche mettant en scène M""^ de Maintenon, il était à craindre que dans les jugements qu'on porterait, l'une n'eût à subir, en perte, ce que l'autre gagnerait par cette vieille habitude de l'espèce humaine, de courtiser tout ce qui réussit, tout ce qui a pompe, éclat et vogue. C'est ce qui est arrivé. M""^ de Main- tenon était douée d'une raison judicieuse et d'un charme réel de conversation ; c'en a été assez pour faire croire la plupart des femmes qui entourèrent Louis XIV essentiellement dé- pourvues de ces dons estimables. On fut surpris d'abord de voir M™*' de Maintenon réussir à captiver le monarque, user de son influence dans un but respectable, ramener le prince à ses devoirs envers la reine, faire reporter vers la reine des désirs qui s'étaient éveillés pour elle-même 1, transformer entin le roi, et arriver à lui faire goûter les plaisirs purs de la famille ^. Lorsque ensuite » Mémoire pour sercir à l'kistuire de la société polie en France, p. 4G1, l"\ul., 183;. '- Uidoirc de M"^' de Maintenon, deNoailles, t. II, p. 2i. CHAPITRE ONZIÈME 763 Marie-Thérèse eut disparu, il ne fut pas moins extraordinaire de voir la veuve Scarron devenir l'épouse légitime du roi de France, et, par son influence sur Louis XIV, passer pour être l'âme en quelque sorte du gouvernement pendant trente- deux ans. Il en est résulté qu'à force de s'occuper du récon- ciliateur, on a perdu de vue la personne réconciliée. Un docte historien de notre époque, par un zèle qu'on doit apprécier, et par intérêt pour son héroïne, s'est efforcé de rétablir dans un milieu impartial des faits qu'on n'a peut-être reprochés à Louis XIV que par suite d'un malheu- reux penchant au dénigrement. Le noble duc de Noailles a fait, dans sa belle et grande Histoire de il/'" de Maintenon, une véritable campagne, en faveur du monarque, pour atténuer, s'ils peuvent l'être, ses torts de mari et de législateur. Ce qui est certain, c'est que M. de Noailles est très-convaincu; chose remarquable, dit-il, l'exemple donné par le souve- rain, n'exerçait pas sur la nation l'influence qu'on pourrait croire * » C'est le seul prince, dit Duclos, dont l'exemple n'ait pas fait autorité sur les mœurs publiques ^. » Il était trop grand pour qu'on osât s'autoriser de son exemple 3. » Mais qu'on se mette à la place de M. de Noailles, et qu'on entreprenne ensuite d'écrire l'histoire de cette femme dont la destinée fut si extraordinaire, et qui, de simple su- jette, s'éleva à une position d'où elle gouverna la France pendant presque un demi-siècle. N'aurait-on pas, comme lui, indiqué toutce qui peut, sinon justifier, du moins expli- quer les torts du monarque envers Marie-Thérèse? N'aurait- on pas fait ressortir tout ce qu'il y eut dans le roi de véri- table grandeur? Plus on le montre délicat en matière de sen- timent, sensible à ce qui est généreux, sensé et beau, plus on le présente prompt à se détacher, et en même temps 1 ïïisl. de 3f°> de Mainiejion, t. T, p. 243. * Considérations sur les Mœurs. Nous nous permettrons de contredire no- tre homonyme ; nous pensons que l'exemple de Louis XIV fut très-malsain pour la nation. ' Hisi. de Jf° de Maintenon, loco citalo. 76i . MAOAMt; DE LA YALLIÉKE prompt à céder aux attraits de l'esprit et du cœur, plus, par cela même, on prépare des éléments de glorification pour M™" de Maintenon. Que de qualités, que de vertus, quelle force morale, quelle supériorité de raison, quelle sa- vante conduite ne fallut-il pas à cette femme, pour conquérir l'ascendant qu'elle exerça sur Louis XIV? Tel est le thème qui a effectivement inspiré l'historien d'un sens éminent* » dont le talent et le savoir ont élevé de nos jours à la renommée de M™'' de Maintenon un véritable monument. Il est indubitable que les contemporains de Louis XIV furent en quelque sorte les complices de ses coupables écarts par l'espèce d'approbation qu'ils y don- nèrent. C'est pourquoi l'historien de M""^ de Maintenon met ce point en parfaite lumière ^. On ne peut nier aussi que, par caractère, Marie- Thérèse d'Autriche ne fût timide; mais comment les longues et hautaines infidélités de Louis XIV, et l'habitude qu'il avait prise d'imposer ses volontés et ses caprices, n'auraient-elles pas réagi sur la reine délaissée? Gomment, toujours refoulée au dedans d'elle-même, n'au- rait-elle pas contracté, dans son isolement, une sorte de timidité plus grande envers celui qu'elle n'avait pas la force de haïr, et qui la récompensait si mal de l'aimer? M. le duc de Noailles, ayant à écrire l'histoire de M'"'^ de Maintenon, a laissé certains faits sur le second plan, ne devant éclairer que les faits relatifs à son héroïne. Voilà pourquoi il montre c la reine toujours silencieuse et retirée, nourrissant une tendresse timide pour son époux, occupant d'une manière presque inaperçue le premier trône du monde ^. » Si Louis XIV observe les devoirs de bienséance et d'affection sérieuse, qu'il garda toujours envers la reine *, » marié par la politique à une princesse, dont la beauté était sans char- ' C'est ainsi que M. Cuvillier-Fieury qualifie M. de Noailles, Journal des Débals Ju 20 jitnvit-r 1838. * llist. de Ji'" de Main tenon, 2» édit., t. I, p. 31G, ' Histoire de iV"" de Maintenon, 2" cdilion, t. I, p. 4oo. ♦ Ibid,. p. 316. " CHAritRE ONZIÈMK 763 mes, et dont la bonté faisait le seul mérite ' , » à en croire le noble ]iographe de M™ de Maintenon , la logique de la plaidoirie conduit bientôt l'éminent avocat à insinuer que le cœur de son client qui, de bonne heure, avait cher- ché maître, ne trouva pas auprès de la reine une défense suffisante contre les séductions 2. » Ces prémisses habilement posées, il va de soi que M"'' de Maintenon, sachant, comme plusieurs femmes d'esprit et de beauté de son siècle, donner l'exemple d'une vie dirigée tout entière par la religion, avait, par cela même, à la cour de Louis XIV, son rôle tout fait. Son œuvre à elle fut de tirer le roi du désordre, de le rapprocher de la reine, de faire triompher à la cour la réforme des mœurs ^. » C'est par la dévotion qui domina dans sa vie, et qui en fut le se- cret, qu'il faut expliquer sa conduite, bien plus que par les calculs de l'habileté dont on a voulu faire honneur à son esprit *•. » Ce n'était point assez d'exposer comment et pourquoi M""" de Maintenon persista à garder sa position à la cour, et à y conquérir une place de plus en plus intime dans le cœur du monarque ; il ne suffit pas de montrer dans ses mains le drapeau de la régularité qu'elle prétendit planter sur les scandales de M™" de la Vallière, de Montespan, de Fon- tanges. Les historiens qui écrivaient l'apologie de M™^ de Maintenon, ont été entraînés à accentuer l'effacement de la reine Marie-Thérèse, dans une proportion telle que, par la force des choses, cet effacement devint dans leur récit la preuve d'une sorte d'infériorité. Plus il manquait de dons Ibid,. p. 320. * Ibid. M. de Noailles se plaint p. 321 que les contemporains, accep- tant à la légère certaines imputations, trompent la postérité par leurs inter- prétations téméraires ou par l'ignorance de ce qui se passe réellement dans le secret des affaires. — Mais les auteurs peuvent aussi, sous l'empire d'une préoccupation exclusive et de la meilleure foi du monde, déplacer les lu- mières et les ombres. ' Hist. de M'^' de Mainteimi, t. I, p. 466. * Ibid. p. 467. 766 MADAME DE LA'VALLIÈRE et de ressources à la princesse, comme épouse du plus grand monarque du monde, plus aussi M'"*^ de MainLenon avait sa raison d'être. Or, on n'a pas manqué, et cela sans parti pris, à ce procédé, auquel les souvenirs^ quelquefois confus de M""^ de Gaylus, ont prêté un opportun concours. La reine, il faut le dire c'est M. de Noailles qui parle, quoique bonne et douce, ne possédait rien de ce qui pouvait ramener et attacher Louis XIV*, qui au contraire avait les qualités les plus propres à plaire, sans être capable, dit M"^ de Gaylus, d'aimer beaucoup. Presque toutes les femmes lui avaient plu, hors la sienne, qui souffrait en silence ses nom- breuses amours, recevait de lui des égards et un respect qui l'auraient rendue heureuse, si quelque chose avait pu la con- soler de son indifférence. Sa dévotion étroite et minutieuse contribuait encore à l'éloigner d'elle, car elle ne savait par- tager ni ses habitudes ni ses goûts- ^. C'est dans ces circon- stances que M"'" de Maintenon se trouva heureusement là pour remplir le vide d'un cœur et d'un esprit qui avaient besoin d'être occupés. Faisant même intervenir l'empire de la religion, elle se servit des sentiments qu'elle ins- pirait pour ramener ce monarque dans la voie édifiante du devoir conjugal, et obtenir qu'il reportât vers la reine des soins qui n'étaient dus qu'à elle. C'était sans doute fonder sou crédit sur une base bien solide, mais c'était aussi en faire un noble usage, et le mettre à l'abri de tout reproche 3. » En histoire, on doit se borner à assigner les origines d'un fait d'une manière générale, lorsqu'il serait délicatet impru- dent de vouloir tracer de ces origines une physionomie et * Quel argumcnl! — Dira-t-on que M™" de Montespan Dépossédait rien pour attacher Louis XiV, elle qui l'enchaîna pendant quatorze ans? Le roi se détacha d'elle pourtant. Et pourquoi? parce que le tœur humain est mo- bile, parce que tout a une fin, parce que les sentiments vifs meurent comme toute chose. Donc, que le roi, d'abord attaché à la reine, s'en soit éloigné en- suite, cela ne prouve pas contre la reine ce qu'affirme M. de JNoailies. * Tous les chapitres de la présente histoire font justice de l'assertion de M. de Noailles. J Histoire de M"» de Mainlemn, t. Il, p. 18, 19. CHAPITRE ONZIÈME 767 un tableau détaillé. Pour crayonner la figure de M™^ de Mainteiion, il n'est aucunement besoin d'affirmer _que Marie-Tliérèse mérita pendant vingt ans l'abandon de Louis XIV. Ce serait là une affirmation " énorme, qu'on aurait bien de la peine à appuyer de preuves suffisamment démonstratives. Toute personne qui* lira les historiens du règne de Louis XIV regrettera leurs efforts, d'ailleurs consciencieux, pour amoindrir les torts du monarque, au point de vue de la vie conjugale. Construire un savant étalage d'érudition historique et de jurisprudence pour conclure que Louis XIV ne faisait, dans ses infidélités et dans ses adultères, que suivre les longs précédents de la tradition royale en France*, et qu'en légitimant les enfants naturels, il suivait des coutumes établies avant lui, ce n'est pas autre chose que présenter l'isolement de la reine et son abandon comme une chose toute simple; c'est abonder dans l'absurde tendance qui vou- drait diviniser jusqu'aux plus tristes sottises royales. D'autres sont loin de soutenir les assertions de M. de Noailles, et des historiens qui le suivent Louis, avec moins de penchant aux plaisirs, eût été le plus heureux des époux. Marie-Thérèse * Quand M. de Noailles rappelle, dans son Hhtoire de M'^^ de Maintenon, que l'éclat donné par le roi à des femmes illégitimes et l'éducation royale oc- troyée à des enfants naturels ne datent pas de Louis XIV, il dit vrai. Noi;s pensons que les rois, plus que les autres, ont droit à l'indulgence de l'opinion, à cause des plus grandes séductions qui les entourent, et du pouvoir dont ils jouissent. Que ceux qui s'érigent en censeurs nous donnent la certitude qu'ils n'auraient pas failli là où les autres sont tombés. Toutefois, Louis XIV mit dans les irrégularités de sa vie privée un faste et un laisser-aller qui ressemblent trop à une insolence envers la naliun et envers la reine. On peut regretter que M. de Noailles se soit donné la peine d'entasser dans huit grandes pages t. I, pages 323 à 331 des exemples des licences des rois, des existences princiéres et du rang accordé à leurs enfants naturels, dans les diffé- rents siècles de la monarchie antérieurs à Louis XIV. L'époque de Louis XiV commandait plus de respect envers les mœurs publiques, et nous pensons aveCiM. P. Clément, de I Institut, que toutes choses ne sont pas également tolérables dans tous les temps, et que la morale publique, quelles que fussent encore ses défaillances, s'était épurée au souffle de Descartes et de Pascal, de Bossuet et de Corneille. Il est vrai que M. de Noailles reconnaît que le scandale donné par les rois ne se justifie pas aux yeux de Dieu par l'exem- ple de leur race et par les adulations de leurs peuples. 763 MADAMF, DR l,A VAUJKRR réunissait tout pour fixer son co^ur. Elle ressemblaitbeaucoup à sa tante, mère de Louis XIV. Son teint était d'une blan- cheur remarquable, ses yeux très-beaux ; sa taille, pbis pe- tite que grande, était pleine de grâce. En elle brillait cette fraîcheur, que donne une santé parfaite. Marie-Thérèse sa- vait donner à toutes ses manières un charme* inexprimable. D'une douceur angélique, la bonté était la base de son ca- ractère. Son esprit juste et solide était orné; et la plus aima- ble modestie était la règle de sa conduite. Elle ne se mêla jamais du gouvernement. Ennemie de toute intrigue, servir Dieu, plaire au roi et l'aimer, là se bornaient ses vœux et ses plaisirs. La reine aimait, et si quelquefois elle espérait, quelles peines cuisantes déchiraient son cœur ! l'estime du roi, son amitié, ses égards car il rendait justice à ses ver- tus, était-ce là des liens assez forts pour une compagne qui .le chérissait? Marie-Thérèse dévorant ses larmes dans le si- lence, savait s'interdire une plainte légitime ; jamais le moindre reproche ne vint importuner son ingrat époux ; elle mettait de la discrétion jusque dans sa douleur même. * » En résumé, on ne peut méconnaître que l'éclat jeté par M™^ de Maintenon n'ait contribué à rejeter dans l'ombre Marie-Thérèse d'Autriche. On peut dire sans doute que M"^" de Maintenon eut une influence politique; mais il faut justement se demander si Marie-Thérèse eût, comme M""^ de Maintenon, signé la ré- vocation de ledit de Nantes ; il y a, par conséquent, à signaler, dans l'obscurité dont on a payé Marie-Thérèse, une sorte d'ingratitude nationale. Circonstance remarquable! tous les échos de la renommée ont redit le nom de M""" de Mainte- non, tandis qu'ils se sont tus sur cette reine de France, la seule femme vraiment libérale de cette cour qui, avec les Louvois et les Le Tellier, érigea l'inflexibilité en méthode de gouvernement. ' Histoire classique consc ence. Elle ne définissait rien. Mais l'emploi de la force, de la contrainte, dans le -iomaine de l'âme, l'étonnait, tout Espagnole qu'elle fût. TJO MADAME DE LA VALLTERE les catholiques n'y avaient même pas droit de cité. En Hol- lande, ils réclamaient en vain celui de pratiquer en secret leur religion. La Suède était encore inondée du sang des paysans de la Dalécarlie mis à mort pour la foi par le roi même à qui leur courage avait conquis le trône. Les lois sanglantes d'Elisabeth étaient en vigueur en Angleterre; l'E- cosse'était le foyer des massacres et des égorgements de toutes les sectes rivales qui, sur les ruines des églises, se livraient encore d'horribles combats. L'Irlande, faut-il le rappeler, était courbée sous la législation la plus atroce qui ait jamais été imposée à une race chrétienne *. On pouvait évoquer tout ce que Henri YIII et Elisabeth s'étaient permis envers les catholiques de l'autre côté du dé- troit, tout ce qu'avait fait l'Angleterre protestante et puri- taine, même au temps de Louis XIV ; la déportation prati- quée contre les pauvres catholiques d'Irlande, l'enlèvement, en une seule fois, de mille jeunes filles irlandaises arrachées des bras de leurs mères, en 1G55, pour être conduites à la Jamaïque , où on les vendit comme esclaves ; toutes les me- sures prises pour exterminer le catholicisme et les catholiques, le bannissement des évêques, la suppression progressive des ministres du culte, l'interdiction de toute école catholique, afin de tarir la religion dans sa source , l'exclusion des carrières et des emplois par cela seul qu'on était catholique, la défense d'être propriétaire, la déclaration de la loi disant que les catholiques d'Irlande étaient incapables d'acquérir des propriétés immobilières; et en Angleterre, toutes ces lois * Les histoires de l'Eglise au xvi On lit dans un méuioire du duc de Bourgogne t Nous avons en main les actes auiheniiques des synodes clandestins dans lesquels ils les calvinis- tes arrêtèrent de se mettre sous la protection de Cromwell, dans le temps où l'on pensait le moins à les inquiéter; et les preuves de leurs liaisons crimi- nelles avec le prince d'Orange subsistent également. • Voltaire dit aussi dans son Siècle de Luuis XIV > La politique de Louis persécutait les protest en France parce qu'il croyait devoir les mettre hors d'état de lui nuire. • Chapitre xiv, CHAPITRE ONZIÈMK 773 Enfin, on en conclut que Louis XIV avait bien le droit, au nom du principe de conservation, de réagir contre les me- sures du XVI'' siècle, qui devenaient au xvn'^ une menace et un danger pour la staljilité et l'homogénéité de la France i. De ce côté, Marie-Thérèse approuvait, comme tout le monde, les vues de Louis XIV. Mais il était permis à la reine, qui comprenait ce côté de la question, de prendre un autre point de vue, sans que, pour cela, elle contestât à Louis XIV de marcher, dans ses mesures de répression, d'accord avec l'opinion, sur laquelle agissaient deux motifs principaux l'impression qui restait des événements accomplis sous Louis XIII, et les idées géné- rales du temps qui n'admettait nullement notre tolérance universelle d'aujourd'hui. La princesse se préoccupait sur- tout de la question des voies et moyens; elle envisageait le droit de la conscience individuelle, devançant, pour ainsi dire, son temps. La tendresse lui donnait une grande âme ; elle ne pouvait avoir de l'approbation pour ces oppressions de l'âme et ce terrorisme suspendu sur l'hérésie; » elle n'ad- mettait, comme moyen de conversion, que celui employé par Bossuet pour convertir Turenne, c'est-à-dire l'exposition de la vérité et de la foi, à laquelle on doit joindre la prière. Les compressions, les intimidations administratives , les ruses qui convertissaient par'l'argent et portaient les consciences à se vendre ou à feindre, tout ce qui pouvait, en un mot, être une atteinte à la dignité humaine et à la liberté de la cons- cience, était antipathique à une reine, née cependant dans le pays de l'inquisition. Malgré l'approbation générale, 1 II est déplorable qu'un historien français veuille voir ici des questions d'estomac et de digestion. Pourquoi abaisser l'hisloire et étouffer la vérité? Le roi n'ayant plus d'amusement de femmes, dit iMichelet, devint plus âpre. Il mangea, but beaucoup {Journal des Médecins. Circonstance grave, qui explique en partie sa violence, sa politique à outrance, ses actes provo- quants contre toute l'Europe, sa guerre au Pape, sa guerre aux prolestHuts... Je vois chez ses médecin» que, dans ces deux années, il était devenu encore plus grand mangeur, faisait trois repas de viande par jour et buvait son vin pur. {Hisloire de France au xva» siècle, p. 261-272. 774 MADAME DE LA VALLIÈRE quelque chose l'avertissait qu'on faisait une faute, soit en attentant à la liberté de conscience, soit en posant des pré- cédents qui appelleraient plus tard une réaction aux dépens de l'État et des individus. ^ Est-ce à dire, pour cela, que l'épouse de Louis XIV, res- treinte à ses devoirs d'intérieur, et renfermée dans le cercle étroit de ses dévotions, demeurât insouciante à la propaga- tion de la vérité? La cause de la civilisation ne lui disait-elle rien? N'avait-elle pas le besoin de voir se répandre la lu- mière, s'éteindre les diversités et les divisions, se resserrer les ténèbres et l'erreur? On ne peut en douter, puisque l'es- prit de la religion chrétienne est un esprit de lumière qui pousse à la diffusion de cette lumière elle-même * ; puisque d'ailleurs on n'ignorait ni au Louvre ni à Versailles, que celui qui dit être dans la lumière, et qui hait son frère, demeure jusque-làdansles ténèbres ; mais que celui qui aimesonfrère, demeure dans la lumière -. Un biographe consacre un para- graphe spécial à raconter les marques d'intérêt et de zèle que la reine donna, à diverses époques, à la question des lieux saints, débattue depuis des siècles entre les Grecs et les Latins. Dans ces derniers temps, la France et la Russie veulent tour à tour y faire prévaloir leur influence ; mais au temps de Louis XIV, la question était limitée entre les schismatiques grecs et les religieux de Saint-François em- ployés dans la Palestine an service delà religion. On s'explique les sympathies chaleureuses de Marie-Thé- rèse pour cette question, d'abord à cause de son intérêt in- trinsèque. Que peut-il y avoir de plus cher à un chrétien que les lieux qui furent le théâtre des grandes scènes évan- géliques, et le sépulcre du divin libérateur du genre humain? A moins d'une foi religieuse bien tiède, qui ne voudra garder de toute profanation ces lieux sacrés? En second * • Goram Salvatore nostro Deo, qui onines houiines vult aJ agnitioncin veritalis venire. » 1 Tiiaolli., ii, ;- de Sévigné écrit au comte de Bus-i, le 23 octobre 1683 Vous avez vu sans doute l'édit par lequel le roi révoque celui de Nantes; rien n'est si beau que ce qu'il contient, el jamais aucun roi n'a lait et no fera rien de plus mémorable. » 780 MADAME DE LA VALLIEHE Fontaine!, La Bruyères, contre M"*^ de Scudôri ^, contre Bussy-Rabutin ^. La Providence lui épargna do voir le triomphe définitif de l'opinion qui n'était pas la sienne. Louis XIV, habitué à traiter les grandes mesures du gou- vernement en autocrate, n'aurait pas accordé voix délibéra- tive à la reine sur ce chapitre^. Quoi qu'il en soit, on a essayé de faire comprendre comment M"' de Maintenon contribua à faire oublier Marie-Thérèse, et si cet oubli fut mérité. Après avoir tenté d'expliquer pourquoi la célébrité s'est attachée au nom de M™• {HlUoire de France, t. XIV, p. 34. Nommons cependant les écrivains d'histoire qui, de nos jours, semblent être revenus à des idées plus équitables sur Mario-Thérèse ités à l'infini? •> Le cénie et l'esprit pétillant de M""" de Sévigné, la haute raison de M"" de Maintenon, supportaient à côté d'elles d'autres genres de talent. 782 MADAME HE LA VALLTÈRE de plus aisé, que de déclarer qu'il n'y a point lieu à s'oc- cuper de ]\Iarie-Thércse, par la superbe raison que la nièce d'Anne d'Autriche passa inaperçue, qu'elle ne fit aucune sensation, et qu'elle s'effaça, dans l'éblouissant rayonnement de tant de femmes illustres, de supériorités exceptionnelles qui remplissent le xvii" siècle. Ce qui est certain, c'est que le nom de Marie-Thérèse suscite des questions tout aussi vastes et bien plus délicates que celles de dynastie et de royauté ; des questions d'hu- manité, de philosophie, relatives aux grands principes de la société, de la famille et du mariage. On a pu voir, dans le cours des précédents chapitres, jusqu'à quel point l'une des personnes de son sexe qui fut le plus mêlée à sa vie, M"'^ de LaVallière, reste femme même dans ses fautes, et aussi jusqu'à quel point on doit rendre Marie-Thérèse res- ponsable de sa propre destinée. On demande quel grand acte politique a signé Marie-Thérèse, quelle idée elle a fait triom- pher, quelle constitution, quel mouvement national lui doit le pays \ en un mot, si elle a eu une mission. On lui re- proche de n'avoir pas eu de renommée. Mais sa mission consistait justement à n'en point avoir, à s'absorber dans la modeste et silencieuse dignité de l'épouse, à dévorer sans plainte les mécomptes de la vie privée. On l'a dit avec une justesse souveraine dans une société bien ordonnée, la femme n'est pas destinée à être la souveraine brillante d'un salon, mais la représentation la plus pure de l'idéal moral 1 M. Cousin ne pouvait pas reproclier à Marie-Thérèse de n'avoir pas de grand dessein sur elle-même et sur les outres. Dans un morceau où il est trop sévère pour M""^ do ilaiiilenon, il dit Voltaire va sucréder à Descartes, et Fleuri au cardinal de Richelieu. Voici venir les Parabère et les Pompadour, en attendant les Du Uarry; comme femmes auteurs ou présidentes de cote, ries liuéraires, les du Dtffant, l*s Graffigny, les GeoU'rin, les Duchatelet, c'est-à-dire, si vous exceptez M" Aïssé, et cette pauvre insensée W" Lespi- nasse, pas une femme véritable, un peu de savoir en matliématiques et en physiijue, quelque bel es[>iit, aucun génie, nulle âme, nulle conviction, nul grand dessein ni sur soi-même ni sur les autres telles sont les feiiimes du xviii* siècle, Ce n'est pas moi qui me propose de leur servir d'historien. » CHAPITRE ONZIEME 73 au sein de Ja famille. Aurait-il donc mieux valu, pour la famille royale et pour la France, qu'au lieu de quarante- cinq années d'une vie imperturbablement consacrée au de- voir, Marie-Thérèse eût été un grand éblouissement des yeux, » un long enivrement des cœurs, » une déesse de coquetterie, comme tant d'autres femmes, qui ont ignoré le premier mot du dévouement, beautés qu'on adore, et qui ne sont que les sèches statues de l'égoïsme ? Marie-Thérèse pensa qu'elle n'avait rien de mieux à faire qu'à s'efforcer de rester, parmi les femmes de son temps, comme un type de dévouement conjugal, et à porter haut et droit le drapeau des mœurs et de la chasteté de la fa- mille. Personne ne s'occupait d'elle, dit M. Walkenaër, parlant de Marie-Thérèse, et elle ne cherchait à occuper personnel » Et, sans doute, une société, presque toute adultère, n'avait rien à dire d'une reine, dont la conduite lui était un reproche vivant ; ce n'était pas son rôle de préco- niser celle dont le docte M. Walkenaër a dit également Au milieu de cette cour corrompue, une seule femme était chaste, l'épouse de Louis XIV. » . Pour M™" de La Vallière, ce n'est point un paradoxe, malgré sa jeunesse et sa destinée orageuses , de dire que sa vie fut une amende honorable à tout ce qu'elle avait d'abord outragé. Ses trente-six années de pénitence austère sont, au xvn*^' siècle, la profession la plus éloquente , la plus ex- pressive, du respect que méritent l'inviolabilité de la famille et le mariage. M""" de La Vallière avait, de 1662 jusqu'en 1670, trahi son éducation première; elle était infidèle à ses propres principes, et en opposition avec ses instincts eux- . mêmes; mais elle mit trente-six années à réparer les torts et les erreurs de dix ans ; elle ne se pardonna jamais d'avoir un moment attaqué cet élément de stabihté si nécessaire au progrès social. * Mémoires sur M»' de Sévigné. 784 MADAMT, DE l,.\ Au XVII'' siècle, res]ril des provinces différait encore plus de celui de Paris et de la cour, qu'il u'en diffère aujourd'hui. L'unité centralisatrice , la fréquence des communications entre la circonférence et le centre, n'avaient pas, comme de nos jours, passé le niveau sur les mœurs nationales; les pro- vinces vivaient d'une vie qui leur était propre. Si-M""^ de La Vallière fût née à Paris , si elle eût grandi à la cour, elle aurait vécu dans un certain milieu d'idées et de mœurs libres; mais il en était difï'éremment ; c'était la fille d'un gentilhomme, élevée dans les idées sévères et dans les no- bles scrupules des sociétés provinciales, auprès d'un oncle, l'abbé Gilles de La Vallière, depuis évêque de Nantes. Ar- rivée à Paris, elle succombe aussitôt; la chute fut grande, le scandale complet. Cela explique cette décision et cette té- nacité à se punir soi-même pendant trente-six ans. Ainsi, Marie-Thérèse d'Autriche et M"" de La Vallière ne sont pas, dans ce récit, de poétiques allégories, d'aimables types de voluptés délicates, des rêves capricieux du cœur et de l'esprit. Elles n'ont pas donné à l'historien l'occasicri de raconter des intrigues de cour et des misères de grande dame. S'il faut entrer dans l'histoire les yeux bien ouverts, nous n'admettons pas qu'il faille y porter une indiscrète cu- riosité. Marie-Thérèse et M""" de La Vallière sont une leçon et un exemple pour nos contemporains. Formons une sainte croisade, pour ne pas laisser s'éteindre le foyer domestique, et sachons qu'on ne touche pas impunément à la constitution naturelle et divine de la famille, telle qu'elle a été comprise chez les nations éclairées par l'Evangile, Le mariage, malgré les romans de notre siècle, reste historiquement et théologi- giquement un mystère qui contient une force secrète; » de toutes les manifestations de la justice et du devoir, la plus ancienne, la plus authentique, la plus intime et la plus sainte *, la seule réellement conservatrice des chastes joies * Expression de Prondhon. IIIAPITRE ONZIÈME 78S de riiumaiiité. On est ici du côté de Bossuet , de M. de Bo- nald, de M. de Moiitalembert , comme du côLé de MM. Gui- zot, Gariiot, Proudtion, Jules Simon. Il fallut à la reine, pour remplir sa mission, une énergie d'abnégation dont tout le monde n'est pas capable. Ce ne fut pas un programme vulgaire que la princesse espagnole se proposa, en se résignant à son propre isolement ; il faut reconnaître dans son attitude, une sorte de vertu fière, dont une fine et exacte observation du cœur humain peut seule faire comprendre toute la délicatesse. Le public est souvent injuste à l'égard des mérites et des valeurs réelles des contemporains; il ne connaît que ce qu'il voit. Mais la secrète jouissance des âmes fières, est de dédaigner de compter avec lui, et de se résigner à être méconnues. Marie- Thérèse semble s'être accordé cette fière volupté du dédain. Un bruit parti de Paris, se répandit dans la province; il n'était pas favorable à la jeune reine ; quand on étudie ce bruit dans ses tendances, on en découvre bientôt l'origine. Les flatteurs, les courtisans et les intéressés trouvèrent commode de tromper le sentiment public. Ils mirent en cir- culation, l'opinion que Marie - Thérèse laissait à désirer, pour l'amabilité dans la vie intérieure. Comme il était im- possible de rien articuler contre cette princesse, qui fût pris dans l'ordre des faits et des fautes, on exploitait les imper- fections et les défauts; on alléguait qu'elle ne maniait pas facilement la langue française, et qu'elle n'avait pas l'esprit brillant des Françaises ^ Etait-ce un crime? Etait-ce véri- * On a indiqué dans un autre chapitre quelles étaient les impressions do la classe moyenne des provinces, concernant les événements de la cour, d'a- près les mémoires qu'a laissés un bourgeois de Reims, Oudard Coquault, et dont M. Louis Paris a publié des extraits dans un petit volume intitulé Re- mensiana in-32, Reims, 1840. Oudart Coquault raconte, à la date du mois d'août i6tio, que les personnes qui avoient été exilées delà cour à cause de la dame Valiiére venoient d'y être rappellées pour oter le scandale qui couroit parmi le peuple pour telle chose frivolle. » — Cette dame Vallière, dit-il, est accorte, complaisante, et belle et gaillarde. La' reine est d'un na- turel assez pesant, de peu d'entretien, joint que l'on dit qu'elle ne parle pas 50 786 MADAME DE LA VALLIÈRE taLlement parler à la décliarge de M"'" de La Vallicre et de Louis XIV? Mais là se montrait la fierté de la jeune reine ; elle ne répond pas aux bruits de la rue ; elle ne s'a- baissait pas à redresser des opinions erronées, bien qu'elle ne pût ignorer d'où parlaient ces faussetés, et quel mobile les faisait colporter de la Cour dans les provinces; elle resta l'épouse pure et irréprochable. Il y a, on ne sait quelle mâle jouissance à se taire dans ces circonstances il y a un véritable héroïsme à railler, au dedans de soi-même, un public mal avisé qui vous méconnaît I Avoir dégagé la mission respective de Marie-Thérèse et de M"" de La Vallière, c'est par là même avoir saisi leur grandeur personnelle, intime, et leur grandeur historique. Marie-Thérèse eut-elle, pour resterdans le devoir, à com- battre de grandes et d'énergiques passions? Oui, malgré le calme de la surface, bien plus qu'on ne le croit communé- ment. Si l'histoire ne la jDrésente pas comme une sainte des âges héroïques, il y a déjà de la gloire et une utilité puis- sante, à offrir cette douce femme comme un type de la vie de devoir chez les modernes. En marchant, sous ce soleil qui éclaire nos pas, dans les sentiers épineux de sa car- rière de femme, cette princesse a montré une dignité et une résignation, elle a fait preuve d'un esprit et d'un carac- tère qui n'étaient pas, les faits l'ont montré, au-dessous de sa fortune. Fallait-il souffrir que cette mémoire féminine, cette physionomie d'un attrait particulier d'originalité douce, passât comme une ombre charmante et oubliée *? » L'auteur de cette entreprise historique ne l'a pas pensé. N'a-t-on pas vu, en déroulant l'histoire de Marie-Thérèse, les trésors de candeur, d'amour, de piété, de souffrance, de vertu qu'un cœur de femme contient? Et quelle douce victime des égare- tout a fait bien françois. C'est ce qui donne cause a toutes ces petites jalousies et distractions que le roy prend; mais ce n'est a Aire au peuple a par 1er de leur roy enmal, touchant de telles frivoles. » Hemensiana, p. 289, et M. P. Clé- ment, de l'Institut, dans sa Notice sur M"" de La Vallière, p. LXXX. • Ainsi disait le poêle Ballanche, de xM"" de llécamier. Correspond. CHAPITRE ONZIÈME 787 ments du cœur la postérité ne révère-t-elle pas dans M"" de La Valliôre? On ne sépare pas ces deux femmes, sœurs après avoir été rivales, et dont la seconde expia si chèrement les catastrophes produites par les afï'ections irrégulières aux- quelles on ne met pas un frein. Aussi l'humanité a-t-elle su faire une distinction ; elle n'a pas rangé M'"'' de La Vallière, dans le troupeau vulgaire de ces princesses d'aventure aux- quelles les amours royales firent une couronne équivoque, et qui ont laissé dans la poussière de l'histoire, dans cette poussière pétrie de sang et de larmes, on ne sait quelle odeur musquée de fard vieilli et de poudre d'iris, » C'est pourquoi, dans cette histoire, on a voulu rappeler les titres de ces deux femmes. Nul besoin de les comparer. Le repentir de la femme vaut-il jamais son innocence ? Marie- Thérèse d'Autriche nous touche-t-elle plus ou moins que sœur Louise de la Miséricorde^? Nul besoin de résoudre ici ces questions. Contentons-nous d'être justes envers ces deux femmes, qui toutes deux ont été grandes. Paul d'Ubaye, au xvii siècle, entreprit du vivant même de Marie-Thérèse d'Autriche, une étude dont le vif enthou- siasme garantit la sincérité. Cet auteur analyse, fibre à fibre, son idéal d'héroïne au point de vue des idées fournies par la morale chrétienne. Son exposition de cet idéal, savante d'ail- leurs, est empruntée généralement à saint Augustin et à * Toul'efois, il est facile de pressentir la réponse que donnent les moralis- tes. M. l'abbé Mortier, supérieur d'un établissement d'éducation, à Bavay Nord, possède un magnifique crucifix en ivoire, qui a appartenu, à ce qu'on assure, à M""' de La Vallière, et dont celte origine, autant que sa beauté ar- tistique, augmente l'importance, M. Mortier nous écrivait en i86l • Je suis effectivement le possesseur d'un crucifix en ivoire, dont la tradition attribue la provenance à M"'' de La Vallière. La note qui accompagnait ce chef- d'œuvre, annonçait que c'était un présent fait par Louis XIV à cette femme célèbre. Je tiens ce Christ des héritiers de M. Lenglet, religieux, prieur du monastère de Boiry, près Guise, qui l'emporta à l'époque de la grande révolu- tion, et le légua à sa famille résidant à Englefontaine, près le Quesnoy >'ord. . 11 est formé d'une seule pièce d'ivoire ; il mesure de la tête aux pieds 0» 38 c, et il est attribué au ciseau du célèbre sculpteur du Quesnoy. La CHAPITRE ONZIÈME 789 C'en est donc fait, dit un critique distingué, de ces royautés de bon plaisir. Elles ont eu cependant leur rôle, elles forment à travers l'histoire une sorte de dynastie élégante et frivole de la galanterie. Elles ont bouleversé parfois la politique aussi bien que l'étiquette ; elles ont eu affaire à messieurs du Parle- ment et même aux Jésuites; pour elles on a changé des lois. Elles ont eu de leur vivant leur parti à la cour, leurs amis et leurs ennemis, et après elles, quand ce bruit est déjà loin, elles trouvent encore des historiens, quelquefois des apolo- gistes. Ce qui manque le plus dans ces amours royales si complaisamment exhumées, c'est l'amour même. Tout y est, la vanité, le faste, la passion de tout faire et de tout défaire, le caprice avec ses futiles audaces, l'ardeur da plaisir, la cu- pidité quelquefois et même la rapacité; tout excepté l'amour. Une seule de ces favorites, à l'aube du grand règne, a gardé un reflet de poésie et de vraie grâce, le reflet de la petite violette qui se cache sous l'herbe » selon le mot de M™'' de Sévigné ; c'est M"'^ de La Vallière. Celle-làavait une âme, elle avait la sincérité du cœur et de la passion sans l'orgueil ba- nal du triomphe, sans la joie insultante de la faveur. Elle aima pour lui-même ce roi, ce grand roi qui ne le méritait guère, et, femme heureuse' elle semblait rougir encore d'être maîtresse, d'être mère, d'être duchesse. » Et quand elle perd l'amour du roi, elle ne veut plus rien, elle" quitte ce monde dont elle était l'idole, elle fuit tout, elle se fuit elle-même, dans sa pénitence agitée. Rien de vulgaire ne se mêle à cette vive et franche passion, qui est peut-être l'uni- que poésie de la jeunesse du grand règne et de Louis XIV * . » physionomie est des plus touchantes c'est le Sauveur mourant. L'artiste a montré dans ce travail qu'il savait parfaitement l'analomie, et particulière- ment le jeu des muscles. » Un connaisseur, qui ignorait sa valeur historique, l'a estimé 3,000 francs, pris chez le marchand. » Nous devons à M. Gabarret, président de la Société archéologique de l'ar- rondissement d'Avesnes Nord, de nous avoir mis sur la trace de ce crucifix, en 1860. ' Charles de Mazade, Revue des Deux-Mondes, janvier 1868, à propos du livre de M. Emile Campardon, sur M"" de 790 MADAME DE LA VALLIÈRE Aimer pour aimer, ajoute un des observateurs les plus fins, aimer sans orgueil, sans coquetterie, sans insulte, sans ar- rière-pensée d'ambition, ni d'intérêt, ni de raison étroite, sans ombre de vanité, puis souffrir, se diminuer, sacrifier même de sa dignité tant qu'on espère, se laisser humilier ensuite pour expier; quand l'heure est venue, s'immoler courageusement dans une espérance plus haute, trouver dans la prière et du côté de Dieu des trésors d'énergie, de ten- dresse encore et de renouvellement ; persévérer, mûrir et s'af- fermir à chaque pas, arriver à la plénitude de son esprit par le cœur, telle fat la vie de M™" de La Vallière, dont la dernière partie développa des ressources de vigueuret d'héroïsme chré. tien qu'on n'aurait jamais attendues de sa délicatesse primitive. Elle rappelle comme amante, Héloïse ou encore la Religieuse portugaise, mais avec moins de violence et de flamme ; car celles-ci n'eurent pas seulement le génie de la passion, elles en eurent l'emportement et la fureur; La Vallière n'en a que la tendresse. Ame et beauté toute fine et suave, elle a plus de Bérénice en elle que ces deux-là. Gomme religieuse, comme carmélite, et fille de Sainte-Thérèse, ce n'est point à nous à nous permettre de lui chercher ici des termes de com- paraison. Disons seulement de notre ton le moins profane, que, quand on vient de relire l'admirable chapitre v du livre III de l'Imitation^ où sont exprimés les effets de l'amour divin, qui n'est dans ce chapitre que l'idéal de l'autre amour, M""^ de la Vallière est une de ces figures vivantes qui nous l'expliquent en leur personne et qui nous le commentent le mieux *. » Circonstance remarquable ! Depuis que ces deux âmes se sont rencontrées dans le monde éternel, en 1710, il y a un groupe de personnes sur la terre, qui ne cesse de réunir leurs deux noms dans la même pensée, et de professer un même culte pour ces deux mémoires réunies. La tradition ' Causeries du Lundi, de SaiiUe-Beuve^ l. III, p. 307. CHAPITRE ONZIÈME 791 toujours vivante de M" de La Vallière embaume toujours le pieux séjour des Carmélites de la rue Saint-Jacques et d'Enfer * ; et quant à Marie-Thérèse d'Autriche, elle vit tou- jours présente, toujours vénérée chez les Carmélites de l'ave- nue de Saxe ^. En dehors de ces colonies du cloître, la reine et M"*" de La Vallière ne portèrent nulle part leurs pas, sans que leur souvenir doux et béni n'y ait laissé une inef- façable empreinte ^. Et lorsqu'on décrivait, il y a quelques années, les fêtes d'un mariage célébré à Fontainebleau ^, l'historien de cette résidence princière, théâtre autrefois des premières joies maternelles de Marie-Thérèse, a résumé la tradition de cette cité Le toit du pauvre et l'asile de la souffrance ne furent point oubliés ; et Fontainebleau, dans sa reconnaissance et dans son enthousiasme, crut avoir re- trouvé la charité de Marie-Thérèse, la bonté de Henri IV et l'hospitalité de Louis XIV ^. » Un historien qui revient sur les brillants débuts de la reine Marie-Thérèse, paraît incliner à regarder la princesse, comme responsable elle-même des grands et précoces mé- comptes, qui inaugurèrent sa carrière; il se rejette sur une ' C'est là qu'ont reposé ses cendres. Le couvent actuel des Carmélites n'est qu'une petite partie de l'ancien. Quand on creuse profondément le jar- din actuel des religieuses, on louche aux ossements de l'ancien cimetière du monastère. * Les Carmélites de l'avenue de Saxe sont les gardiennes assidues des pré- cieuses reliques que leur donna la pieuse reine. On voit encore dans la sacristie de leur église, le beau portrait de Marie-Thérèse, dont il a été question dans un chapitre, où elle tient une croix immense dont le pied repose en terre. ' Que si l'on veut étudier aux Carmélites les pieuses années de la du- chesse de La Vallière, il faudra faire un pèlerinage idéal à ce couvent ruiné et rebâti on y trouvera je ne sais quel vivant souvenir de sœur Louise de la Miséricorde. Là, elle priait; ici, elle pleurait; là, fut le réfectoire où elle écoutait les saintes lectures ici fut la cellule où si souvent les épines du cilice l'ont mordue jusqu'au sang; là fut le jardin, où, armée de la bêche, celle qui n'avait appris qu'à soulever l'éventail, remuait la terre laborieuse, non pour creuser sa fosse, mais pour donner aux pauvres le fruit de ses peines. Arsène lioussaje, ili"= de La Vullière, p. 339. * Mariage de la princesse Hélène de Mecklembourg avec le duc d'Or- léans, * Souvenirs historiques, par Vatout, 792 MADAME DE LA VALLIERE prétendue infériorité d'organisation, et revient, pour incrimi- ner Marie-Thérèse, aux journées fleuries des bords de la Bi- dassoa. Quand le roi d'Espagne, dit-il, remonte en bateau avec sa fille, le rivage de la Bidassoa présente un tableau charmant. Les seigneurs français se pressent autour de Sa Majesté Catholique dont le vêtement sévère se trouve en- châssé au milieu d'un cercle Ijrillant de dorures, de rubans, de plumes et de broderies, tandis [ue le riche costume du roi de France rayonne sui' les tristes haljits des seigneurs espagnols qui l'environnent. On se sépare, le bateau part, et Louis, le chapeau à la main, se met à courir sur le rivage, comme un amoureux de seize ans. Tous les courtisans le sui- vent. Le roi d'Espagne feint d'abord de ne pas remarquer cette course romanesque. Il se décide enfin, après réflexion, a se retourner vers la rive. Sa tête, pétrifiée par l'étiquette, paraît à la fenêtre du bateau. Il salue gravement, et rentre dans son immoilité sans plus s'occuper de Louis, qui ac- compagne encore longtemps le bateau. Si j'insiste sur ces détails, ce n'est pas pour étaler une minutieuse érudition, c'est pour mettre en relief la diffé- rence des deux cours et des deux pays. Pour exercer quel- que influence à Versailles, il faut que Marie-Thérèse com- prenne le contraste. Il est si peu de princesses étrangères qui aient su devenir françaises en passant la frontière ! L'in- fante saura-t-elle se dépayser et le voudra-t-elle ? Le sang de sa mère, qui est le sang d'Henri IV, se réveillera-t-il pour colorer d'une vive teinte la blancheur autrichienne de son visage? Tout semble le promettre. Elle aime le luxe de nos courtisans; quand la senora Molina, son assafata, lui de- mande si le roi lui convient, elle répond avec une gracieuse volubiliti' — Y como! que me agrada ! por ciento qu'es muy lindo moco, y que ha hccho una cavalcadamuy brava y muy de gahui ! i — Nous citons les mots espagnols, parce que le charme de la réplijue serait afiaibli par la traduc- tion. A partir de ce moment, son exaltation s'accroît de jour CHAPITRE ONZIÈME 793 en jour; elle publie son bonheur avec une innocence pres- que efTronlée. Elle quitte sans regret son guard-hifnnte, hor- rible machine bonne tout au plus à défigurer sa taille, et la voilà si amincie qu'elle peut faire place au roi sur un pliant, elle qui tenait à peine sous le dais avec sa sœur , en grande toilette espagnole 1 On lui essaye la couronne fermée, sa laide et grosse coiffure empêche qu'on ne puisse l'affermir sur son front. Quand les inonos ne chargeront plus sa tête, comme les cercles aplatis du giiard-infante embarrassaient sa cein- ture, quand on^aura remplacé tous ses vilains rubans et ses maigres dentelles, quand enfin, pour dernière cérémonie, on lui aura passé le corps de jupe des dames françaises, il semble qu'une transformation complète renouvellera les ha- bitudes, la physionomie, la démarche, tout l'air de la prin- cesse. Il lui sera permis d'être aussi jeune que le veut son âge et d'oublier les tyrannies d'une étiquette outrée. La fille compassée de Philippe IV deviendra peut-être une gracieuse reine de France. Ce beau titre l'enorgueillit, elle en estfière; et quoiqu'elle donne, en sortant d'Espagne, une larme au souvenir de son père et de sa patrie, elle aime déjà la France, parce qu'elle adore le roi. » Telle est la brillante aurore que l'historien s'est plu à dépeindre avec ses riches couleurs ; mais il prend un pinceau plus sombrer pour dire le déclin et le couchant de tant d'espérances, et malheureusement, il cède au pré- jugé, dans sa tentative d'explication. Anne d'Autriche, continue-t-il , avait averti sa nièce de l'humeur abso- lue de Louis XIV, elle lui avait prescrit l'obéissance comme un dogme impérieux de la religion conjugale. Aussi, Marie- Thérèse montra-t-elle de bonne heure une sorte de docilité ombrageuse, si cela peut se dire, une de ces soumissions ef- farouchées qui bronchent à chaque pas dans une route apla- nie, seulement par peur de broncher. Elle fut la première et la plus humble sujette de son royal époux, qui la souffrit à ses pieds quand elle n'osa plus se jeter dans ses bras. 794 MADAME DE LA VALLIËRE » Par déférence pour sa tante, la jeune reine abdiqua ses droits à toute influence particulière; elle se mit en tutelle comme un enfant, ne se dirigea plus par ses propres inspira- tions, et fit si Lien, en un mot, qu'au hout d'uncertain temps elle n'était plus une personne. Au lieu d'imposer sa direc- tion à ce qu'on appelait la cabale de la jeunesse, elle fut de la vieille cour, à l'exemple d'Anne d'Autriche. La froideur du roi augmentant de plus en plus, elle s'enferma dans la soli- tude, n'admettant à ses côtés que sa chère assafata , doiïa Molina, son unique confidente *. » L'histoire, vue de près, a montré ue de telles explications, malgré le talent de l'écrivain qui les présente d'une manière spécieuse, ne renferment qu'une phraséologie brillante, sans fondement solide, ou des raisonnements qui reviennent à l'explication suivante Marie-Thérèse perdit l'amour de Louis XIV, parce qu'elle ne sut pas le retenir ; ou bien encore Louis XIV se montra audacieux, parce que Marie- Thérèse ne l'empêcha pas de l'être, » comme s'il eût dé- pendu d'une princesse, douée d'une nature délicate, de vou- loir exiger du roi un amour imposé 1 Ou, comme s'il n'était pas dans le rôle d'une femme qui aime, de se rendre docile à l'époux qu'elle adore. L'enchaînement et la progression des causes réelles qui amenèrent les trahisons de Louis XIV, ont été suffisamment indiqués dans les chapitres consacrés à l'étude approfondie des faits et des caractères. On s'est parfaitement trompé sur le compte de la femme de Louis XIV, et le biographe pense qu'on lui permettra d'ouvrir ici une large parenthèse, pour restituer ce que l'on croit être la vérité. D'abord, à songer à faire de cette reine une perfection, nul n'y pense ; on ne la présentera pas même comme un monstre de perfection, » Nous n'aimons pas d'ailleurs, au xix" siècle, qu'on nous montre en his- toire des mortels dont on n'a que des merveilles à dire. Quel * Ilippolylc JSabou, Les amoureux de j1/""= de Scvignè, p. 148, 149, loi. CHAPITRE ONZIEME 793 est l'homme privilégié qui soit sans défaut I Et quel profit retirerions-nous du récit d'une vie où nous n'aurions rien à imiter, parce que nous pourrions peu y atteindre? Marie- Thérèse eut donc, avec de la grandeur, des défauts, des bizarreries plus ou moins grandes qu'on ne doit pas taire. Ne voit-on pas des hommes, très-distingués par leur grand caractère, très-considérés pour la haute situation qu'ils oc- cupent dans la société , offrir cependant à ceux qui les voient de près, le spectacle des plus étranges platitudes? Les plus incroyables alliages peuvent se rencontrer. Passons donc aux personnages de l'histoire leurs manies, quand ils en ont, et quand elles ne détruisent pas le côté vraiment grand, vraiment respectable et dominant de leur physio- nomie. On n'oubliera pas que Marie-Thérèse faisait à la cour la figure qui convenait à son rang. La cour s'était définitivement installée à Versailles depuis 1682. Marie-Thérèse tenait son cercle dans la salle appelée sa/o» de la reine ^^ où avaient lieu les présentations. Le siège de la reine était placé au fond, sur une estrade couverte d'un dais ^. A ceux qui ont dit que la reine n'aimait pas la pompe du siècle, il faut rappeler selon quelle mesure, et par quel motif elle apportait un tempérament dans la vie officielle et de pure représentation. Un témoin oculaire des plus compé- tents doit être consulté à cet égard, c'est Bossuet. Elle sut pourtant, dit-il, se prêter au monde avec toute la dignité que demandait sa grandeur. Les rois, non plus que le soleil, n'ont pas reçu en vain l'éclat qui les envi- ronne ; il est nécessaire au genre humain, et ils doivent, pour le repos autant que pour la décoration de l'univers, * Numéro 116, d'après la Notice du musée de Versailles, parEud. Soulié. ^ On distingue encore dans la corniche, en face des fenêtres, des pitons dorés qui servaient à soutenir ce dais. — Michel Corneille avait été chargé des peintures de cette salle. Le plafond représente iltrcure répandant son influence sur les arts et les sciences ; ce sont différentes figures de femmef, représentant l'éloquence, la poésie, la géométrie, etc. 736 iMADAME DE LA VALLTEKE soutenir une majesté qui n'est qu'un rayon de celle de Dieu. Il était aisé à la reine de faire sentir une grandeur qui lui était naturelle. Elle était née dans une cour où la majesté se plaît à paraître avec tout son appareil, et d'un père qui sut conserver avec une grâce, comme avec une ja- lousie particulière, ce qu'on appelle en Espagne les cou- tumes dequalitéetles bienséances du palais ; mais elle aimait mieux tempérer la majesté et l'anéantir devant Dieu que de la faire éclater devant les hommes. Ainsi, nous la voyions courir aux autels, pour y goûter avec David un humhle re- pos, et s'enfoncer dans son oratoire, où, malgré le tumulte do la cour, elle trouvait le Carmel d'Élie, le désert de Jean et la montagne si souvent témoin des de Jésus. Bossuet raconte ensuite quelles furent les vertus de la reine dès sa première jeunesse, alors que, dans une cour assez turbulente, elle était la consolation et le seul soutien de la vieillesse infirme du roi son père. Il rappelle tout le cœur, tout le respect, toute la soumission qu'elle ne cessa jamais d'avoir pour Louis XIV ; il la dit Toujours vive pour ce grand prince, toujours jalouse de sa gloire, uniquement atta- chée aux intérêts de son État, infatigable dans les voyages, et heureuse pourvu qu'elle fût en sa compagnie, » Il indi- que ses bontés pour ses domestiques, son amour pour les pauvres, ses visites aux malades des hôpitaux, ses appari- tions auprès des malheureux, son bonheur de se dépouiller un instant d'une majestée empruntée ; puis il s'écrie Que dirai-je davantage? Écoutez tout on un mot fille, femme, mère, maîtresse, reine telle que nos vœux l'auraient pu faire, plus que tout cela, chrétienne , elle accomplit tous ses de- voirs sans présomption , et fut humltle , non-seulement parmi toutes les grandeurs, mais encore parmi toutes les vertus *. ' Elo^e fun. de Marie-Thérèse. CHAPITRE ONZIRME 797 11 est regrettable ciiruu historien de notre époque, histo- rien de mérite et de conscience, ne s'en soit pas tenu à ces grandes lignes de Bossuet, et se soit laissé influencer par une page de M" de Montpensier, qui ne saurait altérer le caractère authentique de dignité et de grandeur qui appar- tient à Marie-Thérèse. Cet historien compatit aux amertumes que la reine eut à dévorer en secret; il reconnaît la pesanteur de la croix qu'eut à porter cette femme si longtemps délais- sée et si mal payée de la perte du cœur de son époux par quelques stériles hommages accordés à son rang ; mais il a l'inopportune distraction de s'inscrire en faux contre le témoi- gnage de Bossuet, attestant la dignité réelle de reine, et le ton majestueux départi à Marie-Thérèse. L'histoire, dit-il, n'a rien à retrancher de ces louanges celles données par Bos- suet , lorsqu'elles se rattachent à la piété de la reine ; c'est une touchante figure que celle de cette noLle fille de la mai- son d'Autriche retirée dans son oratoire et confiant à Dieu ses douleurs ; c'est un rôle sublime que celui qu'elle rem- plit au chevet du pauvre, asssistant de ses royales mains le Fils de Dieu fait homme dans la personne de ces petits qu'il a voulu nous léguer pour être ses images vivantes ; mais, comme reine, comme épouse du glorieux Louis XIV, la douce et résignée Marie-Thérèse n'eut point un caractère et un esprit aussi élevés que sa fortune. Elle manquait de dis- cernement, de tact, et surtout de cette intelligence active qui n'est point un mérite aux yeux de Dieu, mais qui permet de comprendre les événements, les situations et les hommes. Elle aimait à passer sa vie avec ses servantes espagnoles et une négresse naine et hideuse *. Louis XIV dut plus d'une » L'histoire ne dit pas cela. Prenons une date quelconque, l'année 1671, par exemple. Quelqu'un qui voyait de prés la reine, qui vivait à la cour, et ne flottait pas Marie-Thérèse, I\l" de Montpensier, nous apprend que la reine ne manquait aucun cercle, aucun amusement 11 y eut tout l'hiver des Lallets en 1671; je n'en manquai pas un, afin de suivre la reine pour faire mon devoir avec plus d'éclat, parce qu'elle ne m'y avoit pas obligée. Je me mettois à côté de sa chaise avec mes coiffes baissées. » {Mémoires de Jlf" de Montpensier, 4= partie, p. 457, édit. Michaud. 798 MADAME DE LA VALLIÈRE ïoisse sentir mal à l'aise et presque humilié, en voyant as- sise h ses côtés, sur le trône de France, une compagne si peu capable de lui oiïrir un conseil et d'entrer dans ses desseins *. » On ne peut considérer comme des arrêts définitifs, ce juge- ment d'un historien de notre temps, jugement plus que sé- vère et qui ne s'explique que par le manque d'examen de toutes les pièces dn procès. Ceux qui virent et jugèrent Marie-Thérèse, nous paraissent plus compétents pour nous dire si la princesse tenait gon rang 2. Nostre pieuse prin- cesse, dit un personnage du temps, estoit bien convaincue que les souveraines dignitez sont instituées pour estre des occasions de l'aire du bien. Il faudroit establir ce que c'est que d'estre reine, et reine de France, pour justifier tout le mérite de sa modération dans ce haut rang. Cet orgueil qui naist avec les souverains, qui ne se nourrit que d'en- cens et de parfums, qui ne voit qu'un grand jour et de grands objets, qui n'entend que des applaudissements et des hymnes , ne trouva point de place dans son cœur ; cette fierté si naturelle à la maison d'Austriche, soutenue par la gloire qu'y ajouloit l'alliance du plus grand des rois, voulut en vain s'emparer de son âme. Nostre princesse régna toujours sur elle-mesme, ne laissa échapper de sa grandeur au dehors que ce que pouvoit en exiger le titre de souveraine. Elle soutint partout la majesté de son rang. En fit-elle sentir à quelqu'un la fière dignité? Ses sujets l'ont vue dans les pompeux ornemens nécessaires à une reine, encore les a-t-elle négligés pendant l'absunce du roy ; mais Dieu la ' Histoirede Louis XIV, par M. Amédée Gabour. Tours, ISii, in-8, p. 2GG. ' Pourquoi l'historien aujiiel on fait allusion n'a-t-il pas reproché à Marie-Thérèse d'avoir iin{orté un autre usage de la cour d'Espagne? M" de Montpensier nous apprend que la reine avait un fou , nommé Trico- mini. Les princes et les princesses, à la cour de Madrid, avaient avec eux un fou, un bouffon. 11 arrivait à ce Tricomini de dire à Versailles, des vé- rités aussi peu gaies que celle-ci Vous autres, grands seigneurs, vous mourrez tous comme les moindres personnes. • {Mémoires, iW" de Monl- pensier, 4"= partie, p. 467, édit. Micliaud. CHAPITRE ONZIÈME 799 voyoit avec plaisir désavouer dans son cœur tout ce faste et cet appareil indispensablement attaché à la royauté. Elle a occuppé sa cour de plaisirs innocents, pour la distraire des plaisirs dangereux ; souvent dans les lieux saints pour y vivre comme les anges, souvent dans le monde pour ne pas le pri- ver des exemples de sa vertu*. > Un autre personnage du temps, celui-là même qui avait appris, de l'autre côté des Pyrénées, quelle impression unanime d'esprit fin, et de discernement juste » la princesse espagnole avoit laissé dans le monde castillan, celui-là même pour qui ce n'étoit pas un doute que l'éclat d'esprit de Marie-Thérèse luy eût at- tiré de très grands applaudissements, si elle n'eût supprimé elle-même cet éclat, » ce personnage s'est bien nettement exprimé sur le caractère de grandeur et la noblesse du main- tien de l'infante à la cour de France. Selon lui, la marque de l'esprit grand et juste de Marie-Thérèse, c'était de ne pas se laisser surprendre à la fausse lueur des choses, » » d'estimer les choses selon leur prix ; » c'était d'avoir eu assez de prétention, pour juger après son mariage, qu'il n'y » avait que trois objets dignes de faire battre son cœur. Dieu » son époux, et les intérêts du royaume; » c'était enfin de dé- passer, sans s'y arrêter et sans les regarder, tous les amuse- ments, toutes les vanités pompeuses et chimériques qu'on se dispute au sein des cours ^, On pourrait citer d'autres témoi- gnages, on y trouverait toujours cette conclusion unanime, que ce fut le soin de la reine Marie-Thérèse, de réagir contre les sentiments et les airs ailiers qu'inspirent la grandeur et la souveraineté. Là, ou d'autres mettent leur coquetterie et leur vanité à s'élever, la reine mettait, pour ain'si parler, la sienne à s'abaisser au-dessous d'elle même Elle n'a pas regardé sa grandeur pour voir ce qu'elle luy per- * Orais. funèb. prononcée à Saint-Eustache , à Paris, le 23 octobre 1683, par Denise, de la chapelle du roi, p. 23, in-8°, chez Josse. Paris, rue Saint- Jacques, M. 2 Félix Geuiliens, discours prononcé à Toulouse, le i5 septembre 1683, p. 12-13. — Chez Colomiez, imprimeur du roy. 800 MADAME DE I,A VALLIÉRE mettoit de l'aire, disait un habitant de Paris au xvii^ sièck, mais pour connoistre ce que la vertu commandoit d'éviter ; et si elle est sortie quelquefois d'elle mesme pour envisager sa gloire, ce n'a esté que pour remarquer en mesme temps qu'elle l'exposoit à de grands périls *. » On peut proposer des types de grandeur humaine, qui sembleront divers, d'après le point de vue où l'on se place; ils restent au fond, essentiellement les mêmes. Ainsi quand on dit que les vrais grands hommes dans l'histoire sont ceux qui ont eu non-seulement une volonté, mais une grande ouverture d'esprit et d'intelligence, qui ont com- pris leur temps, et les hommes qui le dirigent, et qui de plus ont laissé de leur passage une trace durable^, combat-oa pour cela, la grandeur réelle des individuahtés historiques, demeurées à l'état efl'acé * ? Nullement, si on y regarde avec attention. Deux points sont uniquement à contrôler et à éta- blir. » Discours prononcé à Paris le 7 septembre 1G83, par R. P. David, pro- cureur-général des Gordeliers, p. 11. Paris, chez Couterot, rue Saint-. Jacques. ï M. K. Hiliehrand propose une théorie de la grandeur, judicieuse en par- lie, mais qui n'obtient pas notre complet assentiment. 11 fait une trop grosse part au résultat; il néglige le droit, et dit qu'en histoire les grandes fit'ures sont uniquement celles qui se sont imprimées dans la réalité. i\ous protestons contre cette doctrine, parce qu'il y a des effacements et dos obscurités qui tiennent à la complicité et aux travers de l'absurde huma- nité • 11 faut respecter, dites-vous, il faut admirer les hommes de dévoue- ment et de conviction, de bonne foi, de mœurs pures, les hommes désinté- ressés et courageux; mais ces qualités ne suffisent pas pour leur donner la place qui, dans l'histoire, revient aux grands hommes. • Ne disputons pas sur les mots. Est-on grand, parce qu'on a fait du bruit dans l'histoire? La vraie question n' pas de savoir, non point si on a fait sensation, mais si l'on était vraiment grand? M. llillebraiid voir le chapitre Savonarole, dans ses Éludes italiennes a beau nous dire qu'il n'im- porte pas de savoir si l'action d'un génie a été heureuse ou néfaste, que l'hu- manité n'admire qu'une chose, la force, l'action produite, le succès, nous maintenons que, pour décider si une personne, homme ou femme, a été suférieure ou non, il faut considérer non-seulement la gloire, mais encore sur quel objet portèrent ses efforts, ses services, ses aptitudes, ses talents, toutes les forces de sa personne. ^ Voyez les réflexions déjà faites dans cet ordre d'idées au commence- ment de ce même chapitre. CHAPITRE ONZIÈME 801 Tel personnage était-il réellement une grande et vive nature? s'allirmait-il, dans le sens d'une idée, d'une insti- tution conservatrice? y a-t-il asservi son existence entière? n'a-t-il pas réagi sur ses contemporains, quelque lente et indirecte qne soit la manière dont il a réagi, et toujours d'autant plus lente que l'ordre d'action à exercer est plus délicat, comme par exemple pour redresser les mœurs d'une époque, d'une classe? C'est en plaçant la question dans ces termes, que l'on a cherché ici à réhabiliter une oubliée. Comment ne pas voir que Marie -Thérèse d'Autriche représenta en France la pureté des mœurs conjugales sur le trône et au sein des cours ? Que si l'on demande ce qui resta du passage de Marie- Thérèse, cinquante ans après, alors qu'on vit surgir les mœurs de la Régence, et de la société sous Louis XV, il n'est pas facile en effet de montrer des traces subsistantes de son influence ; mais on comprendra que l'influence de la reine dans cet ordre de choses, pouvait bien amener un moment de ralentissement et de halte, sans pouvoir empê- cher le torrent, un instant contenu, de reprendre sa course impétueuse. Marie-Thérèse ne transforma pas la société si licencieuse de l'époque de Louis XIV; mais il était beau de le tenter pendant vingt-trois ans. Ne craignons pas de citer en son entier un passage des mémoires de M^''^ de Montpensier, qui a tout enregistré dans ses notes, jusqu'aux détails les moins aristocratiques de la vie usuelle. Gomme elle garda toujours rancune à la reine de l'opposition que celle-ci avait faite en 1670, à sou mariage avec le duc de Lauzun, ces rancunes ont sans doute quelque- fois tenu la plume, pendant que la grande Mademoiselle transcrivait ses souvenirs*. Écoutons toutefois les défauts • M"» de Montpensier ne dissimule pas, dans ses Mémoires, la rancune qu'elle gardait à la reine, pour s'être opposée à son mariage avec M . de Lauzun. On lit dans ses Mémoires, à la date de 1670 • J'allai passer la fête de Noël dans des couvents j'allai aux Carmélites de la rue du Bouloy, aux- ol 802 MADAME DE LA VALLIftRE et les petites manies qu'elle signale dans la princesse espa- gnole. Gomme àl'époque du mariage du daupliin , M"'' deMon- tespan montrait la grande quantité de belles pierreries et de bijoux qu'on offrait en présent de noces à ladauphine, M" de Montpensier raconte que M""' de Montespan n'oflritrien à personne, pas même à la reine, qui auroit été fort aise d'en avoir, et qui avoit dit, quand on lui montra le présent Le mien n'étoit pas si beau quoique je fusse plus grande dame ; on ne se soucioit pas tant de moi comme l'on fait d'elle. » La reine avoit toujours dans la tête qu'on la méprisoit, et cela faisoit qu'elle étoitjalousedetoutle monde; et surtout quand on dinoit, elle ne vouloit pas que l'on mangeât ; elle disoit toujours On mangera tout, on ne me laissera rien *. » Le roi s'en moquoit. Au voyage que je fis avec elle, où nous demeurâmes longtemps à Arras, et celui ou l'on fit un long séjour à Tournay, je mangeai souvent chez moi, parce que quand le roi n'y étoit pas, elle ne mangeoit que des mets à l'espagnole, que l'on lui faisoit chez la Molina, une jfemme de chambre qu'elle avoit amenée d'Espagne, qui avoit été a la reine, sa mère, qu'elle aimoit beaucoup, et qui avoit une très grande autorité sur elle. Puisque l'occasion se présente d'en parler, je dirai qu'elle se donnoit de grands airs de gou^- quelles je me plaignis de la manière dont la reine avoit agi dans mon allaire. Elles me parurent beaucoup honteuses, et ne savoient que me ré- pondre, » M" de MontpensiiT ajoute, à la date de 1071 de Maintenon n'y serait pas engagée. 810 MADAME DE LA VALLIÈRE L'habileté de M"*^ de Maintenon a été vantée en cent fa- çons ; la reine que la France perdit en 1G83, n'aurait pas tenu peut-être à ce genre d'éloges. Malheur à ceux qui sont si habiles ! l'habileté est trop voisine du calcul ; et ce qui gâtera toujours dans l'histoire, du inpins à certains yeux, la haute figure de M"*^ de Maintenon, c'est que tout en elle porta trop en apparence, sinon en réalité, ce cachet du cal- cul. ' Peut-il y avoir de la vraie grandeur sans spontanéité? Ponrquoi s'opiiiiàtrer à distinguer les individualités histo- riques, seulement lorsqu'elles ont fait grand bruit? Et pour- quoi tenir si peu compte des êtres rjui ont été foncièrement bons! Oh ! quelte révolution dans l'histoire, si le sceptre re- venait, non à l'habileté, mais à la bonté qui se donne, et se dévoue, et suit modestement sa roule! Libre aux partisans de M"*' de Maintenon, de célébrer cette science patiente qui la conduisit, de sa première situation, d'abord voisine de * l'indigence, jusque sur le premier trône du monde ^. Mais ' La nature de M™* de Maintenon sera toujours très-énigmalique; il faut étudier cette femme célèbre dans ses lettres, parce que là, son personnage se reflète le mieux. Sans la traiter de prude artificieuse et dévote, sans épouser les appréciations violemment injustes de la ducliesse d'Orléans, ni la haine inexplicable de Saint-Simoo, disons qu'on doit admirer en M"" de Maintenon ses qualités éminentes, mais qu'on n'est pas tenu de l'aimer. On a fait re- marquer qu'au temps où elle était gouvernante des enfants de M"" de Mon- tespan, elle ^e plaignait toujours, n'étant jamais contente, croyant jouer en toute chose le rôle de dupe, ne laissant jamais paraître un mouvement de reconnaissance quand on faisait pour elle quelque chose d'obligeant, n'ayant qu'une satisfaction sèche. Elle sut s'arranger de façon qu'on eut chez le roi une grande idée des services qu'elle rendait, et do l'étendue de ses sacrifices. Eh bien, il est permis de ne pas aimer ces natures. Pour nous, elles nous éloignent. Nous ne croyons pas â des calculs hypocrites de M°" de Maintenon; mais n'est-ce pas trop que d'avoir fait naître l'idée que derrière chacune de ses actions il serait possible de trouver un calcul, une diplo- matie? On a reproché aussi à M"' de Maintenon " le soin continuel et l'art mer- veilleux de cultiver à la fois Dieu et le monde; . elle écrivait à son frère, après l'acquisition de la terre de Maintenon, tout en lui recommandant le soin spirituel de son àme et de son salut Adieu, mon cher frère, nous ferons grande chère à Maintenon si Dieu nous conserve. » Toutefois, il ne faudrait pas trop presser ces amalgames, dont le pauvre cœur humain, si contradictoire, offre le continuel spectacle. * IncontcslaLlement, c'est un curieux spectacle historique de voir comment M'"» de Maintenon soutint pendant plus f'e quatre années, devant toute la CHAPITRE ONZIÈME 811 libre aussi, quand on étudie l'humLle reine qui fut à côté de Louis XIV, depuis 16C0 jusqu'en 1683, d'admirer une JDonté qui ne se lassa jamais. Nous Laiserions volontiers les pages des contemporains qui racontent les faits de bonté touchante, intime, qui composent l'existence entière de Marie-Thérèse d'Autriche *, tandis que la savante et per- sévérante habileté de la fondatrice de Saint-Gyr n'a rien qui nous attendrisse; elle ne nous touche que fort mé- diocrement 2. Tous les dithyrambes qu'on a faits à la cour, et à rencontre de la rivalité haineuse et de l'orgueil agressif de M"» de Môntespan, les dernières péripéties de cette partie d'échec, dont l'enjeu était le trône. M™ de Maintenon triompha par son sang-froid habile et patient. Et quel chemin avait-elle parcouru, en reprenant les choses à son enfance? Ses parents tombés dans la gêne, les duretés succédèrent à la douceur. On la confondit avec les domestiques; on la chargea des plus vils détails de la maison • Je commandais dans la basse-cour, a-t-elle dit de- puis, et c'est par là que mon règne a commencé. » • Tous les matins, un loup sur le visage, pour conserver son teint, un chapeau de paille sur la tête, un panier au bras, une gaule à la main, elle allait garder les dindons, avec ordre de ne toucher au panier, où était le déjeuner, qu'après avoir appris cinq quatrains de Pibrac. » La Beaumelie. Il y eut de l'habileté à deve- nir l'épouse légitime du roi de France, et du plus magnifique des souverains. 'On parla beaucoup de lacréation de Saint-Gyr; Marie-Thérèse sourit plus aux gens humbles et modestes, ennemis de ces œuvres à grands fracas, où le créateur se mire lui-même. J'admire plus Marie-Thérèse avec un tablier, servant une cuillerée de soupe à un malade, que M""= de Maintenon, se pro- menant à Saint-Gyr, et faisant redire à toute l'Europe qu'elle fondait un asile pour les jeunes filles nobles. * Nous ne voudrions pas faire cause commune ^vec ceux qui, sous l'empire de préventions d'une origine suspecte, ont voué de l'antipathie à M"» de Main- tenon. Il est certain qu'elle vint dans un moment fort difficile; Louis XIV roulait vivre en famille auprès de la dauphine; le temps de M™^ de Montes- pan, qui avait fatigué le roi par ses hautaines querelles, était fini. Il y avait encore une reine qui n'abdiquait pas ses droits sur le cœur du roi. Que faire? D'ailleurs, M"» de Maintenon inspirait de la confiance au roi, qui se plaisait dans sa société, elle avait des principes religieux et de la conscience; elle voulait s'attacher aussi le cœur des deux princesses la reine et la dau- phine. Par le fait, elle eut une de ces natures souples, adroites, qui arrivent à tout concilier. Il y a des gens qui, sans en avoir la conscience, sont né> ha- biles, de cette habileté qui s'insinue dans tout. On les croirait des Machiavel qui préméditent tout. M"» de Maintenon réussissait, sans intrigue; elle était née pour réussir. On lui avait fait une mission soit son directeur, soit le clergé, celle de pousser le roi à une vie plus morale et plus exemplaire. Il se trouva que tout en remplissant un devoir, elle fit les affaires de sa fortune personnelle. Ajoutons tout ce qui servit M"»* de Maintenon, et qui dispense d'habileté. M"'' de Sévigné rappelle que, par le charme d'une conversation 812 .MADAMK 1K LA VALLliUli louange de M"'° de Maiiitcnon, pâliront, pour beaucoup de lecteurs sensés, à côté du témoignage suivant, rendu à la condescendance sincère et aiïable de Marie-Thérèse, par un contemporain des mieux informés Comme Dieu a imprimé sur le front des personnes souveraines le ca- ractère de sa majesté, les peuples ne peuvent les approcher sans estre étonnez, et à moins qu'ils ne s'abaissent et ne ca- chent cet éclat de grandeur pour se rendre populaires. Ces- toit ce que faisoit admirablement nostre incomparable reyne, elle estoit ingénieuse pour cacher la souveraineté sous les grâces de son visage, et tempérant l'austérité du comman- dement par la douceur de sa parole, elle substituoit à la place de la crainte des sentiments de tendresse et de res- pect... » Le même personnage, interpellant dans une haran- gue publique, non ceux qui ne voyaient Marie-Thérèse que de loin, mais ceux qui la voyaient de près et chaque jour, leur demande ' Vous le savez, pauvres domestiques qui l'avez servy, combien sa domination estoit douce et éloignée de l'arrogance des maîtres? Quel est celuy qu'elle a jamais repris avec aigreur? Que si sa vivacité naturelle la fait quel- quefois échapper, n'estoit-elle pas la première à s'en aperce- voir, et cherchant l'occasion de parler à la personne affligée, sa parole qui estoit un merveilleux baume pour la blessure du cœur, ne guérissoit-elle pas la playe aussi tost qu'elle l'a- spirituelle et sensée, elle fit connaître à Louis XIV ui p^i/s loul nouveau lettres du 9 janvier, 21 juin, 17 juillet 1680. Et M. Saint-Marc Girardin explique d'une manière spirituelle ot fine, comme quoi M">e de Main- tenon devait réussir; les; — la dernière partie, joignant l'église, n'était élevée que d un étage carré. Une aile en retour faisait face sur la rue d'Enfer, à côté de la porte d'entrée ; elle était de même élévation que le grand bâtiment. Il y avait, dans tout cela, grands appartements, parloirs, chapelles, tours, passage de porte cochère voûtée en pierre de taille; puis un pavillon, cour, jardin. 820 Al'PKNDlGE 2o En face du grand corps de bàliincnl, se trouvait la grande cour conventuelle ou claustrale. 30 Le bâlimenl situé entre la grande cour d'entrée ou claustrale el le cloître à gauche, avait le premier et le deuxième étage distri- bués en cellules et en corridors. 40 Le grand bâtiment à la suite avait au rez-de-chaussée le chapitre, le noviciat, et au premier étage, un grand corridor, et sur toute la longueur, de petites cellules. 5" A gauche du bâtiment précédent était un bfitiment en aile donnant sur le jardin et sur le grand mur de clôture vers la rue de Saint-Jacques; — là se trouvaient deux grandes salles d'infirmerie. G" Venait un autre corps de bâtiment joignant le mur de clôture mitoyen; il yavait,au premier étage, infirmerie, et un oratoire àcôté. 70 On avait ensuite un autre édifice entre le cloître et un petit jardin, dit jardin de Saint-Jean, au derrière de l'église ; c'est là qu'était le réfectoire, au-rez-de-chaussée. 11 y avait encore des cel- lules au premier. 80 Une partie de bâtiment entièrement en pierre de taille, ren- fermant la sacristie, — puis au premier étage se déployait le grand chœur des religieuses. 90 Nommons enfin et surtout l'église qui s'étendait en longueur sur le passage de la rue d'Enfer à la rue Saint-Jacques, el dont la porte d'entrée s'offrait en venant par la porte de la rue d'Enfer, tandis que le chevet en était vers la rue Saint-Jacques. Voir .4}t/iî- ves du domaine de l'État, à la préfecture de la Seine, ainsi que le plan de Paris, dit de Turgot. Terminons cette description par l'indication des jardins qui ve- naient après tous les bâtiments conventuels, les cours et basses- cours. Le couvent avait deux grands jardins clos, tant sur la rue d'Enfer, que vers les maisons particulières sur la rue Saint-Jacques, et séparés entre eux par de grands murs de clôture soutenus par des éperons en pierre. Dans la première partie du jardin était un bassin en pierre de taille, formant jet d'eau ; et près le grand mur de clôture vers la rue Saint-Jacques on voyait deux petits oratoires, bâtis en pierre de taille. Signalons aussi, entre le grand bassin et le mur de clôture de la rue Saint-Jaciuos, un édifice servant de cha[elle ou d"oratoirc ; il n'était élevé que d'un étage, et il portait un faux clocher au-des- sus du comble couvert en ardoises; le perron montant audit ora- toire était en pan coupé de chaque côté, composé de six marches de pierre. Quant au jardin, une partie était plantée d'une grande avenue de tilleuls; le reste était en potager, arbres fruitiers, oran- gerie, etc. Enfin la totalité du terrain était dans son pourtour entourée d'un grand mur, et garnie d'éperons et de piliers battants; on en voit une portion considérable depuis qu'on a abattu les maisons Our faire le boulevard de Port-Royal, qui est la rue de la Bourbe élargie. NOTES RELATIVES A MADAME DE LA VALLIÈRE 821 Mais quelles étaient les originos premières de ce couvent? qu'a- vait été cet enclos avant d'être aux Carmélites? Le territoire occupé par les Carmélites formait la principale par- lie de l'emplacement qu'on nomma, dans les premiers siècles, le champ des Sépultiurs, tant on y a trouvé, à diverses époques, un nombre considérable de tombeaux romains et chrétiens. Plusieurs historiens, Corrozet, qui écr'i\ Antiquités de Paris au xvi n'habitait ]as dos chambres ornées avec un luxe royal. N'oublions pas qu'une fois sortie du monde, M"'p de La Vallière ne voulut vivre que d'humilité et de pénitence, et n'avoir d'autre résidence qu'une pauvre cellule nue et délabrée. Un de ses contemporains, Gregorio Leti, qui prit ses renseignementsauprèsdu directeur spirituel de la duchesse, assure que pour rien au monde, une fois vouée à Dieu, elle n'aurait consenti à occuper des apparte- ments princiers. Écoulons-le lui-même dans son Teatro Gallico Enlrala poi nel Monaslero, quivi comincio a vivere con una vita di lanla morlificazione che le monache istesse pigliavano da Ici esempio. Veramente io ho parlalo col suo Padre confessore, che mi disse cose stupende délia vila esomplare di quesla Donna, che vive spogliata del lulto dogni qualunque cura del senza volerc sapere minima cosa di quelle si fà in Parigi, non pensando ad altro che a'digiuni, aile confessioni, aile discipline, agli alli d'humillà, et ad esser sempre la prima al choro, l'ullima a parlire. » Reste l'exlrémilé sud de l'ancien enclos des Carmélites ou la partie comprise entre la brasserie du Luxembourg et le boulevard de Port-Royal, c'est-à-dire entre le no 'i'i et le n" ol de la rue d'Enfer, et qui constituait dans sa totalité le jardin des Carmélites que divisait un mur mitoyen, avec ses diverses dépendances, serres, orangerie, réservoir des eaux d'Arcueil, bassins, etc. Les divers propriétaires de cette portion méridionale de l'ancien couvent sont M. Roussot, M. Jacquin fabrique de dragées par procédé mécani- que, Blii'eSilvain Péant, M""' Renaud, M. Marchandon, M. Michaud, M"!" Marchand, etc. Aucune des habitations qu'on voit aujourd'hui rue d'Enfer, du n" 27 au no 49, n'existait du temps des Carmélites. Ce qui nous intéresse historiquement, dans ce troisième lot, est ce lu'oii aipelle YOraloire de la duchesse de La Vallière, faisant partie de rein]lacemenl que possède M'"o Renaud, emplacement que le iercemenl de la rue Nicole vient de couper en deux. M. Silvain Péant, jardini;r-tleuristc du roi, en était propriétaire au commen- cement de la Restauration ; il jiassa ensuite à M. Trenier, Mdi Re- naud l'a acquis ensuite, et le loue maintenant à M. Trenier fils. Charpentier. Les ilans de Paris de Conibousl de \[\\-?. o[ do Turgot de 1740, NOTES RELATIVES A MADAME DE L\ VALLlfilŒ 8'29 ainsi que les papiers do l'Hôtel de Ville relatifs à la vente des biens nationaux sous la première République , indiquent rexislence de plusieurs oratoires dans l'enclos des Carmélites. Le seul qui subsiste encore est inclus dans la propriété de Mme Renaud, et se trouve habité par M, Trenier. C'est ce débris du xvii° siècle, qui a servi d'aliment à diflférents articles dans les journaux français de 1867 et de 18C9 mai et juin. Voici l'article du Moniteur de 1809 répété, nous dit-on, par YUniou, le Français, le Siècle, le Clocher, la Patrie, le Fiijaro, le Monde, etc. L'Oratoire de ilf'»c la duchesse de La Vallière. Le percement aujourd'hui terminé d'une rue non projetée, et par conséquent non indiquée sur le plan d'ensemble de la ville de Paris, a mis à découvert un monument très-ancien, et le plus inté- ressant par ses souvenirs, qui soit encore debout sur la rive gauche de la Seine. » Cette rue tient au nord à la rue du Val-de-Gràce. Elle aboutit au sud au boulevard de Port-Royal. Sa longueur est de 240 mètres seulement. Elle est établie sur une partie des terrains composant le clos de l'ancien couvent des Carmélites. Ce clos était considérable, il renfermait neuf arpents de terre et s'étendait jusqu'au clos des Chartreux, rue d'Enfer. » Sur le développement de la rue qui vient d'être percée, on remarque, sur le côté gauche et vers le boulevard de Port-Royal, une chapelle parfaitement conservée, dont la couleur noirâtre des pierres de taille qui forment la façade atteste seule l'origine antique. C'est l'oratoire sur les dalles du[uel s'est agenouillée, et a prié Dieu pendant trente-six ans, Louise-Françoise de La Baume Le Blanc de La Vallière, la favorite du roi Louis XIV, » L'édifice a quelques mètres de longueur. Le fronton est orne- menté très-simplement. Au milieu d"un branchage de palme on distingue I H S, et au-dessous M. A. L'oratoire a un dôme à pignon très-élevé et dentelé sur les deux côtés. L'intérieur a été entière- ment transformé et affecté à une habitation bourgeoise. » A l'extrémité de l'intérieur du monument et à la partie gauche de l'endroit où s'élevait l'autel, était placé dans une niche le prie- Dieu de la royale recluse. C'est là que, chaque nuit, couverte d'un cilice, les pieds nus, la maîtresse du grand roi venait chanter et réciter les versets des matines. C'est là que, presque mourante de douleur, un jour la duchesse de La Vallière, prévenue de la visite de Bossuet, reçut le grand orateur chargé de lui annoncer la nou- velle de la mort de son fils, le comte de Vermandois. C'est là enfin que la duchesse de La Vallière vint lire à haute voix devant les religieuses, ses amies les plus intimes, la lettre chrétienne et émi- nemment consolante que lui adressa de Rome, en 1673, l'illustre pape Ganganelli, Clément XIV. » L'oratoire de !a duchesse est en ce moment habité par un négo- 830 API'ENDICE ciant en bois de construclion lui lient à honneur de respecter cette intéressante habitation, laquelle ne disparaîtra que dans quelques années, lorsque le bail de l'enclos seia fini. » Cet enclos, plus large alors i\\i"i\ n'est aujourd'hui, était, sous Louis XVIII, occupé par le célèbre jardinier-ileuriste, Silvain Péant, chargé des parterres des jardins royaux et des résidences royales. De magnifiques plates-bandes de rosiers se faisaient remarquer dans cette enceinte et l'on venait admirer ces arbustes de tous les luartiers de Paris. » La duchesse de Derry, qui aimait beaucoup les fleurs, vint un jour se promener chez Silvain et fut tellement frappée de la magni- îicence de ses produits qu'elle voulut emporter au château un bou- uet sorti de ces plates-bandes. » Pour conserver le souvenir de cette visite, le jardinier de Louis XVIII fit dessiner les roses qui composaient le bouquet de la duchesse de Berry, et, de ces dessins à l'aquarelle, qu'il lit mettre sous verre, il forma l'encadrement d'une glace sans tain existant dans la première pièce de l'oratoire et que l'on voit aujourd'hui dans un état parfait de conservation. » Voir le Moniteur du 25 mai 18G9 et le Clocher du 12 juin même anni^e. Nous ne blâmerons pas l'auteur de cet article intéressant, de participer â la piété populaire envers M'^e Je La Vallière. Tou- tefois on est plus exigeant pour un livre d'histoire que pour un ar- ticle éphémère de journal. Nous dirons, dans un autre paragraphe de cet Appendice, les impossibilités que rencontre la prétendue lettre du pape Ganganelli Clément XIV à Bl'ne de La Vallière, puisque il y a une confusion de dates. Ensuite, quand du seul des oratoires nombreux que renfermaille clos des Carmélites, du seul subsistant de nos jours, on en fait l'oratoire spécial de Mme de La Vallière exclusive- ment aux autres religieuses, M'ii^ d'Épernon et tant d'autres, sur quelles indications positives se fonde-t-on pour affirmer aujourd'hui cette particularité? Passe pour la niche où était placé un prie-Dieu si c'était l'oratoire spécial de M""e de La Vallière, rien ne s'oppose, dès lors, à ce que le prie-Dieu de la royale recluse fût placé là. Au reste, en ce qui concerne la visite de la duchesse de Berry dans l'enclos des Carmélites, et le souvenir qu'en voulut garder le jardinier-fleuriste Silvain, nous n'avons qu'à nous en reposer sur l'auteur de l'article, qui a dû recueillir, à cet égard, les traditions locales. Jusqu'où ne va pas la piété aussi bien que l'imagination popu- laire ? On a prétendu, sans aucune raison, que M""-' de La Vallière avait été ensevelie dans le sol de cette chapelle désormais appelée Oratoire de M'"c de La Vallière, ce que des fouilles réjjétécs n'ont nullement confirmé. Voici ce qu'on lisait, il y a plus de quinze ans, dans un article de journal, signé Albert-Aitbert, par conséquent avant \c- percement de la rue Nicole, et pendant que les rosiers de M. Péant embaumaient encore le faubourg Saint-Jacques L'agonie de M"i'' de La Vallière fut longue et douloureuse, ce corps si charmant NOTES RELATIVES A MADAME DE LA VALLIÈRE 831 st llclrissait et périssait en détail. Elle mourut oubliée de Louis, ou- bliée de ceux qui avaient vu son bonheur ; elle mourut les yeux levés vers le ciel, et la douceur que l'on y voyait peinte remettait en mé- moire les paroles que la pénitente avait dites à Mme de Montespan Non, je ne suis pas aise, mais je suis contente. » Et maintenant elle repose sous une chapelle mortuaire, dernier reste des Carmélites au fond d'un faubourg de Paris ; elle y dort au milieu des roses, comme si le ciel avait béni la tombe de la douce repentie. Paris a respecté le saint enclos, et sur cette terre sacrée il a planté ses fleurs les plus belles et les plus suaves. Des myriades de rosiers entourent la chapelle funèbre, et l'âme de sœur Louise res- pire dans le parfum de toutes ces roses ! » Tout en contestant la sépulture déiinitive, nous ne nous opposons pas au fait de dépôt provisoire rapporté récemment par un autre journal On prétend que le corps de la sœur Louise resta long- temps déposé dans la petite chapelle, que l'ouverture de la rue Nicole vient de dégager et de mettre en lumière. » Mais les poètes eux- mêmes n'onl-ils pas payé leur tribut? On nous assure que 31. Alexan- dre Dumas, qui s'est emparé du nom de M""" de La Vallière, dans son Vicomte de Bragelonne, comme dans son Siècle de Louis XIV, mentionne aussi la chapelle du grand couvent, dont il est ici question, et qu'on voit encore, égarée au milieu de constructions profanes. Une jeune fille, une héroïne de son roman des Mohicans, ayant sa demeure dans le voisinage du Val-de-Grâce, y parle, dit-on, de cette chapelle en y évoquant les souvenirs de M"e de La Vallière. Du reste, le Monde illustré du 10 avril 1869 et la Semaine des Familles du 14 août 1869 ont donné une vue de cette chapelle, longue d'en- viron dix mètres, avec le beau pied de vigne qui marie son feuillage aux sculptures noircies par le temps. Ce qui est sûr, c'est qu'on nomme ermitages, au Carmel, de petits oratoires que sainte Thérèse veut qu'on trouve, comme des stations pieuses, en divers lieux du monastère. L'oratoire qui subsiste encore rue Saint-Jacques peut, à certains égards, s'appeler YOratoire de M'"" de La Vallière, puisque certainement elle allait, comme ses compagîies, y prier. Un de ces oratoires du couvent de la rue Saint- Jacques avait dix tableaux peints sur bois par Ph. Champagne, re- présentant la vie de Jésus, six panneaux et plafond peints par le même. C'était probablement l'oratoire que nous voyons encore, et qui était le plus important, situé, au reste, presque au milieu du grand jardin. Le nombre considérable de pèlerins, que l'article de journal eu question a conduits pendant les mois de mai, juin et juillet, vers cet oratoire, témoigne de nouveau combien tout le monde s'incline de- vant M™" de La Vallière. Pour parler comme un des personnages d'un article de M. A. îSettement, si on est assez mal-appris pour garder son chapeau devant la duchesse, on se courbe devant Louise de la Miséricorde. » 832 AI'I* II DES LKTTIIES DE M'" IpE — COLLECTION EGERTON DC Muséum de loudres. — lettre inédite, conservée a charthes. — nom- breuses DÉMARCHES POUR LA FAIRE CONNAITRE AU PUBLIC. — LETTRE AUTO- GRAPHE ET INÉDITE DE M""» DE LA VALL'ÉRE A MGR HUET, ÉVÈQUE DE SOJSSONS. — LETTRE ALTOGKAPHE ET INÉDITE DE M"'>^ DE MAINTENON. Les lettres semblent encore un prolongement de la personne. Ces lignes tracées sur le papier survivent à l'existence matérielle de l'homme, parce qu'elles ne tombent pas comme lui sous les coups directs de la mort. Telle est la raison de l'importance qu'on attache à retrouver des lettres de personnages que le temps a couchés dans le tombeau. On les voit pour ainsi dire réapparaître et respirer dans leur correspondance avec leur génie, leur âme, leur cœur et leur intelligence. Les lettres ont même cet avantage, de présenter les hommes, en dehors de toute parade, avec leurs vraies pensées, telles qu'elles se répandent, simples et spontanées, dans un entretien confidentiel. De là, l'ardeur à rechercher des lettres et des autogra- phes de M""' de La Vallière, aussitôt après sa mort. Claude Lequeux est le premier qui publia, en 1767, un recueil de lettres d'elle, au nombre de cinquante la première datée de Tournay, le 9 juin 1673; la dernière des Carmélites de la rue Saint-Jacques, du 17 novem- bre 1693. Ces lettres adressées par l'illuslre pénitente au maréchal de Bellefonds eurent une grande vogue, le public les dévora. Ce recueil fit désirer celles qui demeuraient ensevelies » et que Le- queux n'avait pu recouvrer. Les fouilles ont recommencé de plus belle, dans le xixe siècle. On aurait voulu découvrir quelques dé- brisd'épîtres, danslesquelles Mmi'deLa Vallière aurait inscritquelque vivant souvenir deson paradisde Versailles. Aussi quel empressement et quelle foule dans les ventes publiques, où l'on annonçait des au- tographes de la célèbre carmélite! combien qui espéraient retrouver dans la poétique confidence de la duchesse la chanson dts vingt ans, toujours chantante, toujours haïe et toujours douce! » Qui ne pensait mettre la main sur quelque révélation touchant le roi, les enfants de Mm^' de La Vallière, sa rivale, enfin tout ce qui disputait son cœur à Dieu? 11 y eut en 1S27, 181i, 1845, 1817, 18o2, 1855, des ventes publi- ques, où figurèrent des autographes de la duehesse. M. Pierre Clé- ment et M. Arsène Houssaye en ont publié la liste d'après les catalo- gues Sotheby, Charon, Laverdet, Soleinne, M. L...,G..., Tout ce que nous y trouvons de ]lus saillant, c'est ce mot que M"'e de La Vallière écrivait à révèue d'Avranches, Jlgr lluet Je suis sy per- » suadée que le plus grand avantage qui me puisse arriver est d'eslrc ï oubliée. " NUTES UliLATlVES A MADAME DE LA VAELIEIŒ g33 Exislc-t-il de Mme de La Vallière beaucoup d'autres lettres, outre telles qui onlélô publiées jusqu'à ce jour? S'il fallait s"en rapporter aux Mémoires de la baronne d'Oberkirch, la duchesse de La Vallière possédait, en 1782, de nombreuses lettres de la carmélite. Mais plu- sieurs des assertions de Mme d'Oberkirch ont besoin d'être contrô- lées de plus l'opinion personnelle de M. Pierre Clémentde llnsti- tut est, qu'après ce qu'on a publié de cette femme dans ces derniers temps, il doit rester d'elle peu ou point d'autres lettres inédites. Voir 7J/rao/e Monlespau, à l'Appendice, p. 362. Commençons par remarquer qu'on ne retrouve pas de lettres de Mme de La Vallière, Our la période de 1661 à 1G70, c'est-à-dire pour le temps de sa faveur à la cour. Louis XIV a-t-il tout jeté au feu? Tout ce qu'on a découvert et publié est signé Louise de la aéricorde. Nous devons à Claude Lequeux les principales lettres que 3I"'e de La Vallière a écrites quand elle méditait sa retraite, et puis quand elle fut carmélite. Là se trouve un véritable intérêt épislolaire; ià on entend vibrer le cœur de cette personne célèbre. Les lettres que nous avons données de nos jours sont à côté de celles-là bien pâles ou nulles, sous le rapport de l'intérêl. M. Arsène Houssaye a inséré deux lettres inédites dans son livre sur iiy'ie de La Vallière {appendice, p. 410, 411, dont l'une est adres- sée à M. Dodart, l'autre au Père Mabillon. Il a donné un fac-similé de celle à Mabillon. Du moins danscette lettre, M^e de La Vallière jette un coup d'œilsur son passé; elle dit qu'elle marche avec ferveur dans la pénitence qu'elle est obligée de i faire, afin de n'avoir pas à ré- pondre un jour de ses crimes passés... » M. Pierre Clément, si dévoué de cœur et d'intelligence au'pro- grès de la science historique, a reproduit aussi dans son édition des Réflexions sur la miséricorde de Dieu, imprimée en 1860, douze let- tres inédites adressées à diverses personnes, par M"ie de La Vallière, depuis son entrée aux Carmélites. Depuis ce temps, M. P. Clément a eu la bonne fortune de découvrir cinq autres lettres inédites, dont il a enrichi son récent ouvrage sur M'"e de Monlespan, à l'appendice, p. 362 et suivantes. Il y a donc presque à désespérer maintenant de trouver aucune lettre inédite de Mme de La Vallière, après MM. Feuillet de Couches, P. Clément, de l'Institut, Arsène Houssaye. Nos investigations dans le but de découvrir quelques-unes de ces lettres, ont produit moins de résultat que nos recherches sur Marie-Thérèse d'Autriche. Nous nous étions adressé au Britisli Muséum de Londres pour retrouver. dans la collection de lord Egerton la trace d'une lettre de M'^e de La Vallière, sur laquelle M. Paul Lacroix, conservateur à la biblio- thèque de l'Arsenal, nous avait fourni quelques indications. Celle lettre n'a pu être découverte dans la vaste collection britannique. On parlait dans un article de journal d'une lettre adressée à Mws de La Vallière par le pape Clément XIV. S'il y avait une lettre 83i APPE.\'DÎCF> lu pape en 1076, elle ne jjourrait élre que du doux et paciliqur Altieri, qui devint Clément X en i'>70. Nous avons recherché une lettre de Louis XIV, curieuse p;ii su date, c'est-à-dire la première leltre que le roi adressa à MU'' de Vallière. Cette lettre dont il est question dans un des cha- pitres de celte histoire, se trouve aujourd'hui à Chartres en des mains qui, pour le momcnl, se sontrefusées à nous en douuer con- naissance. Voyages, démarches de toute sorte, tous les moyens em- ployés par nous, pour en obtenir communication, ont été sans succès. L'honorable iersonne que nous avions priée de renouveler nos instances, nous écrivait de Chartres, le L'' décembre 1862. — Monsieur l'abbé, » je me suis acquitté avec plaisir de votre commission auprès dr » jL^'c veuve R..., mais j'ai le regret de vous annoncer que cette i> dame est très-décidée à ne donner communication à personne, » mitre qu'à M. de des autographes que lui a laissé son mari. » Elle veut les vendre un jour, et le moment sera venu dès que » M. de en aura fait le dépouillement avec elle. Son intention » est de les offrir diredeiuent à la famille de.... avant de les mettre publiquement en vente. M. Cousin, ami de son mari, a vu cette 1 leltre de Louis XIV et d'autres avec, mais elle ne consentira plu-s » à les faire voir ; en un mot, cette dame ne fera rien que par 1' M. de J'eusse voulu, monsieur l'abbé, vous donner de>; » nouvelles plus heureuses, mais... » Même insuccès pour quatre autres lettres autographes de 'M'no tif La Vallière, dont M. Feuillet de Couches nous avait donné infor- mation. Nous sommes arrivés trop tard, nous nous en consolons, voici pourquoi. La plupart des lettres de M"' de La Vallière, qu'on donne, depuis cellesde Claude Lequeux, sont dépourvues en général de toute valeur littéraire et de tout intérêt historique. Elles n'ont d'autre importance que celle qu'elles tirent du nom et delà main tjui les a tracées. Très-insignifiantes en elles-mêmes, elles n'apprennent absolument rien, ne disent rien au cœur ni à l'esprit, ne font allusion à quoi que ce soit qui puisse intéresser le lecteur. Ensuite pour les quatre lettres en question, hàtons-nous de dire qu'elles ont déjà été publiées par Lequeux. Seulement, comme ce sont les originaux, les autographes eux-mêmes de M"hî de La Vallière, on pourra corriger Lequeux, s'il n'était pas exact. Ce sont les lettres à Bellefonds. Nous avons cru devoir essayer de nouvelles tentatives en ces derniers jours avril 1869 à Chartres, pour la première lettre de Louis XIV à M'ie de La Vallière, elles ont échoué comme par le passé. Si nous sommes bien informé, le propriétaire de cet autographe , simple billet du grand roi , se serait même plaint amèrement de notre insistance il se méfierait de nos intentions et refuserait d'admettre que ce soit un simple motif de A'OTES RELATIVES A MADAME DE LA VALLIÉRE SXi fiuriosilé, qui nous pousse à vouloir en' prendre communication. Voilà jusqu'où a 6l6 notre zèle, pour découvrix quelque chose d'iné- dit de Mme de La Vallière ; il nous a fait encourir un reproche d'in- discrétion, qu'il est toujours désagréable de recevoir. En attendant, nous sommes une des preuves vivantes que M. P. dément s'est trompé sur un des signes du temps, quand il a écrit la remarque suivante, {ui s'adresse, nous le croyons, au billet de Louis XIV, conservé t ' . JÉSUS V MARIA Nous vous » N' allons àv% Monseigneur, avec une extrême confiance » en V"'* bonté, espérant obtenir de v^ une grâce qui n= fera un sensible plaisir, elle est en V*^ pouvoir, c'est pourqu'oy » n^ croyons n'estre pas refusée. M. de la Ghesnaye, mon ancien amy, v' dira, Monseigneur, de quoy il* s'agit; n^ ^ n'antrons pas dans le détail n' mesme, crainte de v' impor- 1 Entre 1683 et lûSQ, puisque Huet fut évéque de Soissons en lt}85 et d'Avranches en 1689. 83G APPENDICE » tuner, vous assurant, Monseigneur, que n^ sommes avec respect v""" très-humble et très-obéissante fille et servante, s"" Louisi Di la miséricorde, R^"^ G*' INDIGNE. Suscription de la lettre Y Monseigneur Monseigneur l'évéque de Soissons. M, Clément, de l'Institut, a dit que l'original de cette lettre se trouvait à la Bibl. imp., Mss. suppl. français, n^ b' Correspon- dance deHuet, t. I. — 11 est positif que nous venons d'en voir l'origi- nal chez M. Gauthier la Chapelle, et que notre vénérable secrétaire de l'Institut historique nous a gracieusement permis d'en prendre copie. Voici maintenant la lettre inédite de Mme deMaintenon, écrite à l'occasion du mariage de Louise Julie d'Hautefort avec Auguste Su- blet, marquis d'Heudicourt ; elle est adressée à la marquise de Sur- ville Anne Louise de Crevant d'Humières, femme de Louis Charles d'Hautefort, marquis de Surville, et mère de Louise Julie. Adresse A madame, madame la marquise de Surville. Le cachet représente un fil à plomb avec celte devise Rectè. , " Ce 4 may 171o. Il m'a esté impossible, Madame, de répondre plustost à la lettredont vous m'avez honorée quelque envie que j'eusse devons marquer ma' joye et ma recognoissancedu bonheur » que vous procurés à M. le marquis d'Heudicourt il ne » pourra jamais. Madame, s'acquitter de tout ce qu'il vous » doit, car certainement vous luy faittes un beau présent et la manière a esté si agréable qu'il sembloit que tout i'advan- tageestoit devoslre costé,j'en ay admiré toutes les circons- tances et je me trouverois embarrassée si j'estois à sa place de tout ce quej'auroisàfaire pourm'acquitter de si grandes » obligations, j'ay toujours regardé comme une des miennes, » Madame, d'être plus que personnes votre très humble et très obéissante servante. » Signé Maintknox. » NOTKS RELATIVES A MADAME DE LA VALLIERE 837 m LE LIVRE DES Ri'flfxions HUT la miséricorde de Dieu, par iw^ de la vallière. l'exemplaire du LOUVRE, CORRIGÉ DE LA MAIN DE COSSUET. — QUATRE FAUES DU GRAND DAUPHIN, AVEC DES CORRECTIONS DE liOSSUET, POSSÉUÉES PAR l'auteur et employées PAR LUI POUR COMPARER ET POUR JUGER DE l'authenticité des de l'exemplaire DU LOUVRE. Les Réflexions sur la miséricorde de Dieu, par une dame péîiitente, parurent en 1680 ; elles onl été attribuées à M^'o de La Vallière. Ces réflexions n'avaient pas été écrites pour être publiées ; elles portaient en tête un avertissement qui expliquait ainsi la publication du livre et l'anonyme gardé par la pénitente Sa modestie et son humilité ne veulent pas qu'on la nomme, et elle n'aurait jamais permis qu'on publiât ces saintes réflexions si elle en avait été avertie et si elles ne lui avaient été enlevées par une dame d'une grande vertu, qui aurait cru commettre une injustice en privant les fidèles d'un ouvrage {ui peut être utile aux pécheurs qui veulent se con- vertir. » L'auteur manifestait ainsi le caractère tout intime de cet écrit, a tracé de sa propre main comme un registre des miséricordes de Dieu, afin que si sa foi venait à chanceler, son espérance à se refroidir et sa charité à s'éteindre, elle put rappeler à son âme par la lecture de ce papier le souvenir et le sentiment des bontés et de la grâce de Dieu. » La bibliothèque du Louvre possède un exemplaire des Réflexions suj' la miséricorde de Dieu, qui est de l'année 1688, cinquième édi- tion, Paris, chez Dezallier; cet exemplaire a l'importante particu- larité de porter de nombreuses corrections marginales ; car voici ce [ue dit de ces corrections manuscrites, une note d'écriture ancienne inscrite sur la garde du volume que possèile le Louvre Cet ex- cellent ouvrage de M^c de La Vallière a été corrigé, comme on le voit de la» main de M. Bossuet ; ces corrections faites avec une sagacité rare, rendent cette édition bien précieuse. » Que penser de l'authenticité des Réflexions et de l'authenticité des corrections de Eossnet ? Le livre des Réflexions sur la miséricorde, vient-il de madame de La ^'allière, et les corrections de Texemplairc du Louvre sont-elles de la main de Dossuet ? En 170D, ce livre en était à-sa huitième édition. Rien ne prouvait au premier abord qu'il fût de Mm" de La Vallière, et quelques cri- tiques prétendirent qu'il pouvait aussi bien être de M"h> de Longue- ville, de M"»p de Montespan ou de quelque autre illustre pénitente. Mais ces doutes ne supportent pas l'examen ; la tradition a toujours attribué ce livre à JI>""îdeLa Vallière. Dès les premières éditions, et du vivant même de M"'»-^ de La Vallière, les journaux de Hollande la 838 iioinmèrent. Le succès extraordinaire que ce livre eut en France, indique que l'opinion n'hésilait pas sur sa provenance. 11 s'en fit à Paris cinq éditions dans l'espace de huit années, et les deux pre- mières dans moins de six mois, coup sur coup. Cette curiosité si empressée du public, tenait au nom de 3Ii"c de La Vallière, cir- culant mystérieusement de bouche en bouche. Plusieurs éditions se succédèrent de 1680 à J710 ; on en retrouve de if93 ; toutes portent le même pseudonyme Par une dame pé- nitenle, » sans un mot de plus. En 1710, sœur Louise de la Miséri- corde meurt, et presque immédiatement après, en 1712, une nou- velle édition jjaraît, enrichie celle fois d'une vie de M"ie de La Vallière, qui divulgue le secret déjà connu, au reste, de la partie informée du public. L'opinion sur le véritable auteur des Reflexiom était donc parfaitement établie du vivant de Mme de La Vallière. 3Ioreri dit dans son Dictionnaire historique 17o9 On lui a tou- jours attribué un petit ouvrage de piété qui a eu grand cours sous le titre de sur la miséricorde de Dieu. » Bayle, l'abbé Lequeux, le P. Lelong, le savant Barbier l'attribuèrent comme Moreri à la célèbre duchesse. M. le baron Ernouf cite dans un sa- vant article le passage suivant des Nouvelles de la république des lettres, de Bayle, sous la rubrique du mois de septembre 1684, deuxième édition d'Amsterdam, passage qui nous donne tout à la fois des détails intéressants sur la vogue que cet opuscule obtint dès le début, et sur plusieurs éditions de Hollande, échappées aux premières recherches de l'éditeur de 1861. Les négociations rolaiives à la délivrance des esclaves eurent moins de succès; elles furent entravées, nous devons l'avouer, par le peu d'empressement que montra Louis XIV à se dessaisir des Maures enrégimentés dans les chiourmes de ses galères. » Dix années plus tard, il la suite de nouvelles hostilitéi où Salé eut beaucoup h souffrir, nouveau traité plus a^antageux encore 0ur la France. » Muley-Ismaël voulut, lui aussi, tirer profit de la paix qui avait été signée; à la veille de commencer contre les Espagnols l'inter- minable siège de Ceuta, il eut l'idée d'intéresser Louis XIV à son entreprise. Donnez-nous, disait-il à M. Pidou de Saint-Olon qui » était venu auprès de lui en mission particulière, donnez-nous des » bombes, des armes et des ingénieurs, pi'ometlcz-nous de tenir une >' armée de mer dans le détroit, pondant que nous assiégerons la " place par terre; cela accordé de votre part, tout vous sera ac- » cordé de la nôtre. » » Les réponses évasives de M. de Saint-Olon jetèrent quelque sur- prise et quelque amertume dans le crur de son farouche interlocu- teur. » Cependant Muley-Ismaël ne songea pas à se venger, il s'em- pressa même d'envoyer à Louis XIV cette fameuse ambassade du Maroc qui amusa, sur les derniers jours du dix-septième siècle, une société déjà lasse de son antiiue simplicité, et avide de nou- veautés. » Abdalla-Ben-Aïssa, amiral de Muley-Ismaël, arriva en France le 11 novembre l!''.>8, ]ortanl avec lui de riches présents trois peaux de lion dune grandeur extraordinaire, six douzaines de peaux de maroquin, les étoffes les plus précieuses; semant ses dis- cours de mots h>urcux, de saillies aimables, de galanteries orien- tales. » A Brest, quelques dames lui ayant demandé pourquoi ses co- religionnaires prenaient jjlusieurs femmes, il répondit que c'était > afin qu'ils pussent trouver en plusieurs ce qu'on rencontre asscm- i blé abondamment en France dans chacune en jarticulier. » n A Uennes, l'intendant général de la province l'ayant prié de lui accorder quelque part en son amitié, il répliqua que ceux qui » avaient celle du roi, comme lui, devaient plutôt lui offrir leur pro- » t'^ction que lui faire une demande de si peu d'importance, » » A Paris, il ne se sentit pas assez d'admiration pour tout ce qu'il voyait; et un jour, penché sur l'un des balcons du vieux Louvre, il NOTES RELATIVES A MADAME DE LA VALLIÈRE 859 s'écria, en regardant la Seine qui coulait au-dessous Quand ces » ondes seraient de l'encre, elles ne suffiraient pas à décrire tant de » merveilles qui ne iailent que de la grandeur et de la magnificence y de Sa Majesté. » » A Versailles, devant l'un des ,jns d'eau les plus élevés, il dit Il suit la renommée de son mailre, il voudrait aller jusqu'aux » cieux. s » Abdalla ne se montra pas seulement un hôte plein de grâce cl d'esprit, digne héritier des Maures de l'Alhambra et de Grenade, il laissa le souvenir d'une âme généreuse et fidèle. » Étant à Amboise, il se fit conduire dans la plaine de Saint- Martin-le-Beau, oii quelques archéologues placent le champ de ba- taille de Charles Martel et des Sarrasins; et là, on le vit se pros- terner avec toute sa suite, réciter les prières les plus ferventes, et recueillir un peu de la terre sainte, de la terre qu'il appelait le pavé des martyrs. ï Durant son séjour à Paris, l'ambassadeur barbare sollicita l'hon- neur d'cêtc présenté à Jacques II, dont il avait été le prisonnier à Londres, et qui lui avait rendu la liberté sans rançon ; il se jeta à ses genoux en pleurant, et le monarque découronné pleura à son tour en recevant ces effusions d'une reconnaissance qui lui arrivait après tant de trahisons. » Muley-Ismaël, frappé par tous les récits d'Abdalla-Ben-Aïssa sur la cour et le pays de France, conçut un dessein plus ambitieux encore que le siège de Ceuta avec l'aide des fleurs de lys, il demanda à Louis XIV la main de la princesse de Conti, assurant qu'elle reste- rait dans su i-eli'jion, intention et manière de vivre ordinaire. » Louis XIV répondit sans sourire, que le Dieu qu'adorait la prin- cesse de Conti ne lui permettait pas de saiisfaire aux désirs de Muley-Ismaël. » Marie-Anne de Bourbon, légitimée de France, fille de M""" de La Vallière, était, on l'a dit dans le cours de cette histoire, célèbre par sa beauté ainsi que par la vivacité et la délicatesse de son esprit. Muley-Ismaël, étant devenu amoureux d'elle sur son portrait, donna lieu à ces vers de Rousseau Votre beauté, grande princesse, Porte les traits dont elle blesse Jusques aux plus sauvages lieux. L'Afrique avec vous capitule. Et les conquêtes de vos yeux Vont plus loin que celles d'Hercule. Ce même portrait, ajoute-t-on, trouvé dans les Indes au bras d'un armateur français pardon Joseph Valeïo Castillan, fils de don Alphonse, mort vice-roi de Lima, lui inspira une passion vio- lente qui divertit longtemps la cour et Paris. Voir la Déesse Monas, on l'Histoire du jortrait de la princesse de Conti, petit volume im- primé en 1698. 860 API'KNDICK C'est le lieu de reproduire ici trois lettres inédites que M. le comte Maxence de Damas d'Hautefort a eu l'obligeance de nous communiquer et dont il a l'original. Elles sont de François-Louis de l>ourhon, prince de Conti. Armand de Bourbon, auteur de la branche des princes de Conti, marié à Louise-Marie Martinozzi, nièce du cardinal Mazarin, avait eu plusieurs fils; l'ainé Louis-Armand, né en 1601, qui fil sa pre- mière campagne en ljS3, avait épousé M'i" de lîlois, fille de M™» de LaVallière, il mourut on IfiH.". Son frère, François-Louis, prit, à la mort de l'aîné, le litre de prince de Conti. Nous donnons de ce dernier trois lettres. La pre- mière est à la marquise de Surville, à l'occasion de la mort de son père, le maréchal d'Humières. La seconde, à la marquise de Sur- ville, est écrite à l'occasion de la blessure que reçut le marquis de Surville. La troisième est écrite pour la même raison à Gilles, comte d'Hautefort. PREMIERE LETTRE. Adresse A madame madame la marquise de Surville, à Paris. Le cachet séparé en deux est aux armes de Bourbon de Condé. Au camp de Courtray, ce 8 septembre. » Je prends, Madame, une véritable part à la perte que vous » venés de l'aire de M. votre père et à la douleur que vous en » avés, je vous en supplie den estre persuadée et que je suis » votre très-humble et très-obéissant serviteur. » Signé François Louis de Bourbon. » DEUXIÈME LETTRE SANS ADRESSE. Vous scavés. Madame, combien je m'intéresse à ce qui » vous regarde. Je ne doute point que M. de Surville ainsi » que vous ne soyés persuadés de ma véritable douleur; je » vous prie que cette lettre soit pour luy comme pour vous de ne point vous donner la pe^iie de me l'aires response et » destres persuadée que Ion ne peut vous honorer plus véri- » tablementqueje fais. » Signe François Louis de Bourbon. » TROISIÈME lettre SANS ADRESSE. Vous m'avez fait grand plaisir, Monsieur, de me mander NOTES RELATIVES A MADAME DE LA VALLIÈRE 861 » des nouvelles -de M. de Surville, je vous prie de me faire » scavoir en quel estât vous lq,vés trouvé, de luy faire Lien des » compliments de ma part et a AP^^de Surville aussi et destre » bien persuadée de l'estime et de l'amitié quej'ay pour » vous. » Signé François Louis de Bourbon.» A Meudon, ce 11^ novembre. On a vu que la duchesse de La Vallièrc avait un frère, Jean P^ran- çois de La Baume le Blanc, qui fut gouverneur et grand sénéchal de la province de Bourhonnais, capitaine commandant les chevau- légers de M. le Dauphin , maréchal des camps et armées du roi. Il commanda des troupes en Hollande en 1665 et 1666, en Berri, dans le Nivernais et le Bourbonnais en 1674 et 1675. C'est de ce côté que se continue la descendance. Ce marquis de La Valliôre avait épousé Gabrielle Glé de La Cotardaye, qui fut dame du palais de la reine Mario-Thérèse. Ce frère de la carmélite, qui mourut en 1696, eut de son mariage 1° Charles-François, 2° Maximilien Henri, 3'^ Maric-Louise-Gabricllc , 4° Marie-Yolande. Charles-François de La Baume le Blanc, marquis, puis duc, fut lieutenant général en 1709. 11 avait épousé, en 1698, Marie-Thérèse de Noailles, fille du maréchal de Noailles, et dame du palais de la dauphine. C'est ce cousin germain que Mi'c de Blois, fille légitimée, princesse de Conti, restée sans enfants, fit son héritier. Elle lui laissa les terres de Vaujours, tous les biens de la duché-pairie, à l'occasion de son mariage en 1698. Le roi Louis XV érigea de nou- veau le duché en faveur de Charles-François, par lettres patentes e février 1723. Quelques généalogistes mentionnent, parmi les neveux de la car- inélite, Maxi^nilien-Henri de La Baume, chevalier de La Vallière; il n'y a rien à en dire, sinon qu'il fut sous-lieutenant des gendarmes bourguignons. On cite aussi une nièce, Marie Yolande, qui fut ma- riée en 1697, au marquis du Brosset qui mourut en 1723.^^110 épousa en secondes noces, en 1726, Jean-Louis de Pontdevez, comte de Tournon, lieutenant des galères du roi. 11 n'est rien dit de sa pos- térité. On a un peu plus parlé de l'autre fille du frère de M"^e de La Val- lière, c'est-à-dire de ^.o.anros de La Baume de La Vallière, que la princesse de Conti, légitimée de France, et sa cousine, avait fait son héritier. Charles-François avait épousé Marie-Thérèse de Noailles, tille et sœur de deux maréchaux de ce nom. Celte duchesse de La Vallière, née en ICSi, mourut dans sa centième année, en l784. Le père de M. le duc d'Uzcs actuel ancien député se rappelait l'a- voir vue. De ce mariage vinrent deux cnïanis Lcuis-C tsar, duc de Vanjours, et Louis-François. Ce dernier mourut sans alliance, âgé seulement de vingt et un ans, colonel du régiment du Vivarais. Louis-César de La Baume le Blanc, né en 1701, mort en 1782. second et dernier duc de La Vallière, s'appela d'abord le duc de Vaujours. 11 fut gouverneur du Bourbonnais, brigadier d'infanterie, grand fauconnier de France et chevalier des ordres. Ce noble duc de La Vallière, Louis César, est surtout connu dans les lettres comme le bibliophile le plus distingué de l'Europe. Sa bibliothèque, qui était une des plus irécieuses qu'un particulier eût réunie, et surtout la science, le goût, l'intelligence qui présidèrent à cette magnifique collection, lui donnèrent une grande célébrité. Son nom vil toujours en un profond respect dans la mémoire des biblio- philes. Le catalogue de la bibliothèque La Vallière, fut rédigé par MM. de Bure et Van Praet; la première partie fut vendue 464, G77 livres 6 sols; la seconde partie, qu'acheta M. le marquis de Paulmy, forme, dit on, le fonds principal de la bibliothèque de l'Arsenal le comte d'Artois, bibliophile distingué dès sa jeunesse, acquit ce fonds avant la révo- lution. Ce duc de La Vallière avait épousé, en 1732, Anne-Julic-Françoise de Crus-sol, une des plus belles et des plus élégantes personnes de son temps, née en 1713 de Jean-Charles Crussol, duc d'Uzès, et de Anne-Marguerite de Bouillon. Elle tint un salon célèbre, dont parle dans ses mémoires la baronne d'Oberkirch, et où passèrent tous les souverains de l'Europe. Elle y reçut, non-seulement ce que les lettres et les arts avaient de plus distingué, mais aussi l'empereur Joseph II, les rois Gustave III, Christian VU, le grand-duc, plus tard Paul I^'' de Russie, le prince de dalles, Georges IV. Quelques lettres de cette duchesse de La Vallière, que possède M. le duc d'Uzès, nous repor- tent avec une entière exactitude à cette brillante époque de l'hôtel de La Vallière, et font foi de ce règne de l'élégance et de la gran- deur. La beauté de la duchesse de La Vallière survécut à l'âge ; NOTES UELATlVtS A MADAME DE LA VALLIÈRE 863 M'"' d'IIoudclot fit pour un de ses portraits un quatrain qui est resté célèbre La nature [jruiien^e et sage Força le temps à respecter Les clianni's de ce beau visage Qu'elle n'aurdil pu répéter. Cette duchesse de La Vallicre, née, comme on a dit, en 1713, veuve du bibliophile depuis 1782, vécut jusqu'en 1796, et ne laissa' qu'une tille unique, en qui s'éteignit le nom de La Vallière. Cette lille unique, Adrienne-Emilie-Félicité de La Baume le Blanc, née en 1740, épousa en 17oG Louis Gaucher, duc de Chalillon. Celui-ci, né en 17;]7, mourut fort jeune, en 1762, de la petite vérole qu'il avait gagnée en soignant les soldais de son régiment. Il n'eut que deux tilles; la seconde, mariée au duc de La Trémoïlle, ne laissa pas d'eiiiants; l'aînée avait épousé son cousin, issu de germains, le duc de Crussol, plus lard duc d'Uzès. Amable-Emilie de Chalillon, duchesse d'Uzès, est morte en 1840. Deux de ses enfants laissèrent une postérité. L'aîné, Emmanuel, qui avait épousé MH'^ de Mortemart, mourut du vivant de son père, veuf et duc de Crussol en 1837 c'était le père de M. le duc d'Uzès actuel, que nous avons l'honneur de connaître, et qui est resté seul, du côté de ses ascendants, depuis la mort de sa sœur la duchesse de Tourzel. La dernière survivante des enfants du duc d'Uzès et de M"" de Chalillon fut la marquise de Bougé, morte octogénaire en 1866, laissant une nombreuse lignée. C'est à sa succession, non encore partagée, qu'appartiennent la terre de Reugny el le petit château de La Vallière, dont il a été question dans les premiers chapitres de cet ouvrage. Nous avons dit que ce modeste château, qui date du xvr siècle, est en partie debout, et qu'il offre quelques jolis échan- tillons de l'archi lecture de la Renaissance. On désigne encore ce petit château du nom de Pelil-La-Vallière. Les parents de M. le duc d'Uzès vendirent après la première révolution, par nécessité, ce qui était resté des vastes domaines de la duché-pairie, duché de Vaujours. Ajoutons que Marie-Thérèse de NoaiUes, duchesse de La Vallière, — Anne-Julie-Françoise de Crussol, duchesse de La Vallière, — Adrienne E. -F. de La Vallière, duchesse de Chalillon,— Louise de Chalillon, duchesse de la Trémoïlle, — et Amable Emilie de Cha- lillon, duchesse d'Uzès, sont enterrées dans la chapelle du château de Wideville , commune de Crépières, aux environs de Paris, non loin de Saint-Germain. Cette propriété ne provient pas des successions de La Vallière, elle était personnelle à Anne-Julie-Fran- çoise de Crussol qui y lit établir sa sépulture ; elle se trouve aujour- d'hui dans la succession de son arrière-pelile-iille, la marquise de Rougé. 864 AI^PENDICE Un moderne historien parle de VHôtel dit de Châlillon, rue du Bac, habité autrefois par M™' de La Vallière » Saint Vincent de Paul, par l'abbiî Maynard, t. 4, p. 296 un édifice disparaît moins facile- ment que des liasses de papier. On lit dans les Mémoires de la baronne d Ohericirch, qui visita la duchesse de Crussol La Valliôre, vers 1782, que cette dernière possédait de nombreuses lettres de sœur Louise de la Miséricorde. Que sont devenues toutes ces lettres? » s'écr'ait devant nous, en 1868, l'un descendants de la duchesse, M. le duc d'Uzès actuel. — Hélas ! il se lève des ouragans qui emportent les frêles feuilles que la main de riiommc avait chargées de notes et de souvenirs ! Il ne nous appartient pas de dire ici comment les nobles et che- valeresques façons des La Vallière d'autrefois revivent dans M. le duc d'Uzès d'aujourd'hui; nous ne pouvons raconter les services qu'il a rendus au pays, soit à l'armée, soit à la chambre des députés. Je me tairai aussi sur son fils qui continue de servir la France suivant les nobles traditions paternelios. Il est de ces mérites qu'il serait presque indiscret d'étaler plein de gratitude pour l'hos- pitalité qui nous fut si cordialement offerte au château de Bonelle, nous craindrions qu'une appréciation dictée par un mouvement de simple juslice ne parût émaner de la reconnaissance, et qu'on ne prît un acte de jugement pour un acte de sentiment. Je ne terminerai pas celte note, sans y ajouter ici un mot sur la Guirlande de Julie, parce qu'on a paru ignorer plus d'une fois ce qu'était devenu ce célèbre manuscrit, intéressant la famille des La Vallière-d'Uzès, cet album d'autographes, cette galanterie raffinée » de M. de Montausier pour Julie d'Angennes, comme l'appelle M. Feuil- let de Couches. On n'a pas oublié que cinq ans avant son mariage, vers 1642, le duc de Montausier avait fait exécuter pour Julie Lucine d'Angennes de Rambouillet un ouvrage demeuré célèbre sous ce nom de hdrlnnde de Julif. C'étaient deux cahiers de vélin , absolu- ment pareils, dont chaque feuille contenait une lleur peinte en mi- niature par Robert, et accompagnée d'un madrigal ; les vers avaient été composés par les meilleurs poêles, et copiés par le calligraphe Jarry. Dix-neuf poètes prêtèrent leurs voix à vingt-neuf fleurs; Mon- tausier avait donné l'exemple, et Corneille lui-même s'était chargé du lys, de l'hyacinthe et de la grenade. Ainsi, quelque temps avant, M'" des Losges avail eu son album où tous les beaux esprits de l'époque, tous les pousseurs de beaux sentiments , comme dit Feuillet de Conrhes, avaient tenu à s'inscrire en prose et en vers. Ce précieux manuscrit de la Guirlande, après avoir été, dit-on, entre les mains de l'abbé de Rolhelin et de M. Rose, fut acheté par le duc de La Vallière, ]elil-ncveu de la carmélite et arrière-grand- père du duc d'l>/.cs de nos jours. Mais la vente de la bibliothè[ue du duc de La Vallière, en 1785 , a jelé de l'obscurité sur le sort du manuscrit. Un petit volume in-24 imprimé en 1818 et publié par la maison NOTES HELATIVES A MADAME DE LA VALLIEHE 803 Didot, intitulé simplement la Guirlande de Julie, reproduit la notice bien connue de Gaignières sur ce célèbre ouvrage. On y ajoute qu'il a été acheté à la vente du duc de La Vnllière par un libraire de Londres, nommé Peyne, et qu'il est resté en Angleterre. Cette asser- tion est complètement inexacte. Il semble, d'après cet opuscule, que La Guirlande a passé en pays étranger et qu'on ne sait aujourd'hui ce qu'elle est devenue. Mieux encore, la forme même du manuscrit parait être ignorée ; car dans la notice des Didot, si l'on a donné exactement le texte qui d'ailleurs a été plusieurs fois publié, la gra- vure des fleurs est toute différente de l'original. Ces erreurs répétées et propagées appellent un mot de rectification sur La Guirlande. Non, dirons-nousavec M. le duc d'Uzès, la. Guirlande de Julie, l'ori- ginal offert par le duc de Montausieren 1640 ou 1642 à Julie-Lucine d'Angennes, n'a pas été vendu à un libraire anglais et n'a pas quitté la France. A la vente des livres du duc de La Vallière en 1783, le manuscrit de Jarry a été racheté par la duchesse, sa veuve, qui a survécu quinze ans à son mari. En publiant le catalogue de la magnifique bibliothèque La Val- lière, Debure avait dit dans sa préface qu'on n'avait rien voulu » supprimer du cabinet de M. le duc de La Vallière destiné à ren- » fermer les livres les plus précieux. » • Ce que Debure avait soin d'énoncer se pratique encore aujour- d'hui aux ventesdescoUectionscélèbres, afin de nepas décourager les principaux amateurs. La Guirlande, comme tant d'autres œuvres précieuses dont quelques-unes ont également été conservées par la succession, dut subir le feu des enchères et ce fut au prix énorme alors de 14,510 francs que le manuscrit fut adjugé à la veuve du duc. M"" de La Vallière avait d'ailleurs un intérêt particulier à cou- server ce beau livre. La fille unique de Montausier et de Julie avait épousé le duc d'Uzès. La duchesse de La Vallière, Anne-Julie de Crussol-d'Uzès , se trouvait être l'arrière-petile-fille delà duchesse de Montausier dont le nom et le souvenir se trouvaient si intimement liés kLa Guirla7ide. On dit encore dans la notice de 1818 à propos du manuscrit Nous ignorons entre les mains de qui il est passé. » Cette igno- rance surprend de la part d'un éditeur qui se nomme Didot ! La Guir- lande de Julie naxa'il jamais quitté la France, ni, depuis plus d'un siècle, les mains de la famille naturellement appelée à la posséder. Après la vente du duc de La Vallière, nous avons vu qu'elle était restéeaux mains de laveuve. Elle passa ensuite à la duchesse de Cha- tillon, fille unique du duc et de la duchesse de La Vallière ; la duchesse d'Uzès à son tour la tint de sa mère ; et c'est là que se trouvait ce beau manuscrit, quand Didot publiait sa note de 1818. Aujourd'hui on suivrait mieux la trace d'une curiosité bibliographique aussi célèbre. La Guirlande de Julie appartient maintenant à M. le duc d'Uzès ; nous tenons cette gracieuse communication de celui-là même qui possède ce précieux manuscrit. NOTES RELATIVES A LA REINE MARIE-THERESE D'AUTRICHE VI LES CARMÉLITES DE l'aVENUE DE SAXE , A PARIS. — LEUR FONDATION RUE DU BOULOI. — MARIE-THÉUÈSE d'AUTKICHE , LEUR FONDATRICE. — HISTOIRE DE CES — LEUR TRANSLATION RUE DE GRENELLE AU FAUBOURG SAINT-GERMAIN EN 1689. — SUPPRESSION EN 1792. — RIXONSTITUTION RUE DE VAUGIRARD , MAISON DES CARMES, EN 1798. — TRANSLATION, AVENUE DE SAXE, EN 1854. — M"" DE SOYECOURT. — OBJETS d'aRT. — SAINTES RELI- QUES. — TABLEAUX DE LE SUEUR. LE BRUN, MIGNARD. — PORTRAITS. — MADAME LOUISE DE FRANCE. Il nous est iniiOssiblc do ne pas signaler dans tous ses dévelop- pements une des fondations de Î\larie-Tliérèse d'Autriche, qui lui fut particulièrement chère. Nous rangerons ce que nous avons à faire connaître du monastère de la rue de Grenelle, précédemment rue du Bouloi, sous deux titres l'histoire de ce pieux établissement et son personnel. Le désir de donner au public des documents la plupart inédits, surtout le liesoin de signaler une maison respectable, qui a parfai- tement conservé l'esprit de sa fondatrice, tout cela nous fait un de- voir d'insérer ici les recherches minutieuses que nous avons faites relativement au monastère des Carmélites de la rue de Grenelle, transporté aujourd'hui avenue de Saxe. On n'a pas à s'expliquer ici sur les autres couvents du même ordre, qui, tous, sont restés dignes de sainte Thérèse. En ce qui concerne le monastère de la rue de Grenelle, il y a cette remarque à faire que, depuis la fondation en lG6't jusqu'à nos jours, les carmélites qui en ont fait partie ainsi que l'ensemble du couvent, n'ont cessé de mettre en pratique cette piété cachée, cette modestie, cette simplicité qui furent si chères à la pieuse reine Marie-Thérèse d'Autriche. Il y a plus d'éclat ailleurs; mais, rue de Greneilo, on n'est jamais sorti d'une certaine pauvreté relative. Toute l'attitude historique du couvent a été, pendant deux siècles, humble, modeste, solidement évangélique. xNOTES RELATIVES A MABIE-THEHESE bAUTUlCHE 807 Un mot donc sur l'histoire et sur les choses. Nous nous occupe- rons des personnes dans le paragraphe qui suivra. Les monastères de femmes ne peuvent guère avoir d'histoire. Étrangères au monde, leur profession est justement de se mêler peu aux affaires de leur temps. Par conséquent leurs annales se rédui- sent, à l'égard des séculiers du moins, à fort peu de chose. La créa- tion du monastère, son agrandissement territorial, les vicissitudes temporelles s"il en a éprouvé, voilà le cadre de cette histoire. Le couvent a-t-il prospéré sous le rapport spirituel? Les âmes qui s'y sont renfermées, de siècle en siècle, y ont-elles, tout en participant à notre humanité, travaillé efficacement à se perfectionner? Voilà les seules jucstions qu'on peut poser à l'occasion de la maison des Carmélites, dont la reine Marie-Thérèse fut la fondatrice. La maison de la rue du Bouloi acquit dès le principe une grande réputation de sainteté. Aussi fut-elle bientôt peuplée. Nous ne répéterons pas ici les détails déjà donnés au chapitre VI sur la fondation du couvent et sur les fréquentes visites de la reine Marie-Thérèse. Mais disons aussitôt qu'il y a pour tous en ce monde à compter avec la question des ressources matérielles dans leur pro- portion avec les besoins de l'établissement. On a déjà vu au chapitre VI toutes les libéralités de la reine Marie- Thérèse envers le couvent de la rue du Bouloi, libéralités tant d'ordre temporel que d'ordre spirituel, les reliques qu'elle s'em- pressa d'offrir à ses chères filles, la sainte Face miraculeuse qu'elle tenait de la reine d'Espagne, sa mère; le Crucifix miraculeux, rap- porté de Besançon par Louis XIV. — Nous avons reproduit les dif- férentes lettres ou décrets de fondation du monastère délivrés par Louis XIV. Il faut reprendre le cours des choses et le fil de l'his- toire à la mort de la reine Marie-Thérèse. Nos documents sont empruntés des manuscrits du Garmel de l'avenue de Saxe, dans lesquels les saintes religieuses nous ont permis, avec une rare complaisance, de puiser abondamment. Nous avons joint à ces documents leur propre tradition dont nous nous sommes inspiré, et ce qu'elles ont inséré elles-mêmes, soit dans une notice, publiée à Paris en 18oi, et rédigée par la sœur Saint- Jérôme du couvent des Oiseaux, soit dans une histoire du monas- tère, parue à Troyes en 1866, imprimée chez Bertrand-Hu. Les Carmélites de la rue du Bouloi, qui n'étaient pas riches, per- dirent immensément à la mort de Marie-Thérèse. Dès l'année I680, la maréchale de Navaillcs leur vint en aide ainsi que M>»e Charlotte de Roquelaure, duchesse de Foix. La duchesse de Noailles, mère de l'archevêque de Paris, obtint d'avoir un appartement dans leur couvent, où elle mourut, en 1697. Le moment était venu de passer par les épreuves de la misère. Les dames dePolignac, de Cossé-Brissac, la princesse de Carignan, la duchesse du Lude, le duc de La Feuillade, M"e d'Espagny, le Régent, Madame Louise-Adélaïde d'Orléans, abbesse de Ghelles, la 6tW APPEN'DICK marquise de l*ompadour, tille du maréchal do Navailles, la riche I\liiio d'Esmadrvds, la marquise de Trainel, la comtesse de Brassac, la marquise de Sourcillon, la duchesse de Croy d'Havre, ainsi que la maréchale de Navailles, la duchesse de Noaillos, la duchesse de Foix et W'nc de Mainlenon, s'intéressèrent d'une manière spéciale au monastère pendant ses premières cent années. Cela n'empêcha pas les Carmélites d'en venir à l'extrémité, à deux doigts de la ruine de leur maison, dans un moment fort critique. Rue du Bouloi, on manquait d'air, inconvénient grave pour une communauté cloîtrée, et il n'y avait pas moyen d'y remédier, puis- qu'on était entouré de maisons séculières. De plus, on y était plus que jamais molesté par les vues étrangères, comme disait alors l'abhé Chanul, les maisons voisines plongeant chez les Carmélites. On acheta un terrain et des maisons qui se trouvaient rue de Gre- nelle, dans la censive de la manse abbatiale de l'abbaye de Sainl- Germain-des-Prés, à l'endroit qu'occupe aujourd'hui l'église Sainte- Clolilde, oij se trouvaient de spacieux jardins; et Ton s'y installa en 1089. Les religieuses étaient alors au nombre de trente-cinq. Les corps des religieuses cl bienfaitrices décédées à la rue du Bouloi furent rapportés à neuf heures du soir dans le nouveau monastère avec les cérémonies accoutumées pour pareils transports, au grand B déplaisir des voisins que l'on quiltoit, » disent les chroniques du Carmel ces bourgeois étant persuadés que c'étoit pour eux une » source de bénédictions, se plaignoient en disant On nous enlève » nos saintes. » La vente de la maison de la rue du Bouloi devait suffire, on l'espérait, pour couvrir les frais de l'acquisition nou- velle. Ici commencèrent les tribulations. La vente de l'immeuble de la rue du Bouloi n'eut pas lieu tout de stiite. La guerre ayant éclaté, les personnes qui s'étaient offertes pour cette acquisition, retirèrent leur parole et fermèrent leur bourse. Cependant, il fallait continuer les travaux commencés à la rue du Bouloi pour pouvoir tirer secours des loyers. De là la néces- sité d'emprunter, et les dettes s'accumulant sur les dettes. Les em- barras augmentèrent. Les maisons de la rue du Bouloi qui com- mençaient à peine à être de quelque ressource, furent taxées à 41,000 livres d'amortissement, qu'il fallut payer sans retard. Non- seulement l'argent man[uait, mais la situation présente du monas- tère mettait les religieuses dans l'impossibilité de trouver à emprunter. M. de Pontchartrain, secrétaire d'Etal, ordonna en conséquence que les susdites maisons fussent vendues. Toutefois, on échappa à celle menace de ruine. Le marquis d'Argenson, lieutenant général de police, s'était rendu au Carmel pour signifier cpt arrêt. Cet homme si dur rencontra une femme de tête; il de- manda au parloir la Prieure. C'était Ml'" de Canapvillc. Son sang- froid, sa présence d'esprit surent mettre le marquis d'Argenson dans ses intérêts. On put faire intervenir M'iic de Maintenon et l'af- faire s'arrangea pour le moment l'arrêt de vente fut suspendu. xNOTES RELATIVES A MAHIE-THERESE D'AUTRICHE 869 On ne doit pas oublier que celle maison de la rue du Bouloi avait, en se formant, contracté 91,000 livres de dettes avec le couvent de la rue de Saint-Jacques, ci que d'autre part l'accommodement avait manqué pour les maisons de la rue du Bouloi, puiscju'on n'avait abouti qu'à de nouvelles charges, qu'il avait fallu y faire, concur- remment avec les travaux de la rue de Grenelle, dos r^'parations qui les rendissent habitables. La mère Cécile s'adressa au roi, et oblmt de Louis XIV, que les biens du couvent fussent remis entre les mains d'un notaire habile et désintéressé, qui en fit une réparti- tion équitable entre les mains des créanciers. La communauté se contenta, pour sa subsistance, de quelques pensions viagères faites par les familles des religieuses et du travail actif qu'elle s'imposa. Leurs livres de comptes font foi, qu'il y eut telle année, où une communauté de trente-cinq personnes dut four- nir à son entretien avec 5,000 francs pour toute l'année. Les Carmé- lites s'occupèrent à faire des fleurs artificielles qu'on vendit. Les fleurs des Carmélites firent fureur, dit-on. Il est vrai que ces bonnes religieuses s'étaient vues obligées de vendre tout ce qu'Anne d'Autriche et Marie-Thérèse leur avaient donné de plus riche. La Providence vint en aide à leur foi et à leur patience dans la pau- vreté. Louis XIV, stimulé par Mgr l'archevêque de Paris et par M'ûe le Maintenon qui lui rappellèrent les intentions et les vœux de Marie-Thérèse, ordonna que la somme de 6,000 francs fût délivrée chaque année pour la subsistance du couvent de la rue de Grenelle 1696. Ajoutons que, en faveur des demoiselles Rosalie de Baudart, Pulchérie de Velleine et Mélanie de Lastic qui avaient été élevées à la maison royale de Saint-Cyr, et qui se firent carmélites toutes trois, le roi donna plus de 17,000 francs qui furent employés à achever de payer les amortissements de la maison de la rue du Bouloi. Plus tard, M. de Saint-Martin, gouverneur de l'hôtel des Invalides, leur fit par testament une donation, de sorte qu'elles eurent en quelques années 7,oOO fr. de rente. Sorti de ces épreuves, le monas- tère de la rue de Grenelle fournit paisiblement sa carrière durant le w'Ui" siècle, avec une réputation méritée de régularité et de sainteté. Il était tellement en renom à cet égard, que M"ie Louise de France, la fille de Marie Leczinska, fuyant le monde et la cour, résolut de se fixer dans celte maison de la rue de Grenelle. Toutefois, quand elle se fit carmélite, bien qu'elle eût choisi la rue de Grenelle, cette prin- cesse entra aux Carmélites du couvent de Saint-Denis on verra dans le paragraphe suivant, pourquoi ; le désir d'éviter les visites que le séjour de la capitale lui aurait attirées, comptera parmi les raisons de ce choix. Quand on compulse les manuscrits des Carmélites de la rue de Grenelle, on s'aperçoit que pendant le cours du xviiie siècle, aussi bien qu'au xviie, de grands noms, des personnes appartenant à de grandes familles, vinrent prendre place au monastère. La société 870 APPENDICE française présenta, sous la récjence, sous Louis XV et Louis XVI, le triste spectacle de la démoralisation des hautes classes; et cepen- dant, c'était ordinairement dans les rangs de la noblesse que se produisaient les vocations de carmélites; le couvent de la rue de Grenelle on fut la preuve pendant tout le xviue siècle. Au xviie siècle, on y avait vu entrer des Polignac, des Cossé-Brissac, des descendants des rois d'Aragon, des Saint-Gclais, des Levis, etc. Au xviiis siècle, des membres des familles de Grammont, de Croy d'Havre, deRossetde Fleury, etc., briguèrent l'honneur d'y prendre le voile, et d'y passer leurs jours, préférant une vie d'immolation aux prétendus avan- tages que leur naissance leur promettait dans le monde. IS'est-ce pas là que porta ses regards et ses premiers vœux de carmélite, cette dernière et admirable fille de Marie Leczinska, M^i'f Louise de France, à laquelle le pape Ganganelli, Clément XIV, adressa une lettre si touchante ? Pierre Leroux, le philosophe du socialisme sen- timental, dit quelque part, au sujet des ressources infinies que l'idée religieuse procure à l'âme humaine Mettez sainte Thérèse où vous voudrez, sur les rochers, dans les déserts, et rien qu'avec ses cinq sous. Cinq sous etThérèse^ ce n'est rien; mais cinq sols, Thérèse, et l'amour de Dieu, c'est tout. Avec ces trois choses, Thérèse ne sera jamais pauvre ; elle sera plus que contente; elle sera heureuse. » C'est ce que comprirent beaucoup de grandes dames du xyiii" siècle. Un point doit être signalé ; c'est que ce couvent de la rue de Gre- nelle produisit ou révéla des femmes remarquables. M'i'- de Reu- ville, la mère Françoise de Jésus, montra, pendant le xviie siècle, à la tête des Carmélites, de hautes capacités administratives. Il y a cela de particulier dans celte femme, qu'aux aptitudes gouverne- mentales que tout le monde n'a pas, elle joignait un tact exquis, et cette force d'àme qui rend l'homme intrépide et calme au milieu des événements qui déconcertent lesnaturespusillanimes et les personnes de peu de foi. MUe de Piemenecour est une autre figure intéres- sante du xvii*" siècle. Ces deux femmes, placées dans Te monde, y auraient fait une exceptionnelle et légitime sensation. Le xviiip siècle ne laissa pas s'affaiblir le saint héritage de ces femmes illustres. M'i" de Canapvillc, la mère Cécile, restée dans le siècle, aurait eu l'étoffe d'un homme politique, d'un homme d'État. M"e de La Fèrc du Bouchaud serait arrivée à un rôle saillant, si elle eût été placée dans le courant des influences de cour. Mais pourquoi conjecturer ce que la mûre Pélayie c'était son nom de religion serait devenue dans le siècle? Le cloître lui a trouvé un piédestal, même avec son habit de bure et elle y a fait une belle figure. C'était une ferme intelligence, et un robuste juge- ment. Dans un autre milieu, elle eût été femme h sonder les ques- lions économiques et financières. Mais chacun en ce monde doit rester dans sa sphère et développer ses facultés, en les appliquant ux objets pie semble indiiiuer la divine Providence. Tl nous reste NOTES RELATIVES A MARIE-THERESE D'AUTRICHE 871 des lettres de la mère Pélagie, écrites à de simples religieuses, reléguées, comme elle s'exprimait, au fond de leur désert. » Qui- conque lira attentivement ces lettres, y verra bientôt, à travers ses conseils donnés avec la droiture d'une sainte, la sûreté et la puissance du coup d'œil dont se montra douée cette carmélite, et la bienveillance affectueuse d'une mère parlant à ses filles. M. Guizot et d'autres nous vantent les livres de pédagogie, les systèmes d'éducation mis en avant par des personnages célèbres, tels que Rabelais, Montaigne, Schwartz, Fénelon, M'"e de Saussure, Jean-Jacques Rousseau, Mmn de Staël, etc. La mère Pélagie, dé- passant les théories, pratiquait la haute direction des esprits et des âmes, avec un rare talent et avec une sagacité spécialement bénie de Dieu. Du reste, l'élévation et la force de cette intelligence dis- tinguée, la fermeté de sa haute raison, sa puissance d'affirmation se peignaient sur ses lèvres et dans son regard ; témoin le portrait que ies Carmélites possèdent d'elle. M'ifi de Croy d'Havre, Mme la comtesse de Rupelmonde née de Grammont, M"e de Rosset de Fleury, par la seule démarche qui mit en contraste l'éclat de leur naissance et l'obscurité de la vie qu'elles embrassèrent, firent preuve de la grandeur de leur carac- tère, de leur force philosophique en même temps que surnaturelle, et des énergies incroyables que leur nature tenait en réserve. Les Carmélites de la rue de Grenelle, que nous verrons mêlées plus tard à laRévolution française, nousétonnerontpar leur courage. Enfin Mlle de Soyecourt, qui viendra rattacher le xixe siècle au xviiie, personnifiera éminemment la spontanéité du génie français, qu'une aimable gaieté n'abandonne pas au milieu des adversités et des aventures. Et ne faudra-t-il pas grouper autour des noms qui viennent d'être prononcés, cette phalange d'humbles carmélites, qui d'époque en époque peuplèrent le monastère de Grenelle? Que d'âmes qui n'auraient peut-être été que vulgaires dans le monde, et qui devin- rent, rue de Grenelle, des âmes transformées et choisies, qui surent assez s'élever au-dessus d'elles-mêmes, pour goûter le bon- heur si peu compris de mener une vie d'immolation! ïl fallut le rnilieii du couvent de la rue de Grenelle pour porter des esprits, médiocresensoi,sur des objets entièrement nouveaux. La seule mé- ditation du crucifix leur faisait découvrir des horizons et des idées qu'elles auraient ignorés sans lui. Point de métaphysique abstraite ni de théologie subtile, rue de Grenelle. Loin d'y perdre son temps dans un emploi oisif de la pensée, les facultés pensantes et les facul- tés pratiques s'y portaient vers des vues et des vertus liées à la vie réelle de chaque jour. Les solennités du centième anniversaire ou du premier centenaire de l'érection du monastère de la rue de Grenelle, qui durèrent trois jours, les 22,23 et 24 août 1764, furent un véritable événement. Les carmélites y mirent tout leur zèle pour remercier Dieu do 87i> AFl'ENDlCt leur vocation; ci elles en ont conservé \le souvenir par un récit où l'on retrouve cette simplicité éloquente, qui leur appartient excellemment. La marquise de Lusignan, fille de la comtesse de La Rivière, fit présent alors, au monasiôrc, de rubis et de topazes pour orner un reliquaire renfermant des reliques de sainte Madeleine de Pazzy. Le maître-autel fut orné de douze châsses de reliques; les mères de la rue Saint-Jacques en avaient prêté. Son Excellence le nonce apos- tolique, Mgr Pamphile Colonna, oflicia, M. l'abbé Bonnet pro- nonça le sermon, et fit l'éloge de la pieuse reine fondatrice, Marie- Thérèse. Il paraît que le concours du peuple fut tel, le dernier jour de la solennité, que, la petite église ne pouvant le contenir, la grande cour d'entrée et la rue même se trouvèrent remplies de personnes qui attendaient que les premières fussent sorties, afin de pouvoir satis- faire leur dévotion. On fit du reste veiller, la nuit, dans l'église de la rue de Grenelle, pour la sûreté des saintes reliques; le comte de La Serre, gouverneur des Invalides, s'était chargé du soin de fournir à celle garde. L'âme de ces fêles, comme de toutes les fêles chez les Carmélites, fut toujours la prière, mais celte grande prière des saints qui exige un certain tempérament de foi, cette prière affectueuse et contem- plative, élan du cœur autant que de l'inlelligence, essor complet de tout l'homme montant par les degrés du cœur aux saints taber- nacles, cl plongeant de là le regard sur les hauteurs qu'habite le Dieu caché, prière qui, par toutes choses et par une seule voie, s'en va droit à un seul but et avec toutes les puissances de l'àme. " On pouvait appliquer aux Carmélites de la rue de Grenelle, ce qui se lit dans un manuscrit, fait à l'occasion du centenaire de l'érec- tion de ce monastère, en 176i Livrons-nous aux doux transports d'une sainte joie, les murs mêmes de cet édifice nous l'inspirent, s'écriait l'orateur sacré. N'est-ce pas ici que l'on voit depuis un siècle ce que nous voyons encore aujourd'hui la plus haute no- blesse s'ensevelir dans la nuit de la plus profonde humilité, la plus vive ferveur se captiver sous le joug de la plus prompte obéissance, et l'amour, le saint amour qui fait le caractère propre de Thérèse et de sa réforme, donner le goût le ]lus délicieux à toutes les pratiques de la inorlilication la jilus austère?... i Mais que nous dit d'un autre côté celle solennité '?... Où sont à présent lous ceux qui contribuèrent à ce saint établissement et celles qui le commencèrent le siècle dernier? Il nous reste la bonne odeur de leurs vertus, rien davantage. La même ferveur subsiste encore uii- jourd'liui dans celte cncehitc sucrée, le incmc esprit y rèijne .. » Chro- niques manuscrites du Carmel de la rue de Grenelle, t. I't, p. 289. Toutefois n'omettons pas de signaler un détail rétrospectif qui se rallacho à l'éjioque du règne de Louis XIV. Au moment d'un jubile. NOTES RELATIVES A MARIE-THÉRESE D'AUTRICHE 873 la petite église des Carmélites avait été désignée pour l'une des stations, et comme il fallait trois autels, on transporta le crucifix miraculeux dont le roi avait gratifié cette maison à l'entrée d'un ca- veau, où fut dressé un autel plus dévot que magnifique Louis XIV, » venant faire ses stations, parut touché et charmé de revoir cet » objet si digne d'être vénéré; ses prières achevées, il fit a nos » mères, disent les chroniques du Carmel, l'honneur de monter à » la grille du chœur; la communauté s'élant approchée, le roi de- » manda celles des religieuses qui avaient été élevées à Sainl-Cyr. ï Sa Majesté leur donna mille marques de sa bonté royale, et leur » fit une exhortation sur la perfection de l'état qu'elles avaient em- X brassé. » C'étaient les mœurs du temps ; les rois, encore regardés comme les pasteurs des peuples, devaient à tous des conseils ; cela sem- blait aussi naturel que convenable. Les princes étant venus aussi à leur tour, le duc de Berri s'appro- chant dit aux religieuses — Mesdames, quoique je n'aie pas l'honneur d'être connu de vous, j'espère que vous me dominerez part à vos prières et à vos bonnes œuvres. L'une des bienfaitrices de l'ordre, M^ie la mar- quise de Pompadour, répondit au nom de toute la communauté, qui se trouvait, selon les usages, obligée de garder le silence. Les Carmélites avaient, à deux pas, un voisinage célèbre, Yhâtelde Brienne, situé sur la rue Saint-Dominique, en face de l'hôtel de Bro- glie, aujourd'hui d'Haussonville. Cet hôtel de Brienne est aujour- d'hui l'hôtel du ministre de la guerre. Là devait mourir, en 1794, Loménie de Brienne, le ministre de Louis XVI. Mais là aussi, vers la fin du siècle dernier, tandisque M'^e* de Croy d'Havre, Danican d'An- nebault, de Grammont, Camille de Soyecourt,etc., devisaient de spi- ritualité et de mysticisme, un groupe d'hommes se réunissait pour •former un cénacle littéraire et philosophique. On y voyait un grand nombre de célébrités de l'époque, parmi lesquelles on distinguait Marmontel, Chamfort, La Harpe, Buffon, de Malesherbes, Condor- cet, Turgot, Suard, Helyétius, David et Piccini ; tous hommes nou- veaux et d'initiative intellectuelle, précurseurs, à des titres divers, et avec des nuances de responsabilité fort inégales, des changements profonds, radicaux qui allaient modifier l'aspect de toute la société française. Mais on était déjà bien loin des temps paisibles du début ; et bien- tôt l'on fut jeté dans la tempête de 1793.... Dès 1789, quand il fut question de supprimer les vœux et de faire évacuer les monastères, les Carmélites de la rue de Grenelle protestèrent, avec toutes les Carmélites de France, auprès de l'As- semblée nationale » Non, disaient-elles, dans les conclusions de cette adresse, vous ne nous arracherez pas de force à ces retraites; vous les rouvrirez et à la piété qui y apporte une vocation éprouvée et à l'infortune à qui elles offrent un asile décent.... Souffririez-vous qu'une maison, où, en refusant toute distinction, la tante auguste s 4 IPPENTdCE d'un monarque ciUjyen vient de passer les plus heureuses années de sa vie, éprouvai ic malheur d'une destruction?... » Ceue adresse était si^ée par so?ut S^aihaiie àf Jèsun, prieure, eu i/Sd, des Carméliies de îa rue de Grenelie, ainsi que par les prieu- res de la rue Saint-Jacques, de Saini-I»enis-en-France, et de la rue- Chapon. ViuT-eni les^c-aïasirophes de 179^, la dispersion, les " 179éL IPif de >oyeconri, carmélite depuis i7SS, fnî susc! restaurer après la tempête, pour rallier et irrouper après ... _ _..._... les déhris de l'ancien Carmei de ia rue de Grenelie. Die fit revivrt n. règle de sainte Thérèse dans la maison des Carmes de la rue Aanfi- rard, que les Carmélites occupèrent depuis 4T9S jusqu'en Js4S. Or. demeura dans une autre maison de la rue T£.ngirarà depuis iS4^> jusqu'en lS5i. époque oii l£ ^ille expropria le terrain du monas- tère ; le monastère de la rue Grenelie ses transporté avenue de 5Naie, depuis 1S54. Avant de quiaer la période ancienne de ITHstoire des Cannéiiie? de l'aveane de Saxe, et d "aborder leur histoire au m^' s^èc^e. tîou? ùe\ ons faire remarquer quelques usages qui leur son . - n'est touchant, comme d'ouvrir k livre et reg. des pu-ofossiûvs. gui a fairout en Tesplise et eofweni à^ Garmèht^ de la rue àa. Bouioy dite de saitae Thèrèsf rojfoit Àegjtti* le 14* jour dn présent mois de mm lôôS; - nuscrit in-folio, où tSO pa^es seulement ont été jusqa'icj cmpiL yrrs et sont couvertes d'écritures et de si^aîures qui se sont suc^^éàt depuis 16ÔO jusqu'à nos jours. On y voit la ferme signature oe l'iUusire mère Françoise de la Cros^, femme de tête et de ciEur qui assista, de iÔô4 à ITdâ, aux débuts si difBeîles de cette sainte mai- son, et à l'antre extrémité de la liste, la signature de la mère Marie liahelk' de la JÇ"ajCir>ifcf , sàgnant, en qualité de prieure. l'acie de profession d'une carHiéiiie nouvelle en l'année 1S6S. Autre parôcuiarité^ non moins touchante, de ces JamiPes créées par ia religiOB. on & teuu cote, au fur ei à mesure, de toutes '^ gai quittaient ce monde, ht mï-me renferme les a. décès de chaque Carmélite. Partou aiîietirs, quand la mor; . - vient, elle efface jusqu'au nom de ceux qui ne sont plus. Le monas- tère de ia rue de Grenelle a perjtéîué le nom de la moindre ne ses pieuses haiàiattes. 5ou5 ne pouvons passer sous silence tine coutume qui i^^tarbent aux monastères ; ce sont les lettres écrites à la mort d'une religieuse. les circulaires que les mères prieures adressent à c^tte occasior à toutes les maisons de l'ordre Fépandues dans le monde eiiier. Eiie bftbii&nte de ia rue du Bouloi, ptiis de ia rue ^ venait-elle d'achever sa vie humble et pénitente; pneure en informait toutes les maisons du Carmei, et aotna.; ur exposé .sommaire de la vit- de la personne décédée- Le recneii de r-^ cir,-iinurfn- coDstitui" zn' lniéraiur\o .Jésus\>Pie de ' royou Croi dUavré. 870 AIM'ENDICI' 8 novembre 1737. — La mère Marie-Charlolte-Émilic de Jésus. ' 8 novembre 1764. — La mère Pauline-Joséphine de Jésus. " juin 17G9. — La mère Sophie de la Croix. M"e Douex de Ville- mort — il y avait deux sœurs, carmélites, de ce nom. 12 juin 177". — La mère Eiisabcth-Marie-Eustoquie de Jtsus. Miii' de Corstel, nièce. l2 juillet 1781. — La mère Marie-Louise du Saint-Sacrement. M"i' de Saint-Privé de Richcbourg. 10 juillet 1787. — La mère Nathalie de Jésus. M"e Danicant d'.Vn- nebault. 1798. — La mère Camille-Thérèse de Tenfaut Jésus. Miie de Soyecourt. 1812. — La mère Madeleine-Geneviève Thaïs. La mère Camille-Thérèse de l'enfant Jésus reçoit du nonce du pape les pouvoirs de prieure perpétuelle. "26 mai 1849. — La mère Marie-Éléonore M'Il- '*'. 29 mai 18o2. — Même prieure réélue. 15 décembre 18od. — La mère Marie St-Jean M" "*, 8 décembre 1858. — La mère Marie-Sophie de Saint-Élie. M"" "*. 8 décembre 1861 — La même réélue. 15 décembre 1864. — La mère Marie-Isabelle de la Nativité Mlle -.. 6 novembre 1867. — La même réélue. On ne peut trop admirer ce qu'il y a d'onction et de charme pieux dans les circulaires, rédigées par ces pieuses femmes et adressées à toutes les maisons de l'Ordre à la mort d'une religieuse. Elles retracent la vie de la défunte, les origines et les phases de sa vocation, la lutte du cœur entre Dieu et le monde, la résistance des parents, les déchirements occasionnés par le sacrifice des relations ordinaires. Les mères prieures, dans ces circulaires, louchent déli- catement les vertus de la défunte; on cite quelquefois des lambeaux de lettres. Quelques incidents rendent parfois ces bulletins très-al- tachants. L'une a rompu avec un brillant avenir mondain qui l'at- tendait. Ses deux frères, haut placés dans l'armée, se précipitent au parloir pour ramener leur sœur. Point du tout. Mi'e de Canapville fait une telle impression sur ses deux frères, qu'au parloir même ils jettent leur épée de côté, et tous deux quittent le monde et embras- sent la carrière ecclésiastique. D'autres n'obtiennent, que de guerre lasse, d'aller prendre le saint habit rue de Grenelle. Ces biographies, qui roulent toutes sur la sainteté, loin d'être monotones, ont cha- cune un parfum différent qui embaume. On y dit là, sans effort, des choses sullimes. Ainsi, plusieurs sœurs demandant de 'ses nouvelles à Mi' Pulchérie de Veilleine, carmélite de la rue de Grenelle, celle- ci leur répond Je m'en vais u h tout est. " Nous parlons d'égalité aujourd'hui. .\h! on la pratiquait dans ces saintes républiques des monastères, on mettait autant de soin à raconter la vie d'une humble carmélite de naissance obscure, qu'à dire celle de la corn- NdTKS HELATJVES A MARIIÎ-THÉRfSR D'AUTHIGHK 8/7 tesse de Rupelmonde ou de la duchesse de Croy d'Havre ! A travers ces circulaires des révérendes mères, il règne, avec un ton de simplicité exquise, un accent spécial tout surnaturel. Là, nulle em- phase ! mais quelle force intime pour parler avec calme des chosesles plus étonnantes ! Nous avons remarqué trois circulaires rédigées par la mère Nathalie de Jésus, prieure de la rue de Grenelle, dans les an- nées qui amenèrent et consommèrent la Révolution française ; l'une de ces circulaires est de l'année 1790, l'autre de 1791, la troisième de 1792. M"e d'Annebault ne laisse guère soupçonner, dans ces trois circulaires, l'anxiété et les angoisses qui dévoraient, en ces années, toutes les âmes, dans l'attente des plus sinistres événements. Elle raconte, d'une manière sommaire et édifiante, la vie des trois car- mélites que le couvent venait de perdre, sans que les agitations du dehors troublent en rien la sérénité de cette âme et de cette plume. A peine, dit-elle, en voyant des carmélites enlevées par des morts promptes Peut-être la tendresse du divin époux veut-il les sous- » traire à de plus grands fléaux que ceux que nous avons déjà essuyés. y> Circulaire de 1790. Quelle belle série que ces circulaires, à commencer par celles de la mère Françoise de la C»oix, fondatrice de la maison M'ie de Reu- ville, le lendemain de I6G4, jusqu'à notre siècle, jusqu'aux cir- culaires de la mère Camille de Jésus M"e de Soyecourtj, et celles des prieures qui lui ont succédé! ONous pouvons maintenant reprendre les choses au moment de la grande Révolution française. Le 19 septembre 1792, deux employés du gouvernement ayant fait enfoncer les portes du monastère, il fallut quitter ce saint asile, ouvert depuis le 12 janvier 1634. Les religieuses, au nombre de trente-une, sortirent donc. Elles se divisèrent en six bandes, à la tête de chacune desquelles était une présidente; elles allèrent habi- ter, en divers quartiers de la capitale, des logements que la mère Nathalie de Jésus dans le monde M" Danicant d'Annebault, élue prieure depuis 1787, avait eu la précaution de faire préparer. Plu- sieurs de ces carmélites moururent dès la première année de leur sortie du cloître, dans toute la ferveur de leur profession. Après cinq ans de persécutions et d'angoisses, 3Iiie de Soyecourl, autorisée par un bref de Pie VU à recueillir les grands biens de l'héritage paternel, acheta l'ancien couvent des Carmes, où un marchand de vin s'était établi pendant la Révolution. Elle rétablit les Carmélites. Plusieurs de celles qui avaient été rue de Grenelle vinrent la rejoindre, entre autres la prieure, sœur Nathalie de Jésus, la sœur Philippine, la mère Sophie de saint Jean-Raptiste Marie de Kouhla, la mère Thaïs, la sœur Rosalie, morte en 1819. Ainsi s'est renouée la chaîne des temps. Les Carmélites de la mai- son royale de la rue de Grenelle avaient été, plusieurs du moins, emprisonnées; mais elles observèrent, autant qu'elles le purent, leur règle dans les cachots. Celles à qui on permit de quitter la 878 Al^l'JvNDICE France, allèrent en Flandre, pour y cherchLT le bonlieur de suivre leurs observances. Cependant, dès le consulat et le commencement du premier Empire, les Carmélites qui avaient quitté la rue de Grenelle pour se réfugier au Carniel de Flardre, lurent les pre- mières à se réunir, à Paris, à la prieure la mère Nathalie de Jésus et à M"" de Soyecourt, malgré que tout danger n'eût pas cessé. La révérende mère Camille de Soyecourt eut à subir, en 1811, l'empri- sonnement et l'exil, sans doute parce qu'on lui reprochait son atta- chement aux cardinaux, d'autres disent à la personne des Bourbons. Depuis la reconstitution du monasl-ère, les Carmélites ont sauvé quelques épaves de leur établissement de la rue de Grenelle. Nous dirons plus bas qu'elles sont en possession du célèbre et miracu- leux crucitix, pris en Franche-Comté, ainsi que de quelques autres objets. Mais il est nécessaire d'insister sur quelques détails relatifs à l'époque de la Révolution. Les religieuses de la rue de Grenelle prouvèrent, pendant la Terreur, combien la tradition de sainte Thérèse et la mémoire de la reine Marie-Thérèse d'Autriche ont contribué à donner, à un cœur de simple Carmélite, cette grandeur d'âme qui fait les héros. Sept Carmélites du monastère de la rue de Grenelle furent incar- cérées à la prison établie, rue de la Bourbe ancienne maison de Port- Royal, qu'on appela prison de Port-Libre. Leur attitude devant les juges révolutionnaires, leur interrogatoire, leurs belles et grandes réponses, honorent le christianisme et la nature humaine. Qu'est-ce donc qui rendait si tières et si courageuses, ces humbles et timides filles du Carmel ? Demandez-le à elles-mêmes. Elles le durent à la grâce de Dieu. La conscience était tout pour elles, c'était plus que la vie, plus que les affections et les biens. On avait vu, vingt ans auparavant, les grands exemples donnés en temps calme par madame Louise de France, princesse élevée dans toutes les élégances de Versailles, et qui sut renoncer aux gran- deurs de la terre, pour mener dans le désert une vie humble et mortifiée. Ce renoncement surnaturel aux choses humaines brillait, vingt ans après, d'une manière éminente, en quelques religieuses gémissantes de se voir exilées du cloître de la rue de Grenelle. On lit dans le journal de la Prison de Port-Libre Port-Royal publié dans la collection des Mémoires sur les Prison-, à la date du 16 pluviôse an 11 On est venu interroger huit religieuses qui sont au secret. On a voulu leur faire prêter le serment de la liberté et de l'égalité , elles ont refusé en disant qu'elles ne vivaient pas sous le règne de la liberté, puisqu'elles étaient prisonnières; quant à l'éga- lité, elles ne voyaient pas que ce fût plus son règne, puisque celui qui les interpellait mettait tant de hauteur et d'arrogance dans ses interrogations. On les a menacées du tribunal révolutionnaire; elles ont répondu qu'elles iraient avec plaisir. Mais renoncez-yous à MOTES HKLATIVKS A MAlilK -THKi;f^sr' iJAUTHlCHt 879 votre pension? leur a-t-on dit. — Non, jarce qu'elle représente les biens qu'on nous a pris. — Mais la loi défend de payer ceux ou celles qui refusent de lui obéir, et comment vivrez-vous? — La Providence aura soin de nous. — Mais la Providence ne vous donne pas de pain. — Nous ne demandons rien à personne. — Comme la Répu_ blique ne souffre pas d'ennemis dans son sein, on vous déporterai Oii allez-vous aller? — En France, qui est notre patrie. » Ces religieuses étaient sept du moins des Carmélites de la rue de Grenelle ; elles se nommaient Angélique-Françoise Vitasse, Vic- toire Grevel, figée de quarante-six ans, Jeànne-Louise-Colin de la Biochaye, âgée de quarante-un ans, Anne Donon, âgée de quarante- deux ans, Adélaïde-Marie Foubert, âgée de quarante-cinq ans, Marie-Élisabeth-Ëléonore de Carvoisin, âgée de soixante-deux ans, Marie-Louise-Philippine de Lesnier, âgée de trente-six ans. L'autre religieuse qui était visitandine, âgée de cinquante-huit ans, se nom- mait Thérèse-Julienne-Hélène Chenet. Antoine-Marie Maire, juge au tribunal révolutionnaire, interrogea les Carmélites. Les deux points de interrogatoire portaient sur un écrit trouvé chez la sœur Victoire Crevel, et sur le serment ci- vique, qu'on prétendait obtenir des Carmélites. On aspirait surtout à découvrir des prêtres, on tournait et retournait les questions, pas- sant des caresses à la menace, demandant aux religieuses préve- nues si elles avaient fait des vœux contraires à la loi. L'interroga- toire était captieux. Qu'on se représente de timides femmes devant un juge qui interroge avec l'appareil de l'intimidation, et qui est exercé dans l'arl des questions embarrassantes. Raymond Josse était le commis-gretîier auprès du juge A. -M. Maire. Les réponses des Carmélites ont été consignées, dans tous leurs détails, non-seulement par un témoin oculaire, mais par une des religieuses prisonnière elle-même, par la sœur Angélique-Françoise Vitasse. Elle écrivit, à une personne dont on n'a pas su retrouver le nom, une intéressante relation de leur détention dans la prison de Port-Libre. M. Emile Campardon l'a reproduite dans son histoire du Tribunal Révolutionnaire de Paris . Ne pouvant donner en son entier cette longue relation, nous en extrairons la substance. Interrogatoire de sœur Angélique-Françoise Vitasse. Je suis juge au tribunal révolutionnaire. Il faut que vous sa- chiez que le tribunal est établi pour juger et condamner à mort tous ceux qui seront contraires à la République.... — C'est bon. — Avez-vous fait le serment? — Non. — Pourquoi? — Parce qu'il est contraire à ma conscience et à mes vœux. — Est-il venu des prêtres à la rue Cassette? — Quelquefois. — Dites-moi leur demeure ? — Je ne la sais pas. — Leur nom? — Je ne vous le dirai pas. —Pourquoi? — Parce que je ne veux pas le 880 AFPRNDIGi; dire — Jt" ne puis iiu' résoiuiic à écrire vos réponses; cela nie fait trop de peine, car je vois que vous en serez la victime, et vous irez à la guillotine. — Tant mieux, j'en irai plus tôt au ciel...,. » Voir la Relation par la sœur Vilasse elle-même. Interroj/ntoire de la sanir Victoire Crevel. Ta conscience te dit donc que tu es plus hante que moi ? — Non, dans ce moment je vous regarde comme au dessus de moi, puisque vous êtes juge, et que sous ce titre, vous avez droit de m'interroger, et que je dois vous répondre. — Tu crois donc que devant Dieu il y a des hommes plus grands que d'autres? — Non, je sais que nous sommes tous égaux devant Dieu et devant la loi, mais je ne veux pas faire le serment, parce que la loi de Dieu me défend de jurer en vain. — Ce n'est pas en vain puisque c'est pour sauver ta vie. — J'aime mieux mourir. — Eh bien, l'on se défera de toi, et de cent mille comme toi Vous ire?, au tribunal révolu- tionnaire, et vous verrez tout ce qu'il vous arrivera. — Tout ce qu'il plaira à Dieu » Interrogatoire de la sœur Louise-Thérèse, l/ilf Jeanne-Louise-Coliîi de la Biochaye. Persistes-tu dans l'approbation que tu as donnée à cet écrit intitulé Avis aux Religieuses? — Oui. — Tu renonces donc à ta pension? — En tant qu'il faudrait faire le serment pour l'avoir. — Tu ne veux donc pas être égale à un ouvrier, à un artisan? sais-tu bien qu'il y aurait un orgueil affreux à le préférer à moi? — Ce n'est pas l'égalité dont vous parlez que je refuse de maintenir ; en me faisant religieuse, je l'ai reconnue, embrassée, pratiquée. — Tu veux donc une République sans soutiens et sans lois?— Je pour- rais vivre tranquille sous le gouvernement et les lois de Constanti- nople, sans jurer de maintenir l'Alcoran. — De quoi vivras-tu? tu deviens à charge à la nation. — Je puis travailler et me rendre utile; en tous cas, si ma pauvreté me rend à charge, à qui s'en prendre? la maison dont j'étais membre navail-elle pas du bien ? la nation ne m'a-t-elle pas pris une dot qui aurait pu me faire vivre? — Tu aurais mieux fait de mettre ta dot dans le commerce; mais enfin, qui te nourrira? — La Providence. — Mais si la Providence ne t'envoie rien à manger? — Si la volonté de Dieu était que je mourusse de faim, je me soumettrais comme à toute autre chose.... — Qu'est-ce que le Pape?.... — Je défère aux sentencesdu Pape, j'en fais la règle de ma conduite en ce qui regarde la religion — Quel fanatisme! que faire d'un être comme toi? la République ne peut te garder dans son sein. 11 faudra t'en vomir ; il faut te mettre dans une barque et te faire couler à fond. Tu ne dis rien ? où veux-tu aller?... . NOTES RELATIVES A MARIE-THÉRÈSE D'AUTRICHE. 884 hiterrogatoire de sa;ur Roaalle Fouler t. Vous ne voulez donc pas faire le serment de la liberté? — Non, — Pourquoi ? — Parce qu'il est contraire à ma conscience et à mes vœux. — Qui vous a dit cela ? — Dieu et ma conscience. — Mais qui vous nourrira, et où voulez-vous aller? —J'irai oîi il plaira à Dieu de me mettre. — Vous alliez à confesse, quel était votre confes- seur? — Dieu sait ce qu'il est devenu. — Est-il un tel? — Non. » Interrogatoire de M^^*"' Marie-Élisabeth-Éléonore de Carvoisin. La sœur Joséphine de Carvoisin, âgée alors de soixante-deux ans, était très-sourde. Les juges criaient très-fort en l'interrogeant ; et plus ils criaient et moins elle voulait les entendre, en sorte qu'après leur avoir montré son horreur pour le serment, son désir d'aller en Flandre, ils lui demandèrent si elle n'allait pas à confesse; elle leur répondit qu'elle disait tous les jours son Confiteor; cl cela finit très- promptement. Interrogatoire de Marie-Philippine de Lesnier. ' Pourquoi ne voulez-vous pas faire le serment?, — Parce que je le crois contraire à ma conscience et à mes vœux. — N'avez-vous pas fait vœu dans les mains de quelque prêtre de ne point faire le serment? — Non jamais. — Est-il venu des prêtres à la rue Cassette ? — Je n'y étais pas; il n'y avait qu'un mois que je demeurais rue Neuve-Sainte-Geneviève. — Tu es bien malheureuse d'y avoir passé ce temps, il te coûtera cher Mon enfant, faites vos réflexions, il est encore temps, faites le serment. — Si je le pouvais, je le ferais; mais je ne le puis pas et ne le ferai pas. » Interrogatoire d'Anne Donon [sœur Chrétienne. Elle fut aussi très-ferme pour refuser le serment; tout ce que l'au- teur de la Relation a pu savoir de son interrogatoire, c'est que le juge lui dit qu'elle était une menteuse, parce qu'elle n'avait voulu rien avouer. Et comme elle se défendait avec force, les juges lui dirent qu'elle était la plus méchante. La sœur Victoire Crevel fut interrogée une deuxième fois; et on laissa les Carmélites un instant en repos; les juges, en descendant au greffe, ne purent s'empêcher de dire qu'ils avaient été étonnés de la constance des prévenues. Ce n'était jusque-là que des interrogatoires préliminaires et pré- paratoires. Huit jours après, les Carmélites furent conduites à la Conciergerie avec assez de brutalité, et le dimanche, 9 février, elles parurent devant le tribunal pour être jugées définitivement. L'accusateur pu- S6 882 APPENDICK blic lut les cliefs d'accubalioii , qui étaient tels, qu'elles eussent dVi aller à la guillotine, car on les accusait faussement. On interrogea la première MH" de La Biochaye. Le président lui demanda si elle voulait faire le serment ; J'aime tendrement ma patrie, je suis meilleure patriote que personne, mais je suis chré- lienue, catholique et religieuse. — Si tu veux faire le serment, nous t'écouterons, dit le président, mais si tu veux prêcher, tu n'as qu'à te taire. » Toutes les fois que M"'^ de La Biochaye voulut parler ou simple- ment nier des faussetés, on la fit toujours taire. On ne lui laissa pas dire ses moyens de défense qui étaient, dit-on, excellents. Le président demanda ensuite à la sœur Anne Donon sœur Chrétienne, si elle voulait faire le serment, — Non. » — Le prési- dent voulut ensuite persuadera la sœur Anne Donon qu'elle avait avoué dans son interrogatoire que la sœur Victoire Crcvel était pr... Llle s'en défendit beaucoup ; mais, comme il voulait toujours sou- tenir qu'elle l'avait dit, elle lui répondit avec beaucoup de vivacité i Non, mon père, je ne l'ai pas dit » Ce mot fit rire tous les assis- tants, le président lui-même fut obligé de perdre sa gravité. La sœur Victoire Crevel fut beaucoup interrogée sur Tauteur de l'écrit Avis aux religieuses; et, ses réponses étant négatives, on lui disait qu'il n'éiait pas possible de croire qu'une religieuse eût la discrétion de ne pas demander le nom d'une personne dont on lui apportait un écrit. La sœur Victoire avait la voix très-faible. On avait l'air de lui en vouloir beaucoup. Elle semblait pouvoir s'at- tendre, ainsi que M"^ de La Biocliayc, u être envoyée à la guil- lotine. On fit très-peu de questions à la sœur Rosalie M"' Adélaïde-Marie Foubert. Ils lui demandèrent si elle voulait faire le serment. Sur son refus, ils passèrent à la sanir Joséphine M"' de Carvoisin, et ne lui en demandèrent pas davantage; ils avaient l'air de se dépê- cher, comme si on les attendait, dit la Relation. Us passèrent à la sœur Philippine M"'^ de Lesnier. Le président lui dit a Quel est votre confesseur? — U y a plusieurs mois qu'il est parti. — Quoi! point de confesseur? — Quand on n'en a point, on s'en passe. — Qui vous a suggéré de ne point faire le serment? — Dieu et ma conscience. — Sont-ce vos compagnes? — U n'y avait qu'un mois que j'étais avec ces citoyennes, et j'étais parfaitement décidée à ne pas faire le serment avant de me réunir à elles. — Vou- lez-vous donc être rebelle à la loi? — Je serai toujours soumise à la loi dans tout ce qui ne sera que civil, mais — Celle-ci est théologienne, passons à une autre. » Voyant que M""-' Chenet était sourde, les juges dirent à la sœur Philippine Demandez à celle qui vous suit, si elle veut faire le serment. — Le président demande, dit la sœ^ur Philippine, si voulez faire le serment, madame Chenet? — Je ne l'ai jamais fait, >t e ne le ferai jamais, » NOTES RELATIVES A MARIE- IHÉHÉSh; D'AUTRICHE 883 Le président passa ensuite à la soeur Angélique-Françoise Vitasse iNe voulez-vous donc pas regarder tous les hommes comme vos frères? — Oui. — Vous parlez plus raison que les autres ; pourquoi ne voulez-vous donc pas faire le serment? — La liberté, telle que vous la définissez, anéantit tout engagement indissoluble ; j'ai fait des vœux qui m'engagent jusqu'à la mort; je ne puis pas faire le serment qui les anéantit — Qui vous empêche de pratiquer vos vœux? Ne voulez-vous pas être soumise à la loi? — J'aime tous les hommes comme mes frères, je veux le bien de tous, je serai soumise à la République dans tout ce qui ne sera pas contraire à ma con- science et à mes vœux; mais pour des serments, je n'en ferai pas. » Après tous ces semblants d'instruction et d'interrogatoires vint le tour du défenseur, qui se tourna lui-même contre les Carmélites. Il n'y avait pas, disait-il, de lois assez rigoureuses pour elles, il de- manda même la permission de faire aux Carmélites un sermon ré- publicain, dans lequel il mit en effet une violence extrême. Bientôt tout le monde s'en mêla successivement le défenseur, les gendarmes, le président, les juges ne cessèrent de conseiller aux religieuses de faire le serment, de renoncer à un entêtement qui leur serait funeste. De tous côtés on leur criait Faites le serment, jamais au tribunal on n'a laissé les grâces aux mains des accusés, et vous voyez que les juges veulent bien faire cela pour vous ; faites le serment et l'on vous enverra chez vous; vous serez comblées d'hon- neurs et vous recevrez vos pensions. » Les Carmélites ne se laissèrent pas fléchir par ces témoignages d'intérêt. Reconduites, peu de temps après, dans la salle du tribunal, l'ac- cusateur public les qualifia de vierges folles et lut leur jugement. Il commença par dire qu'il n'y avait pas de mort assez cruelle pour des fanatiques telles que ces huit religieuses ; que cependant comme il était prouvé qu'elles étaient fort retirées et tranquilles, elles n'auraient subi que la peine portée par la loi, qui était d'être enfermées comme suspectes, mais que n'ayant pas voulu dire la de- meure et les noms des prêtres réfractaires qui venaient chez elles, c'était comme si elles les eussent cachés ou recelés chez elles; que la loi punissait de la déportation tous les prêtres réfractaires et ceux qui les avaient cachés, et qu'ainsi elles méritaient la même peine; qu'elles étaient condamnées à la déportation selon les ter- mes prescrits par la loi; que tous leurs biens, si elles en avaient, seraient confisqués au profit de la République avec les exceptions portées par la loi. Ce jugement étant prononcé, deux ou trois voix crièrent faible- ment-. Vive la Républiquel Depuis le vendredi 7 février jusqu'au mardi soir 11 février, les Carmélites avaient été mises à la paille, deux par deux, dans de grandes chambres qui ressemblaient à des caves par leur humidité S8i APPENDICE cl leur noirceur. Lo mardi soir, on vint les chercher pour les con- duire à la Salpêtriôre, oîi, ce qui leur fit un peu de peine, fut le très-prochain voisinage des filles publiques. Là, s'arrête le Récit de la détention dans la prison de Port-Libre et du jugement de huit religieuses écrit par l'une d'entre elles, sœur Angélique-Françoise Vitasse. Voir Archives de l'Empire, carton W 175 — et le Tribunal révolutionnaire de Paris par M. Emile Campar- don, T. 1er, p. 460, aux Pièces justificatives. Le lecteur n'aura jas manqué de remarquer l'intrépidité, la fer- meté et la délicate discrétion de ces humbles filles du Carmel que les accusateurs et les juges traitèrent de fanatiques. Mais les hom- mes des tribunaux et des massacres révolutionnaires ne donnèrent- ils pas, de leur côté, le repoussant spectacle d'un fanatisme, autrement intolérant et agressif? Les Carmélites disaient qu'elles ne vivaient point sous le règne de la liberté puisqu'elles étaient prisonnières, ni sous celui de l'égalité, puisque celui qui les inter- rogeait avait un air si arrogant dans ses interpellations. Il nous semble qu'un tel langage était le langage de la raison et non celui du fanatisme. Un écrivain de 1828 était mal informé lorsque, en parlant des Carmélites de la prison de Porl-Libre, il dit dans son Histoire impartiale des Révolutions de France, t. X, p. 2;0, Paris, in-12, 1828, u {u'elles furent par la suite guillotinées. j> ^'on, on les condamna à la déportation ; et, par suite des événements subséquents, cette sen- tence ne fut pas exécutée. Au rétablissement des choses, plusieurs de ces Carmélites se réunirent à Mme de Soyecourt. Nous voici arrivés à la période moderne de l'histoire des Car- mélites de l'avenue de Saxe, mais nous devons respecter l'hu- milité des saintes filles qui ont été se réfugier au monastère de Vaugirard, depuis le commencement de ce siècle jusqu'à ce jour; nous ne détruirons pas le pieux incognito qui leur est si cher. Leurs noms pourront paraître plus tard sans inconvénient sur une liste livrée au public, lorsque le temps, ce ministre de Dieu, aura mois- sonné deux ou trois générations d'entre elles, moissons et gerbes mûries pour le ciel. Leur histoire, au xix> contribuèrent à sa vocation. Tout parut la disposer ù la vocation sainte qu'elle remplit si dignement une éducation chré- tienne qu'elle reçut dans une communauté de Paris où elle passa l'âge le plus tendre de sa vie; l'exemple et les prières d'une tante, qui, après avoir été l'admiration de la cour par sa sagesse, s'était ren- fermée dans le monastère de la rue Saint-Jacques, pour ne vivre qu'à Dieu seul, et qui lui promit en mourant quelle la demanderait à Dieu ; la mort d'un père qui avait sur elle d'autres vues et qui fut cruellement assassiné dans ses terres... » Elle était trop jeune, pour avoir eatendu de la bouche même de sa tante, la carmélite, l'histoire de son âme. On sait que celle-là, Mlle Marthe du Vigean, personne aussi charmante que modeste, avait été l'idole du vainqueur de Rocroy, et que sa destinée tou- chante avait été intimement liée à celle de M'ie de Bourbon et de M'»de Longueville. Ce n'est que plus tard, et par des confidences intermédiaires, quelle fut initiée à la vie de sa tante, de cette noble et belle personne, qui avait aimé, et avait dû résister à son cœur, et qui, sans avoir failli, trompée dans ses affections, avait voulu finir sa vie comme la sœur Louise de la Miséricorde. » Qui pourra dire l'immense variété des voies par lesquelles la Pro- vidence peut parvenir aux âmes ?La tante élait arrivée au cloître, en 1G49, après un détour fait dans la vie du monde, et en conservant son cœur digne et pur; toutefois, elle avait inspiré une passion, elle avait senti battre pour elle le cœur d'un héros, le cœur de l'ardent et impétueux duc d'Enghien qui ne pouvait la quitter sans verser des larmes et sans s'évanouir. La nièce arrivait aussi à s'enfermer rue de Grenelle, en 1672, moins la station passagère faite dans les plages scabreuses de la vie mondaine. Il est des natures de femme, dont la vocation religieuse est une sorte d'à priori, et se produit, par anticipation, avant d'avoir goûté la vie mondaine. Ces êtres privilégiés sont dans la logique de l'absolu. L'amour s est imprimé de bonne heure dans leur âme. Mais, tandis que celles-là retournent de la créature au Créateur, celles-ci vont, dès le. début, et comme d'un bond, au Créateur, sans s'adresser à la créature qu'elles dépassent; et, une fois à cette hauteur, elles ne sont plus d'avis d'en redescendre. N'est-ce pas ainsi queprocédaM'ie du Vigean, reçue pro- fesse, rue de Grenelle, en 1672? Les du Vigean étaient une très-ancienne maison du Poitou. Les deux tantes de notre carmélite, Anne du Vigean et Marthe du Vigean, avaient eu de la célébrité sous Louis XllI, et sous la régence d'Anne d'Autriche; l'éloge des deux sœurs était dans toutes les poésies 8P0 APPENDICE galantes de cette époque, on les vantait à l'égal de Mi'e de Boute- ville et de Mi'i' de Bourbon. Voiture les avait mises dans une Revue des beautés de la cour de Chantilly. L'aînée, Anne du Vigean, mariée, en 1644, à M. de Pons, veuve en 1048, était parvenue à se taire épou- ser par le jeune duc de Richelieu. Elle avait été nommée dame d'honneur de la jeune reine Marie-Thérèse, à la place de Mn'c de Montansier , lorsque celle-ci devint gouvernante ; plus tard , elle passa en la même qualité auprès de la dauphine. Chose mystérieuse ! Étrange loi des réactions! C'est quelquefois l'éclat et le succès, dont on est environné, qui produit le précoce désenchantement, et fait aspirer vers les réalités solides et immor- telles. D'autres fois, on ne se pardonne pas à soi-même, de n'avoir plus son père sur la terre, et l'on veut de suite aller vivre dans les désertes vallées, là où les sentiers sont plus sûrs. Le père de M" du Vigean avait suivi la carrière militaire, il s'y était distingué, et il était maréchal de bataille .à Lens. Condé avait été aussi utile au frère que M'"e de Longucville à la sœur; mais, au lieu de sui- vre le parti des princes, il paraît être resté fidèle au roi et à Mazarin. Le P. Anselme dit qu'il mourut le 28 mars 16G3, et Lenet ajoute qu'il périt assassiné ; il fut assassiné dans son pays, allant dans son car- rosse visiter quelqu'un de ses amis. » C'est tout ce qu'on sait de la mort prématurée de son père. Pour- quoi cet assassinat? Une autre douleur atteignit M"'" du Vigean. Sa mère, devenue veuve, se remaria; mais comment se conduisit-elle? Lenet raconte, dans ses Mémoires première partie, une histoire étrange de la mère de MUo du Vigean, devenue veuve. Elle se rema- ria, lamêmeannéc, le 11 octobre 1603, à Charles-Achille Mouchet de Battefort, comte de lAubespin, gentilhomme de la Franche-Comté. A peine les mariés étaient-ils arrivés en Bourgogne pour visiter leurs terres, que la comtesse de l'Aubespin pressa son mari de retourner à Paris, ce qui eut lieu au mois de mars 1664. M"""^ de Richelieu et du Vigean se seraient adressées à Lenet, pour obtenir d'étouffer une affaire, qui aurait porté le trouble et la honte sous le toit conjugal du comte de l'Aubespin. L'ambassadeur d'Espagne, le marquis de las Fucntès , la reine Anne d'Autriche, la duchesse de Monlausier, le roi lui-même, furent mis au courant de cette affaire. Il y allait du déshonneur des fa- milles du Vigean et de Richelieu. Après avoir discuté différents moyens pour éloigner momentanément le mari, on s'arrêta à pédient, que favorisa le concours du roi, et qui était d'envoyer quel- que temps le mari, comte de l'Aubespin, prisonnier à la Bastille, sous un prétexte imaginé pour la circonstance. Lorsqu'à la faveur de l'absence du mari, on eut la solution de la dilliculté, et que M. de l'Aubespin fut mis dans l'impossibilité de constater la faute dont son épouse s'était rendue coupable, on ouvrit les portes de la Bastille, et on allégua au mari, rendu à la NOTES RELATIVES A MARIE-THÉRÈSE D'AUTRICHE 891 liberté, qu'il avait été victime d'un quiproquo, et qu'on l'avait con- fondu avec un comte de Laubespine, gentilhomme limousin, qui avait battu des oflliciers des [gabelles du roi. Marthe du Vigean avait-elle eu bruit de ces tristesses sur le compte de sa mère ? Nous terminerons cet aperçu historique en nous bornant à suivre les dernières vicissitudes de la propriété des établissements qu'ont occupés successivement les saintes religieuses, fondées par Marie- Thérèse d'Autriche. Le Couvent de la rue du Bouloi occupait l'emplacement où sont aujourd'hui les maisons no 17, 19, et 21 surtout. Cette grande mai- son, no 21, appartenant aujourd'hui, si nous ne nous trompons, à l'administration du chemin de fer du Nord, se reliait au n» 17. On y remarque une grande porte d'entrée, au haut de laquelle un ancien concierge nous disait, il y a une dizaine d'années, qu'il avait vu, dans les derniers temps, un signe indiquant une maison religieuse. Certaines fouilles, faites dans le sol, avaient amené la découverte de plusieurs ossements humains, provenant sans doute du cimetière des premières carmélites. Toutefois, observons que, dans le court intervalle de 1660 à 1689, il ne s'y était pas fait de nombreuses inhumations.. Qu'était-ce que l'hôtel considérable, voisin des Carmélites, qu'elles ne purent songer à acquérir, disent les chroniques, à cause de la cherté relative du terrain ? Le couvent était entouré de maisons séculières. Un assez vaste hôtel, qui se trouvait proche, aurait mis au large, mais le terrain de ce quartier était hors de prix. i> Quoi qu'il en soit, divers bureaux de voilures, jpour les environs de Paris, ainsi qu'un des bureaux du chemin de fer du Nord, ont suc- cédé à l'ancien emplacement des Carmélites. Les entreprises d"expé- dilif transport et de rapide locomotion sont installées, à l'endroit même oîi, au xviie siècle, une colonie d'humbles femmes deman- daient et trouvaient ce repos et cette immobilité corporelle, qui permettent et facilitent la locomotion pieuse des âmes, dans leur essor vers Dieu. 11 n'est resté, dans cette rue du Bouloi, que le vague souvenir de l'existence d'un ancien couvent. Les Carmélites ne sont plus en possession de la maison de la rue du Bouloi depuis 180 ans. Nous avons dit par quelles circonstances elles furent amenées, à l'époque de la Fronde, à acquérir ce terrain et comment la proximité du Louvre y avait conduit la reine Marie- Thérèse. La rue était une rue fort étroite désignée en 1359 sous le nom de rue aux Bouliers, dite la cour Basile. [Y. Bues de Paris, par MM. F. et L. Lazare. On avait raison de quitter une maison resser- rée, où l'on étouffait, pour aller respirer plus librement dans le quartier de Grenelle, aéré et vaste, éloigné des habitations de la capitale, et tirant son nom de Grenelle d'une fjarenne que possédait antérieurement l'abbaye Sainte-Geneviève, et qui était située près de l'emplacement sur lequel on construisit l'École militaire, c'est- 8!l-2 AI>PEA'D1CE à-dire dans le quartier de lavenue de Saxe, où sont maintenant les Carmélites de la rue de Grenelle. A part les souvenirs qui s'attachent aux lieux, théâtre de la vie de ceux qui nous sont chers, les Carmélites n'avaient plus, à la fin du xviiip siècle, autant de raisons de regretter l'habitation de la rue de Grenelle, qu'elles en auraient eu au xviic siècle, parce que la physionomie du quartier avait considérablement changé. Un des dignitaires de l'h^lglise de Paris écrivait, au mois de septembre 1689 Nous avons vu et visité exactement la maison de la rue de Grenelle, la chapelle, les cloîtres, dortoirs, ollices, parloirs, et autres lieux, même les jardins, tant pour le dedans que pour le dehors de la maison, et l'avons trouvé en suffisant état d'y loger les re- ligieuses et les mettre en clôture, les parloirs bien grillés, les portes fermant bien à clos, les jardins entourés de bonnes murailles, les cloîtres, les dortoirs, les réfectoire, cuisine, lieux réguliers bien disposés; et comme nous avons trouvé que la grande chajjelle ou l'église pour le dehors n'était pas encore achevée, jusqu'à ce qu'elle le soit, nous en avons trouvé une petite bien ornée et propre. > 11 y avait plus que ces avantages, dans les premiers temps que les Carmé- lites furent rue de Grenelle; la positmi eUe-7nèine du lieu était pré- cieuse. La maison de la rue de Grenelle était, loinde toute autre habi- tation ; les constructions, qui l'ont environnée, ne s'étaient élevées que depuis, au grand regret des Carmélites. On n'y entendait, pour ainsi dire, que les ramages des oiseaux. La vue s'y étendait sur ta Seine, sur les campagnes environnantes et sur celte hauteur de Montmartre oîi l'Ordre avait en quelque sorte pris naissance dans ce royaume. Un grand jardin, planté d'arbres fruitiers, offrait aux saintes habitantes de ce lieu assez d'espace pour jouir du grand air et pour se faire quelque illusion sur l'isolement de ce nouveau dé- sert. » {Chroniques du Carmel. Quand on consulte, en effet, le plan de Paris de 1632, par Goni- boust, on voit quelle physionomie encore rustique présentait le faubourg Sainl-iermain, ressemblant à ces villages composés de quelques rues dont les maisons sont séparées les unes des autres par des vignes, des prés et des jardins. En sortant de la porte de Nesles quartier actuel de l'Institut , on entrait là déjà à la cam- pagne. La rue Saint- Dominique, qui n'était pas bâtie, s'ajjpelait chemin aux vaches. Les rues du Bacq, de l'Université, de Verneuil, de Bourbon, n'existaient point encore du temps du grand Corneille, comme on le voit d'après une de ses comédies [le Menteur, scène v. Môme au premier tiers du xvui siècle, les Carmélites n'avaient entre elles et la Seine que peu de maisons, l'hôtel d'Agenois et l'hôtel de Conti. Les rues Saint-Dominique et de l'Université n'étaient pas complètement bâties. La irairie, au bord de la rivière, appelée le grand pré aux Clercs, où une grande partie de l'armée de Henri IV était campée en lo89, quand il assiégeait Paris, n'avait pas disparu en totalité. Voyez Essais historiques sur Pans, par de Saintfoix, NOTES RKLATIVKS A MAKIE-THÉRÈSR D'AUTRICHE 89j Paris, 17G3, tome I, pago 61. Des chantiers de bois ilotté étaient marqués par le plan de Goinboust pour l'endroit où Ton a élevé le quai d'Orsay; et la rive de la Seine, où l'on a construit le palais du Conseil d'État et la Cour dos comptes, était et s'appelait la Grenouillère L'église du monastère de la rue de Grenelle, qui n'avait rien d'ar- cbitectural, était petite et modeste. Le Plan de Parix de Timjot, do 1740, qui donne le détail et la physionomie du quartier et du cou- vent, en des proportions assez grandes, n'indique rien au dehors ui révèle une chapelle. Et cependant, une belle église, c'étaitTobjel capital que la reine Marie-Thérèse se proposait d'accorder aux Carmélites de sa fondation. Elle avait même fait un vœu formol d'élever cette église, après que son fils le dauphin eut échappé à une grande maladie. Elle avait déposé entre les mains des reli- gieuses, rue du Bouloi, l'acte de ce vœu écrit en espagnol. La mort prématurée de la reine empêcha ce vœu d'avoir son exécution et, rue de Grenelle, on ne sortit guère de la modestie de la rue du Bouloi. On voyait, dans l'église de la rue de Grenelle au-dessus du maître-autel, un grand tableau de Mignard représentant une Extase de sainte Thérèse. Les Carmélites l'ont encore, avenue de Saxe, dans leur chapelle. On y voyait également un tableau de Lebrun, c'était Jésus-Christ ressuscité. Les religieuses ont pu le retrouver après les dispersions de 1793; elles Font acquis à la condition d'acheter ce qui leur avait été enlevé. Quand mourut M™e Charlotte de Roquelaure, duchesse de Foix on 1710, au couvent de la rue de Grenelle où elle avait suivi les Carmélites, on plaça son cœur à côté de la grande grille du chœur, avec les vers suivants, faits par l'abbé Tiberge. Durant sa vie, elle aima ce saint lieu; A la mort, elle crut que son cœur devant Dieu Y trouverait dans le silence Le repos que produit une humble pénitence; Mais il est juste encore qu'elle y trouve à jamais, Pour son amitié tendre et pour tous ses bienfaits, Une vive reconnnissatice. Qu'est devenue cette partie de la dépouille mortelle de la du- chesse de Foix, et la place où étaient inscrits ces vers ? Une loi du 13 mai 1825 ordonna la vente des terrains qui prove- naient du couvent des religieuses carmélites, et de celui des reli- gieusesde Bellechasse. La vente fut effectuée les 3,4 et 9 juin 1828, et l'on put procédera la formation de rues et places nouvelles, par les percements projetés. Les rues actuelles, désignées Martignac, Cham- jjagny. Las Gazes, Casimir -Pcrrier ainsi que l'église Sainte-Clotilde, sont sur le terrain qu'occupèrent les Carmélites jusqu'en 1792. Les religieuses de Bellechasse, Ordre de religieuses chânoinesses du Saint-Sépulcre, avaient acheté, depuis 1635, le clos de Bellechasse ; 894 APPENDICE elles élaioiil voisines desCarniolilcs, ainsi que les religieuses béné- dictines le Nolre-Uame de Pentémont. L'enclos des Carmélites, dont la communauté fut supprimée en 1792, devint propriété nationale. Les bâtiments et terrains furent alïectés au service du ministère de la guerre. On y établit la garde des consuls, puis un dépôt de fourrages. Vis-à-vis les Carmélites et sur la rue Saint-Dominique-Saint-Ger- main se trouvaient les bâtiments de l'ancien couvent des filles de Saint-Joscpb ou de la Providence ainsi que l'hôtel de Brienne ; ils furent, comme l'enclos des Carmélites, convertis en propriété na- tionale, et affectés aussi, dès le commencement de ce siècle, aux bureaux du ministère de la guerre. Lucien Bonaparte avait acquis VHôtel de Brienne, où. il forma une magnifique collection de ta- bleaux; il céda ensuite cet hôtel à M'i'e Lœtilia, sa mère, en 1804. Cette propriété est devenue, de nos jours, l'hôtel du ministre de la guerre. L'enclos des Carmélites occupait-il tout l'espace compris entre la rue de Grenelle et la rue Saint-Dominique ? ou bien n'allait-il que jusque vers la hauteur de la rue actuelle de Las Cases? — 11 n'y a pas dans les documents assez de clarté pour trancher la question. Voici d'abord ce qu'on lit dans les manusciits des Carmélites. i L'année 1720, la construction d'une nouvelle rue, de la rue de Bourgogne, ayant nécessité un prodigieux exhaussement de terrain, le mur de clôture du couvent se trouva n'avoir en dehors que la hauteur d'un mur d'appui; de plus, la ville exigea que la commu- nauté élevât à ses frais un bâtiment pour former le coin de la rue Saint-Dominique et de la rue de Bourgogne. C'est au sujet de cette nouvelle dépense que Madame engagea le Régent, son fils, à faire délivrer aux Carmélites, par ses ordres, 37,000 francs, avec un arrêt d'amortissement pour toutes les maisons qu'elles auraient pu bâtir à l'avenir sur la rue de Bourgogne, et exemption des gens de guerre et de toutes charges de ville. » En eifel, dès 1707, un arrêt du con- seil, relatif aux améliorations à exécuter dans le faubourg Saint- Germain, ordonnait la création de la rue, qui serait nommée rue de Bourgoijne, partant de la rue de Varennes, et se terminant au nou- veau quai d'Orsay, et devant avoir pour point de vue le nouveau cours près la porte Saint-llonoré. Et cependant, d'autre part, un passage du Dictionnaire des rufs et des moniiinents de Paris, par des hommes compétents sur le chapi- tre de l'édilité parisienne, MM. Lazare, ne semblerait pas admet- tre que l'enclos du Carmel de la rue de Grenelle s'étendit jusqu'à la rue Saint-Dominique. Comment résoudre la contradiction ? A consulter le plan de Turgol, de 1740, le principal corps de bâti- ment des Carmélites était sur la rue de Grenelle, formant trois façades et trois ailes, une aile sur la rue, une aile parallèle sur les jardins, une autre aile, reliant les deux premières. Venaient, après le bâtiment, les jardins s'étendant dans la direction de la rue Saint- NOTES RELATIVES A MAHIE-THEHESE D'AUTRICHE 893 Dominique. Au côt6 Est du bâtiment principal, se développait égale- ment sur la rue de Grenelle un corps de logis plus petit, n'ayant qu'un premier étage. Là se trouvait probablement l'église ou la chapelle. Ce petit bâtiment avait une cour, qui, était sans doute le cimetière ; une porte grillée empêchait de passer dans les jardins. La porte d'entrée du couvent se voyait, d'après le plan de Turgot, à l'endroit de la rue de Grenelle qui est aujourd'hui l'entrée de la rue Martignac. Cette porte d'entrée était flanquée, à droite et à gauche, de deux corps de logis, n'ayant qu'un étage. Mais le plan de Paris de Turgot ne résout pas la question des limites du couvent. On voit, dans ce plan, qu'un hôtel, désigné Hôtel de Brogtie, qui est aujourd'hui l'Hôtel du comte d'IIaussonvi'llc, formait déjà le coin de la rue Saint-Dominique là même où le côté méridional se rencontre avec la rue de Bourgogne. Comment donc les religieuses furent-elles obligées par la ville à rehausser leur mur au coin de la rue Saint-Dominique et de la rue de Bourgogne ? j — Le jardin des Carmélites est, dans ce même plan, partagé par un mur, qui semble se trouver sur la ligne de la rue actuelle de Las Cases. Ce mur était-il la limite réelle ? Ce mur se retrouve, dans le plan de Paris, donné en 172o, par les bénédictins Félibien et Lobineau, dans leur Histoire de Paris, in- folio, t. 1er. La limite des Carmélites est nettement accusée, au Sud, par la rue de Grenelle, à l'Ouest par la rue de Bourgogne, à l'Est par l'hôtel de Villars et par les religieuses de Bellechasse. La difficulté n'est que pour la limite du côté du Nord. Allait-on jusqu'à la rue Saint-Domi- nique ? ou bien s'arrêtait-on à 60 ou 100 mètres avant cette rue au mur qui partageait les jardins ? 11 y a soixante-dix-huit ans que les religieuses fondées par la reine Marie-Thérèse ne possèdent plus l'établissement de la rue de Grenelle, passé en plusieurs mains, telles que M. d'Haussonville coin de la rue Saint-Dominique, M. le prince de Ligne coin de la rue de Bourgogne et de Grenelle, M. Moulin de la Tour, M. dEstour- mel, M. de Belissens, etc., côté gauche de la rue Casimir-Périer. Elles ont pu s'établir sur les terrains, d'abord déserts, qui s'éten- daient entre l'École militaire et le faubourg Saint-Germain. Un homme de bien, l'honorable M. Riant, l'un des notaires les plus estimés de la capitale, doué d'une fortune considérable, membre du conseil municipal de la Seine, l'âme et l'instigateur d'un grand nombre d'œuvres utiles à la religion et à la patrie, M. Riant, di- sons-nous, vint en aide aux Carmélites pour les négociations préa- lables relatives à l'acquisition d'un terrain avenue de Saxe ! Nommons aussi l'honorable et brave général de Bourgon, qui s'employa pour hâter une solution difficile à obtenir, c'est-à-dire le remboursement immédiat, par la ville de Paris, des 400,000 francs offerts aux Carmélites, pour l'établissement de la rue de Vaugirard qu'elles avaient cédé. Cette somme leur était indispensable pour 896 APPKNDICE subvf'iiiraux trais de la nouvelle construction. M. do Hourgoii, beau- père d'une des religieuses, ayant vivement pressé M. le préfet de l;i vSeine, obtint que la somme fût versée sans retard. Du reste, si l'on a quitté la maison des Carmes, on sest, en quelque sorte, rapproché du local de l'ancien monastère de la rue de Grenelle. L'emplacement actuel des Carmélites, qui se glorifient toujours de leur fondation parla reine Marie-Thérèse, se trouve presque au centre du carré que forment quatre avenues, les deux avenues parallèles de Lowcndall et de Bre'euil, les deux autres avenues parallèles de Saxe et de Suft'ren. L'ancien monastère de la rue de Grenelle se trouve ainsi reconstitué dans un quartier, méritant éminemment le nom de Grenelle ; on y est, comme à l'entrée de la plaine de Gre- nelle et de la commune de Grenelle, au centre d'un cercle d'établis- sements militaires, religieux et industriels. Au sens de ceux qui ont le sentiment de certaines convenances et de certaines harmonies, il était convenable qu'une prière quelconque, à plus forte raison celle des Carmélites, montait vers le ciel, du centre de cet endroit même, entre l'Ecole militaire, le puits de Grenelle, Thospice Necker et l'Hôtel des Invalides. Les âmes doivent faire contrepoids aux corps, les labeurs de l'esprit aux agitations de la matière. Le temps doit se mêler à l'éternité, et il était bon que des groupes solitaires, recueillis et silencieux, tissent équilibre aux foules immenses, tu- multueuses et bruyantes. Qu'est-il resté de la rue de Grenelle aux mains des Carmélites de l'Avenue de Saxe? — Rien ou presque rien! Elles n'ont pas même un plan des bâtiments, une vue ancienne du monastère, de l'église cl des jardins. Placées dans cette médiocrité qui épargne les ennuis de l'indio-enceetlesdangersdelarichesse, nosCarmélites nepossédaient o-uère'd'objets d'art, rue de Grenelle. Aucune princesse deCondé, au- cune duchesse de Longueville, aucune demoiselle d'Épernon, n'y avait apporté des richesses exceptionnelles, comme à la rue Sainl-Jacques. Ce quisubsisted'avantl789,cesontque!ques tableaux, les portraits de quelques prieures, une toile de Lebrun, une de Le Sueur, une autre de Mic-'nard, un autre tableau qui représente l'ensemble delacommu- nauté de la rue de Grenelle, au temps de la comtesse de Rupelmonde. Enfin et surtout on a conservé les précieuses reliques, les précieux objets que le couvent tenait de la munificence de Louis XIV et de la piété de la reine. Nous allons faire l'énumération des choses anciennes qu'on pos- sède, à l'avenue de Saxe. Commençons par les tableaux • do Une nativilé, de Le Sueur; â'i L'Enfant Jésus sur les junoux de la Sninte Vierge, de Mignard ; ;{f» Sninte Thérèse, de Mignard, qui se voyait au maître-autel de la rue de Grenelle, et qui se trouve aujourd'hui dans une chapelle latérale de l'avenue de Saxe ; 40 Jésus ressuscité, montrant la cicatrice de son cœur percé, de Lebrun. Racheté par M""' de Soyecourl ; - NOTES RELATIVES A MARIE-THÉRÈSE D'AUTRICHE. 897 ?0 Une Vue des religieuses composant la comviunauté de la rue de Grenelle, vers l'année 17oi2. Ce tableau ayant 2 mètres de largeur, et 1 mètre 73 de hauteur, est dû à un peintre de talent, à une femme, à une carmélite elle-même, qui peignit sur place les portraits des habitantes du couvent. Ce tableau représente l'émission des vœux de la sœur Thaïs de la Miséricorde, née de G ranimant, puis comtesse de liupelmonde, cl qui fit sa prolession religieuse en 1752, entre les mains de la révérende mère Pauline-Joséphine de Jésus M»"! de Croï d Havre, devant la communauté réunie en chapitre, comme il est d'usage. Le point qui domine dans cette peinture, c'est que Mme de Rupelmonde paraissait attacher une importance extrême à témoigner sa gratitude pour la grâce qui lui était faite d'être reçue et de compter parmi les humbles filles du Carmel. Une pieuse pensée a représenté, au-dessus des reli- gieuses, qui sont au nombre de trente, le glorieux saint Joseph, protecteur de l'ordre du Carmel, bénissant avec une tendre et pater- nelle aft'ection la nouvelle professe et toutes ses mères et sœurs, dont les physionomies expriment une sainte joie, un affectueux attendrissement, et une admiration, mélange d'étonnement et de re- connaissance, pour les miséricordes de Dieu sur la sœur Thaïs. Il est possible que la critique d'art trouvât à reprendre, dans une peinture qui n'a pas la prétention d'être un chef-d'œuvre, quelques détails de conception et d'exécution. Mais, en tout état de cause, il y a un souffle du bienheureux Jean de Fiesole dans cette loile, on y sent cette manière que donne, seul, le sentiment religieux, le sens de la foi, le don d'une piété vive. Ne recherchons pas si le ta- bleau de l'avenue de Saxe a été exécuté par une main sûre d'elle- même, avec toutes les adresses du métier, si les mouvements en sont expressifs et variés, si les groupes s'agencent bien, si la physionomie des attitudes, gestes et démarches, seconde celle des visages et com- plète l'expression morale que le peintre a dû se proposer d'atteindre. Le tableau de l'avenue de Saxe est tout à la lois un groupe et un paysage, une juxtaposition de trente portraits, et le vœu d'un cœur qui s'épenche en actions de grâces et qui veut perpétuer sur une toile la reconnaissance qui déborde de tout son être. Le tableau est placé dans la salle de communauté à gauche en entrant. La scène est représentée à ciel découvert ; on aperçoit quelques arbres et, du côté gauche du tableau, dans le fond, comme l'église du monastère. La sœur Thaïs, à genoux, les mains jointes et assez profondément inclinée , paraît abîmée dans le recueillement et la reconnaissance ; l'attitude des autres religieuses est variée, comme l'expression de leur visage. Saint Joseph est comme assis dans le ciel, bénissant de sa main droite ; sa gauche tient le lis. Sa pose exprime très-bien son action. Il paraît vouloir couvrir la com- munauté entière de sa protection et de son amour. Il est certain que le costume de la Carmélite ne vise pas à l'élé- gance ; sainte Thérèse n'a pas établi sa réforme pour susciter, parmi 898 APPENDICE SCS saintes lillcs , dos Cliristophe Colomb pour la découverte do modes nouvelles, de toilettes inconnues et d'éblouissantes parures. Par conséquent, l'artiste de la rue de Grenelle n'avait pas précisé- ment, dans son tableau, à faire des tours de force pour bien obser- ver lanatomic et la perspective, pour nous montrer s'il excellait dans les moindres détails des étoffes, de l'arcbitecture, des paysages. L'important, le vif intérêt historique de ce tableau consiste dans les trente religieuses qui composaient la communauté en 1752, et que l'on voit figurer dans cette toile. 0" Comme objets précieux dautrcfois, les Carmélites possèdent en- core la sainte Face, donnée par la reine Marie-Thérèse, tableau de trente centimètres de hauteur etvingt de largeur. Au point de vue de l'art, cette sainte Face rend bien la douleur du regard du divin crucifié. Le sang coule sous sa couronne d'épines. Le haut du nez porte la trace de qua re coups de couteau, donnés, dit-on, par les Maures. Un autre coup de couteau a labouré le front et l'œil gauche. La reine Marie-Thérèse avait donné à ces dames avant de mourir celte marque de son attachement, en leur léguant cette sainte Face miraculeuse qu'elle avait apportée d'Espagne. La pieuse princesse avait enrichi le tableau d'un cadre en or garni de diamants. Les deux commissaires qui se présentèrent rue de Grenelle, le 14 septembre 1792, commencèrent par dépouiller cette sainte image de ses orne- ments, et la remirent ensuite à la mère Nalhalir, prieure, qui la fit encadrer simplement, après en avoir fait constater l'authenticité par M. de Floirac, avant qu'il émigràt. 7° Le Crucifix miraculeux rapporté de Besançon par Louis XIV, et donné aux Carmélites de la rue du Bouloi, subsiste aussi ave- nue de Saxe. Le bois en est vieux et usé ; ce crucifix, largo de douze centimètres, avait été construit par quelque ermite de la Franche- Comté, il a une longueur de cent cinquante centimètres environ. 11 est en grande vénération dans l'église de nos Carmélites. On se souvient que ce bois symbolique était resté intact, au milieu des ravages de la flamme, qui dévorait tout autour de lui. 8" On a converti en ornement, pour la célébration de la sainte Messe, la brillante robe que la comtesse de Rupelmonde portait lors de la cérémonie île la prise d'habit; cotte robe rappelle ces riches et anciennes étoffes de nos vieux fauteuils Louis XV. 90 On conserve avec un soin non moins pieux un ornement complet, que la reine Marie-Thérèse donna rue du Bouloi, pour la célébration du divin Sacrifice. Cet ornement en drap d'or, servant depuis deux cents ans, est encore un beau reste de la munificence de la reine. La croix qui s'y encadre est un travail en couleur, pro- duisant le menu; effet que nos tapisseries. 10" Mentionnons aussi un précieux reliquaire avec dos reliques de la vraie croix, que la reine Marie-Thérèse donna à ses chères Carmélites; ce reliquaire, en forme de croix, mesure soixante centi- mètres de hauteur; il est en métal doré, et Irès-orné; il porte les NOTES RELATlVIiS A AlAHlK-THtUKSE D'AUTRICHE. 899 armes de la reine Marie-Thérèse. Mais les diamants dont il était en- richi, ont disparu pendant la lîévolution. Heureusement, les mor- ceaux de la vraie croix sont restés. llo Enfin, l'avenue de Saxe possède quelques portraits, qu'elle a sauvés de la dispersion D'abord, le portrait de la reine Marie-Thérèse d'Autriche, que nous avons essayé d'étudier dans les jjremiers chapitres de cet ou- vrage, peinture dans laquelle l'artiste a eu le loisir d'étaler un riche coloris avec des tons purs et pleins, de nuancer les plis d'un manteau royal semé de fleurs de lis d'or, de suivre capricieusement les enfoncements d'une longue robe traînante, et de faire miroiter sur les blonds cheveux de la princesse un magnifique diadème fleu- ronné et éblouissant. Ensuite le portrait de Mgr Hachette des Portes, évêque de Glan- dèves, supérieur des Carmélites. Le portrait de M. l'abbé de Floirac, vicaire général de Paris, à la fin du siècle dernier. Le portrait de M'''»- de Croy d'Havre. Celui de M'np la comtesse de Rupelmonde, née de Grammont. Celui de la mère Pélagie madame de La Fère du Bouchant. Celui de M'i'^ Eusloquie de Borstel, et celui de sa tante. Le portrait de Madame Louise de France. Celui de M^^e de Soyecourt la mère Camille. Enfin un buste, en cire, de Madame Louise dOiFrancc. Ici s'achèvent nos recherches historiques concernant le monas- tère de Grenelle, fondé par la reine Marie-Thérèse d'Autriche, et transféré avenue de Saxe. Nul doute que toujours cette pieuse colo- nie n'attire, dans ses rangs, les jeunes femmes, qui ont le désir d'al- ler travailler dans la solitude au salut de leur âme. Là, on entend plus facilement la voix de Dieu, on s'y forme aux vertus de Jésus- Christ, on y conquiert pied à pied les diamants de la future cou- ronne du ciel. Là aussi, dans ce pieux et silencieux asile de l'a- venue de Saxe, avec les imperfections attachée^ à toutes choses ici-bas, et certaines épreuves inévitables, on g^te, relativement, un repos et une tranquillité d'âme qu'on ne saurait rencontrer ailleurs. En ce qui concerne la vie temporelle et les moyens de subsistance, les Carmélites continueront, avec leurs modestes ressources, à compter sur la Providence. Bien des pages de leur histoire contribuent à consolider leur confiance. Que de fois, n'ayant pas le strict néces- cessi^ire, n'ayant pas même de quoi donner à manger à la commu- nauté, quelques moments avant l'heure du repas , n'ont-elles pas vu arriver subitement des secours mystérieux, qui les mettaient à même d'échapper à la faim et de faire honneur à des affaires pres- santes ! Nous ne rappellerons que le trait suivant, qui est des der- nières années du xviie siècle Cependant, tous ces secours ne suf- » fisant pas pour les dépenses que l'on était obligé de faire, la mère 'JOO APPENDICE ' Thérèse M^'' de Kemenecour, alors dépositaire, se trouva, à la tin » d'une semaine, avec une seule et unique pistole, pour payer les » ouvriers et nourrir la communauté. Dans cette circonstance, il » vint au tour une femme dont la pauvreté était connue et si ex- y Irême, qu'elle lui avait fait prendre l'horrible résolution d'aban- » donner au crime ses trois lilles d'une rare beauté, afin d'avoir, » par ce moyen détestable, de quoi les nourrir. Notre sainte reli- » gieuse, connaissant cet affreux dessein, fut pénétrée de douleur, » et courut demander la permission à notre révérende mère » prieure de donner la pistole en question à cette misérable pour » l'engager à prendre patience, et empêcher un si grand mal, ajou- » tant qu'elle prêtait cette somme à Notre-Scigneur. La divine » bonté la lui rendit avec usure et sans retard. Centécus se trouvè- » rentdans le tour le jour suivant qui était celui où il fallait payer » les ouvriers, sans qu'on pût savoir comment ils y avaient été X mis. Longtemps après, on découvrit qu'une religieuse de Saint- » Thomas, que nous ne connaissions pas, avait découvert la néces- » site où nous nous trouvions, et obtenu cette bonne œuvre de M"'f la » chancelière Séguiej'. » Quant à nous, nous souhaitons vivement et pour l'intérêt général du bien , et pour la dévotion que nous professons envers Marie- Thérèse d'Autriche, nous souhaitons que cette sainte maison de l'avenue de Saxe prospère de plus en plus, et que Dieu continue de la bénir. S'il y a aujourd'hui le libre positivisme des athées, lais- sons aux Carmélites leur positivisme spirilualiste, avec le droit de chercher le bonheur et la liberté, là où elles sont convaincues qu'ils se trouvent. Nous proclamons l'émancipation des esprits et le droit aux jouissances du corps et de la matière; laissons aux Carmélites l'émancipation de l'âme, et le droit d'assurer, comme elles l'entendent, les intérêts et les devoirs spirituels, laissons-les poursuivre [les choses qui ne passent pas. Disons maintenant un mot des personnes qui ont vécu dans cette maison au xvu'' et au xviiii' siècles. VII LISTK INÉDITE DE TOUTES LES RELIGIEUSES CARMÉLITES QUI ONT VÉCU DEPUIS LE MILIEU DU XVII" SliOCLE JUSQU'AU MX, DANS LE MONASTÈRE FONDÉ PAR MAhlE-THLllÈSE d'aUTUICHE, RUE DU HOULOI, ET TRANSFÉRÉ AVENUE DE SAXE. — MANUSCRITS DU CAnMEL, COMPLÉTÉS PAR QUELi^lUES RECHERCHES GÉNÉALO- GIQUES ET BIOGRAPHIQUES. 1. — 1G35. — Année delà réception aux Carmélites. D"*^ Rover , veuve de M. Chantemesle , sœur Elisabeth de Sainte-Croix. Veuve à 22 ans, elle reprit un ancien projet d'être carmélite. NOTES RELATIVES A MARIE-TIIËRÈSE D'AfTRIGHE. 901 et entra, à l'âge de 30 ans , en 1635 , au couvent de la rue Saint-Jacques. Lorsqu'on 1664, on érigea en monastère la mai- son de la rue du Bouloi, sœur Elisabeth y fut placée par les supé- rieures. Elle s y absorba dans des vertus obscures et sublimes. Ayant de grands biens, élevée délicatement, elle sut vivre, rue du Bouloi, dans les austérités les plus grandes. Décédée à 73 ans , rue du Bouloi, en 1670. 2. — 1645. — D"" Morice, s"" Louise de la Mère-Dieu. Femme de chambre de Marie de Médicis, elle renonça aux espé- rances que lui pouvait assurer la faveur royale, et entra, en 1645, à l'âge de 34 ans, an couvent de la rue Saint-Jacques. Son bonheur fut de vivre en anachorète, de bêcher la terre en toute sai- son, ne s'étant rendue au parloir que deux ou trois fois dans vingt années, de marcher absolument nu-pieds en véritable carmélite- déchaussée. Elle demanda et obtint de rester ensuite conventuelle à la nouvelle fondation de la rue du Bouloi.'et vécut jusqu'à 73 ans. Morte en 1684. 3. — 1649. — ^ D"'' Le Seigneur de Reuville, révérende mère Françoise de la Croix. Originaire de Rouen, elle était fille de messire Le Seigneur, cheva- lier seigneur de Reuville, président des trésoriers de France, de la généralité de Rouen, et de Mme Cécile de Colmoulins. Toute jeune, elle aimait déjà le monde, et était touchée de ses amusements. Néan- moins, il y avait dans sa conscience une rectitude infinie; et lagrâce divine lui réservait une destinée exceptionnelle. Malgré un certain goût pour les vains amusements, elle s'était acquis l'estime du monde, à cause de sa solidité de conduite. Un petit recueil assure que les mères les plus vertueuses sachant leurs filles en la com- pagnie où Mi'e de Reuville se trouvait, disaient ordinairement qu'elles étaient sûres que tout y serait dans l'ordre. » Il y avait dans toute sa personne quelque chose qui sortait des conditions ordinaires. Le duc de Longueville l'avait remarquée, pendant qu'il était gouver- neur de Normandie. Organisation supérieure faite pour de gran- des choses, esprit élevé, jugement pénétrant et juste , fort agréable de sa personne, on devinait que la Providence avait des desseins sur elle. Elle rompit elle-même un mariage avantageux, qui pouvait flatter son ambition, fit, à quelque temps de là, une dangereuse maladie, et resta indécise sur sa véritable voie. Enfin, en 1649, après la mort de son père, elle vint à Paris, et entra, à 23 ans, au couvent de la rue Saint-Jacques, oii elle reçut l'habile et sainte direction de la marquise de Bréauté. Envoyée sous-prieure, rue du Bouloi, et sachant l'espagnol, Marie- Thérèse d'Autriche l'eut bientôt distinguée, et la demanda, en 1665, comme prieure et fondatrice. Elle fut presque constamment à la. 902 APPENDICE lêtc de la maison, pendant près de 40 ans, et, au moment des crises les plus difficiles. Sa foi et sa confiance ne faillirent pas un seul instant ; elle imprima cette aspiration vers les vertus de sainte Thdrèse, qui ne s'est démentie, ni rue de Grenelle, ni Avenue de Saxe. Quand elle décéda, en 1702, rue de Grenelle, elle était âgée de 7G ans, et en avait passé '4 au Carmel. Lon avait pu admirer en elle ces qualités indispensables à un chef, à un supérieur, cette sage prudence, cclW, largeur de cœur, et cette charité infatigable dont doivent être doués tous ceux qui ont l'iionneur de se trouver à la lête d'un groupe de leurs semblables, et que la mère Françoise de Reuville possédait dans une large mesure. Mil'' de Reuville, à sa dernière maladie, conserva sa connaissance et ses facultés jusqu'à la fin ; elle suivit avec beaucoup d'application les prières dos agonisants, qu'elle demanda. Elle mourut, le malin, à huit heures. Malgré son grand âge et ses longues et extrêmes souffrances, dit la circulaire de 1702, elle est devenue si belle après sa mort, que nous ne nous lassions point de la regarder. Les per- sonnes de dehors qui l'ont vue exposée, ne pouvoient croire qu'elle eût plus de quarante ans, et se sont empressées pour avoir des fleurs qui avoient esté sur son corps, la regardant comme une sainte. • La grandeur et la simplicité de sa dévotion avaient tellement frappé les anciennes carmélites, que la tradition s'en est conservée dans les manuscrits. 4. — 1651. — D"'-' Toinexoii de Hemeuecoar, révérende mère Thérèse de Jésus, Antoinette de Tomexon était fille de messire Charles de Tomexon, chevalier et seigneur de Remenecour, premier gentilhomme de la chambre de Son Altesse Mgr le duc de Lorraine, et de madame .Judith de Mouron. Nous la voyons iille d'honneur de S. A. R. madame Marguerite de Lorraine, duchesse d'Orléans , lorsqu'elle prit le parti de quitter le monde et d'entrer au grand couvent de la rue Saint- Jacques. Il est dans la destinée des grandes âmes de rencontrer de forts obstacles sur leur chemin. Ils ne manquèrent ioint à MH^' de Remenecour. On sait peu de particularités des premières années de sa vie. Née, croyons-nous, en Lorraine, venue au monde complète- ment aveugle, les yeux dans leplusdéplorable état, elle retrouva plus tard la vision presque par miracle; et sa vue, tant au physique, que sous le rapport intellectuel, devint des plus perçantes. Lorsqu'elle se sentit appelée, à l'âge de 23 ans, à la vocation de carmélite, elle rencontra d'abord la forte opposition de son illustre famille, ainsi que celle de Monsieur, frère du roi Gaston, duc d'Orléans. Elle en triompha cependant. Remarquons que W^^ de Remenecour avait une vivacité d'esprit, et les agréments naturels qui expliquent qu'on l'ait aimée et recherchée dans le monde. Une fois enrôlée sous la bannière de Marie-Thérèse, elle porta, dans sa nouvelle cxistenoo, NOTES RELATIVES A MARIE-THÉRÈSE D'AUTRICHE. 903 toute son ardeur, toutes les qualités de son esprit, de son cœur et de sa foi. M"c deRemenccour était, ainsi que la mère Françoise de Reu- villc, une nature organisatrice. Étant toute jeune, elle avait su trouver dans le génie de sa charité le moyen de faire élever huit ou dix petites orphelines, auxquelles elle procura dans la suite des éta- blissements considérables. Le père Eudes voulant faire construire une chapelle, et se trouvant sans ressources, reçut d'une grande princesse, à la recommandation de Mi'e de Remenecour,la somme de 12,000 livres. Elle procura aussi des secours considérables aux Mis- sions étrangères. Femme d'une haute intelligence, elle ne put cacher longtemps ses capacités et ses vertus. D'abord sous-prieure à Blois , elle fut rappelée au gj-and couvent. Et lorsque Marie-Thérèse créa le monas- tère de la rue du Bouloi, la reine comprit bien, avec son discerne- ment ordinaire, de quelle ressource serait la mère Thérèse de Jésus. Miii' de Remenecour et MUe de Reuville furent les deux co- lonnes de l'établissement nouveau. Miif de Remenecour exerçait un grand ascendant par ses riches facultés intellectuelles et par sa conversation à la fois solide et bril- lante. Nous avons dit, dans un chapitre, le mot de M. Cousin à son égard, après avoir lu d'elle des lettres fort agréables. On raconte qu'elle parlait de la religion d'une manière si digne, si forte et si pénétrante, que deux des plus grands génies du xviic siècle furent touchés par ses discours; ils confessèrent lui devoir leur retour à la religion catholique. Une fibre vibrait puissamment et toujours dans cette âme d'élite, c'était la compassion pour les malheureux. Elle fit, pendant la cons- truction des bàtimentsdu monastère, habiller plusieurs pauvres ou- vriers. En même temps, elle était profondément vertueuse et sin- cère. Ayant renoncé au monde, elle crut devoir s'imposer de n'aller au parloir, lorsqu'on l'y demandait, qu'armée d'une cein- ture de fer. Elle expiait une visite par une mortification volontaire et spontanée. On peut dire qu'elle se distingua par la grandeur de son caractère, elle pardonnait à ses ennemis avec magnanimité d'âme et d'une manière héroïque, car la bienveillance dont le roi et d'autres personnes de la cour l'avaient entourée, lui en avait suscité passagèrement. Elle mourut rue du Bouloi, le 19 juin 1685, âgée de 60 ans, après en avoir passé 34 en religion. 5, — 165i. — D"e Jessé, s^ Marie de Saint-Benoît. Cette carmélite n'ambitionnait qu'austérités, emploi aux ouvrages les plus laborieux et les plus pénibles de la maison. Elle obtint permission, pendant 14 ans, de ne se point déshabiller. En Avent et en Carême, elle ne couchait que sur des planches. 3Iorte rue du Bouloi, en 1670, âgée de 31 ans seulement. 904 Al^l'KNDlGE G. — 1665. — La inaivjuise de Boury. s'' Claude de Saint-Michel. Cette pieuse veuve eut l'énergie, à 49 ans, d'embrasser la vie pé- nible des Carmélites. Anne d'Autriche fut très-loucliée de la céré- monie de la vêture. M""' de Boury, ayant été obligée d'attendre huit années entières que les aifaires de ses entants fussent réglées, ne put' faire profession qu'au lit de la mort. Aussi son petit-fils lui disant un jour avec l'ingénuité de l'enfance Maman, pourquoi donc avez-vous toujours le voile blanc? la vénérable novice répondit en souriant Mon filx, ^'est que votre papa ne veut pas m'en donner tin noir. Il semblait que Mi'" de Boury, qui n'avait pas consacré spécialement à Dieu les helles années de sa jeunesse, voulût rega- gner par sa ferveur le temps donné au monde. Son esprit do pé- nitence ne cédait en rien à sa charité. Les jours consacrés à la les- sive, ceux où il s'agissait de faire quelque ouvrage fatigant et péni- ble, comme de porter le bois, elle ne manquait pas d'ajouter de nouvelles rigueurs à ces exercices déjà assez rudes pour une per- sonne de- son âge et de son rang; elle avait soin alors de se revêtir d'un ciliée, de bracelets et d'une ceinture de fer. Elle ]orta un an entier ce dernier instrument de pénitence, qui entra si avant dans sa chair, qu'il fallut une espèce de miracle pour l'en arracher. Morte en 1673, âgée de 57 ans. 7. — 1665; 1667. — D"'' de Flavigny d'Aniansart. s" Marie-Thérèse de Jésus, et sa sœur, Gabrielle d'Aruan.'^art, s'' Gabrielle de Sainte-Thérèse. Elles étaient de la Picardie. La terre de Renansartou d'Arnansart. seigneurie et vicomte en Picardie, était entrée depuis le xvf siècle, dans la maison de Flavigny, première noblesse du Cambrésis. Ces deux Carmélites étaient filles de messire César François de Flavigny, chevalier, seigneur de Ribauville, vicomte de Renansart ou d'Ar- nansart et do Surfontaine, et de M"'!" Suzanne de Vielchastel, dont le père était premier capitaine lieutenant des mousquetaires, lieute- nant général des armées du roi et gouverneur de Barrois. Le comte d'Arnansart, leur père, étant venu à Paris, rendit visite, rue du Bouloi, à Ml''' de Remenecour, sa parente. La mère Thérèse de Jésus eut on ne sait quelle inspiration de dire au comte, qui avait plusieurs lillcs, et qui allait établir l'aînée Monsieur, donnez- nous les deux plus àijèes. Dieu les veut Carmélites. Les deux demoiselles d'Arnansart eurent connaissance de cette parole. Et, tandis que leur frère, Anne-Claude de Flavigny, épousait Marie-Anne laFitte, fille de la Fitte, lieutenant général des armées du roi, et gouverneur de Guise, pour elles, à demi engagées dans le monde, mais travaillées par la grâce, elles surent renoncer à tout, et entrèrent, toutes deux, à doux ansde distance IGO-J et 1067, rue du Bouloi, aux Carmélites, nfi elles furent, jusqu'à la tin de leur vie, de saintes religieuses. Sœur NOTES RELATIVES A iMAHlE-THÉRÈSE DAUTRICHE. OOo Marie Thérèse mourut, on 1722, âgée de 77 ans, après 08 ans passés auCarmel. SœurGabriellcde Sainte-Thérèse mourut, en 1727, âgée de 80 ans. Elles étaient nées au château dArnansart, en Picardie. Elles souscrivirent sur les registres la formule de profession consacrée Je, sœur...., fais ma profession et promets chasteté, pauvreté et obéissance à Dieu , et à notre révérend Père supérieur, selon la réforme de... .- 8, — 1G66. — D"'' d'Ardenne, s*" Marie-Louise-Élisabeth le Jésus. Elle fit sa profession à dix-neuf ans; elle était née à Barcelone, et y demeurait. Devenue fille d'honneur de la reine Marie-Thérèse, elle se sentit attirée au cloître. Elle était fille de très-haut et puissant seigneur don Joseph d'Ardenne et d'Arnius, seigneur et comte d'ille, lieutenant général des armées du roi, et de très-haute et très- puissante dame dona Louisa-Élisabeth d'Aragon. Cette descendante des rois d'Aragon, que les reines honoraient de leur amitié, et à qui les alliances les plus illustres étaient offertes, aima mieux pren- dre le voile rue du Bouloi. n'étant plus propre à former des âmes religieuses à toute la per- " fection de leur état dont elle était un si parfait modèle, ses pa- » rôles n'étaient pas moins eflicaces que ses exemples; s'exprimant » d'une manière solide el élevée, avec force et onction, n'employant » la supériorité de son esprit que pour la gloire de celui qui lui avait » donné de si grands talents, elle s'efforçait d'ailleurs d'en cacher » l'éclat, el ne cherchait qu'à s'anéantir, fuyant tout ce qui la pou- D vait faire connaître et distinguer. Sa profonde humilité lui a fait » demander et obtenir de n'être jamais à la tête de la communauté > comme prieure, charge dont son mérite la rendait digne, et où » nous l'aurions sûrement élevée, malgré ses précautions pour l'évi- » 1er, si Dieu n'eût exaucé sa prière, en faisant obstacle à nos » désirs par l'extrême faiblesse de sa vue. » Décédée, à 84 ans, en 1733. 23. — 1G72. — D"'' de Fors du Vigean, révérende mère Marthe de Jésus. Les du Vigean étaient, on l'a déjà vu, une très-ancienne maison du Poitou. 31. Cousin nous a dispensé, par ses recherches sur celle famille, d'en faire nous-même. 11 s'est occupé de la tante qui vécut aux Carmélites de la rue d'Enfer, et qui avait pour' sœur, Anne du Vigean, duchesse de Richelieu. 11 s'agit ici de la nièce et de la filleule de celle-là, d'une autre sœur Marthe du Vigean, née en 16oo, qui entra aux Carmélites de la rue du Bouloi, dès l'âge de 17 ans, avant qu'elle cherchât à se faire applaudir sur ce théâtre du monde où elle aurait pu voir briller tant de personnes qui n'avaient ni sa naissance, ni son esprit, ni sa figure. » Le poète Voiture aurait pu dire de la nièce ce qu'il dit de la tante Vigean est un soleil naissant, [Jn bouton s'épanouissant. II s'épanouit au Carmel, malgré les sollicitations de sa famille i\m voulait lapousserà la cour du grand Roi. La distinction de son esprit et de son cœur parurent excellemment, quand elle eut la charge de prieure. Une jeune et grande princesse l'honora de ses fréquen- tes visites. Nous croyons avoir dit ailleurs que la reine d'Espagne, Madame, belle-sœur du roi, elle régent, avaient pour celte digne mère une estime et une confiance inexprimables. Elle mourut en à 75 ans. Sa mémoire est demeurée chère au Carmel, qu'elle édifia pendant près de 60 ans par ses vertus, les honneurs et les distinc- tions ne l'ayant élevée jamais. 24. — 1673. — D"*^ Pezé, s' Isabelle du Saint-Sacre- ment. Celle sainte fille, d'une naissance obscure, trouva, dans sa posi- tion de femme de chambre de M'ik" de Cossé - Brissac, l'occasion 911 AiMM concert avec une autre jeune novice, sa compagne, pour s'entre- » tenir dans l'humililé, elles s'entrenommaient les habUanles de » desaom les carreaux, voulant se rappeler par ce petit mot de » guerre qu'elles devaient se mettre non^seulement aux pieds de » tout le monde, mais au-dessous. Ces deux ferventes novices se i congratulaient de toutes les petites peines et humiliations qui ; leur arrivaient, les regardant comme autant de bonnes fortunes » pour le ciel. » Décédée à 52 ans par suite d'une infirmité prise dans l'hiver de 1709, en 1714. \'i. — 179. — D"" -0611111, s'' Marie de la Croix. Née à Engiens, en Normandie. De condition obscure. Ame géné- icuse qui s'occupait sans cesse des besoins de l'Église et de l'État. Vécut presqu'un siècle. Décédée, à 89 ans, en 1714. ;^.-. — ircS;\ — D"»^ Talion, s*" Marie-Claude de Saiiit- Bouaveiiture. Fille de Jean Talion, capitaine ordinaire des chariots du roi, cl rKlicnneUe Legncdois. Née à Paris. Décédéc à 66 ans, en 1724. 'j. — ICiS;'. — D"'' da BouclieL, b'' Marie-Louise des Auges. Son père était messire Jean du Bouchet, conseiller du roi, doyen des chevaliers de l'ordre militaire de Saint-Michel et premier gen- darme de France. Née à Paris. Morte, à 48 ans, en 1709. ;]7. — 1hS"2. — D"*^ de Cornouailies , s' Marie-Anue du Saint-Sacrerueut. Née à Paris. Pierre de Cornouailies, son père, était payeur"des rentes. Décédée, à 70 ans, en 17;J5. ;8. — 1683. — l"" Godard, s' Chrisliue de Saiule- Tliérèse. Originaire de la Picardie. 76 ans. Décédée en 1730. NOTES RELATIVES A MARIE-THÉRÈSE D'AUTRICHE 913 39. — 1683. — D" Moyreau, s^ Gertrude de laPassion. De Paris. 44 ans. Décédée en 1703. 40. — 1683. — D" De Levis, la Révérende mère Marie- Elisabeth de Jésus. Marie-Élisabetli de Levy ou Levis, religieuse à 24 ans, était iille de très-haut et très-puissant seigneur messire Roger de Levy, marquis de Pouligny, comte de Cliarlus et de Saigne, lieutenant général du roi en la province du Bourbonnais, et de dame Louise de Beauxon- cles. Elle était née au château de Pouligny, en Berry. La famille de Levis est illustre et ancienne; les seigneurs de Levis étaient en grande considération dans le xie et le xiie siècle leur famille s'est divisée en plusieurs branches, qui onteu toutes de grandes alliances, les Levis-Mirepoix, les Levis-Ventadour, les Levis-Châteaumorand, les Levis-Charlus-Poligny. Marie-Elisabeth de Levis descendait de cette dernière branche, elle était née en 1638. Moreri a-t-il brouillé les dates et les noms? Ce généalogiste cite Roger de Lecis, marié en 1642 avec Jeanne de Mont-Jouvant? Était- ce le père de la carmélite? Aurait-il épousé en secondes noces celle qui, d'après les chroniques et les actes du Carmel de la rue de Gre- nelle, fut la mère de la carmélite, c'est-à-dire Louise de Beauxon- cles? Y aurait-il quelque erreur dans les dates, puisque M"e Elisa- beth de Levis ne naquit qu'en 1658, tandis que, d'après Moreri, Roger de Levis était déjà marié en 1642 ? La Mère Marie-Elisabeth, disent les manuscrits, âgée seulement de 32 ans, s'attirait un respect unanime, une confiance absolue. Son air de sainteté et de bonté, la gravité de son port et de ses manières, la faisaient également aimer et admirer. On ne pouvait la regarder sans voir Dieu présent en elle, qui dirigeait toutes ses ac- tions. Sage, prudente, vigilante, s'oubliant elte-même pour mieux penser aux besoins des autres charitable, compatissante, toujours attentive à tout ce qui pouvait nous faire plaisir, nous trouvions en elle un cœur de mère, un esprit droit, éclairé, doux et ferme tout ensemble; elle faisait aimer le joug du Seigneur, portait à la régula- rité, dont elle était un exemple accompli. » Décédée à 57 ans, en 1715. 41. — 1686. — D" Faverolles,s'- Emmanuel de Saint- Jean de la Croix. Son père, Laurent Faverolles, auditeur des comptes, demeurait sur le quartier Saint-Eustache. Carmélite à 24 ans. Décédée à 40 ans, en 1702. 42. — 1687. — D" Ollivier, s"- Geneviève Thérèse de la Résurrection. Née à Paris sur le quartier Saint-Germain-l'Auxerrois, elle fut un S8 914 APPENDICE exemple des vocations inattendue?. Elle semblait ieu taile pour la vie religieuse. Grand amour de la liberté, idole d'une famille dont il semblait impossible de la séparer, enfin éloignement naturel, très- prononcé, pour le cloître. Pourtant elle se fit carmélite, et fut une sainte. Décédée à 45 ans, en 17U0. 43. _ 1089. — D"*' dette, s"" Claude de la Passion. Née à Villejuif, entrée rue du Bouloi, à 2o ans. Décédée à 63 ans, en 1723. 44. _ 1689. — D'io Larché, s'' Thérèse de l'Assomp- tion. îSée à Pontoise. Entrée à 21 ans. Décédée à 65 ans, en 1727. 45. — 1690. — D^'^Lescureur, s' Marguerite-Thérèse de Saint-Gaëtan. Son père, Gabriel Lescureur, était architecte du roi. ISée en 1657 à Paris, carmélite à 32 ans. Décédée rue de Grenelle à 60 ans, en 1717. 4G. — 1691. — D" Meaugeays, s"" Virginie de Sainte- Thérèse. Son père Etienne Maugeays, originaire de la Provence, était con- seiller et secrétaire du roi. Carmélite à 30 ans. Décédée à 78 ans, en 1734. 47. — 1691. — D" Le Brest, s'' Marie-Élisabeth de Saint-Charles. Fille d'un bourgeois de Paris. Décédée à 81 ans, en 1753. Avait été 62 ans carmélite. 48. — 1691. — D" Hideux, s'' Marie-Augustine de Jésus. Son père était avocat au Parlement. 3Iorte à 60 ans, en 1736. 49. — 169-2. — D"" de La Fère du Bouchant, la Révé- rende mère l*élagie de Sainte-Thérèse. Fille de messire Chaude de la Fère, seigneur un Bouchaut, et de dame Marie de Simonoi, famille du Poitou. Élevée dans la maison royale de Saini-Cyr, elle suivit bientôt la vocation religieuse, et en- tra rue de Grenelle. Ses grands talents la firent bientôt choisir pour les plus hautes charges. M'io de la Fère fut une grande àme ; elle eut des lumières exceptionnelles et des vertus éminentes. Elle vécut jusqu'à 89 ans, dont 60 passés au Carmcl. Jai vu son portrait, avenue de Saxe. On la peignit, quand elle était dans un âge très-avancé, NOTES RELATIVES A iMAHIE-TIIERÉSE D'AUTRICHE 915 au moins à 80 ans. On admire, dans ce visage, cette fraîcheur de teint que la vie du cloître prolonge et maintient. La Mère Pélagie, octogé- naire, y est plus fraîche et plus rose, qu'on ne l'est quelquefois au- jourd'hui à vingt ans. La limpidité de son intelligence se reflète jusque dans l'assurance tranquille de son regard, et dans un certain mouvement des lèvres, qui semble le signe de l'aftirmalion paisible. Ses lettres de spiritualité, écrites à ses bien-aimées filles et sœurs, sont remarquables. Elle fut comblée, disent les chroniques, de grâces très-particulières, qui, sans se traduire par des extases ou autres ravissements extérieurs, étaient marquées néanmoins du sceau de l'Esprit-Saint. » Décédée à 89 ans, en 1757. 50. — 1696. — D"Gonhaut, s^ Marguerite du Saint- Esprit. Parente, nièce probablement des deux autres carmélites, du même nom, reçues en 1671. Décédée à 71 ans, en 1736. 51. — 1697. — D»" De Baudart , s' Elisabeth-Rosalie de Sainte-Thérèse. Originaire de la Normandie, mais née à Paris. Son père Jean- Baptiste de Baudart, écuyer, seigneur de Montfleuri, la fit élever à Saint-Cyr. Elle entra aux Carmélites à 21 ans. Douée de vrais ta- lents, elle sut se tenir complètement cachée. De continuelles maladies l'éprouvèrent; elle vécut cependant 48 ans, rue de Grenelle. Décé- dée à 69 ans, en 1744. 52. — 1697. — D^'^Du Pont de Veilleine, s'' Pulchérie de Jésus. Fille de mcssire Giles-François du Pont de Veilleine, chevalier, seigneur de la Mothe, et de dame Marguerite Archambault de Mar- mogne. Nous avons dit ailleurs qu'elle avait été élevée à Saint-Cyr, et que Mme de Maintenon l'aimait spécialement. Entre les vertus » qu'elle a pratiquées parmi nous, lisons-nous dans une petite note » ajoutée à sa circulaire, sa douceur inaltérable avait quelque chose » de frappant, et elle l'a conservée jusque dans les infirmités de son » grand âge. Personne n'était plus reconnaissante des services qu'on » lui rendait » Née au château de la Mothe, diocèse d'Orléans, en 1675. Décédée à 81 ans, en 1756. 53. — 1697. — D" La Boucherie de Lastie, s'' Marie Mélanie de la Miséricorde. Fille de Jean-Baptiste de la Boucherie de Lastie, chevalier et sei- gneur de laNoiie, et de dame Madeleine Mongeville de Ncyret. Néu au château de Peschcsulcn Anjou, elle entra aux Carmélites laméme année que Mlle* de Baudart et de Veilleine, après avoir été élevée, comme elles, à Saint-Cyr. Décédée à 74 ans, en 1746. 916 APPENDICE 54. _ 1697. — D"» Le Jeune, s'' Marie-Élisabeth de l'Incarnation. Née e d'Esmadys. Modèle des Carmélites pen- dant 39 ans. Décédée à 62 ans, en 1763. 75. — 1728. — W Maillard, s^ Félicité de Sainte- Thérèse„ Originaire de la Champagne. Née à Versailles. Fille d'un architecte du roi. Décédée à 73 ans, en 1776. 7G. — 1728. — D'-i^ Valon de Boisroger, s'' Anastasie de Sain te- Anne. Fille d'un bourgeois de Paris famille venue de Chartres. Décédée à 65 ans, en 1771. 77. — 1729. — D""^ Thibault, s'^ Julienne de la Provi- dence. De Chartres. Décédée à 7o ans, en 1784. 78. _ 1730. — D" Troufflau, s'' Marie-Jeanne de la Résurrection. Fille d'un laboureur du pays de Chartres. Décédée à 62 ans, en 1769. 79. — 1731. — W^ De Gua, s' Marguerite-Pélagie de Jésus. Fille de messire Jean de Gua, seigneur de la baronnie de Malves Carcassoune. Décédée à 56 ans, en 1763. !»20 APPENDICE 80. — 1732. — D"" Boiirbonne, s' Marie-Louise de Saint- Augustin. Fille d'un officier du roi. Née à Paris. Décédée à 61 ans, en i776. 81.— 1733. — D'i*' De Léère , s-" Thérèse-Clémence Eulalie de la Croix. Originaire de Chaumont. Son père était seigneur de Marnay, lieu- tenant de Sa Majesté, commandant au gouvernement de Phalsbourg et Sarrcbourg. Décédée on 1781. 82. — 1734. — D"j les lonlaut-Biion. Nous avons raconté comment elle se décida à se faire carmélite et à quel âge. Elle prit l'habit en 1751. L'évcque de Chartres fit la cérémonie, la reine Marie Leczinska lui mit elle-même le voile blanc. Quand sœur Thaïs de la Miséricorde signa soit l'acte de vêture, soit l'acte de profession dans les registres du couvent, elle mit sa signature que nous avons lue, avec une décision et une solidité remarquables. On possède, avenue de Saxe, plusieurs lettres de la reine de France à la sœur Thaïs. Nous ne sommes dans ce monde que pour l'autre, » lui écrit un jour la reine. On a aussi un portrait de M"" de RupelmondiP devenue sœur Thaïs, portrait de 58 centimètres de hau- teur et de 48 centimètres de largeur. Sa figure porte l'empreinte de cette vie visitée par les malheurs terrestres et transfigurée par la reli- gion. Le regard exprime le contentement d'une âme résignée qui reprend des forces en Dieu. L'œil gauche se ferme un peu, et semble indiquerun être fatigué de ce monde. Le front est haut; maisl'ensem- ble de la figure est petit. Encadré comme il est sous le voile noir et dans sa guimpe blanche, le visage de Mme de Rupelmonde rappelle un personnage de notre temps qui a brillé chez les Dominicains. Lorsque M"e de Grammont mourut en 1784, quoique ce fût l'heure du grand silence au couvent, on ne put s'empêcher de crier Ma sœur Thaïs est morte! ah! quel malheur! » De tous côtés, dans Paris, on vint demander quelque chose qui eût appartenu à la sainte carmélite. 105. — 1752. — D". — D" Caaavas, s"' Pauline-Thaïs de Saint- Louis. Née d'une famille piémontaise en 17io. Fille de Gabriel Canavas, de la musique de la reine, et de Henriette Bertolio. Décédée près l'abbaye Saint-Germain, en 1808. 112. — 17Gi. — D"*' Chauvelin, s"" Louise-HenrielLe de la Croix. Née à Paris en 1746, fille de Jacques-Bernard Chauvelin, con- seiller d'Etat, intondant des finances, et de dame Marie Oursin. Mgr Christophe de lU'aumonl, archevêque de Paris, présida à la prise d'habit. 113. — 17G7. — M""' lie Boauiré, D'"' Marie- François- Bertault de Chantrêne. Fille de M. Claude Bertault de Chantrêne, écuyer, conseiller du roi, trésorier de France, et de dame Pcirine Salmon, née en 1730. Elle fut mariée à Nicolas-François Roses de Beaupré, conseiller du roi, lieutenant parliculior au bailliage cl siège piésidial de Senlis. Devenue veuve, elle entra aux Carmélites, àlàge de 3i ans, en 1707. Le duc de Croï d'IIavré, cl le curé de Saint-André-des-Arcs signèrent comme témoins à la prise d'habit. La veuve de Beaupré sortit ensuite du couvent, pour raison de santé, probablement. NOTES RELATIVES A MARIE-TIIERÈSE D'AUTRICHE 9-27 111. _ 1769. — D"-^ des Landes \le Lancelot, s'' Marie- Emmanuel. Née à Paris. Fille de messire Guillaume-Bernard des Landes de Lancelot, écuyer, ancien avocat au Parlement et conseil du roi, et de dame Marie Vata. Décédée à 76 ans, en 1812. 115. _ 17G9. — D"" Godefroy, s'' Marie de l'Annon- cialion. Fille d'un officier de la garde de la ville de Paris. Décédée à Sainle-Périnne de Chaillot, à 73 ans, en J814. 11 G. — 1769. — D'Je de Rosset de Fleuri, s"" Marie- Joseph. Parente du ministre d'Étal, de l'archevêque de Tours, abbé de Royaumont, et de l'évêque de Chartres. très-haute et très-puissante demoiselle Marie-Victoire de Rosset de Fleuri, était fille de très-haut et très puissant seigneur Mgr An- dré Hercule de Rosset, duc de Fleuri, pair de France, premier gen- tilhomme de la chambre du roi, chevalier de ses ordres, lieutenant général dès armées de sa majesté, gouverneur et lieutenant général de la Lorraine et du Barrois, gouverneur particulier des ville et ci- tadelle de Nancy, et de très-liaute et très-puissante dame madame Anne-Madeleine-Françoise de Monceaux d'Auxy, duchesse de Fleuri, dame du palais de la feue reine. Née à Paris en 1743, M"e de Rosset de Fleuri fut reçue carmélite en 1769. La cérémonie de la prise dhabil fut faite par Mgr Pierre Augustin Bernardin de Rosset de Fleuri, évêque de Chartres, et pre- mier aumônier de feue la reine; et, en 1770, le voile noir lui fut donné par Mgr Henri Marie de Rosset de Ceilhes de Fleuri, arche- vêque de Tours. Décédée à l'âge de o7 ans, à Paris, rue Mézières, en 1803. 117. — 1770. — D'i^^Crevel, s' Marie- Victoire. Fille d'un bourgeois de Paris. Son père, Jean Crevel. ;Sa mère, Marie-Anne de La Maitairie. La cérémonie de sa vèture fut faite par messire Jean-Joseph de Tersac, vicaire de Sainl-Sulpice. Conduite au tribunal révolutionnaire, pendant la république, elle refusa le serment et passa quinze mois en prison. Nous avons rapporté son interrogatoire dans le précédent paragraphe. Décédée en Flandre, aux Carmélites de Termondc, à 79 ans, en 1827. 118. — 1770. — Madame Louise de France, s'' Thérèse de Saint- Augustin. Née en 1737, Madame Louise de France était la dernière des filles de_, Louis XV et de Marie Leczinska. La reine sa mère venait 928 AFPKNDICE de mourir, quand cette princesse entra aux Carmélites. Naturelle- ment, elle avait dû surmonter bien des obstacles et bien examiner sa vocation avant de consommer son sacrifice ; elle l'accomplit à l'âge de 33 ans. Sa vie est une grande et sainte vie. M. de Quincorot, ancien présfdent à la cour royale de Paris, pos- sède l'ordre donné par le roi à la sollicitation de la princesse sa iille, ordre que M. d'Haranguier de Quincerot, son père, écuyer de Madame Louise, avait reçu d'elle à son entrée au Carmel, et qui est religieusement conservé dans cette respectable famille on a pu en avoir copie cet ordre était ainsi formulé I' Les dames qui suivront ma fille Louise, lors de son déjiart pour » le couvent, oîi elle désire se retirer avec mon agrément et per- > mission, lui obéiront ainsi que l'officier de mes gardes, et les » gardes du corps 9t écuyers, sur tout ce qu'elle leur comman- » dera, comme si c'était moi-même qui le leur disais. A Versailles, » ce 6 avril 1770. » Signé Lons. » Entrée rue de Grenelle avec la reine sa mère, pour la profession de la comtesse de Rupelmonde, elle contractait dès ce moment pour ce couvent une affection qui ne devait pas mourir. Désireuse de connaître ce qui constitue la vie d'une carmélite, elle se fit donner par les mères de la rue de Grenelle un exemplaire des saintes constitutions du Carmel ; elle le serra sous clef, dans une cassette d'argent en forme de reliquaire, sur laquelle on li.'^ait Reliques de sainte Thérèse. Ce petit livre lui était plus cher que tous les trésors du monde; elle ne l'ouvrait que lorsqu'elle était seule dans son ap- partement. Le monde a admiré ce qui advint, l'Europe entière s'émut de la détermination de la princesse. Clément XIV la félicita dans une lettre dont on a publié récemment une traduction française et dont l'accent était autrement pénétré et touchant dans l'original italien. Les princes étrangers de passage à Paris s'empressaient d'aller visi- ter la princesse carmélite. Ils demandaient à voir sa chambre, dans laquelle il n'y avait, comme dans les autres, que sa chaise de paille et le /'aH/eut/ i roi, fauteuil qui n'était dans sa cellule que lorsqu'on avait annoncé la visite du roi. Gustave III, roi de Suède, et Henry, frère du roi de Prusse, Frédéric II, firent ce pèlerinage et s'en revinrent émerveillés. L'archiduchesse d'Autriche, 3Iarie-Antoinette, appelée à devenir l'épouse de Louis XVI, quittant Compiègne pour venir à Versailles, ne manqua point, l'année même de son ma- riage, en 1770, d'aller saluer et embrasser la nouvelle carmélite. Ce qui est beau, c'est que Madame Louise fut, toute sa vie, exacte au moindre de ses devoirs et humble entre les humbles. On peut dire qu'elle a appartenu à deux maisons à la fois, aux Carmélites de la rue de Grenelle et à celles de Saint-Denis, à la mai- son de la rue de Grenelle, qui fut la cause occasionnelle de sa dé- termination de quitter la cour, à la maison de Saint-Denis, où NOTES RELATIVES A MARIE-THÉRÈSE D'AUTRICHE 929 s'écoulèrent les dix-sept dernières années de sa vie, si saintement belles, maison qu'elle embauma de ses vertus. Nous avons raconté, dans le paragraphe précédent, que dans la crainte de mourir dans les chaînes qui la retenaient à la cour, la princesse avait fait un testament, dans lequel elle suppliait le roi d'ordonner qu'elle serait enterrée au couvent des Carmélites de la rue de Grenelle. C'est dans ses conversations, rue de Grenelle, qu'elle disait à une prieure i J'ai comparé l'état de princesse à létat de carmélite, et toujours j'ai prononcé que celui de carmélite valait mieux. » C'était le temps des tristes exemples que donna la cour. La princesse se flattait peut-être de la conversion de Louis XV Moi carmélite, et le roi tout à Dieu, quel bonheur! » s'écriait-elle, rue de Grenelle. Libre de choisir, pour sa retraite, telle maison de Carmélites qui lui plairait le plus, il paraissait naturel, dit son premier historien, ;\ qui les mères communiquèrent leurs documents, qu'elle donnât la préférence à celle de la rue de Grenelle de Paris. On sait que Madame Louise n'alla pas, rue de Grenelle, parce qu'elle y connaissait plusieurs religieuses, parce que cette maison étant dans la capitale, pouvait lui attirer des visites préjudiciables à l'esprit de retraite, surtout parce que, comme on tirait le canon toutes les fois que le roi entrait dans Paris, cette bruyante annonce deviendrait, pour elle et pour sa communauté, un sujet de distraction à chaque visite que lui ferait le monarque. Les religieuses de l'avenue de Saxe ont un- portrait de Madame Louise de France, de 70 centimètres de hauteur et de SO centimètres de lar- geur, portrait que M^edeSoyecourt tenait de l'un de ses oncles, 31. de Bérenger. Cette belle âme se reflète dans ce portrait ; les yeux sont un peu creusés par la solitude et par la rude pénitence, que faisait cette princesse. Son nez est très-accusé dans le sens du type bourbonien. Le mouvement des lèvres révèle une bienveillance infinie. Madame Louise de France paraît encore jeune dans cette pein- ture. On sait qu'elle ne se prêtait pas beaucoup à laisser prendre son portrait, et un écrivain du xviiie siècle rapporte que les religieuses profitèrent d'une visite faite par Louis XV au monastère, pour obtenir, par le père , le consentement de sa fille à se laisser dessiner. Les Carmélites de l'avenue de Saxe possèdent également un buste en cire. C'est là surtout que la princesse, qui est plus âgée, rappelle singulièrement, par sa physionomie, le type de figure de Louis XVI et de Louis XVIII. Somme toute, la vue de ces portraits fait beau- coup penser. On songe aux idées qui traversèrent cette tête de prin- cesse, et la conduisirent au sacrifice si beau des grandeurs terrestres. On ne peut oublier davantage cet oracle des livres divins, d'après lequel le don d'une hilarité charmante est presque toujours dé- parti à ceux qui se consacrent à Dieu, dans la totalité d'un sacrifice sincère. 930 APPENDICE Nous avons vu d'elle, à la maison des Carmélites de Saint-Denis, deux autres portraits non moins intéressants. Dans l'un, la princesse est 1res- jeune. Elle a, dans le second, environ 30 ans. Dans le portrait qui la représente jeune, les yeux sont moins creusés et le nez moins saillant que dans le de l'avenue de Saxe. Elle est prise des trois quarts, presque de face. Ses yeux, ses sourcils noirs et abon- dants, l'expression de son visage rappellent étonnamment Louis XV t mais la lille possède, dans cette peinture, cette auréole et cette splendeur calme que donne une sainteté réelle, et à laquelle le roi son père n'osait prétendre. Cette figure est toute jeune; mais on y sent cette maturité céleste que donnent de grands sacrilices accom- plis. Son expression de bonté infinie révèle à merveille celle qui se préoccupa constamment des pauvres du dehors, et fit recueillir en France les religieuses expulsées des Pays-Bas autrichiens, sous le règne de l'empereur Joseph II. Avec l'expression de la bonté, on trouve, dans le portrait de Saint-Denis, l'expression d'une grande fermeté, digne de cette fille d'un puissant roi, qui sut préférer au faste du trône l'obscurité d'un monastère, dans ce siècle où les ordres religieux n'étaient en butte qu'au mépris public. Elle mourut le i23 décembre 1787, à l'âge de oO ans. M. de Sancy fit à cette princesse l'épilaphe suivante Du sommet des grandeurs au sommet du Carmel, Et des marches du trône aux marches de l'autel, Louise avait franclii cet immense intervalle. Préférant le calice à la pompe royale. Mais Dieu la fait monter, en ce jour glorieux. Des ténèbres du cloître à la splendeur des cieux. Le monastère de la rue de Grenelle, qui regardait Madame Louise de France comme un membre de la communauté, fit prononcer, dans l'église de la rue de Grenelle, l'oraisou funèbre de la princesse, par M. François, prêtre de la mission. Il parut une Histoire de la vie édifiante de la princesse, Paris , 1788. L'abbé Proyart a publié aussi la Vie de Madame Louise, Bruxelles, 1793, in-12. Lyon, 1818, 2 vol. in-12, édition augmentée d'anecdotes, lettres, etc. Le Journal historique et littéraire 1er novembre 1788, p. 332, et 15 mai 1789 mentionne l'éloge funèbre de la princesse, par l'abbé Amalric, aux Carmélites de Saint-Denis, et par labbé du Serre- Figon, à Pontoise. Ces notices sur la princesse sont très-imparfaites. Une autre vie d'elle a paru en 1807, 2 volumes in-12, elle est plus complète; on s'y est servi d'un mémoire qu'avait rédigé une carmélite, contem- poraine de Madame Louise de France, nommée Sophie de Beaujeu, sœur Louise-Marie. Quant à ses restes mortels, un journal de l'ex- traction des tombeaux de Saint-Denis, en 1793, dit que le vendredi, 25 octobre 1793, les ouvriers, avec le commissaire aux plombs, furent NOTES UELATIVES A MARIE-THÉRESE D'AUTRICHE 931 aux Carmélites enlever le cercueil de plomb de Madame Louise de France, huitième et dernière fille de Louis XV, morte carmélite en 1787; qu'ils apportèrent ce cercueil dans le cimetière des Valois; que ce corps lut tiré du cercueil et jeté dans la fosse commune à gauche; que ce corps était tout entier, maison pleine putréfaction ; que néanmoins les habits de carmélite étaient assez bien conservés. {Funérailles des liais et des Reines, par de Roquefort, p. 404, Paris, 1824. 119. _ 1772. — D"e Laiiglois, s' Catherine de la Ré- surrection. Née à Sens. Décédée à 75 ans, en 1817. 120. — 1772. — D"^^ Petit, s'' Rose de Jésus. Originaire de Reims. Morte sur le quartier Saiut-Jacques-du-haut- pas, à 86 ans, en 1837. 121. — 1773. — 11'^ Foubert, s^ Marie-Rosalie du Saint- Sacrement. Son père était chirurgien du roi. Nous avons donné son interro- gatoire au tribunal révolutionnaire. Décédée à 79 ans, en 1819. 122. — 1773. — D"'' Houle, sœur Marie-Claudine-Cécile de la Providence. Originaire de Màcon. Décédée dans une pension, faubourg Saint- Marceau, à 76 ans, en 1822. 123. — 1775. — D" Mignot, révérende mère Marie-Thé- rèse de la Croix. Originaire de la Normandie. Décédée à 72 ans, en 1823. 124. — 1775. — D"* Stewart, s^' Marie-Charlotte des Anges. D'une famille anglaise distinguée. Reçue rue de Grenelle. Décédée à 79 ans, aux Carmélites d'Angleterre, à Lanhorn Saint-Columb, en 1832. 125. — 1775. — D"'' Bailletet, s'' Marie-Anne de Saint- Barthélemi. Fille d'un laboureur. Originaire de Langres. Décédée à 7G ans, en 1831. 126. — 1777. — D" Spfculum Theologiaim, Thercsiœ christianissimœ Galliarum re- Pompeo Abbate, 1681. ln-12. Porté sur le catalogue de la bibliothèque de Sainte-Geneviève. Nous n'avons trouvé ni à l'arsenal, ni à la bibliot. impériale, ni à Sainte-Geneviève, ce livre qui était sans doute une règle, un résumé théologique à l'usage de la reine. 12'^ Les nombreux articles de la Gazette de France, dans les an- nées 1660 et suivantes jusqu'en 1683 inclusivement. — Ceux du Mercure Galant. 13° Les Mémoires de M'"e de Motteville, de Mi'fi de Montpensier, de M'ne de Lafayette,du duc de Saint-Simon. —Le Journal d'Olivier d'Ormesson, — les Lettres de Mme de Sévigné. 14" LHÉROÏNE chrétienne ou la princesse achevée sous LE TRÈS-AU- GCSTE NOM DE MARIE-THÉRÈSE d'aDTRICHE, REINE DE FRANCE ET DE NA- VARRE, — divisée en deux parties, qui contiennent toutes les perfeclîbns du christianisme, avec des applications à la fin de chaque discours, où Sa A^Iajeslé paraît la preuve vivante de chaque proposition de ce livre parle R. P. Paul d'Ubaye, religieux Minime. Lyon, chez Jacques Guerrier. ln-4. — La bibliothèque Impériale en possède un exemplaire vraiment princier ; belle édition, reliure en maroquin rouge, doré sur tranche avec fleurs, papillons, oiseaux. Cet exem- plaire devait appartenir à quelque personnage de la cour. 150 Abrégé de la vie de très-auguste et très- ver timise princesse Marie-Thérèse d'Autriche, reine de France et de Navarre, par le R. P. Bonaventure deSoria, son confesseur, in-18 de 108 pages. Paris, chezLambert-Roulland, libraire ordinaire de lareyne. — Traduit en espagnol, in-12. Madrid 1684 et 1689. — On lit pa- raître aussi, en 1683, le portrait de la reine Ritrato de Maria-The- resia d'Austriu, in-4, 1683. 16" Les nombreuses Oraisons funèbres prononcées aux funérailles de la reine Marie-Thérèse d'Autriche. On en a indiqué, au cha- pitre vu, une vingtaine. Les principales sont celles de Bossuet, Flé- chier, l'abbé des Alleurs, l'abbé de La Chambre, etc. Paris, etc., 1683 et 1684. On en trouve des collections plus ou moins complètes à la bibliothèque de l'Arsenal, et à la biblioth. Imp. 17° Memorias de las reynaf cathoUcas, historia genealorfira de la casa iNOTES RELATIVES A MARIE-THÉRESE D'AUTRICHE 943 real de Castilla Y de Léon, etc., por el P. Mro. F. llenrique Florez, dcl ordcn de — En Madrid. Por Antonio Marin. Ano de - 2 tomes in-4. Voir au tome II, p. 920 à 933, D. Isa- bel de Dorbon, prima muger dcl rey D. Phelipe IV. 180 Mémoires historiques, critiques, et anecdotes des Reines et Ré- gentes de France, par Dreux du Radier. In-12. Amsterdam, chez Michel Rey, édition de t. VI, p. 303 à 33i. 19o La correspondance de la mère du Régent, désignée dans l'histoire du nom de Princesse Palatine. Traduction française de quelques-unes de ses lettres allemandes. Paris, 1788, chez 3Iaradan, libraire. — Edition très-mutilée. — La vie et le caractère d'Élisabeih- Charlotte, duchesse d'Orléans, 1 vol. in-8, publié en 1820, à Leipsick, par Schûtz. — Mémoires sur la cour de Louis XIV et de la régence, extraits de la correspondance allemande de la- mère du régent. Paris, 1823, in-8, Ponthieu, libraire. — Correspondance complète de la princesse Palatine, publiée par M. G. Brunet. Paris, 1854. — Fran- zÔsische Gesc/iichte vornehmlich im sèchzehnten und siebzehnten Jah- rhundert, \on Léopold Ranke. Stuttgard, 1861» Les lettres inédites de la Palatine, que M. Ranke a données dans le tome cinquième de cette histoire de France au xvi et xviie siècle, ont été traduites en français par A. A. Rolland, et imprimées par Firmin-Didot. 20-J Vies des justes dans les plus hauts rangs de la société, par l'abbé Carron, in-12. Paris, 1827, t. 1er, p. 334 à 371. Ce qui frappe dans cette notice, c'est un beau passage de Massillon, que l'auteur appli- que à Marie-Thérèse, et qui peint en eftet trait pour trait les œuvres de la reine. 2I0 Histoire classique des reines de France, par Alvarés Levi. Paris 1838, petit in-18, p. 249 à 2o4. 22o Bistoria delai-epublica Mejicana,por don Lucas Alaman. — En Mejico, 1849. Imurentade Lara, calle de la Palma. Voir le tome III. 23" Vie de iW^e de Soyecourt carmélite, et notice sur le monastère dit de Grenelle, fondation royale de Marie-Thérèse 1664, par une re- ligieuse du couvent des Oiseaux, rue de Sèvres. Paris, chez Pous- sielgue-Rusand, 1851. — In-12. Voir l'introduction , p. XIII à LXXXVI. 240 Mémoires touchant la vie et les écrits de Jlfme de Sévigné, par le baron Walckcnaer. Paris^ 1856, édition in-12, 5 volumes; chez F'ir- min-Didot. • 25" La sœur Marie d'Agréda et Philippe IV, roi d'Espagne, corres- pondance inédite traduite de l'espagnol, d'après un manuscrit de la bi- bliothèque Impériale, avec une introduction et des développements histo- riques^ par A. Germond de Lavigne. Paris, 1855. In-12, chez Vaton, libraire. 26» Les Reines de France nées Espagnoles, par A. Noèl, officier de rUniversité. In-8. Parts, 1858, chez F. Didot. 270 Louis XIV et la Révocation de l'édit de Nantes, par Michelel. Paris, 1860, Chamerot, libr., in-8. 944 APPENDICE 28o Histoire de France d'après les documents originaux sous la di- rection do MM. Henri Bordier cl Edouard Cliarlon, 2 volumes grand in-8. Paris, I808-I8GO. 290 Les Amoureux de M"»' de Sévigné, les Femmes vertueuses du grand siècle, par M. Hinpolvle Babou. ln-8. Paris, 1862, p. 145 \ 164. 300 Histoire du Monastère des religieuses Carmélites de l'Avenue de Saxe, à Paris. 1 Volume iu-4", de o24 iages. — Troyes, 1866, impri- merie de Bertrand-Hu. tV. GOUT DC JEU qu'on A REPROCHÉ A MARIE-THÉRÈSE COMME UNE PASSION. — M. LITTRÉ. — SES RÉFLEXIONS SÉVÈRES A l'ÉGARD DE LA REINE, PANS LK Journal des Savants. — observations présentées a m. littré par l'auteur. On a incriminé un point du caractère de Marie-Thérèse , son amour pour le jeu. Il est certain que s'il faut de la mesure quelque part, c'est dans le goût du jeu; il est peu séant de voir sur le trône une joueuse passionnée. Marie-Thérèse en était-elle à ce point? N'est-ce pas un scandale de voir une souveraine engloutir dans le jeu des sommes folles, représentant les fatigues et les pri- vations d'un peuple qui s'épuisait à doter ses princes? Ce qui est sûr, c'est que sous Louis XIV le jeu devint une fièvre à la cour ; on perdait des sommes énormes. Le Journal de Danjeau fait voir quelle place les jeux tenaient dans les amusements du roi et de la cour. Les pertes de 100,000 écus au jeu étaient communes pour M""" de Montespan. On a pu lire les lamentations de M""' de Sévigné à propos de sa fille et de son gendre qui se laissaient entraîner à ce coupe-gorge de Versailles, à ce chien de hoca, » jeu importé d'Italie par Ma/.arin. M. Littré a repris de nos jours, dans le Journal des Savants, les légitimes doléances de M""' de Sévigné, et a concentré ses réflexions sur Marie-Thérèse d'Autriche a les simjj^es libéralités de nos rois, a-t-il dit, et à plus forte raison leurs prodigalités étaient fort oné- reuses au peuple, surtout à. une époque où les taxes, épargnant le clergé et la noblesse, retombaient de tout leur poids sur le popu- laire. El n'était-ce pas de folles, de cruelles prodigalités que ce jeu effréné qui se jouait dans les appartements de Louis XIV ? Voilà, dit M°" de Sévigné, où l'on' voit perdre ou gagner tous les jours deux ou trois mille louis. T, IV, p. 525. La reine n'y était pas la moins ardente. La reine, dit encore M"" de Sévigné, perdit la messe l'autre jour et 20,000 écus avant midi. Le roi lui dit Ma- dame, supputons un pou combien c'est par an... et M. de Montau- sier lui dit le lendemain Eh bien, madame, perdrez-vous encore xNOTES RELATIVES A MARIE-THËRÈSE D'AUTRICHE a4o aujourd'hui la messe pour l'hoca ? Elle se mit eu colère. " T. IV, p. 247. Supputons en effet, ou plutôt, Colberl supputa pour elle. Cet économe ministre, effrayé des sommes qui s'en allaient par là, crut qu'on trichait les deux reines; car Anne d'Autriche n'était pas moins joueuse que sa bclle-fille. 11 en parla au roi avec quelque soupçon. Le tricheur, s'il y en avait un, devait être le marquis de Danjeau, qui faisait la partie des reines, les divertissait, et, comme dilFontenelle, regagnait leur perte. Le roi trouva'moyen d'être un jour témoin de ce jeu, et placé derrière le marquis sans en être aperçu, il se convainquit par lui-même de son exacte fidélité, et il fallut le laisser gagner tant qu'il voudrait au reste, son talent au jeu et son succès avaient fixé l'attention de M""' de Sévigné ï Je voyais jouer Danjeau, et j'admirais combien nous sommes sots au- près de lui. Il ne songe qu'à son affaire et gagne où les autres per- dent; il ne néglige rien, il profite de tout, il n'est point distrait ; en un mot sa bonne cond-uile défie la fortune; aussi les deux cent mille francs en dix jours, les cent mille écus en un mois, tout cela se met sur le livre de la recette. » T. IV, p. 544. Devant un tel étal de choses, il est nécessaire de faire l'examen de conscience de la reine, et l'on est tenté de voir dans ses habitudes de jeu un manquement choquant à cet idéal de modération et de sagesse auquel elle avait dévoué sa vie. Tant il est vrai que les meil- leurs d'entre nous ont leurs taches et que nul n'est parfait en ce monde. On ne peut qu'applaudir aux sentiments de l'écrivain dis- tingué qui a franchement infligé un blâme sévère à Marie-Thérèse. Ce blâme serait complètement mérité, si l'écrivain, en se plaçant au point de vue démocratique, prouvait que les choses se passèrent suivant toutes les circonstances alléguées; et nous pensons juste- ment que le milieu, où vécut la princesse, est une raison d'atténuer le blâme encouru. Voici le reproche avec les antécédents et conséquents dont il est entouré. On le formule au sujet des deux discours que prononcèrent Fléchier et l'évêque de Meaux en l'honneur de la reine. Il ne faut se fier qu'a demi aux oraisons funèbres. Fléchier, après avoir loué la charité de la reine, s'écrie a Admirez, femmes riches, et tremblez , dit le prophète, vous qui, par des dépenses folles et excessives , con- traignez vos maris à chercher dans l'oppression des pauvres de quoi fournir à votre vanité et à votre luxe. » Mais avec un jeu qui engloutissait des sommes énormes, la reine n'était-elle pas une de ces femmes riches dont les maris oppriment les pauvres ? et s'était- elle jamais demandé d'où venaient ces 20,000 écus qu'elle perdait si facilement en une matinée? La France souffrit cruellement des lon- gues prodigalités du grand roi ; et M°"= de Sévigné, sans y prendre garde, cite elle-même des faits navrants de détresse et de déses- poir que présentait par suite des impôts la gent taillable à merci Un pauvre passementier, dans le faubourg Saint-Marceau, était taxé à dix écus pour un impôt sur les maîtrises. Il ne les avait pas, 60 un APPENDICE on le presse et represse il demande du temps, on lui refuse ; on prend son pauvre lit et sa pauvre écuelle. Quand il se vit dans cet état, la rage s'empara de son cœur ; il coupa la gorge à trois enfants qui étaient dans sa chambre ; sa femme sauva le quatrième et s'en- fuit. Le pauvre homme est au Châtelet, il sera pendu dans un jour ou deux. Il dit que tout son déplaisir c'est de n'avoir pas tué sa femme et l'enfant qu'elle a sauvé; songez que cela est vrai comme si vous l'aviez vu, et, que depuis le siège de Jérusalem, il ne s'est point vu une telle fureur. » T. III, p. 534. I De telles situations font saigner le cœur, et ce qui est triste à penser, c'est que de telles énormités, de tels excès de zèle, dus uni- quement à la brutalité de quelques fonctionnaires subalternes, plus royalistes que le roi, n'arrivent que rarement à la connaissance des souverains. Du moins, dans les âges précédents, il était plus pos- sible de se faire illusion, parce qu'on ne remontait pas assez, eu ce qui regardait l'administration du royaume, à la liaison des causes et des effets. » Si d'ordinaire les hommes n'ont que trop de penchant à amnistier la grandeur et le succès, sachons cependant, en histoire, n'incliner que vers la justice et suivons jusqu'au bout l'accusation portée contre Marie-Thérèse, à raison de sa manie du jeu et de ses grosses pertes d'argent. Il s'agit d'un passage de Bossuet, alors qu'il van- tait Icxquise beauté et pureté d'âme de la reine de France. Quoi que puisse dire à l'cncontre une rigoureuse histoire , poursuit M. Littré, dans les admirables morceaux qui sont sortis de la main de Bossuet, louer provisoirement ce qu'il loue est le plus expé- dient pour ne pas troubler le charme. Mais cette louange môme est relative comme le type moral auquel elle s'adresse. On va le voir. Dans son oraison de Marie-Thérèse, Bossuet s'écrie Que je hais ta vaine science et ta mauvaise subtilité, âme téméraire, qui prononces si hardiment ce péché que je commets sans crainte est véniel ! l'âme vraiment pure n'est pas si savante. La reine sait en général qu'il y a des péchés véniels car la foi l'enseigne ; mais la foi ne lui enseigne pas que les siens le soient. Deux choses vous vont faire voir l'émi- nent degré de sa vertu. Nous le savons, chrétiens, et nous ne don- nons pas de fausses louanges devant ces autels. Elle a dit souvent dans cette bienheureuse simplicité qui lui était commune avec tous les saints, qu'elle ne comprenait pas comment on pouvait commettre volontairement un seul péché, tout petit qu'il fût. Elle ne disait donc pas il est véniel ; elle disait il est péché ; et son cœur inno- cent se soulevait. Mais comme il échapje toujours quelque jiéché à la fragilité humaine, elle ne disait pas il est léger ; encore une fois, il est péché, disait-elle. Alors, pénétrée des siens, s'il arrivait quel- que malheur à sa personne, à sa famille, à l'État, elle s'en accusait seule. Certes il est impossible de retracer en touches plus pures la délicatesse d'une conscience catholique ; et, je la respecte, pourvu que je la mette en ce temps, en ce lieu, en ce rang. Autrement il NOTES RELATIVES A MARIE-TIIERÈSE D'AUTRICFIE 947 me souvicnJrail que cette même reine n'a jamais porté au compte de ses péchés véniels ou autres le jeu terrible oii elle prodiLÇuait des sommes énormes arrachées aux pauvres gens. Sans doute elle dut, suivant le beau langage de Bossuet, se prêter au monde avec toute la dignité que demandait sa grandeur. Les rois, non plus que le soleil, n'ont pas reçu en vain l'éclat qui les environne; il est néces- saire au genre humain et ils doivent pour le repos autant que pour la décoration de l'univers soutenir une majesté qui n'est qu'un rayon de celle de Dieu. » Mais dans un gouvernement où le trésor de l'État était confondu avec celui du monarque, les prodigalités royales coûtaient cher à ceux qui les payaient. Combien de larmes, de souffrances, de détresses, de dénûments, de maladies, de morts, étaient représentés par ces milliers de louis dont Mme de Sévigné nous dépeint le va-et-vient sur' les tables! la reine n'y a jamais pensé, ni Bossuet non plus; que dans cette dévorante splen- deur de la royauté, ils n'y pouvaient penser ni l'un ni l'autre. Mais aujourd'hui que la solidarité entre le prince et les citoyens, entre les riches et les travailleurs, est sentie et fait partie de l'équité sociale, la conscience moderne, peut-être plus facile pour les pé- chés véniels et plus indifférente aux observances, murmurerait contre cette insouciance à consumer, en de futiles amusements, la substance populaire. C'est ainsi que change le type moral et que la louange change avec lui. » Voilà le réquisitoire de M. Littré dans le Journal des Savants décembre 1867. On ne peut que s'associer à toute généreuse protestation contre les prodigalités du règne de Louis XIV, à Tendroit des finances pu- bliques, et l'historien ne peut comprendre qu'une reine, sincè- rement pieuse, et vraiment préoccupée des souffrances des classes gênées ou indigentes, ait pu, en sûreté de conscience, s'adonner au jeu dans les proportions que M"' de Sévigné raconte. Y a-t-il eu, de la part delà spiriluellej correspondante, une exagération produite par la vue des extravagances réelles de la cour à cette époque en semblable matière? On l'ignore. Ce n'est certes pas par les Franciscains, ses éducateurs, que la reine aurait appris à faire bon marché du sang, des fatigues et de l'argent du peuple. Il nous paraît si grave de supposer que ni la reine, ni Bossuet, ne pensèrent jamais à ce qu'un jeu excessif offrait d'irrégulier de la part d'une reine vénérée pour son amour du devoir; cela est telle- ment contre les probabilités, qu'il est peut-être plus rationnel de dire que M"" de Sévigné a signalé un fait isolé et transitoire de grosses pertes au jeu, plutôt qu'une habitude prononcée et persistante pendant des années entières. Comment concilier ces goûts delà prin- cesse espagnole, avec les leçons qu'elle reçut de ses initiateurs, les Jean de Palme, André de Guadaloupe? Les Franciscains chargés par Philippe IV de la direction intellectuelle et morale de la jeune in- fante, lui tirent-ils une philosophie de l'histoire et un cours de politique sur les causes de la décadence de l'Espagne, de la misère V>48 AHPENUICK jui dévora la Péninsule à la suite des désastres qu'entraîna la guerre conimoncée'en 1621 ? Ce qui est sur, c'est que André de Guada- loupe, qui connaissait le siècle, avait bien inculqué à l'infante que ceux qui appartiennent à des familles régnantes, doivent, comme les plus obscurs citoyens, placer Dieu au bout et à la fin de tout, et faire rayonner sa pensée dominatrice et régulatrice dans le monde intime de la vie privée. Les Franciscains devaient aller plus loin ils rappelèrent que le devoir est plus impérieux à mesure u'on est plus liaut placé. C'est l'idée souveraine que Marie-Thérèse apporta dans sa vie; elle savait qu'une princesse est tenue plus strictement que les autres à tout ce qui est juste, honnête et noble. Kt d'ailleurs, la jeune reine n'avait-elle pas à se rappeler que les Franciscains, ses maîtres, avaient été dans le moyen âge les instigateurs des progrès populaires et des libertés publiques, les pro- moteurs les plus ardents de la fraternité chrétienne ? N'avait- oUe pas été élevée dans cette idée élémentaire, qu'il y a profanation, lorsqu'on ne ménage pas la partie de la nation qui travaille, féconde la terre, fournit les bras à l'agriculture, à l'industrie? Voyez le livre italien Cristoforo Colombo edil P. Giovanni Ferez di Marchent, ossia la cooperatione deW ordine Franrescano netla scopevta d' America. L'auteur, le P. d'Osimo rappelle que partout, au moyen âge, les Franciscains imposaient un frein salutaire à la férocité des tyrans du peuple. Voir aussi la Vie de saint François d'Assise par F. Morin. On serait complètement dérouté, s'il fallait se représenter comme joueuse, une femme que les contemporains sont unanimes à donner comme un modèle de vertu et comme l'incarnation de Tespril de cha- rité H de piété. Un écrivain du xvir siècle n'hésite pas à faire l'appli- lion à Marie-Thérèse d'Autriche, du mot de saint Grégoire de Nysse, à propos d'une grande princesse des temps anciens, savoir qu'elle fut l'exemple de la pudeur et de la modestie, l'image de la douceur et de l'humilité, le modèle de l'amour conjugal, le trésor des pau- vres, la gloire des autels, la splendeur et l'ornement de l'Empire. » S. Grégoire de Nysse, orat. fanèbr. de Flacilla. — Oraison funèbre de Marie-Thérèse, par M. de ***, page 22. Paris, Dezallicr, rue Saint- Jacques, MDCLXXXUl. Le même écrivain, émerveillé de la tenue de la jeune reine, dans les rues de Paris, quand elle suivait à pied une irocession, ne peut s'empêcher d'admirer cet air modeste, grave et humble, digne d'une grande reine; » il lui applique cette exclamation du livre des Cantiques c. 7. v. 1 Uue tes démarches sont belles, ù tille, éjjouse de roi, quam pulchri sunt gressus tui, lilia principis. » Ibidem, p. 18. Il ne s'agit pas de discuter l'état comparé de la conscience mo- derne et d'une conscience d'autrefois ; mais nous voyons une femme, noble nature, distinguée et indulgente, absorbée dans ses devoirs d'épouse, éprise dos joies du foyer, si bien douée physiquement qu'elle pouvaitcommamler le promptallachcment, si pure, ttsi digne, NOTES RELATIVES A MARIE-THlîRKSE D'AUTRICHE 943 qu'il ne pouvait se lever autour d'elle que le respect, obscure et glorieuse femme dont le regard, comme le charbon du prophète, purifiait autour d'elle les cœurs elles lèvres, et dont la médisance n'osa jamais s'approcher, » qui eut une de ces piétés profondes, éclairées, sincères, se préoccupant de la justice exacte et clair- voyante de Dieu, à qui rien ne peut échapper, » oraison fu7ièbre de Marie-Thérèse, par M. Bauyn, docteur de Sorbonne, pages 35, 36, Paris, 1863, dont la conscience enfin fut formée par ces Francis- cains dont le primitif esprit fut éminement démocratique ,et libéral. Comment, dans une semblablesituation, se représenter une reine, recherchant l'ivresse oisive, fébrile et inquiète du jeu, deve- nant une joueuse de profession, se livrant à cette passion ter- rible qui abrutit l'esprit, foulant aux pieds les épargnes du labeur populaire, et cela, sans qu'il lui vînt jamais à la pensée d'examiner si ces pratiques offensaient en rien sa conscience? Sans doute , bien des obscurcissements sont possibles ; il y a des consciences singulièrement enténébrées; mais les principes, les antécédents, la piété si connue de Marie-Thérèse, ses lumières et sa délicatesse d'âme, jettent de l'obscurité dans la question de fait. La reine mérite peut-être un blâme; il est difficile de dire jusqu'à quel degr6. Ouvrons ici une par Publishingplatform for digital magazines, interactive publications and online catalogs. Convert documents to beautiful publications and share them worldwide. Title: EDITION DU 18-19 FEVRIER 2017, Author: Le Soleil, Length: 24 pages, Published: 2017-02-18 [ Accueil] [ Remonter] [ Chapitre I] [ Chapitre II] [ Chapitre III] [ Chapitre IV] [ Chapitre V] [ Chapitre VI] [Chapitre VII] [ Appendice] I. De l'Introduction à la vie dévote au Traité de l'Amour de Dieu. — Importance capitale de l'intervention de François de Sales. — Sainte Chantal. — L'épanouissement mystique des deux saints n'est qu'une seule et même histoire. — Premiers pas de Mme de Chantal sur les voies mystiques de l'hiver de 1601 au printemps de 16o4. — Vie religieuse de la baronne avant la mort de M. de Chantal. — Mort tragique du baron. — Scrupules et détresse spirituelle. — Attente d'un directeur. — Les voeux imprudents. II. Premières directions de François de Sales du printemps de 16o4 à 16o6. — La rencontre. — Première confession. — Hésitations de François de Sales. — Il consent à diriger la baronne. — Caractères de cette direction. — Tout par amour et rien par force ». — Lenteur et effacement. — Progrès mystique de Mme de Chantal et tâtonnements de François de Sales. III. La direction de sainte Thérèse de 16o6 à 161o. — La baronne et les carmélites de Dijon. — Leçons d'Anne de Jésus et de Marie de la Trinité. — Nouvelles hésitations de François de Sales. — Sa propre initiation mystique. IV. La Visitation. — François de Sales déclare ses projets à la baronne 16o7. — La scène des adieux 1610. — Transformation insensible de la Visitation. — Progrès mystique des deux saints. — Les conférences d'Annecy et le Traité de l'Amour de Dieu. — L'oraison des visitandines. V. Le Traité de l'Amour de Dieu et son importance historique. — Que c'est là un ouvrage proprement mystique et qui néanmoins s'adresse à tous. — Originalité, mais extrême prudence du Traité. — Son succès. — Adhésion unanime des spirituels. — La vague mystique qui entraîne tout. — Fin de la première période. I. Ce n'est plus ici l'auteur de la Philothée, le maître de l'humanisme dévot qui nous occupe, c'est le maître de la haute mystique, c'est l'auteur du Traité de l'Amour de Dieu. Ami de plusieurs des contemplatifs que nous venons d'étudier, nous le verrons s'élever comme eux à 538 la vie sublime et continuer activement leur propagande. Evénement capital dans l'histoire que nous racontons. Nul n'a plus d'autorité que lui, parmi les spirituels de son temps. L'intervention, très mesurée, mais très décidée de François de Sales rassurera les timides que paralyse la peur du quiétisme ou de l'illusion; elle disciplinera les indiscrets et les téméraires qui ne savent pas assez que, sans l'extase des oeuvres », les ravissements les plus sublimes ne sont que nourriture d'orgueil ; elle consacrera les progrès acquis pendant cette première période de renaissance ; enfin elle hâtera le magnifique développement qui va suivre. Sainte Chantal tient une grande place dans l'histoire intime du Traité de l'Amour de Dieu. C'est pour elle et près d'elle que ce livre a été écrit mieux encore, c'est elle qu'il nous raconte et les premières visitandines. Notre méthode, toute historique et analytique nous impose donc de suivre d'un même regard l'ascension parallèle de ces deux âmes, leur épanouissement mystique, le rayonnement âme l'une sur l'autre 1. Jusqu'à la mort de son mari, victime en 16o1 d'un accident de chasse, Jeanne-Françoise Frémyot, baronne de Rabutin-Chantal, avait mené une vie chrétienne, pieuse même, mais qui n'annonçait pas la haute sainteté où elle devait s'élever un jour. Cette bienheureuse Mère, lisons-nous dans les Mémoires de Madeleine de Chaugy, a dit elle-même en. confiance qu'aussitôt que M. de Chantal s'absentait, son coeur et toutes ses affections se tournaient vers Notre-Seigneur. Aussi, en ce temps-là, elle paraissait fort dévote. Dès que je ne voyais pas M. de Chantal, disait-elle, je sentais en mon coeur de grands 1 Jeanne Frémyot, fille de Bénigne Frémyot, avocat général, puis conseiller du roi et président au Parlement de Bourgogne — et de Marguerite de Berbisey, est née à Dijon le 23 janvier 1572. Elle épouse en 1592, Christophe de Rabutin-Chantal. De ce mariage sont nés plusieurs enfants, entre autres une fille qui épousera l'un des frères de François de Sales, et Celse-Bénigne qui aura pour fille la future marquise de Sévigné. Mme de Chantal est morte à la Visitation de Moulins, le 13 décembre 1641. 539 attraits d'être toute à Dieu; avais,-hélas, je n'en savais pas profiter, ni reconnaître la grâce que Dieu me présentait et je faisais quasi aboutir toutes mes pensées et prières pour la conservation et retour de M. de Chantal. » Quand ce cher mari était de retour, la parfaite complaisance que notre bienheureuse avait pour lui faisait qu'elle oubliait ses dévotions précédentes, ne prenant plus tant de temps pour prier Dieu. Tout le train et les compagnies revenaient visites, fêtes, chasses et, parmi ses distractions, elle se trouvait comme auparavant et alla ainsi roulant jusqu'à l'année 16o1 1. » Nous venons de Le rappeler, les premières attaques de Dieu, lorsqu'il veut s'emparer du fond le plus reculé de l'âme, ressemblent parfois à un coup de force, brusque, silencieux et violent. Sûre de sa garnison, -la ville s'est endormie dans une tranquillité parfaite. L'aube suivante la voit aux mains d'un maître nouveau qui déjà s'installe et s'organise avec la rude insouciance du vainqueur. Ainsi la victime choisie sur laquelle a soudain fondu la grâce, se réveille, étonnée, meurtrie, anxieuse, dans les mains qui la paralysent, sous la prise obscure qui l'étreint de toutes parts. Au coup de force succède aussitôt l'état de siège, la loi martiale. Sereines clartés d'une foi que nul sophisme n'avait troublée encore, douceur facile de la prière, vue simple et droite du devoir, tranquillité de la conscience, l'âme se sent implacablement dépouillée de tout. Malgré les attraits généreux qui la soulèvent et que délibérément elle veut suivre, il lui semble qu'elle sombre, qu'elle s'enlisera bientôt dans le mal. Certes, on pense bien qu'elle subirait avec allégresse les pires conséquences de sa défaite, si elle savait le nom du vainqueur. Mais celui-ci règne, comme il a vaincu, dans la nuit, et lorsque, 1 Mémoires de la M. de Chaugy. Ces Mémoires forment le premier volume des Oeuvres de sainte Chantal publiées chez Plon. Tous les passages entre guillemets qui ne seront pas accompagnés de leurs références, sont empruntés à ce livre que je cite constamment. 540 par instants, lassé, dirait-on, lui-même de ses propres cruautés, il laisse paraître la lumière de son visage, cette lumière tombant à l'improviste sur des yeux que tant de ténèbres ont rendus timides, les éblouit et les épouvante, au lieu de les consoler. Telle sera, trait pour trait, la baronne de Chantal, depuis son veuvage jusqu'au jour bienheureux où elle rencontrera François de Sales, et même plus longtemps encore. Transition crucifiante, vide apparent entre les deux amours qui, l'un après l'autre, ont ravi la sainte et l'ont absorbée. Le baron de Chantal a disparu. Entré presque aussitôt par la brèche sanglante, Dieu ne se laisse encore ni voir ni tenir. Un nuage couvre cette âme deux fois désolée et la cache à ses propres yeux. Elle est mère étouffés les sanglots de la terrible quinzaine, ses quatre petits enfants la revoient, comme autrefois, souriante; elle est bonne à toute misère les malades, les pauvres la retrouvent plus humaine, s'il est possible, et plus miséricordieuse que jamais; elle est sage et très ennemie` du faste, dans la douleur comme dans la joie elle reprend donc, avec la gravité que son deuil commande, la vie quotidienne ; elle apprivoisera bientôt, par sa grâce adroite, la solitude maussade de son beau-père, le vieux Guy de Rabutin; après-demain, François de Sales lui trouvera trop de dentelles. Aux familiers, aux intimes, elle voudrait aussi donner le change. Elle ne peut pas. Ses femmes n'ignorent pas qu'elle oublie parfois de se coucher et qu'elle va souvent se promener seule dans un petit bois... pour répandre à souhait son coeur et ses larmes. Toutes les dames, ses voisines, qui l'aimaient parfaitement, se rendaient soigneuses de la visiter ; ses tantes et ses cousines de Dijon venaient tour à tour demeurer avec elle..., pensant faire grande charité de la divertir ». On croit la soulager, on la martyrise. Inquiets, impuissants, ils assistent à la transformation qui s'opère en elle. Ils ne savent pas que c'est Dieu qui l'assiège et 541 qui la déchire. Elle ne le sait pas elle-même, trop profondément humble pour se croire l'objet de faveurs exceptionnelles, et d'ailleurs trop ignorante encore des voies mystiques pour se reconnaître sur les rives étranges où l'a transportée une vague toute-puissante. La sainte ne nous a fait que de vagues confidences ;sur les tentations qu'elle subit pendant ces années d'épreuves et qui lui reviendront, vers la fin de sa vie, avec une acuité et une subtilité nouvelles. La foi surtout et, par suite, l'espérance furent, semble-t-il, les plus assaillies. Un philosophe moderne a cru la deviner aux prises avec des fantômes plus grossiers. A mon sens, rien n'autorise cette conjecture et tout la repousse. Nous connaissons mieux quelques-unes des lumières qui la soutenaient dans son désarroi. Une surtout doit nous arrêter. Un jour, comme elle était en oraison, raconte la Mère de Chaugy, Dieu lui donna un si pressant désir d'avoir un conducteur qui lui enseignât la perfection et la volonté de Dieu, qu'elle le demandait incessamment Hélas, dit-elle, écrivant à nos premières Mères, je désirais un directeur et demandais ce que je ne savais pas. Car encore que j'eusse été élevée par des personnes vertueuses et que mes conversations ne fussent qu'honnêtes, néanmoins je n'avais jamais ouï parler de directeur, de maître spirituel, ni de rien qui approchât de cela. Néanmoins Dieu mit ce désir si avant dans mon coeur, et l'inspiration de lui demander ce directeur était si forte que je faisais cette pétition avec une contention et une force non pareille. » Qu'on essaie de comprendre le travail obscur par où Dieu l'a préparée à formuler une prière aussi précise et, de sa part, aussi imprévue. Peu à peu, du sein de sa détresse, un jour s'était fait, une certitude avait surgi, encore lointaine, mais déjà fixe et sereine. Ce qui se passait en elle, Dieu le permettait en vue de quelque grande oeuvre pour laquelle il la façonnait. Elle devait donc se 542 tenir prête et telle fut bien en effet son attitude pendant les années d'attente qui vont suivre. Mais son bon sens, son humilité, sa docilité naturelle, la grâce enfin lui faisaient comprendre que nulle voix n'éclaterait du ciel pour lui révéler le programme de ces desseins mystérieux. Un homme de Dieu viendrait. Elle n'aurait qu'à lui obéir. Seule, d'un autre côté, comment démêlerait-elle les mouvements contradictoires qui l'agitent? Comment saurait-elle, une bonne fois, si elle doit fuir, comme une illusion, ou accueillir, avec une simplicité reconnaissante, les clartés imperceptibles qui occupent son esprit et qui lui font' croire que Dieu est là? Ici encore, il lui faut les réponses nettes, les conseils autorisés d'un homme de Dieu. Directeur, direction, ces choses, ces mots, Jeanne de Chantal a trente ans et tout cela est encore de l'hébreu pour elle. Il faut qu'une inspiration céleste le lui découvre. Trait charmant et lumineux qui suffirait presque g définir l'originalité de cette vie intérieure. Chez elle l'expérience directe a précédé la science, Dieu l'a prise toute neuve, toute ingénue, à peine plus riche à trente ans qu'elle l'était à douze, en idées abstraites sur la vie spirituelle Sa bibliothèque pieuse paraîtrait enfantine à nos chrétiennes d'aujourd'hui. Qu'importe, Jeanne est comme un livre vivant dont l'esprit divin a couvert les pages. Ainsi disposée, avide mais ignorante, il n'est pas surprenant qu'elle ait accepté le joug d'un prêtre rencontré par hasard et qui s'offrit de lui-même à la conduire. Digne homme certes, mais rigoriste, inintelligent et tyrannique. La pauvre femme se laissa lier par ce berger, lequel étant bien aise d'avoir cette sainte brebis entre ses mains, l'attacha à sa direction par quatre voeux le premier, qu'elle lui obéirait ; le second, qu'elle ne le changerait jamais ; le troisième, de lui garder la fidélité du secret en ce qu'il lui 543 dirait ; le quatrième, de ne conférer de son intérieur qu'avec lui ». On excuserait ce prêtre de n'avoir pas su discerner l'intérieur de la sainte, mais on ne lui pardonne pas d'avoir abusé de cette docilité, de cette candide ignorance; de l'avoir, elle déjà tourmentée par tant de scrupules, de l'avoir emprisonnée dans ces filets importuns » qui, pendant deux ans, allaient tenir son âme comme empigée, contrainte et sans liberté ». Pour elle, de son côté, un sûr instinct lui soufflait bien sans doute que cet homme se trempait et la trompait, mais cette vraie obéissante était comme une statue entre les mains de ce conducteur, sans résistance et sans propre volonté. Elle ne se départit d'aucun aie ses conseils, de ses ordres, bien qu'elle les sentit contraires aux attraits; et dispositions de son coeur. Il chargea son esprit de quantité de prières, méditations, spéculations, actions, méthodes, pratiques et observances diverses, de considérations et ratiocinations extrêmement laborieuses. Il lui ordonna aussi des prières au milieu de la nuit, des jeûnes, disciplines et autres macérations en quantité ». II. François de Sales et la baronne de Chantal se virent pour la première fois, le 5 mars 16o4, dans la Sainte-Chapelle de Dijon, où l'évêque de Genève prêchait le carême. Accompagnée d'au moins deux de ses enfants, elle était venue à Dijon, en vue précisément de suivre les sermons de ce prédicateur dont le président Frémyot lui avait vanté le mérite. Saint François de Sales avait alors trente-sept ans, sainte Chantal, trente-deux. Ils se reconnurent d'abord elle, avec une subite évidence et sans hésiter; lui, avec sa lenteur sinueuse et prudente. Pour moi, dira-t-elle plus tard, dès le commencement que j'eus l'honneur de le connaître, je l'appelai saint du fond de mou coeur 1. 1 Oeuvres de sainte Chantal..., II, 227. 544 Que veut-on de plus ? Quatre paroles, mais de flamme. Elle parle, elle écrit, elle vit toujours ainsi. Tant que dura ce carême, la baronne de Chantal fit mettre son siège à l'opposite de la chaire du prédicateur, pour le voir et ouïr plus à souhait. Le saint prélat, de son côté, bien qu'attentif à son discours, remarquait cette veuve par-dessus toutes les autres dames. Il eut une sainte curiosité de savoir qui elle était et, par une agréable rencontre, s'adressa à me de Bourges André Frémyot, frère de la baronne pour le savoir, lui disant Dites-moi, je vous supplie,. quelle est cette jeune dame, claire-brune, vêtue en veuve, qui se met à mon opposite au sermon et qui écoute si attentivement la parole de vérité ? » Mgr de Bourges, souriant, sut bien répondre qui elle était ». Il l'avait donc bien remarquée. Il allait bientôt la voir de plus près et plus librement chez le président et cher. André Frémyot, où il allait fort souvent manger ». La baronne ne manquait à aucune de ces réunions. Où qu'il prêchât, on était sûr de la rencontrer aussi. Elle le suivait partout, tant qu'elle pouvait ». Il l'avait pleinement gagnée, dès le premier coup et pour toujours. Quand il écrit, François de Sales est intarissable. 11 aime à laisser courir sa plume dont il est merveilleusement sûr et que, du reste, il surveille de très près. En public, et même dans l'intimité, il était, au contraire, fort silencieux, observant, écoutant beaucoup d'un air de bienveillance souriante et majestueuse, n'intervenant que par quelques mots. La jeune veuve claire-brune », si vive à la fois et si profonde, lui paraissait, je crois, un mystère. Ce savoisien avait déjà vu bon nombre de vraies françaises, soit à Paris, soit à Dijon, mais aucune qui l'eût étonné comme celle-ci. Enjouée et sérieuse, facile et réservée, ardente et timide, une simplicité pleine de rondeur et une rare élégance, absolument rien d'une dévote. Avec cela des lèvres fermées à toute conversation intime, condamnées pour l'instant aux lieux communs des 545 salons. Je ne communiquai à personne d'aucune chose un peu particulière, qu'en grande crainte, nous dit-elle, bien que la sainte débonnaireté du bienheureux m'invitât parfois à le faire et que d'ailleurs j'en mourais d'envie. » Nous savons en effet la malheureuse promesse qui liait la sainte à un directeur jaloux. Réduit à des apartés discrets et rapides, le saint évêque donnait paisiblement quelques coups de sonde. Une fois, il lui demanda si elle avait dessein de se remarier, elle lui dit que non Eh bien ! lui répliqua-t-il, il faudrait mettre bas l'enseigne ». Elle entendit bien ce qu'il voulait dire c'est qu'elle portait encore certaines parures et gentillesses permises aux dames de qualité après leur second deuil ; dès le lendemain, elle ôta tout cela, souplesse qui plut extrêmement à notre bienheureux Père, lequel, en dînant, remarqua encore des petites dentelles de soie à son attiffet de crêpe; il lui dit Madame, si ces dentelles n'étaient pas là, laisseriez-vous d'être propre? » Ce fut assez dit; le soir même, en se déshabillant, elle les décousit elle-même. » Si près et néanmoins encore si loin l'un de l'autre, une plus furieuse attaque » dé ses tentations ordinaires, survenant fort à propos pendant l'absence de son directeur, mit enfin la baronne dans l'heureuse nécessité de rompre un trop long silence. C'était au mercredi saint; elle découvrit timidement son âme au saint prélat, d'auprès duquel elle sortit tellement rassérénée qu'il lui semblait qu'un ange lui avait parlé ». Et si, néanmoins, dit-elle, le scrupule de mon voeu de ne parler de mon intérieur qu'à mon premier directeur, me serrait de si près que je ne parlais qu'à moitié à ce bienheureux prélat ». Suivent quatre mois d'angoisse. François de Sales est déjà maître de la situation et il le sait bien. Il n'a qu'une parole à dire ; les derniers scrupules tomberont, le directeur jaloux, bon gré mal gré, lâchera prise ; la sainte 546 verra s'ouvrir les portes de cette prison où elle étouffe. Il hésite, il louvoie, il se dérobe. Consulté, au moment le plus aigu de la crise, un prêtre éminent, le Père de Villars, recteur des jésuites de Dijon, a répondu avec une belle vigueur, et non peut-être sans quelque courage, que les prétentions tyranniques de ce directeur ne tenaient pas debout, qu'il fallait au plus tôt secouer un joug inhumain, tout à fait contraire à l'esprit de Dieu et de l'Église. Un autre religieux pense de même. Ils voient tous, plus clair que le jour, que Dieu veut une âme aussi rare sous la conduite de M. de Genève. Celui-ci pourtant ne modifie pas sa ligne prudente. Nous avons ses lettres d'alors, merveilleuses de souplesse, qui avancent, qui reculent et finalement échappent toujours. J'admire ceux qui le voient simple. En vérité de qui, de quoi peut-il douter maintenant ? Scrupule théologique sur la valeur du voeu qui lie sainte Chantal à un autre? Non certainement. Mais il veut que rien d'humain ne se mêle à une décision dont il pressent l'extrême importance. Je crois aussi qu'il hésite pour de bon, qu'il n'est pas encore fixé lui-même. Cette âme qui s'offre à sa direction, l'attire et l'effraie tout ensemble. Elle porte sur le front et dans les yeux un signe héroïque. Deux fois étrange et par la rareté de ses dons naturels et par les effets mystérieux que la grâce commence à produire en elle. Qu'elle trouve un. maître spirituel digne d'elle, digne surtout de seconder en elle les opérations divines, et elle ira loin. Est-il ce maître prédestiné? Voilà, semble-t-il, ce que se demandent son humilité d'une part et de l'autre, l'implacable et minutieuse lucidité de son esprit. Aussi bien, s'il doit un jour dire oui, comme il le prévoit sans doute, pourquoi ne pas la façonner déjà, la plier à sa propre manière ; pourquoi ne pas modérer et brider cette droiture impétueuse, ce coeur et cette intelligence qui ne voudraient jamais attendre, mais toujours courir au but et par le pins court ? Ainsi, dès l'aube de leur intimité, le contraste 547 se dessine entre cette fille de France et ce prélat-gentilhomme, grave et cunctator de naissance, dont l'Italie avait aiguisé la souriante finesse et qui, jalousé de plusieurs, voisin d'une cour intrigante, sujet d'un petit prince ombrageux, avait appris de bonne heure à peu compter sur les hommes et à se surveiller de très près dans ses rapports avec eux. Par cette avenue sinueuse que saint François de Sales a dessinée de ses mains, nous parvenons enfin à la grande journée du 22 août 16o4 qui ouvre, comme un portique majestueux et sévère, la vie nouvelle où la sainte va s'engager. Dès la fin du dernier carême, il avait été décidé que l'évêque de Genève, en compagnie de sa mère, Mme de Boisy et de sa soeur, Jeanne de Sales, rencontrerait, l'été prochain, près du tombeau de saint Claude, à mi-chemin entre et la Bourgogne, les plus chers de ses nouveaux amis de Dijon, la baronne de Chantal, la présidente Brulart et l'Abbesse du Puits-d'Orbe. Toujours précautionné, l'évêque avait bien arrangé les choses la jeune baronne ne venait pas seule, lui non plus. C'est merveille qu'au dernier moment l'intense préoccupation qui l'absorbait se soit laissée voir. Les bourguignonnes arrivent, semble-t-il, au soir montant. Les autres les attendaient, curieuses, émues, un peu intimidées peut-être, — Annecy, en ce temps-là, n'était pas français et se regardait comme un village, auprès de Dijon. Les présentations faites, quasi après le premier salut », note expressément la mère de Chaugy, François de Sales passe dextrement à sa mère le reste du cortège et quant à lui, il prit sa chère fille spirituelle et lui fit raconter tout ce qui s'était passé en elle, ce qu'elle fit avec une si grande clarté, simplicité et candeur qu'elle n'oublia rien. Le saint prélat l'écouta fort attentivement, sans lui répondre un seul mot là-dessus, et ils se séparèrent ainsi. Le lendemain 22 août, assez matin, il l'alla trouver. Il paraissait tout las et abattu Asseyons-nous, lui dit-il, je suis las et 548 n'ai point dormi ; j'ai travaillé toute la nuit à votre affaire. Il est fort vrai que c'est la volonté de Dieu que je me charge de votre conduite spirituelle et que vous suiviez mes avis ». Après cela, ce saint homme demeura un peu en silence, puis dit, jetant les yeux au ciel Madame, vous le dirai-je ? Il le faut dire, puisque c'est la volonté de Dieu. Tous ces voeux précédents ne valent rien qu'à détruire la paix d'une conscience. Ne vous étonnez pas si j'ai tant retardé à vous donner une résolution je voulais bien connaître la volonté de Dieu et qu'il n'y eût rien de fait en cette affaire que ce que sa main ferait ». J'écoutais, dit notre bienheureuse Mère, le saint prélat, comme si une voix du ciel m'eût parlé ; il semblait être dans un ravissement, tant il était recueilli, et allait quérir ses paroles l'une après l'autre, comme ayant peine à parler. » Le même matin, elle fit sa confession générale à notre bienheureux Père ». La noble scène, en vérité ! Cette insomnie, cette hésitation suprême, cette lenteur solennelle et laborieuse, ces quelques mots ternes et plus accablés que les silences qui les entrecoupent, tant de beaux détails nous élèvent à des hauteurs surnaturelles, nous établissent, une fois pour toutes, dans une atmosphère de sainteté. Un mot résume la direction que saint François de Sales va donner à sainte Chantal; mais quoi ! ne pourrait-on pas dire que ce mot définit la direction elle-même ? Il a libéré tout ensemble et cette âme et la grâce à laquelle celle-ci n'osait pas ou ne savait pas s'abandonner, l'avançant ainsi, dans la voie mystique, beaucoup mieux qu'il ne l'aurait fait par une intervention personnelle. O Dieu, écrit la sainte, en se rappelant les entretiens de Saint-Claude, que ce jour me fut heureux ! Il me sembla que mon âme changeait de face et sortait de la captivité intérieure où les avis de mon premier directeur m'avaient tenue jusque-là. » Dans le témoignage qu'elle rendra plus 549 tard à ce directeur unique, le mot de liberté revient à, chaque ligne. Il était tout à fait admirable et incomparable à dresser les esprits selon leur portée sans jamais les presser; ainsi il donnait et imprimait dans les coeurs une certaine liberté qui affranchissait de tout scrupule et difficulté. Il laissait volontiers agir l'esprit de Dieu dans les âmes avec une grande liberté, suivant lui-même l'attrait de cet esprit divin et les conduisant selon la conduite de Dieu, les laissant agir selon les inspirations divines, plutôt que par son instinct particulier. J'ai reconnu cela en moi-même 1. Cette méthode qu'il suivait toujours avec les âmes vraiment spirituelles, il se l'imposa plus encore, s'il est possible, vis-à-vis de celle-ci qui, me semble-t-il, l'étonnait plus que les autres, et qu'il pouvait abandonner, avec tant de sécurité, aux mouvements de la grâce. Ce n'est pas à dire qu'il l'ait conduite d'une main incertaine et molle, qu'il n'ait pas su, même avec elle, parler en maître. Je l'ai déjà montré dans le volume précédent 2, il faut bien, en effet que l'âme sente son maître — son maître humain —, elle ne reste vraiment humble, elle ne devient souple, elle n'est tout à fait sûre qu'à ce prix; mais il faut aussi que ce conducteur obéisse lui-même à celui qu'il représente ; qu'il serre ou lâche les rênes au gré de cet esprit qui souffle où il veut. Très ferme donc, très précis, inflexible, quand il jugeait devoir l'être, mais encore plus discret, prudent, et du reste oublieux, dédaigneux de soi à un degré rare, saint François de Sales n'abusait certes en aucune façon de la docilité de sainte Chantal. Pour moi, souventefois, écrit-elle, j'ai eu peine de ce qu'il ne me commandait pas assez 3. 1 Oeuvres ..., II, p. 2oo, 201. Cf. L'humanisme dévot, pp. 125, 126. 2 L'humanisme dévot, pp. 1o5, 106. 3 Oeuvres ..., II, p. 201. 55o Ses ordres même, quand il en donnait, il les voulait pris et suivis sans pointiller », rondement, franchement, naïvement, à la vieille française, avec liberté, à la bonne foi, grosso modo 1 ». Ce respect des âmes et du. divin qu'elles portent, cette défiance de soi, ce besoin de s'effacer devant la grâce, tout cela paraissait mieux encore quand on le voyait. de près, comme la sainte l'a vu. La façon et le parler de ce bienheureux étaient grandement majestueux et sérieux, mais toutefois le plus humble, le plus doux, et naïf que l'on ait jamais vu... Il parlait bas, gravement, posément, doucement et sagement 2. Jamais ce bienheureux ne faisait de reparties promptement 3. Est-il besoin de le dire, cette lenteur à répondre, qui surprend d'abord, chez un homme de tant d'esprit, cette peur de gêner les âmes par une conduite impérieusement personnelle, tout cela chez lui n'a rien d'affecté. Il ne joue pas à l'oracle, comme d'autres qui masquent leur indigence sous des airs de majesté, et, sous des mots tâtonnants, leurs prétentions dominatrices. Plus vive encore que son intelligence, sa foi se trouble et s'arrête au seuil du mystère de la vie spirituelle. Le Cantique des Cantiques, son livre de prédilection, nul, peut-être, ne l'a réalisé comme lui. Dans cette idylle divine, un privilège dont il s'émerveille lui-même et qui le confond, lui assigne un rôle discret. II est le très chétif serviteur de l'Époux et de l'Épouse. Il ne hausse la voix, il ne commande que lorsque l'Épouse s'égare. Effacé, joyeux, il l'admire en silence quand il la voit sur le droit chemin qui mène è l'Époux. 1 Oeuvres de saint François de Sales, XIII, p. 392. 2 Oeuvres ..., II, p. 221, 222. 3 Ib., p. 136. 551 Cette consigne de lenteur, d'attente, d'effacement, jamais, sans doute, notre incomparable directeur ne l'a suivie plus étroitement que dans ses rapports avec sainte Chantal. Il n'entrevoyait, du reste, que très confusément les mystérieux desseins que la grâce semblait avoir formés sur elle. A l'heure où il entreprend cette conduite, le jeune évêque n'a pas encore atteint les hautes cimes qu'il décrira plus tard avec une aisance merveilleuse dans le Traité de l'Amour de Dieu. Il côtoie le plus souvent les basses vallées » de la vie chrétienne, telle qu'on la distingue de la vie mystique. Il ne quitte pas d'ordinaire la douce région. des abeilles et des colombes. Appelé lui aussi à monter plus haut, sa naturelle sagesse, son humilité, sa prière presque toujours, facile; abondante et fleurie, d'une part l'invitent à craindre la haute mer » qui nous fait tourner la tête et nous donne des convulsions », d'autre part lui rendent cher le terre à terre », les petites vertus propres pour notre petitesse ». A petit mercier, petit panier », écrit-il 1. L'humble cueillette de la bouquetière Glycera lui suffit. Il pratique, mais avec une ferveur et une perfection extraordinaires, les exercices ordinaires des chrétiens 2 ». On n'entend pas dire par là que, pendant cette première étape de ses ascensions, François de Sales ait tout ignoré de l'ordre supérieur qu'il devait atteindre un jour sur les traces de sainte Chantal. Où finissent exactement les basses vallées » de la vie dévote, où commencent les hautes montagnes? Entre les points extrêmes de ces deux mondes, ne règne-t-il pas une zone indécise, où les douces brises du premier commencent à se fondre avec les souffles tout-puissants du second? Qu'entre 16o4 et 161o, le saint ait traversé cette zone, qu'il ait même pénétré 1 Oeuvres de saint François de Sales, XII, p. 205. 2 Traité de l'Amour de Dieu, liv. VIII, chap. XII. 552 dans les voies extraordinaires, la chose semble presque certaine. Mais peut-être n'avait-il pas pris conscience du changement qui s'ébauchait ou qui se préparait en lui. Son coeur avait sans doute couru plus vite que son esprit et cet esprit lui-même, si clairvoyant, si délié, mais si paisible, s'était défendu ces retours inquiets, ces curiosités stériles dont la grâce n'a que faire et qui la gênent plutôt. Quoi qu'il en soit, il nous a dit lui-même, dans la préface du Traité de l’Amour de Dieu, qu'il avait alors beaucoup à apprendre et beaucoup à désapprendre. Qui en rougirait pour lui ? Comment s'étonner qu'avant de devenir un des maîtres de la mystique, il ait dû faire son apprentissage ? Je citerai du reste bientôt les textes sur lesquels s'appuient ces conjectures. Si je m'égare dans mes analyses, l'on n'aura pas de peine à me corriger. Essayons de nous représenter la baronne comme elle apparaissait alors à son directeur. Dieu la travaille, avons-nous dit, pour se l'unir de plus près. Est-ce donc le travail même de Dieu qui déconcerte saint François de Sales? Assurément non. II sait bien que du côté divin tout nous est mystère insondable. Au téméraire qui essaierait de les définir, les grâces les plus communes, les impulsions surnaturelles d'un millième de seconde, n'offriraient pas moins d'énigmes que le ravissement de saint Paul. Lorsque Dieu nous rencontre et nous presse, la nuit le précède, l'enveloppe, cache sa retraite et recouvre ses traces. Mais quand il s'agit des grâces mystiques, la nuit de l'homme, si j'ose dire, s'ajoute à la nuit de Dieu. Grâces deux fois ténébreuses, puisqu'elles viennent de l'abîme et qu'elles vont à l'abîme, creusant, semble-t-il, des profondeurs nouvelles dans l'âme qui les reçoit. De là, tant de convulsions chez la victime choisie. Plus elle est riche de dons naturels, plus elle résiste à ce mystérieux forage qui l'écarte de plus en plus de l'humaine surface, chétif et frivole, mais cher théâtre où ces dons trouvent leur emploi. Plus elle résiste et tâche de remonter 553 la pente, plus elle se déchire. De là ces doutes incessants, ce vertige, ces tentations de désespoir, cette peur de sombrer dans les enfers de la déraison et du blasphème. Mais de là aussi, par instants, lorsque la résistance fléchit, lorsque la réflexion s'arrête, lorsque l'imagination accepte de fermer les yeux, et la sensibilité de ne plus tendre la main, de là ces impressions grandissantes de paix, de lumière, de force. Où vont-ils ainsi? Les mystiques ne sauraient le dire. Ils ont passé la frontière des mots humains. Des métaphores lumineuses, infiniment douces pour eux, obscures pour nous et que la chair et le sang trouvent sèches, viennent sous leur plume avec une insistance qui, elle du moins, est une lumière. Ils vont vers a leur centre », vers a l'extrême pointe de leur esprit ». C'est là que Dieu les invite, là qu'il les porte lui-même et qu'il les attend. Mais taisons-nous, et laissons parler notre sainte. Au point du jour, écrit-elle, Dieu m'a fait goûter, mais presque imperceptiblement, une petite lumière, en la très haute suprême pointe de mon esprit. Tout le reste de mon âme et ses facultés n'en ont point joui mais elle n'a duré environ qu'un demi ave Maria 1. Il y a des âmes, écrit-elle encore, entre celles que Dieu conduit par cette voie de simplicité, que sa divine bonté dénue si extraordinairement de toute satisfaction, désir et sentiment, qu'elles ont peine de se supporter et de s'exprimer, parce que ce qui se passe en leur intérieur est si mince, si délicat et imperceptible, pour être tout à l'extrême pointe de l'esprit, qu'elles ne savent comment en parler 2. Enfin voici un texte plus long, prodigieux de clarté, comme du reste tout ce qu'a écrit la sainte et que je choisis entre mille autres plus ou moins semblables, soit parce qu'il nous ramène, comme on va le voir, à saint 1 Oeuvres ..., I, p. 21. 2 Ib., II, p. 337, 338. 554 François de Sales, soit parce qu'il nous montre sainte Chantal au début même de ses voies. Je me souviens, écrit-elle en 1637, que quand il plut à Notre-Seigneur de me donner le commencement de mon soulagement dans ces grandes tentations dont je fus travaillée tant d'années, au commencement de mon voeu le voeu d'obéissance à, son premier directeur, sa bonté me donna cette manière d'oraison d'une simple vue et sentiment de sa divine présence, où je me sentais tout abandonnée, absorbée et reposée en lui. Et cette grâce m'a été continuée, bien que par mes infidélités j'y aie beaucoup contrevenu ; laissant entrer dans mon esprit des craintes d'être inutile en cet état, et voulant faine quelque chose de ma part, je gâtais tout. Et encore souvent suis-je attaquée de cette même crainte, non pas à l'oraison, mais en mes autres exercices, où je veux toujours un peu agir et faire des actes, encore que je sens bien que je me tire par ce moyen de mon centre; surtout je vois que cet unique et simple regard en Dieu est mon unique remède et seul soulagement. Et certes, si je suivais mon attrait, je ne ferais que cela en tout sans exception. Car si je pense fortifier mon âme par des pensées et des discours, par des résignations et actes, je m'expose à de nouvelles tentations et peines, et ne puis faire cela que par une grande violence qui me laisserait à sec. Si qu'il me faut promptement retourner à cette simple remise, me semblant que Dieu me fait voir par là qu'il veut un total retranchement des saillies de mon esprit et de ses opérations en ce sujet. Et l'activité de mon esprit est si grande que j'ai toujours besoin d'être confortée et encouragée pour cela. Hélas, mon bienheureux Père me l'a tant dit !... A ce propos, je me souviens qu'il y a quelques jours que Notre-Seigneur me donna une clarté qui s'imprima fort à moi, comme si j'eusse vu la chose vraiment que je ne me dois plus regarder, mais marcher à yeux clos, appuyée sur mon Bien-aimé, sans vouloir voir ni savoir le chemin par où il me conduira, ni non plus avoir soin de chose quelconque, non pas même de lui rien demander, mais demeurer simplement toute perdue et reposée en lui Si... je ne m'exprime pas bien... vous ne laisserez de m'entendre 1. Mon bienheureux Père me l'a tant dit! n Lui encore si attaché, comme nous le verrons bientôt, au petit train 1 Oeuvres ..., IV, p. 735-737. 555 de nos devanciers », je veux dire aux exercices de la vie dévote, il a su néanmoins non seulement respecter, mais encore aider l'épanouissement mystique de Mme de Chantal. Au reste, s'ils n'habitent pas encore tout à fait le même monde, ils se comprennent admirablement l'un l'autre, et les paroles du saint répondent, s'adaptent, avec une convenance parfaite, aux besoins présents de la sainte. S'ils ne l'envisagent pas encore au même point de vue, s'ils ne la pénètrent pas aussi avant l'un que l'autre, une seule réalité, plus une encore que diverse, les occupe également, à savoir l'amour de Dieu, suprême objet de la vie dévote aussi bien que de la vie mystique. Et comme cet unique objet, on l'atteint, de part et d'autre, en suivant une même discipline, en se détachant, en se dépouillant de soi, il n'y a pas à craindre que la direction très mortifiante du saint entrave le progrès de la sainte. S'il ne réalise encore ni la présence de Dieu a en la suprême pointe de l'esprit », ni la plénitude de dépouillement qui est la condition et la suite nécessaire d'une telle grâce, si même les confidences qu'il reçoit à ce sujet de sainte Chantal le laissent perplexe, sa direction n'en va pas moins d'elle-même, tout droit, infailliblement, à seconder ce double mystère. Direction pacifiante et dépouillante. Se laisser faire par Dieu sans résistance, sans inquiétude; se détacher de soi-même. Toute la doctrine de notre bienheureux Père, écrira plus tard sainte Chantal, tendait au parfait dénûment de soi-même 1. » Les mystiques les plus sublimes n'enseignent pas autre chose. III. Pendant ses nombreux séjours à Dijon, chez le président Frémyot, la baronne faisait de fréquentes visites aux carmélites qui venaient à peine de s'installer dans cette ville, et chez lesquelles elle retournera, aussi souvent que possible, jusqu'à la veille de son départ pour Annecy. Notre imagination s'enchante à la pensée de cette rencontre 1 Oeuvres ..., I, p. 35 556 entre le Carmel et la Visitation qui va bientôt naître, entre sainte Thérèse et sainte Chantal. Ne craignez pas, du reste, que la séduction de l'une sur l'autre soit trop forte, que la brise qui vient d'Avila soulève, entraîne de l'autre côté des grilles, la tendre semence que Dieu et François de Sales gardent pour un autre jardin ? Eh quoi ! le saint n'est-il pas là entre les deux saintes, assez ferme pour retenir l'une, si besoin est, assez humble, assez éclairé pour sentir qu'il a besoin des leçons de l'autre, pour saisir avec joie une telle occasion de se pénétrer lui-même de l'esprit de sainte Thérèse, par l'intermédiaire de sainte Chantal? Sans parler de ses confesseurs — de 16o4 à 161o, saint François de Sales ne l'a confessée que quatre ou cinq fois — la baronne consultait avec empressement les personnes de piété et de doctrine qu'elle pouvait rencontrer. Ainsi nous voyons le recteur des jésuites venant, sur un signe d'elle, la rencontrer chez le président Frémyot. On nous la montre en conférence avec le futur cardinal de Bérulle. La voilà, pour l'instant, c'est-à-dire pour quatre ans, dans l'intimité des carmélites. A quoi bon, dira-t-on, ces entretiens et ces confidences? Saint François de Sales ne lui suffisait-il pas? Eh! non, il ne suffit pas. Il est loin ; les lettres ne vont pas vite et ne disent jamais tout. Pour peu que les neiges s'en mêlent, Annecy reste bloqué pendant des semaines. Avec cela, que l'on se rappelle les tentations et les scrupules qui tourmentent cette novice, son inexpérience encore très grande des choses de la vie spirituelle. François de Sales eût-il été près d'elle, la baronne de Chantal n'avait du reste aucune raison de vivre en recluse, elle avait, au contraire, vingt raisons de fréquenter son monde, le monde des saints, encore si nouveau pour elle et dont tout la ravissait. Son directeur n'était pas jaloux. Il la savait plus que franche et plus que docile. Aucune décision sérieuse ne serait prise sans lui. lin mot de lui redresserait ou effacerait les conseils qui ne seraient 557 pas de son goût. Qu'on se rassure donc. Il sera tenu au courant de ses visites chez les carmélites de Dijon; sainte Chantal, émerveillée, lui dira, par le menu, les secrets de sainte Thérèse. A qui donc les dirait-elle ? Du reste elle ne va pas seule. Une autre des philothées salésiennes, la présidente Brulart, l'accompagne et celle-ci non plus ne se privera pas d'écrire à son directeur. Les belles scènes qui s'annoncent! Nous ne pouvons que les effleurer. Ces deux chères filles de François de Sales accueillies par Anne de Jésus, la chère compagne de sainte Thérèse ! Tout Dijon se presse là, mais le Carmel a bientôt distingué ces deux visiteuses, et il leur fait fête. La baronne regarde, elle interroge, elle s'abandonne, elle se sent, elle est chez elle. Dieu ne la veut pas carmélite, mais il veut que la Visitation ressemble au Carmel. Cependant tout ne lui était pas lumineux dans ce que lui disait sainte Thérèse, bien que tout lui semblât répondre exactement aux besoins confus de son âme. La baronne ne savait pas l'espagnol, la plupart des carmélites ne savaient pas le français. D'une frontière à l'autre, la Mère Marie de la Trinité, française celle-ci, et d'ailleurs assez éclairée pour parler aussi en son propre nom, servait d'interprète. Un seul objet occupait naturellement les entretiens, cette vie intérieure que les carmélites avaient apprise à bonne école et sur laquelle l'ardente baronne désirait plus de lumières. Elle était encore assez champêtre » — c'est son mot — en ces délicates matières. Mais il n'y paraissait pas trop. La trouvant si vive d'esprit et si généreuse, il se peut que les carmélites se soient laissé entraîner un peu vite par cette impétuosité que saint François de Sales lui-même ne bridait pas sans effort. Je n'en suis pas sûr du tout et j'ai mes raisons de croire que la baronne comprenait dès lors assez bien les hautes leçons qu'elle recevait et qu'elle se hâtait de soumettre à son directeur. Mais ces leçons, elle ne les formulait pas encore avec la précision nécessaire. 558 Présentée par elle, la doctrine de la Mère Marie de la Trinité justifiait, sans aucune espèce de doute, les sages réserves que nous allons voir saint François de Sales lui opposer. Pour la doctrine prise en elle-même, quoi qu'en aient pensé plusieurs critiques, elle était bonne de tous points. Saint François de Sales, qui du reste ne l'a jamais condamnée, la fera sienne plus tard. Après tout, que lui disait-on de si rare ? Il semble, à lire certains biographes, que la Mère de la Trinité ait follement transporté sa frêle novice à la suprême tour du château mystique. Rien n'est moins exact. On ne lui a ouvert, au contraire, que le premier parvis, celui qui s'élève à peine de quelques degrés au-dessus de la vie commune, celui où saint François de Sales et sainte Chantal verront plus tard la demeure ordinaire des filles de la Visitation. Et encore, cet humble parvis, on ne l'a pas ouvert à la sainte, on lui a simplement fait connaître qu'elle l'occupait déjà. Le genre d'oraison de M de Chantal, écrit un des biographes de la sainte, semblait à la Mère de la Trinité trop simple, trop ordinaire pour une personne d'une si haute vertu... ; elle voulait que Mme de Chantal passât du premier degré de l'oraison au second. » Autant dire que cette exquise carmélite possédait moins son rudiment que la plus étourdie des postulantes. Non, la Mère de la Trinité n'a rien prétendu, rien voulu de ce qu'on lui fait prétendre et vouloir. Elle n'a pas dit à Philothée mais tâchez donc d'être Théotime, laissez-moi tous les exercices de la vie dévote. Elle a dit à celle qui se voyait et que saint François de Sales voyait sous la figure de Philothée vous êtes déjà Théotime ; si telle ou telle des cueillettes de la vie dévote vous distrait, vous fatigue, gêne en vous l'action divine, abandonnez, sans scrupule, le petit panier de la bouquetière Glycera. Que nous parle-t-on d' attraits trompeurs » qu'un zèle imprudent » aurait suggérés à sainte Chantai ? Ces attraits vers une forme d'oraison, plus élevée, plus dénuée, moins soumise 559 aux lois de la prière ordinaire, notre sainte, non. seulement les éprouvait depuis longtemps, mais encore elle les suivait obscurément, approuvée en cela, par François de Sales, comme nous l'avons vu plus haut. Que leur manquait-il à tous deux, sinon la pleine satisfaction, la sécurité parfaite que peut donner une doctrine bien définie, appuyée sur la tradition et l'expérience des saints ? Cette doctrine, est-ce merveille que la Mère Marie de la Trinité l'ait possédée; la possédant, faut-il lui faire un reproche de l'avoir communiquée à sainte Chantal? C'est ainsi, me semble-t-il, qu'il y a moyen de justifier, d'admirer, d'aimer en même temps les deux voix alternantes – Annecy, Dijon — qui guident sainte Chantal, pendant ces années fécondes 1606-1610 la voix qui lui montre hardiment les hauteurs où Dieu l'appelle ; la voix plus hésitante qui tâche, non de la fixer, mais de la retenir encore dans les basses vallées de la vie commune. Ce ne sont pas des voix ennemies. Marie de la Trinité et François de Sales ne se disputent pas sainte Chantal. Ils travaillent, diversement, mais de concert, à libérer, à épanouir sa grâce. Encore une fois, le saint n'aurait eu qu'un signe à faire, Mme de Chantai n'aurait pas remis les pieds au Carmel. Ce signe, il ne l'a pas fait. C'est tout dire, à qui se rappelle combien cette âme lui était précieuse. Tout ce qui vient du Carmel, par l'entremise de la sainte et de la présidente Brulart, l'évêque le reçoit, le pèse, le discute avec une considération singulière. Si tel ou tel point l'étonne ou lui paraît excessif, telle direction prématurée, il en fait la remarque, mais sans jamais trancher en maître, disciple autant que maître, expérimentant sur lui-même les conseils des carmélites. Voici quelques beaux textes qui nous aideront à saisir cette initiation modeste et prudente. Dès 16o6, il répondait ainsi à une question de sainte Chantal Il n'est pas besoin, ce dit cette bonne Mère Marie de la Trinité, 56o Anne de Jésus, ou toutes les deux, de se servir de l'imagination pour se représenter l'humanité sacrée du Sauveur. Non pas, peut-être, à ceux qui sont déjà fort avancés en la montagne de la perfection, mais pour nous autres qui sommes encore ès vallées,.., je pense qu'il est expédient de se servir de toutes nos pièces 1. Nous autres », encore », peut-être », trois mots essentiels qu'il faut souligner. a Nous autres » il y a donc deux groupes les carmélites d'un côté, de l'autre la baronne de Chantal, la présidente Brulart et l'évêque de Genève; la petite classe qui se hausse sur la pointe des pieds pour regarder aux fenêtres de la grande. Entre les deux, le saint se garde bien de couper les ponts. Encore » protège le présent et réserve l'avenir. Le peut-être » n'est pas moins admirable. Résumée et simplifiée par l'inexpérience de sainte Chantal, la doctrine de la Mère Marie de la Trinité semble offrir un sens dangereux qu'elle n'avait certes pas dans la pensée de la carmélite, mais qui aurait frappé d'abord un directeur moins avisé et qui l'aurait révolté. Le peut-être » nous montre et que saint François de Sales a vu ce faux sens et qu'il ne s'y est pas arrêté, très assuré que Marie de la Trinité n'était pas quiétiste et que sainte Chantal ne risquait pas de le devenir. Il ne réalise pas nettement ce que la fille de sainte Thérèse a voulu dire, mais il fait confiance à une âme aussi éclairée. Un jour viendra où, maître à son tour, il formulera sans peur la même doctrine qu'elle. L'âme recueillie dans son Dieu — écrira-t-il dans le Traité de l'amour de Dieu — n'a plus besoin de s'amuser à discourir par l'entendement, car elle voit d'une si douce vue son Epoux présent que les discours lui seraient inutiles et superflus... ; elle n'a pas aussi besoin de l'imagination car qu'est-il besoin de se représenter en image, soit extérieure soit intérieure, celui de la présence duquel on jouit 2 ? 1 Oeuvres de saint François de Sales, XIII, p. 162. 2 Traité de l'amour de Dieu, liv. VI, chap. IX. 561 Les carmélites n'étaient pas seules à avoir deviné la vocation mystique de sainte Chantal. Toujours vers ce même temps, M. Gallemant, ce personnage d'une rare éminence et que nous connaissons déjà, rencontra la baronne au carmel de Dijon qu'il visitait, eut avec elle de longs entretiens et lui donna exactement les mêmes conseils que Marie de la Trinité. François de Sales ne pouvait pas négliger de tels indices, mais nous avons déjà vu qu'il ne se pressait jamais. Transposant encore dans sa propre langue les paroles d'un autre ordre que lui communique Mme de Chantal, il résiste doucement et fort sagement à certaines consignes qui lui paraissent imprudentes et qui le sont en effet dans le sens où il les prend. J'approuverais — écrit-il à la présidente Brulart — qu'en l'oraison vous vous tinssiez encore un peu au petit train... Or sus, je sais bien que quand par bonne rencontre on trouve Dieu, c'est bien fait de s'entretenir à le regarder et arrêter en lui ; mais, ma chère fille, de le penser toujours rencontrer ainsi à l'impourvu, sans préparation, je ne pense pas qu'il soit encore bon pour nous qui sommes encore novices 1. Rien de plus juste. Il parle ici de ces mouvements de dévotion sensible, de ces clartés plus vives qui saisissent à l'imprévu les âmes pieuses, suppléant ainsi à la préparation normale qui doit précéder les exercices de la vie commune. Attendre de tels mouvements pour se mettre en prière, et, en les attendant, se croiser les bras, paresse et folie. Les carmélites parlaient d'autre chose, à savoir de ce recueillement plus profond qui ne dépend aucunement de l'effort humain. Tendre de soi-même et par le déploiement de toutes ses pièces » à l'union mystique, folie encore. Saint François de Sales est infiniment sage, sainte Thérèse ne l'est pas moins. Attendons sans impatience qu'ils ne disent plus, l'un et l'autre, qu'une seule et même chose. 1 Oeuvres de saint François de Sales, XIII, p. 290. 562 Le recueillement mystique, écrira bientôt l'auteur du Traité de l'amour de Dieu, ne se fait par le commandement ou les préparations de l'amour, mais par l'amour même ; c'est-à-dire, nous ne le faisons pas nous-mêmes par élection, d'autant qu'il n'est pas en notre pouvoir de l'avoir quand nous voulons, et qu'il ne dépend pas de notre soin... Celui, dit la bienheureuse Mère Thérèse de Jésus, qui a laissé par écrit que l'oraison de recueillement se fait comme quand un hérisson ou une tortue se retirent au-dedans de soi, l'entendait. bien, avec cette différence, que ces bêtes se retirent au dedans d'elles-mêmes quand elles veulent; car le recueillement ne gît pas en notre volonté; mais il nous arrive quand il plaît à Dieu de nous faire cette grâce 1. Quelques lignes touchantes, écrites par saint François de Sales en 1607 — je les choisis entre vingt du même sens — nous rappellent que le coeur avait encore plus de part que l'esprit à l'initiation mystérieuse qui s'accomplissait en lui. Le progrès manifeste de ses deux filles spirituelles, le rayonnement de ce carmel lointain, le pressentiment des grandes choses que Dieu préparait, tout le stimulait à une ferveur nouvelle. Je puis dire maintenant, écrit-il à sainte Chantal, mieux que ci-devant, que je fais l'oraison mentale, parce que je ne manque pas un seul jour sans cela... Dieu me donne la force de me lever quelquefois devant le jour pour cet effet... ; il me semble que je m'y affectionne et voudrais bien pouvoir en faire deux foie le jour 2. Les choses allèrent ainsi paisiblement, lentement, niais sans arrêt ni recul jusqu'au jour où sainte Chantal, quittant la Bourgogne, pour Annecy, dut faire ses adieux au Carmel. C'est désormais dans le parloir de la Visitation et de vive voix que l'humble évêque achèvera sa propre initiation et la formation de la sainte. Il a déjà appris et désappris beaucoup. Quelques difficultés lui restent, qui 1 Traité de l'amour de Dieu, liv. VI, ch. VII. 2 Oeuvres de saint François de Sales, XIII, p. 318. 563 s'éclairciront bientôt. Nous allons rejoindre les deux fondateurs, mais non sans avoir savouré la dernière, la plus belle page du chapitre qu'on vient de lire. Avant qu'elle quitte cette classe où la sainte et lui avec elle — ont reçu tant de lumières, François de Sales veut que la baronne de Chantal pose aux carmélites quelques suprêmes questions. Quant à ces préceptes de l'oraison que vous avez reçus de la bonne mère prieure Louise de Jésus, lui écrit-il, je ne vous en dirai rien pour le présent seulement je vous prie d'apprendre le plus que vous pourrez les fondements de tout cela, car, à parler clair avec vous, quoique deux ou trois fois, l'été passé, m'étant mis en la présence de Dieu sans préparation et sans dessein, je me trouvasse extrêmement bien auprès de Sa Majesté, avec une seule, très simple et très continuelle affection d'un amour presque imperceptible mais très doux, si est-ce que je n'osai jamais démarcher du grand chemin pour réduire cela en un ordinaire. Je ne sais ; j'aime le train des saints devanciers et des simples ; je ne dis pas que quand on a fait sa préparation et qu'en l'oraison on est attiré à cette sorte d'oraison, il n'y faille aller ; mais prendre pour méthode de ne se point préparer, cela m'est un peu dur... Néanmoins je parle simplement devant Notre-Seigneur et à vous à qui je ne puis parler que purement et candidement, je ne pense pas tant savoir que je ne sois très aise, je dis extrêmement très aise, de me démettre de mon sentiment et suivre celui de ceux qui en doivent par toute raison plus savoir que moi; je ne dis pas seulement de cette bonne Mère, mais je dis d'une beaucoup moindre. Apprenez donc bien tout son sentiment sur cela et sans empressement et en sorte qu'elle ne cuide pas que vous la veuillez examiner 1. 1 Oeuvres de saint François de Sales, XIV, p. 266. Ne voir dans la seconde partie de cette lettre que protestations d'humilité, ne me parait pas sérieux. Que l'on remarque ces adverbes, ces parenthèses. Si François de Sales n'a pas voulu exprimer, et solennellement, son propre désir d'apprendre, désir très sincère et très ardent, mieux vaut dire bonnement qu'il ne sait pas écrire. Même étrange exégèse pour la première partie de la lettre Le saint, nous dit-on, ne veut pas que Mme de Chantal abandonne la préparation de l'oraison ». Le texte ne montre rien de pareil, simple échange de vues dans lequel l'autorité du directeur se fait à peine sentir. Ici encore, il faut choisir ou le saint reste perplexe, hésitant, expectant, ou il ne sait pas écrire. S'il avait pris nettement position, se dirait-il prêt à se démettre de son sentiment? — Le texte est du reste infiniment curieux. La vie proprement mystique du saint a commencé déjà, semble-t-il, et cependant il applique encore à cette oraison plus haute les règles de l'oraison ordinaire. Il n'a pas voulu, dit-il, réduire cela en un ordinaire » ; et certes, comment aurait-il fait, puisque cela ne dépendait aucunement de lui ? Quant au train des saints devanciers », le Traité de l’amour de Dieu répond abondamment à cette difficulté. 564 Qu'on relise attentivement cette lettre, en essayant d'oublier qu'elle s'adresse à sainte Chantal. Quelle impression nous laisserait-elle ? Ne dirait-on pas d'un jeune savant qui ayant suivi, sur les cahiers d'un de ses amis, quelque illustre professeur, députerait ce même ami vers leur maître commun en vue d'obtenir un- supplément d'information sur tel ou tel point resté plus obscur? Maîtres eux-mêmes, les deux disciples. On les voit en possession de discuter librement, de soumettre à de nouveaux examens la doctrine qu'on leur a transmise, d'ailleurs toujours défiants de leurs jeunes lumières. La lettre témoigne de l'estime la plus extrême, d'une confiance, d'un abandon absolu. Qui ne voit où va cette facile et sûre exégèse? En 1610, l'épanouissement mystique de sainte Chantal est accompli. François de Sales l'avait confiée novice à sainte Thérèse. Elle lui revient professe. IV. Environ les fêtes de Pentecôte de l'année 16o7 », Mme de Chantal s'était rendue à Annecy pour connaître enfin les projets que son directeur avait formés sur elle. Parlant de ce voyage..., elle dit J'allai trouver le bienheureux prélat avec la plus grande indifférence qui me fût possible...; j'arrivai vers ce saint Père de mon âme quatre ou cinq jours avant la Pentecôte, pendant lequel temps il me parla beaucoup, me fit rendre compte de tout ce qui s'était passé et se passait en mon âme, sans rien me déclarer de ses desseins... » Nous avons contemplé plus haut une scène toute semblable. A Annecy comme à Saint-Claude, les mêmes préparatifs, les mêmes sondages indéfiniment recommencés, les mêmes silences, la même lenteur solennelle et dramatique. Ce bienheureux 565 Père, continue la Mère de Chaugy, la laissa en cet état jusqu'au lendemain de la Pentecôte... L'ayant retirée après la sainte messe, avec un visage grave et sérieux, et une façon de personne toute engloutie en Dieu, il lui dit Hé bien ! ma fille, je suis résolu de ce que je veux faire de vous. — Et moi, dit-elle, Monseigneur et mon Père, je suis résolue d'obéir. » Sur cela, elle se mit à genoux. Le bienheureux l'y laissa et se tint debout à deux pas d'elle Oui-dà, lui répondit-il, or sus, il faut entrer à Sainte-Claire. — Mon Père, dit-elle, je suis toute prête. — Non, dit-il, vous n'êtes pas assez robuste, il faut être soeur de l'hôpital de Beaune. — Tout ce qu'il vous plaira. — Ce n'est pas encore ce que je veux, dit-il, il faut être carmélite. — Je suis prête d'obéir », répondit-elle. Ensuite il lui proposa diverses autres conditions pour l'éprouver, et il trouva que c'était une cire amollie par la chaleur divine, et disposée à recevoir toutes les formes d'une vie religieuse telle qu'il lui plairait de lui imposer. » Un visage grave et sérieux », je supplie qu'on se le rappelle. Pas l'ombre d'un sourire. Il ne joue pas cette hésitation suprême, L'imperceptible sursaut de résistance qu'il guette dans les yeux de cette femme à genoux, l'aurait sans doute surpris, mais ne l'aurait pas confondu. Il est ainsi fait. De l'unique douceur qui semble le définir, les racines sont amères. Nul, peut-être, parmi les saints et les moralistes, n'a été plus que lui convaincu de notre néant. Enfin, il... lui déclara fort amplement le dessein qu'il avait de notre cher Institut », de cette religion » nouvelle qui devait s'appeler un jour la Visitation Sainte-Marie. Combien de temps faudrait-il encore avant l'exécution de ce dessein ? Six ou sept ans, pour le moins; il ne savait encore. Nous le savons, nous. Dans trois ans tout sera fini mai 16o7-juin 161o. Je n'ai pas à rappeler ici les circonstances qui hâtèrent cette décision je ne raconterai pas non plus la scène tragique 566 des adieux, le jeune Celse-Bénigne de Rabutin-Chantal - celui qui sera un jour le père de la marquise de Sévigné — se couchant au travers de la porte pour arrêter sa mère et celle-ci, tout en larmes, allant quand même où Dieu la voulait. Aussi bien Celse-Bénigne avait-il déjà quitté la tutelle maternelle et fait ses premiers pas dans le. monde. Quant aux filles de la baronne, l'aînée, Marie-Aimée était mariée à un frère de François de Sales, au baron de Thorons. En laissant Dijon pour Annecy, sa mère se rapprochait d'elle. Les deux plus jeunes resteraient à la Visitation jusqu'à leur mariage. Charlotte mourra bientôt. Reste la petite Françoise, Françon, comme on l'appelait. Plus heureuse vingt fois que Celse-Bénigne. Des deux côtés de la clôture, le voile ne produit pas la même impression. Vue de si près et tous les jours, sa mère ne lui e jamais paru Changée. L'humble maison au bord du lac, la jeune communauté qui s'improvisait n'était pas un couvent pour elle. Jamaispensionnaire n'aura été choyée,; soignée, caressée comme celle-là. Son nom passe et repasse dans la légende dorée de la Visitation, son nom et celui de Marie-Aimée, plus grave et plus exquise. Car Marie-Aimée était plus souvent là que chez elle. Le matin, quand sainte Chantal se rendait à la chapelle, la petite baronne, sautant du lit et entr'ouvrant la porte de sa chambrette, saluait la sainte qui lui souriait dans le grand silence. L'ombre de la croix que portait leur mère a été douce pour les deux filles de sainte Chantal. Introduction à la vie parfaite, la Visitation , a été conçue par François de Sales, dans le même esprit que l'Introduction à la vie dévote. On connaît l'idée maîtresse de ce livre immortel. Philothée a un mari, des enfants, mille soucis qui ne lui permettent qu'une courte messe matinale et la voilà qui se désole à la pensée que la vie dévote n'est pas pour elle. C'est une erreur, aies une hérésie, lui répond son directeur, 567 de vouloir bannir la vie dévote de la compagnie des soldats, de la boutique des artisans, de la cour du prince, du ménage des gens mariés. Toutes les règles de la Visitation disent de même c'est une erreur, c'est une hérésie de vouloir bannir la vie parfaite de la compagnie des santés fragiles. Philothée a perdu son mari; ses enfants, bien établis, n'ont plus besoin d'elle, et la voilà encore qui se désole chaque fois qu'elle entend sonner la cloche du Carmel. Le monde ne lui est plus rien ; elle voudrait tant le quitter ! La contemplation l'attire ; elle voudrait tant s'y consacrer toute ! Cruels désirs ! Au Carmel, pauvrette qu'elle est, elle tomberait en défaillance pendant les offices de la nuit. Après trois jours de jeûne et de disciplines, elle ne pourrait plus se tenir debout. Consolez-vous, Philothée. Ni l'office de nuit, ni les jeûnes, ni les disciplines ne sont indispensables à cette vie toute sainte vers laquelle vous soupirez, où Dieu vous invite. Un Ordre nouveau se fonde tout exprès pour vous et vos pareilles. Il y aura demain un Carmel pour les infirmes, un Carmel pour tous. Il s'appellera la Visitation. Cette congrégation, a écrit le fondateur, a été érigée en sorte que nulle grande âpreté ne puisse divertir les faibles et les infirmes de s'y ranger pour y vaquer à la perfection du divin amour 1. Je choisis ce texte entre des centaines d'autres parce qu'il fixe en deux mots la formule de la Visitation nulle grande âpreté », vaquer à la perfection du divin amour ». L'idée était neuve puisqu'elle amusa beaucoup les sages. Il est vrai, écrit le célèbre Père Ignace Armand à saint François de Sales dans une lettre splendide, l'on dit que vous 1 Cf. une longue et importante note, Mémoires de la Mère de Chaugy, p. 159. 568 dresserez un hôpital plutôt qu'une assemblée dévote, mais qui ne rirait avec vous, mon très honoré Seigneur, des folles cervelles des enfants du monde?... Il est venu par ci-devant plusieurs religieuses menant une vie fort austère, qui les oblige ne point recevoir les filles infirmes et de petite complexion ; le monde... les taxe d'une indiscrète rigueur. Vous avez, Monseigneur... trouvé le noeud et le secret, en votre Visitation qui n'est point trop douce pour les forts, ni trop âpre pour les faibles ; les enfants du monde censurent cela et disent que l'on dresse un hôpital ou une vie trop molle... Hélas ! qui n'aurait pitié d'une vierge, laquelle ayant sa lampe ardente en main, pleine de bonne huile, ne peut néanmoins entrer dans un cloître, pour célébrer les noces de l'Agneau faute d'avoir les épaules assez fortes pour porter une robe tissée de poils de chameau..., ni l'estomac assez robuste pour jeûner la moitié de l'année et ne digérer que des racines 1. Ces poils de chameau et ces racines nous indiquent ce qu'il faut entendre par les infirmes » dont parle saint François de Sales. Pas n'est besoin d'être malade au sens propre, pour avoir la vocation. La Visitation n'est pas un hôpital, mais son infirmerie se remplirait assez vite, si toutes les soeurs pratiquaient les austérités du Carmel. Tout cela, qui s'entend sans peine, nous rappelle en passant ce qu'il faut penser de la prétendue sévérité de sainte Chantal. Moins tendre, plus cassante et plus rude, le saint l'aurait-il mise à la tête d'un ordre aussi doux? Vaquer à la perfection du divin amour », la seconde partie de la formule visitandine n'est pas moins lucide que la première. Quelque forme qu'elle ait prise à ses débuts ou qu'elle doive prendre à l'avenir, la communauté religieuse créée par saint François de Sales appartient à la famille des ordres contemplatifs. Quoi qu'on en ait dit, cela me paraît l'évidence même. En 1610 comme en 1615, la Visitation a toujours eu pour fin essentielle le développement de la vie intérieure, l'oraison, tous les exercices qui mènent à la perfection du divin amour ». Notre 1 Mémoires de le Mère de Chaugy, pp. 145, 146. 569 institut... est tout fondé sur la vie intérieure », dit formellement sainte Chantal, et il a été fondé pour donner à Dieu des FILLES D'ORAISON... laissant les grands Ordres... honorer Notre-Seigneur par d'excellents exercices et des vertus éclatantes 1 ». Il est vrai qu'avant 1615, les visitandines allaient visiter les malades et qu'après cette date elles cessèrent leurs visites pour des raisons que je n'ai pas à discuter ici, mais il n'est pas moins vrai qu'on se trompe du tout au tout quand on les compare, de ce chef, aux Soeurs de charité, aux Petites Soeurs des pauvres ou à toute autre congrégation du même genre. Autant comparer la rude journée du trappiste aux quelques minutes que le chartreux donne à son jardin. Distraction, récréation pieuse, les oeuvres charitables ne tenaient dans le programme des premières visitandines qu'une place très secondaire, et cette place, la vie, la grâce propre de la Visitation tendaient à la réduire de plus en plus, dès avant les interventions qui obligèrent François de Sales à modifier le règlement primitif. La grâce, la vie, ces deux impérieuses maîtresses qui refaçonnaient à leur gré les plans du génie lui-même — du génie surtout — et dont saint François de Sales allait une fois de plus, non sans quelque surprise, mais avec allégresse, prendre les leçons. Une fois sortie de ses mains, son oeuvre lui a révélé ce qu'il avait voulu faire, ou plutôt ce que Dieu avait voulu faire pour lui. C'est la vérité, écrit sainte Chantal à l'un des biographes de saint François de Sales, que l'on pratiquait des rares et excellentes vertus, mortifications et charités en ce commencement et cela dura environ cinq ans avec une ferveur d'esprit non pareille. Il n'y avait que les premières professes employées à telles sorties, et non les novices, mais tout à coup nous nous trouvâmes toutes changées et avec un désir de la clôture 2... 1 Oeuvres..., I, pp. 3o5, 186. 2 Oeuvres..., II, 3o6. 570 Entendons bien ce tout à coup », qui porte la marque ordinaire de ce vif esprit. Le changement, l'intime et invincible développement que résument ces quelques lignes, ce n'est pas. brusquement, et du jour au lendemain qu'il s'est produit. En 1615, les visitandines se trouvent toutes changées, avec un désir de la clôture » et uniquement soucieuses de vaquer à la perfection du divin amour » ; qu'est-ce à dire, sinon qu'après. cinq années de vie, après mille étapes imperceptibles, leur évolution surnaturelle est accomplie. En c6io, bien que la contemplation fût dès lors leur occupation principale, elles la quittaient, plus ou moins souvent, pour se prêter aux oeuvres de charité. On les voyait tour à tour sous la figure de Marthe et sous la figure de Marie. Puis les sorties charitables les intéressent de moins en moins, la contemplation de plus en plus, tant qu'enfin, en 1615, Marthe s'est évanouie tout à fait. On ne voit plus que Marie. Et voilà qui nous ramène au beau spectacle que gons avons admiré déjà tant de fois saint François de Sales à l'école de la grâce et des âmes. Très certainement, il ne s'attendait pas à la transformation merveilleuse qu'on vient de dire. La visitandine de ses premiers projets serait Marie beaucoup plus que Marthe, et même quand elle remplirait les offices de Marthe, elle resterait Marie, mais enfin, peu ou prou, elle serait Marthe. Au début il la voyait non pas certes semblable à une Soeur de charité, mais partageant ses heures, donnant une bonne partie aux oeuvres extérieures de charité et la meilleure partie à l'intérieur de la contemplation » 1. Simple ébauche dans sa pensée. Une autre que lui, et il y compte bien, achèvera le portrait. Simple champ d'expérience ouvert aux inspirations divines, assez vaste pour que la grâce y puisse jouer librement, aux lignes assez incertaines pour que la grâce en puisse librement modifier et resserrer le contour. 1 Oeuvres de saint François de Sales, XIII, pp. 318, 311. 571 Seul, il avait reçu mission de donner des règles à cette communauté naissante. Ensemble et détail, ses idées auraient donc force de loi, aussi longtemps du moins que Dieu lui-même n'interviendrait pas. Cette divine intervention, ales visitandines la manifesteraient à leur fondateur, non en lui communiquant leurs vues propres dont il n'avait que faire, mais en vivant sous ses yeux. Il les a donc regardées vivre, avec l'intensité d'observation affectueuse et clairvoyante qui fait son génie. Disciple au moment où- il paraissait le plus maître, notant, jour par jour, le rythme de ces aines qui croyaient le suivre lui-même, recueillant les moindres indices de cette végétation surnaturelle qui lentement s'épanouissait devant luis. Ainsi comprises, les origines de la Visitation sont une des expériences les plus mémorables dont l'histoire de la sainteté ait gardé le souvenir. Dans ce chétif » Annecy, voici en effet que, toujours ancienne et toujours nouvelle, une et multiple, l'idylle mystique se réalise aux yeux émerveillés du prudent évêque ; voici que pâlissent les violettes de Philothée, doucement éclipsées par des fleurs plus éclatantes novas frondes, non sua poma; voici que, par un mouvement insensible, ces humbles femmes se replient de plus en plus vers leur centre, vers la suprême pointe » où Dieu les attend. Transformation imperceptible qu'une noble page de la mère de Chaugy nous permet de suivre comme pas à pas. Notre bienheureux Père, écrit-elle, avait désiré, pour plus d'humilité, que tour à tour les soeurs fissent la cuisine et les offices domestiques... Notre bienheureuse Mère ne se dispensait jamais, que par maladie, d'être cuisinière à son tour... A cause que la maison... avait un grand 1 Nos premières Mères et Soeurs, dit sainte Chantal, n'auraient jamais voulu parler d'autre que de l'oraison ; elles en faisaient de perpétuelles demandes à notre bienheureux Père et elles n'étaient pas très satisfaites parce qu'il leur répondait courtement, s'étendant sur les pratiques de la vertu véritable. » Oeuvres diverses, I, p. 359. 572 verger, et que l'on avait souvent besoin de lait pour les petits enfants des pauvres, notre digne Mère y allait fort soigneusement en son rang, et avait beaucoup de suavité en ces exercices bas et domestiques. » Symboles charmants ! Toutes ces Maries se cramponnant, si j'ose dire, à la bassesse de Marthe. La cuisine, le verger, les basses vallées..., vains efforts, Dieu veut pour elles la meilleure part » qui va nous ouvrir un autre monde. Il est très vrai que son principal soin et ses plus chères affections étaient de bien fonder ses filles à la vraie vie intérieure et de l'esprit, à quoi toutes étaient fort attirées, en sorte qu'elles ne cherchaient que mortification, recollection, silence et retraite en Dieu, duquel l'immense bonté gratifiait ces chères âmes de faveurs surnaturelles. Par la grâce divine, plusieurs eurent en fort peu de temps des oraisons de quiétude, de sommeil amoureux, d'union très haute; d'autres, des lumières extraordinaires des mystères divins, où elles étaient saintement absorbées ; quelques autres, de fréquents ravissements et saintes sorties hors d'elles-mêmes, pour être heureusement toutes arrêtées et prises en Dieu, où elles recevaient de grands dons et grâces de sa divine libéralité ; et notre bienheureux Père, parlant, dans sa préface, de l'Amour de Dieu, dit que ce saint livre est une partie des communications qu'il a eues avec nos premières Mères et Soeurs, et que leur pureté et piété l'a obligé à leur parler des points les plus délicats de la spiritualité, passant par au delà de ce qu'il avait dit à Philothée ». Comme on le voit, nulle catastrophe, nul bouleversement, et, à proprement parler, nul changement. La Visitation a changé comme change tout être vivant, placé dans une atmosphère et des conditions favorables à sa croissance, changé comme la frêle tige qui devient chêne, comme l'enfant qui devient homme. Comme on le voit encore, ce changement n'est pas, ne pouvait pas être l'oeuvre- personnelle de saint François de Sales. Moins 573 souple, moins humble, plus jaloux de sa création, il aurait paralysé l'action divine. Sa gloire est de l'avoir secondée, sa gloire est aussi de s'être offert et plié avec. la même souplesse au mouvement intérieur qui achevait sans lui ses propres idées, le révélant ainsi lui-même à lui-même. Tout se tient en effet dans cette splendide histoire, la Visitation, sainte Chantal et l'évêque de Genève. Si l'on veut bien s'en souvenir, nous avons laissé celui-ci en 161o, de plus en plus gagné au rayonnement mystique de la sainte, mais encore retenu par quelques doutes et obscurités suprêmes. La pleine lumière s'est faite, de 16zo à 1615, pendant qu'il observait, non plus sur une ou deux âmes, mais sur toute une communauté, la naissance, le progrès et le caractère de cette vie supérieure. La Visitation primitive a été pour lui une académie du pur amour. C'est là qu'une à une il a dessiné les études sans nombre qui ont préparé le portrait définitif de Theotime, là que l'auteur de l'Introduction à la vie dévote a été rendu capable d'écrire le Traité de l’Amour de Dieu 1. On ne dira jamais assez de ce que nous devons à ces quelques femmes, Jeanne de Chantal, Charlotte de Bréchard, Marie Péronne de Châtel et les autres. La plus pure lumière du mysticisme français s'est allumée à leur lumière et tous nous avons reçu de leur plénitude. Mieux encore que les immortelles chroniques de la Mère de Chaugy, le Traité de l’Amour de Dieu est leur histoire. Des chapitres entiers de ce livre sont remplis de sainte Chantal; mais les premières filles de la sainte y ont aussi leur place, grande ou petite. Quant à l'auteur lui-même, son esprit, son coeur et sa plume se modèlent avec une telle précision sur tout ce qu'il veut décrire, qu'on ne sait pas exactement où s'arrêtent les observations du directeur et du moraliste, où commencent les confidences personnelles du saint. 1 La 1ère édition de ce livre est de 1616. Sur tout ce qui vient d'être dit, cf. l'aperçu historique de Dom Mackey. Œuvres de saint François de Sales, IV, p. VIII sq. 574 Une chose du moins est plus que certaine plusieurs des grâces merveilleuses qu'il nous présente, il les a reçues lui-même. Environ cinq ou six ans avant son décès, écrit la sainte, parlant de l'oraison, il me dit qu'il n'y avait pas de goûts sensibles, que ce que Dieu opérait en lui, c'était par des clartés et sentiments que Dieu répandait en la suprême partie de son âme, que la partie inférieure n'y avait point de part. Une autre fois, il me dit qu'il avait eu de bonnes pensées, mais que c'était plutôt en manière d'écoulement de coeur en l'éternité et en l'Eternel que par discours... Quelquefois il m'écrivait que je le souvinsse de nie dire ce que Dieu lui avait donné en la sainte oraison, et le voyant je lui demandai. Il me répondit ce sont des choses si simples et si délicates que l'on ne peut rien dire quand elles sont passées 1. Ces goûts sensibles », ces discours », ces imaginations, ces réflexions pieuses, mais quoi, n'était-ce pas là saint François de Sales lui-même ? Qui a goûté plus que lui les douceurs de la prière, qui les a rendues d'un style plus affectif et plus pénétré ? Oui, c'était là sa grâce première mais, il devait, lui aussi, monter plus haut. Telle fut la Visitation commençante, telle la Visitation restera jusqu'à la mort de sainte Chantal. Définir techniquement l'oraison de ces filles d'oraison » n'est pas de notre sujet. Tout ce que l'on peut et doit dire, c'est que les premières années de l'Ordre ont pleinement confirmé l'expérience de ses débuts. Une telle âme en vaut cent, écrit la sainte à propos d'une de ses filles comblée de grâces mystiques, mais il n'en faut pas faire grand semblant à qui que ce soit ; car ce trésor doit être caché, et il faut dextrement l'en tenir ignorante et faire qu'elle se persuade que c'est la voie quasi ordinaire des tilles de la Visitation, comme, il est vrai, plusieurs y sont attirées. L'arrêt de l'esprit en Dieu, écrit-elle encore, est la plus utile occupation que les filles de la Visitation puissent avoir. Elles 1 Oeuvres..., II, pp. 172, 173. 2 Ib., II, p. 471. 575 ne se doivent point soucier des considérations, conceptions, imaginations et spéculations des autres, bien qu'elles les doivent honorer comme des dons de Dieu et qui conduisent à Dieu même 1. Qu'on ne craigne pas d'ailleurs que cet esprit lucide et, de nature, presque trop réfléchissant» incline en quelque façon vers le quiétisme, et pousse la Visitation sur une pente dangereuse. Elle sait mieux que personne que des actes, on en fait toujours. Je crois, dit-elle, que ceux qui disent n'en faire en aucun temps ne l'entendent pas, je crois même que notre soeur N. en fait qu'elle ne discerne pas; du moins, je lui en fais faire d'extérieurs 2. Elle dit encore dans le même sens Elles se trompent en la pensée qu'elles ont de ne pouvoir faire de considérations ; et peut-être se veulent-elles mettre d'elles-mêmes en cette manière de prier, ce qu'il ne faut jamais faire,... mais elle ajoute aussitôt non plus que de les en tirer et de les empêcher d'y cheminer lorsque Dieu les attire, et cela serait un grand mal 3. Ceux qui ne sont pas conduits par là trouvent étrange » cette conduite de Dieu sur les filles de la Visitation, et de là viennent des difficultés fréquentes avec telles ou telles personnes du dehors, d'ailleurs bien intentionnées, mais qui sont pour l'ordinaire très contraires » à cet attrait 4. Forte de l'autorité de saint François de Sales, forte de son expérience personnelle et jugeant l'arbre par ses fruits exquis d'abnégation et de sainteté, la fondatrice de la Visitation répète indéfiniment la même chose Dieu nous 1 Ib., I, p. 341. 2 Oeuvres..., I, pp. 5o4, 505. 3 Ib., IV, p. 513. 4 Ib., III, p. 537. 576 veut ainsi ». Finissons par un dernier texte plus décisif encore que les autres et plus solennel. Je dis dans les Réponses, écrit-elle, que j'ai reconnu que l'attrait presque universel des filles de la Visitation est d'une très simple présence de Dieu, par un entier abandonnement d'elles-mêmes en la sainte Providence. Je pensais ne pas mettre le mot presque, car vraiment j'ai reconnu que toutes celles qui s'appliquent dès le commencement à l'oraison comme il faut, et qui font leur devoir pour se mortifier et s'exercer aux vertus, aboutissent là. Plusieurs y sont attirées d'abord et il semble que Dieu se sert de cette seule conduite pour nous faire arriver à notre fin et à la parfaite union de nos âmes avec lui. Enfin je tiens que cette manière d'oraison est essentielle à notre petite congrégation, ce qui est un grand don de Dieu, qui requiert une reconnaissance infinie 1. Il est trois fois évident que si la sainte voulait parler de la prière commune à tous les chrétiens, elle n'emploierait pas un pareil langage. Laissons-la donc, et ses filles, et saint François de Sales avec elles, dans le mystère qui les dérobe à nos yeux profanes. Qu'il nous suffise de savoir que l'évêque de Genève, en fondant la Visitation, s'était proposé, comme fin essentielle, de donner à Dieu des filles d'oraison », des mystiques et qu'il a réussi au delà de ses premières espérances. V. Bien que trop peu lu de nos jours, le Traité de l’Amour de Dieu n'en reste pas moins l'un des plus beaux livres de philosophie religieuse que le XVIIe siècle nous ait laissés, le plus beau peut-être 2. Mais nous n'avons 1 Oeuvres..., II, p. 337. Elle dit ailleurs a La grande méthode de l'oraison, c'est qu'il n'y en a point... Si allant à l'oraison on pouvait se rendre une pure capacité pour recevoir l'esprit de Dieu, cela suffirait pour toute méthode ; l'oraison se doit faire par grâce et non par artifice » , ib., p. 26o. 2 On peut lire à ce sujet les articles du R. P. Desjardins Saint François de Sales docteur de l'Eglise Etudes, 1877 et surtout l'introduction de Dom Mackey Oeuvres de saint François de Sales, IV, p. I-XCIII, travail tout à fait remarquable malgré quelques erreurs de fait sur la con. troverse du quiétisme ; cf. aussi l'analyse capricieuse et fort intéressante de M. Strowski. Saint François de Sales introduction à l'histoire du sentiment religieux. Paris, 1898, pp. 293-347. 577 pas à l'examiner ici de ce point de vue et il doit nous suffire de mettre en lumière la signification historique de ce chef-d'oeuvre. Ce fut bien en effet une démarche dont on ne saurait exagérer l'importance que l'adhésion publique, éclatante, donnée par le théologien et le directeur le plus sage, le plus autorisé de l'époque, au grand mouvement mystique qui se dessinait de tant de côtés et qui ne laissait pas d'inquiéter quelques bons esprits. Nous avons vu tantôt l'auteur de la Philothée presque tenté de disputer ses filles spirituelles à l'influence du Carmel ; et le voici maintenant qui publie un livre dans lequel il suit pas à pas, l'exemple et l'enseignement de sainte Thérèse. Avant 161o, pressé lui-même par la grâce de s'élever, en même temps que Mme de Chantal, au-dessus de la prière commune, il hésite, il n'ose pas démarcher du grand chemin », il voudrait s'en tenir au train des saints devanciers et des simples ». En 1616, après les expériences que nous avons racontées, il découvre hardiment le secret du Roi », et cela dans un livre que liront certainement la plupart des innombrables lecteurs de Vie dévote. Il dit bien, au sujet de quelques chapitres moins accessibles ce traité est difficile, surtouf à qui n'est pas homme de grande oraison », mais il dit aussi, et certes sans se flatter que ès endroits les plus malaisés de ces discours » règne une bonne et aimable clarté ». Il a peur que cette petite besogne ne réussisse pas si heureusement que l'autre précédente, pour être un peu plus nerveuse et forte », mais il a fait des prodiges pour mettre son livre à la portée de tous. J'ai tâché de l'adoucir et fuir les traits difficiles. » Aussi le voyons-nous, conclut Dom Mackey, recommander la lecture du Traité de l’Amour de Dieu, aux gens du monde, aux hommes de Cour 1 ». Ce qu'il avait fait pour la dévotion, il le fait pour la vie mystique 1 Oeuvres de saint François de Sales, IV, p. XXXV. 578 il la montre aimable, simple, désirable, facile même 1. » C'est une erreur, dirait-il, ains une hérésie, de vouloir bannir la haute oraison de la compagnie des soldats, de la boutique des artisans, de la Cour du prince, du ménage des gens mariés. » J'ai peur qu'on ne réalise pas assez l'originalité, la hardiesse d'une semblable entreprise. Les spirituels de l'école salésienne et des écoles voisines, les jésuites par exemple, éprouvent communément une sorte de répugnance à traiter des choses mystiques. Ils affectent volontiers de les ignorer. Ils craignent, et non sans raison, que certaines âmes, séduites par la perspective d'une vie suréminente, s'exaltent à la poursuite d'un idéal chimérique et prennent en dégoût l'humble pratique du devoir chrétien. Écoutez par exemple un des grands amis de François de Sales et de Jeanne de Chantal, Dom Sans de Sainte-Catherine, général des feuillants. Le royaume de Dieu..., écrit-il et dans un livre qui s'adresse à des religieux, ne consiste pas en paroles et hautes connaissances de science acquise, mais eu esprit de vertu, de vérité et de vie... Aussi n'y ai-je fait entrer dans mon livre les suréminences de la vie contemplative, d'autant que cette vie, jaçait que bonne, est bien périlleuse si elle n'est assise sur la mortification et acquisition des vertus. » Lisez plutôt, dit-il plus loin, Thomas de Kempis..., les épîtres de saint Jérôme, saint Jean Climaque, Cassian, Pinelli, et autres tels livres qui humilient et rentrent l'esprit en soi, que Harphius, Rusbrochius, Taulère et autres semblables, 1 J'allais presque dire naturelle » en un sens que Dom Mackey a très bien défini Saint François de Sales, dit-il, place le coeur humain en présence du Bien infini vers lequel l'attirent à la fois et la puissance ,de la grâce et une convenance naturelle que le péché d'origine n'a pas totalement détruite. Et pour éclairer son sujet, il nous montre dans les effets des passions humaines le corrélatif de ces ardeurs de ces blessures », de ces liquéfactions qui sont les manifestations extraordinaires de l'amour divin. Il n'est pas jusqu'au suprême affect de l'amour affectif,... la mort des amans qui n'ait été quelquefois produit par les transports insensés de l'amour profane ». Mackey, op cit., p. XLIX. On ne dira jamais assez à quel point la pensée de François de Sales est réfractaire au jansénisme. 579 quoique excellents contemplatifs 1. » Sainte Chantal elle-même ne pense pas autrement. Je crois bien, dah ! écrivait-elle à une visitandine, que vous ne savez que répondre à ces filles qui demandent la différence qu'il y a entre union et contemplation. O ! vrai Dieu, et comment est-ce que ma soeur la Supérieure leur souffre cela, et vous en son absence ! Bon Jésus, où est l'humilité. Il faut donc leur retrancher cela, et leur donner les livres et entretiens qui traitent de la pratique des vertus et leur dire qu'il faut se mettre à faire et puis elles parleront de ces choses si relevées... Quand elles seront anges, elles parleront angéliquement 2. Rien de plus foncièrement salésien qu'une pareille attitude, et cependant ce Traité de l'Amour de Dieu qui doit pénétrer dans tous les couvents, que François de Sales recommande même aux gens du monde, loin de se borner à de simples considérations sur la pratique des vertus », parle angéliquement» de choses très relevées » et nous présente des chapitres entiers sur les opérations surnaturelles de l'ordre le plus sublime 3. Hardiesse donc, nouveauté grande, cela ne souffre aucun doute, mais hardiesse voulue, dosée, réglée par le plus sage des directeurs et par un écrivain dont la plume est merveilleusement sûre. C'est par là surtout que le Traité me paraît un vrai miracle. On n'y trouve pas une ligne qui risque d'encourager l'illuminisme, de faire oublier la nécessité de la mortification et acquisition des vertus ». Le sublime en est si continu et si paisible, les termes, choisis avec une dextérité si consommée, la progression vers les sommets, si insensible, en un mot la méthode d'initiation, si prudente que de bons esprits ont pu s'y tromper et ne voir dans cet ouvrage de haute mystique 1 Oeuvres spirituelles du R. P. D. Sans de Sainte Catherine. Paris, 165o, préface et p. 497. Il est à remarquer qu'après François de Sales, Dom Sans est l'auteur préféré de sainte Chantal. 2 Oeuvres ..., I, p. 136. 3 Cf. Dom Mackey, op. cit., pp. LIII-LV. 58o qu'une humble suite, qu'un second volume de l'Introduction à la vie dévote. François de Sales, écrit un docte jésuite, ne fut pas mystique à la manière des Bernard, des Bonaventure, surtout des Thérèse et des Jean de la Croix. Il semait de fleurs les rudes sentiers de la dévotion, mais sans quitter les voies battues. Sa place propre... est donc entre saint Alphonse, le moraliste, et saint Bernard, ou le séraphique Bonaventure, ces princes de la vie mystique. Son domaine à lui, celui sur lequel il tient le sceptre, c'est l'ascétisme proprement dit ». Étrange façon, en vérité, de commenter le décret de Pie IX qui plaça François de Sales au rang des docteurs de l'Église in mystica theologia mirabilis Salesii doctrina refulget. Mais combien cette erreur qui nous fait sourire aujourd'hui, n'est-elle pas significative ! Même quand il aborde la haute contemplation, François de Sales semble s'écarter à peine des voies battues ». Il évite ces mots extraordinaires que tant de spirituels affectionnent et sur lesquels les débutants s'hypnotisent. Pour les termes consacrés qu'il croit devoir retenir, il leur enlève cet air de mystère qui amuse la curiosité de certains et qui nourrit la vanité de beaucoup d'autres. Nulle obscurité, nulle complication inutile il ne raffine pas sur les nuances qui distinguent les états mystiques. Les contemplatifs trouvent chez lui toutes les lumières dont ils ont besoin ; à ceux qui ne sont pas appelés à quitter la route commune, il ne donne jamais le vertige. Enfin et surtout, il place l'exercice de l'humilité et des solides vertus bien au-dessus des unions déifiques » et de la vie suréminente »... Décrivant les opérations les plus sublimes de la grâce, il rappelle constamment qu'elles ne sont ni la preuve irrécusable, ni la récompense nécessaire de la sainteté. Pour lui, comme pour sainte Thérèse et tous les vrais mystiques, la charité et la pratique de toutes les vertus morales qui 1 R. P. Desjardins, Saint François de Sales, docteur de l'Église. Études, 1877, 3 avril. 581 en dérivent sont préférables à la contemplation». Toute la doctrine de notre bienheureux Père, dit quelque part sainte Chantal, tendait au parfait dénuement de soi-même 2. » Cela est vrai du Traité de l’Amour de Dieu comme de tout ce qu'il a écrit. Mais qu'on y prenne garde, le rayon, le charme mystique pénètrent les pages les plus crucifiantes du livre. Où s'arrête la partie proprement ascétique, où commence le mysticisme proprement dit, avec lui, on ne sait jamais. Ces éléments, ailleurs si tranchés, semblent être confondus et se confondent en effet chez François de Sales. Son livre a toute la séduction des ouvrages contemplatifs, il n'en présente pas les dangers. Aussi, et c'est là que j'en voulais venir, aussi voyons-nous que les directeurs les moins suspects de donner dans l'illusion, que les Ordres les plus vigilants ont adopté, sans la moindre hésitation, ce livre mystique. Ils le jugèrent utile à toutes les âmes pieuses, écrit encore Dom Mackey, et à celles qui tendaient à le devenir. Saint Vincent de Paul le qualifie d'oeuvre immortelle et très noble » et le met à l'usage de sa Congrégation de la Mission, non seulement pour servir d'échelle aux aspirants à la perfection », mais encore de remède universel pour les débiles et d'aiguillon pour les indolents ». Dans une lettre à une religieuse carmélite, sainte Jeanne-Françoise affirme que ce Traité résout toutes les difficultés de la vie spirituelle. Ailleurs elle ajoute Les âmes humbles... y trouvent tout ce qu'elles sauraient désirer pour leur solide conduite en la parfaite union avec Dieu ». Le témoignage du célèbre Pierre Berger, chanoine de Notre-Dame de Paris, est encore plus explicite Dieu a fait au Bienheureux la grâce d'exprimer les secrets les plus profonds et les plus mystérieux de l'amour sacré, avec tant de clarté et de facilité que ce qui jusqu'à lui avait été estimé impénétrable 1 Dom Mackey, op. cit., p. L, LI. 2 Oeuvres ..., I, p. 352. 582 au commun des hommes, se trouve aujourd'hui compris et pratiqué avec beaucoup de suavité par un bon nombre de personnes de l'un et de l'autre sexe, qui ne sont pas versées en l'étude des lettres ni de la philosophie 1. » Il y a mieux encore et plus important. Les jésuites eux-mêmes, ordinairement sévères à toute spiritualité qui s'aventure à l'écart des voies battues », ont accueilli chaleureusement ce livre mystique, leur Compagnie s'étant, en quelque sorte, reconnue, dans l'oeuvre de son ancien élève. Qui ne pressent les conséquences qu'aura cette adoption sur ales événements qui vont suivre ! Avec les oratoriens et lies capucins, les jésuites ont, à cette heure, la haute main sur la direction; ils confessent dans une foule de villes, ils prêchent, ils écrivent ; peu de couvents qui leur soient fermés ; visions, révélations, états extraordinaires, on fait appel à leur discernement dans les cas plus difficiles qui se présentent. Bref, de ce mouvement dont les destinées nous intéressent, ils seront, en partie, les juges ils pourront beaucoup, soit pour le gêner, soit pour le répandre. Ralliés à François de Sales et pénétrés de son esprit, bien loin d'entraver cette renaissance, ils la seconderont au contraire, comme nous le montrerons, s'il plaît à Dieu, dans le volume suivant. C'est qu'aussi bien, évêques, prêtres séculiers, oratoriens, capucins, jésuites et les autres, une seule et môme force les subjugue, un même courant les entraîne. Vers 1604, on aurait bien étonné François de Sales si on lui avait prédit qu'un jour viendrait où il publierait un traité sur les oraisons sublimes. Il avait bien dès lors projeté d'écrire de l'Amour sacré », mais, comme il l'avoue lui-même ce projet n'était point comparable à ce que » la Providence lui a fait écrire » 2. Il rêvait d'une seconde Philothée, il nous donnera le Théotime, cédant ainsi lui- 1 Dom Mackey, op. cit., p. XXXVI. 2 Oeuvres, IV, pp. X, XI. 583 même, et non sans de longues résistances, à la grande vague mystique qui entraînait alors l'élite du catholicisme français. Que parlons-nous de livres écrits de main d'homme? Dans son traité, François de Sales ne nous propose pas ses raisonnements, ses théories propres, il se contente de rendre témoignage à ce qu'il a vu, éprouvé, et comme touché, de l'oeuvre de Dieu. Il décrit, il raconte plus qu'il ne disserte. Il livre son histoire intime, celle de sainte Chantal et des premières visitandines. Le livre de l'Amour de Dieu, écrivait-il un jour à la sainte, est fait particulièrement pour vous. 1» Pour vous » n'est pas assez. D'après vous, en vous écoutant, en vous regardant, en me haussant peu à peu à la vie dont je vous voyais vivre, voilà ce qu'il aurait dû dire et ce qu'il a dit, du reste, à mainte reprise. En janvier 1614, lui annonçant une visite prochaine au sujet du livre qui était sur le métier, demain, écrivait-il, j'ai à conférer avec elle votre âme de choses qui sont pour son amour divin et assurer la partie » 2. Une autre fois, toujours à propos du livre qui était devenu leur plus cher souci à tous les deux, et lui résumant un des plus beaux chapitres Je travaille, lui disait-il, à votre livre neuvième de l'amour de Dieu, et aujourd'hui, priant devant mon crucifix, Dieu m'a fait voir votre âme et votre état par la comparaison d'un excellent musicien 3... Et Madame de Chantal, de son côté, guidant un des premiers biographes de François de Sales Si votre révérence, lui disait-elle, veut voir clairement l'état de cette très sainte âme... qu'elle lise les trois ou quatre derniers chapitres du neuvième livre de l'amour divin 4. 1 Oeuvres de sainte Chantal, I, pp. 44, 45. 2 Oeuvres de saint François de Sales, XVI, p. 144. 3 Ib., XVI, pp. 128, 129. 4 Oeuvres de sainte Chantal, II, p. 25o. 584 Ainsi pour les autres visitandines de cet age d'or, les Mères Favre, de Bréchard, de Châtel, de Blonay, et de la Roche. Toutes rendaient fidèlement compte à leur saint directeur des faveurs dont elles étaient comblées, et servaient ainsi de témoignage aux phénomènes mystiques décrits dans son admirable Traité. La vie de la Mère Anne-Marie Rosset surtout était une suite ininterrompue d'opérations surnaturelles de l'ordre le plus élevé. Parlant de cette religieuse, Bossuet ne craint pas d'appeler son état intérieur une participation anticipée à l'état des bienheureux; la Mère de Chaugy écrivait d'elle Nous savons que notre saint fondateur l'a eue en vue en la composition de plusieurs chapitres de son sixième, septième et huitième livre de l'Amour de Dieu 1 ». Ce qui vient d'être dit de François de Sales, n'est pas moins vrai des autres directeurs, des écrivains spirituels, des hagiographes, dont nous avons parlé ou que nous avons cités dans le présent volume. Tous ils se rendent à l'évidence, ils constatent le progrès constant d'une entreprise divine, de l'invasion mystique que nous nous étions proposé de raconter. Le Traité de l’Amour de Dieu met le sceau à tant de témoignages, il résume, il achève magnifiquement la première période de cette histoire. 1 Dom Mackey, op. cit., p. LV. Outreune élude de femme : -Andalonse, d'une voluptés captivante et d'un érotisme souple et imprégné d'exotisme, dés fantaisies, des cro- (piis à la i)lume, des bouts d'études de mœurs amènent l'atten- tion. La Physiologie de l'odorat rappelle le J.-K.-Huysmans d'^ Rebours, mais charme tout de même par un parfum épicé et étrange. L'Absinthe a la vigueur piquante d'une Que signifie rêver d'une femme? Les femmes dans l'interprétation des rêves, sont des symboles de chance. L'apparence d'une femme dans un rêve est un baromètre qui exprime la chance et la une femme en rêve à trois significations sensibilité, on dit que c'est un signe d'une sensibilité accrue en car lorsque les hommes rêvent de femmes, ils montrent souvent leur image féminine rivalité, quand une femme rêve d'une femme, cela implique une de femme enceinteLe rêve d'une femme enceinte symbolise que quelque chose grandit en vous. Il peut s'agir de vos propres idées, souhaits ou projets que vous envisagez de développer, mais vous n'êtes pas encore tout à fait d'une femme enceinte lors d'un rêve peut laisser supposer que quelque chose va naître de vous et que vous avez tous les outils pour faire tout ce que vous voulez de manière très positive. Profitez-en pour démarrer un projet que vous vouliez de femme nueLe rêve d'une femme nue peut être l'expression de quelqu'un sur lequel vous avez attiré l'attention. C'est la personne qui vous intéressait beaucoup. Si vous souhaitez développer une relation plus profonde avec eux, vous devez d'abord les une femme nue peut aussi être dans certains cas le signe d'une réticente vis-à-vis du sexe un homme le rêve de femme en sous vêtement ou en maillot de bain peut être également directement lié au désir de femme voiléeUn rêve d'une femme voilée que vous connaissez, est le signe que vous repensez la relation avec la femme que vous connaissez dans le une femme, une femme voilée dans un rêve se représente un homme, c'est l'indice qu'il doit regarder les relations dans sa relation certains livres anciens, ce rêve serait prémonitoire et de mauvais augure car cela peut annoncer une mort dans l' de femme étrangèreOn dit que faire le rêve de femme étrangère, prédit souvent la perte d'un objet de un autres sens, une femme étrangère que que vous ne connaissez pas bien-sûr, signifie que vous êtes susceptible d'être surpris par quelque chose dans les prochains jours. Quelque chose peut changer tout ce à quoi vous pensez d'autres, il est certain qu'elle entrera dans votre vie et fera une différence significative dans la vie de la femme de son exLorsque vous rêvez de la femme de votre ex, c'est un indice que les éléments qui lient votre cœur demeurent lorsque vous regardez le passé et que vous commencez une nouvelle la femme de votre ex ou de votre amant en rêve, est le signe que vous pourrez exclure les émotions inutiles et poursuivre votre relation avec la personne en face de vous avec un cœur jeune mariée qui rêve fait ce rêve tombera enceinte dans un proche avenir. Pour en savoir plus sur le rêve de son ex iciRêver de femme voyanteLa vision d'une femme voyante en rêve, peut être le signe du début d'une nouvelle relation rêve, peut laisser entendre qu'il vous sera possible de voir des choses qui sont généralement invisibles à l'œil nu. Comme par exemple voir les sentiments d'une femme votante apparaît dans votre sommeil, vous serez peut-être comme quelqu'un qui reçoit des messages pour les transmettent aux de rencontrer une femmeDans le rêve de rencontre avec une femme, il y a une manifestation du désir d'amour. Pour les célibataires c'est un rêve qui montre qu'il y a quelque chose comme rechercher une histoire d' vous rêvez de rencontrer une femme, vous devez réfléchir à deux fois à votre vision actuelle vis-à-vis de l' cela peut aussi être le présage qu'il y a des signes de changement dans l bonne fortune rêve de grosse femmeUn rêve avec une grosse femme est un signe que vous négligez les soins personnels. En particulier, cela signifie que votre santé se détériore et que vous perdez vos précieux selon divers livres, il est écrit qu'une femme obèse femme en rêve, est un très bon rêve, car cela annonce une chance accrue en amour et une chance pour l'argent qui seront particulièrement femme maigre en rêveVoir en rêve une femme maigre est un rêve qui peut contenir des présages positifs et négatifs dans votre vie. Si une femme semble en bonne santé et heureuse dans un rêve, cela peut être vu dans un sens positif. En particulier, cela indique son éclat et sa capacité à si dans votre rêve cette femme maigre a l'air malade, cela pourrait signifier des difficultés dans sa vie. Dans ce cas, vous devez évaluer plus sereinement les problèmes que vous avez reportés et prendre davantage soin de d'une femme gentilleSi la femme que vous avez vue dans un rêve est très gentille, c'est bon signe. Ce rêve peut présager du bonheur dans votre vie. Une femme douce et gentille symbolise un moment autre façon de voir ce rêve est d'analyser votre réaction à la sympathie de cette femme. Si vous êtes mal à l'aise et que vous n'aimez pas son attitude, c'est un signe que le mensonge ou la trahison entreront bientôt dans votre d'une femme méchanteQuand vous rêvez d'une femme méchante, c'est un signe intéressant. Parce que cette femme avec une mauvaise attitude peut symboliser les rumeurs et les mensonges qui circulent à votre rêve peut généralement conduire à des moments embarrassants dans votre vie. À cause de ce que ces gens disent, cela peut affecter à la fois votre vie personnelle et professionnelle. Cela signifie donc que vous devez rester à l'écart des personnes mal intentionnées autour de vous et que vous avez besoin de beaucoup d'attention pour de femme battueUn rêve sur une femme battue est un signe que vous aurez des querelles avec votre entourage, et pendant un certain temps, vous serez pas réconcilié avec la famille dont cela a provoqué la vous êtes une femme et que vous rêvez de vous battre avec une femme ou de gifler une femme que vous ne connaissez pas est l'expression de votre refus d'accepter votre coté désagréable. En d'autres termes, cela signifie que vous vous de se battre avec une femmeSi dans votre sommeil vous rêvez de vous battre avec une femme, c'est un signe très négatif. C'est aussi un avertissement pour prendre davantage conscience de la façon dont vous vous êtes comporté dans les différentes situations de votre vie. Ta vie mise à part, tu as besoin de soins de femme âgéeUn rêve où apparaît une femme âgée est un signe avant-coureur qui vous apportera beaucoup de chance et de joie dans votre vie. Cela peut aussi être compris comme une période de paix et de sérénité, dans laquelle vous n'avez pas de grands hauts et bas émotionnels. Il est temps pour vous de profiter de la vie un peu plus sereinement et de profiter des petites choses de la vie. Si vous êtes jeune femme et que vous rêvez d'une vieille femme, ce rêve signifie que vous devez consacrer du temps pour profiter de la de femme inconnueUn rêve avec une femme inconnue est un signe clair que vous vous échappez de la réalité depuis longtemps et que vous avez besoin de quelque chose pour vous le une autre interprétation, voir une femme inconnue lors d'un rêve, peut signifier que vous ferez de nouvelles rencontres dans le grand livres des rêves en de femme agressiveUne femme mariée agressive et très grande, annonce des ennuis dans diverses domaines particulièrement au d'être poursuivi par une femme agressive semble annoncer que vous ayez un problème auquel vous serez obligé de faire ailleurs, si vous rêviez d'une femme méchante, c'est un signe intéressant. Parce que cette femme avec une mauvaise attitude peut symboliser les rumeurs et les mensonges qui circulent à votre de la femme du présidentL'image de la femme du président, est communément évoquée par le grand public, lorsqu'on entre effectivement en contact avec elle en rêve c'est assez étrange. Ce rêve peut indiquer que vous aurez bientôt besoin de pouvoir, d'honneur et d' vous rêvez de parler à la femme de président, cela peut supposer que dans la réalité qu'une femme décidera à votre place dans la vie de femme blancheLe rêve d'une femme en blanc est un signe très positif. Car ce rêve est le signe que vous passerez de très bons moments dans votre vie remplis de chance et de victoires cela, vous devez davantage croire en vous. Embrassez les succès de ces moments chanceux et apprenez à les célébrer plus que vous n'essayez de les d'une femme en noirSi, dans un rêve, la femme que vous avez vue porte du noir, cela indique que vous vous sentez très confus. Vos pensées et vos sentiments sont vraiment chamboulés. En général, ce rêve de femme en noir apporte un message d'avertissement très important sur quelque chose de très profond en vous. Vous ne pouvez pas mentir sur vos sentiments. Il y a toujours quelque chose qui surgit à la surface, vous feriez donc mieux de trouver un moyen de résoudre ce problème une femme brune en rêveRêver d'une femme brune peut être le signe que vous êtes confronté à un problème qui pourrait vous nuire ou même vous être inférieur. Au fil du temps, cela peut éventuellement entraîner des problèmes irréversibles. Cela peut être un avertissement pour votre vie actuelle, par exemple, parce que vous êtes impliqué dans un problème qui ne vous concerne une femme blonde en rêveRêver de femme blonde est un signe qu'il y a des sautes d'humeur qui se produisent très violemment dans votre vie. C'est un signe que le moment peut être instable pour vous. Vous pouvez ressentir des sautes d'humeur soudaines. Dans ce cas, vous devez comprendre ce qui vous pousse à ressentir cela et ce qui vous fait changer si rapidement. Ce sera la clé pour résoudre le de femme qui pleureUne femme qui pleure peut être le signe que quelqu'un est inquiète autour de vous dans la vous rêvez d'une femme qui pleure, vous pouvez aussi comprendre le sens de ce rêve en tant que partenariat possible dans votre vie. Vous suggère qu'une personne innovante et réfléchie forme une équipe pour cela avec d'une femme sourianteUn rêve dans lequel une femme sourit est un signe que vous essayez de minimiser vos émotions ou que vous mettez tout de côté. Vous voulez une protection et vous la cherchez. Mais votre chemin est entouré de difficultés qu'il vous faut d'abord affronter, tant dans le domaine familial que professionnel. Peut-être que vous traversez une période qui dépasse vos capacités. Profitez-en donc pour vous développer et vous de femme blesséePour une femme, voir une femme blessée en rêve peut indiquer une période mouvementée de sa vie. A ce stade, si vous êtes une femme rappelez-vous que tout est chaotique, même si c'est compliqué, tout passe. Vous devez trouver la tranquillité d'esprit par vous-même afin de ne penser à rien et de faire des actions rêve de femme à barbeRêver d'une femme barbue peut être négatif, pour les femmes, les femmes à barbe sont une menace pour vous. Si vous connaissez cette personne, soyez prudente. Vous pourriez être attaqué de manière inattendue par votre adversaire. En revanche, pour les hommes, les femmes à barbe impliquent l'existence de femmes qui vous submergent dans votre vous rêvez de vieille femme à barbe, cela indique parfois que quelqu'un vous donnera des rêve d'une femme maladeSi une femme rêve qu'elle est malade, cela peut indiquer une période mouvementée de votre vie. A ce stade, rappelez-vous que tout est chaotique, même si c'est compliqué, tout passe. Vous devez trouver la tranquillité d'esprit par vous-même afin de ne rien faire sans réfléchir et de faire des choses de femme morteDans le grand livres des rêves en islam, une femme morte est le signe que vous allez tomber un homme célibataire fait ce rêve, c'est qu'il se retrouvera dans une situation d'amour femme enceinte qui rêve d'une femme décédée indique qu'elle va donner naissance à une fille, mais qu'elle devra faire attention à son d'avoir des relations sexuelles avec une femmeSi vous rêvez d'avoir des relations sexuelles avec une femme, alors ce signe se rapporte au moment de votre vie en ce moment. L'étape que vous traversez actuellement indique que vous avez des soucis dans votre cœur. Ces inquiétudes qui dominent votre esprit concernent bien plus les personnes qui vous entourent que vous-même. Ces préoccupations surviennent parce que vous voulez protéger ceux que vous d'une femme qui vous embrasseUn rêve dans lequel une femme vous embrasse laisse présager de la délicatesse et de la prospérité dans votre vie. Vous pouvez vivre des moments très positifs, guidés par ces deux aspects. Ce rêve révèle aussi votre grande capacité à devenir une personne formidable. Votre comportement vous permettra de vous démarquer et d'occuper une position interprétations du rêve de femmeLe rêve de femme qui rit, et que vous vous sentez bien, vous serez heureux, la chance monte pour quereller avec une femme jalouse et méchante en rêve, est le symbole de vos femme mannequin dans votre rêve, vous promet une entreprise risquée où vous ne ferez aucun la femme que vous avez vue dans un rêve est très gentille, c'est bon signe. Ce rêve peut présager du bonheur dans votre vie. Une femme douce et souriante symbolise les moments rêve dans lequel une femme vous embrasse laisse présager de la délicatesse et de la prospérité dans votre précises du rêve de femmeRêver d'une femme séduisant et sexy, est le signe que celui qui fait ce rêve n'a pas confiance en son propre attrait rêve de femme jeune gitane ténébreuse, indique que vous vous sentirez de plus en plus négatif et perdrez confiance en rêve d'une femme souriante à essentiellement un sens positif, mais soyez prudent si la femme souriante sourit malicieusement. Cela annonce des de femme masquée, vous promet un échec en amour ou dans une versions de rêve de femme en islamVoir une femme sans visage, indique que vous subirez des accusations homme qui rêve de femme maquillée d'un ami, évoque son insatisfaction dans ses désirs femme dans un lit qu'on aime en rêve, montre qu'elle veut l' de femme de ménage, est un mauvais présage qui laisse présager des difficultés dans la vie vous rêvez d'une femme politique célèbre, alors c'est que vous signerez un contrat avec une femme pauvre, vous prédit des problèmes mineurs dans la vie liés au rêve de femme en islamRêver de jeune filleLe rêve de femme selon l'islamRêver d'épouseAuteur de cet article Soliman Darius, chercheur et vulgarisateur des rêves en islam au Liban, travail de façon indépendante pour le développement de l'interprétation des rêves en islam pour tous. Les thèmes ésotériques sont sa spécialité. Il montre des aspects des rêves en islam que vous ignorez souvent et qui, lorsqu'ils sont découverts, révèlent quelque chose de surprenant pour vous. Ibn Sirin Petitboîtier inséré près du coeur : Pacemaker; Frapper par le tonnerre : Foudroyer; Traduire une pièce de théâtre en direct : Surtitrer; Film de Jan Kounen sur des braqueurs de banque : Dobermann; Au théâtre, femme de ménage courtement vêtue : Soubrette; Sportif pratiquant le vélo tout terrain : Vetetiste Saisons Groupe 66 Grille 1 Sortir Publié le 23/10/17 mis à jour le 08/12/20 Partager Lizzie Sadin pour le prix Carmignac La photoreporter Lizzie Sadin a assisté pendant 4 mois au cauchemar quotidien subi par près de 20 000 jeunes filles dans les boîtes de Katmandou. Ce travail, récompensé par le prix Carmignac 2017 du photojournalisme, est exposé à Paris jusqu’au 12 novembre. Retour sur les images les plus marquantes en compagnie de leur auteure. Les couleurs sont chatoyantes, mais la fête n’est jamais au rendez-vous. La centaine d’images qu’expose Lizzie Sadin vous prennent à l’estomac les unes après les autres, elles dressent le désespérant tableau de la situation qui frappe de plus en plus de jeunes Népalaises. Viols, abus, exploitation, esclavage, il ne fait pas bon être pauvre et femme au Népal. D’après les ONG, 20 000 d’entre elles seraient exploitées dans l’industrie du sexe ; et 300 000 contraintes à des emplois » de bonnes à vraiment tout faire dans les pays du Golfe. Ces jeunes filles sont dupées par des trafiquants qui traînent dans les villages. Souvent des amis ou même des membres de leur propre famille, qui leur font miroiter l’espoir d’une vie meilleure. Le plus souvent, elles sont cédées contre de l’argent par l’un de leurs proches », explique la photographe Lizzie Sadin, qui depuis vingt-cinq ans travaille sur les droits humains et, tout particulièrement, la condition des femmes dans le monde. “Ces filles qui vivent dans la peur” La plupart de ces jeunes femmes n’ont même pas conscience de la gravité de la situation dans laquelle elles se trouvent », raconte-t-elle. Pourtant, les photos montrent bien la cruauté de cet univers où elles se font exploiter, maltraiter, abuser restaurants, bar-dancings ou dohoris sorte de cabarets / maisons closes. Je n’ai pas pu faire la moindre photo pendant les premières semaines de mon séjour au Népal, le temps de gagner la confiance de ces filles qui vivent dans la peur. De même, il a fallu user de stratagèmes pour ne pas trop attirer l’attention des tenanciers des bars où elles travaillent. J’ai dû prendre certaines photos à la volée ou en caméra cachée ». Pour Lizzie Sadin revient sur certaines scènes qui l’ont marquée et qui font partie de la centaine de photos exposées à Paris. Dans l’enfer de l’esclavage des femmes au Népal. Lizzie Sadin pour le prix Carmignac J’ai rencontré Rita dans la région de Pokhara, à la frontière avec l’Inde. C’est une ancienne esclave revenue de l’enfer des pays du Golfe. Elle s’était faite leurrer par une amie de son village qui lui avait proposé de partir pour l’Inde avec des promesses d’argent et de bijoux. La pauvreté est telle au Népal qu’elle n’a pas une fois arrivées, l’amie a disparu et Rita s’est retrouvée dans un bordel. On lui a dit “tu vas travailler”, mais sans lui dire en quoi cela consistait. Quand elle a compris, elle a refusé. On l’a aussitôt malmenée et enfermée pendant une semaine avec juste assez de nourriture pour survivre. Contrainte, elle n’a pu faire autrement que de se prostituer. C’est un raid fortuit de la police qui l’a libérée. Et, grâce à une ONG, elle est finalement revenue au Népal. » Dans l’enfer de l’€esclavage des femmes au Népal. Lizzie Sadin pour le prix Carmignac A Katmandou, les filles qui se font piéger passent leur journée à travailler dans des gargotes miteuses, des cabarets ou des salons de massage. Ces filles sont là à la merci des clients dont elles doivent accepter les avances. Ici, on peut voir Kopila dans une cabine, petit espace à l’intérieur du restaurant à l’abri des regards. Ce qui m’a frappée, c’est que l’homme qui abuse d’elle n’a pas du tout le sentiment de faire quelque chose de répréhensible… » Dans l’enfer de l’esclavage des femmes au Népal. Lizzie Sadin pour le prix Carmignac Parfois, les trafiquants sont les parents eux-mêmes. Cela pourrait être le cas de cette dame accompagnée de plusieurs très jeunes filles qui tente de passer la frontière avec l’Inde à bord d’une charette. Seulement, la police soupçonne que ce ne sont pas ses enfants, et qu’elle cherche sans doute à aller les livrer en Inde pour une destination encore plus lointaine. Aidés par des bénévoles d’une ONG, qui sont d’anciennes victimes du trafic, les policiers l’assaillent de questions. Mais toutes se taisent, la dame comme les fillettes, lesquelles, du reste, ne savent pas forcément où on les emmène ni pour quoi faire. » Dans l’enfer de l’esclavage des femmes au Népal. Lizzie Sadin pour le prix Carmignac Cette photo est l’une de celles que j’ai prises à la dérobée. La jeune fille à droite est chanteuse d’un dohori, une sorte de bar-dancing. Elle a reçu des avances d’un client. En attendant de passer à la casserole, elle est obligée de lui tenir compagnie sous le regard du patron du cabaret qui contrôle ses moindres faits et gestes. Les filles qui travaillent dans ces dohoris doivent tout accepter attouchements, grossièretés... » A voir Exposition photographique “Le Piège – Traite des femmes au Népal”, du 20 octobre au 12 novembre, Hôtel de l’Industrie, 4 place Saint-Germain des Prés, 6e. Gratuit. Prix Carmignac Photographie droits des femmes Népal Partager Contribuer Sur le même thème Postez votre avis Pour soutenir le travail de toute une rédaction, abonnez-vous Pourquoi voyez-vous ce message ? Vous avez choisi de ne pas accepter le dépôt de "cookies" sur votre navigateur, qui permettent notamment d'afficher de la publicité personnalisée. Nous respectons votre choix, et nous y veillerons. Chaque jour, la rédaction et l'ensemble des métiers de Télérama se mobilisent pour vous proposer sur notre site une offre critique complète, un suivi de l'actualité culturelle, des enquêtes, des entretiens, des reportages, des vidéos, des services, des évènements... Qualité, fiabilité et indépendance en sont les maîtres mots. 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  1. Уπаπዬስиմу гэщоруцαնኔ
  2. Зևኛел оնераξ ጬкрօдош
  3. Խξիզаμο слቬσաнωμуч ւаλа
Aubanc de la presse, pléthoriques, les sténographes manquaient de sièges. Elégamment vêtu de gris clair, Janzé-Cardroc apportait avec lui la sûreté de "son affaire". Du regard, il départageait ses adversaires et ses amis, tactiquement répartis. Tout au fond, à l'imitation de Skania, et de noir vêtue, madame ex-Betwey se dissimulait
Résumés Vêtir les souverains français à la Renaissance les garde-robes d’Henri II et de Catherine de Médicis en 1556 et 1557 - Bien que fort lacunaires dans leur conservation, les séries documentaires comptables de l’Argenterie royale du xvie siècle fournissent des milliers d’informations sur les dépenses de la garde-robe des souverains français. Ce domaine de recherche reste pourtant bien peu exploré pour la France, par comparaison avec les études médiévales ou avec les travaux menés en Angleterre ou en Italie. Notre choix s’est porté sur deux garde-robes inédites, celles d’Henri II et de son épouse Catherine de Médicis, dont on a la chance de conserver les registres pour la même époque 1556-1557, fait rarissime dans ces séries documentaires. Quelle est la vêture du couple royal et de leur suite à un moment où la mode espagnole est réputée dominer les apparences des élites européennes ? Comment fonctionne concrètement l’économie des garde-robes royales achats, dons, fournisseurs d’une cour itinérante, entretien, retouches et changements de façon ? Quels moments de la vie de cour suscitent des achats importants ? Les informations apportées par les comptes sont croisées avec les témoignages de contemporains et avec les portraits des souverains à cette époque de leur vie. À l’image d’une Catherine de Médicis, aux longs voiles noirs de veuve, qui imprègne notre mémoire collective, pourrait se substituer celle d’une reine plus en couleurs. Dressing the French King and Queen in the Renaissance the Wardrobes of Henri II and Catherine de Médicis in 1556 and 1557 - Although largely incomplete, the Argenterie Royale accounting records from the sixteenth century list thousands of items pertaining to the wardrobe expenses of the French monarchs. This field of French historical research remains relatively unexplored in comparison to medieval studies and English or Italian research. This study focuses on two unpublished wardrobe registers, those of Henri II and his wife Catherine de Médicis, for which we are fortunate to possess the accounts for the same period 1556–57, an extremely rare occurrence in documentary records. How did the royal wardrobe budget actually work, in terms of purchases, gifts, suppliers to an itinerant court, and garment maintenance, alterations, and adjustments ? Which moments in court life prompted the largest expenses ? The information provided in the accounts is compared to descriptions made by contemporary witnesses and to royal portraits. A more colourful picture of the queen emerges, in the place of the traditional image of Catherine de Médicis wearing her long widow’s de page Texte intégral 1 . Pour le Moyen Âge français, parmi les travaux les plus récents, voir Sophie Jolivet, Pour soi vêt ... 2 . Jacqueline Boucher, Société et mentalités autour de Henri III, Lille, Atelier reproduction des th ... 3 . Archives nationales, Paris, KK 118 1556 et KK 106 1557. L’article n’indiquera plus, dans son ... 1Faute de conservation de vêtements et d’inventaires de garde-robes, la série des rôles de dépenses de l’Argenterie royale est la seule source documentaire qui nous permette d’approcher de près le contenu des garde-robes royales françaises de la Renaissance. Malgré une conservation fort fragmentaire pour le xvie siècle, cette série apporte des milliers d’informations sur les dépenses des souverains. Pour autant ce domaine de recherche est encore bien peu exploré pour la France de la Renaissance, par comparaison avec les études médiévales ou celles menées en Angleterre ou en Italie, voire en Espagne1. Seule Jacqueline Boucher avait commencé à exploiter les quelques documents conservés pour Henri III et pour les reines Marguerite de Valois et Louise de Lorraine2. Jusqu’aux dernières années du règne d’Henri IV, on ne conserve en effet que quelques registres épars. Mon choix s’est donc porté sur deux registres, ceux des Argenteries d’Henri II et de Catherine de Médicis, miraculeusement préservés pour deux années très proches, 1556 pour la reine et 1557 pour le roi, fait rarissime dans cette série documentaire et qui présente l’avantage de permettre une comparaison des deux souverains3. Nés en 1519, ceux-ci règnent de 1547 à 1559 et sont âgés de trente-sept et trente-huit ans au moment de la rédaction des manuscrits. En 1556, la reine vient de donner naissance à des jumelles, ses derniers enfants. Leur cour est décrite comme somptueuse, réputation qui la poursuivra encore sous le non moins fastueux Louis XIV, puisque Mme de La Fayette situera l’action de son roman La Princesse de Clèves 1678 à la cour d’Henri et de Catherine. Son éclat masque pourtant un contexte assombri par une répression accentuée envers les protestants et une politique extérieure anti-espagnole très coûteuse expéditions militaires en Italie en 1556 et défaite de Saint-Quentin devant Philippe II en août 1557 qui mènera à la paix de 1559. 2La vêture des souverains relève d’un budget annexe à celui de la Chambre aux deniers qui gère habituellement les dépenses des Maisons civiles royales. Il s’agit de l’Argenterie qui assume pour les Maisons du roi et de la reine les dépenses ordinaires de matériel en métaux communs pour la Chapelle ou la Chambre, par exemple et vêtements. De gros registres de parchemin de plus de cent-vingt pages chacun relèvent les milliers de dépenses de l’année. Ils sont tenus par les contrôleurs des deux Argenteries. Que nous apprennent ces documents sur les pratiques vestimentaires du couple royal à un moment où la mode espagnole est réputée dominer les apparences des élites européennes ? Je tenterai de répondre à la question en évoquant tout d’abord ce que l’on peut comprendre de l’économie de la garde-robe royale à partir des comptes. Puis j’examinerai les vestiaires royaux avant de conclure sur leur magnificence et leur cosmopolitisme. Argenterie royale et économie vestimentaire 3Afin d’appréhender correctement l’économie et les apparences vestimentaires des souverains français, il est important de bien saisir la logique comptable des Argenteries avant d’y mesurer la place des dépenses vestimentaires et de dire quelques mots des fournisseurs. Logique comptable et garde-robe royale 4 . On ne conserve pas en France d’inventaire de garde-robe fait du vivant d’un souverain de la Renai ... 4La logique des registres n’est évidemment pas la même que celle de l’historien qui y recherche le reflet de la composition d’une garde-robe à un moment donné de la vie d’un souverain. Contrairement aux inventaires de garde-robe ou aux inventaires après décès, le but de ces documents n’est pas d’en décrire le contenu, voire de le priser4. Il s’agit pour l’Argentier d’enregistrer les dépenses par fournisseur ou artisan payé dans l’année, par quartier/trimestre pour le roi, par semestre pour la reine. Contrairement à celui de la reine, le registre du roi distingue trois postes généraux par quartier offrandes, aumosnes et parties de la chapelle », dons, voiages, recompenses, affaires de chambre et menuz plaisirs » et enfin l’Argenterie ». C’est dans ce dernier que figure la quasi totalité des dépenses de vêture. En revanche, celles de la reine sont dispersées tout au long du registre. Le détail des fournitures ou travaux n’intervient que pour justifier le montant de la somme versée au fournisseur. 5 . État de la maison de Catherine de Médicis, 1547-1585 BNF, ms. fr. nouv. acq. 9175, f. 379-394, ... 6 . Ordonnance du roi pour le règlement de la cour et du conseil, Lyon, 10 septembre 1574, BNF, ms. f ... 7 . C. zum Kolk, art. cit., p. 18. 8 . M. Hayward, op. cit., chap. III. 9 . Corinne Thépault-Cabasset, Le service de la Garde-Robe une création de Louis XIV », dans Fast ... 5L’historien se retrouve donc face à un corpus qui donne une vision totalement éclatée du vêtement, les diverses informations concernant un même habit étant disséminées entre différentes pages et fournisseurs/artisans. Le tout s’entremêle avec des dépenses diverses touchant la Chambre du souverain papeterie, textiles d’ameublement et linge de maison ; réparation ou achat de meubles ou d’huisserie ; sommes versées à des individus pour des raisons diverses transport, gratifications. Il n’y a en effet pas de poste comptable spécifique réservé à l’ensemble des vêtements pris en charge par l’Argenterie. Il n’y a pas non plus de poste réservé à la garde-robe royale proprement dite, c’est-à-dire aux dépenses personnelles des souverains. L’office de maître de la Garde-Robe, détenu par un noble, existe pourtant pour les deux Maisons. Chacun est assisté d’un ou deux valets de garde-robe, des roturiers. Chez la reine, l’office du maître est rétribué 300 livres par an mais il y a aussi une dame d’atours qui est responsable de l’habillage de sa maîtresse5. Néanmoins, sur le plan comptable, ces personnages sont invisibles. Pourtant, placé sous la tutelle, du premier gentilhomme de la Chambre qui arrête toutes les dépenses ordinaires et extraordinaires de la Chambre comme celles de la Garde-Robe, selon le premier règlement de cour rédigé sous Henri III en 1574, le maître de la Garde-Robe commande tout ce qui sera nécessaire pour la personne du roi » et rapporte ces dépenses au contrôleur de l’Argenterie6. La dame d’honneur de la reine, Françoise de Brézé, duchesse de Bouillon, qui cosigne le compte de la reine, joue pour la Chambre de la reine le même rôle que le premier gentilhomme7. Il n’y a donc pas en France à cette époque de reconnaissance comptable » de la garde-robe royale, dans le sens où celle-ci ne dispose pas d’une comptabilité ou d’un budget particulier équivalent à ce que l’on trouve au même moment dans l’Angleterre des Tudor où cette institution est beaucoup plus développée8. Il faut attendre Louis XIV, qui crée l’office de grand maître de la Garde-Robe en 1669, pour voir renforcer cette institution curiale9. Elle disposera alors d’une comptabilité à part et les comptes de l’Argenterie ne contiendront plus de dépenses vestimentaires. Argenterie et dépenses vestimentaires 10 . Philippe Hamon, L’argent du roi les finances sous François Ier, Paris, Comité pour l’histoire é ... 6Il faut se livrer à un long et patient travail pour repérer, dans la diversité des dépenses, celles consacrées au vêtement tableau 1. Celles-ci représentent plus de la moitié des dépenses annuelles. Une autre partie est consacrée à d’autres dépenses textiles ameublement et linge de lit, fils, dons de tissus par exemple pour des sommes à peu près équivalentes chez le roi ou chez la reine. Le roi alloue une somme relativement importante à l’entretien de la chapelle 1 144 livres qu’il prend seul en charge, la reine n’y consacrant qu’un montant dérisoire alors qu’elle investit près de huit fois plus que le roi dans les dépenses d’orfèvrerie. Celles-ci jouent en effet un rôle important dans le paraître, non seulement dans l’ameublement miroir d’argent pour la reine, chandeliers mais aussi pour la parure bijoux et pierres précieuses à l’usage des souverains ou pour en faire don. L’Argenterie n’assure donc pas qu’une fonction de consommation et de redistribution. Elle est aussi un lieu de thésaurisation de métaux précieux qui en fait une caisse de réserve pour la monarchie10. Enfin j’ai regroupé, dans une rubrique intitulée autres », les frais de menuiserie, de sellerie coffres, le matériel de rangement et d’entretien pour la garde-robe, les frais de transport divers, de nourriture des chiens de la Chambre, d’apothicaire le roi est malade en 1557, de papeterie, les achats d’instruments de musique et les dons d’argent pour services rendus. Tableau 1 Postes de dépenses de l’Argenterie royale en livres tournois Reine 1556 % Roi 1557 % Vêtements 16 473 58,48 11 583 55,04 Textiles autres 3 215 11,42 3 364 15,98 Orfèvrerie 5 093 18,08 639 3,04 Chapelle 14 0,05 1 144 5,43 Autres 3 372 11,97 4 317 20,51 Total Argenterie 28 167 100 21 047 100 11 . Natalie Zemon Davis, Essai sur le don dans la France du xvie siècle, trad. D. Trierweiler, Paris, ... 12 . Gages relevés par C. zum Kolk, art. cit., et par Micheline Baulant, Prix et salaires à Paris au ... 7Les dépenses vestimentaires sont les plus importantes et celles de Catherine surpassent celles d’Henri 16 473 livres tournois contre 11583 tableau 2. Il serait trompeur d’en déduire que la reine fait des dépenses somptuaires plus importantes que le roi pour sa propre personne. Au contraire ! Si l’on détaille la répartition des dépenses, on relève que la reine supporte davantage sur son budget la pratique du don vestimentaire et de dépenses festives mascarades qui témoignent des largesses royales envers la cour et entretiennent le lien social entre les souverains et les gens de leurs Maisons11. Les sommes consacrées au paraître vestimentaire des souverains sont évidemment considérables si on les compare aux revenus de quelques-uns de leurs contemporains. Les 7 881 livres dépensées pour les vêtements de la reine, par exemple, représentent un peu plus de 65 fois les gages d’une lavandière de sa Maison 120 l./an et un peu plus de 315 fois ceux d’un galopin de sa cuisine 25 l./an ou encore 320 fois ceux d’un charretier de ferme12. La faculté du couple à dépenser pour paraître, à la tête d’une cour brillante, s’exprime donc dans les comptes de l’Argenterie. En 1557 Henri II dépense cependant plus pour sa personne que ne le fait la reine en 1556. Il serait néanmoins aventureux de postuler, à partir de ces deux seules années de compte rescapées de l’histoire, qu’il s’agit d’un écart habituel qui justifierait un principe selon lequel le paraître du roi supplante celui de la reine. L’écart peut n’être que conjoncturel et surtout, la somme beaucoup plus importante consacrée par la reine à l’orfèvrerie corrigerait cette affirmation du fait d’un usage relativement important par cette dernière de parures de cette nature. Tableau 2 Dépenses vestimentaires des souverains dans l’Argenterie royale en livres tournois Reine 1556 % Roi 1557 % Vêtements pour le souverain 7 881 47,84 8 355 72,13 Dons de vêtements par le souverain 7 324 44,46 2 884 24,90 Masques et travestissements 1 268 7,70 344 2,97 Total 16 473 100 11 583 100 Fournisseurs et artisans 13 . Clare Haru Crowston, Fabricating Women The Seamstresses of Old Regime France, 1675–1791, Durham ... 8Marchands et artisans participent à la fabrique du paraître royal. Le montant imparti à chacun fut vraisemblablement répertorié à partir de justificatifs et mémoires acquittés fournis par ceux-ci mais dont on ne conserve pas la trace jusqu’au règne de Louis XV. L’existence des deux comptes permet de comparer les fournisseurs pour les vêtements et l’orfèvrerie. Deux constatations s’imposent. La première est que la reine fait appel à un nombre plus important de personnes que le roi 24 contre 13. À type de fournisseur identique, Catherine de Médicis diversifie davantage les approvisionnements et la façon, employant, pour une commande épisodique, des marchands de tissus, des passementiers et des orfèvres en sus de ses fournisseurs habituels. Ces derniers portent accolés à leur profession les qualificatifs ordinaire », servant l’Argenterie » ou plus rarement servant la cour », labels qui leur garantissent des commandes régulières pour de coquettes sommes. Les femmes sont rares dans ces métiers à l’exception des lavandières de corps » blanchisseuses des souverains et d’une lingère de la reine. Deux veuves, ayant vraisemblablement pris le relais d’un mari défunt, apparaissent comme fournisseuses très épisodiques de la reine. Les métiers de la mode sont avant tout masculins et il faut attendre le xviiie siècle pour que les femmes y acquièrent une reconnaissance professionnelle13. 14 . Voir les Dépenses secrètes de François Ier », dans Les comptes des Bâtiments du roi 1528-1571 ... 9La deuxième observation est que, à l’exception du linger Jehan Debeauquesne qui jouit du privilège d’être commun aux époux, les deux Argenteries font appel à des fournisseurs et artisans attitrés tous différents. Ainsi multiplient-elles le nombre de privilégiés disposant du quasi monopole du marché curial que leur offre leur titre. Malheureusement les comptes ne précisent pas la nationalité des marchands dont on sait que certains pouvaient être italiens, du moins d’après les comptes de François Ier14. Ils ne citent qu’exceptionnellement le domicile des fournisseurs qui doivent suivre la cour itinérante des Valois pour y faire leurs affaires. Ainsi parmi les trois marchands de soie de la reine, deux sont de Tours, cité soyeuse avec Lyon, et l’autre de Paris, toutes villes de résidence royale. L’urgence d’une commande peut justifier la présence d’un artisan à la cour, hors de son atelier, afin d’achever celle-ci. Le tailleur de la reine, Jehan Delannoy dit de Tours, est ainsi dédommagé des dépenses que lui occasionna un séjour de quatre jours à Paris pour y achever une robe et changer la façon d’une autre, et pour les avoir fait porter de Paris jusqu’à Saint-Germain où était la reine 54 vo. Pierre d’Anjou, brodeur du roi, est dédommagé pour plusieurs voyages entre Rennes, Compiègne et Paris, où devait se trouver le souverain, pour broder une série importante de ses vêtements, travail de façon qui lui rapporta la coquette somme de 380 livres tournois 28 vo. Les brodeurs sont en effet les artisans les mieux rétribués. Anatomie des vestiaires royaux 10Les comptes ne mentionnent que le nom de la personne à laquelle est destinée une dépense vestimentaire. On ne peut donc que supposer la participation des deux souverains à l’initiative ou au choix des commandes. Quel type de vêtements favorisent-ils ? Ceux-ci déterminent l’anatomie de leur corps vêtu selon un vestiaire nettement sexué qui différencie le roi de la reine. Argenterie et typologie vestimentaire 15 . Par exemple le portrait de Catherine v. 1556 avec robe noire, guimpe de pierreries, d’après Fra ... 16 . Pour les portraits d’Henri II en habit noir, celui de l’atelier de F. Clouet xvie siècle conser ... 11Par comparaison avec d’autres sources, les comptes de l’Argenterie sont au plus près du quotidien vestimentaire des souverains. Les chroniques, par exemple, ne témoignent que des vêtements d’apparat, somptueux et brillants, d’argent et or, chargés de pierres et perles, dont on loue la splendeur et les mille feux qui attestent de la majesté royale. Mais dans nos comptes la mention de ces toiles reste exceptionnelle, et seulement chez la reine. Pas d’achat de celles-ci en tout cas en 1556 car ces vêtements sont précieusement conservés dans les coffres et réadaptés à la mode si besoin. Les comptes sont aussi plus proches de la pratique vestimentaire des souverains que ne le sont leurs quelques portraits peints conservés pour les années 1550. Rares, souvent copiés ou posthumes, ces portraits peuvent avoir été réinterprétés plusieurs années plus tard avec quelques ajouts vestimentaires. Ils représentent en outre toujours à peu près la même forme de vêtement alors que les comptes en distinguent plusieurs15. Ces portraits donnent l’image d’un vestiaire réduit à quelques tenues qui figent notre représentation de celui-ci à un type de vêtement donné et à une palette en noir et blanc16. 17 . R. Orsi Landini et B. Nicoli, Moda a Firenze…, op. cit., p. 200. 12Cependant, si les comptes témoignent de vestiaires plus variés, ils posent au chercheur des problèmes insolubles pour qui imaginerait en extraire une sorte d’instantané du contenu réel des garde-robes. Au contraire, on ne peut y percevoir que le reflet de celui-ci. Il est tout d’abord impossible de raisonner par vêtement complet sa reconstitution, rassemblant l’ensemble des fournitures et façons qui furent nécessaires à la fabrication, est bien difficile. Constat qu’ont pu faire par exemple les études sur les Giornali des vêtements commandés pour la famille ducale florentine du xvie siècle17. Les descriptions comptables, disséminées entre différentes pages, sont en effet loin d’être toujours exhaustives et détaillées pour permettre de relier entre elles les informations concernant les textiles, les accessoires et la façon d’un même habit. Des tissus peuvent aussi être simplement achetés pour être mis en réserve et utilisés plus tard, une pratique que l’on retrouve uniquement chez la reine. Catherine fait ainsi mettre de côté 829 livres de pièces de taffetas et de velours, dont une, très coûteuse, de onze aunes de velours noir moucheté d’or, d’un montant de 253 livres, mis aux coffres pour lui faire habillement » 1556,35 ro. La plupart du temps, les comptes gardent la trace de l’achat d’un tissu, d’une doublure ou d’autres fournitures pour un vêtement nommé mais sans que l’on retrouve celle de la façon ou de l’ornementation passements, broderie. Et inversement ! Ce qui laisse penser que les délais de paiement pour un même vêtement peuvent s’étaler sur plusieurs années. Pour toutes ces raisons, la typologie vestimentaire des souverains abordée ici ne peut s’appuyer que, d’une part, sur le montant total des dépenses faites pour une pièce donnée chausses, pourpoint, etc. citée dans un compte et, d’autre part, sur la fréquence des mentions d’un type de vêtement donné, qui offre seulement un aperçu de la quantité de pièces qui ont pu passer par chaque garde-robe. Véritable travail de fourmi pour le chercheur ! Vestiaire du roi 18 . L’aune de Paris fait 1,188 m. 13Ce n’est pas le lieu ici d’énumérer avec exhaustivité les très nombreuses pièces vestimentaires rencontrées. Il s’agit plutôt d’en extraire les plus emblématiques, celles qui déterminent visuellement l’identité de chaque corps vêtu. Chez le roi, les mentions d’achat et façon pour les pourpoints sont les plus fréquentes du corpus 40 suivies par celles des bas 29 et hauts-de-chausses, ainsi que par les collets 22 et les robes 19. Pourpoints, chausses et hauts-de-chausses où pointe la virile braguette jamais mentionnée dans les comptes car fait tout-en-un avec ceux-là sont en effet les pièces de base du vestiaire masculin, qui demandent un renouvellement fréquent. Le roi a une prédilection pour les soieries très souvent importées d’Italie serge de Florence pour les bas ; satin de Florence et de Gênes voire de Venise pour les pourpoints comme pour les hauts-de-chausses pour lesquels le velours est aussi apprécié, mais sa provenance n’est pas mentionnée ; doublures de taffetas idem. Ces textiles sont coûteux, entre 4 et 12 livres l’aune, dans le cas du satin de Florence rouge ou violet18. Pour autant les pièces de base dont ils sont faits ne sont pas les plus coûteuses chez le roi. Fig. 1 - École française, Henri II, 1555, huile sur bois 109 × 77 cm. Le Puy-en-Velay, musée Crozatier, inv. Inscriptions HENRICVS II FRAC / REX XRIANISSIMVS / ANNO ÆTATIS SVÆ / XXXVII – 1555 19 . Le collet est un mot polysémique qui peut désigner un col ou bien ce type de vêtement. 20 . Saye nom masculin, pourpoint à basques au xvie siècle, dit aussi sayon selon François Boucher, ... 21 . Voir la note 15. a. » pour aune ». 14Les plus coûteuses sont à rechercher du côté des vêtements de dessus et manteaux 1219 et surtout du côté des robes 1575 Par-dessus le pourpoint, le roi peut revêtir un collet, au métrage équivalent à celui d’un pourpoint lorsqu’il est en velours 1,5 a. ; 23 vo ou de cuir de buffle ou de maroquin d’Espagne blanc ou noir19. Il commande aussi des sayes 8 mentions au métrage plus important 2 a. ¹⁄3 à ¾ car plus longs que les pourpoints du fait de leurs basques20. Les sayes peuvent être fourrés de martres et de loups cerviers, ce qui en accroît le coût. En revanche, contrairement aux beaux portraits du roi vêtu de blanc, tel celui du musée Crozatier du Puy fig. 1, pas de trace de manteaux fourrés ici d’hermine, ni brodés d’argent comme sur le portrait en blanc du musée Condé de Chantilly. La mention de cape comme sur le portrait de pied en noir du Louvre est exceptionnelle mais avec emploi de textiles coûteux, drap fin de Rouen ou écarlate rouge 12 l./a.21. Un manteau à l’anglaise de 3 a. ½ d’écarlate rouge, bandé de velours cramoisi de Florence, de passements d’or et de soie sur bandes de satin rouge cramoisi de Venise et orné de boutons d’or à longue queue » revient ainsi à plus de 210 l. pour les seules fournitures. Celui-ci est d’ailleurs destiné à être porté au camp » 39 ro, 41 ro, 44 ro. La référence à l’activité militaire du souverain apparaît en effet à plusieurs reprises casaque de velours noir avec croix de toile d’argent pour mectre dessus le harnoys » 38 ro, collet de buffle pour servir à mectre sous les armes » 42 vo, pourpoint de canevas ou de chamois pour armée » 39 ro, 40 vo ou chausses à armer » témoignent de la pratique du tournoi par lequel le souverain perdra la vie en 1559 mais aussi du contexte de la guerre qui vient de reprendre contre l’Espagne et l’Angleterre. 22 . Voir l’usage qu’en font les élites d’alors dans Isabelle Paresys, Le noir est mis. Les puys d’A ... 15Enfin, parmi les vêtements les plus coûteux du souverain figure la robe dans laquelle ses portraits se gardent bien de le représenter. Le roi y est toujours vêtu de court ou en armure. Il ne détonne en cela en rien avec les pratiques de ses contemporains et les histoires du costume ont tort d’en réduire le port aux seuls magistrats et universitaires22. Avec ses longs métrages 5 a., la robe est en effet d’allure moins martiale mais, portée au-dessus des vêtements évoqués ci-dessus, elle constitue un très confortable habit d’intérieur dans les résidences mal chauffées fréquentées par la cour. Aussi Henri l’apprécie-t-il fort, comme l’atteste l’important budget qui y est consacré 1575 et le nombre de mentions qui la concernent 19. La présence de fourrures martre zibeline, loup-cervier, les riches damas, velours ou satin, toujours noirs certes, mais de styles variés robes à l’allemande surtout, à l’espagnole ou à l’anglaise, chamarrés de passements de soie et bandées ton sur ton en font un vêtement cossu. Brodée de fil d’or ou chamarrée de franges d’or, avec des taillades garnies d’aiguillettes d’or 27 vo, la robe quitte sa fonction de vêtement d’intérieur pour l’apparat le roi en fait faire une de velours noir avec passements et broderies de fil d’or pour porter aux noces de monsieur d’Anguien 22 ro. Les vêtements du roi sont conservés dans des coffres garnis de sachets de poudre de violette, raffinement olfactif que l’on ne rencontre pas dans le compte de la reine. Vestiaire de la reine 23 . École française, Catherine de Médicis, v. 1548, Florence, palais Pitti, et F. Boucher, Histoire d ... 16La robe est bien, avec les bas-de-chausses, la seule pièce commune aux deux vestiaires royaux. Encore est-elle bien différente pour la reine chez laquelle elle est aussi le vêtement auquel elle consacre le plus de dépenses dans l’année 1885 avec de fréquentes mentions 35. Le métrage nécessaire à la confection est important entre 10 et 15 a., soit entre environ 12 m et 18 m. Elle peut être à queue ou ronde, précision rare cependant. Le velours est le tissu le plus souvent cité, sans que sa provenance soit mentionnée. Il peut être très coûteux tel ce velours noir à fons de satin nouvelle façon » à 11 l. 10 s./a. pour une robe à l’italienne doublée de taffetas 26 vo dont le seul coût en tissu revient à plus de 168 livres, soit 1,4 fois les gages annuels de la lavandière de la reine. Il est suivi par le taffetas. Damas et toile d’argent restent exceptionnellement mentionnés. La fourrure aussi hermine une mention, loup-cervier. Néanmoins c’est la cotte qui est l’élément du vestiaire le plus fréquemment cité 47 fois. Son métrage, le plus souvent de satin ou taffetas, est cependant deux fois moins important que pour une robe entre 4 et 6 a. Les comptes parlent aussi de devant de cotte » 1 a. ¾ à 4 a. qui réfèrent sans doute à la partie visible de la cotte que l’on entrevoit dans l’ouverture de la robe à la française, telle celle représentée sur Catherine de Médicis dans un portrait en pied vers 1548, du moins si la cotte est bien une robe de dessous, telle que la définissent les histoires du costume23. Proches du métrage des cottes, des jupes de damas, de satin ou de velours très colorées aucune n’est noire, parfois fourrées, apparaissent dans le compte 9 mentions. Elles sont aussi pourvues d’un corps. Une mention associe la jupe à des brassières, pièces de satin, velours ou toile d’argent ornementées, sortes de camisoles qui pouvaient être employées comme vêtement de dessus des femmes en couche. La reine, qui donna en douze ans, depuis 1544, dix enfants au roi, accoucha, en effet, le 24 juin 1556 de jumelles qui faillirent lui coûter la vie. 24 . Ibid., p. 456. 25 . Corneille de Lyon, Catherine de Médicis, v. 1536, Versailles, musée national des châteaux de Vers ... 17La basquine apparaît moins fréquemment que la cotte 9 mentions. Elle est souvent de taffetas coloré et parfois de toile d’argent. Elle se porte aussi sous la robe mais elle n’est pas qu’une jupe au sens d’aujourd’hui, contrairement à ce qu’écrit François Boucher, puisqu’elle dispose d’un corps de vasquine » 27 vo, 24 vo24. On ne la trouve qu’une seule fois associée à la vertugade, accessoire à armature souple qui donne de l’ampleur à la jupe de la robe, dans une forme conique de clochette achat au tailleur de 8 s. de bougran, étoffe qui lui donne de la raideur, pour une vasquine de taffetas changeant jaune et bleu et aussi pour avoir raccoustré la vertugade » 56 vo. Le registre ne comporte aucun achat de cet accessoire qui caractérise la silhouette féminine française. La reine en possède pourtant, si l’on en croit quelques dépenses pour réparation, aménagement voire broderie de celles-ci. Peut-être s’en dispense-t-elle en raison de sa grossesse cette année-là. Une des particularités du vestiaire de la reine, par rapport à celui du roi, est la dépense pour manches amovibles 1 a. à 1 a. ¾ de satin, taffetas ou velours, parfois tocque d’or, le plus souvent bouillonnées voir le portrait de Catherine vers 1536 par Corneille de Lyon et ornementées de passements ou de bizette d’or, parfois fourrées de gris, mais il n’y a pas d’achat de fourrures pour les revers des grandes manches, désormais démodées que portait Catherine sur le portrait du palais Pitti, vers 154825. Interchangeables, les manches peuvent être attachées à différentes robes. Autre particularité des corps » 1 à 2 a. ¾ ou devant de corps » dont le rattachement à un autre vêtement robe, cotte, basquine, etc. n’est pas mentionné. Faits de tissus coûteux ou de chamois, souvent brodés, parfois dotés d’un haut collet, ces corps apparaissent dans les comptes sans être rattachés à un vêtement particulier. Cela ne fait pas d’eux pour autant les ancêtres du corset. La mention de corps piqué » n’apparaît qu’à deux reprises et pour des devant de corps, dont l’un est de satin jaune 30 ro. L’autre est un devants de corps faict à l’espaignolle à hault collet tout par arrierepoinctz et emboutty » de laine jaune et piqué 55 ro. Aucune trace en tout cas d’achat de ces buscs que l’on pouvait glisser dans le corps pour lui donner plus rigidité. Aucune trace non plus de marlotte. 18Enfin le budget consacré aux manteaux par la reine est très important 1219 l. t. et la fréquence des mentions est plus abondante que chez le roi 21 contre 5 ; il est possible qu’elle les utilisait en vêtement d’intérieur pour se préserver du froid, comme le fait Henri avec la robe. L’un d’eux, de satin blanc découpé, est un manteau de nuit 56 ro. Le métrage de 7 à 13 a. et les tissus luxueux employés, sans compter les ornements, les parements voire la doublure de fourrure loup, dos de gris, vair blanc ou hermine font du manteau la pièce la plus coûteuse de la garde-robe. Le fourrage d’un manteau de damas noir de plus de neuf cents de dos de gris coûte à lui seul plus de 144 livres. La fourniture d’un peu plus de 13 a. de satin blanc de Florence rayé d’or fin, à 20 l./a., coûte à elle seule 263 livres, achat textile le plus cher de l’année ! De telles sommes font percevoir combien la question vestimentaire est, pour le couple royal, placée sous le signe de la magnificence. Magnificence et cosmopolitisme 19Les comptes des Argenteries témoignent d’une magnificence que l’on peut mesurer à l’aune des dépenses vestimentaires du couple. La magnificence est une qualité jugée essentielle chez un souverain puissant. Elle s’exprime à travers l’ornementation et les couleurs des vêtements d’Henri II et de Catherine dont les garde-robes s’avèrent être cosmopolites. Magnificence des apparences royales 26 . Ordonnance du 12 juillet 1549, dans Recueil général des anciennes lois françaises, depuis l’an 42 ... 27 . S’agirait-il du paiement tardif de dépenses pour les noces de Louis Ier de Bourbon 1530-1569, d ... 28 . Voir la note 16. 29 . Par exemple Francisque Pellegrin, La Fleur de la science de pourtraicture et patrons de broderie ... 30 . Si on totalise une dépense importante de 789 l. pour les chemises du roi et si on trouve pour la ... 20Henri II et Catherine de Médicis, on l’a vu, apprécient les textiles luxueux qui attestent de leur capacité à se livrer à des dépenses que les lois somptuaires interdisent à nombre de leurs sujets, […] afin qu’il demeure aux princes et princesses […] quelque difference en leurs accoustremens […] »26. Mais le tissu ne contribue pas à lui seul à la magnificence de l’apparence, attribut de la dignité princière. Souverains d’une cour brillante dans laquelle ils doivent pouvoir être distingués, Henri et Catherine apprécient énormément les ornements que l’on y coud. En témoignent les très nombreux achats de passementerie précieuse passements, cordons, nattes, franges, houppes, bizette d’or parfois faicte en fleur de lys » de soie, d’or ou d’argent pour chamarrer le vêtement ou encore ceux de fil d’or ou d’argent pour broderie et ceux de boutons d’or, parfois émaillés de noir et blanc 908 livres pour la reine, 2 017 pour le roi ! Ce dernier consacre ainsi une somme rondelette de 523 livres pour acheter du fil et de la cartisane d’or pour les broderies ainsi que des franges d’or, le tout cousu avec abondance de fil de soie, pour le seul ornement d’une série d’accoutrements qu’il se fait faire pour les noces de M. d’Anguien manteau de velours noir, collet de velours blanc, pourpoint de satin blanc et hauts-de-chausses de satin blanc 28 vo27. Les deux portraits en pied d’Henri II, certes peints après 1557, l’un vêtu de blanc avec un manteau court brodé d’argent et l’autre vêtu d’un saye et d’une cape rayés de cordon d’or fig. 2, donnent un aperçu de l’effet visuel produit par ces ornementations28. Si au xvie siècle fleurissent les recueils imprimés de motifs de broderie, ceux-ci ne sont pas décrits par les comptes pour lesquels le poids de métal ou fil précieux est plus important que la forme brodée29. Un seul exemple est cité des gerbes d’or » brodées sur un corps de taffetas blanc de la reine 57 vo. Les comptes gardent aussi la trace de chemises brodées, essentiellement pour le roi, pour la façon de chemises brodées de soie cramoisie, noire ou blanche ou encore de fil d’or que rappelle le col à l’italienne du roi dans son portrait en pied vêtu de noir fig. 230. En revanche, pour la reine, on rencontre un achat de quarante-cinq mouchoirs ouvrés de soie noire ou cramoisie 51 ro ; 77 car tenu à la main, le mouchoir se fait aussi parure. Fig. 2 - D’après François Clouet, Henri II, roi de France en 1547, 1559, huile sur bois 30 × 22 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, MV 3175. Copie d’un original conservé au Louvre. 31 . François Clouet, Françoise de Brézé, dame de la Marck, duchesse de Bouillon, v. 1543, Chantilly, ... 32 . Anonyme, Henri II, 1555, Le Puy-en-Velay, musée Crozatier. 33 . Christine Aribaud, Les taillades dans le vêtement de la Renaissance l’art des nobles déchirur ... 21Les souverains apprécient aussi beaucoup les effets créés ton sur ton et en relief sur le vêtement. Les vêtements bandés sont fréquents, obtenus par couture de bandes de tissu de même couleur que le vêtement mais d’une autre matière par exemple, bandes de velours sur satin. Le portrait au crayon de la duchesse de Bouillon par F. Clouet donne un aperçu de cette technique31. Les effets procèdent aussi de découpages dans le tissu par des créneaux bordant le vêtement chez le roi et bien sûr par une variété d’entailles dans le tissu ou le cuir dont le portrait du musée Crozatier du Puy fig. 1 donne quelques exemples au collet et aux manches32. Découpé, moucheté, tailladé, etc., le vêtement acquiert ainsi plus d’aisance mais témoigne aussi d’une esthétique de la déchirure dont les dispositions peuvent être raffinées33. Raffinement qu’apprécie aussi la reine pour les manches de ses robes et cottes, telle cette robe de velours noir decouppé tout alentour à lozenges ensemble par les manches et le corps » 47 ro. 34 . 460 l., par exemple, par la reine pour une grosse chaîne d’or pour le légat du pape venu à la cou ... 35 . C’est la deduction du sumptueux ordre, plaisants spectacles et magnifiques théâtres dressés et ex ... 22L’expression de la magnificence royale passe bien sûr par le port de parures de bijoux et pierres précieuses. Celles-ci figurent dans les dépenses d’orfèvrerie – près de huit fois plus importantes chez la reine que chez le roi 3215 l. – certes consacrées à l’orfèvrerie de maison mais surtout aux réparations et achats de bijoux chaînes, patenôtres et de quelques pierreries. Roi et reine consacrent en la matière un budget très important pour des dons à des gentilshommes de la cour ou à des personnages importants de passage34. Mais contrairement à la reine, le roi dépense peu pour lui-même essentiellement des crochets d’or ou d’argent en façon de boutonnières […] et émaillez de blanc et noir » 35 vo. Pourtant ses dépenses témoignent de façon de bonnets de velours noir garnis de boutons de rubis, de chaînes d’or, de perles et de boutons de cristal, qu’agrémentent les nombreuses garnitures de plumes garnies de franges d’or/argent achetées au plumassier auquel il consacre une somme importante 253 l.. La reine fait faire ceintures, patenôtres, chaînes à coudre », à faire des boutonnières » ou à mectre au col ». L’une d’elles ressemble à celle peinte sur son portrait conservé à Versailles v. 1556 fig. 3 fecte de 33 pilliers tous rondz, semé de [dessin de deux C] entrelassez, percez a jour, taillez et esmaillez de blanc et de noir et garny de fondz d’argent bruny par dedans » 146 l., 32 ro. Les chiffres monogrammés sont alors très appréciés en joaillerie comme en broderie, comme en témoigne le portrait d’Henri II conservé au Puy fig. 1. Catherine fait aussi agrémenter les cornettes pendantes de ses caractéristiques chaperons à la française fig. 3 de tresseure de fil d’or » 51 ro et allonger un touret d’or garni de diamants, rubis et perles 286 l., 33 vo. Mais nulle trace, dans le compte de 1556, de ces guimpes et résilles de perles qui parent ses décolletés dans les portraits des années 1550 fig. 3. Agrémentés de ces parures que reprennent à l’envie les portraits officiels, afin de signifier la magnificence et la majesté, les souverains brillent d’un feu qu’encensent les chroniqueurs de l’entrée rouennaise de 1550, comparant la vêture de la reine à un ciel étincelant d’étoiles quand celle du roi cause une copieuse réverbération à son auguste face »35. Nous ne sommes pas loin du Roi-Soleil… Fig. 3 - D’après François Clouet, Catherine de Médicis, reine de France, vers 1556, huile sur bois 31 × 22 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, MV 3179. Magnificence chromatique 36 . Voir par exemple Denis Crouzet, Le haut cœur de Catherine de Médicis une raison politique aux t ... 37 . Monique Chatenet, La cour de France au xvie siècle vie sociale et architecture, Paris, C. Picar ... 38 . Brantôme, Recueil des Dames, poésies et tombeaux, éd. par É. Vaucheret, Paris, Gallimard, 1991, I ... 39 . Elle s’habilloit tousjours fort bien et superbement, et avoit tousjours quelque gentille et nou ... 23À la lecture des comptes s’éloigne la représentation austère des deux souverains donnée par l’imagerie historique. En 1556, Catherine de Médicis n’a rien de la sombre reine toujours vêtue de noir, devenue un de nos repères visuels de la France du xvie siècle. La reine cultiva en effet cette image après son veuvage et cette apparence contribua à alimenter l’image noire de la gouvernante qu’elle fut pendant les guerres de religion, image actuellement reconsidérée par l’historiographie36. En 1556 Catherine a tout d’une reine, magnifique en ses apparences, à la réputation dépensière. L’ambassadeur vénitien Soranzo rapporte en 1550 qu’elle s’habille magnifiquement, de sorte que le vêtement qu’elle porte un jour ne se voit plus pendant de nombreux mois »37. Vingt ans plus tard, une réflexion faite à sa fille Marguerite, qui désespère de quitter la cour de France et la mode qui courre » pour rejoindre son mari en Navarre 1578, témoigne de la conception que Catherine a du rôle d’une souveraine en matière d’innovation. C’est à vous, lui dit-elle, d’inventer et produire les belles façons de s’habiller » et où que vous alliez, la court les prendra de vous et non vous de la court »38. Brantôme, qui fit ses débuts à la cour en 1556, insiste sur les habits superbes et sur l’inventivité de Catherine à cette période39. Mais quelle façon suit le couple royal en 1556-1557 alors que celle d’Espagne rayonne en Europe et s’impose dans le vestiaire des élites européennes ? 40 . Sophie Jolivet, La construction d’une image Philippe le Bon et le noir », dans le présent vol ... 41 . Michel Pastoureau, Noir histoire d’une couleur, Paris, Éditions du Seuil, 2008. 42 . Brantôme, Œuvres complètes du seigneur de Brantôme…, Paris, Foucault, 1822-1823, 7 vol., t. II 1 ... 24Le noir est certainement la couleur la plus fréquente des deux vestiaires royaux, suivie du blanc tableaux 3 et 4. La présence importante du noir dans les garde-robes royales n’est pas neuve. L’usage en était déjà bien établi dans celle de François Ier et le siècle antérieur fut déjà un grand siècle du noir », de grands princes tels que le duc de Bourgogne ayant construit leur image autour de cette couleur40. La cour d’Espagne hérite de cet attachement et le noir en devient le signe identitaire au xvie siècle sans qu’il lui soit pourtant réservé. Le noir princier n’a rien du noir austère des religieux, des magistrats ou de la vertu chrétienne que veut y voir la Réforme protestante41. C’est un noir riche et dense sur des velours, satin, damas et taffetas coûteux. Les multiples ornements vus précédemment tirent profit de l’effet visuel provoqué par les jeux de contrastes qu’ils opèrent. Il en est de même du blanc qui suit de près pour certains vêtements le pôle chromatique si important du noir dans les couleurs favorites du couple. Il n’est donc guère surprenant que les portraits royaux survivants des années 1550 soient en noir ou en blanc fig. 1 et 3. Le roi, en tout cas, fit du blanc et du noir ses couleurs emblématiques par esprit de chevalerie car elles étaient celles de sa maîtresse, Diane de Poitiers, veuve du grand sénéchal Louis de Brézé42. Tableau 3 Couleurs des vêtements de la reine 1556 par fréquence de mention Robes Cottes Jupes Manches Corps Manteaux Chausses Non mentionnée 1 1 1 3 7 Argent ou or 3 2 1 2 Blanc 3 12 2 9 1 3 19 Bleu 1 Rouges 4 10 4 2 1 4 Violet 1 Jaunes 1 6 2 1 1 Orangé 1 Vert 1 Gris 2 3 2 1 5 1 Noir 20 13 0 5 3 11 2 Total 35 47 9 19 12 21 36 Tableau 4 Couleurs des vêtements du roi 1557 par fréquence de mention Pourpoints Hauts-de-chausses Bas-de-chausses Sayes Collets Robes Non mentionnée 6 4 Blanc 10 5 5 9 Blanc rayé 5 Rouges 4 1 1 Violet 2 1 1 Jaunes 5 1 1 1 Orangé 1 1 1 Noir 7 3 3 8 8 19 Total 40 12 12 8 22 19 43 . L’ordonnance somptuaire d’Henri II, en 1549, insiste sur cette distinction, n’accordant aux genti ... 44 . Brantôme, Œuvres complètes…, op. cit., p. 366. Dans le compte de 1556, mention de la façon d’une ... 45 . Alonso Sánchez Coello, Isabelle de Valois, v. 1560, Vienne, Kunsthistorisches Museum. 25Le noir n’a pourtant pas chromoclasté les garde-robes des souverains dont la palette est loin d’être monochrome blanc, gris, rouges, violet, jaune, orangé voire vert et bleu se retrouvent dans les archives. Certes chez Henri II, les robes et sayes rencontrées en 1557 sont toutes noirs mais les mentions de pourpoints et hauts-de-chausses blancs, puis rouges, violets, couleurs royales, ou encore jaunes et orangés, souvent coordonnés à des bas de même couleur, sont bien plus nombreuses. Ces textiles colorés de qualité peuvent dépasser en valeur les plus beaux noirs 16 l./a. par exemple pour un velours cramoisi rouge de Florence haute couleur, couleur réservée aux princes dans leurs vêtements de dessus43. Le roi fait faire un splendide pourpoint de velours orangé, doublé de taffetas jaune orangé, chamarré en long et en bies trois à trois d’une bizette d’argent en forme de deux chesnettes », découpé, avec des créneaux au collet et aux bas des manches, assorti à un haut-de-chausses de velours de même couleur, bouillonné de satin jaune paille associé à des bas de serge jaune 57 vo, 58 vo, 63 vo, 64 vo. Il apprécie aussi les pourpoints de toile blanche rayée de soie rouge, noire ou blanche. Les couleurs supplantent d’ailleurs le noir chez le roi pour ses pourpoints et hauts-de-chausses, et le blanc occupe une place de choix. Catherine privilégie le noir pour ses robes la moitié des mentions mais moins pour ses cottes le quart des mentions pour lesquelles le blanc arrive à part égale avec le noir. En revanche le vert, que Brantôme dit être sa couleur fétiche jusqu’à son veuvage, n’est relevé qu’une seule fois44. Mais or et argent, rouge cramoisi, incarnat et jaune, taffetas changeant jaune et bleu, jaune et rouge, jaune et blanc rehaussent ses apparences ; cottes, basquines et jupes étant proportionnellement beaucoup plus colorées que les robes, probablement afin de jouer sur le contraste avec celles-ci. Il y a fort à penser que ces vêtements colorés étaient des vêtements d’apparat, tels ceux représentés par Sánchez Coello sur la fille aînée du couple royal, Isabelle, mariée quelques années plus tard à Philippe II mais vêtue à la française sur ce portrait45. Magnificence à la française ? 46 . Un autre exemple, en fo 28 vo, pour un changement de façon en une robe à l’italienne mais sans pr ... 26Mais peut-on attribuer un caractère national à la manière de se vêtir des souverains français ? C’est une question délicate car les comptes sont rarement précis sur le style d’un vêtement. Je pense néanmoins que lorsque silence de la source il y a, c’est parce qu’il va de soi que la pièce mentionnée n’a pas de forme particulière. L’Argenterie ne serait alors plus précise que lorsque le vêtement a une forme ou un type d’ornement qualifié d’étranger, telles certaines chamarrures sur les cols notamment ou découpures associées à l’expression à l’espaignolle ». Mais quantitativement ces précisions restent rares. Le qualificatif à la française », par exemple, n’apparaît qu’une seule fois dans les deux comptes, et seulement pour la reine à l’occasion du changement de façon d’une robbe de velours qui estoit à la françoise et qui a este mise à l’italienne » 26 vo, ce qui demande six aunes supplémentaires au tailleur46. Le réemploi pour adapter un vêtement à une façon nouvelle, pour l’allonger ou l’élargir la reine est enceinte en 1556, ou pour prélever un élément réutilisé dans un autre vêtement, témoigne d’une économie du luxe où l’on ménage les matériaux précieux. C’est particulièrement le cas pour les fourrures des manteaux et robes du roi. Pour fourrer l’une d’elles, on emploie une vieille panne de martre zibeline à laquelle on ajoute trois manteaux de martres neuves à 30 livres le manteau 59 ro/vo. 47 . Voir le dessin de François Clouet, Catherine de Médicis, 1555, Londres, collection de M. G. Sltin ... 27Il est certain qu’en ces années 1550 Henri et Catherine possèdent des vêtements à l’espagnole mais la nature des comptes les rend impossibles à quantifier. On refait pour la reine une cotte de velours dans laquelle on a pris un corps faict à l’espaignol » 40 ro. On achète des passements pour une robe de drap gris fecte à l’espaignolle » à haut collet 40 ro, 54 vo. Le haut collet, montant sur la gorge, est une des caractéristiques rattachées à cette mode par les comptes47, de même que les aiguillettes façon d’espaigne » pour mettre aux bourrelets des manches de la reine 31 ro, aiguillettes abondamment employées dans le vêtement espagnol. La reine fait ainsi réparer 94 fers d’aiguillettes pour garnir une robe à l’espaignolle » 33 ro ! Pour le roi, la mention à l’espagnole » n’apparaît jamais pour les pourpoints et hauts-de-chausses que l’on retrouve alors présents dans l’ensemble du vestiaire masculin européen. Ce n’est pas à ces éléments que son compte attribue un label » national. En revanche, il précise que le roi fait faire une robe de damas à l’espagnole 27 vo, achète plusieurs feutres à l’espagnole avec leur cordon d’or ou d’argent, fait chamarrer à l’espagnole le grand collet d’un caban de feutre blanc 40 ro et faire une paire de chausses découpées à l’espagnole 38 ro. 48 . Les autres mentions ne sont que des mentions de divers achats et façons sur des robes dont le com ... 49 . Isabelle Paresys, The Dressed Body The Moulding of Identities in 16th Century France », Cultu ... 50 . Fanny Cosandey, La reine de France symbole et pouvoir, xve-xviiie siècle, Paris, Gallimard, 200 ... 51 . Correspondance de da Gambara à la duchesse de Mantoue citée par M. Chatenet, La cour…, op. ... 52 . Sur les morales vestimentaires, voir Isabelle Paresys, Paraître et se vêtir au xvie siècle mo ... 28Néanmoins, comme en matière de couleur, les comptes mettent à mal toute idée d’un mode de se vêtir unique, soit espagnol, soit français à la cour des Valois. Les achats de grands métrages de tissus pour la reine ne sont en effet destinés qu’à des robes à l’italienne, de damas gris ou de velours noir48. Chez le roi, les qualificatifs étrangers sont surtout présents pour les robes et manteaux un manteau de velours noir à l’allemande 46 ro et un manteau d’écarlate rouge à l’anglaise pour porter au camp » 39 ro, 41 vo, six robes à l’allemande, une à l’anglaise et une à l’espagnole. Et, comme pour la reine, les mentions d’influences étrangères ne privilégient pas la façon espagnole. L’apparence des souverains est donc cosmopolite et joue avec les identités comme c’est le cas d’ailleurs durant tout le siècle en France ou en Angleterre49. Il est possible cependant, que lors de certaines cérémonies, les souverains aient joué du caractère national associé au vêtement, particulièrement pour la reine, car c’est pour le sien robe, coiffes, manches que celui-ci est le plus fréquemment mentionné. La reine de France, sacrée et couronnée, est en effet associée à son époux dans la représentation monarchique50. Néanmoins, on ne lui tient pas rigueur de manières de se vêtir étrangères, modes que la reine peut affectionner particulièrement du fait de son origine. Deuxième épouse de François Ier, Éléonore d’Autriche s’habillait à la portugaise presque tous les jours comme le font ses demoiselles qui sont au nombre de huit, vêtues de satin gris » écrivait un Mantouan, alors que son compte de l’Argenterie témoigne de pratiques plus cosmopolites51. Le caractère français sera davantage exigé des reines aux xviie et xviiie siècles. On leur imposera de quitter la vêture de la cour paternelle pour adopter celle de leur nouveau royaume. Il n’est pas impossible que le discours moraliste grandissant, dans la deuxième partie du xvie siècle, contre l’inconstance vestimentaire et l’influence des modes étrangères qui pervertissent l’identité nationale, ait particulièrement porté ses fruits en ce qui concerne le corps vêtu de la reine, épousée de plus en plus choisie chez une puissance ennemie Espagne, Autriche et mère du futur roi de France52. 29Malgré la vision très éclatée qu’ils donnent des garde-robes royales, les comptes de l’Argenterie de 1556 et 1557 témoignent de l’importance des dépenses engagées par Catherine de Médicis et Henri II. Celles de la reine sont renchéries par l’importance des dépenses d’orfèvrerie pour ses parures ou cadeaux. De nombreux fournisseurs participent à la fabrication de leurs apparences mais les souverains n’emploient pas les mêmes afin de faire bénéficier ainsi plus de personnes du privilège d’approvisionner leur garde-robe. Celle-ci est riche en pièces vestimentaires dont les comptes gardent la trace via l’achat des textiles, l’acquisition de divers ornements ou le paiement de leur façon ou retouche. Si le roi fait faire nombre de pourpoints et hauts-de-chausses à la mode, il apprécie le confort de longues robes fourrées. Les pièces sont encore plus variées chez la reine qui commande en abondance robes et cottes, mais les traces de basquines et vertugades restent fort modérées, sans doute en raison de ses grossesses. 53 . Voir aussi Brantôme, Recueil des Dames…, op. cit., I, II, p. 36. 54 . Isabelle Paresys, Images de l’Autre vêtu à la Renaissance le recueil d’habits de François Des ... 30Les comptes de l’Argenterie témoignent aussi de la magnificence des souverains qui revêtent des textiles coûteux enrichis par diverses techniques d’ornementation en broderie, passementerie et orfèvrerie et par une gamme chromatique qui est loin de les enfermer dans le noir, celui-ci dût-il être luxueux. Roi et reine de France, Henri et Catherine n’en apprécient pas moins les façons étrangères pour certains de leurs vêtements, ce qui leur donne une apparence cosmopolite. Ce cosmopolitisme est aussi apprécié à la cour des Valois lors de mascarades et de spectacles de tragédie, dont les comptes gardent la trace habits de Suisses pour la mascarade du roi, habits de Turcs et de Mores pour la tragédie Sofonisba donnée par la reine à Blois en 1556 et à laquelle participent ses filles aînées53. De la curiosité pour ces habits estranges », le recueil d’habits de François Desprez rendra compte en 1562, inaugurant un genre à succès dans l’Europe de la Renaissance54. L’achat de ces travestissements pour les souverains et leurs courtisans ainsi que les dons de vêtements ou tissus aux gens de leurs Maisons pour les noces, deuils ou services rendus, alimentent l’idée de la munificence et de la largesse royale qui, comme la magnificence, est une des qualités jugées essentielles chez un souverain puissant. Mais ceci est un autre sujet. Haut de page Notes 1 . Pour le Moyen Âge français, parmi les travaux les plus récents, voir Sophie Jolivet, Pour soi vêtir honnêtement à la cour de Monseigneur le duc de Bourgogne costume et dispositif vestimentaire à la cour de Philippe le Bon de 1430 à 1455, thèse de doctorat de l’université de Bourgogne, 2003, consultable en ligne consulté le 21 février 2011. La bonne conservation des archives anglaises a permis les travaux de Maria Hayward, Dress at the Court of King Henry VIII, Leeds, Maney, 2007 et de Janet Arnold, Queen Elizabeth’s Wardrobe Unlock’d…, éd. par J. Arnold, Leeds, Maney, 1988. Pour l’Italie, voir par exemple Roberta Orsi Landini et Bruna Nicoli, Moda a Firenze 1540-1580 lo stile di Eleonora di Toledo e la sua influenza, Firenze, Pagliai Polistampa, 2005. Pour l’Espagne, voir entre autres Carmen Bernis, Trajes y modas en la España de los Reyes Católicos, Madrid, Instituto D. Velázquez del Consejo Superior de Investigaciones Cientificas, 1978-1979. 2 . Jacqueline Boucher, Société et mentalités autour de Henri III, Lille, Atelier reproduction des thèses, université de Lille 3, 1981, 4 vol. et Deux épouses et reines à la fin du xvie siècle Louise de Lorraine et Marguerite de France, Saint-Étienne, Publications de l’université de Saint-Étienne, 1995. 3 . Archives nationales, Paris, KK 118 1556 et KK 106 1557. L’article n’indiquera plus, dans son texte, que les folios des citations concernées. 4 . On ne conserve pas en France d’inventaire de garde-robe fait du vivant d’un souverain de la Renaissance ni même à leur décès à l’exception de ceux partiels de deux reines veuves Catherine de Médicis, Louise de Lorraine. 5 . État de la maison de Catherine de Médicis, 1547-1585 BNF, ms. fr. nouv. acq. 9175, f. 379-394, éd. par C. zum Kolk, Cour de France. fr, 19 octobre 2007, consulté le 16 février 2011. Voir aussi Caroline zum Kolk, The Household of the Queen of France in the Sixteenth Century », The Court Historian, vol. 14, no 1, juillet 2009, p. 3-22 ; ici, p. 19. 6 . Ordonnance du roi pour le règlement de la cour et du conseil, Lyon, 10 septembre 1574, BNF, ms. fr. 21 451, fo 48 ro. 7 . C. zum Kolk, art. cit., p. 18. 8 . M. Hayward, op. cit., chap. III. 9 . Corinne Thépault-Cabasset, Le service de la Garde-Robe une création de Louis XIV », dans Fastes de cour et cérémonies royales le costume de cour en Europe, 1650-1800, dir. P. Arizzoli-Clémentel et P. Gorguet-Ballesteros, Versailles/Paris, Château de Versailles/RMN, 2009, p. 28-33. 10 . Philippe Hamon, L’argent du roi les finances sous François Ier, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 1994, p. 7. 11 . Natalie Zemon Davis, Essai sur le don dans la France du xvie siècle, trad. D. Trierweiler, Paris, Seuil, 2003. 12 . Gages relevés par C. zum Kolk, art. cit., et par Micheline Baulant, Prix et salaires à Paris au xvie siècle sources et résultats », Annales HSS, 1976, vol. 31, no 5, p. 983. Gages annuels d’un charretier pour l’Hôtel-Dieu de Paris entre 1561-1565. 13 . Clare Haru Crowston, Fabricating Women The Seamstresses of Old Regime France, 1675–1791, Durham, Duke University Press, 2001. 14 . Voir les Dépenses secrètes de François Ier », dans Les comptes des Bâtiments du roi 1528-1571, suivis de documents inédits sur les châteaux royaux et les beaux-arts au xvie siècle, éd. par L. de Laborde, Paris, J. Baur, 1877-1880, 2 vol. [fac. sim Nogent-le-Roi, Librairie des arts et métiers éditions, 1999], t. II, p. 199-274. 15 . Par exemple le portrait de Catherine v. 1556 avec robe noire, guimpe de pierreries, d’après François Clouet, conservé au château de Versailles fig. 3 et celui en miniature de la reine v. 1555 par F. Clouet conservé à Londres, au Victoria & Albert Museum. 16 . Pour les portraits d’Henri II en habit noir, celui de l’atelier de F. Clouet xvie siècle conservé au Louvre, copie de celui du palais Pitti de Florence. Pour les portraits en blanc, celui par un anonyme milieu xvie siècle conservé au musée Condé de Chantilly et celui conservé au musée Crozatier du Puy 1555 fig. 1 ou encore le portrait en pied peint sur vélin v. 1550 conservé au musée Condé. 17 . R. Orsi Landini et B. Nicoli, Moda a Firenze…, op. cit., p. 200. 18 . L’aune de Paris fait 1,188 m. 19 . Le collet est un mot polysémique qui peut désigner un col ou bien ce type de vêtement. 20 . Saye nom masculin, pourpoint à basques au xvie siècle, dit aussi sayon selon François Boucher, Histoire du costume en Occident des origines à nos jours, Paris, Flammarion, 1996, p. 473. Mais cette appellation-là n’apparaît pas dans les comptes. 21 . Voir la note 15. a. » pour aune ». 22 . Voir l’usage qu’en font les élites d’alors dans Isabelle Paresys, Le noir est mis. Les puys d’Amiens, ou le paraître vestimentaire des élites urbaines à la Renaissance », Revue d’histoire moderne & contemporaine, no 56-3, juillet-septembre 2009, p. 66-91. 23 . École française, Catherine de Médicis, v. 1548, Florence, palais Pitti, et F. Boucher, Histoire du costume…, op. cit., p. 462. 24 . Ibid., p. 456. 25 . Corneille de Lyon, Catherine de Médicis, v. 1536, Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon et note 29. 26 . Ordonnance du 12 juillet 1549, dans Recueil général des anciennes lois françaises, depuis l’an 420, jusqu’à la Révolution de 1789, éd. par Isambert, Decrusy et Armet, Paris, Belin-Leprieur/Verdière, 1821-1833, 29 vol., t. XIII 1828, p. 102. 27 . S’agirait-il du paiement tardif de dépenses pour les noces de Louis Ier de Bourbon 1530-1569, duc d’Enghien, avec Éléonore de Roye en 1551 ? 28 . Voir la note 16. 29 . Par exemple Francisque Pellegrin, La Fleur de la science de pourtraicture et patrons de broderie façon arabicque et italique, Paris, J. Nyverd, 1530. 30 . Si on totalise une dépense importante de 789 l. pour les chemises du roi et si on trouve pour la reine des achats de toile fine de Hollande pour faire son menu linge », on ne relève pour elle que deux mentions d’achat de bizette et de cordon d’or pour garnir une chemise 9 ro. Le roi fait faire cinq douzaines de chemises de fine toile. 31 . François Clouet, Françoise de Brézé, dame de la Marck, duchesse de Bouillon, v. 1543, Chantilly, musée Condé. 32 . Anonyme, Henri II, 1555, Le Puy-en-Velay, musée Crozatier. 33 . Christine Aribaud, Les taillades dans le vêtement de la Renaissance l’art des nobles déchirures », dans Paraître et se vêtir au xvie siècle actes du colloque du Puy-en-Velay, éd. par M. Viallon, Saint-Étienne, PUSE, 2006, p. 145-158. 34 . 460 l., par exemple, par la reine pour une grosse chaîne d’or pour le légat du pape venu à la cour négocier une intervention française en Italie 12 ro. 35 . C’est la deduction du sumptueux ordre, plaisants spectacles et magnifiques théâtres dressés et exhibés par les citoiens de Rouen… à la sacrée maisté du tres christian Roy de France Henry second, Rouen, E. Cagniard, 1885, non paginé. 36 . Voir par exemple Denis Crouzet, Le haut cœur de Catherine de Médicis une raison politique aux temps de la Saint-Barthélemy, Paris, Albin Michel, 2005. 37 . Monique Chatenet, La cour de France au xvie siècle vie sociale et architecture, Paris, C. Picard, 2002, p. 191. 38 . Brantôme, Recueil des Dames, poésies et tombeaux, éd. par É. Vaucheret, Paris, Gallimard, 1991, I, V, p. 323-327. 39 . Elle s’habilloit tousjours fort bien et superbement, et avoit tousjours quelque gentille et nouvelle invention », ibid., I, II, p. 34. 40 . Sophie Jolivet, La construction d’une image Philippe le Bon et le noir », dans le présent volume. 41 . Michel Pastoureau, Noir histoire d’une couleur, Paris, Éditions du Seuil, 2008. 42 . Brantôme, Œuvres complètes du seigneur de Brantôme…, Paris, Foucault, 1822-1823, 7 vol., t. II 1822, p. 336. 43 . L’ordonnance somptuaire d’Henri II, en 1549, insiste sur cette distinction, n’accordant aux gentilshommes le port de ces coloris qu’aux pourpoints et hauts-de-chausses, et à leurs femmes qu’aux manches et cottes et non à leurs robes. 44 . Brantôme, Œuvres complètes…, op. cit., p. 366. Dans le compte de 1556, mention de la façon d’une robe de velours vert chamarrée de passements jaunes et verts 55 ro. 45 . Alonso Sánchez Coello, Isabelle de Valois, v. 1560, Vienne, Kunsthistorisches Museum. 46 . Un autre exemple, en fo 28 vo, pour un changement de façon en une robe à l’italienne mais sans précision de la façon de la robe modifiée. 47 . Voir le dessin de François Clouet, Catherine de Médicis, 1555, Londres, collection de M. G. Slting. 48 . Les autres mentions ne sont que des mentions de divers achats et façons sur des robes dont le compte n’indique pas l’achat des tissus de dessus dans l’année. Sur l’ensemble des mentions de robes du compte, dix concernent les italiennes. 49 . Isabelle Paresys, The Dressed Body The Moulding of Identities in 16th Century France », Cultural Exchange in Early Modern Europe, éd. par R. Muchembled, vol. 4, Forging European Identities, 1400–1700, éd. par H. Roodenburg, Cambridge, Cambridge University Press, 2007, chap. VI, p. 227-257 ; J. Arnold, Queen Elizabeth’s…, op. cit., chap. VI. 50 . Fanny Cosandey, La reine de France symbole et pouvoir, xve-xviiie siècle, Paris, Gallimard, 2000. 51 . Correspondance de da Gambara à la duchesse de Mantoue citée par M. Chatenet, La cour…, op. cit., p. 191. 52 . Sur les morales vestimentaires, voir Isabelle Paresys, Paraître et se vêtir au xvie siècle morales vestimentaires », dans Paraître et se vêtir…, op. cit., p. 15-16. 53 . Voir aussi Brantôme, Recueil des Dames…, op. cit., I, II, p. 36. 54 . Isabelle Paresys, Images de l’Autre vêtu à la Renaissance le recueil d’habits de François Desprez 1562-1567 », Journal de la Renaissance, vol. 4, mai 2006, p. de page Table des illustrations Titre Fig. 1 - École française, Henri II, 1555, huile sur bois 109 × 77 cm. Le Puy-en-Velay, musée Crozatier, inv. Inscriptions HENRICVS II FRAC / REX XRIANISSIMVS / ANNO ÆTATIS SVÆ / XXXVII – 1555 URL Fichier image/jpeg, 92k Titre Fig. 2 - D’après François Clouet, Henri II, roi de France en 1547, 1559, huile sur bois 30 × 22 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, MV 3175. Copie d’un original conservé au Louvre. URL Fichier image/jpeg, 180k Titre Fig. 3 - D’après François Clouet, Catherine de Médicis, reine de France, vers 1556, huile sur bois 31 × 22 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, MV 3179. URL Fichier image/jpeg, 120k Haut de page Pour citer cet article Référence électronique Isabelle Paresys, Vêtir les souverains français à la Renaissance les garde-robes d’Henri II et de Catherine de Médicis en 1556 et 1557 », Apparences [En ligne], 6 2015, mis en ligne le 25 août 2015, consulté le 17 août 2022. URL ; DOI de page TRAITEDE LA VIGNE ET DE SES PRODUITS CORBEIL. — IMPRIMERIE B. RENAUD ET i TRAITÉ DE LA VIGNE ET DE SES PRODUITS comprenant : L HISTOIRE DE LA VIGNE ET DU VIN DANS TOUS LES TEM Ma sorcière bien-aimée Présentation Présentation Elizabeth Montgomery dans... Ma Sorcière Bien-Aimée ! » avec la petite musique guillerette, et le dessin-animé façon cartoon qui allait bien. Il y a des séries ou des films qui parfois sont inspirés, c'est le cas pour Bewitched », le titre original de Ma Sorcière Bien-Aimée ». S'étalant sur 8 années consécutives, et totalisant 254 épisodes d'une durée de 25mn dont 74 en Noir & Blanc, Ma Sorcière Bien-Aimée » est une série magique, vraiment magique ! Créée par Sol Saks, la série sera réalisée par le mari à l'époque d'Elizabeth Montgomery William Asher. Elle remportera 3 récompenses et aura un Spin-off Tabitha. Et même un remake en série au Japon en 2004. La série eut un tel succès sur la chaîne ABC, que sa concurrente la chaîne NBC se sentit poussée à créer une série destinée à contrer Ma Sorcière Bien-Aimée ». C'est ainsi que naquit en 1965, soit 1 an après le début de Ma Sorcière Bien-Aimée », la série Jinny de Mes Rêves » avec Larry Hagman l'infâme JR Ewing de la série Dallas » en vedette. Et si Ma Sorcière Bien-Aimée » eut un tel engouement, elle le doit en grande partie à ses interprètes. À commencer par Elizabeth Montgomery elle-même. Jouant le rôle de Samantha Stephen en version originale, une épouse modèle, mais également une sorcière sachant remuer son nez cette actrice a vraiment tout pour elle. D'une beauté rarement atteinte, Elizabeth Montgomery n'est pas seulement qu'un physique, et comme certaines actrices, elle arrive à faire passer à l'écran une intelligence, une gentillesse et une douceur hors du commun que cela en crève l'écran. D'une expressivité exceptionnelle, chaque situation de la série émotionnelle ou comme c'est souvent le cas humoristique ! est accentuée et pleinement visualisée par les expressions d'Elizabeth Montgomery. Si la carrière d'Elizabeth Montgomery a commencée avant Bewitched on a pu la voir dans La 4e Dimension », La Revanche du Sicilien », Les Incorruptibles », c'est véritablement cette série-là, qui va la sacraliser. Devenant par la suite la reine des feuilletons télévisés, Elizabeth Montgomery divorcera de William Asher en même temps que la fin de Bewitched » en 1972. Elle tournera jusqu'au début des années 90, avant de mourir en 1995. Prenant des positions sociales importantes au cours de sa vie, elle sera aussi une fidèle amie en restant aux côtés de l'acteur Dick York jusqu'à sa mort. Dick York, justement, interprète Darrin Stephens le mari de Samantha. L'acteur jouant souvent des situations comiques dans la sitcom à la tête et les gestuelles qui rendent les gags pleinement fonctionnels ! C'est parfois gros, mais il y a tellement d'énergie de sa part à l'écran que ça passe sans problème. Mais il ne se contente pas que de cela, en effet, si on peut prendre Bewitched » au premier degré qui est l'humour un autre sous-jacent est également réellement présent et que de nombreux téléspectateurs ne voient pas. Bewitched » sous son aspect comique, est également une merveilleuse histoire d'amour qui balaie les différences entre les êtres. Darrin, amoureux fou de sa femme Samantha, endurera n'importe quel supplice et sera prêt à tout pour la garder. Qu'elle soit une sorcière ou autre, il s'en fiche, il l'aime et consentira à tous les sacrifices pour sa femme. Si cela n'est pas de l'amour, alors qu'est-ce que c'est ?! L'acteur, néanmoins, souffrant d'une blessure grave au dos survenue au cours du film Ceux de Cordura » ne se remettra jamais vraiment et deviendra dépendant aux médicaments. Au cours de la série de Bewitched » malheureusement pour lui, pendant le tournage d'une scène, sa blessure réapparaît et il devra quitter son rôle de Darrin. Il sera alors remplacé en 1969 par Dick Sargent, ce dernier restera à jamais le 2e » Darrin qui n'a pas réussi à faire oublier le premier. Dick York mourra pauvre en 1992 suite à un investissement financier catastrophique. C'est en perdant son argent, que cela lui donnera le désir de s'intéresser à la condition des sans-abris et d'essayer de lutter contre la pauvreté, en contactant par téléphone des politiques, etc. pour les motiver. L'acteur ne pouvant plus bouger de chez lui. Elizabeth Montgomery restera en contact avec lui jusqu'à sa mort comme une fidèle amie qu'elle était. La 3e figure emblématique de Bewitched » n'est autre que Endora, la mère de Samantha, interprétée par Agnes Moorehead et symbolisée dans le générique par un nuage noir cela veut tout dire. Grande actrice, aussi bien au théâtre qu'au cinéma, on a pu la voir dans Citizen Kane », La Septième Croix », Les Passagers de la Nuit », etc. Agnes Moorehead joue à merveille la belle-mère que l'on déteste tous par excellence. Refusant que sa fille ne dégrade sa condition de sorcière en se mariant avec un mortel, elle n'aura qu'un seul et unique but faire craquer Darrin pour qu'il quitte Samantha et usera de tous ses pouvoirs de sorcière pour y parvenir. Sans jamais, hélas pour elle, atteindre son but. Néanmoins, vers la fin de la série, son attitude changera un peu envers Darrin, surtout en constatant que sa fille aime réellement son mari. Agnés Moorehead mourra en 1974. Si ils forment le trio gagnant de la série, Bewitched » est surtout également un subtil mélange d'autres personnages qui se mêlent de la vie du couple et qui la pourrissent sans s'en rendre compte, comme cela se passe bien souvent dans la vie de tous les jours. Ainsi, il y a Lawrence Larry » Tate le patron de Darrin à son agence de publicité, joué par David White Les Incorruptibles », La 4e Dimension », Mon Martien Favori ». Qui n'a d'égale à son amour de l'argent que son sans-gêne envers Darrin & Samantha ! On peut aussi citer l'Oncle Arthur qui est un comique frustré. L'oncle de Samantha, joué par Paul Lynde, est toujours partant pour des sales tours au détriments de ses victimes, du moment que cela le fait rire. Les voisins de Darrin et Samantha ne sont pas en reste non plus, entre les Kravitz, les charmantes nouvelles voisines, etc. Samantha doit faire preuve de patience. Et pareil du côté de Darrin avec le défilé perpétuel de la famille de Samantha de son père Maurice, à sa tante Clara, il devra faire preuve de courage et de ténacité pour garder ses nerfs intact. Surtout si vous ajoutez à cela que même les clients de l'agence de publicité de Darrin s'y mettent aussi. Drôle, attachante, amusante, ensorceleuse Bewitched » est une série vraiment envoûtante. Son succès immédiat n'a pas secret, est justifié, et la série connaîtra un triomphe international jusqu'au Japon ! En France la série débarquera en 1966 sur la première chaîne de l'ORTF sous le titre Ma Sorcière Bien Aimée », et les noms en vo seront changés comme dans beaucoup de séries, ainsi par exemple, Darrin deviendra Jean-Pierre. C'est Martine Sarcey qui double Elizabeth Montgomery et Daniel Crouet qui double les deux Dick York et Sargent. Gérard Ferrat double David White le patron de Jean-Pierre Alfred Tate en Français. La doublage réalisé à l'époque est de qualité et ne trahi pas l'esprit de la série, au contraire le respect de mise excellent travail. Et si il y a une chose à retenir de la série, outre le fait que Elizabeth Montgomery nous aura montré à l'écran la plus belle incarnation qu'il puisse être faite pour une gentille sorcière, c'est qu'il n'y a pas besoin de violence, ni de sexe, ou d'injures pour qu'une série soit bonne et connaisse le succès. Bewiched » est aussi une fabuleuse histoire d'amour, et finalement nous aimerions tous, nous les hommes, être à la place de Darrin aux côtés de Samantha. Bien que certains épisodes soient rebouclés, ou que certaines histoires soit recyclées ou très similaires au cours des 8 saisons, de même que ce sont toujours les mêmes acteurs qui incarnent des rôles différents c'est vraiment un plaisir à chaque fois de les voir et on ne s'en lasse pas. L'autre point, moins drôle, à noter pour la série, c'est qu'à l'heure actuelle, pratiquement tout le cast de la série tv est décédé que ce soit le principal ou les invités de la série, une véritable hécatombe !. Ah, dernier petit détail qui fut intriguant pendant plusieurs années, et même après l'arrêt de la série c'est bel et bien Elizabeth Montgomery qui jouait le rôle de sa cousine brune Serena. L'actrice jouant les deux rôles sous un autre pseudo pour Serena Pandora Spocks. À noter, le petit dessin-animé qui sert de générique fut conçu par la société d'animation très célèbre Hanna Barbera Le Fantôme de L'Espace », Capitaine Caverne », Scooby-Doo ». L'intégralité de la série soit les 8 saisons est disponible en DVD, malheureusement pour nous la France, les épisodes en Noir & Blanc n'ont pas été disponibles sur les DVD mais ce fut une version colorisée, contrairement aux USA où les américains avaient le choix entre la version colorisée ou la version originale. Personnellement, je trouve que la colorisation de la série est une catastrophe sans nom au même titre que Zorro » et qu'il vaut mieux regarder les saisons en N&B dans leur format d'origine, qui a beaucoup plus de charme et de peps que la version colorisée, avis très personnel je vous l'accorde. Elle est disponible en coffrets séparés ou en un seul regroupant l'intégralité des 8 saisons. À ce jour, pas d'édition BluRay. Spin-Offs Suite au succès de Bewitched », trois ans plus tard, Jerry Mayer décide de créer un Spin-Off à la série en mettant en scène la fille aînée de Samantha et Darrin Tabitha. Ainsi la série tv, Tabitha », voit le jour. Composée de 13 épisodes, l'auteur tente de recomposer le schéma qui a fait le succès de la série originale, mais n'y arrivera pas. Ainsi, Tabitha, jouée par Lisa Hartman La Ferme de la Terreur », Enquête à Berverly Hills », Tout pour ma Fille » est une sorcière célibataire conduisant une coccinelle jaune. On retrouve son frère Adam qui dans cette série est devenu par miracle son frère aîné, et n'a plus aucun pouvoir de sorcier. En fait, il joue le rôle équivalent de son père Darrin et essaye de convaincre Tabitha de ne pas utiliser ses pouvoirs. Cette dernière néanmoins, est encouragée à être une sorcière par sa tante Minerva là aussi, on ne sait d'où elle sort interprétée par Karren Morrow censée reprendre le rôle d'Endora. Tabitha craque pour un beau mortel en la personne de Robert Urich Vega$ » qui joue le rôle de Paul Thurston. Malheureusement la série ne fonctionnera pas et sera vite annulée. En 2004, un remake sera lancé au... Japon ! La série est vraiment aimée là-bas les meilleurs épisodes furent édités en Laserdisc, l'ancêtre du DVD dans les années 90 en 2 magnifiques coffrets, et une courte adaptation en 11 épisodes a vu le jour. Mettant en vedette des acteurs locaux, c'est Ryoko Yonekura qui fait office de Samantha, et Taizo Harada pour le rôle de Darrin. Diffusée sur la chaîne TBS », Bewitched in Tokyo » n'aura eu qu'une courte existence. Néanmoins, les japonais pourront toujours se consoler avec la superbe BOX DVDs sortie en Décembre 2007 et qui regroupe LA TOTALITÉ de Bewitched » non seulement les 254 épisodes de la série originale, mais aussi le spin-off Tabitha » et également le film avec Nicole Kidman. Composé de 54 DVDs Zone 2 – NTSC eh oui, le Japon étant dans la même région que nous ! avec de nombreux goodies, ce coffret en édition limitée en est un comme seul les japonais savent le faire ! Ma Sorcière Bien-Aimée Le Film En 2005, sort le film Bewitched » mettant en vedette Nicole Kidman Batman Forever », Le Pacificateur », Moulin Rouge » dans le rôle d'Isabel Bigelow, Will Ferrel Austin Powers I & II », Un Homme à Femmes », Serial Noceurs » dans le rôle de Jack Wyatt, Shirley MacLaine Mais qui a Tué Harry ? », Artistes et Modèles », Potins de Femmes » pour le rôle de Iris Smythson et Michael Caine Batman Begins », Le Casse du Siècle », Pulsions » dans le rôle de Nigel Bigelow. Eh oui, car en fait, l'histoire est la suivante un reboot de la série Bewitched » va être lancé, et Jack Wyatt acteur qui cherche a relancer sa carrière et qui joue le rôle de Darrin Stephen tombe sur Isabel Bigelow à qui il demande de jouer le rôle de Samantha sa femme sorcière à l'écran. Isabel est ravie, car c'est une vraie sorcière qui cherche à mener une vie normale. Malheureusement, le tournage montrera des aspects peu reluisants de Jack Wyatt, et des membres de la famille d'Isabel viendront perturber le tournage de la série. Alors, honnêtement, je n'ai pas un énorme souvenir de ce film la seule chose dont je me souviens réellement, c'est qu'il est très mauvais ! Il est à éviter. On est à des années-lumières de l'esprit de la série originale, et on s'ennuie à mourir du début à la fin du film. Rien n'est bon dedans, tout est vraiment à jeter un conseil, rester sur la série des années 60, et ne perdez pas votre temps à regarder ce navet ! D'ailleurs le public ne s'y est pas trompé et le film fut un échec. D'un budget de 85 millions de dollars, il rapportera tout juste 132 millions de recettes mondiales. Recevant les plus mauvaises critiques de la part des fans. Le film est disponible en DVD. Retour à l'index Toucher le fond… Broken - Part 1 Ma sorcière bien-aimée Saison 1 1. UN CONTE DE... SORCIÈRE I, DARRIN, TAKE THIS WITCH SAMANTHA Résumé Samantha et Jean-Pierre se rencontrent plusieurs fois, tombent amoureux l'un de l'autre et finissent par se marier. Mais lors de leur lune de miel, Jean-Pierre a la désagréable surprise de voir que des phénomènes étranges se produisent. Samantha sous la pression de sa mère Endora, avoue à Jean-Pierre qu'elle est une sorcière. Et lui fait la promesse de ne plus utiliser ses pouvoirs magiques. Mais alors qu'ils sont invités chez l'ancienne petite amie de Jean-Pierre, Sheila, Samantha devant les moqueries de celle-ci ne peut s'empêcher de recourir à la magie. La vie de couple de Jean-Pierre sera animée. Critique Dès le début de l'épisode ça commence fort, et nous décroche déjà des rires avec seulement le gag de Jean-Pierre qui se retrouve téléporté dans le hall de l'hôtel en pyjama, là où ils se trouvent pour passer leur lune de miel avec Samantha, par Endora la mère de Samantha. Le gag se répète plusieurs fois et rien que la tête du réceptionniste donne le ton. Les mimiques de Dick York Le Bal des Cinglés », Ceux de Cordura », La 4e Dimension » qui incarne Jean-Pierre accentue l'effet, et ça marche. La jolie Samantha jouée par Elizabeth Montgomery La 4e Dimension », Les Incorruptibles », Rawhide » n'est pas en reste. Néanmoins, visiblement tout n'est pas encore bien défini dans ce 1er épisode en ce qui concerne la magie de Samantha elle utilise beaucoup de formules, et ne remue pas systématiquement son nez pour utiliser ses pouvoirs. Même si la série ne peut pas nier le fait que ça se passe dans les années 60, notamment à cause des coiffures, tenues, voitures, etc. les décors ne font pas encore trop kitch. À noter que pour cet épisode, Jean-Pierre et Samantha sont censés être en appartement, mais que l'agencement de celui-ci ressemble tout même furieusement au futur décor de leur maison. Endora jouée par Agnes Moorehead La Septième Croix », La Cité de la Peur », La Conquête de l'Ouest » ne fait ici qu'une toute petite apparition mais commence déjà à empoisonner la vie de Jean-Pierre pour notre plus grand plaisir. Après le gag de l'hôtel, viendra une scène récurrente de la série tv Jean-Pierre qui va à son bar favori pour confier ses problèmes à un ami qui ne l'écoute pas. Puis d'autres de ses connaissances qui ne sont pas plus ouverts à écouter ce qu'il raconte. La remarque du barman à propos de sa femme en dit long et nous décroche fatalement un rire ! Enfin, l'épisode se termine chez Sheila, interprétée par Nancy Kovack Jason et Les Argonautes », Des Agents Très Spéciaux », Star-Trek Classic » qui se retrouve prise à son propre piège et s'en voit de toutes les couleurs grâce à la magie de Samantha. Sheila, reviendra dans un autre épisode de la série avec à peu près le même scénario et les mêmes déboires pour celle-ci. À noter l'épisode est crédité pour l'écriture par Sol Saks et pour la création de la série tv, William Asher le mari d'Elizabeth Montgomery à l'époque en tant que réalisateur. Les effets sont simples et on ne voit pas trop les trucages dans celui-ci. Si il ne fait pas parti des meilleurs épisodes, il commence néanmoins assez bien la série et communique déjà ce que sera celle-ci du rire et de la bonne humeur pendant la majeure partie de l'épisode. La partie émotion dans ce 1er épisode n'est pas très présente, mis à part le fait d'une ou deux scènes ou Jean-Pierre témoigne son amour à sa femme en passant sur le fait qu'elle est une sorcière et qu'il désire la garder comme sa femme. Petit détail amusant, Jean-Pierre dans ce premier épisode s'adresse à la caméra comme si il nous parler à nous téléspectateurs. Je crois que ce sera le seul épisode, dans les autres de la série, cela ne se reproduira plus. Le thème musical, d'Howard Greenfield, Jack Keller et Warren Barker colle parfaitement à la série, comment dire il est gentillet » à souhait, j'adore. Les bases sont posées dès le premier épisode, en avant pour les fous rires, et les situations burlesques des épisodes suivants ! Retour à l'index 2. LA NOUVELLE MAISON BE IT EVER SO MORTGAGED Résumé Samantha et Jean-Pierre vivent toujours dans leur appartement, et Samantha doit subir les quolibets de sa mère Endora sur Jean-Pierre. Mais Jean-Pierre revient et fait part à Samantha d'acheter une maison pour eux deux, Samantha va visiter la dite maison avec sa mère. Toutes deux utilisent la magie pour voir ce qu'ils pourront faire en décoration, et les premiers problèmes avec leurs nouveaux voisins les Kravitz commencent. Critique Deuxième épisode de la série tv. Je trouve qu'il n'est pas meilleur que le 1er. Et il traîne un peu en longueur. Dans celui-ci, Jean-Pierre et Samantha vont changer de lieu, et on nous montre déjà ce que sera le nouveau cadre de vie du couple. La série ne donne pas encore son plein potentiel en matière d'humour, malgré la présence pour la seconde fois d'affilée d'Endora avec ses remarques désobligeantes et cyniques envers Jean-Pierre. Épisode classique donc, qui décrochera à peine quelques rires. On commence également à introduire des nouveaux personnages en la personne des nouveaux voisins du couple Charlotte et Albert Kravitz. Charlotte Kravitz Gladys » en vo est ici incarnée par l'actrice Alice Pearce Un Jour à New-York », Les Lycéennes », Jerry Chez les Cinoques » la première version de Charlotte, en effet, celle-ci sera remplacée ensuite par Sandra Gould à partir de la saison 3. George Tobias joue le rôle d'Albert Kravitz Abner » en vo, l'acteur ne changera pas jusqu'à la fin de la série tv. À noter qu'Endora lit dans cet épisode la fameuse revue Harpies » que l'on retrouvera tout au long de la série tv. Samantha fait le discours de ne plus recourir à la magie, mais ne se gêne pas de l'utiliser dès qu'elle le peut dans sa nouvelle futur maison par exemple. Et Endora commence à ne pas retenir le prénom de Jean-Pierre. Ce qui est un peu gênant, c'est le discours d'introduction comme pour l'épisode pilote du narrateur et le fait qu'on insiste bien sur la femme au foyer modèle qui doit préparer la cuisine, etc. Enfin, Endora, comme Jean-Pierre dans le pilote s'adresse à nous dans les dernières secondes de l'épisode en certifiant que le mariage entre sa fille et Jean-Pierre ne tiendra pas. Pour finir, on met en place le gag de Charlotte qui voit ce que sait faire Samantha en magie mais hélas pour elle, jamais son mari, et dont celui-ci qui est blasé par les délires de sa femme lui fait avaler son médicament pour la calmer. Les effets spéciaux sont ici rudimentaires, on a surtout droit à du trucage d'image. Un épisode moyen, on attend mieux de la série, surtout que là aussi le côté émotion n'est pas très présent. Retour à l'index 3. LE CHIEN IT SHOULDN'T HAPPEN TO A DOG Résumé Samantha et Jean-Pierre ont emménagés dans leur nouvelle maison, et Jean-Pierre reçoit un très gros client, M. Braillard, avec qui il doit signer un contrat. Pour cela, Samantha doit faire un dîner pour une soirée chez eux, mais Braillard lui fait des avances et Samantha le change en chien. Après pas mal de péripéties, il redeviendra un humain et signera son contrat avec l'agence de Jean-Pierre. Critique On commence à avoir un épisode au-dessus des deux premiers. À noter, Jean-Pierre et Samantha sont déjà dans leur nouvelle maison, et celle-ci est entièrement équipée ! Pas de voix-off cette fois-ci du narrateur en introduction. Il est tout simplement drôlissime à souhait, Jean-Pierre et Samantha reçoivent le premier client empoisonneur de l'agence de Jean-Pierre M. Braillard en Français Rex Barker » en vo interprété par Jack Warden Le Virginien », Les Envahisseurs » et qui fait des avances à Samantha. Celle-ci le change en chien et commence alors les mésaventures de ce pauvre chien. Il faut voir la scène où il se fait courser par le chat et où Endora ne peut s'empêcher de ricaner. On assiste à la première dispute de Jean-Pierre et Samantha, qui sera un fil récurrent de la série également. Dans les dialogues amusants choc » à retenir, Jean-Pierre qui dit à Samantha à propos de son client changé en chien Toi, tu n'es que ma femme, alors que lui, c'est ma situation ! ». On amène encore des nouveaux personnages en la personne du patron sans gêne de Jean-Pierre Alfred Tate Larry Tate » en vo joué par David White Les Incorruptibles », Alfred Hitchcock Présente », La 4e Dimension » qui gardera le rôle jusqu'à la fin de la série tv. Il ordonne à Jean-Pierre sans ménagement de leur faire une soirée grandiose, pour que le client signe. On découvre également sa femme Louise Tate interprétée par la très jolie Irene Vernon. Celle-ci sera remplacée à partir de la saison 3 de la série par Kasey Rogers. Beaucoup de fans de la série, néanmoins, ont une préférence pour Irene Vernon qu'ils trouvaient plus belle. On a également dans cet épisode la présence de Grace Lee Whitney jouant le rôle de Babs » la petite amie de Braillard. Les fans auront reconnu alors ici l'actrice qui jouera Janice Rand, l'aide du Capitaine Kirk, quelques années plus tard dans la célèbre série tv Star-Trek Classic ». Samantha remue désormais son nez pour utiliser sa magie, pour le plus grand plaisir d'Endora. Les mimiques de Jean-Pierre sont communicatives pour le rire, on en redemande pour les épisodes à venir. Retour à l'index 4. AH ! LES BELLES-MÈRES ! MOTHER MEETS WHAT'S-HIS-NAME Résumé C'est une journée de folle pour Samantha, non seulement d'avoir sa mère à la maison, elle reçoit également le comité de la joie à la maison » dans lequel officie Charlotte Kravitz. Qui trouve encore des choses étranges chez les Steven et la rend à nouveau souffrante. Et Jean-Pierre rencontre pour la première fois, la mère de Samantha Endora. Mais la rencontre se passe mal et désormais Jean-Pierre a un ennemi à vie en la personne d'Endora. Critique C'est enfin la grande rencontre entre Jean-Pierre et Endora ! Et cela se passe mal dès le premier instant. Jean-Pierre se créant ainsi en la personne d'Endora, sa bête noire, qui n'aura de cesse de le martyriser tout au long de la série. Dans les séquences très drôles, on peut noter celle au début de l'épisode où Samantha tente d'expliquer le base-ball à Endora. Vient ensuite, le gag avec Charlotte Kravitz et le comité dans lequel elle est membre. Cet épisode n'est pas le meilleur et n'est pas dans le haut du panier. À noter, qu'Endora lit une fois encore la revue Harpies » dans cet épisode, dont il me semble d'ailleurs, que c'est le même exemplaire que la fois précédente. Néanmoins, la fin se termine sur une touche d'émotion, lorsque Jean-Pierre dit à Samantha qu'elle doit le trouver idiot de vouloir vivre simplement par ses propres moyens. Et qu'il a peur d'être transformé en artichaut par Endora, Samantha lui dit alors qu'elle veut ce que lui veut et qu'elle se transformerait elle aussi en artichaut si c'était le cas. Jean-Pierre et Samantha ne sont pas encore totalement installés dans cet épisode, il leur manque encore de la vaisselle, et n'ont pas encore le téléphone, ce qui permet de créer un effet comique avec Charlotte Kravitz. Et nous avons encore l'horrible voix du narrateur au début de l'épisode. Retour à l'index 5. DEUX TÊTES VALENT MIEUX QU'UNE HELP, HELP, DON'T SAVE ME Résumé Jean-Pierre doit trouver une campagne publicitaire pour un gros client Caldwell. Mais il n'arrive pas à trouver d'idée accrocheuse. Samantha qui désire l'aider, lui apporte alors quelques slogans. Jean-Pierre adore et pense que Samantha a utilisé une fois de plus la magie pour le sortir de l'impasse. Une dispute éclate entre eux et Samantha quitte la maison. Mais le client déteste les idées de Samantha et Jean-Pierre se rend compte qu'il ne peut vivre sans elle, Samantha revient au domicile, et Jean-Pierre trouve enfin une idée de slogan grâce à elle. Critique Encore un épisode qui n'est pas très amusant, et qui n'est pas parmi les meilleurs. Première dispute entre Jean-Pierre et Samantha, et premier épisode où nous voyons Samantha en tenue de sorcière. Celle-ci n'est pas définitive et changera au cours de la série. Seule la séquence entre Jean-Pierre et Alfred arrive à décrocher quelques bons rires, on commence à cerner qu'Alfred n'est obnubilé que par l'argent et il se fiche complètement que Jean-Pierre ai perdu sa femme, seule la perte du client le met dans tous ses états. Le client Caldwell est joué par Charlie Ruggles La Femme de sa Vie », Vingt-Cinq ans de Fiançailles », Il a Suffit d'une Nuit », un vieux monsieur qui a l'air totalement perdu dans les méandres des nouvelles techniques commerciales. Mais lui aussi n'est pas réellement hilarant. Bref, un épisode sympathique sans plus. Retour à l'index 6. LE PROTÉGÉ DE SAMANTHA LITTLE PITCHERS HAVE BIG FEARS Résumé Jean-Guy, un jeune garçon couvé par sa mère, vient rendre visite tous les matins à Samantha depuis quelques semaines. Sa mère est tellement inquiète pour lui, qu'il n'a pratiquement rien le droit de manger, ou de faire. Samantha décide alors de prendre les choses en main et l'inscrit dans une équipe de Baseball, la mère de Jean-Guy ne le supporte pas. Mais après avoir vu que son fils s'amusait, elle acceptera qu'il y reste. Critique Un autre épisode pas très marrant, néanmoins l'histoire du petit garçon couvé par sa mère et sans ami est assez touchante. Tout comme les intentions louables de Samantha pour tenter de faire comprendre à la mère de Jean-Guy qu'elle doit le laisser vivre un peu. À noter qu'au début de l'épisode cette fois-ci à la place du narrateur, nous avons une petite scénette d'un vendeur de brosses qui vient enquiquiner Samantha. Le vendeur est Art Lewis Mission Impossible », Le Fugitif », Mannix » qui reviendra un peu plus tard dans un autre épisode. Jean-Guy Marshall Burns » en vo est interprété par Jimmy Mathers dont la carrière à l'écran ne fut pas très longue, elle s'arrêta en 1968. Par contre sa mère n'est autre que June Lockhart actrice très connue pour avoir interprété le Dr. Maureen Robinson la femme de Guy Williams dans la très célèbre série Perdus dans l'Espace ». Mais pas seulement, elle est également la mère de l'actrice Anne Lockhart, non moins célèbre pour ses rôles dans de nombreuses séries tv des années 80 K2000, Supercopter, Automan, etc. Dans cet épisode, pour la première fois, il n'y a pas d'apparition d'Endora. C'est un épisode assez classique dirons-nous. Retour à l'index 7. LES SORCIÈRES S'UNISSENT THE WITCHES ARE OUT Résumé Samantha reçoit chez elle 3 de ses tantes Tante Marie, Tante Clara et Tante Bertha. Celles-ci entretiennent Samantha à propos de l'image des sorcières telle qu'elle est représentée dans le monde des hommes long nez crochu, grand menton avec des verrues. Jean-Pierre au même moment, reçoit un client qui lui demande justement ce portrait. Samantha s'énerve et Jean-Pierre revoit sa copie, mais est licencié. Samantha et ses tantes se rendent alors chez M. Brinckman le client de Jean-Pierre et le persuade de changer d'avis sur le portrait de la sorcière. Jean-Pierre est réintégré chez son employeur. Critique Un bon épisode sans plus, il ne figure toujours pas parmi les meilleurs. La série met un peu de temps pour vraiment décoller. Néanmoins, cet épisode apporte encore son lot de nouveautés ! Nous découvrons un peu plus la famille de Samantha, ainsi 3 de ses tantes arrivent chez elle Tante Bertha, jouée par Reta Shaw Mary Poppins », Le Cher Disparu », Made in Paris », Tante Mary, interprétée par Madge Blake La Femme Modèle », Batman » la série des années 60, Les Trois Sergents » et enfin pour la première fois Tante Clara, incarnée par Marion Lorne L'Inconnu du Nord Express », Le Lauréat », Sally », et qui reviendra régulièrement. Marion Lorne était une immense actrice de Théâtre, qui était très demandée à Broadway dans les années 20. Après la mort de son mari en 1942, elle part en Angleterre et connaît une seconde grande carrière au théâtre à Londres. Inoubliable dans son rôle de Tante Clara la gaffeuse, en 1968, Elizabeth Montgomery ira chercher l'Emmy Award pour elle, car l'actrice était morte 10 jours avant. Petite anecdote assez amusante, Marion Lorne comme son personnage dans la série avait une réelle passion pour les poignées de porte et possédait chez elle une immense collection de celles-ci. Shelley Berman Boston Justice », Rien que pour vos Cheveux », Motorama » étant M. Brinkman l'obsédé des sorcières aux longs nez. L'acteur est toujours en vie à l'heure actuelle. Les meilleurs moments de l'épisode étant lorsque Jean-Pierre s'offusque devant Brinkman en prenant la cause des sorcières et que le client appelle Alfred. Et ensuite la scène lorsque Samantha et ses tantes viennent rendre visite à Brinkman chez lui. Retour à l'index 8. ÉPOUSE OU SORCIÈRE?WITCH OF WIFE Résumé Alfred part en voyage à Paris pour une affaire et laisse tout son travail à Jean-Pierre. Ce dernier, coincé par son emploi, délaisse Samantha qui s'ennuie. Endora lui fait alors une visite, et propose à Samantha qu'elles aillent déjeuner à Paris. Se laissant entraîner pour aller voir les robes d'un grand couturier, Samantha tombe sur Alfred. Ce dernier invite Samantha et Endora à dîner le soir, et a la bonne idée d'appeler Jean-Pierre pendant le repas pour lui dire que Samantha est là. Une nouvelle dispute éclate au sein du couple. Mais s'aimant l'un et l'autre, ils finissent par se réconcilier. Critique Enfin un épisode qui commence à marquer le ton de la série. Vraiment drôle, il nous arrache des rires pas mal de fois au cours de l'épisode. Les scènes à ne pas manquer sont lorsque Alfred après être tombé sur Samantha a la bonne idée d'appeler Jean-Pierre. Et celle, où Alfred une fois rentré seul au bureau dit qu'il est heureux que Louise soit restée seule à Paris. À noter, la présence dans cet épisode de Raquel Welch Un Colt pour Trois Salopards », L'Animal », Le Voyage Fantastique » dans un petit rôle d'hôtesse de l'air où l'on ne voit même pas son visage. Grande actrice qui aura ensuite la carrière que nous lui connaissons. Dans les scènes marquantes, on a celle où Samantha frappe au hublot de l'avion dans lequel se trouve Jean-Pierre le visage de Samantha rend un effet particulier vraiment bien. Nous revoyons pour la seconde fois la femme d'Alfred Tate, un peu plus longuement cette fois-ci. De même, on peut constater l'attachement de Samantha envers sa mère, mais sans pour autant regretter son ancienne vie contrairement à ce que l'on peut penser pour Endora ! Pour cette dernière, nous avons le sentiment qu'elle est nostalgique de l'époque où elle avait une grande complicité avec sa fille, c'est peut-être pour cela aussi qu'elle en veut à Jean-Pierre. Samantha, dans cet épisode, montre également l'amour sincère qu'elle éprouve envers Jean-Pierre et la réciproque est vraie. Ce qui nous donne au final un joli petit moment d'émotion. Enfin, on peut apprécier des images de Paris avec la tour Eiffel et l'avenue des Champs-Élysées dans les années 60, ça fait toujours plaisir de voir des clichés de notre pays dans des séries étrangères. Bon épisode, on en espère d'autres comme celui-ci. Retour à l'index 9. L'INTERVIEWTHE GIRL REPORTER Résumé Jean-Pierre est interviewé par une jeune et jolie étudiante, pour lui montrer le travail de publicitaire, il décide de l'emmener à son agence. Peu après leur départ, Samantha reçoit la visite du petit ami de la jolie étudiante. Au bureau, Annette, la jolie étudiante cherche à séduire Jean-Pierre. Samantha tente de calmer son petit ami, lorsqu'ils rentrent. Les deux jeunes gens repartent ensemble et Samantha commence à se disputer avec Jean-Pierre. Annette dit alors à son petit ami que c'est Jean-Pierre le responsable, le petit ami revient et tente de mettre une raclée à Jean-Pierre, mais Samantha le protège avec ses pouvoirs. Jean-Pierre reçoit tout de même une gifle d'Annette. Jean-Pierre et Samantha se réconcilient. Critique La série démarre enfin sur sa lancée comique, et enchaîne avec cet épisode un nouveau vraiment très drôle. Entre la jolie Annette Liza Randall en vo interprétée par Cheryl Holdrige Les hommes volants », L'Homme à la Carabine », La Grande Caravane » qui donne des sueurs froides à Samantha et qui fait retomber Jean-Pierre en adolescence, et le petit ami d'Annette, surnommé Le Monstre » joué par Roger Ewing Rawhide », Gunsmoke » jaloux à souhait et qui ne cherche qu'une chose casser la figure à Jean-Pierre, Samantha a fort à faire dans cet épisode. Le moment fort de l'épisode est sans aucun doute, lorsque Samantha et Jean-Pierre se retrouvent enfin seuls après le départ d'Annette et de Marvin et qu'une nouvelle dispute commence avant que les deux adolescents ne reviennent. Ceux-ci s'accusant mutuellement d'être ridicule, et Jean-Pierre de montrer une assez mauvaise foi. La scène où Marvin essaye de frapper Jean-Pierre et que ce dernier est protégé par Samantha est un régal d'ailleurs cette astuce sera réutilisée dans d'autres épisodes, Jean-Pierre ne pouvant soutenir un combat. Néanmoins, Samantha ne le protège pas contre la gifle d'Annette. L'autre scène délicieuse est lorsque Annette se retrouve sur Jean-Pierre et que Alfred entre avec un client à ce moment-là dans son bureau, après avoir vanté la bonne tenue de sa société publicitaire. L'astuce employée par Alfred est alors un moment savoureux. Bref, un bon épisode que l'on ne voit pas passer et dont on espère que la série va continuer à nous fournir. Retour à l'index 10. UNE FAMILLE HEUREUSE JUST ONE HAPPY FAMILY Résumé Jean-Pierre se voit annoncer par Samantha que son père Maurice va venir leur rendre visite, or le père de Samantha ne sait pas encore que Jean-Pierre n'est qu'un être humain normal et non un sorcier. Endora et Samantha font tout pour que Maurice ne découvre pas la vérité et protéger Jean-Pierre, mais Maurice découvre que Jean-Pierre est humain et l'élimine tout simplement. Mais Samantha lui explique l'amour qu'elle a pour Jean-Pierre et Maurice le ressuscite. Il est forcé d'accepter Jean-Pierre dans la famille. Critique Un excellent épisode, il ne fait pas beaucoup rire, quoique, mais il est très chargé en émotion. Nous faisons de plus, enfin la connaissance du père de Samantha Maurice, interprété par l'acteur Maurice Evans La Planète des Singes », Columbo », Batman » la série tv des années 60. Ce dernier reviendra de temps en temps dans les épisodes de la série tv, mais moins qu'Endora pour empoisonner la vie de Jean-Pierre et Samantha comme les autres membres de la famille de Samantha. Le moment fort, étant lorsque Maurice désintègre Jean-Pierre et parle à Samantha sur un ton hautain et nonchalant comme si la disparition de Jean-Pierre n'était qu'une formalité. Samantha démontre alors l'amour qu'elle a pour Jean-Pierre et l'exprime clairement à son père Je ne peux vivre sans lui, J'en mourrai si il ne revenait pas ! ». Elle n'hésite d'ailleurs pas à prononcer une formule de bannissement contre son père, qui malgré lui est contraint d'accepter le fait que sa fille aime un humain. La scène où Maurice fait sa représentation théâtrale pour ramener Jean-Pierre n'est vraiment pas une réussite. Mais, il est à noter que pour une fois, Endora se place du côté de Jean-Pierre et menace même Maurice de reprendre la vie commune avec lui, si il ne ressuscite pas Jean-Pierre. La scène dans le bar avec Alfred est une nouveauté, mais deviendra un classique de la série également. Bon épisode, certes moins drôle que d'habitude, quoique la scène avec Endora dans le frigo ou dans la tasse du placard vaut le détour, mais tellement émouvant par l'amour que porte Samantha à son mari Jean-Pierre. À noter, qu'on a abandonner la voix du narrateur pour un petit sketch avant chaque épisode et une incohérence de la série en effet, plus tard dans d'autres épisodes, lorsque Jean-Pierre recevra un sort d'Endora, Samantha lui indique une règle que seule la sorcière qui a jeté un sort peut le lever. Or là, Samantha rechange Jean-Pierre transformé en journal par Endora en être humain. Ce genre d'erreur reviendra au cours de la série. Retour à l'index 11. SORCIÈRE CONTRE SORCIÈRE IT TAKES ONE TO KNOW ONE Résumé Jean-Pierre est sur une nouvelle campagne publicitaire, et cherche désespérément un modèle pour celle-ci. Jusqu'au moment où une sublime femme se présente dans son bureau Janine Fleur. Mais en fait, celle-ci est une sorcière du nom de Sarah Baker chargée par Endora de séduire Jean-Pierre. Samantha le découvre, et un duel commence alors avec Sarah pour qu'elle n'ensorcelle pas Jean-Pierre. Finalement, Samantha gagne et Sarah se retrouve le bec dans l'eau. Critique Un nouvel épisode bien amusant, cette fois-ci Jean-Pierre est mis à l'épreuve avec une autre femme par Endora. Celle-ci est une sorcière et se fait appeler Janine Fleur, interprétée par Lisa Seagram Cher Oncle Bill », Annie Agent Très Spécial », Batman » la série tv des années 60 qui est une magnifique femme brune. Samantha découvre la supercherie et décide de contre carrer les plans de Janine, qui se nomme en réalité Sarah Baker. Les moments forts de l'épisode sont lorsque Samantha fige tout le monde dans le restaurant pour démasquer Sarah à noter qu'au départ ce sont les acteurs qui s'immobilisent, puis ensuite lorsque Endora parle avec Sarah après le départ de Samantha, c'est un écran incrusté derrière elles, avec la fameuse phrase de Samantha personne ne serait en sécurité avec cette chevaucheuse de balais ! ». Puis ensuite lorsque Jean-Pierre et Alfred se rendent dans l'appartement de Sarah pour discuter de la campagne de publicité. Le comportement d'Alfred ne comprenant pas ce qui lui arrive, s'endormant à vitesse grand V », et ses propos incohérents sont un pur délice. De même que la scène avec le photographe. La séquence de fin est tout simplement exquise Samantha ne pouvant s'empêcher de détériorer l'image de Sarah sur la photo de la publicité qu'a Jean-Pierre dans son bureau. Retour à l'index 12. UN BÉBÉ POUR BIENTÔT AND SOMETHING MAKES THREE Résumé Louise téléphone à Samantha pour venir la voir en urgence elle est enceinte et Alfred n'est pas encore au courant. Alfred croise Louise et Samantha rentrant chez le gynécologue et s'imagine en entendant une phrase de Samantha que c'est elle qui est enceinte. Jean-Pierre se fait un cinéma en ne sachant pas ce que sera leur enfant. Mais finalement, Alfred fini par savoir que c'est Louise qui est enceinte et il est enchanté. Critique Louise va avoir un enfant et c'est à Samantha qu'elle l'annonce, car elle a peur de la réaction d'Alfred. Cet épisode reste dans la bonne lignée des précédents. Et Irene Vernon est vraiment une très jolie actrice. On aurait pu penser comme Alfred qu'avec le titre de l'épisode, ce soit Samantha qui soit enceinte, mais il prend tout le monde à contre-pied. Le moment fort de l'épisode est sans aucun doute lorsque Jean-Pierre croyant que Samantha attend un bébé après les dires d'Alfred s'imagine que tous ses enfants seront des sorciers et sorcières se déplaçant sur des balais. À noter un petit clin d'œil, l'une des filles de Jean-Pierre qui est turbulente se nomme Endora ! Un fil rouge est mis en place dès le début de l'épisode avec Charlotte Kravitz qui voit Samantha plonger dans une piscine qu'ils n'ont pas ! Pendant tout l'épisode nous verrons donc Charlotte essayer de trouver la piscine de Samantha et cette dernière de conclure à la fin de l'épisode l'histoire en sachant que Charlotte l'espionne. Un joli moment d'émotion lorsque Alfred apprend qu'il va être père, on voit alors l'amour qu'il éprouve pour Louise et toute la douceur de cette dernière. Retour à l'index 13. L'AMOUR EST AVEUGLE LOVE IS BLIND Résumé Gertrude, une amie de Samantha qui est une vieille fille seule, cherche à se caser. Samantha pense alors à un beau garçon qui est un collègue de travail de Jean-Pierre Robert. Invités tous les deux, ils ont un vrai coup de foudre, et Robert demande à Gertrude de l'épouser. Mais Jean-Pierre pense que Gertrude est une sorcière et tente de briser leur liaison. Mais Samantha persévère, et Robert se marie avec Gertrude. Critique Un épisode une fois de plus qui n'est pas totalement axé sur la comédie, mais surtout sur les sentiments. Dans le rôle du beau Robert Kermit » en vo nous retrouvons tout simplement Adam West, le célèbre Batman de la série des années 60 ! Cet épisode de Ma Sorcière Bien Aimée » étant deux ans avant la série de Batman. Et pour Gertrude, elle est incarnée par Kit Smythe L'Homme à la Rolls », Gunsmoke », Sergent Anderson ». Samantha utilise pas mal ses pouvoirs tout au long de l'épisode pour donner un coup de pouce à Gertrude avec Robert. Même la scène avec le mannequin au restaurant n'est pas un pur délire de rire. Bref un épisode qui se laisse regarder mais qui ne vous décrochera pas la mâchoire. Retour à l'index 14. LES BEAUX-PARENTS SAMANTHA MEETS THE FOLKS Résumé Samantha et Jean-Pierre reçoivent la visite des parents de ce dernier. Mais Tante Clara arrive également et passe le weekend chez eux aussi. La mère de Jean-Pierre ne fait que critiquer Samantha, tandis que Tante Clara au grand dam de Jean-Pierre essaye d'arranger les choses avec la sorcellerie. Mais en fait la mère de Jean-Pierre avait peur de perdre son fils pour Samantha. Jean-Pierre ramène alors Tante Clara qui était partie après une discussion entre eux. La famille est réunie. Critique L'épisode avec la première visite des parents de Jean-Pierre, on continue dans les épisodes un peu faibles de la série. En effet, une fois encore, c'est plus sur le côté émotionnel que cet épisode joue. Le sujet étant la peur des mères de perdre leur enfant lorsqu'ils quittent le nid familial. La mère de Jean-Pierre, Phyllis jouée par Mabel Albetson La Toile d'Araignée », Les Feux de l'été », Les Mystères de L'Ouest », ne fait que dénigrer sa belle fille dès son arrivée à leur maison, tandis que le père de Jean-Pierre, Frank incarné par Robert F. Simon Les Incorruptibles », L'Homme qui Valait 3 Milliards », L'Homme qui tua Liberty Valance » lui, l'adore. À noter d'ailleurs que là aussi, les deux acteurs ne changeront pas durant toute la série pour les parents de Jean-Pierre. Pour compliquer le tout, Tante Clara leur rend visite au même moment et va utiliser la sorcellerie pour aider Samantha face à sa belle-mère. Même si le gag du coq vivant dans la marmite fait sourire, il ne sera pas assez drôle pour vous faire tordre de rire, et ceux de la cheminée et de se cogner dans le mur est un peu du réchauffé, le reste est plutôt ce que ressent Samantha face à sa belle-mère. La discussion entre Jean-Pierre et Tante Clara est d'ailleurs assez triste. Mais au final tout fini par rentrer dans l'ordre à la fin. Donc un épisode assez faible. Retour à l'index 15. LA JOIE DE NOËL A VISION OF SUGAR PLUMS Résumé Jean-Pierre et Samantha adoptent un enfant de l'orphelinat le temps des fêtes de Noël. Mais celui-ci est un garçon difficile, et de plus Michel ne croit pas au père Noël. Malgré le déguisement de Jean-Pierre, il n'y a rien à faire. Samantha décide alors de l'emmener voir le vrai père Noël au Pôle Nord. Michel revient à de meilleurs sentiments et une famille vient pour l'adopter. Critique C'est un épisode spécial Noël, donc, il parle du père Noël. Toujours dans la continuité des précédents épisodes, c'est encore un épisode pas hilarant mais qui met l'accent sur les bons sentiments pendant les fêtes de fin d'année. Michel incarné par Bill Mummy Perdus dans L'Espace » dans le rôle de Will Robinson, La 4e Dimension », Babylon 5 » ne croit pas du tout au père Noël et en le voyant désabusé, Samantha décide de lui révéler qu'elle est une sorcière et que le père Noël existe vraiment. À noter que Bill Mummy reviendra dans un autre épisode de la série en incarnant Jean-Pierre lorsqu'il était enfant. Santa Claus est incarné par Cecil Kellaway L'Homme à la Rolls », Le Plus Grand Chapiteau du Monde », La 4e Dimension » et fait un passage très émouvant avec le petit laïus qu'il tient à Michel pour lui redonner confiance dans la magie de Noël. À noter cet épisode inaugure la nouvelle tenue de Samantha lorsqu'elle est en sorcière et sera la même pour le reste de la série. D'une tenue opaque auparavant, on a le droit à une tenue transparente avec des habits en dessous. C'est un peu plus sexy » on va dire. De même Mme Grange est incarnée par Sara Seegar, l'actrice fera plusieurs apparition dans la série sous des personnages différents à chaque fois. Charlotte Kravitz voit de sa fenêtre Jean-Pierre, Michel et Samantha sur le balais de cette dernière, mais une fois de plus Albert n'y croit pas et pense qu'elle fait ça pour faire croire à Tommy, l'enfant qu'ils ont pour Noël, que le père Noël existe. À la fin de l'épisode, Michel verra des parents venir et qui veulent l'adopter le père sera un acteur de la série Jeannie de Mes Rêves » la concurrente de Ma Sorcière Bien Aimée, grâce à Samantha il fait des efforts pour être plus gentil et moins sauvage. Un épisode qui décrochera quelques sourires mais pas plus, envahi par la magie de Noël. Retour à l'index 16. LE MAGICIEN IT'S MAGIC Résumé Samantha se fait avoir par le comité dont elle fait partie elle est nommée présidente pour animer la prochaine fête qui aura lieu avec un budget de 50$. Grâce au serveur du restaurant où elles sont réunies, Samantha obtient l'adresse d'un magicien raté Le grand Zeno. Mais ce dernier est de surcroît alcoolique. Samantha décide de l'aider pour relancer sa carrière et ça marche. Zeno retrouve la scène et la télévision pour des engagements. Critique Enfin un épisode qui reprend le dessus sur le côté comique. Samantha décide cette fois-ci d'aider un magicien à la carrière ratée, le Grand Zeno interprété par Walter Burke La 4e Dimension », Gunsmoke », Bonanza ». Celui-ci, accompagné d'une assistante qui n'est autre qu'une arriviste Wallies Roxie Ames en vo jouée par Virginia Martin se retrouve seul car Wallies n'a pas le succès qu'elle aimerait. À noter que l'actrice reviendra dans la série tv dans la peau d'un autre personnage. Mais dès que la carrière de Zeno repart à la télévision, Wallies revient comme par enchantement pour gâcher les tours de Zeno. Mais Samantha veille au grain. Outre les tours de Samantha, il y a un ou deux grands moments qui font bien rire surtout la scène où Samantha fait voir des apparitions à Zeno, celle du perroquet étant la plus drôle ! De plus les mimiques de l'acteur qui incarne Zeno font le reste du travail. Nous revoyons pour la seconde fois, le comité auquel Samantha appartient et dont Charlotte Kravitz fait aussi parti. Un épisode comme on aime en voir dans la série. Retour à l'index 17. TRANSFERT DE POUVOIR A IS FOR AARDVARK Résumé Jean-Pierre en voulant aller fermer la porte de derrière de leur maison, tombe dans l'escalier et se fait une entorse, il est cloué au lit pour plusieurs jours. N'en pouvant plus de servir Jean-Pierre, Samantha décide de lui attribuer quelques pouvoirs. Mais Jean-Pierre s'enivre du pouvoir et commence à vouloir des choses démesurées, il démissionne même de l'agence d'Alfred. Mais il finit par redevenir lui-même et demande à Samantha de remonter le temps pour n'avoir jamais à utiliser la magie. Critique Un excellent épisode, encore une fois, il n'est pas complètement axé sur le comique des situations mais une fois encore sur l'amour qu'éprouve Samantha envers Jean-Pierre et la vie qu'elle mène avec lui. Le moment fort de l'épisode étant sans conteste lorsqu'ils vont partir de leur maison, et que Samantha en rejoignant Jean-Pierre reçoit le cadeau qu'il a acheté quelques semaines auparavant de goûter à la magie, et que Samantha exprime alors toute l'émotion qu'elle a envers Jean-Pierre, rien que pour cette scène, l'épisode vaut largement ses trois bottes. Vous aurez quand même droit à quelques sourires également avec la moquerie d'Endora, et la scène entre Jean-Pierre et Alfred Tate lorsque ce dernier apprend que Jean-Pierre démissionne de son agence. Enfin, on voit Jean-Pierre fumer une cigarette, et comme toutes les femmes de la télévision, Samantha se couche en étant maquillée. À noter enfin, que la tenue décontractée que porte Samantha dans l'épisode pourrait fort bien coller à l'époque actuelle. Autre petit détail sur le couple, dans cet épisode cela fait donc déjà 6 mois que Samantha et Jean-Pierre sont mariés. Instant mémorable de la série, c'est le premier épisode où Endora prononce convenablement le prénom de Jean-Pierre. Excellent épisode, la série commence à trouver peu à peu son rythme de croisière. Retour à l'index 18. LE CHAT ET LE PÉLICAN THE CAT'S MEOW Résumé Jean-Pierre est sur une nouvelle campagne de publicité d'un budget de 1 million de dollars. Mais son travail doit être approuvé par la directrice de la maison cliente Margaret Marshall une jolie blonde incendiaire. Celle-ci le fait venir sur son bateau personnel pour être seule avec Jean-Pierre, mais un chat qu'il prend pour Samantha perturbe tout. Heureusement la cliente se rend compte que Jean-Pierre est marié, et signe tout de même le contrat car elle est satisfaite de son travail. Critique Cet épisode est un pur délice, et est vraiment dans l'esprit comique de la série tv, comme il doit l'être. Jean-Pierre doit affronter une nouvelle cliente affriolante Margaret Marshall, incarnée par Martha Hyer L'Homme à la Rolls », Les Détraqués », Opération Vol », et qui veut séduire Jean-Pierre en échange de sa signature pour le contrat de publicité avec sa maison. Mais Jean-Pierre croit que Samantha l'espionne sous la forme d'un chat et perturbe tout. Les séquences de Jean-Pierre avec le chat sont tout simplement mémorables, et l'instant fort de l'épisode est sans aucun doute, lorsque Jean-Pierre monte sur le pont et voit le Pélican. Il pense alors que Samantha s'est retransformée et commence à lui parler. L'attitude du Pélican est juste en parfaite adéquation avec le ridicule de la situation, ce qui la rend si cocasse. Il faut voir les attitudes des servants de Margaret lorsque Jean-Pierre a ses échanges avec les deux bestioles. Exceptionnel. Martha Hyer est de mon point pour le moment, la plus jolie des invitées reçues dans la série tv, et nous révèle par la même occasion ses magnifiques jambes. Finalement à la fin de l'épisode nous apprenons que ce n'était pas Samantha qui était en Pélican mais Endora ! Et de Samantha de lui dire tu n'as jamais été aussi séduisante Maman ! ». Bref, un épisode qui atteint le haut du panier dans la série au niveau de l'humour, et dont on aimerait qu'elle soit sans arrêt comme ça. Retour à l'index 19. ENDORA LA CHARMEUSE A NICE LITTLE DINNER PARTY Résumé Les parents de Jean-Pierre viennent dîner chez eux, mais Endora est invitée elle aussi. Frank fait la connaissance d'Endora et croit en tomber amoureux. Le divorce guette les parents de Jean-Pierre. Mais heureusement, avec l'aide de Samantha et Jean-Pierre, ils se retrouvent à une gare où ils s'étaient rencontrés avant leur mariage et se réconcilient. Critique Endora est une nouvelle fois cause de discorde et cette fois-ci, c'est avec les parents de Jean-Pierre. Une fois de plus, cet épisode ne vous décrochera pas des crises de fous rires, mais est plus axé sur les sentiments. Cette fois-ci c'est l'amour que porte Frank à sa femme qui est mis en avant. La scène où il parle à Samantha avec nostalgie de sa 1ère rencontre avec sa femme est assez émouvante. Et pour une fois, Endora n'est pas trop désagréable avec Jean-Pierre. La scène la plus drôle étant celle dans le train avec la mère de Jean-Pierre et le contrôleur, mais comme je l'ai dit plus haut, elle ne vous décrochera pas la mâchoire. Peu d'effets, juste le fait que Jean-Pierre se retrouve sur le divan une fois de plus. Un épisode classique de la série dirons-nous. Retour à l'index 20. L'ASSISTANT YOUR WITCH IS SHOWING Résumé Samantha ne peut aller au mariage de son cousin Mario en Égypte, car Jean-Pierre a trop de travaille, ce qui énerve Endora qui menace Jean-Pierre de représailles. Au même moment, Jean-Pierre se voit affubler d'un nouvel assistant sur les recommandations d'Alfred Tate Gédéon Witsett. Dès lors tout va mal au travail de Jean-Pierre et il soupçonne Endora d'avoir mis le nouvel assistant en place et qui serait un sorcier. Mais très vite Samantha grâce à la magie découvre qu'il n'est qu'un simple opportuniste, et Jean-Pierre reprend le dessus. Critique Un épisode qui repart dans la bonne humeur, mais qui n'est pas parmi les plus drôles de la série. Néanmoins, il décroche quelques bons rires bienvenus et cela grâce au nouvel assistant de Jean-Pierre Gédéon interprété par Jonathan Daly New-York Cour de Justice », CPO Sharkey », Un Candidat au Poil » et qui a la tête du parfait jeune loup. Ce dernier ne ménagera pas ses efforts pour faire tomber Jean-Pierre et prendre sa place auprès d'Alfred. La scène avec le client M. Woolfe lorsque Jean-Pierre fait sa présentation et que le client parle du costume de Gédéon est juste exquise. Vient ensuite une série de catastrophes qui nous décrochent quelques rires, dont le fameux incendie de la maison miniature et le fait que Jean-Pierre ne trouve rien d'autre que d'arroser Gédéon avec un petit pulvérisateur d'eau que lui a donné Endora en lui faisant croire à un cocktail magique. Le plus drôle étant le final lorsque Samantha lance le sort de la vérité sur Gédéon. Celui-ci change alors de personnalité et montre son vrai visage pour notre plus grand plaisir. À noter que Endora lit un nouveau magazine dans cet épisode New Feature ». Un bon épisode qui repart dans l'humour, thème prioritaire de la série. Retour à l'index 21. LING LING LING LING Résumé Jean-Pierre recherche un modèle pour une nouvelle campagne publicitaire mais n'arrive pas à la trouver alors que ça devient très urgent. Samantha pour aider Jean-Pierre transforme alors une chatte en top modèle. Mais Wally le photographe de l'agence de Jean-Pierre et par ailleurs son ami, tombe amoureux de Ling Ling la chatte. Mais Samantha fait en sorte qu'il voit la vraie nature de Ling Ling et elle la retransforme en chat. Critique C'est un épisode qui remonte la série dans le haut du panier en ce qui concerne le rire ! Les effets comiques sont peu nombreux mais tellement puissants. Ainsi Samantha pour aider son mari, transforme un chat en top model Ling Ling interprétée par Greta Chi L'Homme à la Rolls », Police Story », Une Fille nommée Fathom ». Les meilleurs moments étant lorsque dans la cuisine pendant la soirée avec leurs invités, Samantha apprend à Jean-Pierre que Ling Ling est un chat ! Sa réaction ne se fait pas attendre, de même ensuite lorsque Ling Ling défie Samantha en lui disant qu'elle va se gaver de canapés à la sardine, de crème et de petits fours. Le plus drôle étant les répliques des protagonistes, tout d'abord Ling Ling qui est en décalage, puis celles de Jean-Pierre. Ainsi, après sa discussion avec son ami Wally, incarné par Jeremy Slate Des Agents Très Spéciaux », Le Virginien », Le Magicien », il dit à Samantha Il ne croira pas que Ling Ling est un chat, mais il pense que je suis une belle vache ! ». Il y a de même à côté de cela, un fil rouge avec Charlotte Kravitz qui a maille à partir avec la chatte à cause de sa perruche. Excellent épisode, idéal pour remonter le moral. Retour à l'index 22. JEUNESSE ÉTERNELLE EYE OF THE BEHOLDER Résumé Endora joue un sale tour à Jean-Pierre pour tenter de récupérer Samantha dans un magasin d'antiquités, elle met sous le nez de Jean-Pierre un portrait de Samantha avec la date de 1682 dessus à Salem. Jean-Pierre réalise alors qu'il va vieillir pendant que Samantha restera, elle, jeune. Mais il l'aime et surmonte sa baisse de moral. Critique C'est le premier épisode qui met en cause l'âge de Samantha et cela deviendra un gag récurrent dans la série dans d'autres épisodes, où Jean-Pierre s'interrogera sur l'âge de sa femme. Endora veut jouer un sale tour à Jean-Pierre et lui met un portrait ressemblant à Samantha daté de 1682. Jean-Pierre tombe en dépression en se rendant compte qu'il va vieillir et Samantha non. On apprend dans cet épisode la date d'anniversaire de Samantha le 06/06 6 Juin, l'année étant, elle, indéterminée. À noter également une petite apparition d'une petite fille nommée Kimmie, celle-ci est interprétée par Cindy Eilbacher Vegas », Rick Hunter », Wonder Woman » qui est d'une famille très connue, et sa sœur aussi actrice est également célèbre puisqu'il s'agit de Lisa Eilbacher qui jouait par exemple la fille de Charles Bronson dans le film Le Justicier de Minuit » ou que l'on a pu voir dans diverses séries comme L'Âge de Cristal », Simon & Simon », La 5e Dimension », etc. Kimmie étant encore là pour plomber le moral de Jean-Pierre avec le coup de la brouette fomenté par Endora. Mais il est à noter que Kimmie jouait le rôle d'une des enfants de Jean-Pierre dans sa vision de l'épisode intitulé Un Bébé pour Bientôt ». La partie drôle de l'épisode étant les mimiques de Jean-Pierre pendant ses discussions avec Samantha. On retrouve également la recette de l'épisode pilote et qui seront des éléments habituels de la série Jean-Pierre qui se confie à son ami du bar qui ne l'écoute pas, puis à son psychologue, puis à son barman au club. La fin de l'épisode joue sur les sentiments entre Jean-Pierre et Samantha et est assez émouvante Jean-Pierre aime Samantha et affrontera les problèmes avec elle quoiqu'il arrive lorsqu'ils se présenteront. Un bon épisode dans la continuité de la série. Et qui nous montre un décor autre que l'alternance entre la maison ou le bureau de Jean-Pierre grâce au parc. Retour à l'index 23. FEU ROUGE, FEU VERT RED LIGHT, GREEN LIGHT Résumé Samantha doit traverser un carrefour dangereux comme les autres habitants du quartier. Avec un ami de Jean-Pierre qui est avocat, il décide de demander l'installation d'un feu de signalisation au maire pour réguler la circulation. Jean-Pierre confectionne une affiche et le maire vient à la réunion mais refuse d'installer le feu. Samantha avec l'aide d’Endora utilise ses pouvoirs pour le convaincre et obtiennent gain de cause. Critique Un épisode assez faible de la série, il ne décroche pas beaucoup de rires, et le côté émotion n'est pas non plus présent. Les seuls gags se résumant à Endora qui fait venir des feux tricolores dans le salon de Samantha sous les yeux ébahi de Charlotte Kravitz qui n'arrive pas à convaincre Albert qu'elle a bien vu cela. Et deux ou trois autres qui ne sont pas très originaux. Nous ferons la connaissance de deux nouveaux personnages, Dave un ami avocat de Jean-Pierre interprété par Gene Blakely L'Espion aux Pattes de velours », Les Rues de San Francisco », All in the Family » qui d'habitude fait l'ami de Jean-Pierre au bar et qui ne l'écoute jamais avec ses problèmes. L'autre étant le maire de la ville incarné par Dan Tobin Les Mystère de L'Ouest », L'Homme à la Rolls », Batman » et qui ne se préoccupe que de sa petite personne. Peut mieux faire dans le cadre de cette série. Retour à l'index 24. LAQUELLE EST LAQUELLE ? WHICH WITCH IS WHICH Résumé Samantha part à la chasse dans les magasins, ce sont les soldes. Et emmène Endora avec elle. Mais Samantha ayant plusieurs choses à faire, elle n'a pas le temps de tout s'occuper et risque de rater des bonnes affaires. Endora prend alors l'apparence de sa fille pour l'aider. Sur son chemin Endora tombe sur Bob Frazer un ami de Jean-Pierre. Elle sort avec lui. Bob avoue alors à Jean-Pierre qu'il est amoureux de sa femme, mais heureusement Endora se fait passer pour la sœur jumelle de Samantha et tout rentre dans l'ordre. Critique Un épisode qui remonte le niveau humoristique de la série, les situations cocasses grâce au double de Samantha étant un bon levier pour ceci. Alors qu'elle prend l'apparence de sa fille, Endora rencontre un vieil ami de Jean-Pierre Bob Fazer, joué par Ron Randell Les Mystère de L'Ouest », Rawhide », Mission Impossible ». Il faut constater d'ailleurs un petit détail amusant de l'épisode, Endora sous l'apparence de Samantha va pour essayer et faire ajuster une nouvelle robe. Or, c'est une robe qu'elle a déjà portée dans différents épisodes auparavant ! Le meilleur moment étant lorsque Endora doit retrouver une dernière fois Bob pour lui dire qu'ils doivent arrêter de sortir ensemble, et qu'elle aime son mari. Bob lui demande alors de prononcer devant lui qu'elle aime Jean-Pierre Steven la pensée d'Endora et les grimaces faites à ce moment-là en Samantha est tout simplement irrésistible. Ce sera pratiquement le seul effet de l'épisode. Vous aurez également pendant tout l'épisode le fil rouge avec Charlotte Kravitz qui a vu Samantha avec Bob dans le magasin et au restaurant et qui une fois de plus se mêle des affaires des Stevens avec une conclusion encore incompréhensible pour Charlotte. Cet épisode marque en fait les prémices des péripéties que Samantha aura, lorsque sa cousine Serena fera son apparition dans la série tv, Serena prenant souvent l'apparence de Samantha, ce genre de quiproquo sera récurrent. Retour à l'index 25. LA BELLE VOISINE PLEASURE O'RILEY Résumé Samantha et Jean-Pierre ont une nouvelle et très charmante voisine Plaisir Aude Whitney. Celle-ci leur amène bien des ennuis notamment à cause de son ex-petit ami, le footballeur américain Thor Locomotive Swenson. Heureusement, M. Kravitz sera quitte pour un bon uppercut et tout finira par rentrer dans l'ordre. Critique Un bon épisode, qui certes n'est pas drôle pendant toute la durée de celui-ci, mais contient quelques bons passages qui sont très amusants. Jean-Pierre et Samantha voient débarquer une nouvelle voisine Plaisir Aude Whitney incarnée par Kipp Hamilton Les Mystères de L'Ouest », La Guerre des Monstres », Cher Oncle Bill ». C'est une empoisonneuse de première et en laquelle Samantha voit une rivale. Malheureusement, pour apporter un surplus à ses problèmes elle est aimée par un joueur de football américain Thor Locomotive Swenson incarné par Ken Scott Batman » la série des années 60, Le Voyage Fantastique », Max La Menace », une brute sans cervelle. Le meilleur moment étant sans conteste l'arrivée de cet athlète prêt à tout pour récupérer Plaisir. Et bien sûr le crochet reçu par Albert Kravitz. De même la conversation de Jean-Pierre au téléphone avec le policier est mémorable. À noter un petit détail amusant Plaisir vient pendant la nuit appeler au secours chez les Stevens, on voit Samantha et Jean-Pierre lui parler depuis la fenêtre de leur chambre qui se trouve à l'arrière de leur maison, or quand on a un plan sur Plaisir en bas, celle-ci est devant la maison. Bref, on enchaîne encore un bon petit épisode, la série commençant à trouver ses marques petit à petit. Retour à l'index 26. LA LEÇON DE CONDUITE DRIVING IS THE ONLY WAY TO FLY Résumé Samantha doit apprendre à conduire et c'est Jean-Pierre le professeur. Malheureusement, la première leçon de conduite de Samantha donne lieu à une jolie dispute. Jean-Pierre inscrit donc Samantha dans une auto-école. Mais Samantha tombe sur un moniteur qui n'est pas du tout sûr de lui Harold. Pour couronner le tout Endora lui joue un tour. Mais Samantha bien décidée à aider Harold son moniteur, le remet sur la droite route. Critique C'est un épisode un peu particulier et foncièrement drôle, et cela une seule et unique raison la première apparition de Paul Lynde Après lui, le Déluge », Ne m'envoyez pas de Fleurs », La blonde défie le FBI » dans le rôle d'un moniteur d'auto-école et non encore en tant qu'Oncle Arthur, ce qui ne se fera que dans la saison 2 ! Cet épisode a peut-être servi de test aux scénaristes pour voir si le public accrochait à l'acteur. En tous cas, dès l'apparition de celui-ci le fou rire commence à arriver. Non seulement il y a les mimiques de l'acteur, mais également sa façon d'être maniérée, de ce fait, ses gestes et attitudes s'en ressentent, et la bonne humeur arrive avec lui. Il suffit de bien observer la scène lorsque Harold est arrivé devant chez les Stevens et qu'il sort de la voiture pour aller jusqu'à la porte jouissif. À noter d'ailleurs, qu'il fait déjà des plaisanteries orales là aussi dans cet épisode. Entre son stress et ses galettes de tranquillisants, il vous décrochera à coup sûr un bon rire. La partie dans la voiture avec Endora étant tout simplement la plus drôle. Bref, Paul Lynde porte l'épisode sur ses épaules et on sent déjà la bonne entende qu'il peut avoir avec Elizabeth Montgomery et ça se voit à l'écran. Excellent épisode. Retour à l'index 27. TANTE CLARA, BONNE D'ENFANTS THERE'S NO WITCH LIKE AN OLD WITCH Résumé Les Tantes de Samantha partent à Miami, mais ne peuvent emmener Tante Clara dont les pouvoirs déclinent. Bertha demande à Samantha si elle peut la recevoir chez elle le temps de leur absence. Samantha accepte et Clara débarque. Alors qu'elle va chez des amis de Jean-Pierre pour aller au théâtre, elle se retrouve dans le rôle d'une bonne d'enfant pour venir en aide à l'ami de Jean-Pierre. De ce fait son carnet de demandes explose, mais une mère trouve malsain qu'elle raconte aux enfants qu'elle est une sorcière et elle se retrouve devant le juge. Heureusement tout s'arrange pour Clara. Critique Un nouvel épisode qui explore plus le côté émotion, que le côté drôlerie. En effet, la question intrinsèque que pose cet épisode est que lorsque l'on est vieux, sommes nous finis ou ne pouvons nous plus faire les choses que nous faisions avant. Clara sert d'exemple avec la déclinaison de ses pouvoirs et le fait qu'elle n'arrive plus à faire ses formules et autres tours. Néanmoins, elle excelle dans le gardiennage d'enfants, faut-il y voir la métaphore qu'on peut toujours se reconvertir lorsque l'on est âgé dans quelque chose qui nous convient mieux ? La scène dans le bureau du juge est une pépite d'émotion, celui-ci incarné par Gilbert Green Perry Mason », Stalag 13 », Star-Trek TOS » porte le visage de la bonté et du juge qui a l'intelligence de se faire une opinion par lui-même. Bref, il incarne l'image de la justice telle qu'on aimerait qu'elle soit appliquée avec justesse et faisant la part des choses. La méchante mère qui en veut à Clara est incarnée par Karen Norris Les Envahisseurs », Hawaï, Police d'état », L'Homme de Fer » qui joue parfaitement la femme revêche et qui en veut en découdre avec Clara. La question du juge demandant à Clara de venir garder son enfant, fermera définitivement la procédure lancée. Bref, vous ne rirez pas beaucoup, mais vous serez émus par Tante Clara. De plus on peut voir à l'écran, qu'Elizabeth Montgomery adore travailler avec l'actrice qui joue sa tante, et rien que pour ça l'épisode tire son épingle du jeu. Retour à l'index 28. PORTE, OUVRE-TOI ! OPEN THE DOOR WITCHCRAFT Résumé De retour de courses, Samantha ouvre la porte de leur garage par la magie, ce qui n'échappe pas à Charlotte Kravitz qui envoie son mari leur demander si ils ont une nouvelle porte électrique. Ils sont donc obligés d'installer une porte de garage électrique au grand dam de Jean-Pierre. Mais la porte fonctionne mal et Jean-Pierre accuse Samantha de faire ça pour se racheter de son erreur, une dispute éclate, heureusement tout rentrera dans l'ordre. Critique Encore un épisode classique qui n'est pas hyper hilarant. On est dans le train-train habituel pourrait-on dire. Une fois de plus, Samantha est victime de sa sorcellerie et de l'espionnage intensif réalisé par Charlotte Kravitz. Même le gag d'Endora n'est pas réellement drôle. Une fois encore Jean-Pierre pense que Samantha lui ment pour se racheter de son erreur d'avoir utilisé la magie sur la porte avant qu'ils ne fassent installer le système, et ainsi qu'il puisse se payer ses nouvelles cannes à pêche en se faisant rembourser. Une belle dispute éclate, mais finalement tout rentre dans l'ordre, la porte avait bel et bien un défaut, avec le passage des avions. Disons que cet épisode suit la vie quotidienne de Samantha. À noter, qu'il est quand même dans la continuité du précédent, puisque après avoir pris ses leçons de conduite dans le précédent épisode, désormais, Samantha est au volant de leur voiture et conduit. La fin est amusante, sans plus, avec Charlotte Kravitz qui fait un joli trou dans la porte de leur garage. Bref, il ne se passe vraiment pas grand-chose cette fois-ci. Retour à l'index 29. ALBERT KADABRA ABNER KADABRA Résumé Samantha se fait encore voir une fois de plus en train d'utiliser la magie par Charlotte Kravitz, pour se sortir du pétrin, Samantha fait croire à Charlotte qu'elle possède des pouvoirs extra-sensoriels. Mais Charlotte prend trop au pied de la lettre les dires de Samantha et commence à faire des choses insensées. Heureusement, une séance de spiritisme particulièrement angoissante ramène tout dans l'ordre. Critique On continue dans les épisodes banals, si ce n'est pour dire ennuyeux. Ce sont des épisodes où il ne se passe pas grand-chose et où l'intrigue n'est pas très drôle comme c'est le cas dans celui-ci. Charlotte prend sur le fait une fois de plus Samantha, et elle pense que cette dernière vient de Venus. Samantha pour se sortir du piège persuade alors Charlotte que c'est elle la source des phénomènes étranges. Dès lors, Charlotte part en vrille, et se met à faire des choses folles. Et rien ne peut l'arrêter. On assiste donc à des gags qui ne sont pas très amusant comme celui de la clé pour l'arrosoir, ou encore celui de la pluie. Le reste n'étant que des échanges verbales entre Charlotte et son mari, qui ne sont pas du meilleur effet. Critique La séance de spiritisme n'est pas non plus particulièrement hilarante, et l'accoutrement de Charlotte ne décroche pas de rire. Ni le pseudo fantôme avec lequel converse Charlotte en pensant qu'il s'agit de son oncle. Seul la petite scénette de fin entre Samantha et Jean-Pierre à propos de son éventuel pouvoir suivie du traditionnel baiser remonte légèrement le niveau de l'épisode, mais c'est parce qu'il y a une belle petite émotion. La série a déjà prouvé qu'elle pouvait faire bien mieux en termes de rires, on attend les épisodes qui vont la remettre sur les rails. Retour à l'index 30. GEORGE, LE SORCIER GEORGE THE WARLOCK Résumé Jean-Pierre et Samantha ont une nouvelle voisine, la sœur de Plaisir, DD O'Riley. Encore plus jolie que sa sœur, avec DD Samantha est repartie pour une nouvelle crise de jalousie. Comme si cela ne suffisait pas, Endora charge George un sorcier amoureux de Samantha de la ramener vers elle. Mais heureusement, George tombe sous le charme de DD O'Riley, et tout s'arrange entre Jean-Pierre et Samantha. Critique Bon épisode sans être exceptionnel. Mais il a le mérite de nous faire rire, de plus il suit la ligne directrice de la série, en effet, cette fois-ci c'est la sœur de Plaisir qui vient emménager chez elle, car Plaisir est en voyage de noces. Ainsi DD dont un D pour Danger », incarnée par Beverly Adams Profiler », Les Dessous de Palm Beach », Matt Helm, Agent Très Spécial » est comme sa sœur une source de tourment pour Samantha vis à vis de Jean-Pierre. Endora en profite pour envoyer George un sorcier, incarné par Christopher George L'Île Fantastique », La Croisière S'amuse », Wonder Woman » qui heureusement tombe sous le charme de DD et renonce à empoisonner Samantha, il aide même Jean-Pierre pour une campagne publicitaire. Si il n'est pas extraordinairement drôle, c'est en l'étant sur toute la durée et les dialogues qui font mouches que l'épisode tire son épingle du jeu. De plus, Beverly Adams est vraiment très très jolie. Le meilleur moment de l'épisode est sans conteste lorsque George change Jean-Pierre en Pingouin ! À noter tout de même une chose étrange, au cours de l'épisode DD O'Riley et George disent qu'ils sont pratiquement fiancés, or à la fin de l'épisode, nous revoyons George seul dans son harem. De même il est à constater que la version française adopte le nom original de DD et Plaisir en effet, dans l'épisode avec Plaisir, O'Riley était devenu Whitney, malheureusement ici, le nom figure sur la boîte à lettre et il a donc fallu s'adapter. Bon épisode, mais on est encore loin des meilleurs de la série. Retour à l'index 31. C'ÉTAIT MA FEMME THAT WAS MY WIFE Résumé Samantha et Jean-Pierre prennent un moment de détente dans un hôtel en ville. Samantha a changé de coiffure et est en brune. Alfred aperçoit par inadvertance Jean-Pierre en compagnie d'une femme brune sans reconnaître Samantha qui est de dos. Il pense que Jean-Pierre a une maîtresse et le dit à sa femme Louise. Celle-ci fait la morale à Jean-Pierre dans l'hôtel, et Alfred tombe sur eux. Il pense que Jean-Pierre a une liaison avec Louise, heureusement Samantha arrangera la situation. Critique Excellent épisode qui remonte le niveau de la série tv. On a le privilège en plus de voir Samantha avec des coupes de cheveux différentes et surtout en brune. Et on a surtout le plaisir de revoir Louise Tate en la charmante personne de Irene Vernon et que l'on ne voit que trop peu souvent à mon goût. Plus elle apparaît dans les épisodes, et plus je trouve cette actrice réellement jolie. Et le terme est bien pesé, elle a une beauté naturelle qui transperce à l'écran. Malheureusement, tout est fait dans la série pour visiblement atténuer ce charme naturel, peut-être pour éviter de faire un peu d'ombre à Elizabeth Montgomery. Mais entre les toilettes vieillottes et sa coupe de cheveux qui ne l'avantage pas, la pauvre Irene n'est vraiment pas mise en avant. Sa beauté est donc d'autant plus redoutable qu'on l'aperçoit tout de même à travers toutes ces 'entraves'. Ce qui vous fera le plus rire dans cet épisode ne sont pas les gags visuels, si il y a un fil rouge avec Charlotte Kravitz et ses perruques invraisemblables, je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure ficelle pour l'humour. Certes on peut rire sur le physique des personnes, mais je le trouve dans le cas présent pour cet épisode assez déplacé en fait, et n'apportant pas grand-chose. Le physique de Alice Pearce faisant déjà un sacré travail. Non, ce seront surtout les dialogues et les discussions qui sont hilarantes à souhait, le scénariste jouant sur l'ambiguïté des situations des personnes concernées par l'histoire de la tromperie ainsi, la discussion entre un Alfred dépité qui pense que Louise le trompe avec son meilleur ami et sa femme Louise qui pense qu'il a découvert qu'elle a tout raconté à Jean-Pierre pour la femme brune est un pur moment de délice, bien plus que la scène où Alfred met un coup de poing à Jean-Pierre. Détail qui montre que la série suit une évolution en gardant ce qui a été fait dans les épisodes précédents, ici, il y a une scène où Samantha doit revenir chez eux pour ramener un livre à Jean-Pierre à l'hôtel, Samantha apparaît par le mur où elle accrochait les tableaux dans un épisode précédent. Il est agréable de constater que les tableaux figurent sur le mur, accrochés en bonne place ! C'est certes insignifiant, mais ça fait toujours plaisir de voir ce genre de petits détails soignés. Enfin, Alfred lit la revue de charme Gals Gals ». Très bon épisode donc, ne serait-ce que par la drôlerie verbale et le plaisir non dissimulé de revoir Irene Vernon. Retour à l'index 32. SÉPARATION ILLÉGALE ILLEGAL SEPARATION Résumé Les Kravitz se sont disputés, et Albert emménage chez Jean-Pierre et Samantha. Mais, sans gêne, le voisin devient vite impossible. Samantha n'a plus alors d'autre choix que d'utiliser ses pouvoirs pour réconcilier le couple avant qu'il ne divorce. Critique Encore un bon épisode sans plus, la série ne donne pas encore son plein potentiel comique, mais il n'est pas mauvais et décrochera comme d'autres quelques rires tout de même. Une fois encore l'histoire passe au-dessus de l'utilisation de la magie par Samantha, et cette dernière à part un ou deux effets convenus comme celui de ranger les affaires de Jean-Pierre dans sa valise ne l'utilisera pas plus que ça. À noter tout de même un nouvel effet lorsque Samantha utilise ses pouvoirs pour que Charlotte et Albert rêvent l'un de l'autre des étincelles surgissent du bout de ses mains. Le passage le plus amusant est sans conteste lorsque Jean-Pierre rentre du bureau le lendemain de l'arrivée d’Albert chez eux, et que Samantha lui apprend qu'il prépare des choux de Bruxelles avec des anchois c'est la même chose en version originale. L'autre étant lorsqu'un vendeur se présente chez Charlotte juste après que Albert soit venu récupérer le journal devant sa porte et que Charlotte demande au vendeur de l'embrasser pour rendre jaloux son mari. On voit en plus, ici, tout le côté sans gêne d’Albert Kravitz qui profite allégrement de la gentillesse des Stevens et de Samantha. Bon épisode, mais la série nous a montré qu'elle peut faire mieux. Retour à l'index 33. UN NOUVEAU VISAGE A CHANGE OF FACE Résumé Endora et Samantha s'amusent à changer les traits du visage de Jean-Pierre alors qu'il dort, celui-ci se réveille et voit sa nouvelle tête. Il devient alors complexé. Samantha décide alors de prendre l'apparence d'une jolie italienne pour remonter le moral de Jean-Pierre. Critique On continue dans la lignée des précédents épisodes celui-ci est drôle, mais sans plus, il ne provoque encore que quelques rires. Jean-Pierre est complexé après avoir vu son visage changé par Endora et Samantha. Samantha prend alors l'apparence de la jolie Michelle, incarnée par Marilyn Hanold F comme Flint », Batman » la série des années 60, Brigade Criminelle », pour remonter le moral de Jean-Pierre. Marilyn Hanold, jolie brunette, fut la playmate de la revue Palyboy » du mois de Juin 1959. Mais Jean-Pierre découvre la supercherie et prend alors sa secrétaire remplaçante à nouveau pour Samantha, ce qui lui cause un petit souci. Barbara Lucas, jouée par Elisa Ingram Les Mystères de L'Ouest », L'Homme à la Rolls », Mannix », qui n'est pas Samantha est alors outrée par son comportement. L'excuse qu'il la prend pour sa femme étant un passage assez drôle. L'épisode revient à la bonne vieille recette du pilote et a un schéma classique de la série ainsi après son complexe, Jean-Pierre voit tour à tour son ami au bar qui ne l'écoute pas, son médecin qui lui prescrit d'aller voir un psychiatre et enfin le barman qui ne lui donne pas plus de réponse. Le petit passage assez drôle étant tout de même assuré par Alfred lorsque celui-ci parle à Jean-Pierre dans son bureau tandis que ce dernier lorgne sur le miroir. Endora fait quelques apparitions mais sans vraiment être facétieuse cette fois-ci. Je le répète, épisode classique qui aborde le thème de la confiance en soi. Retour à l'index 34. UNE HISTOIRE DE POLITIQUE REMEMBER THE MAIN Résumé Samantha se lance dans la politique et soutient le candidat Ed Wright contre John Cavanaugh qui est soupçonné de trafiques en tous genres. Jean-Pierre se laisse prendre au jeu et devient l'agent de Ed Wright. Malheureusement Cavanaugh réussi à démonter toutes les accusations contre lui en publique. Samantha décide de mener l'enquête et Endora fait en sorte qu'on ouvre à nouveau une enquête sur les activités de Cavanaugh. Critique Samantha devient une suffragette et soutient le candidat Ed Wright, incarné par Edward Mallory Dallas », Automan », Des jours et des Vies », l'honnête candidat à la mairie contre l'odieux John Cavanaugh, joué par Byron Morrow Kojak », Dossiers Brûlants », Matt Houston », maire actuel et magouilleur. Pas spécialement drôle, cet épisode comme un ou deux autres montre la vie de tous les jours de Jean-Pierre et Samantha. Endora ne faisant même pas de tours pendables ici, mais aidant Samantha qu'elle désespère de se voir prendre au jeu de la politique. On a le droit ici à une série de gags déjà exploités et pas foncièrement drôles. Même la fin n'est pas vraiment hilarante à noter qu'on entend la voix de Cavanaugh dans la main de Jean-Pierre et nous voyons la grimace de celui-ci, mais je pense qu'il aurait été plus percutant de voir Cavanaugh en tout petit dans la main de Jean-Pierre. D'autant qu'il s'agit d'un trucage que la série savait réaliser. Bref, il ne laissera pas un souvenir mémorable. Retour à l'index 35. LE RESTAURANT DE MARIO EAT AT MARIO'S Résumé Samantha est bien décidée à aider un petit restaurant Italien tenu par Mario et qui va bientôt faire faillite pour absence de clients. Elle passe alors une publicité dans un journal mais cela cause des ennuis à Jean-Pierre qui a pour client le plus gros fabriquant de pizzas du pays. Endora rajoute de sa science. Heureusement grâce aux efforts conjugués de Samantha et Endora tout finira par rentrer dans l'ordre. Critique Samantha veut absolument aider un petit restaurant Italien qui est sur le point de faire faillite, elle a pitié de Mario, joué par Vito Scotti La 4e Dimension », La Famille Adams », Columbo », qui part en guerre contre la Pizza qu'il juge indigne d'un vrai restaurant Italien. Petit détail amusant, Vito Scotti a joué dans deux épisodes de La 4e Dimension » et dont l'un était réalisé par William Asher, également réalisateur de Ma Sorcière Bien Aimée », ce qui prouve que déjà à l'époque lorsque vous étiez repéré par un réalisateur, vos chances de tourner étaient meilleures. Cet épisode est dans la droite lignée des précédents, il n'y a pas un ou deux moments forts qui sont drôles, mais distille les gags sur tout l'épisode pour le rendre amusant pendant toute sa durée. Le moment le plus intense étant tout de même lorsque le client de Jean-Pierre, Baldwin joué par Alan Hewitt Mon Martien Favori », Daktari », Perdus dans l'Espace », se retrouve dans la rue et que Samantha et Endora mettent en marche leur plan marketing avec le chien parlant. Retour à l'index 36. COUSIN EDGAR COUSIN EDGAR Résumé Samantha reçoit la visite de son cousin Edgar, un Elfe qui la surprotégeait lorsqu'elle était petite. Dès lors qu'il est apparu, toutes sortes de malheurs arrivent à Jean-Pierre, alors que celui-ci doit conclure une grosse affaire. Samantha découvre que c'est Edgar le responsable, car il n'approuve pas le mariage de celle-ci. Heureusement Samantha lui explique la situation et Edgar sauve la campagne publicitaire de Jean-Pierre. Critique On conclut la série sur un magnifique épisode et qui pressentait ce qu'allait être la série au cours de ses 8 saisons du grand n'importe quoi ! Mais pour notre plus grand bonheur et notre rire. Cette fois-ci le paquet est mis sur les gags visuels et ça marche ! Certes, ce sont des blagues potaches qui sont utilisées par le cousin Edgar, joué par Arte Johnson Jeannie de Mes Rêves », Shérif, Fais-Moi Peur », Supercopter », mais ça fonctionne à merveille et décroche fatalement le fou rire. Le moment fort de l'épisode étant la séance avec le client où Jean-Pierre et son concurrent Fred Froug, incarné par Roy Stuart Hôpital Central », Docteur Marcus Welby », Les Deux Font la Paire », doivent présenter leurs projet à leur client M. Shelley, joué par Charles Irving Perry Mason » des années 60, Peyton Place », Max La Menace », et que ceci tourne au carnage. Entre ses lacets qui se lient entre eux, la chaise que retire trop loin Jean-Pierre et que le client tombe au sol, on n'arrive pas à retenir son rire, l'acteur dans le rôle de M. Shelley ayant cette bouille sympathique pour lequel on a pitié de lui. La scène avec Alfred dans le bureau de Jean-Pierre étant elle aussi très très drôle. À cela s'ajoute les dialogues en parfaite adéquation avec les situations par exemple, lors du second entretien avec M. Shelley, lorsque cette fois-ci, c'est Fred Froug qui tombe, M. Shelley lance alors d'un ton désabusé ça ne va pas recommencer comme hier ! » ou un peu plus tard, va t-on pouvoir travailler correctement aujourd'hui ? ». La scène se terminant par Fred sortant de la pièce et se conclut par un bruit de chute qui fini de nous envoyer dans une nouvelle crise de rire ! Et il y a surtout les mimiques de Dick York qui couronnent tout ceci. Heureusement après que Samantha ai raisonné le cousin Edgar, il reviendra à de meilleurs sentiments. Mais pour notre plus grande joie, cela ne se fera pas sans difficultés. Un grand épisode, qui amène la série dans ce qu'elle peut faire de mieux, pour notre plus grand plaisir ! Retour à l'index Ma sorcière bien-aimée Saison 3 1. Telle mère, telle fille Nobody's Perfect 2. La Minute de vérité The Moment of Truth 3. L'Éducation d'une sorcière Witches & Warlocks Are My Favorite Things 4. Les Jumeaux Accidental Twins 5. La Fée des bois A Most Unusual Wood Nymph 6. Le Frère et la Sœur Endora Moves in for a Spell 7. Le Bal masqué Twitch or Treat 8. L'Espion Dangerous Diaper Dan 9. La Panne d'électricité The Short Happy Circuit of Aunt Clara 10. Le Psychiatre I'd Rather Twitch Than Fight 11. Le Délicieux Maïs soufflé Oedipius Hex 12. La Chaise antique Sam's Spooky Chair 13. L'Inoubliable Électricien – 1re partie My Friend Ben – Part 1 14. L'Inoubliable Électricien – 2e partie My Friend Ben – Part 2 15. Un éléphant à pois Gazebo Never Forgets 16. La Course de boîtes à savon Soapbox Derby 17. Voyage sur la lune Sam in the Moon 18. Ho ho le clown Hoho the Clown 19. La Super Voiture Super Car 20. La Vache sacrée The Corn is as High as a Guernsey's Eye 21. Le Procès de tante Clara Trial & Error of Aunt Clara 22. Piège à souhaits Three Wishes 23. Une mémoire extraordinaire I Remember You... Sometimes 24. Une célèbre peinture Art for Sam's Sake 25. Un ami distingué Charlie Harper, Winner 26. La Reine Victoria Aunt Clara's Victoria Victory 27. La Fille du diable The Crone of Cawdor 28. Un très gentil garçon No More, Mr Nice guy 29. Une belle-mère compréhensive It's Wishcraft 30. Comment réussir en affaires How to Fail in Business with all Kinds of Help 31. Des amis sincères Bewitched, Bothered & Infuriated 32. L'Homme et la Grenouille Nobody but a Frog Knows How to Live 33. Un sorcier de médecin There's Gold in Them Thar Pills 1. TELLE MÈRE, TELLE FILLE NOBODY'S PERFECT Résumé Tabatha a bien grandi, et lors d'un examen de routine chez le pédiatre, Samantha découvre que celle-ci a des pouvoirs magiques et est une sorcière aussi. Endora le découvre et tente d'initier Tabatha à la magie. Lors d'une séance photo, Tabatha utilise la magie qui rend fou le photographe, Samantha n'a encore rien dit à Jean-Pierre Tabatha est bel et bien une sorcière comme sa mère. Critique Plusieurs choses à noter dans cet épisode. Tout d'abord ça y est, c'est le premier épisode qui initie la série à la couleur technique réalisée par la société Pathé, et on peut crier un ouf ! » de soulagement les décors ne sont pas trop criards, et les habits des personnages non plus, cela aurait pu être pire. On est dans le soft et c'est tant mieux. C'est le premier bon point. La deuxième chose à remarquer est le changement d'anatomie d'Elizabeth Montgomery ! Si vous regardez les premiers épisodes de la saison 1, Lizbeth » avait des formes avantageuses et étaient une femme plantureuse. Là on voit qu'elle a fait un régime sec, Elizabeth est maintenant mince et élancée, et cela plaira aux hommes, elle s'affiche dans des déshabillés très courts qui nous montrent une partie de son anatomie. Elizabeth s'affiche, et elle n'a pas peur de le faire, fini les déshabillés qui tombaient jusqu'aux pieds. L'autre point à remarquer est que Tabatha a pris un coup d'accélérateur et est vraiment grande maintenant pour utiliser sa magie, elle fait comme sa maman, mais bouge son nez avec son doigt pour l'activer. Il faut voir la réaction du photographe Diego Fenman, incarné par Robert Q. Lewis qui reviendra plus tard dans la série sous d'autres personnages. À noter que le nom de l'actrice qui joue Tabatha en fait ce sont des jumelles mais on le saura un peu plus tard ! n'est pas encore crédité dans le générique de cet épisode. De même, le thème musical du dit générique de fin est réorchestré pour une version un peu plus dynamique que les précédents. Beaucoup de changements, mais l'épisode en lui-même n'est finalement pas très amusant. Un épisode classique qui montre l'évolution du couple Jean-Pierre et Samantha avec Tabatha. Retour à l'index 2. LA MINUTE DE VÉRITÉ THE MOMENT OF TRUTH Résumé Tabatha teste ses pouvoirs et la pauvre Tante Clara croit qu'elle perd à nouveau le contrôle des siens. Pour fêter l'anniversaire de Jean-Pierre, ils invitent les Tate à la maison, mais malheureusement Tabatha fait encore des siennes avec ses pouvoirs. Samantha n'a d'autre choix que de faire croire à Alfred qu'il a trop bu pour se débarrasser d'eux. Jean-Pierre découvre alors que Tabatha est une sorcière, et Samantha rassure Tante Clara qui va répandre la nouvelle dans la famille de Samantha. Critique Un second épisode dans la continuité du premier, il n'est pas foncièrement drôle, et ne décrochera pas forcément de sourires. Même le moment où Samantha utilise sa magie pour faire croire à Alfred qu'il a trop bu, et qu'il devrait rentrer c'est amusant sans plus. Tout comme l'arrivée de Clara en parachute, ce n'est pas hilarant. Dans les changements à noter, ça y est, Louise Tate est désormais incarnée par Kasey Rogers L'Homme Invisible » version David McCallum, Flamingo Road », Docteur Marcus Welby » jolie actrice, mais tout de même moins jolie de mon point de vue que Irene Vernon. Pour conserver la continuité du personnage, Kasey Rogers arbore une chevelure brune comme Irene Vernon. On a maintenant aussi droit à un gimmick récurrent dans la série les grimaces et regards inquiets d'Elizabeth Montgomery. Toujours pas de nom d'actrice créditée pour Tabatha. Marion Lorne incarnant toujours la Tante Clara. Bref, encore un épisode qui pose doucement la saison 3 de la série avec tout de même un joli moment d'émotion à la fin de celui-ci. Retour à l'index 3. L'ÉDUCATION D'UNE SORCIÈRE WITCHES & WARLOCKS ARE MY FAVORITE THINGS Résumé Endora vient prévenir Samantha, qu'une commission d'enquête pour évaluer les pouvoirs de Tabatha va se réunir chez elle avec toutes ses tantes. Maurice le père de Samantha fait un passage éclair avant la commission et lui donne un objet pour qu'elle puisse le joindre n'importe où. Les tests ont lieu et Tabatha est reconnue comme une vraie sorcière, et le comité veut l'enlever pour faire son éducation. Samantha appelle alors son père qui rétabli la situation. Tabatha restera avec ses parents. Critique Très bon épisode, par sur le plan de l'humour, mais une fois encore on en prend plein la vue sur le plan émotionnel. Et pour une fois Maurice le père de Samantha, toujours incarné par Maurice Evans, est assez amusant et du côté de Jean-Pierre et Samantha. Les tantes de Samantha, Hagatha toujours incarnée par Reta Shaw, ainsi qu'Enchantera, jouée par Estelle Winwood Des Agents Très Spéciaux », Switch », Cannon » alliées avec Endora veulent enlever Tabatha, mais heureusement Maurice se place du côté de Samantha avec Tante Clara toujours interprétée par Marion Lorne. C'est un réel plaisir de retrouver cette dernière, l'actrice étant toujours aussi déjantée. À noter que la nouvelle venue Enchantera, qui remplace Bertha, est jouée par Estelle Winwood, il me semble que ce sera sa seule apparition dans la série. L'actrice qui est morte en Juin 1984 avait 101 ans ! Une longue vie de sorcière en fait. Le moment fort assez drôle de l'épisode, est lorsque Maurice revient pour aider Samantha et qu'il joue l'acte de sa pièce de théâtre, pendant que Clara, Jean-Pierre et Samantha sont collés au sol et ne peuvent que siffloter comme des oiseaux. L'épisode se termine sur un joli moment d'émotion, en allant voir Tabatha qui semblait avoir appelé un plateau de fruits, Samantha découvre son père en train de la bercer, elle lui dit qu'elle ne veut rien de plus que ce qu'elle a sous ses yeux. C'est aussi ça, qui fait le succès de cette magnifique série qu'est Ma Sorcière Bien-Aimée ». Le principe de la boule lumineuse qui vient avertir Samantha dans la nuit, est une nouveauté de l'épisode, mais sera désormais réutilisé dans d'autres de la série. Retour à l'index 4. LES JUMEAUX ACCIDENTAL TWINS Résumé Samantha et Jean-Pierre doivent aller au théâtre avec les Tate, mais ces derniers n'ont personne pour garder leur fils, la nounou s'est décommandée. Tante Clara qui garde Tabatha se voit alors la charge de garder Jonathan le fils des Tate également. Pour distraire les enfants, elle leur fait de la sorcellerie, c'est alors que par erreur elle crée un jumeau de Jonathan. Samantha et Jean-Pierre gagnent alors du temps pour que Clara retrouve la formule, ce qu'elle fait après bien des déboires. Critique Bon épisode sans plus. On voit de nouvelles idées qui arrivent dans la série comme celle de faire gagner du temps pendant que Clara tente de retrouver la formule qu'elle a utilisée par erreur. C'est pendant cette période que les péripéties et les gags seront mis en place. L'épisode traîne un peu en longueur, notamment le moment où Clara essaye de retrouver la formule pour réunir les jumeaux. On notera que Louise est une femme très docile, qui dit amen à tout ce que disent et font Samantha et Jean-Pierre. Pas de gags visuels réellement drôles cette fois-ci, mais quelques joutes verbales et regards entre Samantha et Jean-Pierre sont là pour y pallier. On voit également l'astuce utilisée par la production pour les enfants, en l'occurrence ici, des jumeaux. En effet c'était également des jumelles pour Tabatha pour le rythme du tournage assez soutenu vis à vis du nombre d'heures que les enfants peuvent travailler. À noter d'ailleurs qu'ils ne sont pas crédités au générique. Enfin, on apprend que Jonathan, le fils d'Alfred a 2 ans dans cet épisode. Kasey Rogers est toujours brune, pour faire dans la continuité d'Irene Vernon. Retour à l'index 5. LA FÉE DES BOIS A MOST UNUSUAL WOOD NYMPH Résumé Jean-Pierre reçoit la visite d'un prétendu membre de sa famille la jolie Gerry. Mais Samantha découvre qu'il s'agit d'une nymphe des bois, or ces dernières haïssent les sorcières. Néanmoins, Gerry est là car Jean-Pierre est victime d'une malédiction pour un méfait commis par un de ses ancêtres. Samantha remonte alors le temps pour conjurer le sort. Elle réussit alors par un stratagème à éviter le duel, et la malédiction de Jean-Pierre est levée. Critique Premier épisode mettant en scène les voyages dans le temps. Ceux-ci aussi vont devenir un classique de la série dans les épisodes à venir. Cette fois-ci c'est Samantha qui inaugure le procédé, pour aller lever une malédiction qui pèse sur Jean-Pierre. En effet, ils reçoivent la visite d'une nymphe des bois Gerry, interprétée par la très jolie Kathleen Nolan Super Jaimie », Drôles de Dames », Romance Theatre » qui est venue pour exécuter la sentence sur Jean-Pierre. Et dont on apprend d'ailleurs qu'elles sont les ennemies mortelles des sorcières par l'intermédiaire d'Endora et qu'elles détestent les chats. Heureusement Samantha arrive à la lever en retournant dans le passé. Rufus le rouge, interprété par Michael Ansara Babylon 5 », McMillan & Wife », Buck Rogers », est donc sauvé et tout rentre dans l'ordre. La partie dans le passé est amusante sans plus, et c'est évidemment Dick York qui fait le rôle de son ancêtre, s’il est amusant avec sa moustache et sa coupe ridicule, ce n'est pas suffisant pour nous arracher des rires. Retour à l'index 6. LE FRÈRE ET LA SŒUR ENDORA MOVES IN FOR A SPELL Résumé L'oncle Arthur est de retour avec ses tours pendables. Ce qui met Endora hors d'elle et qui s'en va. Mais cette dernière revient, et commence alors à se livrer une terrible bataille avec Arthur. Endora construit une maison sur un terrain vague, ce qui provoque des ennuis Charlotte Kravitz appelle la police, mais heureusement, Samantha raisonne Arthur et Endora, et fait disparaître la maison au grand dam de Charlotte Kravitz. Critique Revoilà Paul Lynde dans le rôle de l'oncle Arthur avec toujours ses blagues vaseuses ! Moi je suis fan, comme lorsqu'il sert la main à Jean-Pierre et que son bras s'allonge, sans compter ses calembours verbales lorsqu'il apparaît dans le cadre au mur de Samantha et lui dit je me suis fait encadré ! ». Le reste des gags visuels n'est pas si amusant, la poussette avec le tapis rouge, c'est assez moyen en général. Et on s'attarde surtout sur l'apparition et la disparition de la maison que fait apparaître Endora. Charlotte Kravitz est donc de retour sous les traits de Sandra Gould Punky Brewster », MacGyver », Les Dessous de Veronica » qui restera jusqu'à la fin de la série, et reprendra même son rôle dans le spin off Tabitha ». Tabatha est enfin créditée en tant que Erin Murphy. Pas follement drôle, ce n'est pas la meilleure prestation de Paul Lynde, mais c'est toujours un réel plaisir que de le revoir. Retour à l'index 7. LE BAL MASQUÉ TWITCH OR TREAT Résumé Endora prépare une fête pour Halloween, et reconstruit sa maison sur le terrain vague dans le quartier de Jean-Pierre et Samantha. Jean-Pierre est fou de rage, et Endora ne veut pas inviter Arthur à sa fête. Réussissant à l'en dissuader, Samantha se retrouve avec la fête d'Endora organisée chez elle. Mais au cours de la soirée, Arthur qui n'arrête pas de torpiller Endora, se retrouve transformé en fontaine vivante. Jean-Pierre après la soirée convient que c'était une soirée exceptionnelle et peu commune. Critique Excellent épisode qui vous décrochera des fous rires ! De plus, il est la suite directe du précédent ce qui est assez rare dans la série tv. Endora reconstruit donc la maison sur le terrain vague pour y donner sa fête d'Halloween, mais Jean-Pierre ne veut pas et Samantha persuade alors sa mère de la faire ailleurs, malheureusement ce sera chez sa fille ! Mais c'est sans compter sans l'oncle Arthur que Endora ne veut pas inviter. Ce dernier alors invité par Samantha ne cesse de faire des blagues vaseuses tout au long de la soirée, et se retrouve changé en fontaine, tandis que Jean-Pierre doit se débattre avec une chatte de gouttière. Finalement après la soirée, Jean-Pierre conviendra que c'était une soirée hors norme. Les blagues d'Arthur et ses calembours sont toujours aussi drôles, mais cette fois-ci c'est Samantha qui décroche la palme en empruntant le même humour que l'oncle Arthur. Ainsi le passage où Jean-Pierre demande d'où vient la musique qui est diffusée, Samantha de lui répondre Oh, par notre satellite spécial Fantôme du matin ! ». L'autre scène très amusante étant lorsqu’Arthur et Samantha font passer l'adjoint au maire et son comparse à travers une porte ou une fenêtre, sans rien entre celles-ci ! Elizabeth Montgomery est magnifique avec sa coupe de cheveux différente, et Sandra Gould est désormais bien Charlotte Kravitz elle est plus jolie qu'Alice Pearce. Grand épisode, ne serait-ce que par les plaisanteries de l'oncle Arthur. À noter, le titre de cet épisode est une petite variante du titre de l'épisode 7 de la saison 2, intitulé Trick or Treat », joli clin d'œil ! Retour à l'index 8. L'ESPION DANGEROUS DIAPER DAN Résumé Un blanchisseur apparemment banal, est en fait un véritable petit espion pour l'agence de publicité Kimberley, un concurrent d'Alfred. Les meilleures idées de Jean-Pierre sont ainsi pillées, et le client va leur échapper. Mais Samantha fini par découvrir le micro, et avec ses pouvoirs magiques et l'aide d'Endora, lui donne une bonne leçon. Critique C'est vraiment un épisode assez faible de cette saison. Dan un livreur de linge, incarné par Marty Ingels Banacek », Chips », La Croisière S'Amuse », est un espion d'une agence de publicité concurrente de celle d'Alfred et Dan met un micro dans un hochet qu'il offre pour Tabatha. Les meilleures idées de Jean-Pierre sont alors volées. Heureusement, Samantha fini par découvrir le pot aux roses, et donne une bonne leçon à Dan avec l'aide d'Endora qui va aller prendre du repos. À noter que l'acteur Marty Ingels est mort il y a juste un mois au moment où j'écris cette critique, il est décédé le 21 Octobre 2015 à l'âge de 79 ans. Dans les petits détails à relever, Samantha adore les potins ! Endora lit encore un numéro de la revue Harpies », et prononce convenablement le nom de Jean-Pierre pendant tout l'épisode. Un épisode moyen donc, seule la scène avec Jean-Pierre et Alfred au bar avec l'olive peut prêter à sourire mais rien de plus. Il faut aussi bien regarder les scènes de repas de l'épisode, que je trouve particulièrement bien fournies en nourriture ! Retour à l'index 9. LA PANNE D'ÉLECTRICITÉ THE SHORT HAPPY CIRCUIT OF AUNT CLARA Résumé Tante Clara garde une fois de plus Tabatha. Clara pour essayer d'empêcher Tabatha de pleurer tente de lui jouer du piano, alors qu'elle utilise sa magie, elle crée une panne de courant géante qui va jusque la centrale électrique. Elle fait alors appel à un sorcier avec qui elle vient de rompre Ocky. Celui-ci doit garder les mains levées pour que la lumière reste chez les Stevens. Ceux-ci débarquent avec le client et Clara rend invisible Ocky, grâce à elle Jean-Pierre obtient le contrat. Critique Bon épisode, qui va décrocher quelques rires mais pas plus. On recommence avec Tante Clara et ses embrouilles, c'est maintenant une ficelle bien rodée de la série. Cette fois-ci, elle provoque une panne d'électricité géante, et elle doit faire appel à un sorcier qui vient de rompre avec elle pour aller avec une plus jeune Ocky, incarné par Reginald Owen Opération Vol », Un Shérif à New-York », Les Farfelus qui faisait l'Amiral Boom dans Mary Poppins et qui reviendra dans un autre épisode de la série. Ce dernier doit garder les mains levées pour que la lumière reste chez les Stevens. Jean-Pierre et Samantha reviennent chez eux avec le client joué par Arte Julian déjà présent dans la série et Alfred, Clara cache alors Ocky dans le placard. C'est alors que Charlotte Kravitz arrive et découvre Ocky dans le placard, pour ne pas que Jean-Pierre le voit, Tante Clara rend Ocky invisible, et on ne voit que ses chaussures s'en aller. Le client de Jean-Pierre est emballé et il remporte le contrat. Finalement la panne d'électricité était vraiment un incident technique. Il n'y aura réellement que la scène de fin qui vous décrochera des rires, avec la cacophonie de tout le monde qui arrive, y compris les électriciens qui vont faire en sorte que les Steven n'aient plus de lumière car ce n'est pas normal qu'ils en aient! Le top du surréalisme étant lorsque l'on voit juste les chaussures de Ocky sortir de la maison et que le client de Jean-Pierre croit qu'il s'agit d'une idée publicitaire. Petit détail les Stevens ont maintenant un piano dans leur maison dans cet épisode. Retour à l'index 10. LE PSYCHIATRE I'D RATHER TWITCH THAN FIGHT Résumé Samantha et Jean-Pierre ont une nouvelle dispute à propos d'un veston de Jean-Pierre, au bureau, Alfred qui voit un psychanalyste, donne des conseils à Jean-Pierre, de son côté Samantha reçoit les même de la part de Louise. Une nouvelle dispute éclate, et Endora fait appel au Docteur Freud en personne tandis que Jean-Pierre revient avec le Docteur Kramer une dispute éclate entre les deux psychiatres, tout redevient normal entre Samantha et Jean-Pierre. Critique C'est un bon épisode, certes pas amusant sur tout le long de l'épisode et ne donnant pas d'énormes fou rires, mais il arrivera tout de même à vous dérider. La scène forte en rire étant évidemment lorsque Samantha fait sa séance de thérapie avec le Docteur Freud, incarné par Norman Fell Arabesque », Le Prince de Bel Air », La 5e Dimension » et évidemment ensuite la dispute entre lui et le Docteur Kramer, interprété par Parley Bear qui était déjà apparu dans un épisode précédent et qui est un habitué de la série. Tout cela sous le regard amusé d'Endora. Il y a aussi la petite scénette du début lorsque Jean-Pierre s'en va sans veston, et que Samantha lui dit qu'il va prendre froid, il revient alors et elle claque la porte avec sa magie, Jean-Pierre revient alors et fit un signe négatif de la tête, ce qui a le don d'exaspérer Samantha. Mais, on voit également l'immense tendresse et toute la gentillesse dont Samantha est capable envers Jean-Pierre avec la scène de fin. Retour à l'index 11. LE DÉLICIEUX MAÏS SOUFFLÉ OEDIPIUS HEX Résumé Endora apparaît chez Samantha et lui parle des faiblesses humaines, Samantha rétorque que Jean-Pierre n'est pas comme ça. Elle fait alors apparaître du pop-corn ensorcelé, celui-ci à la particularité de rendre les gens totalement désinvoltes. L'entourage de Jean-Pierre commence à succomber au pop-corn magique d'Endora, jusqu'à Alfred. Cela fini par devenir insupportable, mais grâce à cela les femmes du comité auquel Samantha participe, ont le budget qu'elles souhaitaient, et Endora finit par lever l'enchantement du pop-corn. Critique C'est encore un épisode bien délire, et on se demande comment les scénaristes faisaient pour avoir de telles trouvailles ! Le pop-corn enchanté qui rend les gens totalement désinvoltes et sans aucun souci. Dans tous les personnages qui viendront rejoindre Jean-Pierre dans sa journée de détente, on retrouvera M. Parkinson, interprété par Irwin Charone, Le Policier incarné par Paul Smith qui sont des habitués de la série, le réparateur de télé joué par Paul Dooley ALF », Les Contes de la Crypte », Star-Trek Deep Space Nine » et le laitier interprété par Ned Glass West Side Story », Vegas », Trapper John ». Tout ce beau monde envahissant, fini par énerver Samantha, qui découvre que Endora a ensorcelé du pop-corn. Si l'épisode en lui-même ne vous tirera qu'un ou deux sourires, c'est surtout le thème abordé qui est juste génial. Lorsque je l'avais vu pour la première fois, il m'avait vraiment fait rêver ! C'était une formidable trouvaille. Dans les petits détails, en français, le pop-corn est traduit par maïs soufflé », à cette époque le terme du pop-corn ne devait pas encore être d'actualité, néanmoins il est amusant de constater que c'est la même chose pour le titre sur le DVD. Un épisode comme on les aime dans cette série original et divertissant. Retour à l'index 12. LA CHAISE ANTIQUE SAM'S SPOOKY CHAIR Résumé Samantha achète une chaise rustique dans un magasin d'antiquités. Mais très vite, elle se rend compte, que celle-ci possède un étrange comportement. Très vite, ils découvrent que le fauteuil est vivant et peut se déplacer tout seul. Il revient chez Samantha alors que cette dernière l'avait cédé à un important client de Jean-Pierre. Samantha découvre qu'il s'agit d'un de ses anciens amoureux que sa tante Enchantera a été obligée de transformer. Heureusement, Samantha le rechange en humain et fait une copie du fauteuil pour la femme du client. Critique Bon épisode, sans plus, l'histoire du fauteuil qui est en fait un sorcier est également une bonne trouvaille, mais il n'y a pas beaucoup d'instants amusants ni de crise de fou rire avec cet épisode. Néanmoins, il faut tout de même admirer l'exploit technique car il faut se remettre dans le contexte des années 60 pour les effets spéciaux de l'animation et du fauteuil avec les pieds articulés. D'ailleurs, cette idée de gens transformés en objets et qui sont d'anciens amoureux de Samantha, sera réutilisée dans la série beaucoup plus tard. Ici, c'est Clyde un sorcier, interprété par Roger Garret Jeannie de Mes Rêves », Adam-12 », L'Amoureuse ». La dispute entre les clients est par contre assez ennuyeuse et énervante l'attitude de M. Cosgrove est particulièrement insupportable. L'actrice Anne Seymour, qui fait Mme Cosgrove reviendra dans un autre épisode de la série beaucoup plus tard, elle n'a rien à voir avec l'actrice Jane Seymour. Néanmoins le rôle de la femme du monde qu'elle tient ici, retranscrit parfaitement certaines personnes vantardes à tout bout de champs et imbu d'eux-même le portrait est vraiment très criant. Il faut bien observer la scène lorsqu'elle est à table chez Samantha et Jean-Pierre, c'est un régal. Retour à l'index 13. L'INOUBLIABLE ÉLECTRICIEN – 1RE PARTIE MY FRIEND BEN – PART 1 Résumé Samantha tente de réparer une lampe qui ne fonctionne pas. Alors qu'elle ne s'y attend pas, Tante Clara arrive. Voulant se mêler de l'affaire et aider Samantha à réparer sa lampe, Tante Clara fait apparaître Benjamin Franklin. Celui-ci voulant voir comment ses inventions sont utilisées, part tout seul visiter la ville. Alors que Clara et Samantha le retrouvent et l'emmènent à une caserne de pompiers, Benjamin Franklin démarre par inadvertance un camion de pompiers, et cause des dommages. Il est arrêté, sa caution est fixée à 1000$ et son procès dans 4 semaines, mais alors qu'ils arrivent chez eux, Clara renvoie Benjamin Franklin dans son siècle. Critique C'est une fois plus un épisode avec des embrouilles causées par Tante Clara. Cette fois-ci, elle ne trouve rien de mieux que de faire venir Benjamin Franklin, incarné par Fredd Wayne Lou Grant », Simon & Simon », Wonder-Woman ». Chose amusante, il a repris son rôle de Benjamin Franklin dans d'autres séries comme Simon & Simon » par exemple, et était le consultant historique pour cet épisode en deux parties. Par réellement amusant, cela permet de remettre dans l'esprit des gens toutes les inventions desquelles il est à l'origine. Un bon épisode, éducatif, sans plus. La seule scène qui pourra vous décrocher un rire, est lorsque Jean-Pierre renre et qu'il voit Benjamin Franklin, Samantha arrive à ce moment-là, elle remet une chope de bière à Jean-Pierre, puis en présentant Franklin, se sauve en vitesse dans la cuisine. Tante Clara est toujours aussi ennuyeuse avec ses gaffes et pertes de mémoires. Et en plus, elle se rappelle enfin une formule mais au mauvais moment. Une chose à noter, dans la version originale, lorsque Samantha se présente avec Clara à Benjamin Franklin, ce dernier se présente en... Français et Samantha lui répond en Français. Clara demande alors ce qu'ils ont dit et Samantha lui dit qu'au siècle de Franklin, il était courant de parler Français, que c'était bien vu. Dans la version Française, du fait que c'est doublé dans notre langue, on a donc inversé le sens de la phrase Franklin parle en anglais, et Samantha répond en anglais en disant à Clara que ça faisait chic au temps de Franklin de parler anglais. Retour à l'index 14. L'INOUBLIABLE ÉLECTRICIEN – 2E PARTIE MY FRIEND BEN – PART 2 Résumé Tante Clara réussi enfin à faire revenir Benjamin Franklin, le procureur qui voulait faire une entente amiable avec Jean-Pierre se ravise lorsqu’Alfred en entrant dans le bureau hurle de joie pour toute la publicité faite autour de Benjamin Franklin pour leur client La Franklin Electric. Le procès a donc lieu. Les témoins se succèdent et Samantha finit le plaidoyer, Franklin est libre. Critique La deuxième partie est dans la même lignée que le premier épisode. Pas très drôle, mais rappelle les inventions de Benjamin Franklin. On aperçoit dans cet épisode un acteur encore très jeune dans le rôle du journaliste Bill Whalen, qui deviendra une vedette des séries américaines des années 80 Paul Sand Wonder-Woman », Allô Nelly Bobo », Le Monde de Joan ». De même que Mike Road Opération Danger », Sam Cade », Sergent Anderson » en tant que l'assistant du procureur chargé de l'accusation contre Benjamin Franklin. Mike Road, sera très connu pour ses doublages voix également le dessin-animé des 4 Fantastiques, en tant que Red Richards, le narrateur dans la série tv Le Voyage Extraordinaire » ou encore Capitaine Caverne. Bref, pas beaucoup de gags visuels, et Samantha utilise peu ses pouvoirs de sorcière. C'est surtout sur l'aspect du personnage de Franklin qu'est mis l'accent. La fin de l'épisode avec Tante Clara et Franklin qui sortent ensemble nous donne un joli moment d'émotion. Un épisode classique de la série. Retour à l'index 15. UN ÉLÉPHANT À POIS GAZEBO NEVER FORGETS Résumé Jean-Pierre est absent, et Samantha va à la banque à sa place pour obtenir un prêt pour démolir leur Gazebo et faire une petite aire de jeux à la place. Tout se passe bien, car le frère du banquier travaille avec l'agence de Jean-Pierre, mais un inspecteur doit venir chez eux pour voir leur maison. Malheureusement, Tante Clara s'emmêle les pieds encore dans ses formules et fait apparaître un éléphant rose à pois que Tabatha avait vu en peluche plus tôt au parc dans la matinée, sauf que l'éléphant de Tante Clara est un vrai. L'enquêteur dit à son patron que Samantha à un éléphant rose, et il vient chez Samantha avec Alfred. Heureusement, Samantha arrive à éviter de justesse qu'on voit l'éléphant. Critique Encore un épisode avec Tante Clara, si on continue comme ça, on va commencer à avoir une overdose. D'autant que les épisodes avec elle, commencent vraiment à être de moins en moins drôles. Le gag de son arrivée en catastrophe n'amuse plus, ses sempiternelles erreurs de magie sont plus ennuyeuses qu'autre chose, bref ce n'est vraiment plus hilarant. Et même Marion Lorne qui incarne Clara n'attire plus autant la sympathie qu'avant. On retrouve Steve Franken qui était déjà apparu dans l'épisode Chantage » de la saison 2 et qui fait ici encore un enquêteur pas très net. Le gag visuel avec l'éléphant rose peine à décrocher le rire, et le fait de le traîner dans toute la maison, pour éviter que l'inspecteur le voit n'amène pas plus d'hilarité. Seule à la limite la scène de fin, lorsque l'inspecteur repart dans un état décomposé pourrait être légèrement drôle mais sans plus. Jean-Pierre est absent pendant tout l'épisode, mais nous avons le truc » des séries tv américaines où il est censé donner un coup de téléphone à Samantha. Un épisode au final très moyen, parmi les plus faibles de la série. Retour à l'index 16. LA COURSE DE BOITES À SAVON SOAPBOX DERBY Résumé Samantha aide un de ses petits protégés, Johnny, à participer à une course de boîtes à savon, qui sont en fait des petites voitures à pédales pour enfants. Johnny veut participer à une course, et demande à Samantha si elle peut aller voir son père pour l'inscription, ce dernier n'étant pas très pour que Johnny participe à ce genre de chose. Johnny est accusé d'avoir triché pendant la course du grand prix par Charlotte Kravitz dont le neveu participe également, heureusement le père de Johnny arrive et ce dernier est confirmé comme vainqueur. Il gagne également le grand prix national. Critique On retrouve un peu le même scénario qu'avec un autre petit garçon que Samantha aidait, et que sa maman surprotégeait, sauf qu'ici, c'est pour des courses de boîtes à savon activité typiquement américaine. Rien de bien amusant une fois encore dans cet épisode, et Samantha utilise surtout son pouvoir pour aider Johnny, incarné par Michael Shea Les Aventures de Huckleberry Finn », Insight », Au fil des Jours », son petit protégé. Dont le père, interprété par William Bramley Star-Trek TOS », Les Bannis », Cannon » est trop occupé par son métier de mécanicien. Heureusement, Samantha arrivera à le décider à venir disculper son fils et à être plus présent pour lui. À noter qu'on voit un nouveau membre de la famille Kravitz Flash, joué par Peter Dunhill et qui à part ce rôle dans cet épisode ne fera qu'une autre apparition dans la série tv Laredo, il est le neveu de Charlotte Kravitz. Bref, encore un épisode faible de la série tv, où l'on voit encore une bonne action de Samantha. Petit détail, la série a pris pour cet épisode Robert Ellis Logan comme consultant technique pour les boîtes à savon et qui fut champion national du grand prix des boîtes à savon en 1965. Retour à l'index 17. VOYAGE SUR LA LUNE SAM IN THE MOON Résumé Jean-Pierre soupçonne Samantha d'être allée sur la Lune, et fait analyser de la poussière par un pharmacien. Entre temps, il rentre chez lui et fait un rêve où il confie la poussière et du thé à la NASA en analyse, et que ceux-ci l'accusent d'être un espion. Samantha se retrouve alors en prison. Jean-Pierre se réveille, et le téléphone sonne, le pharmacien a analysé la poussière et le thé qui n'est pas du thé. Heureusement, Samantha arrive à arranger les choses en faisant s'envoler les preuves. Critique On continue dans les épisodes faibles de la série tv. Il n'y a rien de vraiment drôle tout au long de l'épisode qui traîne un peu en longueur. L'histoire commence par des images de la lune que la télévision retransmet et Jean-Pierre pense que Samantha est allée dans la lune avec sa mère. Il fait alors analyser de la poussière et un thé de sorcier, par M. Grand incarné par Joseph Mell La 4e Dimension », Serpico », Le Magicien ». Ce dernier se rend chez Samantha avec son beau-frère qui explique qu'il n'a jamais vu du thé comme Jean-Pierre a donné à analyser, Samantha fait alors soulever un vent qui emporte le fameux thé. Les traces sont effacées. Rien de vraiment amusant donc, on attend mieux de cette série. La seule partie intéressante est lorsque Jean-Pierre se fait interroger par les gens de la Nasa dans son rêve, et que Samantha en cellule dit que Jean-Pierre veut tout savoir minute par minute, mais ce n'est pas ce qui sauve l'épisode. Retour à l'index 18. HO HO LE CLOWN HOHO THE CLOWN Résumé Tabatha et Samantha vont assister à l'enregistrement d'une émission de Ho Ho Le Clown, le clown favori de Tabatha. Endora arrive à l'improviste et va avec elles. Endora ne pouvant s'en empêcher, lance un sort à Ho Ho Le Clown, qui ne veut plus faire ses émissions si Tabatha n'y assiste pas. Tout le monde pense alors, et le client de Jean-Pierre le premier, que l'émission est truquée et que Jean-Pierre et Ho Ho sont de connivence. Heureusement, Samantha interviendra et sauvera la situation. Critique Épisode assez amusant, mais auquel il manque ce petit truc pour le rendre vraiment hilarant. Une fois de plus, c'est Endora qui est la cause du malheur, pensant que sa petite fille est lésée, elle envoûte Ho Ho Le Clown, interprété par Joey Forman Max La Menace », Les Héritiers », L'Île Fantastique » pour qu'il donne tous les cadeaux à Tabatha et qu'il ne puisse plus faire ses émissions sans elle. Petit détail on retrouve Dick Wilson en client de Jean-Pierre et non en alcoolique au bar, comme on a l'habitude de le voir dans les autres épisodes de la série tv. La séquence la plus amusante de l'épisode étant lorsque Ho Ho se présent chez les Stevens avec le Poney, et qu'il apporte une photo de lui. Alfred et le client arrivent alors, et Samantha les fige pour mettre au point une histoire c'est un nouveau truc » de la série qui sera réutilisé plus tard, le fait de figer les gens pour donner le temps à Samantha et Jean-Pierre de se sortir d'une situation périlleuse. On notera la vraie personnalité d'Alfred qui au moindre problème se décharge sur tout le monde, et est prêt à renvoyer Jean-Pierre si nécessaire. Il aura cette attitude dans d'autres épisodes de la série. E nfin, Samantha redit la règle que lorsque une sorcière jette un sort, elle, et elle seulement peut le défaire on dérogera à cette règle plusieurs fois dans la série. Bref, un épisode plaisant, rien de plus. Anecdotique cet épisode sur l'édition DVD, porte le nom de Hoho Le Bouffon ». Retour à l'index 19. LA SUPER VOITURE SUPER CAR Résumé Jean-Pierre est en repos, et Endora apparaît, Samantha demande alors à sa mère de faire la paix avec Jean-Pierre. Pour cela, Endora offre à Jean-Pierre une concept car qui va bientôt sortir. Mais alors que Jean-Pierre pense qu'il s'agit d'une copie, il constate en fait que c'est l'originale. Alfred et un client débarquent et ils veulent utiliser la voiture pour une publicité, Samantha réussi à ramener Endora qui restitue la voiture avec le client qui était au volant. Heureusement, il obtiendra les droits pour l'utiliser dans sa publicité pour des saucisses. Critique Un épisode plaisant une fois de plus, mais pas foncièrement drôle. Depuis quelques épisodes, la série joue plus sur les quiproquos des situations, plutôt que sur les gags visuels, l'intention est certes louable, mais ne fonctionne pas toujours. C'est le cas ici, et ça ne décroche pas assurément un sourire. Cette fois-ci Endora offre une concept car à Jean-Pierre sans se soucier des conséquences, tout le but de l'épisode consistant à rendre la voiture sans que le client l'utilise dans sa publicité. Heureusement, au final tout rentrera dans l'ordre. On retrouve Irwin Charone dans le rôle du client, qui est un habitué de la série. Un petit mot sur la voiture utilisée dans l'épisode, il s'agit de la voiture Mach II vrai nom utilisé dans la série construite en 1965 par Gene Winfield. La voiture sera réutilisée en photo dans un épisode de la série Star-Trek classic quelques années plus tard, il s'agit de l'épisode 25 de la saison 2 Sur les Chemins de Rome », elle était nommée Jupiter 8. Elle était basée sur un châssis d'une Citroën DS de 1956 et avait le moteur chromé Corvair » de Chevrolet. Elle comportait un toit et des portes électriques. On reverra également la voiture dans la série Batman » des années 60. Encore un épisode sympathique donc, mais rien de plus. Retour à l'index 20. LA VACHE SACRÉE THE CORN IS AS HIGH AS A GUERNSEY'S EYE Résumé Tante Clara débarque chez Jean-Pierre et Samantha en étant déprimée, Endora et Enchantera lui ont conseillé de se changer en un objet utile, plutôt que d'utiliser la magie. Clara essaye de se changer en plante, mais sans succès. Samantha décide de l'emmener déjeuner en ville avec Jean-Pierre pour lui remonter le moral. Samantha qui a oublié quelque chose s'absente quelques minutes, et lorsqu'elle revient, ne trouvant pas Tante Clara, elle croit que celle-ci s'est changée en vache. Mais Jean-Pierre trouve Tante Clara assoupie et prévient Samantha de son erreur, Samantha remet alors les choses en ordre. Critique Dans la lignée des précédents épisodes, pas hilarant, mais assez amusant dans l'ensemble. Cette fois-ci c'est au tour de Samantha de faire une gaffe. En partant quelques minutes car elle a oublié de reprendre la montre de Jean-Pierre au bijoutier à noter que dans la version française, il lui demande de passer chez Cartier », Tante Clara se réfugie dans une petite tente et s'assoupit. Revenant et ne trouvant pas Tante Clara, Samantha pense que cette dernière s'est changée en vache lorsqu'elle en croise une dans le hall de l'immeuble où elle est. Malheureusement c'est la vache d'un client dont Jean-Pierre essaye d'avoir le contrat. Finalement Jean-Pierre trouve tante Clara, prévient Samantha qui ramène la vache. Tout rentre dans l'ordre. Cet épisode, en fait, prépare le terrain pour l'épisode suivant en effet, Tante Clara en arrivant au début de l'épisode raconte que Endora et les tantes de Samantha lui ont dit qu'elle devrait abandonner la magie et se transformer en quelque chose d'utile. Ce sont les prémices de son procès à venir. La scène finale de cet épisode est tout même assez amusante, avec toutes les vaches qui arrivent dans le jardin et la réaction de Tante Clara à cet égard. Mention spéciale à Ginger, la vache de l'épisode qui est d'une docilité et d'un calme olympien. Retour à l'index 21. LE PROCÈS DE TANTE CLARA TRIAL & ERROR OF AUNT CLARA Résumé Endora vient avertir Samantha Clara va être jugée pour la défaillance de sa magie, et elle sera soit transformée en simple mortelle ou un objet utile. C'est Samantha que Tante Clara a choisi pour la défendre. Le procès commence alors chez Samantha et ça tourne mal pour Tante Clara, mais Jean-Pierre revient à l'improviste pour récupérer des papiers dont il a besoin pour un client. Alors qu'il va voir le tribunal, Clara fait tout disparaître et remet le mobilier de Samantha en place. Le jugement est reporté. Critique Suite directe de l'épisode précédent, Endora se met donc à pied d'œuvre pour faire condamner Clara et ainsi qu'elle soit changée en simple mortelle ou en objet utile. Pour cela, un tribunal est mis en place et il y a même un juge, incarné par Arthur Malet Annie Agent Très Spécial », Les Mystères de L'Ouest », Une Vraie Vie de Rêve ». Le juge Bean devant les preuves accablantes décide de changer Clara en simple mortelle, mais alors que Jean-Pierre arrive dans le salon, Clara fait tout disparaître pour aider Samantha et le jugement est reporté. Plusieurs choses à noter dans cet épisode, tout d'abord une réalisation différente et assez énergique avec par exemple le visage des tantes de Samantha en gros plan pour donner un effet assez impressionnant, et réussi. Ensuite, il faut noter l'attitude hypocrite des tantes de Samantha qui condamnent Clara et ensuite pleurent comme des madeleines lors de la sentence. Il faut d'ailleurs remarquer que les tantes de Samantha ont encore changé d'actrices Ottola Nesmith pour Enchantra et Nancy Andrews pour Hagatha dans cet épisode. On remarque aussi que c'est encore Endora à l'origine du procès, et son attitude très désinvolte et cruelle envers Clara. La scène de fin où Clara explique à Samantha qu'elle n'aurait pas supporté de voir sa nièce dans l'embarras vis à vis de Jean-Pierre est un moment très touchant. On sent alors toute l'affection d'Elizabeth Montgomery transparaître à l'écran pour Marion Lorne. Rien que pour cela, l'épisode mérite 3 bottes. Retour à l'index 22. PIÈGE À SOUHAITS THREE WISHES Résumé Endora offre 3 vœux à Jean-Pierre, car elle pense qu'il veut tromper Samantha. Alfred part à Honolulu à la place de Jean-Pierre qui se retrouve à escorter une jolie mannequin Buffy, jusqu'à Boston. Endora pense alors que Jean-Pierre a utilisé ses vœux, et arrive à persuader Samantha que Jean-Pierre la trompe. Alors qu'elle appelle dans sa chambre à Boston, elle tombe sur Buffy. En rentrant, alors que Samantha va quitter Jean-Pierre, ce dernier utilise alors les 3 vœux qui n'ont pas été utilisés. Samantha n'a plus qu'à s'excuser. Critique On reprend le thème d'un épisode précédent de la série, où déjà Endora avait accordé 3 vœux à Jean-Pierre, c'était l'épisode 23 de la saison 2, intitulé Les Trois Souhaits » et où Jean-Pierre se transformait en Alfred Tate. Une fois de plus, Endora ne dit rien à Jean-Pierre qui est censé avoir utilisé ses souhaits pour rester avec Buffy, incarnée par Linda Gaye Scott Batman » la série des années 60, Le Frelon Vert », Columbo », la charmante mannequin blonde complètement myope. Il faut d'ailleurs noter ce détail de la série, après beaucoup d'épisodes où Endora ou encore Samantha se sont toujours trouvées en position de force vis à vis de Jean-Pierre, cet épisode inverse pour une fois la tendance, et c'est lui qu'elle met en position de force vis à vis des femmes. Le moment le plus fort est lorsque Jean-Pierre réalise son second souhait et qu'il va bannir Endora pour toujours, mais que Samantha le ramène à la raison juste à temps, il met alors un bannissement de 8 jours seulement. Détail amusant, Jean-Pierre semble voir pour la première fois la, jolie, tenue de sorcière de Samantha, or dans l'épisode où ils emmènent Michel voir le père noël, elle la porte pourtant déjà. Bref, épisode moyen mais rien de plus et qui sent un peu le réchauffé. Retour à l'index 23. UNE MÉMOIRE EXTRAORDINAIRE I REMEMBER YOU... SOMETIMES Résumé Jean-Pierre qui a eu une défaillance de mémoire devant un important client, se voit mettre au poignet une montre par Endora qui lui permet d'avoir une mémoire infaillible. Mais très vite, il devient insupportable, et à cause de cela, il va perdre le fameux client. Samantha comprend alors qu'Endora est l'origine de cela, et trouve l'objet qui lui donne sa fabuleuse mémoire. Tout fini par rentrer dans l'ordre. Critique L'épisode est drôle dès le démarrage, lorsque Endora arrive et empoisonne Jean-Pierre. Dès lors, elle lui met une montre au poignet qui lui permet d'avoir une mémoire infaillible. À partir de là, il se rappelle tout le nécessaire important pour son client Ed PennyBaker, interprété par Dan Tobin Les Espions », Bonanza », Brigade Criminelle », qui est un habitué de la série. L'épisode d'ailleurs via le portrait du client de Jean-Pierre dépeint au vitriol les gens arrogants qui veulent écraser les autres par leur connaissance, sans avoir beaucoup d'intelligence et qui sont en définitive d'un ennui mortel. Jean-Pierre devient alors aussi rasoir que son client. Le moment le plus drôle est lorsque c'est la femme du client, Cynthia PennyBaker qui est jouée par Grace Albertson L'Homme de Fer », Mission Impossible », Sergent Anderson », qui récupère la montre et qu'ainsi elle rive le clou à Jean-Pierre et son mari, dont ce dernier réalise qu'il était vraiment insupportable. Belle trouvaille dans cet épisode, la série faisait vraiment preuve d'une imagination débordante et c'est ce genre là qu'on aime regarder. Retour à l'index 24. UNE CÉLÈBRE PEINTURE ART FOR SAM'S SAKE Résumé Endora s'est mise en tête de faire de Samantha un peintre reconnu, et alors que Samantha a peint une toile pour une œuvre de charité, Endora va à la galerie et change le tableau de Samantha par celui d'un grand nom de la peinture contemporaine Henri Mouchet. C'est alors qu'un client de Jean-Pierre, expert en peinture, décide de l'acheter. Il la remporte, Samantha doit utiliser une ruse avec un parfum de sa mère pour la récupérer. Critique Endora est encore présente et elle fait à nouveau un sale tour qui plonge Samantha et Jean-Pierre dans les ennuis. Elle remplace la toile peinte par sa fille par une toile d'un peintre célèbre, le client de Jean-Pierre, M. Cunningham interprété par Arthur Julian un habitué de la série, l'achète. Samantha n'a alors d'autre choix que d'user d'un stratagème avec un parfum d'Endora pour récupérer sa toile. On apprend ou plutôt la série confirme une chose avec cet épisode en ce qui concerne les pouvoirs des sorcières comme dans un précédent épisode avec la voiture, lorsque les sorcières veulent quelque chose, c'est obligatoirement une chose qui existe déjà quelque part. Sauf si elles en font des copies. De même, les clients de Jean-Pierre depuis deux épisodes sont assommants, et écrasent les gens avec leur pseudo savoir qui agace tout le monde. Petit détail les peintures étaient prêtées par Martin Lowitz Galleries, une galerie d'art ouverte jusque dans les années 70, qui ferma après la mort de Martin Lowitz, et qui se trouvait à Beverly Hills. C'est un épisode correct sans plus. Retour à l'index 25. UN AMI DISTINGUÉ CHARLIE HARPER, WINNER Résumé Un vieil ami de Jean-Pierre, Charlie Harper, vient manger avec sa femme chez Samantha et Jean-Pierre. Charlie ayant un plus grand train de vie que Jean-Pierre, avec sa femme, en mettent plein la vue aux Stevens. Samantha fait alors apparaître un manteau de vison et des bijoux pour faire croire qu'ils ont des moyens aussi. Malheureusement, Daphné veut le manteau de vison de Samantha. Ce qui provoque une dispute entre Jean-Pierre et Samantha. Mais Samantha offre le manteau en cadeau à Daphné car elle aime Jean-Pierre. Critique Excellent épisode, mais pas dans le rire une fois de plus. L'épisode montre encore une fois un tableau féroce des gens aisés qui n'arrêtent pas à longueur de temps de se vanter de leurs richesses et qui sont snobs à souhait. Charlie, interprété par Angus Duncan Starsky et Hutch », 200$ + Les Frais », Starman », est lui un gentil garçon qui réussi tout mieux que Jean-Pierre depuis qu'ils se connaissent au collège, mais sa femme Daphné, jouée par Joanna Moore Alfred Hitchcock Présente », Le Virginien », Sur la Piste du Crime », au contraire, elle, adore faire étalage de sa richesse matérielle. Si l'épisode n'est pas très amusant, la scène où Samantha offre le manteau à Daphné et qu'elle fait sa déclaration à Jean-Pierre est très émouvante, Dick York ayant un regard si doux, c'est vraiment le moment fort de l'épisode en émotion. Petit détail amusant, Endora pour une fois fait une intervention au bon moment pour faire des remontrances à sa fille sur le fait qu'elle essaye de faire croire des choses sur sa richesse qui ne sont pas. Superbe épisode donc mais une fois encore ce n'est pas dans la drôlerie, mais c'est le second côté de Ma Sorcière Bien-Aimée » avec l'humour, avec cet épisode Samantha remontre toute la force de leur amour à elle et Jean-Pierre, au point de transformer Daphné avec le paquet qu'ils reçoivent à la fin de l'épisode. Retour à l'index 26. LA REINE VICTORIA AUNT CLARA'S VICTORIA VICTORY Résumé Tante Clara qui parle de l'époque Victorienne avec Samantha, souhaite retourner à ce temps-là où elle était dame d'honneur de la reine Victoria. Mais elle se trompe à nouveau dans la formule magique, et la reine Victoria arrive dans le salon de Jean-Pierre et Samantha. Malheureusement pour Samantha, Alfred débarque avec un client, M. Morgan, qui est un vrai tyran et qui rencontre la reine. La confrontation se passe mal, et Alfred envoi M. Morgan au diable, Samantha décide alors de rattraper l'affaire. Clara réussi enfin à renvoyer la reine dans son siècle. Critique Revoilà Tante Clara et ses idioties, cette fois-ci dans cet épisode, elle fait apparaître la reine Victoria, incarnée par Jane Connell Appelez-Moi Docteur », », New-York Police Judiciaire » qui reviendra dans la série sous le personnage de Hepzibah par exemple, et qui est une tyran à part entière. Malheureusement, Clara béate d'admiration devant sa majesté » ne veut pas la renvoyer dans son époque et veut corriger avec la reine le 20e siècle. Malheureusement pour Samantha, un malheur n'arrivant jamais seul, Alfred vient avec un client M. Morgan, joué par Robert H. Harris Mannix », L'Homme de Fer », Holmes et Yoyo », et qui lui aussi mène les gens autour de lui à la baguette. Morgan se confronte à la reine Victoria qui le remet en place, mais Alfred qui en a assez, renvoi Morgan chez lui. Samantha doit alors faire appel à la magie pour le ramener à la raison. L'épisode vous décrochera quelques bons rires, même si l'attitude de Clara est énervante à souhait et totalement irresponsable. Mais heureusement, Samantha commençant à s'énerver, prendra l'affaire en main. La scène la plus amusante étant la discussion entre M. Morgan et Alfred dans son bureau à propos de sa publicité. Bon épisode donc, qui remonte la série, mais je trouve qu'on a un peu trop de présence de Clara. Néanmoins, le regard de la personne rétrograde qu'est la reine Victoria sur l'époque plus actuelle des années 60, est intéressant dans cet épisode. Comme on le dirait vulgairement, la vieille est à la ramasse » et c'est ça qui fait sourire. Retour à l'index 27. LA FILLE DU DIABLE THE CRONE OF CAWDOR Résumé Jean-Pierre reçoit une jolie cliente Terry Warbell pour laquelle il doit faire une campagne de publicité. Mais Terry est plus intéressé par Jean-Pierre que par sa publicité. Endora se méfie néanmoins de quelque chose. Doutes confirmés lorsque Charlotte Kravitz appelle Samantha pour lui dire qu'une vieille femme qui n'aurait que 24 ans est chez elle et qu'elle se nomme Terry Warbell. Endora et Samantha découvrent alors que c'est la Vieille de Cawdor » qui est avec Jean-Pierre et qu'elle va lui voler sa jeunesse. Heureusement Samantha arrivera à temps pour empêcher cela. Critique Bon épisode, il ne décroche pas beaucoup de rires, mais aborde un nouveau thème dans la série le fantastique. Et c'est ce qui le démarque réellement des autres, et le met en avant. Ce thème sera réutilisé dans d'autres épisodes, mais bien trop peu à mon goût. En effet, en partant de l'idée de base que Samantha est une sorcière, dans le domaine du fantastique il y a d’énormes possibilités. Cet épisode-ci conte l'histoire d'une vieille femme qui a 500 ans, et qui a pris l'apparence d'une jeune humaine pour se faire embrasser d'un homme jeune et ainsi lui voler sa jeunesse. Ici, la vieille femme prend l'apparence de Terry Warbell, interprétée par Julie Gregg qui était apparue en blonde dans l'épisode 28 de la saison 2 Tout est Bien qui Fini Bien » et qui jouait le rôle de la fille snob du client de Jean-Pierre, et qui est une cliente de Jean-Pierre pour lui voler sa jeunesse. Heureusement, pour une fois Endora est d'une sagacité irréprochable et lorsque Mme Kravitz trouve la vraie Terry Warbell sous l'apparence de la vieille femme, jouée par Dorothy Neumann Mannix », Les Routes du Paradis », Adam-12 », les doutes d'Endora sont confirmés. Cet épisode montre d'ailleurs un nouveau visage d'Endora particulièrement agréable il suffit de voir la scène où elle vient interroger Terry Warbell dans l'agence de Jean-Pierre en étant déguisée en reporter de la mode, c'est exquis. On en redemande. Alfred reste fidèle à lui-même avec toujours son attitude qui ne sert... que ses intérêts ! À noter que Jean-Pierre et Samantha fêtent l'anniversaire de leur première rencontre. En conclusion, cet épisode ne vous fera pas rire aux éclats, mais son petit côté fantastique, le rend... fantastique ! Retour à l'index 28. UN TRÈS GENTIL GARÇON NO MORE, MR NICE GUY Résumé Endora et Jean-Pierre ont une nouvelle prise de bec à propos de Tabatha, Endora décide alors de jeter un sort à Jean-Pierre pour qu'il soit détesté de tous. Et ça marche, les clients d'Alfred n'arrivent plus à le supporter, et Jean-Pierre perd confiance en lui. Alfred appelle alors Samantha qui comprend que Jean-Pierre a été ensorcelé par sa mère. Elle réussira à faire lever le sortilège dont Jean-Pierre est victime. Critique C'est encore un bon épisode, en effet, il ne décroche pas de fou rire, mais comme pas mal d'autres épisodes de la série, il est assez drôle du début à la fin. Endora sort une nouvelle trouvaille pour empoisonner la vie de Jean-Pierre. Les scènes où les personnes changent d'attitude envers Jean-Pierre et se mettent à le détester sont un vrai régal, du joli mannequin, incarnée par Judy Lang Les Mystères de L'Ouest », Max La Menace », Le Virginien », jusqu'au client d'Alfred M. Baldwin, joué par Larry D. Mann Opération Vol », Chaparral », Bonanza » et qui était apparu plus tôt dans la série en policier, c'est tout simplement jubilatoire. Surtout le passage avec l'adjoint au maire qui est terrible. Et l'attitude d'Alfred enfonce le clou, le meilleur étant à la fin lorsque Baldwin revient et que Jean-Pierre lui fait des courbettes alors que l'enchantement est levé. Très amusant. On retrouve également à nouveau Dick Wilson en poivrot dans le bar de Jean-Pierre, et lui aussi ne supporte pas Jean-Pierre bien qu'il n'ait reçu aucun sortilège. L'équipe de tournage a maintenant bien rôdé toutes les techniques de l'humour et commence à les déployer doucement mais sûrement. De même qu'elle ne se prive pas pour montrer des jolies jeunes femmes courtement vêtues. Retour à l'index 29. UNE BELLE-MÈRE COMPRÉHENSIVE IT'S WISHCRAFT Résumé Les parents de Jean-Pierre débarquent à la maison et malheureusement, Tabatha utilise de plus en plus ses pouvoirs magiques. Mais la mère de Jean-Pierre et Endora se détestent cordialement, et Endora s'en va fâchée. Mais elle jette un sort à Jean-Pierre pour qu'il reçoive un seau d'eau à chaque fois que Samantha pleurera, la douche froide commence pour Jean-Pierre. D'autant plus, que la mère de Jean-Pierre pense qu'ils se sont disputés avec Samantha. Heureusement, cette dernière trouvera le calme et la force de tout arranger. Critique C'est un bon épisode, pas exceptionnel mais qui n'est pas mal du tout. À nouveau c'est Endora qui vient mettre la zizanie, d'autant plus que les parents de Jean-Pierre sont présents. Je les trouve d'ailleurs toujours aussi ennuyeux, et je n'arrive vraiment pas à accrocher à eux, je trouve qu'ils plombent l'épisode. Tabatha utilisant de plus en plus ses pouvoirs, il faut qu'ils soient très prudents désormais lorsque les parents de Jean-Pierre viennent. La scène forte de l'épisode est sans conteste lorsque Endora et la mère de Jean-Pierre s'acharnent sur Samantha en pensant qu'ils se sont disputés et que ça ne va pas bien entre eux. Endora est tellement aveuglée par le fait qu'elle déteste Jean-Pierre et la mère de Jean-Pierre par le fait que c'est Endora qui est responsable de tout on plaint sincèrement Samantha qui fait preuve d'un calme et d'un courage exemplaires. Heureusement, Jean-Pierre reviendra en montrant que tout va bien, et tout finira par s'arranger. Les gags visuels dans l'épisode ne sont malheureusement pas très amusants. Et on voit dans cet épisode toute l'animosité qu'il y a entre Endora et Phylis la mère de Jean-Pierre. Retour à l'index 30. COMMENT RÉUSSIR EN AFFAIRES HOW TO FAIL IN BUSINESS WITH ALL KINDS OF HELP Résumé Endora arrive chez Samantha, et suite à une conversation houleuse, s'en va influencer un gros client de Jean-Pierre pour qu'il signe le contrat avec l'agence d'Alfred. De ce fait, sa patronne, Mme Marushka se déplace personnellement pour signer le contrat, mais Jean-Pierre pense que c'est Endora déguisée et il la jette dehors. L'affaire est à l'eau, heureusement Samantha réussira à rattraper les choses de justesse. Critique Très bon épisode qui a quelques moments forts. Endora tente cette fois-ci d'aider Jean-Pierre à obtenir un contrat, et influence un représentant d'une grosse cliente. Mme Marushka, interprétée par Lisa Kirk qui a eu une plus grande carrière avec ses propres créations qu'en tant qu'actrice, se déplace alors elle-même au bureau de Jean-Pierre et ce dernier pense qu'il s'agit d'Endora qui a pris l'apparence de la cliente. Il la jette donc dehors avec perte et fracas. La scène d'ailleurs de ce moment-là est tout simplement délicieuse. Mais il s'agissait de la vraie Mme Marushka, heureusement Samantha utilise ses pouvoirs pour rattraper l'affaire. Lisa Kirk en tant que Mme Marushka a une énergie incroyable, son arrivée dans le bureau de Jean-Pierre fait un peu penser à Belmondo version féminin, c'est incroyable. Les gags visuels ne sont pas légions, mais la scène du tableau dans lequel Samantha s'est incrusté est pas mal réalisée. Un épisode comme on aime en avoir dans cette série drôle et intelligent. Retour à l'index 31. DES AMIS SINCÈRES BEWITCHED, BOTHERED & INFURIATED Résumé Tante Clara débarque chez Samantha et Jean-Pierre, et en faisant apparaître un journal du lendemain, lit dedans que Alfred, le patron de Jean-Pierre, va avoir un accident et se casser une jambe. Jean-Pierre demande alors à Samantha de retrouver où Alfred et Louise sont partis pour les rejoindre et éviter qu'Alfred se blesse. Alfred et Louise sont exaspérés du harcèlement de Jean-Pierre et Samantha qui découvrent que Tante Clara s'est trompée et qu'elle avait un journal du lendemain datant d'il y a 10 ans. Samantha les renvoie dans le temps et tout s'arrange. Critique La série poursuit sur sa lancée depuis quelques épisodes et qu'elle a visiblement choisie pour finir la saison 3 dans de bonnes conditions. En effet, les épisodes ne sont pas hilarants à l'extrême, mais ils sont assez amusants pour être agréables avec des petites trouvailles originales et sympathiques. C'est encore le cas ici, le prétexte que Jean-Pierre et Samantha rejoignent Louise et Alfred pour empêcher Alfred de se casser la jambe, est surtout pour pouvoir mettre en place quelques bons gags. Le meilleur étant le fil rouge avec le manager de l'hôtel, incarné par Jack Fletcher Drôles de Dames », Côte Ouest », Starman » et qui était déjà apparu dans un précédent épisode de la série, celui-ci voit tous les tours de Jean-Pierre et Samantha et l'attitude de dire qu'il doit arrêter de boire, plus ses gestuelles, etc. sont tout simplement très amusantes. À retenir la jolie tenue courte de tennis jaune de Kasey Rogers dans cet épisode et qui nous montre ses superbes jambes, le fait que Jean-Pierre lorsque cela l'arrange ne rechigne plus pour utiliser la magie et tourne allégrement sa veste, alors qu'il allait faire un serment à Tante Clara. Et qu'enfin c'est encore une fois Tante Clara qui a fait une bourde. La boucle est bouclée. Retour à l'index 32. L'HOMME ET LA GRENOUILLE NOBODY BUT A FROG KNOWS HOW TO LIVE Résumé Un inconnu aborde Samantha dans le parc d'une façon odieuse, Samantha utilise sa magie ce qui semble soulager l'homme. Celui-ci est heureux d'être sûr que Samantha est une sorcière, car il est une grenouille qui a été transformé en homme. Il s'invite chez elle, alors que Samantha doit recevoir un client de Jean-Pierre avec Alfred et Louise. Heureusement, Samantha découvre avec l'aide de Phoebe la compagne de Fergus la grenouille, qu'il a acheté le vœu de devenir humain, elle peut donc le retransformer en grenouille. Critique Encore un bon épisode qui s'enchaîne aux autres, cette fois-ci Samantha est abordé par une grenouille changée en humain, qui lui demande de le faire redevenir grenouille. On retrouve alors dans cet épisode une des règles de la série seule la sorcière qui a jeté un sort peut l'annuler. Sauf, visiblement, si il a été acheté à la sorcière et souhaité par celui qui l'a reçu. Très vite, cependant, Fergus la grenouille joué par John Fielder Star-Trek TOS », La 4e Dimension », McMillan & Wife » qui reviendra dans la série sous d'autres personnages, devient insupportable surtout lorsque le client de Jean-Pierre annonce qu'il va faire de la soupe de tortue. Néanmoins, Fergus s'accroche, et grâce à Phoebe la compagne grenouille de Fergus, interprétée par Corin Camacho Lou Grant », Flamingo Road », Section 4 », Samantha apprend qu'en fait Fergus a acheté son souhait et qu'elle peut donc le défaire sans aucun problème. Pas trop de gags visuels, c'est surtout sur les dialogues que tout se joue, et le client ivrogne de Jean-Pierre. Amusante la scène où Samantha transforme Phoebe la grenouille en jolie femme, et que Fergus qui l'observe de près dit à Samantha qu'elle a tout raté sur elle. La scène hystérique avec Charlotte Kravitz n'étant pas foncièrement drôle. Retour à l'index 33. UN SORCIER DE MÉDECIN THERE'S GOLD IN THEM THAR PILLS Résumé Jean-Pierre est malade, et Endora arrive pour aller faire les magasins avec Samantha. Mais cette dernière ne peut pas laisser Jean-Pierre seul, et dit à sa mère qu'elle ne pourra pas venir avec elle. Endora fait alors appel au Docteur Bombay. Il guérit instantanément Jean-Pierre, et ce dernier avec Alfred ont l'idée de commercialiser le remède du docteur Bombay. Malheureusement, des effets secondaires apparaissent. Heureusement Samantha retournera voir le Docteur Bombay et arrangera ça. Critique On termine cette saison 3 en beauté avec un excellent épisode ! Et cela tient en un seul nom Le Docteur Bombay, incarné par Bernard Fox qui était apparu dans un épisode précédent de la série et qui faisait Désiré l'homme qui ne croyait pas aux sorciers et autres mages. Alors Bernard Fox n'exploite pas encore totalement son personnage, et pour sa première apparition est assez sur la réserve, il ne fera ses plaisanteries verbales vaseuses que plus tard lorsqu'il reviendra dans les autres saisons de la série. Nous apprenons également avec cet épisode, que les sorciers et sorcières ont un organisme supérieur aux humains, puisque le Docteur Bombay n'a pas le droit de soigner des humains, car ils pourraient absorber des substances qui ne font rien aux sorciers mais peuvent faire du mal aux humains. Le moment fort de l'épisode est sans conteste lorsque Jean-Pierre rejoint Alfred dans son bureau avec le client, et que ceux-ci ont la voix qui devient fluette sous l'effet secondaire du remède du Docteur Bombay. Et Alfred de dire à l'assistant du client qui a une petite voix aussi, que lui aussi est touché et ce dernier de répondre non, j'ai toujours eu cette voix-là ! Il faut voir également le regard de Samantha lorsque le remède pour que tout le monde retrouve sa voix marche, et que l'assistant à la petite voix garde la même c'est absolument délicieux. Petit détail, la série suit encore la chronologie réelle, lorsque Alfred parle à la fin de l'épisode il dit que ces trois dernières années ne lui ont amené que des ennuis et qu'il demande à Jean-Pierre depuis combien de temps est-il là 3 ans. Date de début de la série, lorsque Jean-Pierre venait d'entrer à l'agence d'Alfred, et nous sommes à la saison 3. Excellent épisode, on a qu'une hâte foncer vers la saison 4 pour revoir le Docteur Bombay ! Retour à l'index Ma sorcière bien-aimée Saison 2 1. ALIAS JEAN-PIERRE STEPHENS ALIAS DARRIN STEPHENS Résumé Samantha et Jean-Pierre fêtent leur premier anniversaire de mariage, et Tante Clara arrive pour leur offrir un petit cadeau. Jean-Pierre reçoit une casquette pour le golf, mais celle-ci est trop grande et Tante Clara décide de la rétrécir elle transforme Jean-Pierre en singe et n'arrive plus à le rechanger en humain. Ce qui sème la pagaille dans son entourage, et il finit par se retrouver au zoo. Heureusement Clara réussi à le remettre en humain avec l'aide de Samantha, et cette dernière annonce à Jean-Pierre qu'elle attend un bébé. Critique La deuxième saison démarre calmement en mettant en place un nouveau schéma récurrent qui sera réutilisé dans les saisons à venir la transformation de Jean-Pierre en animal. Pour ce premier épisode c'est de façon involontaire, et à cause de Tante Clara et ses défaillances. Jean-Pierre se retrouve alors dans la peau d'un chimpanzé. Néanmoins, cet épisode nous apporte plusieurs nouvelles tout d'abord, il semble suivre la chronologie réelle de la série, en effet Samantha et Jean-Pierre fête leur 1 an de mariage et la cela fait 1 an que la série était commencée puisque dans le pilote, ils venaient juste de se marier. La seconde et pas des moindre, Samantha annonce à Jean-Pierre la futur venue de Tabatha ! Elle est enceinte, ça y est la nouvelle est lâchée. Enfin, on apprend que les sorcières ont des livres de référence pour les sortilèges, Clara qui n'arrive pas à se rappeler la formule qu'elle a utilisée pour changer Jean-Pierre, revient chez Samantha avec le volume 7 Des Charmes et Incantations » et lorsqu'elle est au zoo, elle a le volume 9. L'épisode n'est pas exceptionnellement amusant, mais il faut voir la bouille du petit singe et ses diverses tenues qu'il porte pour avoir quand même le sourire. Endora prend un malin plaisir à taquiner ce pauvre Jean-Pierre, et veut lui faire porter une tenue d'écolier. Un détail, Alfred vient chez Samantha et Jean-Pierre mais ne le trouve pas, on reste alors sur un non-dit, la situation ne sera pas clarifiée d'ici la fin de l'épisode. Les effets sont un peu plus présents ici et distillés tout au long de l'épisode. On retrouve tous les protagonistes de la saison 1 Alfred, les Kravitz, Endora, etc. Cette deuxième saison est encore tournée en Noir & Blanc. Et le thème musical du générique de fin est légèrement différent de celui de la saison 1. Retour à l'index 2. UNE HEUREUSE NOUVELLE A VERY SPECIAL DELIVERY Résumé Jean-Pierre est aux petits soins pour Samantha qui attend un bébé. Mais Alfred lui conseille de faire tout le contraire, malheureusement pour Jean-Pierre, Endora assiste à la scène où ce dernier est dur avec Samantha et Endora lui jette un sort pour qu'il éprouve toutes les sensations d'être enceinte ! Heureusement Samantha lui demandera de désenvoûter Jean-Pierre. Critique Excellent épisode, du grand n'importe quoi, comme on aime que ce soit dans cette série ! Endora a la bonne idée de rendre Jean-Pierre enceinte pour qu'il ressente toutes les sensations qu'éprouve Samantha. À noter un petit détail important lors de sa discussion avec Alfred, lorsque ce dernier conseille à Jean-Pierre d'être rude avec Samantha, on apprend que Louise a déjà eu son enfant, or rien n'a été signalé dans la série tv à ce propos ! Dommage que les personnages secondaires soient si mal considérés. On ne rit pas pendant toute la durée de l'épisode, mais il y a un ou deux moments forts qui sont à mourir de rire le premier est celui de la seconde discussion entre Alfred et Jean-Pierre qui doivent aller en réunion avec un client pour lui présenter le projet de sa campagne publicitaire. Jean-Pierre éclate nerveusement et se met alors à pleurer comme une fillette. Il faut voir l'attitude d'Alfred, c'est à tomber. D'ailleurs on constate encore à ce moment-là qu'il ne pense qu'à l'argent, lorsque Jean-Pierre lui fait le reproche de ne penser qu'à l'argent justement, Alfred lui répond À quoi veux-tu que je pense, sinon à l'argent ? ». La prestation de Dick York avec ses grimaces, sa façon de jouer et sa gestuelle est tout simplement parfaite ! L'autre moment fort en rire est sans conteste lors de la réunion avec le client M. Martin, interprété par John Graham Les Espions », Au-Delà du Réel », Barnaby Jones », et la fameuse dispute pour le cornichon ! À noter d'ailleurs que John Graham faisait une apparition dans l'épisode pilote, l'homme qui parle à table avec Samantha chez l'amie de Jean-Pierre, mais n'était pas crédité au générique. La scène également avec l'interview de Jean-Pierre est assez amusante surtout vis à vis de ses propos sur l'avenir de son fils. Et on a même une jolie scène remplie d'émotion à la fin. Excellent épisode donc, on en veut d'autres comme celui-ci ! Retour à l'index 3. RECETTES CONTRE L'ENVOÛTEMENT WE'RE IN FOR A BAD SPELL Résumé Adam, un vieil ami d'armée de Jean-Pierre est installé quelques temps chez eux, il vient de Salem. Grâce à l'aide de Tante Clara, Samantha découvre qu'à cause de l'un de ses ancêtres qui a condamné une sorcière, Adam est ensorcelé. Toujours avec l'aide de Tante Clara, ils trouvent un antidote, qui consiste en 3 épreuves. Jean-Pierre et Samantha vont alors s'employer à ce que Adam les réalise pour lever le sort. Adam y arrivera juste à temps. Critique Encore un excellent épisode là, on est en plein délire. Adam, interprété par William Redfield Le Voyage Fantastique », Vol Au-Dessus d'un Nid de Coucou », Un Justicier dans la Ville », un vieux copain de l'armée à Jean-Pierre est installé chez eux pour quelques semaines le temps de retrouver une situation. Mais sa maladresse est telle, que Samantha pense qu'il y a quelque chose d'étrange, d'autant qu'il est de Salem. Avec l'aide de Tante Clara ils apprennent qu'il est ensorcelé ! Dès lors, tous vont s'employer pour qu'il réalise 3 épreuves pour avoir l'anti-sortilège. Je ne sais pas quel esprit tordu a mis au point ce scénario, mais c'est de la loufoquerie à souhait et il décroche fatalement des fous rires. Là encore, ce n'est pas tout l'épisode qui est amusant, mais un ou deux temps forts. Ceux-ci sont sans conteste la première épreuve du contre sortilège il faut voir la tête du chien ainsi que les deux suivantes la scène où Adam rentre avec Samantha chez eux, et qu'il voit Jean-Pierre et Tante Clara déguisés est tout simplement exceptionnelle Clara est la mère de La Fayette ! ! Par contre, petit détail amusant lors de la scène où Tante Clara fait ouvrir son livre des gens qui ont été ensorcelés, juste après l'ouverture du dit livre, on le voit en gros plan et on aperçoit très nettement le fil qui l'a ouvert ! Cela gâche un peu la magie. Les situations drôles ne sont donc pas en reste, lorsque Jean-Pierre demande à Samantha comment ils vont aider Adam, Samantha dit à Jean-Pierre qu'il faut s'en remettre entièrement à la science de Tante Clara et c'est juste à ce moment qu'elle arrive en catastrophe par la cheminée rassurant ! Et il faut voir également la tête de Jean-Pierre, lorsque Samantha lui apprend que son ami est ensorcelé. Encore un excellent épisode, et la suite n'allait être que du même acabit. Retour à l'index 4. LE PETIT-FILS MY GRANDSON THE WARLOCK Résumé Maurice, le père de Samantha, débarque et prend le fils d'Alfred Tate pour son petit fils. Il l'emmène alors à son cercle de sorciers à Londres pour le montrer. Mais en chemin, il croise Louise et Alfred. Ceux-ci rentrent alors en catastrophe pour retrouver leur enfant, Samantha et Jean-Pierre n'ont pas beaucoup de temps pour retrouver l'enfant de Louise et d'Alfred avant qu'ils n'arrivent. Heureusement tout rentrera dans l'ordre juste à temps. Critique Épisode faible. Tout d'abord, personnellement, je n'ai jamais apprécié le personnage de Maurice le père de Samantha que je trouve ennuyeux à souhait. Ici, il débarque chez Jean-Pierre et Samantha et prend le fils d'Alfred et Louise pour son petit fils. Il le prend et l'emmène au club des Sorciers à Londres. En chemin, il croise Louise et Alfred, ceux-ci rentrent alors en catastrophe pour venir retrouver leur enfant car la vision de Louise de son enfant dans les bras de Maurice l'a angoissée. Jean-Pierre et Samantha doive le retrouver avant qu'ils n'arrivent. L'épisode traîne en longueur, les gags visuels ne sont franchement pas drôles, et on s'ennuie assez rapidement. Le seul point positif, est que l'on retrouve une nouvelle fois la jolie Irene Vernon en Louise Tate qui apporte un peu de charme avec Samantha à l'épisode. Le fil rouge avec Charlotte Kravitz n'est pas plus amusant. Et Maurice est vraiment ennuyeux et casse l'épisode à lui seul. Retour à l'index 5. LES MAUVAIS TOURS DE L'ONCLE ARTHUR THE JOKER IS A CARD Résumé Un nouveau membre de la famille de Samantha fait son apparition chez eux l'Oncle Arthur, le frère d'Endora. Roi du mauvais calembour et de la plaisanterie douteuse, Endora ne le supporte pas. Arthur arrive à persuader Jean-Pierre qu'Endora est responsable de tous ses malheurs, et qu'il peut lui apprendre un sortilège pour se protéger d'elle. Il s'agit d'une nouvelle plaisanterie d'Arthur et Jean-Pierre se ridiculise. Mais, Samantha, Endora et Jean-Pierre décident de retourner la plaisanterie contre lui et ça fonctionne. Critique C'est le grand retour de Paul Lynde et c'est fois-ci dans la première apparition de l'oncle Arthur ! Il reviendra et pas qu'une fois. Alors, personnellement, j'ai un parti pris j'adore le personnage d'Arthur et l'acteur qui l'incarne. Je trouve qu'une fois encore Paul Lynde porte l'épisode à lui tout seul et c'est juste une merveille ! De mes souvenirs, avec cet épisode-là, jamais la série n'aura été aussi loin dans la dinguerie » et on atteint des sommets. Il suffit de voir la séance de répétition entre Jean-Pierre et Arthur pour l'incantation magique censée contrer Endora, c'est du pur délire et du pur non-sens total ! Je ne sais pas qui a eu cette idée loufoque, une fois de plus, mais il était bien barré. Arthur le dit d'ailleurs de lui-même, jamais il n'a fait une aussi bonne blague avec clarine et pipeau ! Les blagues de l'oncle Arthur sont potaches à souhait, mais moi j'adore et j'accroche ! Que ce soit le coup de la vache, ou ses jeux mots vaseux j'adore et j'en redemande. Moment mémorable donc que la répétition de la formule magique avec Arthur, c'est vraiment le moment fort de l'épisode, Dick York se prêtant totalement, visiblement avec amusement, à la scène. La scène de fin, elle, même si elle est moins drôle de mon point de vue, vaut tout de même le détour avec le coquard d'Endora. De plus, dès que l'on voit la tête de Paul Lynde, on a qu'une envie, c'est de sourire. Excellent épisode qui donne ici à la série son plein potentiel de délire ! Retour à l'index 6. UN ÉTRANGE REMÈDE TAKE TWO ASPIRINS AND HALF A PINT OF PORPOISE MILK Résumé Alors qu'ils sont chez un client pour une campagne publicitaire, celui-ci montre à Jean-Pierre et Samantha sa serre et sa rose noire du Pérou. Samantha la touche et se sent alors bizarre. Plus tard, chez eux, elle se rend compte que ses pouvoirs de sorcière sont détraqués. Tante Clara arrive alors et compose un remède, mais il lui faut des pétales de la rose noire, ce qui attire des ennuis à Jean-Pierre et passe la nuit en prison. Heureusement tout s'arrange. Critique Épisode drôle, mais sans plus. Vous n'aurez pas de fou rire avec celui-ci. On commence de plus à utiliser une nouvelle ficelle qui va devenir récurrente dans la série tv le passage au poste de police, devant un officier blasé incarné par Larry Mann Mannix », Dans La Chaleur de la Nuit », Des Agents très Spéciaux » qui reviendra plusieurs fois dans la série, sous d'autres personnages. Cette fois-ci Jean-Pierre doit s'expliquer pourquoi il a voulu acheter une plume d'autruche du chapeau d'une passante. Les gags visuels sont je trouve convenus, et même le fil rouge avec Charlotte Kravitz n'est pas réellement drôle. Dans cet épisode, on n’a pas encore le vendeur d'ingrédients pour les potions qui est un obsédé, et c'est Jean-Pierre qui se rend au magasin. Même la scène avec M. Norton, incarné par Lauren Gilbert Cannon », Les Espions », La Grande Combine » qui était déjà apparu dans un épisode précédent celui avec George le Sorcier qui se transformait en corbeau en tant qu'assistant de Alfred Tate n'est pas plus amusante. De même que le gag de l'autruche qui apparaît semble convenu, on reste un peu sur notre faim. Retour à l'index 7. LA FÊTE DES SORCIERS TRICK OR TREAT Résumé Endora vient très tôt pour prévenir Samantha que c'est Halloween, et qu'elle doit partir avec elle pour ne pas subir les plaisanteries et voir les images qu'ont les humains des sorcières. Mais Samantha refuse, ils ont des invités. Endora vient alors voir Jean-Pierre et lui demande qu'il autorise Samantha à faire ce voyage. Il refuse. Endora l'envoûte alors et il se transforme en loup-garou. Heureusement Samantha la ramènera à la raison. Critique C'est à nouveau un épisode grandiose dans le loufoque ! Le déguisement de Jean-Pierre en loup-garou est simplement à tomber. Mais il n'y a pas que cela, il y a aussi tout ce qui va avec décidément, Dick York joue le jeu à fond pour chaque gag et ça fonctionne du tonnerre. Le moment fort, est lorsque Jean-Pierre arrive dans leur jardin complètement changé en loup-garou et qu'il tombe sur Alfred et M. Rogers, joué par Jack Collins L'Homme de Fer », Jeannie de Mes Rêves », Mission Impossible ». Il est à noter que Jack Collins reviendra pas mal de fois dans la série sous des personnages différents. Lorsque l'on voit la tête de Jean-Pierre en loup-garou, on a qu'une envie c'est de rire ! Dick York nous livre donc ici en loup-garou une prestation exceptionnelle, sa façon de se mouvoir et ses gestes sont à tomber, il faut le voir lorsqu'il rentre avec Alfred et Rogers dans le salon, et qu'il commence à déchiqueter le coussin. Mais pire, en regardant le client, on ne sait pas qui est le plus malade des deux M. Rogers qui est fasciné ou Jean-Pierre en loup-garou. Dans les autres moments drôles, nous avons aussi lorsque Jean-Pierre vient juste de sortir par la fenêtre et que Samantha l'entend grogner dehors. Chose amusante, juste avant que Endora se change en petite fille, incarnée par Maureen McCormick Happy Days », Vegas », L'Île Fantastique », Agnes Moorehead est assez séduisante. Maureen McCormick en Endora enfant est vraiment très très expressive, c'est un bonheur de la voir jouer. On a également le plaisir de revoir Irene Vernon en Louise Tate. Bref, épisode en apothéose, on en redemande d'autres comme celui-ci. Retour à l'index 8. L'HABIT EST DE RIGUEUR THE VERY INFORMAL DRESS Résumé Jean-Pierre et Samantha doivent aller à une réception en urgence pour gagner la campagne publicitaire d'un nouveau client M. Barlow. Tante Clara qui est présente, utilise ses pouvoirs pour leur faire des tenues chics, mais très vite cela leur pose des problèmes. Jean-Pierre perd son costume et se fait arrêter, heureusement Samantha apporte les vêtements de Jean-Pierre en cellule, et un ivrogne fini d'innocenter Jean-Pierre sans le savoir. Critique La série a trouvé son rythme dans les épisodes loufoques et les enchaîne ! En voilà, un nouvel exemple. M. Barlow, interprété par Max Showalter Kojak », L'Incroyable Hulk », La Croisière S'Amuse », va devenir un client de l'agence d'Alfred, ils font donc une petite fête en urgence pour l'accueillir. Malheureusement Samantha et Jean-Pierre n'ont pas de tenues chics. Tante Clara remédie à cela, mais sa magie fonctionne encore mal et Samantha et Jean-Pierre perdent leur tenue. Samantha remplace la sienne, mais Jean-Pierre se retrouve dans la rue en sous-vêtements devant le client. Pire encore, un policier qui voulait le verbaliser pour une borne d'incendie qui avait été déplacée par Tante Clara, l'arrête pour exhibitionnisme. Tante Clara. Samantha apporte les vêtements de Jean-Pierre dans la cellule, et lorsqu'il est devant le juge, l'histoire du policier ne tient plus. L'alcoolique détruisant de ce fait en plus le reste de crédibilité de l'accusation avec ses histoires de changement de costume. L'alcoolique de la cellule, Montague, n'est autre que Dick Wilson, qui fait toujours le rôle d'un buveur dans la série, la plupart du temps lorsque Jean-Pierre va boire dans son bar favori. Le passage avec le policier autour de la voiture est tout simplement énorme comme dans le précédent épisode, c'est du non-sens total et on est obligé d'éclater de rire. L'autre scène dans la cellule avec Montague est également mythique, le reste de l'épisode est certes un peu moins drôle mais le reste également il faut voir le moment où le client Barlow se vante, tandis que la robe de Samantha part en morceaux et bien sûr la scène devant le juge. Excellent épisode à nouveau, la série a pris son envol. Retour à l'index 9. SAMANTHA PREND LA PLUME ...AND THEN I WROTE Résumé Samantha doit écrire une pièce pour célébrer les 100 ans du nord contre le sud. Mais Jean-Pierre trouve que les personnages manquent de relief. Sur les conseils de sa mère, Samantha fait apparaître un à un ses personnages. Mais Samantha n'arrive plus à s'en débarrasser et ses personnages ont une vie propre qui lui expliquent alors comment écrire la pièce, et notamment la fin pour qu'ils puissent disparaître. Critique On continue dans les excellents épisodes, si il n'est pas foncièrement drôle dès le départ, celui-ci monte crescendo jusqu'à un final des plus amusants. Samantha engage la parole de Jean-Pierre pour qu'il fasse la publicité d'un cabinet de psychiatrie qui veut fêter les 100 ans de la guerre de sécession, Jean-Pierre furieux, donne alors sa parole que Samantha s'occupera de la pièce qui est à faire également. Samantha commence à écrire, mais devant les critiques de Jean-Pierre, décide de faire apparaître ses personnages pour qu'ils soient plus crédibles. Mais, contre toute attente, le capitaine Corcoran, joué par Chet Stratton Les Arpents Verts », Mannix », Le Fugitif », un Indien, incarné par Tom Nardini Hawaï Police d'état », Cimarron », Kung Fu » et Violet une jolie fille du nord, incarnée par Eileen O'Neill Max La Menace », L'Homme à la Rolls », Batman » série des années 60 reviennent sans que Samantha puissent les contrôler et commencent à avoir leur vie propre. De ce fait, ils expliquent alors l'intrigue et la fin de la pièce à Samantha pour qu'ils puissent disparaître. Si les apparitions des personnages ne sont pas toujours très drôles, malgré le fil rouge avec Charlotte Kravitz, le final est juste exceptionnel et notamment avec l'apparition à la fin de l'épisode de deux danseurs de Vaudeville qui font leur numéro devant Jean-Pierre, Samantha et Mme Kravitz avant de disparaître, c'est à mourir de rire. Très bon épisode donc, qui commence doucement mais fini en apothéose. Retour à l'index 10. JEAN-PIERRE JUNIOR JUNIOR EXECUTIVE Résumé Endora change Jean-Pierre en petit garçon pour s'amuser, même lorsqu'il est au bureau et qu'un client arrive. Impressionné par Jean-Pierre en petit garçon, Harding le client veut le revoir pour qu'il expose la campagne publicitaire. Commence alors un va et vient pour Jean-Pierre en adulte et en petit garçon. Heureusement, il trouvera une idée pour se débarrasser de sa version en petit de lui-même et qu'il puisse exposer son idée à son client. Critique Encore un bon épisode, mais un peu moins drôle que les précédents. Harding, interprété par Oliver McGowan Star-Trek TOS », Les Mystères de L'Ouest », Cher Oncle Bill », est impressionné par la version enfant de Jean-Pierre et tient à ce que ce soit lui qui fasse la présentation en compagnie de Jean-Pierre adulte. Jean-Pierre enfant, joué par Billy Mumy et qui était déjà apparu dans un précédent épisode lorsqu'il rencontre le père noël, lui, découvre la solution pour laquelle le jouet n'arrive pas à se vendre. Finalement se conduisant comme un petit monstre, le client finira par écouter Jean-Pierre adulte. Alors il n'est pas drôle au point de se plier en deux de rire, mais il y a tout de même un ou deux moments forts dans cet épisode le premier est sans conteste lorsque Alfred Tate entre dans le bureau de Jean-Pierre en disant au client que ce dernier est le plus brillant et le plus jeune de leurs éléments et qu'il trouve la version de Jean-Pierre enfant. C'est tout simplement à tomber. L'autre moment, évidemment, étant lorsque Jean-Pierre enfant devient infernal et entre en arrosant Alfred et le client avec son pistolet à eau c'est gamin, mais ça marche. Dans un autre bon point pour l'épisode, on peut mettre en avant que Billy Mumy incarne un Jean-Pierre petit vraiment convainquant, et avec conviction. Ses attitudes sont vraiment celles d'un adulte qui serait redevenu un enfant, la performance est réellement à saluer. Endora ne fait qu'une petite apparition, mais c'est d'elle que part toute la mécanique de transformer Jean-Pierre en enfant. On enchaîne donc dans les bons épisodes, espérons que ça continue. Retour à l'index 11. LES AMOURS DE TANTE CLARA AUNT CLARA'S OLD FLAME Résumé Hedley Patridge un ancien amoureux de Clara, cherche à renouer avec elle, Endora pour arranger les choses et se débarrasser de Clara dont les pouvoirs déclinent, invite Hedley chez Jean-Pierre et Samantha. Hedley encore en pleine possession de ses pouvoirs fait peur à Clara, mais Samantha propose à Clara de l'aider lorsqu'elle utilisera la magie. Mais Clara grisée par ses réussites, pense que ses pouvoirs sont revenus et change sans le vouloir par erreur Hedley en éléphant. Hedley avoue alors à Clara que lui aussi ses pouvoirs sont presque réduits à néant et les deux amoureux renouent leurs liens. Critique C'est reparti dans les embrouilles avec Tante Clara ! Endora, vient voir Samantha et lui raconte que les pouvoirs de Clara déclinent, Clara arrive peu après apeurée car un ancien amoureux Hedley Patridge, incarné par Charlie Ruggles qui était déjà venu dans la série en tant que client Caldwell de Jean-Pierre qui semblait dépassé par les campagnes de publicité moderne pour ses potages. Endora a alors l'idée de réunir les deux tourtereaux pour se débarrasser de Clara. Lorsque Hedley arrive, il fait croire à Clara qu'il a encore tous ses pouvoirs et qu'il peut faire tous les tours de magie qu'il souhaite. Clara impressionnée, se voit alors aidée par Samantha pour contrebalancer son manque de sorcellerie. Hélas, Clara oublie vite qu'elle n'a plus de pouvoirs, et pensant qu'ils sont revenus elle veut épater Hedley et le change par erreur en éléphant. Heureusement tout s'arrangera, et il avouera à Samantha que lui aussi n'a plus de pouvoirs. Ce n'est pas un épisode particulièrement drôle, même si il y a toujours un fil rouge avec les Kravitz, en fait, ici ce serait même plutôt ennuyeux. En effet, je trouve Mme Kravitz énervante tout au long de l'épisode et on a qu'une envie c'est de ne pas la voir. Ses apparitions n'étant pas drôles du tout. L'épisode joue donc plutôt sur le côté émotionnel et pose à nouveau la question de savoir si nous sommes finis ou pas lorsque l'on est vieux. Jean-Pierre est peu présent à l'écran, et c'est surtout axé sur Tante Clara. Même si on est heureux de revoir Marion Lorne, là aussi, je ne trouve pas ses scènes spécialement drôles. Mais, l'épisode se distingue par le côté émouvant de l'histoire, c'est pour ce registre là aussi qu'on aime Ma Sorcière Bien-Aimée » ! Retour à l'index 12. SORCIER EN HERBE A STRANGE LITTLE VISITOR Résumé Un couple d'ami Sorciers de Samantha, lui demande de garder leur enfant pendant leur absence d'une journée. Dans leur bar favori, Alfred demande à Jean-Pierre de lui garder un superbe collier qu'il a acheté pour Louise. Un homme les écoute et suit Jean-Pierre jusque chez lui. Alors qu'il s'apprête à voler le collier Jean-Pierre le prend sur le fait, et grâce à Michel le petit sorcier, il est arrêté par la police.. Critique Épisode faible, qui fait retomber le niveau de la série. Si l'idée était bonne, d'avoir un petit sorcier sans que Jean-Pierre le sache, l'idée est malheureusement très mal exploitée. Les gags ne sont pas vraiment amusants. Par contre, on notera pour le père du petit michel, la présence de James Doohan qui n'est autre que l'ingénieur Scott de l'USS Enterprise dans la série Star-Trek Classic ! Pour la mère de Michel, c'est Anne Sargent Perry Mason », Vénus en Uniforme », My Son Jeep », qui interprète le rôle. Et on retrouve à nouveau Dick Balduzzi en policier, et déjà présent dans un épisode précédent en policier dans l'épisode intitulé L'Habit est de Rigueur ». C'est ce genre de petit détail de continuité dans cette série que j'adore ! Néanmoins, que ce soit le gag avec la voiture de pompier, avec Jean-Pierre ou le voleur, ça ne décroche vraiment pas un sourire. Je trouve que Mme Kravitz est toujours aussi énervante dans cet épisode, et ni la partie de baseball ne fait rire elle non plus. Bref, épisode vraiment moyen, mais on ne peut pas avoir une saison totale exceptionnelle. Retour à l'index 13. MON PATRON L'OURSON MY BOSS THE TEDDY BEAR Résumé Endora veut emmener Jean-Pierre et Samantha à un mariage de sa cousine. Mais Jean-Pierre a trop de travail, Endora demande alors à Alfred, de libérer Jean-Pierre, qui accepte, Alfred cherchant un ours en peluche pour son fils. Endora pour le remercier lui apporte un ours en peluche au bureau. Jean-Pierre fait alors une méprise et pense que l'ours d'Endora est Alfred qu'elle aurait changé suite à la menace qu'elle lui avait faite le matin. S'ensuit alors une série de quiproquos, mais heureusement Alfred réapparaît. Critique Une fois de plus l'idée est amusante, mais je trouve qu'elle n'est pas assez bien mise en valeur. Ce qui fait que l'épisode dans son ensemble est un peu amusant, mais sans plus il ne décroche pas vraiment de fou rire. Endora demande à Samantha de l'accompagner pour un mariage d'une cousine de Samantha, mais cette dernière lui explique que Jean-Pierre a trop de travail et qu'Alfred n'acceptera jamais de le laisser prendre 2 journées. Endora menace alors Jean-Pierre de changer Alfred en objet inanimé pendant 2 jours. Puis Endora rencontre Alfred dans un magasin où il cherchait un ours en peluche pour son fils, pour lui demander si il accepte de laisser partir Jean-Pierre, Alfred dit oui et pour le remercier Endora lui apporte un ours en peluche au bureau. Jean-Pierre fait alors une terrible méprise et prend l'ours en peluche pour Alfred. Le moment fort de l'épisode est sans aucun doute lorsque Jean-Pierre berce et parle à l'ours en peluche tandis que le client pour laquelle il doit faire une publicité entre dans le bureau avec son assistant et le mannequin, il faut voir la tête de M. Harper, joué par Jack Collins qui était déjà présent dans l'épisode La Fête des Sorciers ». Les gags qui suivent tout le long de l'épisode sont certes amusants mais n'arrivent pas forcément à déclencher le rire. Nous retrouvons la néanmoins charmante Irene Vernon pour une courte apparition en Louise Tate, et l'autre partie charme de l'épisode est assurée par Diane, incarnée par Lael Jackson Jeannie de Mes Rêves », Les Dessous de Palm Beach », Alfred Hitchcock Présente », le mannequin censée représenter le client pour sa publicité. Endora n'est pas particulièrement odieuse ou maléfique, au contraire même, elle fait un cadeau à Alfred. Bref, un épisode moyen de la série tv comme il y en a eu au cours des saisons de celle-ci. Retour à l'index 14. LA VÉRITÉ SPEAK THE TRUTH Résumé Jean-Pierre fait un compliment à Samantha qui vient juste de se lever, avant de repartir au bureau. Endora, apparaît alors et lui dit qu'il lui ment, comme tous les humains. Samantha défend Jean-Pierre, mais Endora veut démontrer sa théorie et lui fait alors un cadeau anonyme une statue de la vérité. Toute personne à proximité de la statue est obligée de dire la vérité les ennuis commencent. Heureusement, Endora révélant le truc à Samantha et Jean-Pierre, ils sauront s'en servir pour retourner la situation. Critique Bon épisode, le thème choisi est tout simplement excellent faire dire la vérité aux personnes sans qu'ils s'en rendent compte. Endora demande à Hagatha, jouée par Diana Chesney Anna et le Roi », Stalag 13 », Opération Vol » qui reviendra dans la série sous le personnage d'Enchantera bien plus tard, une statuette de la vérité. Elle la dépose alors en cadeau d'un oncle de Jean-Pierre sur son bureau. Les ennuis commencent alors, déjà avec sa secrétaire incarnée par Sharon De Bord et sa robe moulante, puis ensuite avec Alfred et le client qu'il doit recevoir chez lui. Le moment le plus fort étant sans conteste lorsque Alfred rentre dans le bureau de Jean-Pierre et qu'ils se retrouvent tous les deux sous l'influence de la statuette. En effet, je trouve que pendant la soirée chez Samantha et Jean-Pierre ce n'est pas assez poussé l'effet de vérité, on pouvait faire un peu mieux. Personnellement, je ne trouve pas le client, Ed Hotchkiss joué par Charles Lane La Petite Maison dans la Prairie », Maude », Rick Hunter » qui d'ailleurs reviendra dans pas mal d'épisodes de la série sous différents personnages, ni sa femme interprétée par Elisabeth Fraser Rawhide », Le Fugitif », Mannix » très marrants. Certes la femme de Hotchkiss lui balance la vérité qui est tout le contraire de ce qu'il dit mais ça ne fait pas sourire, même Louise Tate ne tire pas son épingle du jeu. Bref, bon épisode, mais il y avait tellement à faire qu'on aurait pu mieux l'exploiter de mon point de vue. Mais, cet épisode met en lumière une chose vraie et avec laquelle je suis d'accord sur ce point avec Endora si les êtres humains devaient en permanence dire la vérité, il en résulterait un cataclysme et très vite ça tournerait au désastre. À noter qu'enfin dans la décoration de l'appartement de Jean-Pierre et Samantha, le miroir juste à côté de la porte d'entrée et au-dessus du petit meuble a été installé pour cet épisode, il deviendra dans la série l'objet de pas mal de mésaventures. Retour à l'index 15. J'AI VU LE PERE NOËL A VISION OF SUGAR PLUMS Résumé Jean-Pierre et Samantha reçoivent une carte de vœux de fin d'année de la part de Michel, le jeune garçon orphelin qui était venu passé les fêtes de noël chez eux l'an passé. Samantha et Jean-Pierre se souviennent alors de la visite qu'ils avaient faite avec Michel au Père Noël au pôle nord. Critique Épisode spécial Noël, donc, il parle du père Noël. Néanmoins, les scénaristes ne se sont pas foulés, ils ont juste introduit une séquence avec Jean-Pierre et Samantha qui reçoivent une carte de Michel et c'est purement et simplement une rediffusion de l'épisode 15 mais de la saison 1 !!! On retrouve donc Billy Mummy en Michel qui était crédité d'un Bill Mummy dans la saison 1, et il n'y a même pas de scène de fin où on aurait vu Jean-Pierre et Samantha finir devant le sapin, ou autre chose de ce genre. Non l'épisode finit exactement comme celui de la saison 1. Même note donc que cet épisode de la saison 1 et donc critique identique à consulter à l'épisode 15 de la saison 1. C'est vraiment une incongruité de la série ! Peut-être une question de temps et de budget ou tout simplement un problème technique ou une grève dans la profession. Retour à l'index CHALET A LA CAMPAGNE THE MAGIC CABIN Résumé Jean-Pierre est épuisé par son travail et ne trouve plus d'idées pour une campagne publicitaire. Sur un conseil de Samantha, Alfred leur propose de passer le weekend dans un petit chalet qu'il a acheté à la campagne. Mais lorsque Jean-Pierre et Samantha arrivent, ils trouvent une ruine. Samantha utilise alors ses pouvoirs pour le remettre en état. Mais un couple de jeunes acheteurs, arrivent et voit la cabane refaite, ils achètent sans discuter. Mais Alfred vient en même temps qu'eux au Chalet, Samantha fait en sorte que tu se passes bien, et laisse la maison qu'elle a arrangée aux jeunes amoureux. Critique Un nouvel épisode qui joue plus sur le côté sentimental que sur le côté humoristique. Ici, Jean-Pierre est tellement fatigué qu'il doit se reposer, Alfred l'envoie alors dans un chalet à la campagne qu'il a acheté il y a quelques années. Mais en arrivant avec Samantha, il découvre une vraie ruine. Samantha refait entièrement l'intérieur, mais malheureusement Alfred l'a mis en vente et les jeunes acheteurs arrivent juste quand Samantha et Jean-Pierre sont absents et trouvent l'intérieur refait. Ils achètent sans discuter et Alfred trouvant cela bizarre se rend à son chalet en même temps que leurs acheteurs, Samantha doit donc utiliser ses pouvoirs pour se sortir de là. Alors les moyens techniques étant ce qu'ils sont pour l'époque, évidemment c'était difficile de faire en sorte un trucage comme maintenant avec ce que verrait Alfred, et ce que verraient les jeunes acheteurs. La solution du cache fut utilisée pour couper l'image en deux et mettre d'un côté la partie refaite par Samantha et de l'autre côté la partie délabrée vue par Alfred. On peut certes discuter longtemps sur les détails de l'incohérence de la chose, mais il faut se remettre dans les années 60 ! Non je pense plutôt à ce que disait un spécialiste de la série dans les bonus que lorsqu'il y avait un effet comme celui-ci où Samantha changeait tout l'intérieur, Elizabeth Montgomery devait garder la pose pendant tout le temps où l'équipe technique enlevait les meubles et mettait les autres à la place. Et que parfois ils devaient lui apporte une cale pour qu'elle puisse faire reposer ses bras ! Les jeunes acheteurs Charles, interprété par Peter Duryea Le Virginien », Cher Oncle Bill », Star-Trek TOS » et Alice, incarnée par Beryl Hammond qui était déjà dans un épisode précédent de la série, sont là pour le côté émouvant et pour lequel Alfred doit les aider à les lancer dans la vie. Bref, un épisode classique de la série tv. Retour à l'index 17. LA BONNE MAID TO ORDER Résumé Samantha va bientôt accoucher, et Jean-Pierre ne veut plus qu'elle fasse les tâches ménagères, ils décident donc de prendre une bonne Noémie. Qui est une catastrophe à elle toute seule. Mais Samantha pour lui donner confiance en elle, l'aide avec la magie. Noémie est alors engagée un soir chez Alfred pour faire la cuisine pour 8 personnes. Samantha va devoir encore l'aider pour qu'elle réussisse. Critique Alors, c'est encore un épisode où on n’éclate pas de rire, mais qui marque l'introduction d'un nouveau personnage qui reviendra de façon récurrente dans la série tv, mais sous une autre forme avec cependant la même actrice. Je m'explique Samantha et Jean-Pierre engage Noémie, interprétée par Alice Ghostley Simon & Simon », Chips », Les Routes du Paradis », une bonne qui va aider Samantha. Or, l'actrice qui joue Noémie reviendra encore dans un autre rôle de bonne mais en tant qu'Esmeralda cette fois-ci, et elle sera une sorcière qui à l'image de tante Clara, rate toujours ses tours, et est tellement timide qu'elle devient invisible. Les gags ici ne sont pas vraiment drôles, et sont surtout axés sur la maladresse de Noémie que Samantha réussi à rattraper à chaque fois. Cet épisode, toutefois, grâce à la soirée qui se passe chez les Tate nous permet de revoir Irene Vernon en Louise et qui est toujours aussi magnifique comme actrice. Le reste étant surtout des prises de bec entre Jean-Pierre et Alfred, et n'est pas non plus d'une grande drôlerie. Un épisode moyen, sans plus. Retour à l'index 18. ET MAINTENANT NOUS SOMMES TROIS ! AND THEN THERE WERE THREE Résumé Samantha accouche et met une petite fille au monde. En même temps, elle reçoit pour la première fois depuis un long moment la visite de sa cousine Serena. Ayant encore des mots avec Endora à propos de sa fille, Jean-Pierre en croisant Serena pense que Endora a changé son bébé en femme adulte et il la suit. Les ennuis ne tardent pas à arriver, heureusement tout fini par s'arranger et le nom du bébé est choisi, ce sera Tabatha. Critique Épisode un peu spécial de la série tv et pour plusieurs raisons tout d'abord, l'arrivée de Tabatha. La petite fille de Jean-Pierre et Samantha est enfin née, et avec elle va venir toutes les péripéties que nous ne connaissons que trop bien. La deuxième raison est l'arrivée de Serena, incarnée par Elizabeth Montgomery qui jouait le rôle sous un pseudo Pandora Spocks il est d'ailleurs amusant de voir que sur son lit Samantha lit un livre avec le nom de Spock dessus !. Là aussi, arrive avec ce personnage toutes les embrouilles que connaîtra Jean-Pierre ou Alfred avec elle, et ça commence avec l'infirmière en chef Kelton, incarnée par Eve Arden Des Agents Très Spéciaux », Laredo », Pour L'Amour du Risque », qui se voit changer en grenouille par Serena. D'ailleurs il faut que vous notiez un petit détail le prénom de la fille de Jean-Pierre et Samantha, et le prénom de Serena, et maintenant celui de Samantha et d'Endora. Vous ne remarquez rien ? C'était une des règles de la série toutes les sorcières qui apparaissent dans la série tv, doivent forcément avoir un prénom se terminant par la lettre A » Tante Clara, Bertha, etc.. Il est d'ailleurs une autre petite chose à noter, à la fin de cette épisode est mis dans les crédits and introducing Tabatha » comme dans la version française, qui n'a donc pas faite d'erreur ! Ce n'est que plus tard dans la série, que la fille de Jean-Pierre et Samantha changera légèrement de prénom en devenant Tabitha. Dans le même ordre d'idée, personne ici n'est encore crédité pour le personnage de Serena. Le pseudo d'Elizabeth Montgomery sera lui aussi mis plus tard dans la série tv au générique. Bref, un épisode qui marque pas mal de changements, mais qui offre également un ou deux beaux moments d'émotion. Par exemple lorsque Jean-Pierre prend Endora dans ses bras dans la salle d'attente, on sent que réellement Endora est très heureuse, et je pense que c'est à partir d'ici que son sentiment envers Jean-Pierre a changé. L'autre moment d'émotion étant vers la fin, lorsque Jean-Pierre demande à Samantha si Tabatha est une sorcière, Samantha répond qu'elle aime sa fille tout simplement. Excellent épisode mais pas dans le rire, je trouve que les gags visuels ne décrochent pas de sourire que ce soit Jean-Pierre changé en Indien ou avec une tétine dans la bouche, ce n'est pas vraiment amusant ici. Mais maintenant, ils sont trois. Retour à l'index 19. L'ENFANT PRODIGE MY BABY, THE TYCOON Résumé Jean-Pierre et Samantha reçoivent en cadeau de la part des Kravitz, une action d'une compagnie qui n'a jamais bougé en bourse. À partir du moment, où il est à Tabatha, le titre grimpe. Jean-Pierre tente alors l'expérience de faire choisir d'autres actions par Tabatha qui grimpent elles aussi. Il est alors persuadé que Tabatha est une sorcière et qu'elle utilise ses pouvoirs pour manipuler la bourse, heureusement la réalité sera tout autre. Critique Nous restons dans les épisodes moyens. Et celui-ci est dans la continuité des précédents, il vous arrachera peut-être un ou deux sourires, mais vraiment rien de plus. Les gags visuels n'étant pas là encore dans cet épisode extraordinaires, et servant surtout à montrer le bébé Tabatha. Peut-être de voir la petite poupée voler est-elle assez amusante mais rien de plus. On nous présente tout de même un nouveau membre de la famille des Kravitz, le cousin Julius incarné par Jack Fletcher Drôles de Dames », Ricky ou La Belle Vie », Côte Ouest » et qui reviendra dans un autre épisode de la série sous un autre personnage. Jean-Pierre est un tantinet énervant dans cet épisode, à toujours s'exciter en pensant que sa fille est déjà une sorcière. Il est d'ailleurs à remarquer que si l'on suivait les dire de Maurice, le père de Samantha, d'un épisode précédent lorsqu'il prend le fils Tate pour son petit-fils, que Tabatha est carrément à la ramasse ! En effet, il avait dit que Samantha savait parler plusieurs langues et faire des tours au bout de quelques heures seulement. Enfin Charlotte et Albert Kravitz ne vous feront pas non plus hurler de rire, et se contenteront d'être eux aussi assez énervants sur tout l'épisode. Bref, un épisode légèrement amusant sans plus. Retour à l'index 20. LA RENCONTRE SAMANTHA MEETS THE FOLKS Résumé Jean-Pierre et Samantha reçoivent une lettre des parents de Jean-Pierre qui vont venir voir Tabatha dans une quinzaine de jours. Samantha est très contente, mais Jean-Pierre est inquiet et se remémore la fois où ses parents étaient venus en même temps que Tante Clara. Critique Deuxième rediffusion d'un épisode de la Saison 1. Cette fois-ci il s'agit de celui où les parents de Jean-Pierre étaient venus leur rendre visite en même temps que Tante Clara qui débarquait à la maison. Il s'agît de l'épisode 14 intitulé Les Beaux Parents » en version Française Samantha Meets The Folks » en version originale. Comme la rediffusion pour l'épisode spécial noël, on a juste rajouté une scène au début de l'épisode, où l'on voit Samantha avec Tabatha dans les bras, et Jean-Pierre vient leur annoncer que Tabatha a reçu sa première lettre. Il l'ouvre et découvre que ce sont ses parents qui écrivent et qu'ils viendront voir Tabatha sous 15 jours. Samantha est alors très heureuse, mais Jean-Pierre est inquiet et se rappelle lorsqu'ils étaient venus en même temps que Tante Clara, Samantha lui dit alors que ce n'est pas de sa faute, qu'elle était arrivée par la cheminée, on a alors un effet de vague pour nous indiquer qu'on retourne dans le passé et la rediffusion de l'épisode de la saison 1 commence. Je lui remets donc la même note que pour l'épisode original celui-ci étant particulièrement ennuyeux. À noter un petit détail pour la version française la séquence d'ouverture n'ayant jamais été doublée, vous l'aurez donc en version originale sous-titrée en français. En tous cas, une fois de plus c'est une incongruité dans la série, et on se demande bien quelle raison a fait en sorte qu'un second épisode soit rediffusé. Retour à l'index 21. LE CHAMPION FASTEST GUN ON MADISON AVENUE Résumé Jean-Pierre emmène Samantha manger dans un restaurant. Samantha arrive la première, et un homme saoul commence à l'importuner. Jean-Pierre arrive et une bagarre commence, Samantha aide Jean-Pierre avec ses pouvoirs magiques à mettre OK l'importun. Le lendemain, Jean-Pierre a la désagréable surprise de voir qu'il s'agit du champion poids lourds de boxe. Les ennuis de Jean-Pierre s'aggrave lorsqu'il met au tapis un autre boxeur. Jean-Pierre n'a plus qu'à se retirer de la Boxe. Critique Encore un épisode pas très amusant, cette fois-ci Jean-Pierre avec l'aide de Samantha met KO un champion de Boxe Kovacks, incarné par Roger Torrey Bonanza », Mannix », Sherif, Fais Moi Peur ! ». Samantha croyant bien faire l'aide pour mettre Kovacks au tapis une seconde fois au grand dam de Jean-Pierre qui était convenu avec Kovacks de s'allonger pour réparer les choses. L'épisode se finissant sur Jean-Pierre qui assomme un autre boxeur Tommy Carter, joué par Rockne Tarkington Des Agents Très Spéciaux », Matt Houston », MacGyver ». À noter que nous retrouvons dans cet épisode Dick Wilson en alcoolique et qui le jouait déjà dans un autre épisode L'Habit est de Rigueur » en faisant le compagnon de cellule de Jean-Pierre Montague. Sinon, grâce à cet épisode nous apprenons que Jean-Pierre et Samantha vivent dans la banlieue de New-York, grâce au journal qu'ils reçoivent Le New York Chronicles ». Nous retrouvons comme à l'habitude un fil rouge avec Charlotte Kravitz, mais là encore, comme depuis quelques épisodes ses interventions ne décrochent plus le moindre sourire. Petit détail pour la décoration de l'appartement de Jean-Pierre et Samantha, le miroir qui avait été mis à côté de la porte d'entrée est de nouveau remplacé depuis quelques épisodes par un chandelier, plein de bougies, posé sur le meuble. Bref, encore un épisode moyen de la série. Retour à l'index 22. L'OURS DANSANT THE DANCING BEAR Résumé Les parents de Jean-Pierre leur rendent visite pour voir Tabatha. Endora est présente, et la rivalité s'installe. Le pire moment arrive lorsqu’Endora s'aperçoit que les parents de Jean-Pierre ont apporté en cadeau le même ours en peluche qu'elle. Endora ensorcelle alors son ours pour qu'il danse à chaque fois que l'on prononce le nom de Tabatha. Le père de Jean-Pierre séduit par l'idée veut lancer la fabrication d'ours en peluche dansants et fait appel à un fabriquant de jouets. Heureusement, Samantha arrange les choses. Critique C'est la rivalité entre les belles mères ! À celle qui aura le plus l'attention de Tabatha et marquera le plus de points auprès d'elle. On constate d'ailleurs dans cet épisode le côté un petit peu pathétique d'Endora, qui bien qu'affirmant depuis des lustres dans la série que les sorcières sont au-dessus des humains, elle se comporte exactement comme eux dans la jalousie. Cela la fiche un peu mal pour Endora, et il faut la voir lorsque la mère de Jean-Pierre amène le clown pour Tabatha. Le fabriquant de jouets Hockstedder est joué par Arthur Julian Stalag 13 », Jeannie de Mes Rêves », » qui reviendra dans la série plus tard. Rien de vraiment amusant, et les parents de Jean-Pierre n'arrivent vraiment pas à attirer la sympathie je trouve, disons que lorsqu'ils sont là dans un épisode, c'est toujours assez ennuyeux. Bref, un des plus faibles épisodes de cette saison. Retour à l'index 23. LES TROIS SOUHAITS DOUBLE TATE Résumé On fête l'anniversaire de Jean-Pierre, alors que Samantha est en train de faire un gâteau à cette attention, Endora arrive. Voyant cela, elle décide de faire un cadeau à sa manière à Jean-Pierre. Elle lui offre 3 vœux qu'il pourra utiliser comme il le souhaite. Mais alors qu'un client à l'agence ne souhaitant signer qu'avec Alfred va partir, Jean-Pierre souhaite être Alfred pour la journée et il se transforme en son patron. Les ennuis commencent lorsqu'il retrouve Louise, et que le vrai Alfred revient. Heureusement, Jean-Pierre redeviendra lui-même et tout s'arrangera. Critique C'est un épisode amusant, mais rien de plus. L'idée que Jean-Pierre devienne Alfred Tate, est assez bonne en soi, et assez amusante. Mais les gags à l'écran ne décroche pas vraiment de fou rire. Cependant, il est assez drôle pendant toute sa durée. Nous voyons pour une fois un peu plus longtemps la jolie Irene Vernon toujours dans le rôle de Louise, et c'est toujours un vrai plaisir de la retrouver. Dans la nièce que le client veut caser chez Alfred, on retrouve Kathee Francis qui n'eut pas une très grande carrière, en effet à part un ou deux petits rôles dans Jeannie de Mes Rêves » par exemple, celle-ci s'est arrêtée peu après sa présence dans Ma Sorcière Bien-Aimée ». Contrairement à l'acteur faisant son oncle, Irwin Charone Max La Menace », The Monkees », L'Homme à la Rolls », un habitué de la série qui reviendra sous différents personnages tout au long de celle-ci. Endora pour une fois n'est pas machiavélique, mais s'arrange tout de même pour empoisonner la vie de Jean-Pierre grâce aux vœux qu'elle lui accorde sans l'en avertir. Les gags servant alors surtout de permettre à Jean-Pierre d'atteindre minuit avant que le vrai Alfred ne le découvre. Néanmoins comme un épisode précédent avec le boxeur, on reste sur des énigmes non résolues ainsi, si Jean-Pierre et Samantha peuvent convaincre Louis qu'elle rêvait, que diront-ils à la secrétaire et au client, et surtout à sa nièce ! On laisse ça dans le vague. Mais, il faut admettre que la prestation de David White dans cet épisode est une performance ! Un épisode agréable, sans plus. Retour à l'index 24. SAMANTHA COUTURIÈRE SAMANTHA THE DRESSMAKER Résumé Samantha doit se confectionner une robe pour une soirée qui se déroulera avec un client très important pour Jean-Pierre. Endora invite sa fille à déjeuner à Paris, et l'emmène chez un grand couturier Aubert, pour que Samantha s'inspire d'un de ses modèles de robes. Mais Samantha n'arrive pas à la reproduire à la main et utilise la magie pour refaire la robe. Au cours de la soirée, les ennuis commencent la femme du client demande à Samantha de lui faire une robe comme elle, ainsi que d'autres personnes. Mais Aubert arrive en Amérique et découvre ses robes. Il menace de traîner Jean-Pierre et l'agence en justice, heureusement Samantha retournera la situation. Critique Bon épisode, dans la continuité du précédent il n'y a pas de moments forts qui sont très drôles, mais l'épisode est amusant sur toute sa durée. Cette fois-ci Samantha à cause d'Endora qui l'emmène à Paris, copie les robes d'un grand couturier Aubert, incarné par Dick Gautier Charles S'en Charge », Arabesque », La Croisière s'Amuse ». Ce dernier vient aux USA et découvre les copies faites par Samantha sur la sœur du client, interprétée par Arlen Stuart Cannon », La Planète des Singes » série tv, Max, Le Meilleur Ami de l'Homme » et sur la femme du client, incarnée par Barbara Morrison Les Bannis », Adam-12 », Dossiers Brûlants ». Le dit client, Glendon, étant joué par Harry Holcombe un habitué de la série qui était déjà dans un épisode précédent et qui reviendra plus tard sous d'autres personnages. Aubert veut intenter un procès à Jean-Pierre et l'agence non pas pour la copie mais parce que ses robes sont portées par des femmes affreuses amusant. La scène tout de même assez drôle est lorsque Samantha va le voir et lui soumet l'idée de faire des robes pour la classe moyenne. Il ne faut surtout pas rater le final avec Charlotte Kravitz qui apparaît avec une ombrelle. À ce propos, on voit dans cet épisode les ravages que commençait à faire la maladie, Alice Pearce est vraiment rachitique, il suffit de regarder ses poignets dans l'épisode. Pas de vues réelles de Paris cette fois-ci pour le voyage de Samantha et Endora en France, mais quelques inscriptions en Français, par exemple sur la porte de Aubert. Bon épisode, assez amusant dans son ensemble. Retour à l'index 25. ALLONS AUX COURSES THE HORSE'S MOUTH Résumé Un cheval de course s'échappe de son fourgon de transport et arrive dans le jardin de Samantha. Ne comprenant pas ce qu'il veut, elle le change en humain, et devient une femme c'est une jument. Jean-Pierre revient avec un ami qui a besoin de 2000$ pour lancer un projet. Dolly, la jument changée en humaine propose alors d'aller jouer aux courses. Elle fait gagner Gus, l'ami de Jean-Pierre, et a une chance de remporter la première course de sa vie. Elle demande à Samantha de lui rendre sa vraie apparence et que l'ami de Jean-Pierre mise tout sur elle Dolly Fringante remporte la course. Critique Magnifique épisode de la série tv ! C'est ce genre de scénario que l'on veut voir drôle, intelligent, surprenant ! Un cheval s'évade de son fourgon de transport et atterri chez Samantha. C'est une jument, à qui elle donne une apparence humaine, et Dolly Fringante devient la jolie Dolly incarnée par Patty Regan Matthew Star », Simon & Simon », Adorablement Vôtre ». Cette dernière livre une prestation tout simplement extraordinaire du début à la fin de l'épisode. Que ce soit sa façon de rire à ses blagues vaseuses, ou qu'elle soit inquiète, ou en colère son registre est dans une justesse à tomber. L'ami de Jean-Pierre, Gus, lui étant interprété par Robert Sorrels Columbo », Kung Fu », Daniel Boone ». Dans les moments amusants de l'épisode, il y a la scène où Jean-Pierre qui vient de parler à Dolly passe devant un miroir et se dit à lui-même qu'il est en train de devenir gâteux ! Le reste de l'épisode on est sous le charme de Dolly, l'actrice se rend attachante à merveille et nous avons même un superbe moment d'émotion lorsque Samantha va retransformer Dolly en cheval et qu'elle lui dit qu'elle va lui manquer. Vous ne rirez pas aux éclats probablement, quoique, mais vous vous attacherez forcément à Dolly Fringante. Mention spéciale pour la musique qui prend le tempo d'un hennissement de cheval. Formidable épisode qui à lui seul remonte le niveau de la saison.. Retour à l'index 26. LA PAROLE EST AUX BÉBÉS BABY'S FIRST PARAGRAPH Résumé Endora doit garder Tabatha, car Samantha déjeune avec Jean-Pierre. Charlotte Kravitz débarque avec le bébé de sa sœur. Charlotte vantant les qualités du bébé de sa sœur, Endora n'arrivant plus à la supporter fait parler Tabatha. Charlotte fait venir des journalistes, et Endora récidive en représailles de Jean-Pierre avec qui elle se disputait. La nouvelle se répand dans tout le pays, et la maison des Stevens est assiégée. Heureusement, Samantha, a une idée qui remet les choses en ordre. Critique Tabatha parle comme une adulte ! Enfin, grâce à un sortilège d'Endora. Un bon épisode qui est encore amusant sur toute la durée de celui-ci, plutôt qu'avec un ou deux moments forts comme c'est le cas pour d'autres épisodes. On voit dans cet épisode, qu'une fois encore Endora a une pulsion humaine en étant énervée d'entendre Charlotte Kravitz vanter la maturité du bébé de sa sœur. Il y a tout de même quelques bons moments, ainsi lorsque Charlotte et son mari ont la discussion à propos de Tabatha, Albert lui rappelle les autres frasques des Stevens qu'elle lui a raconté, en terminant par lui dire qu'elle est en progrès. De même à retenir, à nouveau les scénaristes mettent en avant le fait que les sorcières n'aiment pas Hansel et Gretel car dans le conte pour enfants, Hansel et Gretel font mourir la sorcière qui les a capturé dans un four ! et Endora en fait une description assez peu flatteuse. Dans l'autre moment amusant, il y a la phrase de Jean-Pierre lorsqu'il se dispute avec Samantha et dit à propos d'Endora Est-ce que tu laisserais un repris de justice en présence d'un coffre-fort ouvert ? ». Enfin l'autre détail étant lorsque la nouvelle de Tabatha qui parle est annoncée à la tv, on annonce alors que les Russes ont fait la déclaration qu'un bébé plus jeune que Tabatha parle couramment sa langue depuis 2 semaines avant elle. Bon épisode, dans la continuité des précédents, la série trouve son rythme doucement, mais le trouve petit à petit. Retour à l'index 27. LE POT D'OR THE LEPRECHAUN Résumé Un Leprechaun débarque chez Jean-Pierre et Samantha, il s'agit d'un ami du côté de la famille de Jean-Pierre. Ce Leprechaun a perdu son dernier pot d'or qui était caché dans une cheminée d'une maison irlandaise. Mais la maison fut vendue et transférée aux états-unis. Samantha lui propose son aide. Il doit récupérer son or chez un riche industriel que Jean-Pierre aimerait avoir comme client. Brian, le Leprechaun, et Samantha s'introduisent donc chez M. Robinson qui les surprend et a entre ses mains le pot. Mais grâce à Samantha, il le rend à Brian et tout fini par s'arranger. Critique Cet épisode est bien délirant, et ça commence dès le début de celui-ci Jean-Pierre rentre chez lui et Samantha lui annonce qu'ils ont un Leprechaun chez eux du nom de Brian O'Brian, incarné par Henry Jones Perdus dans l'Espace », Le Virginien », Arabesque ». Celui-ci leur apprend qu'il a perdu son dernier pot d'or qui était caché dans une cheminée d'une maison en Irlande, et qui fut déménagée aux états-unis, achetée par un certain M. Robinson joué par Parley Baer Mannix », Côte Ouest », Flamingo Road » qui sera un habitué de la série et reviendra sous d'autres personnages. Les embrouilles recommencent donc pour Jean-Pierre, mais cette fois-ci c'est un cousin de sa famille et non de celle de Samantha. Dans les moments les plus drôles, on a coup des chaussures de Jean-Pierre réparées par le Leprechaun, ou encore lorsque Samantha et Brian sont chez M. Robinson, et qu'elle réduit ses chiens de garde en chiwawa. Le reste de l'épisode n'en étant pas dépourvu, surtout avec la manière d'agir de Jean-Pierre vis à vis de Brian. Excellent épisode donc, bien délire, et bien dans l'esprit de dérision comme l'est la série ! Retour à l'index 28. TOUT EST BIEN QUI FINIT BIEN DOUBLE SPLIT Résumé Samantha et Jean-Pierre vont à une soirée où un gros client doit signer avec l'agence d'Alfred. Sa fille est une vraie snob et Jean-Pierre demande à Samantha d'être gentille avec elle, mais Samantha est si énervée qu'elle lui jette un toast à la figure. Jean-Pierre et Alfred se disputent, Samantha et Louise décident alors d'intervenir pour les réconcilier. La situation finit par redevenir normale. Critique Excellent épisode, très très drôle ! Plus que les gags visuels, ce sont cette fois-ci les dialogues ciselés qui sont une petite merveille. Au cours d'une soirée avec un gros client, Kabaker, Jean-Pierre demande à Samantha d'être très gentille avec la fille du client qui décide de tout. Mais cette dernière, incarnée par Julie Gregg Le Parrain », Mission Impossible », Kojak » qui d'ailleurs reviendra dans un autre épisode dans la peau d'un autre personnage, est une vrai snob et Samantha ne peut s'empêcher d'utiliser sa magie pour lui jeter un toast au visage. C'est le drame et Jean-Pierre se dispute avec Alfred. Louise et Samantha complotent alors pour les rabibocher et ça fonctionne. Pas de grosses ficelles visuelles pour les gags, mais les dialogues sont à tomber. De même, la scène de l'entretien d'embauche de Jean-Pierre avec une maison concurrente est une petite pépite Samantha l'ensorcelle et il se met à agir comme un petit enfant. Vient alors la scène de dispute entre Jean-Pierre et Samantha qui sera un thème récurrent tout au long de la série. Les dialogues sont alors acérés et féroces, et est appuyé par le gag qu'ils allument et éteignent leur lampe de chevet à tour de rôle, c'est à se tordre. Très bon épisode donc, qui vous déridera à coup sûr ! Retour à l'index GUERRE AUX SORCIÈRES DISAPPEARING SAMANTHA Résumé Jean-Pierre doit assister à une conférence d'un spécialiste de la sorcellerie car il doit assurer le lancement de son livre. Samantha décide d'y aller avec lui, mais devant les âneries du conférencier, elle décide d'utiliser la magie. Mais le conférencier réplique et fait disparaître Samantha. Allant chez les Stevens, Désiré le conférencier, fait aussi disparaître Endora. Heureusement, Samantha et Endora découvrent que cela vient d'une bague que Désiré a, elles la détruisent et la remplacent par une copie Samantha et Endora réapparaissent. Critique Encore un épisode très très drôle, cette fois-ci, il y a quelques moments forts qui décrochent forcément le sourire. De plus, cet épisode introduit un nouvel acteur, sous le personnage de Désiré Walberg Osgood Rightmire » en version originale, qui n'est autre que Bernard Fox Columbo », Lou Grant », L'Homme qui Tombe à Pic » et qui plus tard dans la série incarnera l'hilarant Docteur Bombay. Mais ici, il fait un conférencier rasoir qui dénigre les sorcières, sorciers et la magie de tous genres. Samantha ne pouvant résister utilise alors ses pouvoirs pour lui donner une leçon mais c'est elle qui se retrouve piégée puis Endora à cause d'une bague magique. Heureusement tout rentrera dans l'ordre. Le moment fort de l'épisode est évidemment lorsque Samantha utilise son pouvoir pour faire en sorte que Désiré se vautre sur scène. Les autres un peu moins drôles, étant lorsque le conférencier à la discussion avec sa jeune admiratrice dans la voiture qui vient de tomber en panne. Et enfin, lorsque Samantha ne peut s'empêcher à la fin de l'épisode de faire en sorte que Désiré se prenne encore une tuile. Beverly Wilson, la nièce » de Désiré, est incarnée par Nina Wayne qui n'a pas connu une très grande carrière à l'écran. Très très bon épisode qui figure parmi les meilleurs de la série. Retour à l'index 30. CHANTAGE – 1RE PARTIE FOLLOW THAT WITCH – PART 1 Résumé Jean-Pierre travaille avec un nouveau gros client, et M. Barklay le bras droit du président, décide de mener une enquête sur les Stevens. Il engage pour cela un détective Charlie Leach qui découvre que Samantha est une sorcière. Il décide alors de la faire chanter. Critique Première aventure en deux parties, la 1ère n'est pas tellement drôle, il y a cependant quelques bons gags visuels comme le coup du fauteuil à bascule avec Charlie Leach, et qui travaille pour Barklay, joué par Steve Franken L'Homme de L'Atlantide », Chips », Simon & Simon » un habitué de la série qui reviendra sous d'autres personnages. À noter que Charlotte Kravitz n'est plus là, l'actrice étant décédée au cours de la série c'est ici Henriette sa belle sœur, incarnée par Mary Grace Canfield Thriller », Cagney & Lacey », Tabitha », qui assure l'intérim en attendant la nouvelle actrice. On retrouve également Virginia Martin qui était dans un épisode précédent, compagne du Grand Zeno. Le détective Charlie Leach étant lui incarné par Robert Strauss Bonanza », Rawhide », Max La Menace » et qui reviendra plus tard dans la série avec le même personnage. La série étant diffusée chaque semaine aux États-Unis, un joli next week » orne la fin de cet épisode pour la suite. À noter, le thème musical de Leach est très célèbre et fut repris dans une autre série tv bien connue et française, de la même époque à peu près, en guise de générique Les Globes Trotters » avec Yves Rénier dans le rôle-titre. Un épisode assez sympathique mais sans plus ! Retour à l'index 31. CHANTAGE – 2E PARTIE FOLLOW THAT WITCH – PART 2 Résumé Samantha, démasquée par Charlie Leach, doit exaucer ses souhaits. Mais Jean-Pierre apprend par sa secrétaire l'enquête que Barklay a fait sur eux, et décide de refuser l'affaire. Il rend visite à Barklay, et Samantha apprend que Leach s'est fait licencié. Le patron de Barklay, M. Robbins, le désapprouve et le renvoie. Samantha reprend les cadeaux qu'elle a fait à Leach et l'expédie au Mexique. Critique Fin de l'aventure du maître chanteur. Il est dans la continuité de la première partie, et bon point pour lui, il est d'un niveau égal. Il n'est pas forcément très très hilarant, mais décrochera tout de même quelques sourires. Le moment fort de l'épisode est lorsque Samantha se rend chez Leach pour défaire tout ce qu'elle lui a offert. Outre le fait de voir sa femme toujours incarnée par Virginia Martin en déshabillé, vous aurez la désopilante vision de voir Leach avec sa petite voiture pour enfant. Tout comme l'autre moment assez amusant, c'est lorsque Samantha jette le sort à Barklay pour dire la vérité, on dirait qu'il prend la posture comme un oiseau pour parler. C'est une nouvelle ficelle récurrente de la série les gens diront la vérité en se demandant ce qu'il leur arrive. Pour une fois, Jean-Pierre se montre compréhensif, et c'est lui qui encourage Samantha à aller reprendre ce qu'elle avait donné à Leach qui finira expédié au Mexique comme torero. Retour à l'index 32. DE SYMPATHIQUES VOLEURS A BUM RAPS Résumé Avant de partir au bureau, Jean-Pierre averti Samantha que son oncle Albert doit arriver dans la journée. Plus tard un homme frappe à sa porte et Samantha l'accueille chez eux pensant que c'est l'oncle Albert, sans se douter que c'est un voleur. Mais rapidement elle découvre la vérité, et ne dit rien. Néanmoins le comparse du voleur, vient voler les meubles le soir même chez Samantha. Le faux oncle Albert a trop de remords, et dit la vérité à Samantha. Tout fini par s'arranger. Critique Ce n'est une fois de plus pas un épisode qui vous fera pleurer de rire, cette fois-ci on joue une nouvelle fois sur le registre de l'émotion avec Horace, le faux oncle Albert de Jean-Pierre, incarné par Cliff Hall Les Accusés », Monsieur Ed, Le Cheval qui Parle », Route 66 » et dont ce fut d'ailleurs la dernière apparition télévisuelle. L'acteur mourut 6 ans plus tard, en 1972. Il est d'ailleurs à noter une chose étrange pour cet épisode, Jean-Pierre a une nouvelle jolie secrétaire sur lequel on reste un moment, et qui pourtant n'est pas créditée à la fin de l'épisode bizarre. On retrouve à nouveau également la sœur de Albert Kravitz, Henriette, qui joue toujours l'intérim en attendant le remplacement d’Alice Pearce. Un épisode assez gentillet, qui vous donnera un petit moment d'émotion. Il y a un petit bug sur l'édition dvd française des coffrets individuels, en effet si sur la jaquette l'épisode est bien numéroté comme le 32 dans le menu du DVD vous aurez le titre de l'épisode 33 en épisode 32, mais pourtant la vignette et l'épisode sont les bons. Rien de bien méchant donc. Retour à l'index 33. JEAN-PIERRE ET JEAN-PIERRE DIVIDED HE FALLS Résumé Samantha et Jean-Pierre doivent partir en vacances en Floride, mais une fois de plus à cause de son travail, Jean-Pierre doit annuler et est cloué sur place. Endora a alors l'idée de diviser Jean-Pierre en 2, le côté travailleur reste à la maison, et le côté amusant part avec Samantha en vacances. Mais très vite, les deux être séparés de Jean-Pierre n'ont pas de limite, et deviennent rapidement ennuyeux. Samantha demande alors à Endora de les remettre en un seul Jean-Pierre, et tout redevient comme avant. Critique Deux Jean-Pierre pour le prix d'un ! C'est ce avec quoi Samantha se retrouve. Alfred empêche une nouvelle fois Jean-Pierre de partir en vacances à cause d'un client qui a des délais incompressibles pour une publicité à la télévision, Stern incarné par Frank Maxwell Le Fugitif », Les Monstres », Les Têtes Brûlées » est désolé mais il ne peut faire autrement. Endora a alors la bonne idée de diviser Jean-Pierre en deux entités distinctes son côté travailleur reste à la maison pour faire la publicité, et son côté amusant part en vacances avec Samantha. Chose avec laquelle Samantha est finalement d'accord. Mais très vite, que ce soit avec Samantha ou avec Alfred, les deux côtés séparés de Jean-Pierre deviennent rasoir, Samantha demande alors à Endora de réunir les deux en un seul. C'est encore un épisode classique qui n'est pas franchement drôle. On s'ennuie assez rapidement, et les gags visuels et verbaux ne sont vraiment pas amusants. Seul l'effet de séparation » des 2 Jean-Pierre est réussi. Mais c'est tout. Cet épisode vous décrochera difficilement des sourires. Et même Endora n'est pas méchante pour cette fois-ci. Retour à l'index 34. LE MEILLEUR AMI DE L'HOMME MAN'S BEST FRIEND Résumé Samantha n'a pas recouru à la magie depuis presque un mois, mais tout à coup, un jeune sorcier qu'elle gardait enfant fait son apparition, il est toujours amoureux d'elle. Samantha dit à Rodney, le jeune sorcier qu'elle est mariée et qu'elle a un enfant, et de ce fait qu'il doit la laisser tranquille, mais Rodney réapparaît sous la forme d'un chien. Il fomente alors un complot pour faire casser le mariage de Samantha. Jean-Pierre simule alors une dispute avec Samantha et prend Rodney en flagrant délit. Sa mère vient le rechercher et tout s'arrange. Critique Bon épisode, qui n'est pas extraordinairement drôle, mais qui reste amusant pendant toute la durée de celui-ci. Samantha qui n'a pas utilisé de magie depuis pratiquement un mois, voit débarquer le jeune Rodney, incarné par Richard Dreyfuss lui-même Les Dents de la Mer », Rencontre du 3e Type », Always – Pour Toujours », un jeune sorcier que Samantha gardait lorsqu'il était petit. Samantha l'éconduit gentiment mais celui-ci revient sous la forme d'un chien affectueux pour séduire Jean-Pierre. Et commence à mettre au point un plan pour faire casser le mariage de Jean-Pierre. Quelques passages amusants lorsque Rodney en chien va taper dans le gâteau au chocolat de Samantha et que celle-ci le dénigre en disant qu'il frétille de trop et qu'il est trop servile. Le meilleur étant lorsque Samantha tente d'expliquer à Jean-Pierre que c'est le chien – Rodney – qui est allé ouvrir la porte à Henriette Kravitz. La tête de Jean-Pierre au moment de l'explication de Samantha est juste exquise. La mère de Rodney est Barbara Morrison qui est déjà apparue dans l'épisode Samantha Couturière » et qui reviendra dans d'autres épisodes de la série. Bon épisode qui décrochera quelques rires. Retour à l'index 35. LE CHAT ET LA SOURIS THE CATNAPPER Résumé Charlie Leach est de retour, et il veut toujours sa part du gâteau avec les pouvoirs de Samantha. Mais Endora soupçonne Jean-Pierre de délaisser Samantha pour une jolie cliente Toni Devlin, et lorsque cette dernière vient chez les Stevens, Endora la change en chat. Chat que Charlie Leach vole. Heureusement Samantha réussi à inverser la tendance, et Toni Devlin redeviendra une femme. Critique C'est le retour du détective privé et maître chanteur Charlie Leach, toujours incarné par Robert Strauss et toujours accompagné de sa femme Charmeline toujours jouée par Virginia Martin. Charlie qui enlève la charmante Toni Devlin, interprétée par Marion Thompson Les Mystère de L'Ouest », Les Envahisseurs », Des Agents Très Spéciaux » qui n'a pas eu une grande carrière télévisuelle. Pas de gags visuels très amusants, nous voyons pour la première fois dans la série une séquence de vol de Samantha avec une jolie incrustation sur un décor filmé, si vous regardez bien toutefois vous verrez l'ombre de l'hélicoptère qui a filmé le paysage dommage. Mais il est à constater, qu'elle n'a pas de balais. La séquence assez amusante étant lorsque Charlie est changé en souris, et qu'il se fait poursuivre par le chat. L'autre bon moment, étant évidemment la plante à billets. Petit détail, à la fin de l'épisode Charlie Leach dit qu'ils n'en ont pas terminé avec lui, mais il me semble que ce sera sa dernière apparition dans la série tv. Retour à l'index 36. CE QUE TOUT JEUNE HOMME DEVRAIT SAVOIR WHAT EVERY YOUNG MAN SHOULD KNOW Résumé Samantha utilise sa magie pour réparer des objets cassés juste au moment où Jean-Pierre rentre, après une remarque désobligeante, Samantha se demande si Jean-Pierre l'aurait tout de même épousée en sachant avant si elle était une sorcière. Endora arrive alors et propose à Samantha de leur faire remonter le temps pour répondre à la question. Mais devant l'attitude de Jean-Pierre qui se sauve, Samantha est désemparée. Mais Jean-Pierre demande d'être à nouveau renvoyé dans le passé pour lui prouver ses sentiments et ça marche. Critique Un retour dans le passé pour Samantha et Jean-Pierre à l'époque où ils n'étaient pas encore mariés. Si on avait pu penser qu'on reprendrait la scène de l'épisode pilote, c'est en fait une autre partie qui est utilisée lorsque Samantha venait chez Jean-Pierre pour lui faire la cuisine nous sommes dans les années 60, ne l'oublions pas !. Pas spécialement amusant, l'épisode est surtout axé sur les sentiments qu'éprouvent l'un envers l'autre Jean-Pierre et Samantha. Et rien que pour ce côté émouvant, l'épisode est dans le haut de ceux de la série. On voit d'ores et déjà la côté profiteur d'Alfred lorsqu'il sait que Samantha est une sorcière et de ce fait tout le bénéfice dont il pourrait en tirer. Il faut d'ailleurs noter un anachronisme dans la version française en effet, de retour dans le passé, Alfred tutoie déjà Jean-Pierre alors qu'il n'est pas encore marié. Or, dans les premiers épisodes de la saison 1, Jean-Pierre était déjà marié avec Samantha, et en Français Alfred vouvoyait Jean-Pierre. De même, nous voyons le côté résolu d'Endora pour continuer à tenter de détruire le mariage de Samantha et Jean-Pierre, mais les sentiments de Jean-Pierre sont plus forts. Bel épisode sentimental, l'autre axe de la série qui n'était pas forcément perçu. Retour à l'index 37. LA TOUCHE MAGIQUE THE GIRL WITH THE GOLDEN NOSE Résumé Jean-Pierre veut décrocher une grosse affaire qui vient d'arriver dans l'agence d'Alfred pour évoluer dans sa situation financière. Jean-Pierre l'obtient mais pense que c'est Samantha avec sa magie qui la lui a apportée. Samantha décide alors de lui donner une petite leçon. Heureusement Jean-Pierre comprend Samantha et tout redevient comme avant. Critique Un épisode dans la lignée du précédent il n'est pas follement drôle, mais est axé sur les sentiments entre Jean-Pierre et Samantha. Jean-Pierre obtient une grosse affaire qu'il voulait réaliser, celle M. Waterhouse incarné par Oliver McGowan qui était déjà apparu dans un autre épisode de la série un peu plus tôt. Pensant que c'est Samantha qui lui a obtenu par la magie, il décide alors de la saboter, mais sans succès. Il décide alors d'user de la magie que Samantha lui aurait soi-disant accordée. Mais Samantha le découvre par Alfred, et elle décide de lui donner une petite leçon. Dans les moments assez amusants de l'épisode, nous avons la scène lorsque Jean-Pierre accueille Waterhouse et fait ce qu'il faut pour saborder l'affaire, et bien entendu lorsqu'il rentre chez lui et qu'il découvre que Samantha a tout redécoré en luxueux mobilier et qu'ils ont un majordome. La scène où Samantha parle à Jean-Pierre de la confiance réciproque est très touchante, c'est ce qui remonte l'épisode. Endora ne faisant qu'une ou deux petites apparitions sans envergure, et pas follement marrante. Retour à l'index 38. UN BRILLANT MUSICIEN PRODIGY Résumé Samantha et Jean-Pierre vont assister à un concert de Louis Gruber à la télévision, le frère de Charlotte Kravitz. Jean-Pierre et Samantha se rappellent alors dans quelles circonstances ils ont fait sa connaissance bien plus tôt. Ce dernier avait perdu son pantalon devant l'assistance au cours d'un concert et était mort de peur de remonter sur scène. Samantha avec un peu de magie l'aide. Mais en regardant son concert à la télévision, Louis reperd à nouveau son pantalon devant son public. Critique Dernier épisode qui conclut cette folle saison 2 et dont je suis assez dubitatif, soit il fut tourné au début de celle-ci et ne put être diffusé, car nous revoyons ici l'actrice Alice Pearce en bonne santé. Or, ce n'est pas possible, celle-ci ayant déjà disparu à cause de sa maladie. D'autant qu'en plus, l'épisode est censé se passer pendant la grossesse de Samantha. L'épisode fut diffusé la 9 Juin 1966 aux USA or Alice Pearce est décédée au mois de mars. Ceci est étrange, mais c'est un grand plaisir de revoir une dernière fois l'actrice pour conclure la saison en beauté. Rien que pour cela, je mets la note maximum à cet épisode. Louis Gruber est interprété par Jack Weston Laredo », Bizarre, bizarre », Les Diamants de la Vengeance ». Les gags visuels ne sont pas très amusants comme dans les épisodes précédents, on est surtout dans le fait que Samantha fait une bonne action. En tous cas, détail important, cet épisode signait la fin du noir & blanc pour la série, et dès le premier épisode de la saison 3, Ma Sorcière Bien-Aimée » était diffusée en couleur, avec ses nouveaux acteurs pour les seconds rôles. Envolons-nous dès maintenant, vers la saison 3 pour une nouvelle série de fous rires comme seule cette série sait le faire. Retour à l'index Ma sorcière bien-aimée Saison 4 1. Vive la reine ! Long Live the Queen 2. La Fête des jouets Toys in Babeland 3. Un véritable romain Business, Italian Style 4. Le Double de Samantha Double, Double, Toil & Trouble 5. Plus de gaspillage Cheap, Cheap! 6. Folie de jeunesse No Zip in my Zap 7. Champion malgré lui Birdies, Bogies & Baxter 8. Ah ! Quelle nuit ! The Safe & Sane Halloween 9. La Désynchronisation Out of Sync, Out of Mind 10. Le Voyage à Chicago That Was no Chick, That Was my Wife 11. Le Dodo de Macédoine Allergic to Macedonian Dodo birds 12. En ce temps-là Samantha's Thanksgiving to Remember 13. Chère belle-mère Solid Dold Mother-in-law 14. Le Cadeau surprise My What Big Ears you Have! 15. La Gardienne d'enfants I Get your Nannie, You Get my Goat 16. Le Père Noël s'en mêle Humbug Not to be Spoken Here 17. La Mona Lisa Samantha's Da Vinci Dilemma 18. Le Philtre d'amour Once in a Vial 19. Sheila, ma chère Snob in the Grass 20. Le Hasard du destin If They Never Met 21. La Cousine hippie Hippie, Hippie, Hooray! 22. Le Prince charmant A Prince of a Guy 23. Le Fantôme de McTavish Mc Tavish 24. Notre verte pelouse How Green Was my Grass 25. Ma femme est une sorcière To Twitch or Not to Twitch 26. Les enfants s'amusent Playmates 27. Les Esprits Tabatha's Cranky Spell 28. Le Cauchemar I Confess 29. Diplomatie à l'orientale A Majority of Two 30. Visiteurs extraterrestres Samantha's Secret Saucer 31. Le Fétiche The No-Harm Charm 32. L'Homme de l'année Man of the Year 33. La Brouille Splitsville 1. VIVE LA REINE ! LONG LIVE THE QUEEN Résumé Jean-Pierre et Samantha reçoivent la visite de Ticheba, la reine des sorcières. Celle-ci va abdiquer et prend Samantha pour lui succéder. Un sabbat a lieu pour couronner Samantha, et les ennuis commencent pour Jean-Pierre. Des sorciers transformés en objets et animaux arrivent chez Jean-Pierre alors qu'il discute avec un gros client. Une nouvelle dispute éclate entre Samantha et Jean-Pierre, et ce dernier s'en va dans un bar. Mais, il comprend l'amour qu'il a pour Samantha et revient en lui disant qu'il accepte qu'elle soit la reine des Sorcières. Critique Ce n'est pas encore Epzibah dans cet épisode qui est la reine des sorcières, mais Ticheba, incarnée par Ruth McDevitt Dossiers Brûlants, Mannix, Les Rues de San Francisco et qui reviendra sous d'autres personnages dans la série. Elle abdique et c'est Samantha qui hérite de la couronne pendant 1 an. Jean-Pierre accepte difficilement et craque lorsque des sorciers transformés en objets ou en animaux débarquent alors qu'il est en conversation avec un gros client. Il quitte alors le domicile pour aller dans un bar. Mais grâce à un buveur juste à côté de lui, il comprend qu'il doit faire des concessions envers Samantha et qu'il l'aime. La scène où Jean-Pierre dit qu'il doit accepter certaines choses de l'univers de Samantha est très chargée en émotion, et on termine par une touche d'humour avec le fait que Samantha le change en oie par erreur. Pas de gag visuel très amusant, on reconnaîtra d'ailleurs le fauteuil articulé qui était dans un épisode précédent, mais un impressionnant plateau avec un mur mouvant ! Un épisode classique de la série. Retour à l'index 2. LA FÊTE DES JOUETS TOYS IN BABELAND Résumé Alors qu’Endora est obligée de garder Tabatha le temps que Samantha déjeune avec Jean-Pierre, elle reçoit un courrier comme quoi une fête est donnée en son honneur au Taj Mahal. Ne voulant pas la manquer, Endora sur les conseils du facteur, envoûte un jouet à Tabatha pour la surveiller en son absence. Mais Tabatha retient la formule magique et transforme ses autres jouets en personnes réelles également. Samantha n'arrive pas à les retransformer en jouets, et les Stevens attendent des invités. Alfred croit qu'un jouet est un de ses employés, et l'emmène dans un bar, heureusement Samantha interviendra à temps. Critique Excellent épisode ! Il est vraiment très amusant, si le début est classique avec Endora, pour une fois elle ne fait rien de méchant envers Jean-Pierre. Il s'agit juste pour elle de ne pas rater une fête donnée en son honneur où il y a plus de 200 sorciers et sorcières qui l'attendent. Mais Endora est coincée avec Tabatha, et le facteur, incarné par Burt Mustin Cimarron, Le Virigien, Batman, la série des années 60 qui est un habitué de la série, lui conseille de transformer un jouet en personne réelle pour qu'elle s'occupe de Tabatha en l'absence d'Endora. Cette dernière ouvre alors la boîte de pandore, et Tabatha qui a retenu la formule, transforme ses jouets en personnes réelles. Alfred croit que Jean-Pierre joue double jeu avec un client, et passe chez eux à l'improviste, il tombe sur un des jouets, un garde royal de Londres incarné par Jim Brooks et qui est complètement idiot et ne sait rien faire d'autre que hocher la tête. Heureusement Samantha arrivera à temps et rechangera le garde en jouet en faisant croire à Alfred qu'il avait trop bu. Le plus amusant est sans conteste le comportement des jouets qui ne pensent qu'à s'amuser. Et qui ne savent que hocher la tête. Le moment le plus drôle étant sans conteste lorsqu’Alfred parle avec le soldat, qui acquiesce à tout en hochant la tête avec ce bruit idiot. Totalement déstabilisant, c'est une vraie trouvaille et nous décroche fatalement un fou rire. Retour à l'index 3. UN VÉRITABLE ROMAIN BUSINESS, ITALIAN STYLE Résumé Jean-Pierre doit apprendre l'Italien pour parler quelques mots devant un nouveau client avec lequel l'agence d'Alfred doit signer. Endora lui jette alors un sort pour l'aider à apprendre car il est en difficulté. Mais le sort d'Endora est un mauvais tour, le lendemain, Jean-Pierre ne sait plus parler ni comprendre l'anglais, il ne peut parler et comprendre que l'Italien. Heureusement Samantha fait annuler le charme par sa mère, et Jean-Pierre retourne la situation à son avantage. Critique Bon épisode sans plus, qui vous décrochera quelques rires. Mais pas de crise de fou rire, Jean-Pierre doit apprendre l'Italien pour un nouveau client, sous peine d'être licencié par Alfred. Endora jette alors un sort à Jean-Pierre qui ne comprend plus que l'Italien. Mais cela lui pose un problème, lorsque le client M. Romani, incarné par Fred Roberto Opération Vol, Super Jaimie, L'Île Fantastique, arrive, il croit que Jean-Pierre se moque de lui. Heureusement, Jean-Pierre réussira à retourner la situation en sa faveur. Le moment le plus marquant étant lorsque Jean-Pierre chez lui n'arrive plus qu'à comprendre l'Italien il faut d'ailleurs saluer la prestation de Dick York en vo, c'est un vrai tour de force !, et que Alfred arrive à ce moment-là. L'autre scène étant dans le bureau d'Alfred, lorsque Samantha et Endora apparaissent, et que Jean-Pierre retrouve son anglais petit à petit, puis tente d'expliquer pourquoi il faisait tout ceci. Bref, pas de rire démesuré pour cet épisode, mais quelques bons rires tout de même. Retour à l'index 4. LE DOUBLE DE SAMANTHA DOUBLE, DOUBLE, TOIL & TROUBLE Résumé Jean-Pierre qui est réveillé par un ménestrel, interrompt une nouvelle audition de Samantha qui est reine. Endora qui n'en peux plus, décide d'agir, fait alors venir Serena et lui demande de prendre l'apparence de Samantha. Cette dernière met tout en œuvre pour décourager Jean-Pierre et qu'il s'en aille, mais Samantha rentre plus tôt que prévu, et Jean-Pierre qui a découvert la supercherie pense qu'il s'agit de Serena. Mais heureusement, Endora apparaît et Samantha découvre le stratagème. Critique C'est un épisode moyen. Il marque le 1er retour de Serena, la cousine infernale, dans la série tv. Néanmoins, celui-ci n'est pas très spectaculaire ni très amusant. Une fois de plus, c'est Endora le cerveau de l'affaire et qui manigance tout pour que Samantha puisse exercer ses fonctions de reine en toute tranquillité. À noter que dans la version française, la chanson jouée au début de l'épisode est censée être l'air de la Marseillaise, évidemment en version originale c'est une tout autre mélodie. Serena, ici, dans l'épisode n'est pas encore très extravagante ni trop extravertie, Elizabeth Montgomery appréhende son personnage et ne se lâche pas encore totalement lorsqu'elle incarne Serena. Petit détail, au générique, personne n'est encore crédité pour le rôle de Serena. Le moment fort de l'épisode est sans conteste vers la fin, avec la bataille de tartes à la crème, les autres moments que ce soit avec Alfred, ou lorsque Serena se déguise en ménagère-bobonne et en pseudo Brigitte Bardot ne sont pas tellement amusants. Néanmoins, la série prend toujours la chronologie réelle » comme référence, puisque nous sommes à la saison 4 de la série, soit 4e année d'existence, et lorsque Alfred demande à Jean-Pierre depuis combien de temps il est marié, ce dernier répond 4 ans ». Retour à l'index 5. PLUS DE GASPILLAGE CHEAP, CHEAP! Résumé Samantha a acheté un manteau quel désirait, et Jean-Pierre a une attitude étrange, Endora qui arrive peu après, est une fois de plus en colère contre Jean-Pierre qu'elle accuse d'être un minable. Endora se rend au bureau de Jean-Pierre et lui jette un sort qui fait de lui un horrible avare. De ce fait, il s'entend parfaitement avec un nouveau client qui est à son image. Heureusement, Samantha découvre la supercherie d'Endora, et fait redevenir Jean-Pierre comme avant. Critique L'épisode est sympathique sans plus, il ne vous décrochera pas la mâchoire, mais a tout de même quelques moments amusants. Endora envoûte encore Jean-Pierre qui devient un horrible avare, et Samantha qui cherche à rompre le charme, ensorcelle sans le vouloir le client de Jean-Pierre qui est aussi avare que lui et qu'elle rend dépensier. Ainsi, M. Bigelow incarné par Parley Baer qui est déjà apparu dans la série dans des épisodes précédents, devient une personne normale tandis que Jean-Pierre est un avare patenté. Mais heureusement, Samantha réussit à recontacter Endora qui rompt le charme. Les meilleurs moments sont sans aucun doute, lorsque Jean-Pierre fait des remontrances à sa secrétaire sur le papier qu'elle gâche, et évidemment lorsqu'il rencontre M. Bigelow pour la première fois dans le bureau d'Alfred. Petit détail, dans cet épisode un petit effet spécial est ajouté pour montrer le sort qu’Endora jette à Jean-Pierre. De même Endora fait référence à un épisode de La 4e Dimension dans lequel jouait Dick York, lorsqu'elle dit à Samantha Dix cents pour tes pensées » A Penny for Your Thoughts en version originale joli clin d'œil ! Bref, épisode sympathique, mais sans plus. Retour à l'index 6. FOLIE DE JEUNESSE NO ZIP IN MY ZAP Résumé Samantha se rend compte qu'elle a perdu ses pouvoirs de sorcière. Endora fait appel au docteur Bombay qui met en urgence Samantha en lévitation, le temps qu'elle retrouve ses dons magiques. Samantha est bloquée à la maison, mais par une phrase d'Endora, Jean-Pierre se méprend et crois qu'une mouche est Samantha. Mais en rentrant à la maison ivre, il se rend compte que ce n'était pas le cas. Tout s'arrange, mais Samantha doit encore rester en lévitation. Critique Bon épisode, une fois encore, mais pas extraordinairement drôle. Samantha a perdu ses pouvoirs et doit rester en lévitation, alors que Jean-Pierre doit signer un important contrat il se rend compte que la cliente est une ancienne conquête du collège, Mary-Jane Nilesmunster jouée par Mala Powers Les Mystères de L'Ouest, Mission Impossible, Arabesque et qui reviendra dans un autre épisode de la série tv. Jean-Pierre pense alors que le contrat est à l'eau, mais la cliente fait mine de ne pas le reconnaître et une conversation au téléphone fait croire à Jean-Pierre que Samantha s'est changée en mouche. Il rentre alors ivre à la maison et une nouvelle dispute avec Samantha éclate. Ne contrôlant pas ses pouvoirs qui reviennent, elle expédie Jean-Pierre dans un bar, peu après celui-ci revoit la cliente qui se rappelait de lui mais ne voulait pas évoquer de mauvais souvenirs. Dans cet épisode, Jean-Pierre est assez énervant, Endora est assez gentille, et le passage avec la mouche n'est pas aussi drôle qu'un épisode précédent où à peu près la même intrigue était là et qu'il parlait à un chat et un oiseau. Et le docteur Bombay ne fait qu'un petit passage éclair sans qu'il soit très amusant. On retrouve encore Dick Wilson en poivrot dans le bar où Jean-Pierre se retrouve expédié avec sa bouche pleine d'olives. Retour à l'index 7. CHAMPION MALGRÉ LUI BIRDIES, BOGIES & BAXTER Résumé Jean-Pierre va signer un important contrat avec un client, mais ce dernier est un redoutable joueur de golf. Jean-Pierre s'entraîne donc pour faire bonne impression, Endora en apprenant cela jette un sort à Jean-Pierre pour qu'il devienne un pro. Jean-Pierre bat le client, grâce à l'aide de Samantha, mais devient insupportable en ne pensant qu'au golf. Mais au final, il savait que Samantha l'aidait sur le terrain. Critique Bon épisode sans plus, on ne rit pas beaucoup, c'est un épisode classique de la série comme il y en a au cours des saisons, ils sont moins bons que ceux qui sont vraiment très drôles, mais sont quand même très agréables à regarder. Ici, Jean-Pierre doit affronter un client qui se vante d'apprendre beaucoup sur les gens en les affrontant au golf, mais qui est en fait un mauvais perdant. Baxter, incarné par MacDonald Carey L'Homme à la Rolls, Le Magicien, L'Île Fantastique, ne supporte pas de voir Jean-Pierre gagner, ni les railleries de sa femme Margaret, interprétée par Joan Banks Perry Mason, Le Grand Prix, Au nom de la Loi. Si l'épisode n'est foncièrement drôle, il y a quand même quelques scènes amusantes comme par exemple celle où Jean-Pierre et Alfred arrivent dans son bureau et qu'ils voient Baxter en train de faire des exercices au sol, et qu'il fait une roulade avant de leur serrer la main. Les autres scènes, étant lorsque la femme de Baxter lui casse ses effets pendant qu'il raconte ses exploits. Baxter étant une caricature des personnes qui adorent parler d'elles en prétendant tout le contraire. La seule chose étrange est que Jean-Pierre reçoit un charme d'Endora pour bien jouer, mais doit en plus être aidé par Samantha. Bref, il ne laissera pas un souvenir mémorable, mais vous passerez un agréable moment. Retour à l'index 8. AH ! QUELLE NUIT ! THE SAFE & SANE HALLOWEEN Résumé Samantha lit un conte d'Halloween à Tabatha. Cette dernière, avec ses pouvoirs magiques, fait apparaître 3 personnages du livre dans la réalité. Samantha et Tabatha font le tour des voisins, avec les 2 êtres du livre, et Samantha le découvre. Elle part donc à leur recherche pour les faire réintégrer à leur histoire, car ceux-ci ne font que des tours pendables aux gens qu'ils visitent. Samantha les retrouve mais prend le neveu de Charlotte Kravitz pour un des 3 monstres du livre, car il a le même déguisement. Heureusement après des quiproquos, Tabatha remet les personnages dans son livre. Critique Un épisode qui traîne en longueur et dans lequel il ne se passe pas grand-chose. Une fois de plus, c'est Tabatha à l'origine des ennuis celle-ci, grâce à sa magie fait apparaître dans la réalité, un Gremlin, un Goblin et Jack O'Lantern. Ceux-ci étant de réels monstres d'Halloween, ne font que des mauvais tours aux gens qu'ils visitent avec Samantha et Tabatha. Samantha pense d'abord qu'il s'agit de garçons du voisinage et croit que c'est Tabatha qui fait les mauvais tours. Mais elle comprend vite que ce sont les monstres sortis du livre. Pas vraiment de fou rire, que ce soit la scène entre Jack O'Lantern et Charlotte Kravitz, le coup de la chèvre ou encore lorsque Alfred voit Jack O'Lantern disparaître. C'est légèrement amusant, sans plus. Néanmoins, on peut encore voir grâce au mobile qui est accroché au-dessus de son lit, que c'est toujours Tabatha et à la limite seule la dernière scène de l'épisode avec l'ours sorti du livre lui aussi peut décrocher un petit sourire. Mais en tous cas, malgré le serment de Samantha, Tabatha n'est pas prête de renoncer à utiliser ses pouvoirs. Un autre épisode faible de la série. Retour à l'index 9. LA DÉSYNCHRONISATION OUT OF SYNC, OUT OF MIND Résumé La mère de Jean-Pierre débarque chez eux, elle s'est de nouveau disputée avec son mari. Tante Clara arrive elle aussi, Jean-Pierre pour faire passer le temps passe un film qu'il a fait avec Tabatha et Samantha. Mais le son est désynchronisé par rapport à l'image, Tante Clara lance alors une incantation et c'est Samantha qui se retrouve décalée par rapport au son de sa voix. Ils ont appel au docteur Bombay qui n'arrange pas les choses, heureusement, Clara réussira à effacer le charme. Critique Bon épisode, assez amusant. Si l'arrivée de la mère de Jean-Pierre n'est pas très drôle, cela commence à le devenir lorsque le Docteur Bombay fait son apparition toujours incarné par Bernard Fox. Plutôt que de soigner Samantha, en fait, il ne fait que régler temporairement la maladie de Samantha en lui en créant une autre avec les bandes vertes sur son visage. C'est évidemment Clara qui est encore à l'origine du problème, heureusement, elle réussira à remettre les choses en place au final mais en désynchronisant Jean-Pierre. À noter le changement d'acteur pour le rôle du père de Jean-Pierre, c'est désormais Roy Roberts Gunsmoke, Les Arpents Verts, L'Extravagante Lucie qui remplace Robert F. Simon, c'est par contre toujours Mabel Albertson qui joue le rôle de la mère de Jean-Pierre. Bref, épisode assez amusant avec l'arrivée du docteur Bombay, mais pas inoubliable. Néanmoins, on peut tout de même saluer la créativité et l'imagination des scénaristes pour faire ce genre de petite perle en épisode la voix désynchronisée, il fallait vraiment y penser ! Retour à l'index 10. LE VOYAGE À CHICAGO THAT WAS NO CHICK, THAT WAS MY WIFE Résumé Alfred débarque chez Jean-Pierre et Samantha juste après l'arrivée de Tante Clara. Alfred envoi Jean-Pierre et Samantha à Chicago en prévision d'un renouvellement d'un contrat avec un client. Mais un problème avec Tabatha survient, Samantha rentre chez eux et Louise l'aperçoit. Cela crée un quiproquo, et le client croit que Samantha est la maîtresse de Jean-Pierre. Heureusement, avec l'aide de Serena, Samantha remet les choses en place. Critique Bon épisode, dans la continuité des précédents pas très très hilarant, mais avec quelques passages assez amusants, ce qui fait qu'on ne s'ennuie pas. Le plus comique dans cet épisode-ci, étant le changement d'attitude perpétuel d'Alfred vis à vis de son client pour obtenir le contrat. Nous avons le droit à un petit passage avec Serena à la fin de l'épisode pour permettre d'expliquer la situation à Louise, et d'ailleurs c'est la première fois que Samantha présente officiellement sa cousine à quelqu'un en dehors de Jean-Pierre. Et Jean-Pierre la reconnaît même en étant sous l'apparence de Samantha. Il n'y a d'ailleurs toujours pas dans le générique de la série d'actrice créditée pour son rôle. Tabatha utilise de plus en plus ses pouvoirs pour changer ses jouets ou autres en personnages réels et vivants. Et Clara est toujours un peu à la ramasse, bref épisode classique de la série. Retour à l'index 11. LE DODO DE MACÉDOINE ALLERGIC TO MACEDONIAN DODO BIRDS Résumé Alors qu’Endora est en visite chez Jean-Pierre et Samantha, celle-ci se rend compte qu'elle a perdu ses pouvoirs de sorcière. Le docteur Bombay vient, et lui apprend qu'elle a une allergie à l'oiseau Dodo de Macédoine. Et que ses pouvoirs sont allés chez quelqu'un d'autre, en l'occurrence ici, Tante Clara. Très vite, ils découvrent la cause c'est encore Tabatha qui a fait apparaître l'oiseau de son livre et c'est ainsi que Endora fut en contact avec lui. Heureusement, le docteur Bombay fabrique un remède et Endora retrouve ses pouvoirs au grand désespoir de Clara. Critique Un très bon épisode, qui ne décrochera pas de fous rires tout au long de celui-ci, mais qui vous fera quand même sourire. Endora perd ses pouvoirs à cause d'un oiseau crée par Tabatha, et c'est Clara qui en hérite. Clara en profite pour faire une petite vengeance et changer Endora en oie chacun son tour ! Le docteur Bombay commence à faire ses blagues extravagantes et c'est tant mieux, il rentre de plus en plus dans son personnage hilarant. Les moments forts étant lorsqu’Endora n'a plus de pouvoirs et qu'elle doit cohabiter avec Jean-Pierre ce n'est pas pour cela qu'elle se rappelle mieux de son prénom. Le moment le plus drôle étant lorsque le docteur Bombay court après le Dodo de Macédoine en tenue de plongée sous-marine, hilarant. Et nous retrouvons à nouveau Dick Wilson en alcoolique dans le bar où Jean-Pierre se réfugie pour fuir Endora. Les interventions de Charlotte Kravitz ne sont pas drôles, mais cela fait un fil rouge. Et quel plaisir de voir Clara ne pas faire de gaffe et réussir tous ses tours de magie. Et quel plaisir à la fin de voir Samantha qui 'bâche' sa mère devant Jean-Pierre. Un excellent épisode qui remonte le niveau. Retour à l'index 12. EN CE TEMPS-LÀ SAMANTHA'S THANKSGIVING TO REMEMBER Résumé Tante Clara débarque une fois de plus en catastrophe chez Jean-Pierre et Samantha alors que c'est 'Thanksgiving'. Mais alors qu'elle raconte une histoire du passé, Clara prise de nostalgie souhaite y retourner et emmène sans le vouloir avec elle toute la famille, ainsi que Charlotte Kravitz qui se trouvait là. Jean-Pierre qui utilise une allumette pour allumer un feu se retrouve vite accusé de sorcellerie et est jugé. Heureusement Clara réussi à retrouver la formule de retour et ramène tout le monde à la maison. Critique Un épisode plaisant, Clara et ses embrouilles on ne s'en lasse pas. Cette fois-ci c'est en se remémorant un 'Thanksgiving' au 17e siècle qu'elle emmène toute la famille avec elle. Jean-Pierre étant étourdi, utilise une allumette pour faire du feu et se retrouve accusé de sorcellerie. Heureusement Clara retrouve la formule de retour avant qu'il soit trop tard. À noter un détail amusant, c'est la première fois que Charlotte Kravitz se retrouve avec eux dans une bourde de Clara et bizarrement, elle n'est pas hystérique. Les moments assez amusants sont lorsque Jean-Pierre est à la table de John Alden, incarné par Richard Bull le célèbre mari de Mme Olson. Le moment le plus émouvant étant lorsque Samantha fait son discours devant l'assemblée des gens qui jugent Jean-Pierre pour le condamner. D'ailleurs il faut voir sa tête avec ses habits du 17e siècle, c'est très amusant. Bref, vous ne rirez pas aux éclats mais il est fort sympathique. Retour à l'index 13. CHÈRE BELLE-MÈRE SOLID DOLD MOTHER-IN-LAW Résumé Endora qui a encore joué un tour pendable à Jean-Pierre en le transformant en poney, veut se faire pardonner et lui envoie un cadre avec une photo d'elle vivante. Un important client vient et voit la photo d'Endora qu'il veut absolument rencontrer. Ils dînent le soir même chez Jean-Pierre avec Louise et Alfred, et une dispute éclate entre Jean-Pierre et Alfred à cause du client. Heureusement Samantha fait tout pour arranger les choses, et ça marche. Alfred et Jean-Pierre redeviennent amis. Critique Épisode agréable, on ne rit pas beaucoup tout au long de l'épisode mais il y a un ou deux moments forts et la fin est vraiment excellente. Endora qui a transformé Jean-Pierre en poney veut se faire pardonner et lui envoie un cadre avec une photo d'elle vivante. Un important client, M. Hudson incarné par Jack Collins un habitué de la série, vient et en voyant la photo d'Endora désire la rencontrer. En dînant chez Jean-Pierre et Samantha avec Louise et Alfred, une dispute éclate entre Jean-Pierre et Alfred à cause d'Endora. Heureusement Samantha arrange la brouille et tout rentre dans l'ordre. Le moment fort est sans conteste lorsque Jean-Pierre reçoit le cadre avec la photo d’Endora en avance sur son temps, ce cadre a une photo qui change régulièrement d'attitude comme les cadres numériques actuels. Ainsi Endora fait des sourires ou des grimaces à Jean-Pierre. La scène avec la secrétaire et la parfum Illusion » est juste excellente. Ou encore lorsqu’Alfred fait miroiter à Jean-Pierre qu'un jour il sera associé. L'autre temps fort est à la fin de l'épisode lorsque Endora revient avec un autre poney pour Tabatha et qu'elle se redispute avec Jean-Pierre, la pauvre Samantha est coincée entre les deux, c'est vraiment la poisse. Et c'est très drôle. En tous cas on voit avec cet épisode qu’Endora peut également se montrer très charmeuse. Excellent. Retour à l'index 14. LE CADEAU SURPRISE MY WHAT BIG EARS YOU HAVE! Résumé Endora arrive à l'improviste et met encore son grain de sel dans le couple de Jean-Pierre et Samantha, elle lui fait écouter un morceau de conversation téléphonique de Jean-Pierre qui l'induit en erreur. Elle jette alors un sort à Jean-Pierre pour que ses oreilles grossissent à chaque fois qu'il mentira. Malheureusement pour Jean-Pierre, il veut faire un cadeau à Samantha et est obligé de mentir, Samantha commence elle aussi à douter. Mais heureusement, M. Kravitz expliquera tout ceci, et tout rentrera dans l'ordre. Critique Une fois de plus, à cause d'Endora Jean-Pierre à des ennuis. Et cette fois-ci, il devient Pinocchio ou plutôt dans le cas présent Dumbo. Endora écoute une partie d'une conversation que Jean-Pierre a avec une vendeuse d'un magasin d'antiquités, Alice interprétée par Joan Hotchkis Lou Grant, Drôles de Dames, Mannix et pense qu'il veut tromper Samantha. Endora jette alors un sort à Jean-Pierre, pour que ses oreilles grossissent à chaque fois qu'il ment. Jean-Pierre qui veut faire un cadeau surprise à Samantha ment, et même cette dernière doute. D'autant qu'une commère en la personne de Hazel, incarnée par Myra de Groot The Monkees, The Sullivans, Prisoner et qui était déjà apparue dans un autre épisode de la série, dit à Samantha qu'elle a vu Jean-Pierre avec une femme. Heureusement, le cadeau de Samantha est livré chez les Kravitz et tout rentre dans l'ordre. Épisode extraordinaire, on ne rit pas tout le long de celui-ci, mais il y a quelques temps forts notamment à partir du moment où Jean-Pierre est sous le charme d'Endora et que les personnes qu'il rencontre lui pose la question pour ses oreilles surtout lorsque la vendeuse lui demande si il a fait de la boxe. Le moment fort est sans conteste lorsque Jean-Pierre arbore le casque de footballeur américain pour cacher ses oreilles. C'est à mourir de rire. Excellent épisode donc, on en veut d'autres comme celui-ci. Retour à l'index 15. LA GARDIENNE D'ENFANTS I GET YOUR NANNIE, YOU GET MY GOAT Résumé Jean-Pierre et Samantha doivent aller à une soirée où un important client de Jean-Pierre sera présent, malheureusement Endora ne peut garder Tabatha ni personne d'autre. Samantha fait alors appel à Elspeth, sa nounou lorsqu'elle était petite. Endora qui ne peut la supporter lui demande de partir. Mais Jean-Pierre la retient et envoie Endora au diable. Pour se venger, Endora fait appel à l'employeur précédent d'Elspeth qui joue des tours pendables à Jean-Pierre devant son client. Mais Samantha trouve une idée, et réussi à ramener l'ancien employeur d'Elspeth à la raison, Jean-Pierre est délivré des mauvais tours et Elspeth arrive à regagner le client de Jean-Pierre. Critique Un épisode grandiose ! Jean-Pierre qui reçoit chez lui une ancienne nounou de Samantha, incarnée par Hermione Baddeley Mary Poppins, Chasseurs d'Ombres, L'Île Fantastique qui fait une arrivée à la Mary Poppins, et qu'Endora ne peut pas supporter. Endora fait alors appel à l'ancien employeur d'Elspeth, Lord Montdrako joué par Reginald Gardiner Batman la série des années 60, Les Arpents Verts, Des Agents Très Spéciaux, qui joue des tours pendables à Jean-Pierre. Heureusement Samantha intervient et tout rentre dans l'ordre. Là encore on ne rit pas tout au long de l'épisode, mais il y a des moments forts le premier est lorsque Samantha et Jean-Pierre sont dehors et que Montdrako jette un sort à Jean-Pierre pour qu'il se ballade avec une rose dans les dents devant son client et Alfred. L'autre étant encore lorsque Montdrako change Jean-Pierre en petit Lord avec une perruque blonde toujours devant son client et Alfred. C'est à mourir de rire. À noter que Samantha se déguise en guide à la fin de l'épisode pour faire bouger Montdrako dans son château. Le costume de guide et les lunettes vont très bien à Samantha. Excellent épisode, dans la droite ligne du précédent, et on se dit, pourvu que les fous qui travaillent sur cette série, continuent à être aussi géniaux pour la suite. Il faut aussi relever que l'arrivée de Elspeth est un petit clin d'œil au film Mary Poppins dans lequel l'actrice jouait et faisait déjà une des deux domestiques du maître de la maison Banks. Retour à l'index 16. LE PÈRE NOËL S'EN MÊLE HUMBUG NOT TO BE SPOKEN HERE Résumé C'est la veille de Noël, et Alfred amène un gros client à Jean-Pierre, mais ce dernier ne veut pas rester à travailler pendant les fêtes. Mortimer, le client, débarque alors chez Jean-Pierre avec Alfred et pose un ultimatum à Jean-Pierre, que ce dernier laisse tomber. Le client s'en va, et Alfred aussi qui est très dépité. Samantha décide alors d'intervenir et emmène M. Mortimer chez le Père Noël pour voir qu'il existe et il fait la tournée du père noël pour les jouets également. Mortimer revient à de meilleurs sentiments et tout s'arrange. Critique C'est un épisode spécial noël, donc noël oblige, Alfred amène un client retors à Jean-Pierre, mais ce dernier a promis à Samantha de l'aider pour les fêtes de noël. Il plante alors Alfred et Mortimer et rentre chez lui. Mais Alfred débarque avec le client Mortimer, incarné par Charles Lane qui est un habitué de la série, chez Jean-Pierre et Samantha. Mortimer donne un ultimatum à Jean-Pierre, que ce dernier décline. Mortimer s'en va avec Alfred qui est dépité. Samantha intervient alors et fait rencontrer le père noël à Mortimer. Mortimer en faisant la tournée de distribution de cadeaux revient à des meilleurs sentiments et demande à Jean-Pierre et Samantha s’il peut passer les fêtes avec eux. Joli épisode de noël donc, qui joue plus sur les sentiments que sur l'humour. Samantha a tout de même un balai de noël ! Et j'adore toujours autant sa tenue de sorcière avec une décoration de noël là en plus. Sinon les scènes de vols ne sont pas très bien rendues, mais bon, remettons dans l'époque. Et l'acteur faisant le père noël a changé c'est désormais Don Beddoe Mannix, Le Virginien, Les Routes du Paradis qui l'incarne pour cet épisode. Bref, vous l'aurez compris, en regardant cet épisode et spécialement la scène finale lorsque Mortimer se rappelle de la poupée et que Samantha vient lui souhaiter un joyeux noël, vous aurez l'esprit de noël à votre tour. Retour à l'index 17. LA MONA LISA SAMANTHA'S DA VINCI DILEMMA Résumé Tante Clara débarque à l'improviste, alors que Samantha est en train de repeindre la maison. Allant répondre à la porte, Clara veut l'aider et utilise la sorcellerie, elle fait apparaître Léonard de Vinci. Samantha lui demande de le renvoyer, mais Clara une fois de plus a oublié sa formule et envoi les habits de Léonard à Jean-Pierre alors qu'il reçoit un client. Ce dernier, veut utiliser la Mona Lisa pour sa publicité. Heureusement, Léonard de Vinci vient en aide à Jean-Pierre et rattrape l'affaire. Clara se fait faire son portrait par le maître. Critique Si le début de l'épisode n'est pas tellement drôle, et fait fortement penser que l'on va s'ennuyer, le reste prouve le contraire, heureusement. En effet, Clara débarque une nouvelle fois chez Jean-Pierre et Samantha, mais hélas ses arrivées catastrophes ne font plus rire, et on se dit qu'on va encore avoir un sac d'embrouilles pas très drôle avec elle et c'est le cas. Clara voit Samantha repeindre la maison, et fait apparaître Léonard de Vinci, interprété par John Abbot Les Mystères de L'Ouest, Holmes et Yoyo, Emmerdale Farm, ce qui n'a pas grand-chose d'amusant. C'est la suite qui devient plus hilarante, lorsque Clara veut aider Samantha pour habiller Léonard de façon normale et que Clara envoie les affaires de Léonard de Vinci sur Jean-Pierre, alors qu'il reçoit juste après un client. On retrouve d'ailleurs une fois de plus Irwin Charone dans le rôle du client Pritchfield cette fois-ci. De cela, le client veut utiliser la Mona Lisa pour sa publicité de dentifrice. Ne sachant plus quoi faire, Samantha fige le client et Alfred, et demande à Léonard de Vinci de trouver une idée de publicité, Léonard sauve la situation. Marion Lorne n'est pas très amusante, c'est déjà depuis quelques épisodes comme cela. Et ce sont les discussions entre Jean-Pierre et Samantha qui font toute l'hilarité. De même que le gag du portrait de la Joconde peut faire sourire un peu. Bref, excellent épisode, on ne s'ennuie pas ! Retour à l'index 18. LE PHILTRE D'AMOUR ONCE IN A VIAL Résumé Endora qui a toujours en tête de faire casser le mariage de Samantha et Jean-Pierre, fait appel à un de ses ex-soupirants Rollo. Mais Samantha reste de marbre tandis que Jean-Pierre arrive avec un nouveau client assez sans gêne. Ils se retrouvent le soir même chez Samantha et Jean-Pierre, et Endora encourage Rollo à utiliser un philtre d'amour pour séduire Samantha. Mais c'est Endora qui l'absorbe la première, suivi d'un ami de Jean-Pierre qui dîne aussi avec eux. Endora tombe sous le charme du client de Jean-Pierre et va se marier avec lui, heureusement Samantha arrive à sauver la situation. Critique Épisode assez amusant. Une fois de plus, Endora se met en tête de casser le mariage de Jean-Pierre et Samantha, et demande à un ancien soupirant de Samantha, Rollo incarné par Ron Randell, de venir et d'utiliser un philtre d'amour. En même temps, un nouveau client de Jean-Pierre assez rustre veut utiliser Endora pour lancer son parfum. Il demande à Jean-Pierre de dîner chez eux avec son directeur artistique, Bill Walters joué par Henry Beckman qui était déjà apparu dans un épisode précédent de la série. Bill ne s'entend plus avec sa femme Harriet, incarnée par Joan Tompkins Mission Impossible, Huit ça Suffit, Les Héritiers, et l'ambiance est assez houleuse pendant le temps où Bo Callahan, joué par Arch Johnson Sur la piste du Crime, Super Jaimie, Wonder-Woman un acteur récurrent de la série qui reviendra sous de multiples personnages, le client de Jean-Pierre tente de séduire Endora et que Bill se dispute avec sa femme. Rollo, incarné donc par Ron Randell qui était apparu en Bob Frazer un ami de Jean-Pierre dans la première saison, utilise un philtre d'amour mais c'est Endora qui l'absorbe le premier, suivi de Bill Walters qui se met à harceler sa femme dans toute la maison de Jean-Pierre et Samantha. Tandis qu'Endora va se marier avec Callahan. Heureusement le philtre ne dure qu'une heure et Samantha fait ce qu'il faut pour que sa mère ne se marie pas. On voit Samantha qui pour une fois laisse sa mère être prise à son propre piège, la séance où c'est le bazar complet chez Jean-Pierre et Samantha est très drôle, et on voit Endora sous un autre jour lorsqu'elle est amoureuse de Callahan. À noter un détail, Rollo dit à un moment donné que Endora est tellement puissante, qu'elle est plus forte que Samantha et lui réunis. Ce qui donne un petit aperçu de la puissance d'Endora. Bon épisode sans plus. Retour à l'index 19. SHEILA, MA CHÈRE SNOB IN THE GRASS Résumé Alors qu'ils viennent de rater une affaire, Alfred trouve la bonne idée d'en dégoter une autre avec une ancienne relation de Jean-Pierre Sheila. Sheila est toujours aussi entreprenante avec Jean-Pierre, et l'invite à un dîner chez elle. Samantha y va avec Jean-Pierre, et les remarques désobligeantes de Sheila recommencent comme à leur précédente rencontre. Samantha ne pouvant plus tenir à nouveau, réutilise la magie pour remettre Sheila en place. Critique C'est le retour de Sheila, toujours jouée par Nancy Kovack et qui reviendra encore dans la série dans l'épisode suivant de cette saison puis sous un autre personnage, et pour le grand déplaisir de Samantha, Endora s'emmêle en mettant le doute dans l'esprit de Samantha à propos de sa rivale. C'est donc reparti comme dans l'épisode pilote, pour un dîner où Sheila met en boîte Samantha. Cette dernière ne pouvant plus tenir, utilise à nouveau la sorcellerie et la pauvre Sheila en a pour son argent. Il faut souligner le courage de l'actrice Nancy Kovack dans cet épisode pour à nouveau se faire humilier comme dans l'épisode pilote. Il faut d'ailleurs noter un petit détail technique amusant à propos de la version française des DVD lorsque Samantha se souvient de l'épisode pilote et de sa rencontre avec Sheila, la séquence est entièrement en Noir & Blanc, alors que dans l'édition française des DVD de la première saison, la saison est entièrement colorisée ! L'épisode est donc une petite resucée du pilote de la série, sauf que les gags sur Sheila sont un peu différents, mais elle termine une fois de plus en sous-vêtements pratiquement. La séquence où Samantha en colère prépare le petit déjeuner horrible ! de Jean-Pierre n'est pas mal non plus. Bon épisode, mais qui sent tout de même un peu le réchauffé. Retour à l'index 20. LE HASARD DU DESTIN IF THEY NEVER MET Résumé Endora fait encore des misères à Jean-Pierre qui ne les supporte plus. Une nouvelle dispute éclate entre Samantha et Jean-Pierre et Endora en profite pour faire disparaître Jean-Pierre. Elle propose alors à Samantha d'éprouver l'amour que ressent Jean-Pierre pour Samantha, elle l'a donc renvoyé dans le présent mais en faisant comme si il n'avait jamais rencontré Samantha. Tout semble sourire à Jean-Pierre, qui va bientôt épouser Sheila. Mais alors qu'il se confie à son barman sur le fait qu'il ne sait pas s’il est vraiment amoureux de Sheila, Samantha fait une apparition et Jean-Pierre en tombe immédiatement amoureux. Critique Endora persécute encore Jean-Pierre, et une nouvelle grosse dispute éclate entre lui et Samantha. Alors qu'il dit à Samantha qu'il aurait aimé ne jamais la rencontrer, Endora le prend au mot et le renvoi dans le passé en faisant comme si il n'avait jamais rencontré Samantha. Retournant alors dans le passé avec sa mère, Jean-Pierre semble heureux et avoir mieux réussi que lorsqu'il était avec Samantha. Mais alors qu'il va se marier avec Sheila, il fait part de ses doutes à son barman, et Samantha ne résiste pas à faire son apparition Jean-Pierre en tombe immédiatement amoureux. L'épisode n'est pas très amusant, un peu au début surtout avec le gag de la double porte, mais après c'est surtout dans l'émotion qu'il tire son épingle du jeu. Par contre, malheureusement, les effets ne sont pas très soignés dans celui-ci, et on voit très nettement les câbles tenant Samantha lors de sa séance de vol, et aussi lorsqu'elle observe Jean-Pierre dans le bar. Il s'agit de la dernière apparition de Nancy Kovack en tant que Sheila, elle reviendra dans la série sous l'identité de Clio Vanita. La séquence de l'épisode où Samantha arrive dans le bar où Jean-Pierre est, est vraiment très émouvante, on sent que c'est vraiment l'amour qui fait la force de leur couple et c'est très bien retranscrit à l'écran. Excellent épisode donc, mais pas pour l'humour. Mais on a l'habitude avec cette série qui jongle entre les deux thèmes sans le moindre problème. Retour à l'index 21. LA COUSINE HIPPIE HIPPIE, HIPPIE, HOORAY! Résumé Serena se met à la musique, et ses exploits font la une des journaux, au grand dam de Samantha. Alfred croyant que c'est Samantha sur le journal, s'invite avec Louise chez Jean-Pierre et Samantha. Entre temps, Jean-Pierre se dispute avec Serena et cette dernière se venge en venant à l'improviste au bureau de Jean-Pierre et en mettant le bazar devant un client. Alfred pense que c'est Samantha et Jean-Pierre l'invite à dîner pour lui prouver que c'était bien Serena. Mais cette dernière fait sa mauvaise tête et Samantha est obligée de se faire passer pour sa cousine. Heureusement, Serena viendra et tout sera éclairci pour Alfred. Critique C'est le retour de Serena, épisode pas extraordinairement drôle, mais qui a quelques passages amusants. Serena devenue une hippie est arrêtée et ça s'affiche à la une du journal, Samantha tente de le cacher à Jean-Pierre, mais Alfred le découvre et Serena vient mettre le bazar devant un client de Jean-Pierre au bureau, suite à une dispute entre eux. Alfred pense qu'il s'agit de Samantha, et Jean-Pierre doit lui prouver le contraire. Heureusement Serena, apparaîtra avec Samantha et Alfred sera convaincu. Il faut noter que les chansons de Serena dans la version française ont la même rythmique qu'en vo, seules les paroles sont en français. Dans la version originale c'est Elizabeth Montgomery elle-même qui chantait. D'ailleurs à ce propos, Elizabeth Montgomery commence à mieux maîtriser son personnage de Serena, et se laisse un peu plus aller, ce qui fait qu'on a vraiment l'impression qu'il s'agit de deux personnes différentes ! Avec le subterfuge de voir l'une ou l'autre de dos, ou avec les caches sur l'image pour incruster deux fois l'actrice, on pourrait y croire. Par contre, la série manque un peu de cohérence ici, car Alfred et Louise ont déjà rencontrés Serena et l'ont vu aux côtés de Samantha dans un autre épisode, et c'est assez bizarre qu'ils ne s'en rappellent pas et de ce fait, ne croient pas Jean-Pierre. Petit détail amusant, le générique de fin reprend une des chansonnettes de Serena. À noter, il n'y a toujours personne de crédité pour Serena. Retour à l'index 22. LE PRINCE CHARMANT A PRINCE OF A GUY Résumé Samantha lit une histoire avec un prince charmant à Tabatha. Cette dernière, souhaitant alors connaître la suite de l'histoire, fait sortir le prince charmant du livre. Les ennuis commencent Hélène, la cousine de Jean-Pierre le voit et en tombe amoureuse. Alfred, veut alors utiliser le prince charmant pour un spot publicitaire télévisuel, mais le prince n'étant qu'une simple projection, n'apparaît pas à l'écran. Et Hélène va se marier avec le prince Charmant, tout va mal. Heureusement Samantha fait apparaître la belle au bois dormant et Tabatha renvoi le prince dans le livre. Critique Cette fois-ci, Tabatha ne fait rien de moins que de faire apparaître le prince Charmant, incarné par William Basset Dallas, Hooker, Rick Hunter très connu pour ses doublages de voix sur des jeux vidéo, qui, fidèle à sa réputation, séduit toutes les femmes qu'il croise. Samantha souhaite alors qu'il réintègre le livre, mais Tabatha n'y arrive pas. Alfred veut lui faire faire un spot télévisuel et Hélène la cousine de Jean-Pierre, jouée par Louise Glenn Les Monstres, Peter Gunn, Hennesey, se marier avec. Heureusement, Samantha découvre la raison pour laquelle Tabatha ne peut pas faire revenir le prince dans le livre, elle fait alors apparaître la belle au bois dormant et tout rentre dans l'ordre. Très bon épisode, on est encore en plein dans le délire. On ne rit pas tout au long de l'épisode, mais il y a un ou deux moments forts, notamment lorsque les techniciens du studio télé ne voient pas le prince sur leurs écrans de contrôle et commencent à parler entre eux comme si il était présent c'est tout simplement excellent. Ou bien encore lorsque le petit copain de Hélène, Ralph interprété par Stuart Margolin Les Anges du Bonheur, Matlock, Capitaine Furillo, demande à Alfred si le prince charmant est vrai. À noter qu'Endora lit encore un nouveau magazine dans cet épisode Spring Bride. Tout un programme. Et enfin, Dick York n'est pas présent dans l'épisode, mais nous avons encore l'astuce de l'appel téléphonique à Samantha. Retour à l'index 23. LE FANTÔME DE MCTAVISH MC TAVISH Résumé Tante Clara débarque une fois de plus chez Samantha, elle est poursuivie par le fantôme de McTavish, qui est très désagréable. Ockie l'ami de Clara a acheté un château en Angleterre, et il est hanté par McTavish, Clara demande l'aide de Samantha. Comble de malchance, dans le château, Samantha se fait voir par les parents de Jean-Pierre. Ceux-ci rentrent en Amérique pour s'assurer que Samantha est chez elle. Mais McTavish a suivi Samantha jusque chez elle. Heureusement, Samantha arrange la situation, juste avant que les parents de Jean-Pierre n'entrent dans la maison. Critique Revoici les embrouilles avec Tante Clara, qui cette fois-ci a affaire à un fantôme qui hante le château en Angleterre acheté par son ami Ockie. Clara demande à Samantha d'y aller pour parler à Mc Tavish le fantôme, incarné par Ronald Long Stalag 13, Hawaï Police d'état, Mission Impossible et qui reviendra dans la série sous une multitude de personnages, mais les parents de Jean-Pierre y sont et la mère de Jean-Pierre voit Samantha. Cette dernière qui parlait à McTavish disparaît mais elle est suivie par le fantôme. Les parents de Jean-Pierre rentrent alors en Amérique pour s'assurer que Samantha est bien chez elle. La mère de Jean-Pierre entend la voix de Ockie et du fantôme à travers leur porte, heureusement avec des négociations, Samantha arrive à se débarrasser d'eux avant que les parents de Jean-Pierre n'entrent. C'est un épisode qui n'est pas exceptionnel, les parents de Jean-Pierre plombant l'ambiance comme d'habitude. Néanmoins on apprend que Clara est toujours avec Ockie, et que tout va bien entre eux. Bref, pas un super épisode mais qui arrivera tout de même à décrocher quelques sourires. Retour à l'index 24. NOTRE VERTE PELOUSE HOW GREEN WAS MY GRASS Résumé Alors qu'une journée de folie commence pour Samantha, celle-ci utilise la magie et Jean-Pierre en est témoin. Une nouvelle dispute éclate. Peu après Samantha part chez le médecin avec Tabatha et en fermant la porte, leur numéro change, le 9 se retourne et du n°192, cela devient le 162. C'est alors que deux employés d'une société de gazon artificiel arrivent et croient qu'ils sont à la bonne adresse. Ils le posent, et Jean-Pierre est fou furieux, pensant que c'est Samantha la responsable. Mais les deux employés reviennent le lendemain, et Jean-Pierre est devant son erreur. Et demande à Samantha de refaire le gazon chez le voisin, heureusement Samantha arrangera les choses. Critique Samantha utilise encore une fois sa magie, et Jean-Pierre qui le voit de ses propres yeux fait une nouvelle scène à Samantha qui est exaspérée. Alors qu'elle part chez le médecin avec Tabatha, en fermant la porte leur n° change et deux employés d'une société de gazon artificiel le pose chez eux au lieu de chez la personne qui l'a commandé. Jean-Pierre est fou de rage en voyant cela en rentrant et il demande à Samantha après l'avoir harcelé d'enlever le gazon. Mais le lendemain, les deux employés reviennent et Jean-Pierre est devant son idiotie. Il redemande à Samantha de remettre le gazon mais fait une allusion à Endora, et celle-ci bloque le sort de Samantha. Heureusement, Samantha met le gazon chez la personne qui l'a commandé et tout rentre dans l'ordre. Alors une chose dans cet épisode, même lorsqu'elle n'est pas présente à l'écran, Endora empoisonne la vie de Jean-Pierre. De même, Jean-Pierre se montre particulièrement obtus et grossier envers Samantha dans cet épisode, tandis que Samantha est la bonne pâte qui arrange les choses alors que Jean-Pierre l'a accusée injustement. Le coup de numéro qui change est un classique des séries, l'épisode n'est pas exceptionnellement drôle, mais saura tout de même vous décrocher quelques sourires, notamment avec les scènes entre le mari et sa femme qui ont commandé le gazon synthétique. Bon épisode sans plus. Retour à l'index 25. MA FEMME EST UNE SORCIÈRE TO TWITCH OR NOT TO TWITCH Résumé Jean-Pierre et Samantha sont en retard pour une soirée avec un client, Samantha utilise alors encore sa magie et Jean-Pierre lui fait une nouvelle scène. Une nouvelle dispute éclate et Samantha quitte la maison avec Tabatha. Mais Jean-Pierre se rend compte qu'il aime Samantha et que tout était de sa faute, Samantha de son côté est aussi triste et revient à la maison. La situation se termine bien. Critique Épisode sympathique qui vous fera rire à quelques moments. Jean-Pierre se montre une nouvelle fois grossier et très lourd avec Samantha à propos de la magie, mais lorsqu'il crève sous la pluie, les choses ne sont plus pareilles, et monsieur tourne sa veste. Devant le refus de Samantha d'utiliser ses pouvoirs, Jean-Pierre fait une nouvelle scène et Samantha quitte la maison. D'ailleurs à ce propos, on apprend que lorsque Samantha retourne chez sa mère, elles habitent sur des nuages qui sont numérotés. On retrouve Arthur Julian dans le rôle du client de Jean-Pierre et qui est un habitué de la série, c'est par contre Margaret Muse Cher Oncle Bill, Simon & Simon, L'Homme à la Rolls qui fait le rôle de sa femme. Le moment fort de l'épisode est sans conteste lorsque Jean-Pierre chez le client se présente avec les habits qui sont trop courts. Le passage sur le nuage n'est pas très amusant, mais par contre c'est avec cette séquence que l'on se rend compte de la beauté d'Elizabeth Montgomery. Endora essayera une fois encore de faire séparer le couple pour de bon, mais une fois de plus sans succès. Bon épisode, conforme à l'esprit de la série. Retour à l'index 26. LES ENFANTS S'AMUSENT PLAYMATES Résumé La mère de Jean-Pierre débarque chez Samantha et lui dit que Tabatha doit côtoyer d'autres enfants, et que cela tombe bien, car elle a une amie qui vient de s'installer pas très loin et qu'elle ne connaît personne. Cette dernière a un fils très mal élevé, et les ennuis avec Tabatha commencent. Elle le change alors en chien, et les péripéties continuent. Heureusement, Samantha fini par rattraper le chien, et Tabatha fait reprendre à Michel le petit garçon son apparence. Tout fini par s'arranger. Critique Cet épisode de bonne facture voit le retour de la mère de Jean-Pierre chez Samantha. Cette dernière souhaite que Tabatha côtoie d'autres enfants, et spécialement le petit garçon d'une de ses amies qui vient juste de s'installer pas très loin de chez Samantha. Mais Michel, incarné par Teddy Quinn Mon Martien Favori, Cher Oncle Bill, Bonanza qui reviendra dans un autre épisode de la série, est un garçon mal élevé auquel sa mère, jouée par Peggy Pope New-York Section Criminelle, Urgences, Santa Barbara laisse tout faire. Il tyrannise alors Tabatha qui le change en chien, heureusement Samantha intervient et réussi à résoudre le problème. Si l'épisode ne vous fera pas rire tout le temps, au moment fort de celui-ci, lorsque Michel devient un chien c'est hilarant au possible. Tout d'abord parce que le chien ressemble bien à ce que pourrait être ce gamin mal élevé si il était un chien, et de plus il se comporte vraiment comme un sale cabot qu'il est lorsqu'il est un enfant. C'est à tomber. L'épisode porte d'ailleurs sur le thème de ces parents qui ont des sales gosses mal élevés et que personne n'ose rien dire car c'est un enfant. Ils leur laissent tout faire, pensant que c'est bien, et ces gamins sont vraiment exaspérants comme l'est Michel. À noter, Tabatha ne peut rendre sa forme à un humain, si il n'est pas devant elle. La séquence de fin avec le lapin, vaut également le détour. Épisode de qualité donc, bien dans l'esprit de la série. Retour à l'index 27. LES ESPRITS TABATHA'S CRANKY SPELL Résumé Jean-Pierre est absent, et Louise invite Samantha à dîner. Mais Samantha n'a personne pour garder Tabatha. Louise lui envoi alors Alfred avec sa Tante pour régler le problème. Tabatha fait encore des siennes, et les embrouilles recommencent. Le client exaspéré, s'en va et ne signera pas le contrat. Heureusement, grâce à sa femme qui croit aux fantômes, Samantha fait apparaître son défunt oncle Willie qui vient réellement en tant que fantôme et conseille Samantha pour faire changer d'avis son neveu. Samantha arrange l'affaire. Critique Encore un bon épisode dans la lignée des précédents. Cette fois-ci, Samantha doit laisser garder Tabatha par une tante de Louise. La tante de Louise possède une boule de verre et croit aux fantômes. Aussi lorsque Tabatha déplace des objets avec ses pouvoirs il n'en faut pas plus pour qu'elle croit avoir contacté un esprit. Malheureusement, M. et Mme Baker qui sont interprétés par J. Edward McKinley et Sara Seegar des habitués de la série qui sont venus aussi chez Samantha, fait que Mme Baker assiste au tour de Tabatha. Samantha n'a d'autre choix que de faire apparaître l'oncle Willie du client, joué par Harry Harvey Sr., mais Samantha a la surprise que l'oncle Willie soit déjà présent en tant que fantôme. Mais, il conseille Samantha pour faire changer son neveu d'idée et qu'il confie l'affaire à Alfred. Samantha réussi à retourner la situation. Même si l'épisode n'est pas amusant du début à la fin, il y a tout de même un ou deux excellent gags visuels par exemple lorsque la tante de Louise prétend être insomniaque, et que Samantha la fait tomber de sommeil immédiatement. Ou encore lorsque Samantha fait apparaître à Alfred l'argent qu'il voit s'envoler par la fenêtre excellentissime. Cela reste très amusant. Retour à l'index 28. LE CAUCHEMAR I CONFESS Résumé Samantha et Jean-Pierre ont une nouvelle dispute à propos de la sorcellerie. Jean-Pierre lance alors la phrase à Samantha qu'ils devraient dire à tout le monde qu'elle est une sorcière. Samantha décide alors de faire rêver Jean-Pierre pour voir ce qu'il adviendrait si ils révélaient la vérité à leur entourage. Cela commence par Alfred, puis les Kravitz et enfin le monde entier sachant que Samantha est une sorcière, l'armée les fait prisonniers et les interne en camp de concentration. Jean-Pierre se réveille alors et dit qu'il vaut mieux rester comme cela sans rien révéler. Critique Cet épisode est médiocre, et on ne rit pas beaucoup du début à la fin de celui-ci. Alors qu'ils sortent d'un restaurant, Samantha se rend compte qu'elle a oublié ses gants. Jean-Pierre repart les chercher, mais un ivrogne embête Samantha. Cette dernière utilise la magie, et Jean-Pierre le voit. Il fait une nouvelle scène à Samantha. Il lui dit qu'il vaudrait mieux tout révéler à tout le monde. Samantha utilise alors ses pouvoirs pour lui montrer en rêve ce qu'il se passerait si les gens savaient son secret. Jean-Pierre se réveille alors, et le lendemain matin décide qu'il vaut mieux ne rien dire. Le thème est intéressant, mais n'est pas très drôle. On découvre ici le côté sorcière de Samantha qui prend un malin plaisir à montrer ce que serait les événements à Jean-Pierre. Notons que c'est toujours Dick Wilson qui fait le rôle de l'alcoolique. Le meilleur moment de l'épisode étant lorsque Samantha chez les Kravitz fait apparaître une caméra puis une poule. L'autre moment, étant lorsque Jean-Pierre rentre chez lui et qu'une horde de gens se jettent sur lui, tandis que Albert et Charlotte se font de l'argent sur leur dos. Retour à l'index 29. DIPLOMATIE À L'ORIENTALE A MAJORITY OF TWO Résumé Tante Clara débarque à nouveau chez Samantha, et juste après c'est Alfred qui vient et qui lui demande d'accueillir un client Japonais qu'il va recevoir le lendemain. Samantha prépare alors un dîner japonais avec le plat favori du client que lui a communiqué Alfred. Mais le client s'amourache de Clara et ne signe pas le contrat au grand dam d'Alfred. Samantha fait alors intervenir Ockie, et Clara repart. Mais M. Mishimoto qui est japonais estime avoir perdu la face et s'en va des USA. Samantha intervient alors et arrange la situation. Critique L'épisode n'est pas spécialement drôle, voire même un peu soporifique. Clara s'est embrouillée une fois de plus avec Ockie, et Alfred veut conquérir un client japonais. Mais celui-ci tombe sous le charme de Clara et délaisse les affaires pour elle. Sur la demande d'Alfred, Samantha fait partir Clara, et M. Mishimoto, incarné par Richard Haydn Des Agents Très Spéciaux, La 4e Dimension, Opération Vol, s'en va aussi. Heureusement Samantha intervient et lui faire connaître une charmante hôtesse de l'air, jouée par Helen Funai Mannix, Matt Helm, Baretta, Mishimoto reste aux USA. Il n'y a pas tellement de gags, et ils ne sont vraiment pas drôle voir par exemple la séquence où Samantha a un cache blanc sur le visage. Chose amusante tout de même, Alfred offre un livre de cuisine à Samantha pour qu'elle puisse faire le plat favori de Mishimoto, et le livre porte le nom de Sukiyaki » qui est un plat japonais très délicieux. Sinon, les facéties de Clara n'amusent plus tellement et même ses arrivées catastrophes ne sont plus très drôles ! Retour à l'index 30. VISITEURS EXTRATERRESTRES SAMANTHA'S SECRET SAUCER Résumé Jean-Pierre essaie un nouveau jouet à Tabatha, une soucoupe volante, et tante Clara est aussi là pour garder Tabatha. Mais à peine Jean-Pierre et Samantha sont-ils partis, que Tabatha joue encore avec sa soucoupe volante et l'égare. Tante Clara décide de la retrouver et avec une formule fait apparaître une soucoupe volante géante, et très vite Jean-Pierre et Samantha découvrent que c'est en fait une vraie soucoupe volante avec des extraterrestres à l'intérieur. Mais ceux-ci sont gentils et ne veulent que retourner sur leur planète. Mme Kravitz voit la soucoupe et prévient l'armée. Heureusement Samantha arrive à faire retrouver la formule à Clara qui fait repartir la soucoupe et tout s'arrange. Critique Il fallait bien un épisode avec des extraterrestres, toutes les séries américaines pratiquement en ont un. Ici, Jean-Pierre a un nouveau jouet qu'il montre à Tabatha une soucoupe volante. Ils partent pour une soirée et c'est Clara qui garde Tabatha. La soucoupe de Tabatha est perdue et Clara pour la ramener fait une formule magique. Mais elle amène une vraie soucoupe volante avec des extraterrestres dedans. Ceux-ci sont gentils et veulent juste retourner sur leur planète. Samantha avec l'aide de Tabatha fait retrouver la formule à Clara et fait renvoyer la soucoupe avant l'intervention de l'armée qui avait été prévenue par Mme Kravitz. Il est à noter qu'il y a quelques références de faites à Star-Trek, en effet, à cette époque de la 4e saison de Ma Sorcière Bien Aimée, Star-Trek Classic avait déjà commencé. Ainsi lorsque Tabatha joue avec sa soucoupe volante, Clara lui dit qu'elle est une meilleure pilote que le docteur Spock. Et un peu plus tard, lorsque les extraterrestres prennent le petit déjeuner avec Samantha et toute la famille, Samantha dit qu'elle pensait que tous les extraterrestres avaient les oreilles pointues. Là, les deux extraterrestres, Alpha joué par Hamilton Camp Starsky & Hutch, McMilan & Wife, Bonanza très connu pour le doublage et Orvis incarné par Steve Franken qui est déjà apparu dans d'autres épisodes de la série, ressemblent à des chiens. Ils sont évidemment dans l'esprit de la série très gentils, et ne veulent que retrouver leur famille. Pas très amusant, mais la soucoupe géante est assez réussie, et à la fin de l'épisode lorsque Jean-Pierre parle de l'arme de gentillesse qu'on aurait pu tester sur Endora, c'est assez drôle. Bon épisode sans plus. Retour à l'index 31. LE FÉTICHE THE NO-HARM CHARM Résumé Alors qu'il allait passer associé chez McMann & Tate, Jean-Pierre voit sa situation compromise à cause d'une grosse erreur sur un contrat. Il est presque renvoyé, et perd le moral. Mais l'oncle Arthur lui donne un faux talisman, et Jean-Pierre va dans la banque où l'erreur sur le contrat fut faite pour tenter de rattraper l'affaire. Un voleur arrive alors, et Jean-Pierre persuadé que son talisman le rend invulnérable désarme le voleur et devient un héros. Samantha lui révèle que son talisman n'était qu'une décoration de lampe. Critique Cet épisode nous gratifie de la présence de l'oncle Arthur, toujours interprété par Paul Lynde. Ce qui fait que nous avons droit à ses gags potaches qui manquaient. Cela faisait un bon moment qu'on ne l'avait pas vu dans la série, ça fait du bien de le revoir. Cette fois-ci néanmoins, ses gags et ses blagues ne sont pas très amusantes, on attend mieux de lui et le coup de la vache a déjà été utilisé dans un autre épisode, tout comme celui d'arriver dans un plat ou une casserole de Samantha. Pour le reste c'est du classique pas très drôle, Jean-Pierre fait une erreur grossière sur un contrat de publicité avec une banque, et il croit que c'est Endora qui est la responsable. Arthur offre alors un talisman magique à Jean-Pierre pour se protéger, sans que ce dernier sache que ce n'est qu'une décoration de lampe. À noter que c'est le premier épisode où concrètement Jean-Pierre pouvait devenir associé dans sa société avec Alfred, mais ça rate et ce gag sera récurrent au fil des saisons. Bon épisode sans plus, on attend mieux de l'oncle Arthur en termes de plaisanterie. Retour à l'index 32. L'HOMME DE L'ANNÉEMAN OF THE YEAR Résumé Jean-Pierre est nominé parmi les publicitaires de l'année. Mais Endora ne croit pas Samantha lorsqu'elle parle de la modestie de Jean-Pierre. Endora lui jette alors un sort pour que toutes les personnes qui l'approchent soient éblouies par lui. Cela fini par lui monter au cerveau, et Jean-Pierre envisage de devenir Président. Heureusement Samantha arrangera les choses. Critique Épisode assez amusant dans l'ensemble. Endora fait encore des siennes et alors que Jean-Pierre est nommé publicitaire de l'année, Samantha fait remarquer à Endora qu'il est modeste. Endora n'en croit rien et lui jette alors un sort pour que les personnes qu'ils l'approchent soient éblouies par lui. Dès lors, une route toute droite s'ouvre à lui, et les idées les plus idiotes sont appréciées. Heureusement Samantha arrangera les choses et tout rentrera dans l'ordre. Le moment fort étant évidemment au cours de la soirée où Jean-Pierre balance ses slogans de publicité plus idiots les uns que les autres et que tous adhèrent en étant béat d'admiration devant lui. À noter, détail assez important dans la série tv, c'est la première fois que nous voyons l'associé de Alfred McMann, incarné par Roland Winters Les Arpents Verts, Perry Mason, Les Accusés. Il me semble que ce sera la seule fois où nous le voyons. Retour à l'index 33. LA BROUILLESPLITSVILLE Résumé M. et Mme Kravitz se sont disputés, et Samantha invite Charlotte Kravitz à passer la nuit chez eux. Mais Charlotte reste plus longtemps et commence à s'incruster chez eux. Jean-Pierre ne le supporte plus et autorise Samantha à utiliser la magie. Samantha fait alors en sorte de rendre M. Kravitz jaloux, à l'aide du boucher du quartier, et ainsi lui et Charlotte s'avouent qu'ils s'aiment encore. Tout est arrangé. Critique Cette 4e saison se termine sur un épisode sympathique mais pas totalement convaincant. En effet, de plus l'intrigue a déjà été utilisée dans la première saison de la série, à l'épisode 32 intitulé Séparation Illégale » sauf que c'était Albert Kravitz qui s'était enfui de chez lui et s'incrustait chez Jean-Pierre et Samantha, Alice Pearce jouait encore le rôle de Charlotte Kravitz. Sans le vouloir, c'est surtout Tabatha qui fait rire dans cet épisode avec ses réflexions vis à vis de Mme Kravitz lorsqu'elle prend son petit-déjeuner. Samantha utilise à nouveau la magie, mais cette fois-ci c'est pour faire venir le boucher Hogersdorf, pour lequel nous retrouvons Arthur Julian, et rendre ainsi Albert jaloux. Ils finiront par enfin se réconcilier pour le plus grand plaisir de Jean-Pierre qui ne supportait plus de voir Charlotte Kravitz avec ses masques de beauté. Néanmoins Samantha répète à peu près la même phrase que dans l'épisode de la saison 1, à savoir que l'amour est plus fort que la sorcellerie. Il est à noter que curieusement, dans cet épisode à part les tours utilisés par Samantha pour réconcilier les Kravitz, que Tabatha ne fait aucune magie alors que Charlotte est sous le toit des Stevens. Retour à l'index Ma sorcière bien-aimée - Saison 5 Ma sorcière bien-aimée - Saison 6 Ma sorcière bien-aimée - Saison 7 Ma sorcière bien-aimée - Saison 8 qUFTkNX.
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